« Hussayn est de moi, et je suis de lui. »

Résumé de l’assise du 11 Décembre 2015 / Jumu’a 28 Safar 1437 [Partie 8] :

Il ﷺ est le refuge de tout être humain, par le dévoilement et la vision claire, menant à la réalisation spirituelle de l’individu. Alors, le ciel de son âme « s’ouvre et devient tel une rose écarlate. » c’est-à-dire à travers des visions théophaniques concrètes, dont les formes se manifesteront à lui dans toutes les couleurs… et ce qu’il expérimentera alors, ce sera comme s’il n’avait plus aucune existence, et que ne demeurait plus que sa muraqqa’a.

Tu seras alors devenu un être relevant de l’élément eau (mâ’iy), à savoir que tu n’auras plus de couleur propre, et tu deviendras un flux subtil circulant dans l’ensemble des couleurs. Dès lors, fais prendre forme à la personnalité qui est la tienne, de la manière que tu veux, comme tu le veux et quand tu le veux, car al-Haqq, ou l’absolu illimité, t’aura octroyé cette faculté de fluer en toute chose et de prendre toute forme qu’il te plaira de prendre.

Allâh dit dans sourate al-Rahmân : « Ce jour-là, ni homme ni djinn ne sera questionné au sujet de ses péchés. » [1] du fait de la théophanisation de la haqîqa de al-Rahmân dans l’essence de chaque individu, qui verront dès lors les « deux sources courantes. » [2] Et ici, « pour celui qui aura craint la station de son Seigneur : deux jardins. » [3] c’est-à-dire celui qui sera parvenu à cette station, celui qui aura atteint le But (al-wusûl), conformément à ce verset, aura par là-même atteint le maqâm désigné par : « Béni soit le nom de ton Seigneur, Plein de majesté et de munificence. » Il aura donc saisi la haqîqa du nom divin, et il aura saisi le flux ésotérique (al-sarayân) de « A lui (lahu) la souveraineté des cieux et de la terre. » C’est-à-dire qu’il se retrouvera lui-même comme fluant dans ces cieux et cette terre, apparaissant et se manifestant à qui il veut, quand il le veut et comme il le veut.

Celui qui aura plongé dans l’océan de l’absoluité de l’Essence synthétisant toutes les réalités opposées les unes aux autres, se retrouvera ébahi, face à cette relation intrinsèque  entre ces ombres et la lumière de l’Essence.

Allâh ﷻ dit : « N’as-tu point vu comme Allâh étend l’ombre ?  » [4] Celui qui a plongé dans l’océan de l’absolu, qui est la lumière absolue, les noms sont devenus ses ombres. Et Allâh ﷻ dit : « à Allâh (lillâhi) se prosternent ceux qui se trouvent dans les cieux et la terre, bon-gré mal-gré, ainsi que leurs ombres, à l’aube et au crépuscule. » Ce verset sera pleinement établi lorsque nous aurons terminé les sept lectures du lâm al-qabd, et que nous accéderons au lâm al-ma’rifa : c’est alors que nous découvrirons le sens de « à Allâh (lillâhi) se prosternent ceux qui se trouvent dans les cieux et la terre, bon-gré mal-gré… » bon-gré n’est évidemment pas la même chose que mal-gré. Et de même, la bay’a première de « Certes, ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allâh. » est bien différente de la bay’a de « Certes, Allâh a agréé ceux qui te prêtèrent serment d’allégeance sous l’arbre. » Ces deux versets parlent effectivement de bay’a, mais la première est pourtant bien distincte de la seconde. De même, la prosternation de bon-gré à Allâh de ceux qui se trouvent dans les cieux et sur la terre est bien distincte de celle qui est faite mal-gré.

Voilà ce qui apparaît d’eux, en termes de noms de jamâl et de jalâl, bien que selon la réalité profonde (al-tahqîq), ces noms ne soient en vérité que leurs ombres, dans le miroir desquels apparut leur jamâl et leur jalâl.

Il ﷺ dit : « Hussayn est de moi, et je suis de lui. » [5], faisant de l’origine la ramification de sa propre ramification. Ceci laisse indubitablement perplexe, car ici apparaît la scission (al-fasl) au cœur de la jonction (al-wasl), et la jonction au cœur de la scission… ici apparaît la privation au cœur de la faveur, et la grâce au cœur de la dépossession.

