Es-tu réellement capable de pardonner ?

Résumé de l’assise du 11 Décembre 2015 / Jumu’a 28 Safar 1437 [Partie 7] :

Cet individu (celui qui aura accompli cette ascension spirituelle) apparaîtra à autrui dans la forme qu’il voudra. Quant aux autres, c’est-à-dire les gens qui seront restés prisonniers du monde des formes apparentes du mulk, ils te verront… non pas dans la forme qu’ils voudront, mais bien dans la forme par laquelle tu décideras de leur apparaître. Parce que tu seras alors le détenteur du lâm al-qabd. Et alors, le lâm al-qabd se manifestera à qui il veut et de la manière qu’il veut, puisqu’il aura surclassé le temps et l’espace, en revenant au Seigneur du temps et de l’espace.

Il est certes le souverain exerçant son influence sur toute chose, et à qui on attribue la mansuétude et l’indulgence.  « Et sa parole « Seigneur ! Ces gens-là sont un peuple qui ne croient pas. » Sois indulgent vis-à-vis d’eux et dis « salâm« , car bientôt ils sauront. » [1]

C’est ici que tu réalises pourquoi le Prophète ﷺ était indulgent, il pardonnait… Étant d’une dimension spirituelle de beauté (jamâl), il pardonnait à autrui. Mais toi… es-tu comme lui ?
Non. Tu es plein de colère et de haine, tu éprouves la constriction (al-qabd)… telle est ta situation. La cause de cela ?
C’est tout simplement que tu n’as jamais su t’élever au-delà de ton corps physique… tu n’es jamais sorti de cette tombe (ton cadavre), ne serait-ce qu’un instant dans ta vie. Si tu l’avais fait, ton état serait complètement différent.

Et dans un hadîth il ﷺ fit l’invocation suivante : « Seigneur, Tu es al-salâm, de Toi que vient al-salâm, et vers Toi retourne al-salâm. Exalté sois-Tu, ô Tenant de la magnificence et de la noblesse. »

Renie les secrets, renie la khalwa (si cela te chante)… le hadîth est clair. « Seigneur, Tu es al-salâm » que veut dire al-salâm ?
Cherche, médite ces mots, fais-les tourner dans ta tête… « de Toi vient al-salâm, et vers Toi retourne . » [2] cette invocation, tu la connais, tu la récites… mais ce ne sont pour toi que des mots. En revanche dans la hadra prophétique, c’est un voyage et une ascension céleste (isrâ’ wa mi’râj), et il ﷺ fondit tout dans ce salâm, en évoquant l’être, la provenance et la destination.

Et Allâh ﷻ dit : « Et Nous n’avons créé les cieux et la terre, ainsi que ce qui se trouve entre eux, que par al-haqq. Certes, l’Heure arrive. Pardonne donc d’un beau pardon. » [3] Notez bien que le beau pardon n’intervient qu’une fois l’Heure arrivée. Ce n’est qu’à ce moment-là que tu compteras parmi les gens de ce pardon.

Considère attentivement la Parole d’Allâh : « Et Nous n’avons créé les cieux et la terre, ainsi que ce qui se trouve entre eux, que par al-haqq. » Cela veut dire qu’il s’agira tout d’abord pour toi de connaître et de savoir que cette création ne fut créée que par al-Haqq. « et Certes, l’Heure arrive » : tu devras connaître la venue de cette Heure, elle devra t’avoir été dévoilée, et alors : « pardonne d’un beau pardon. » Tu ne peux être du nombre des gens de ce beau pardon tant que ne s’est pas dévoilée à toi cette Heure, raison pour laquelle al-Mustafa ﷺ dit : « J’ai été suscité, moi ainsi que l’Heure, comme ces deux-là (et il joignit son index et son majeur). » si bien que le Messager d’Allâh ﷺ devint lui-même  un signe d’entre les signes de l’Heure. Et toi, à qui al-Mustafa ﷺ apparaît et se manifeste… sache que c’est l’Heure qui en vérité t’apparaît ! Dès lors, comment allons-nous pouvoir te connaître ?
Nous, nous ne savons rien, nous n’avons pas d’expérience, nous sommes illettrés… comment allons-nous pouvoir te connaître ?

Tout simplement, en percevant en toi ce beau pardon. SI nous ne le trouvons pas en toi… si l’on constate qu’au contraire ton cœur est dur, si l’on constate que tu es un calculateur : « Tu as fait ceci, et je t’ai fait cela… donne moi ceci, et je te donnerai cela… tac tac tac… » des calculs de ce genre… alors tu n’as rien du tout. Absolument rien. Tu ne peux pas me dire que tu fais partie des gens qui ont expérimenté des dévoilements spirituels, que tu es du nombre des gens ayant eu un aperçu sur l’insondable (ahl al-ghaybiyât)… Non. J’établis contre toi le verset… malgré que tu le lises régulièrement. J’établis contre toi le verset, et voilà que tu n’en as plus aucune part.

Et Allâh dit : « Et Nous n’avons envoyé de messager que pour qu’il soit obéi, par la permission d’Allâh… » Notez qu’ici, le mot messager n’est pas déterminé. Il désigne donc le statut de messager dans l’absolu. Un messager, ce n’est pas pareil que le Messager ﷺ. « …et si, après s’être causé du tort à eux-mêmes, ils étaient venus à toi et avaient imploré le pardon (istighfâr) d’Allâh… » quand est-ce que l’istighfâr a lieu ? Il a lieu après qu’ils te soient venus ! « …et que le Messager avait imploré pour eux le pardon… » ici, c’est « le Messager », et non plus « un messager ». Donc s’ils te viennent, implorent le pardon d’Allâh, et que le Messager implore le pardon pour eux, alors : « …ils trouveraient Allâh pardonneur et miséricordieux. » [4] C’est-à-dire que c’est à ce moment-là que leur tawba serait acceptée.

Par conséquent, de qui peut-on dire que sa tawba est accomplie ?
C’est celui qui compte parmi les gens de la bay’a véritable, qui a accompli un retour (à l’origine), au travers d’une ascension céleste, et a confirmé sa bay’a, qui n’était plus alors une bay’a physique, mais une bay’a spirituelle et lumineuse.

« …ils trouveraient Allâh pardonneur et miséricordieux. » Ceci du fait qu’ils ont trouvé l’intermédiaire ultime (al-wasita al-‘udhma). Car il s’agit de la source de tous les noms et du réceptacle (mustaqarr) de toutes les nouvelles (anbâ’) [5], en qui se trouve une protection contre le feu. C’est-à-dire que dès lors que tu connais al-wasita al-‘udhma, tu connais la grande intercession (al-chafa’a al-kubra). Si en revanche tu ne fais qu’en parler, ou si tu interagis avec elle dans certains points à défaut de certains autres… alors c’est comme si tu usais de ruse et de tromperie dans ton lien avec le Seigneur et avec le Prophète ﷺ. Voilà donc le cheminement vers la connaissance du domaine spirituel de la quiétude (hadrat al-amân).


[1] Sourate al-Zukhruf, versets 88 et 89.
[2] Sahîh al-Bukhâriy.
[3] Sourate al-Hijr, verset 85.
[4] Sourate al-Nisâ’, verset 64.
[5] Anbâ’, plurien de nabâ’, traduit par la nouvelle, et qui relève de la prophétie (nubuwa).

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