Si tu n’as pas lu « Alif Lâm-Mîm », alors prépare-toi à la douleur (alam)

Dars du Vendredi 15 septembre 2023

Allâh ﷻ dit : « Et Il est avec vous, où que vous soyez. [1] » Dès lors que tu reconnais Sa présence avec toi où que tu sois… tu te dois de reconnaître également que le qabd du lâm est avec toi, où que tu sois. Le tawhîd, évidemment, ne consiste pas en le fait de répéter la parole « lâ ilâha illa Allâh », mais plutôt il s’agit de connaître ses sens profonds. Et attention, le qabd, ce n’est pas ce que tu crois percevoir dans ta vie, et qui va se manifester à toi par exemple sous la forme d’une maladie ou quelque chose de ce genre. Ceci n’est pas le qabd que tu vas ressentir… et même si tu le ressens, personne ne va pouvoir partager avec toi son sens profond. Personne ne va partager avec toi cette manifestation, qui sera et restera une manifestation qui t’est propre, personnelle. Tout ceci, tu l’as déjà étudié par le passé, dans le hâ al-hawiya. Dans le hâ al-hâwiya, tu as éprouvé des choses, tu as expérimenté le jamâl, tu as expérimenté cet élargissement de la pensée, avec une certaine joie de vivre… mais à présent, lorsque tu entends parler de ce lâm… et tu vas saisir à présent, pourquoi nous avons tant tardé à le faire apparaître. Tout le monde avait le désir profond de découvrir de quoi il en retournait… mais encore eut-il fallu être digne de cette découverte !

Tu as prétendu et tu as affirmé, dans des temps passés… et je suis moi-même témoin contre toi de cette prétention que tu as à l’époque proclamée ! Tu disais, et je conviens que tes paroles étaient des paroles de vérité, que tu en sois digne ou non… Tu disais : »Je veux la ma’rifa, je veux connaître mon Seigneur ! Quant à tout le reste, il n’a pour moi aucune importance. Pour Sa présence et Sa proximité, je sacrifie mon fils, mes biens, et tous ceux qui me sont chers. »

Prépare-toi donc à cela !

Pourquoi aujourd’hui ta pensée a changé ?

Sache que, même si c’est un autre qui portera cette charge à ta place… sache et sois certain que cela va t’arriver, tu n’y échapperas pas ! Alors attends patiemment et sois attentif. Et une fois qu’elle sera là, ne dis pas « Alhamdulillah… cette épreuve a été déviée, elle a fini par toucher quelqu’un d’autre… » Non. Tout ceci, c’est comme si c’était un allègement. La miséricorde de notre Seigneur embrassant toute chose, voilà la part qui nous en est parvenu… mais sois patient. Ce n’est en vérité qu’une seconde chance qui t’est donnée.

Plus nous avançons, plus nous parlons de cela… et plus les épreuves se font difficiles. Après l’épreuve bien sûr, viendra la délivrance… mais la délivrance ne peut venir sans être précédée par l’épreuve.

Ces mots vont peut-être te sembler étranges, mais souviens toi que tu as appris des choses dans la Voie. Ce ne sont pas des choses nouvelles en vérité, ce sont des choses que tu entends dans le Coran et la Sunna. Tu les as entendues à de nombreuses reprises, puis tu les as oubliées : ces cieux sont un Livre, un Livre gardé (kitâb maknûn), et cette terre est une tablette écrite (lawh mastûr), et il ne te revient que d’écrire l’histoire de ta vie, sur cette tablette, afin de transmettre un signe (aya) d’entre les signes de al-Mustafa ﷺ. Cette histoire tu l’as déjà écrite… et aujourd’hui est pour toi venue l’heure de la lire.

