S’en remettre à l’omnipotence divine

Résumé de l’assise du 11 Décembre 2015/Jumu’a 28 Safar 1437 [Partie 1]

Nous revenons à la hadra du lâm al-qabd, par la lecture du hâ’, en ce qui sera me semble-t-il le cinquième cours. Nous implorons donc Allâh de nous permettre d’être de ceux qui réalisèrent la lecture des différents degrés de Son nom, par les asmâ’ al-husna, selon le fatq et le ratq. Qu’Allâh nous fasse du nombre de ceux qui réunirent les noms et attributs, puis revinrent à l’essence, puis revinrent à l’état de servitude, avec tout ce qu’impliquent en elle les noms et attributs, et avec tout ce qu’implique le savoir être (adab) et le bon comportement (husn al-khuluq). Qu’Allâh nous accorde le bon comportement, et que ce comportement qui est le nôtre soit conforme au comportement de al-Mustafa ﷺ.

Allâh ﷻ dit : « Allâh ne les châtierait pas alors que tu te trouves en eux. » [1]  Lorsque nous lisons le Coran et que nous nous trouvons face à des versets renvoyant à la risâla de al-Mustafa ﷺ, il nous incombe d’avoir un amplitude de compréhension vaste… parce que lorsque le Seigneur Tout-puissant S’adresse à al-Mustafa ﷺ, Il S’adresse à lui tantôt au travers du prisme de la risâla, tantôt au travers du prisme de la nubuwa, tantôt au travers du prisme de la wilâya. C’est une parole totale et exhaustive, adressée à une même personne, mais selon trois stations bien distinctes les unes des autres. Donc dès lors que la parole divine est adressée à al-Mustafa ﷺ, il revient à l’individu de bien prendre en considérations ces trois statuts différents réunis en une seule et même personne : al-insân al-kâmil, la porte ultime et la ville de la science, donnant accès au Seigneur Tout-puissant.

Le minimum donc, lorsqu’on est face à un verset adressé à al-Mustafa ﷺ, c’est de le considérer sous trois points de vue différents… même si évidemment, en vérité, les différents points de vue possibles d’un même verset sont innombrables. Cependant, lorsque je dis que ces points de vue sont innombrables, cela ne te donne pas pour autant le droit de les interpréter d’un point de vue bas et vil relevant de la nafs. Tu dois évidemment rester dans le domaine noble et élevé, conforme à la chari’a et à ce avec quoi est venu le Prophète ﷺ.

Donc lorsque Allâh ﷻ dit : « Allâh ne les châtierait pas alors que tu te trouves en eux. » [2], si tu considères qu’il s’agit ici du Messager d’Allâh ﷺ dans sa dimension corporelle et physique, alors effectivement, celui qui trouve et décide de se conformer à son comportement et de suivre sa guidée, il ne pourra pas être concerné par le châtiment. De même, n’est pas concerné par le châtiment celui qui aura serré la main du Messager d’Allâh ﷺ, dans une intention islamique. Si en revanche cette poignée de main est accomplie avec l’hostilité d’un ennemi, alors cet individu sera malgré tout affligé par le châtiment.

Seulement nous, nous parlons ici au travers du prisme de la station spirituelle (maqâm) de al-islâm. Nous passons donc outre ces considérations basses de ce qui relève de la mécréance. Nous disons donc que tout musulman qui trouvera al-Mustafa ﷺ, dans son temps et à son époque, nul ne pourra lui infliger de châtiment.

Nous revenons à présent vers un autre domaine spirituel (hadra), le domaine de la présence sanctifiée (al-hadra al-aqdasiya), et nous disons que la haqîqa de cette ouverture spirituelle (fath) ne saurait apparaître, dans les trois degrés (islâm, imân et ihsân), cette ouverture de la vision intérieure du cœur, impliquant la suppression des voiles et des obstacles entravant la contemplation… si ce n’est pour celui dont la qiyâma ultime est survenue, c’est-à-dire la mort.

Celui dont al-qiyâma al-kubrâ est survenue, il est absolument incapable de retourner à la dunia. As-tu déjà entendu parler, dans cette époque qui est la nôtre, de quelqu’un qui serait mort, puis qui serait revenu à nous ? Non. En revanche dans les époques passées, Allâh ﷻ en fit un miracle, qu’Il attribua à certains, comme par exemple les gens de la caverne (ahl al-kahf). A cette époque-là, ce fut quelque chose de complètement incroyable… mais ceci ne fut rendu possible que par l’accomplissement d’un lien total avec le domaine de la présence sanctifiée (al-hadra al-aqdasiya), puis d’un retour à cette station première (la vie d’ici-bas), afin que puisse être mis en évidence aux yeux de tous ce que ces personnes avaient pu puiser de cet éminent état spirituel.

Al-qiyâma al-kubrâ survient ainsi donc dans le lâm al-qabd… et celui qui sera entré dans le lâm al-qabd, ne pourra en aucun cas être concerné par quoi que ce soit de ce qui relèverait de la dimension basse et vile (sufliy).

Par exemple… et c’est là quelque chose que je retrouve chez certains disciples, hommes et femmes… lorsqu’on parle de la Présence (al-hadra), qui est évidemment la Présence du Prophète ﷺ, tu constates que le ou la disciple oublie la baraka, il oublie l’état spirituel élevé (‘ulwiy), il oublie le flux spirituel (al-madad)… et il fait de tout ce qui se passe quelque chose de logique, conforme à la raison. Il oublie qu’il y a la qudra, il oublie que la qudra a des fils -par lesquels s’actionnent les événements-, et que tout cela est bien plus élevé et bien au-delà des causes que l’on accomplit pour obtenir certains effets.

