L’Ascension nocturne : une obligation pour tout musulman

Résumé de l’assise du 11 Décembre 2015 / Jumu’a 28 Safar 1437 [Partie 2] :

Lorsque tu as connu le lâm al-qabd dans sa première lecture… nous t’avons donné une part éminente dans la connaissance de la wâsita. Mais évidemment, tu as été tourmenté par les doutes…

Pourquoi ?

Parce que de toute évidence, tu fais partie des gens de la logique, des choses et des proportions. Tu t’en réfères toujours à ces proportions (al-nisab)… comme si tu n’avais jamais rien compris. Quant à moi, je comprends et je te donne une excuse suffisante, par le fait que tu es tout simplement enchaîné et pris au piège de ces proportions, et que tu es strictement incapable de t’en débarrasser d’un seul coup. Il te faut du temps… Mais maintenant… dès lors que tu veux accéder à cette connaissance (ma’rifa) du lâm al-qabd, il t’est impératif de ne plus être dans cet état qui était le tien, lorsque tu accomplissais la lecture du lâm par le hâ’. Ici, cette lecture est complètement différente : c’est comme si tu t’étais libéré du hâ’.

Mais qu’est-ce que cela signifie, « se libérer du hâ’ » ?
Cela signifie que tu es toi-même devenu hâ’. Et si tu es devenu hâ’, alors tu n’as aucune existence. Et si tu n’as aucune existence, alors il en va de même pour ta considération des proportions (al-nisab), pour ton intellect, pour tes calculs…

Quelles sont donc les considérations sur base desquelles tu dois travailler ?
Tu as pris l’intermédiaire suprême (al-wâsita al-‘udhma) : al-Mustafa ﷺ, tu dois donc travailler par son intellect et non plus par le tien, par son wasl et non plus par le tien, par son fasl et non plus par le tien… pas par la bouche, pas par le bavardage ! C’est bien là ce qui rend fou, en matière de da’wa… cesse de croire, lorsque je m’exprime ainsi, que ce ne sont que des paroles, des mots qu’il t’incombe de saisir… ou une vision (muchâhada) que tu devrais voir, comme quand tu regardes la télévision. Non !

Il s’agit ici du passage à un temps qui est différent de ton temps, et à un espace qui est différent de ton espace. C’est une réalité (amr) qui remettra en question toute ta sagesse (hikma), et c’est même une chari’a qui ira à l’encontre de la chari’a s’appliquant sur la part de ton mulk ! Parce que la chari’a de al-Mustafa ﷺ, celle-là même que tu as pris l’habitude d’appliquer dans ton quotidien, tu ne l’as pas encore compris. Ta connaissance de la chari’a ne se limite qu’à ce qui relève du mulk. Quant à la chari’a du malakût… et même sans parler de malakût : la chari’a du premier ciel est différente de la chari’a du deuxième ciel, qui elle-même est différente de la chari’a du troisième ciel… et la chari’a de sidrat al-muntaha, ou la chari’a de al-bayt al-ma’mûr est différente de la chari’a de bakka al-mukarrama. Plus tu t’élèves, plus tu réalises la transcendance de la chari’a… et inversement plus tu descends vers la terre, plus la chari’a te donnera ce tachbîh [1] auquel tu es si accoutumé.

La cause de ta négation, en ce qui concerne la perception des flux divins descendant sur toi, c’est ton aveuglement découlant de cet attachement que tu as au néant, pour lequel tu as travaillé durant une longue période, et dont tu es complètement incapable de te détacher.

Lorsque donc te parvint une réalité (amr) qui allait à l’encontre de cela, tu préféras la nier et la prendre en ennemi. SubhânAllâh, même dans les visions… lorsque al-Mustafa ﷺ apparaît au disciple… lorsque le Messager d’Allâh ﷺ se manifeste, dans une forme apparente… oui, parce que nous, par la lumière, nous ne comprenons plus rien… voilà pourquoi nous avons donné une partie dans le domaine des noms, une partie dans le domaine des lettres, une partie dans le domaine des nombres… et le disciple intelligent, c’est celui qui comprend les signes qui lui parviennent, à lui mais aussi à autrui. Donc pour ce qui relève du domaine de l’apparence (al-taswîr), lorsque vient la chari’a du Prophète ﷺ, tu vois que c’est comme s’il venait contredire la chari’a à laquelle tu t’étais habitué pendant si longtemps. En vérité il n’y a aucune contradiction. Plutôt : il t’a donné une conceptualisation élevée de celle de la chari’a à laquelle tu es habitué. Cela apparaît dans le récit de Musa avec al-Khidr (‘alayhima salâm) : c’est comme si la chari’a selon laquelle al-Khidr a agi allait à l’encontre de la chari’a de Musa… alors qu’en vérité, il n’y a jamais eu la moindre contradiction. Bien au contraire, les actes de al-Khidr l’ont fait apparaître, l’ont mise en valeur, et lui ont apporté une perception transcendantale. Et celui qui prend en hostilité cette chari’a, il s’imagine par là-même avoir devancé le temps… alors que, fondamentalement, il ne peut pas y avoir de devancement, puisqu’il n’y a pas de temps !