Le problème n’est pas dans l’épreuve en elle-même… le problème n’est pas qu’une catastrophe soit tombée du ciel. Non… car par la ma’rifa, nous goûtons au jamâl ainsi qu’au jalâl… et au cœur du jalâl, nous goûtons au jamâl. Parce que lorsque tu as connu la proximité du Seigneur, lorsque tu as connu Ses théophanies et Sa miséricorde… ce qui se trouve dans Son Livre, tu le vis et tu l’expérimentes, tu le touches concrètement. De ce fait, tu es plus terrifié encore que celui qui a été touché par la catastrophe, car il n’a quant à lui aucune idée de comment elle est venue ni comment elle est descendue. Le fait de recevoir l’annonce (naba’) d’une chose avant qu’elle ne survienne, c’est bien différent de celui qui subit la chose directement et sans sommation. Si je te dis tout cela, ce n’est pas pour te faire peur… c’est pour que tu te réveilles !

Mon but n’est pas que tu aies peur. De base, tu n’as pas peur. Celui qui a peur, c’est celui qui observe les signes du Miséricordieux… du point de vue du jamâl ! Parce qu’il ne perçoit en vérité que la miséricorde divine.

Dès lors que Allâh ﷻ dit : « un serviteur d’entre Nos serviteurs, à qui nous avons octroyé une miséricorde de notre part et à qui nous avons enseigné une science émanant de Nous. »… le sabotage du bateau, l’assassinat du jeune garçon et la construction du mur sans demander salaire n’étaient que des signes (ayât) de miséricorde. Si tu les perçois comme tels, alors tu saisiras leur sens profond… et si au contraire tu n’y vois que de la fatigue, alors tu n’en tireras jamais aucune proximité ni aucune élévation.

La réalité, c’est que toi, tu n’as de cesse de te plaindre. Tu te plains, du matin au soir. Tu te plains, alors que tu es tranquillement chez toi… Sache que ton avidité à obtenir une aisance supérieure à celle qui est actuellement la tienne, c’est la cause de tes plaintes, et c’est ce qui fait de toi un éternel insatisfait. Si seulement tu pouvais considérer ce que le Seigneur t’a donné comme étant une miséricorde… alors tu accéderais à l’aisance de la dimension des cieux et de la terre. Si ce n’est pour toi qu’un atome, par cette pensée l’atome deviendrait une étoile, une lune et un soleil.

Mais dès lors que toi, tu n’es pas des gens qui prennent les choses de cette manière… sache que tu vas goûter à l’oppression (qabd) des ténèbres que tu as reconnues et qui ont rempli ton cœur ainsi que ton être… jusqu’à, en considérant ces ténèbres, finalement rabaisser et mépriser la lumière du Seigneur. Car même dans la description que tu fais de la lumière, tu ne fais état d’aucune connotation de bien ni de jamâl, ni de ta’dhîm, ni de proximité. Tu ne lui donnes pas Son droit… or il s’agit ici de la lumière prééternelle et éternelle, par rapport à toi qui n’es que néant. Cette lumière est l’exemple et la théophanie qui permet l’étude et l’accès à la connaissance des noms, des attributs et de l’essence ! Quant à toi, tu es une chose qui n’a strictement aucune existence. Tu as voulu associer ton existence à celle de Celui qui est le détenteur de l’existence… et Il t’a permis d’effectuer une étude, dans le contexte du hâ’ al-hâwiya, qui te permit de voir que tu avais une part dans cette lumière du Seigneur… les cieux et les terres te furent ainsi pliés, et tu as pu avoir accès au sens profond de « Tout ce qui se trouve sur elle (la terre) est néant, ne demeure que la face de ton Seigneur, plein de majesté et de munificence. »

Nous avons cru, et tu l’as cru aussi, que tu étais digne de cette connaissance… mais… quelle déception ! Après que la lumière divine t’ait dévoilé son indescriptible beauté, après que tu aies su que « tout ce qui se trouve sur elle est néant », après que tu aies atteint cet état dans lequel tu ne percevais plus que les traces de Ses noms et de Ses attributs… tu as détruit toute bonne opinion que l’on pouvait avoir de toi dans le cheminement, et tu as tourné le dos à cette haqîqa dont tu n’aurais auparavant jamais pu t’en imaginer la véritable teneur…

