Ne reviens plus dire que tu crains Allah

Résumé de l’assise du 11 Décembre 2015 / Jumu’a 28 Safar 1437 [Partie 6] :

Ainsi donc, Allâh ﷻ attribua à sayidina al-Mustafa ﷺ la souveraineté (mulk) sur l’ensemble des domaines spirituels (hadârât), de sorte qu’il devint la vision clairvoyante (basîra) elle-même, celle qui ne saurait se laisser voiler par les choses du monde physique. L’Heure (al-sâ’a) est apparente pour lui, par elle-même, et en ce sens Allâh ﷻ dit : « Certes, l’Heure vient, peu s’en faut que Je ne la cache. » [1]

Autrement dit, ta qiyâma al-kubrâ est survenue, dans la sourate al-Qiyâma. Et cette qiyâma a établi pour toi une heure (sâ’a)… c’est-à-dire que tu n’as plus ce temps qui passe comme tu y as été habitué jusqu’alors… mais, quelle est cette Heure (al-sâ’a) ?
C’est une heure cachée. Une Heure au sujet de laquelle le Seigneur te dit que peu s’en faut… qu’Il ne la fasse apparaître ! Et puisque cette heure est presque apparente (pour tous)… cela signifie qu’en vérité elle est parfaitement apparente, pour ceux qu’Il aura privilégié par un dévoilement (kachf) déterminé, dans une hadra d’un autre temps.

Par exemple, dans ce temps que nous considérons nous ici, dans le monde physique, on peut considérer par exemple un an. Cette même année, dans le monde céleste (‘ulwiy), est équivalente à un clin d’œil… mais en même temps, elle est équivalente à 50 000 heures (sâ’a). C’est-à-dire que si ton Heure est une année, alors dans le monde céleste elle équivaudra à 50 000 ans. Alors toi, tu considères que les 50 000 Heures renvoient à une réalité plus vaste… donc tu te représentes une sorte de triangle inversé, avec le sommet en bas, qui serait son point de départ, et dont la partie supérieure serait élargie. Et même si tu fais partie des gens de la raison et de la logique, Allâh a malgré toi établi cette réalité en disant : « un jour auprès de ton Seigneur équivaut à mille ans de ce que vous comptez. » [2] et toi, tu veux et tu cherches cette élévation vers le divin… ou autrement dit, tu veux parvenir à cet élargissement (al-ittisa’). Et cet élargissement, tu ne peux l’atteindre que par la réunion (al-jam’) totale et absolue.

Seulement, il y a un obstacle entre les choses palpables du monde physique et les choses intelligibles.  Cet obstacle, ce sont les voiles, et le plus grand des voiles est la peur, car celui qui est entré dans la hadra de al-Mustafa ﷺ est en vérité entré dans le domaine spirituel de la quiétude (hadrat al-amân), où aucune peur ne peut subsister. Voilà donc pourquoi aujourd’hui tu as peur. Mais de quoi as-tu peur ? Tu prétends avoir peur d’Allâh… mais tu ne veux pas accomplir la lecture du nom Allâh. Ceci vaut pour n’importe lequel d’entre vous.

« Non, mais moi vraiment j’ai la crainte d’Allâh »
Ce n’est pas Allâh que tu crains. Si tu craignais Allâh, tu aurais consacré l’intégralité de ton temps à la lecture de Son nom ! Le tout premier des versets coraniques n’est-il pas : « Lis, par le nom de ton Seigneur qui a créé. » [3] ?
Toi tu n’as pas peur d’Allâh. Plutôt, tu as peur de formes apparentes auxquelles tu as été accoutumé… tu as donc peur de ces formes apparentes, et non de la haqîqa au delà de ces apparences… car Il dit : « et Il est avec vous, où que vous soyez. » [4]

Si ta peur était véritablement une peur d’Allâh, tu L’aurais craint tandis que tu te trouvais seul, sans personne avec toi. Tu L’aurais craint dans tes paroles… Tu L’aurais craint même en ce dans quoi te mènent tes pensées. Mais tout ceci, toi, tu n’en as que faire. Ta peur de Lui… ce n’est en vérité que la peur d’un degré qui t’attend. Tu as peur du feu, tu as peur du châtiment, tu as peur du sirât… où sont donc ceux qui craignent Allâh !?