Cette vision supérieure (‘ulwiya) a donné un certain rayonnement, dans l’établissement d’un lien (wasl) avec un récipient déterminé… Le dit récipient a reçu ce rayonnement, selon une chari’a connue, à savoir celle avec laquelle vint notre Prophète ﷺ. Seulement… dans le premier ciel, un récipient précéda le récipient qui se trouvait là, et reçut donc ce rayonnement avant l’autre…
De qui s’agit-il ?

Il s’agit de al-Mustafa ﷺ. Et de même dans le deuxième, dans le troisième… jusqu’au septième ciel. Parce que c’est lui qui accomplit l’ascension (mi’râj), dans les sept cieux, trouvant Adam dans le premier… jusqu’à Ibrahim dans le septième.  Le Seigneur ﷻ nous fait une synthèse de cette réunion exhaustive et dit : « Certes, il vous est venu un messager, de vos propres nafs. » C’est-à-dire que al-Mustafa ﷺ trouva son propre esprit de l’Ordre divin (al-rûh al-amriya), sous la forme apparente de Adam (‘alayhi salâm)… et ensuite sous la forme apparente de tous les prophètes jusqu’à Ibrâhîm (‘alayhi salâm). En d’autres termes, al-Mustafa ﷺ ne fit en vérité que retourner, graduellement, vers « Je pris une poignée (qabda) de Ma lumière. » après quoi il revint de cette qabda et redescendit, rapportant avec lui le fondement de la prière.

Que sommes-nous donc sensés comprendre de cette ascension (mi’râj) que réalisa al-Mustafa ﷺ ?

Nous devons comprendre qu’il s’agit d’un ordre, d’une obligation incombant à chaque individu. Et vous ici mâ châ’ Allâh… vous affirmez tous avoir prêté serment (bay’a) au Seigneur, lorsqu’Il vous dit : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? Ils répondirent : Mais si, bien sûr, nous en témoignons [2] ! » Cela veut bien dire que tu Lui as prêté serment (bay’a), dans le monde atomique (‘âlam al-dharr) [3].

Par conséquent… qu’est-ce qu’il t’incombe, à toi, en tant que membre à part entière de la communauté de al-Mustafa ﷺ ?
Il t’incombe de retourner au monde antérieur à la création et à cet instant précis où tu prêtas serment à ton Seigneur… que cela te plaise ou non ! C’est-à-dire que cela ne compte pas comme un fard kifâya [4]. Plutôt, c’est un fard ‘ayn, c’est une obligation qui incombe à tout un chacun, pour la simple raison que tu es un membre de la communauté de al-Mustafa ﷺ. C’est un fard ‘ayn parce que tu es du nombre de ceux qui suivirent celui qui est le premier et le sceau des prophètes ﷺ.

Ce statut de premier et de sceau des prophètes s’est ainsi donc manifesté, sous différentes formes apparentes successives… et dans un premier temps, dans la hadra du hâ’ al-hawiya, nous l’avons désignée comme étant la hadra des prophètes et des messagers… mais à présent, comment devrions-nous la nommer, si nous voulions faire une synthèse de tous les cours qui ont précédé, dans la lecture du hâ’, en la faisant apparaître dans des apparats nouveaux ?
Tout simplement, cette hadra des prophètes et des messagers, nous la désignerions comme étant : les rayons, ou les exhalations du Prophète ﷺ.


[1] Tachbîh : ici, la matérialisation de quelque chose d’initialement subtil et transcendant.
[2] Sourate al-A’râf, verset 172.
[3] ‘âlam al-dharr : correspond à ce qu’il y avait avant que la création ne soit créée.
[4] Fard kifâya : obligation incombant à l’ensemble des musulmans, mais dont le statut obligatoire est levé dès lors que un ou plusieurs membres de la communauté présents prennent la charge de s’en acquitter. Par exemple, le lavage mortuaire.

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