Lorsque le Messager d’Allâh ﷺ dit que al-Hussayn est de lui… du point de vue des apparences, c’est très simple à concevoir : tu dis simplement que al-Hussayn est le petit-fils du Prophète ﷺ. Mais lorsqu’il ﷺ ajoute « et je suis de lui. », là ça devient difficile pour toi. Parce que l’intellect ne peut pas concevoir une telle chose… bien que tu prononces cette parole et que tu lises ce hadîth, malgré toi… Dire que untel est ton fils, qu’il est de toi… ce n’est pas pareil que dire que tu es de lui. Nous développerons le tafsîr de ceci dans la suite de cette lecture du lâm al-qabd.

Disions- nous, l’autrui (al-siwâ) tombe sur celui qui sera parvenu à cette station spirituelle, et dès lors la prunelle de ses yeux se retrouve dans la prière… oui, car du fait de l’accomplissement de son ascension (mi’râj) noble et céleste, son intérêt tout entier et la prunelle de ses yeux se trouvent désormais dans sa prière. Car la seule et unique injonction qui nous vint de cette ascension (mi’râj) et de cette immersion dans l’essence lumineuse, c’est la prière. L’ensemble de toutes les réalités ésotériques (haqâ’iq) sont liées à Son essence, de manière égale les unes par rapport aux autres.

Le Seigneur (al-rabb) est une sagesse (hikma), le serviteur (al-‘abd) est une sagesse… et le point de l’Essence (nuqtat al-dhât) est unique, elle est à la fois le commencement et le but ultime. Nous l’avons nommée al-lamha, et nous l’avons nommée la perle blanche (al-durra al-bayda’), nous l’avons nommée le commencement (al-bad’), nous l’avons nommée l’émission (al-ilqâ’)… elle est Tout. Tel est l’héritage ultime, l’héritage duquel l’individu peut être fier.

La source permettant l’établissement du cercle se trouve au centre de ce point, et le centre du point n’est autre que le lâm al-qabd. Et comme nous l’avons dit, celui qui contemple le cercle se doit de chercher qui en est le centre (markaz). Alors la semaine dernière, nous avions dit que ce cercle était telle une tablette (lawh), faite de sable… mais en elle se trouve un grain de sable qui n’est pas comme les autres grains. C’est un joyau, inestimable, le centre (markaz) de cet univers, manifesté à toi sous cette forme… mais au-delà de cela, ce grain de sable est également le markaz du malakût tout entier. C’est le centre du ciel, dans le ciel, dans le ciel, dans le ciel… de sorte que tu n’as aucun droit de passage, d’ascension, d’élévation ou de descente, si ce n’est en faisant preuve de bonne convenance vis-à-vis de lui et en passant à chaque fois par lui. Si en revanche un autre grain de sable venait à entrer dans ton esprit… il te ferait alors considérer avec amour tous les grains de sable, comme s’ils n’étaient tous qu’un seul et même grain. Bien évidemment, il n’en est pas ainsi, comme le dit le poète : « Muhammad est un homme, mais pas comme tous les hommes : si tous les gens étaient des pierres, il serait un joyau. » Ton commencement ne doit donc pas se faire par une pierre, mais plutôt tu dois dans un premier temps trouver ce joyau… et vint sayiduna ‘Ali (karramAllâhu wajhah) qui dit : « Et je suis le point. » Vous êtes tous des points… tout un chacun dit qu’il a un point, et qu’il est un point… mais t’avons-nous cru, ou bien nous avons plutôt cru sayidana ‘Ali (karramAllâhu wajhah) ?

Non… ton point n’a rien d’un point, face au point de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah), et ce en vertu du hadîth : « Je suis la ville de la science et ‘Ali en est la porte. » Le point de ‘Ali est le point établi. C’est le centre du cercle. C’est l’immersion dans le mulk, le malakût et le jabarût. Il n’a jamais été question de ton point à toi… ton point n’est qu’une ramification, dans la mesure bien sûr où il lui est retourné. Tu dis en ce sens : « Je suis de lui. » cependant tu ne peux pas ajouter « et il est de moi. » Al-Mustafa ﷺ confirma ceci à sayidina ‘Ali, au travers du hadîth précité « Hussayn est de moi, et je suis de lui. » Cependant il ne dit pas « et je suis de vous. » Il ne dit pas « et je suis des ahl al-siffa » [6] Il ne dit pas « et je suis des gens de la lumière ». Non, pour les gens de la lumière, il dit « mes frères », et la fraternité n’inclut pas le fait d’être de lui, ni qu’il soit d’eux… c’est un autre statut.


[1] Sourate al-Rahmân, verset 39.
[2] Sourate al-Rahmân, verset 50.
[3] Sourate al-Rahmân, verset 46.
[4] Sourate al-Furqân, verset 35.
[5] Sahîh ibn Hibbân.
[6] Ahl al-siffa : le groupe de croyants qui vivaient dans la mosquée du Prophète ﷺ et se consacraient au dhikr.

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