Si elle t’est parvenue, c’est pour que tu accèdes à l’état d’éveil !
Mais voilà qu’aujourd’hui, tu es au contraire devenu comme n’importe qui… ton état est le même que celui de l’insouciant (ghâfil) au commencement de son cheminement. Tu n’as de désir et d’amour que pour ce qui est néant. Tu désires ces choses futiles en t’imaginant qu’elles sont la solution à tes soucis… mais à présent est venu le temps : si tu ne t’es pas réveillé par Son hâ’, tu te réveilleras par Son lâm. Si tu ne t’es pas réveillé par Son jamâl, si tu ne t’es pas réveillé par Son bast… alors prépare-toi à la douleur.

Cette douleur (alam), elle viendra par étapes. Si tu étudies ces choses par lesquelles on accède à la vie véritable, alors tu vas goûter à cette réalité.

Notre vie, et notre rencontre… rien n’est arrivé par hasard. Cette preuve, cette bay’a, dans cette région du monde, n’est un choix ni de moi, ni de toi. C’est une décision préétablie et inscrite dans un Livre connu, que le Créateur fit descendre au travers de cette forme sous laquelle Il nous créa. Nous ne nous sommes pas créés nous-mêmes, nous n’avons pas choisi nos actes, nous n’avons pas choisi la vie qui serait la nôtre, nous n’avons pas choisi le milieu dans lequel nous allions évoluer, ni la région du monde dans laquelle nous allions vivre, nous n’avons pas choisi notre livre, nous n’avons pas choisi notre terre ni notre ciel. Tout cela est une prédestination qui nous a été attribuée à chacun, par le Créateur.

Donc toutes ces choses que nous avons traversées pendant tant d’années (sanawât)… et on parle bien ici de « sanawât » et non pas de « a’wâm » [2]. Ce sont des années durant lesquelles nous n’avons rien fait, nous n’avons pas donné leur droit aux grâces que nous avons reçues. Nous avons été des saboteurs au cœur de la ma’rifa, et après la ma’rifa nous nous sommes détournés de la haqîqa de la proximité du Seigneur. On parle donc bien de sana, et non pas de ‘âm. Ce sont des années d’épreuves et de crises, durant lesquelles n’est pas apparu la haqîqa de ce jamâl dans lequel tu étais sensé vivre depuis l’instant où tu as connu ton Seigneur… c’est à dire dans le bast, dans l’aisance, conformément aux règles de notre Seigneur, auquel cas nous serions perpétuellement restés dans cet état. Nous étions sensés goûter au bonheur, et rester heureux de manière perpétuelle. Et il ne s’agit pas d’un bonheur qui consiste en la profusion de largesses liées aux biens de ce bas-monde… le bonheur, c’est un souffle, subtil, doux, dans le cœur… c’est une fraîcheur que tu ressens au fond de ton être. Et je vous défie, tous autant que vous êtes… aucun d’entre vous ici n’est heureux. Aucun d’entre vous ne goûte au bonheur. Il y a parmi vous des gens riches, des gens de la classe moyenne, et des gens pauvres… mais il n’y a parmi vous aucun heureux. Le bonheur, vous n’en avez aucune connaissance. Vous n’y avez jamais goûté. Vous êtes tous chargés de problèmes et de soucis. Et ces soucis perpétuels qui vous obnubilent sont passés de la pensée pour finir par se manifester concrètement, dans le monde physique… afin que tu puisses vraiment te rendre compte de ce que tu portes dans le cœur. Ce signe (aya) que Allâh fait apparaître dans ton cœur, Il finit par le faire apparaître dans ton monde. Les théophanies viennent conformément à ce par quoi le Créateur S’est manifesté à nous… et au final, le Seigneur ne nous donne jamais que des moyens pour revenir à Lui. Toutes ces mises en gardes ne sont là que pour que se fasse le retour au Seigneur.