Cette peur… quand est-ce que tu la maîtriseras, quand est-ce que tu seras débarrassé d’elle ?
La réponse, c’est que si tu entrais dans la hadra de al-Mustafa ﷺ, tu recevrais du même coup la quiétude (al-amân). Toi, tu es l’un des suiveurs de al-Mustafa ﷺ… mais tu es toujours concerné par la peur : c’est la preuve que tu n’es pas encore entré dans sa présence spirituelle  (hadra).

Et si tu t’obstines une fois de plus à nier cela, nous l’établissons pour toi sur base du hadîth authentique rapporté par Muslim, selon sayidina Jâbir ibn ‘Abdillâh : « Puis échapperont les croyants. Les gens du premier groupe auront des faces semblables à la lune lorsqu’elle est pleine, au nombre de soixante-dis mille, ils ne seront pas tenus de rendre des comptes. Ceux qui viendront après eux auront des faces semblables à la plus brillante des étoiles dans le ciel, et ainsi de suite. »

Ils ne seront point questionnés… ils n’auront aucun compte à rendre. Autrement dit : il n’y aura pour eux ni paradis, ni enfer, ni espoir d’une récompense pour leurs actes, ni crainte d’une punition pour leurs méfaits… plutôt : ce seront eux qui iront asperger d’eau du paradis les gens du feu de l’enfer, et alors les corps repousseront de leurs cendres telles des graines germant à l’arrivée de la pluie.
A qui reviendra cette particularité ?
Aux gens qui auront accompli la bataille de la pleine lune (ghazwat badr) de la haqîqa.
Et qu’est-ce que badr al-haqîqa ?
C’est évidemment la hadra du Prophète ﷺ. Ces gens auront ainsi atteint hadrat al-amân, c’est-à-dire qu’ils auront atteint l’état de quiétude, duquel ils ne ressortiront plus jamais.

Quant à toi…
Toi, tu restes attaché, par ton intellect (‘aql), aux formes apparentes… crains donc ces formes apparentes, aussi diverses et variées soient-elles, mais ne reviens plus dire « Je crains Allâh. »

En finalité… la vérité est que ne craint véritablement Allâh que celui qui aura connu Allâh. Et celui qui aura connu Allâh, se sera nécessairement débarrassé de la considération de tout autre que Allâh, pour ne plus demeurer que avec Allâh. Et comment pourrais-tu demeurer avec Allâh ?

Je t’ai donné pour ce faire des fondements, dans la tariqa… des fondements que tu ne retrouveras ni dans les livres, ni dans des encyclopédies, ni dans quoi que ce soit de ce genre. Je t’ai alors enseigné à t’imprégner, à t’immerger dans l’océan du hâ’, et je t’ai demandé de nager en lui… mais toi, tu n’as daigné y nager que quelques instants, pour ensuite t’en détourner et te complaire dans l’insouciance vingt-quatre heures.

Seulement à présent que nous entrons dans le lâm… tu dois revenir à cette plongée et à cette nage, pendant vingt-quatre heures (sur vingt-quatre). C’est-à-dire que j’attends de toi un état de ravissement (jadhba) dans les domaines célestes. C’est alors que tu auras atteint la station du lâm al-qabd.


[1]Sourate Tâ-hâ, verset 15.
[2]Sourate al-Hajj, verset 47.
[3]Sourate al-‘Alaq, verset 1.
[4]Sourate al-Hadîd, verset 4.

Suivez-nous sur les réseaux

Dernières publications

Les livres du Shaykh