Ils te disent : « Oui, du fait que tu as fait ceci et cela, il est tout à fait normal et logique que tu sois parvenu à telle et telle chose. »
Effectivement, ces paroles sont justes… Seulement dans le lâm al-qabd… les choses ne sont plus si simples. Car par la suite tu vas accéder au lâm al-ma’rifa, puis au fasl et au wasl… mais si tu n’as pas appris à interagir avec cette qudra [3], et si tu n’as pas prêté foi à cette qudra, alors sache que ta logique ne sera jamais en mesure de te mener aux lectures châdhdha, ni à la résignation (taslîm) dans la Présence sanctifiée (al-hadra al-aqdasiya), ni même à l’entrée dans cette Présence sanctifiée. Parce que la Présence sanctifiée est exempte de tout ce que peut concevoir la logique. Elle est au-delà de la règle selon laquelle 1 + 1 = 2.

On dira donc de cet individu que sa qiyâma al-kubrâ est survenue, qiyâma qui correspond au Jour ultime : le jour de l’apparition de Muhammad ﷺ. Le jour des ascensions spirituelles suprêmes (al-ma’ârij al-kubrâ). Cette qiyâma apparaît par cette ascension (‘urûj) vers le domaine de l’essence (al-hadra al-dhâtiya), à laquelle Allâh ﷻ fit référence en disant que c’est à cette occasion que les anges et l’esprit accomplissaient cette ascension vers Lui, et elle fut nommée laylat al-qadr, ou laylat al-‘urûj, ou laylat al-amriya, ou la nuit de la Présence sanctifiée (laylat al-hadra al-aqdasiya)… nomme-la comme bon te semblera… mais comprends quelles sont les particularités de l’ascension (‘urûj).
Comprends que ce Jour, tu ne le trouveras ni dans des lettres, ni dans des noms… tu le trouveras dans le lâm al-qabd. Parce que l’ascension (‘urûj) implique toujours… à l’instar de al-Mustafa ﷺ, qui accomplit cette ascension en compagnie de sayidina Jibrîl (‘alayhima salâm)… lorsqu’ils parvinrent à un endroit précis, sayiduna Jibrîl (‘alayhi salâm) observa le adab inhérent au lâm al-ma’rifa, et le chemin demeura pour le lâm al-qabd, jusqu’à la non-limite (lâ muntaha).

Ce Jour, qui est le Jour de al-Mustafa ﷺ, si nous cherchions à lui donner une mesure, conformément à ce que tu as l’habitude de concevoir, de compter et de quantifier les choses… alors il serait de cinquante-mille ans, quoiqu’au final, en vertu des fils de la qudra, nul ne sache véritablement déterminer sa fin, à l’exception du Seigneur Tout-puissant. C’est à dire que par rapport à ce que peuvent établir les calculs, et par rapport à ce que les statuts de la chari’a en ont établi, sur base de ce que le Prophète ﷺ a pu nous en dire, on parlera effectivement de cinquante-mille ans.

Ceci dit, les théophanies des noms divins (tajalliyât al-asmâ’) ne sont pas limitées. Et si le Seigneur Se manifeste par Ses noms, alors cette théophanie est tel un clin d’œil (lamhat basar). C’est pour cette raison que tu dois toujours croire en la qudra. Car si tu considérais les choses du point de vue de la logique et de la raison, tu aurais inévitablement  attribué aux noms divins certaines proportions, lesquelles proportions (nisab) auraient été nécessairement inclues dans le temps et l’espace… En revanche, si ces théophanies te parviennent tel un clin d’œil, elles transgresseront de fait toute limite de temps et d’espace que tes calculs et ta logique entendaient leur imposer. Tant que tu resteras dans ces considérations, tu seras incapable de te libérer de ces proportions (nisab) pour t’en remettre aux fils de la qudra que fit pourtant apparaître le Vrai ﷻ. Lorsque nous disons « tel un clin d’oeil » (kalamhi basar), nous effaçons du même coup toutes ces considérations erronées que tu gardes en tête.

Allâh ﷻ dit : « Certes, Allâh est capable (qadîr) de toute chose. ». Les proportions (al-nisab) sont des choses, le lieu est une chose… et ce temps qui passe, il n’est tel qu’il est que par le mouvement de choses.  Lorsque Allâh ﷻ dit : « Certes, Allâh est capable (qadîr) de toute chose. », cela ne se limite pas au fait qu’Il soit omnipotent sur des choses telles que la maladie et la guérison, l’eau et la nourriture, le sommeil et l’éveil, etc… ces choses uniquement.

Non, le fait qu’Il soit capable de toute chose signifie qu’y compris dans l’ascension (al-‘urûj) que tu as entrepris, conformément à ce que t’imposaient les limites de la chari’a… Allâh te l’a permis. En un clin d’œil, et Il en fit pour toi un statut clair de la chari’a, qu’en aucun cas tu ne peux nier. L’ascension de al-Mustafa ﷺ fut tel un clin d’œil. Elle ne s’est pas étendu sur une longue durée… une nuit seulement. En une nuit, Allâh l’a élevé, et c’est de cette élévation qu’il ﷺ nous rapporta l’obligation de la prière.

Si tu voulais apporter une considération logique et raisonnée de sidrat al-muntaha, il te faudrait une durée et un espace… et même si tu parvenais à atteindre la vitesse de la lumière, tu demeurerais incapable de l’atteindre en une nuit seulement. Tu aurais besoin d’une longue, très longue période de temps… une durée que l’intellect lui-même est incapable de déterminer ! Voilà pourquoi : « Certes, Allâh est capable (qadîr) de toute chose. »


[1] Sourate al-Anfâl, verset 33.
[2] Sourate al-Anfâl, verset 33.
[3] Qudra : l’omnipotence divine.

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