Lorsque je dis que tu éprouves de la douleur… écoute attentivement ce que je vais dire…
Il y en a ici qui ont éprouvé de la douleur à travers leurs enfants. D’autres à travers leur conjoint. D’autres à travers leurs voisins. D’autres à travers leur travail. D’autres à travers leur ventre. D’autres à travers leur corps… la douleur est en toi, c’est un fait. A cela tu réponds que non, même avant, tu souffrais déjà de tout cela… Non. Si tu reviens à ton état au commencement de ton cheminement, tu constateras que tu étais alors dans un état d’aisance et d’entrain… et même si tu étais éprouvé sur ces points que je viens de mentionner, tu ressentais malgré tout en toi-même un bonheur, un désir et un amour pour le Seigneur.

Aujourd’hui, non. Aujourd’hui, tu es triste, tu es affligé. Parce que tu as sacrifié pour parvenir à un objectif que tu t’es fabriqué de toute pièce, par toi-même… et non seulement tu n’as pas atteint cet objectif, mais en plus tu as fini par te rendre compte que pour parvenir à là où tu en es aujourd’hui, tu as dû sacrifier… le Seigneur ! Tu n’as pas sacrifié ce que tu avais de moins cher… tu as sacrifié un hâ’, avec tout ce qu’il comprend… pour atteindre un objectif relevant de la nafs. Et au final, tu n’as obtenu ni l’un, ni l’autre.

Et même celui-là qui s’imagine que si, il a rempli un objectif… lorsque la nuit vient l’envelopper, et qu’il se retrouve dans les ténèbres opaques de cette nuit noire… il constate qu’il s’est fatigué d’une fatigue que nul autre n’a éprouvé avant lui. Et même ces objectifs que tu te fabriquais de toi-même, lorsque tu t’imaginais les avoir remplis… quand bien même tu les aurais tous accomplis conformément à tes désirs : tu n’en tires aucune satisfaction, aucun bonheur ni aucun apaisement.
Tu es et tu restes dans la douleur (alam/الم).

Voilà donc : « Alif lâm-mîm (الم) ».
« Alif lâm-mîm » est un qasam du Seigneur ﷻ. Lorsque tu lis le Coran, tu le lis à partir de feuilles… et lorsque tu lis à partir de feuilles, tu lis à partir de sourate al-Baqara. Et lorsque tu lis la sourate al-Baqara, tu commences par le qasam du Seigneur… donc c’est comme si, ce faisant, tu commençais par ce que le Seigneur a réparti (qasama) entre ce qui te revient et ce qui t’incombe.

Nous débutons donc par « Alif lâm-mîm », mais puisque nous ne comprenons pas cette lecture, puisque nous pâtissons de faiblesse dans la lecture… nous ne constatons pas que le Alif est séparé (fasl) du lâm, ni que le mîm est lié (wasl) au lâm. Auparavant, toutes nos affaires n’étaient que wasl. Tout se faisait naturellement, tout venait ainsi… mais nous ne ressentions que de la douleur (alam/الم), au lieu de « Alif lâm-mîm ». Nous avons donc éprouvé la douleur, par le Livre (le Coran) : « tel est le Livre au sujet duquel il n’y a point de doute. [3] »

Voilà donc que ce Livre nous fait mal. Je le dis, et je le répète… tous autant que nous sommes. Celui qui ouvre le Coran ne prend de lui que du jalâl. Il n’en prend aucune part de jamâl. Et même certains d’entre vous, lorsqu’ils parviennent à certains passages du Coran qui traitent des croyants et du jamâl lié à eux, ils ne se voient absolument pas comme l’un d’eux. En revanche, lorsqu’il tombe sur un passage qui traite des mécréants et de leur châtiment, il se considère comme l’un des leurs.

Cela veut bien dire que tu goûtes au jalâl du Coran, mais pas à son jamâl. Si tu avais goûté à son jamâl, tu ne l’aurais pas délaissé ! Si tu avais goûté à son jamâl, jamais tu ne l’aurais oublié, jamais tu n’aurais oublié de méditer à ses sens. Plutôt, il aurait été ton meilleur compagnon.

Dès lors que tu te comptes comme quelqu’un qui a la part du shaytân, tu le fuis et tu te détournes de lui. Or le Coran, si tu le fuis… tu descends vers ce qu’il y a de plus bas. Si au contraire tu le prends et ne t’en sépares pas, si tu l’aimes et qu’il t’accepte et t’agrée, alors tu deviens du nombre des gens les plus élevés. Ton aspiration spirituelle (himma) croit, et Allâh t’octroie le bonheur.

C’est en ce sens que le Seigneur ﷻ dit : « Non, Je jure par l’emplacement des étoiles, et il s’agit-là d’un serment énorme, si vous saviez : ceci est un Coran noble, dans un Livre bien gardé, que seul les purifiés peuvent approcher. » Ce verset, toujours tu le répètes, toujours tu l’entends… mais jusqu’à aujourd’hui, tu n’en as pas compris le sens. Tu dis que par exemple, dans le ciel se trouvent des étoiles, et que leurs emplacements sont Coran. On te répond que oui, tu as dit vrai. Puis tu ajoutes que tu ne peux approcher ces emplacements qu’après en avoir reçu l’autorisation (idhn) de la ‘itra, et à condition que tu sois du nombre des purifiés. Ceci, nous l’avons étudié à plusieurs reprises, et nous nous sommes contentés et satisfaits de cette compréhension… seulement toi, tu as oublié d’être celui que tu étais sensé être. A savoir que toi, tu te dois d’être une étoile. Et l’étoile, où se trouve-t-elle… ô détenteur de l’étoile !?

Si tu es une étoile… alors tu dois être un compagnon (sahâbiy). Parce que le Prophète ﷺ dit : « Mes compagnons sont tels des étoiles »… oui, seulement le compagnonnage (al-suhba) ne vaut que par le fait d’être avec la personne. Ce n’est pas comme vous l’avez appris… à savoir que tous ceux qui ont vu le Prophète ﷺ sont des compagnons. Si tel avait été vraiment le cas, alors Abu Lahab et Abu Jahl auraient été eux aussi des compagnons. Plutôt, le compagnonnage (al-suhba) véritable, c’est le suivi (al-ittiba’) avec une présence physique. Pas à distance !

Oui parce que certains, ils ont disparu. Des mois… des années ! SubhanAllâh, un beau jour, il lui vient une idée… comme s’il s’agissait d’une action nouvelle à accomplir dans sa vie… il fait face à cela, il émet une pensée la concernant… et puis il disparaît. Voilà ce que j’ai appris avec vous. Parlons en toute franchise, le compagnonnage n’existe plus pour vous.

La plupart d’entre vous, vous venez… mais c’est comme si vous veniez, le vendredi, pour faire acte de présence. Vous venez pour que soit admis que vous êtes venus. Mais même votre venue le vendredi… c’est une venue qui se fait dans la douleur (alam). C’est une venue dans la fatigue. Il n’y a plus de motivation. Vous avez ainsi commencé à même délaisser la jumu’a. Vous la délaissez, vous la délaissez… au point que certains viennent uniquement quand débute la hadra. Certains viennent dans la deuxième hadra même. Et celui qui fait un effort et arrive très tôt… il ne vient en vérité pas avant la prière du ‘ichâ. Voilà donc ce qu’est la jumu’a pour vous. Et même avec cela, tu trouves encore le moyen de diminuer encore… si bien que dès que la hadra se termine, tu rentres chez toi. Tu n’attends aucune explication, aucune compréhension sur cette semaine qui vient de passer sans que tu ne sois venu à la zawiya. Tu n’as rien produit, tu n’as profité de rien, tu n’es pas venu… excepté un très petit nombre d’entre vous.

Ce très petit nombre, il récolte ce bonheur derrière lequel vous courrez, sans jamais l’atteindre. Car oui, il y a tout de même un petit nombre d’entre vous qui sont en paix. Certes, ils subissent les mêmes épreuves que vous… mais leur intérieur est apaisé et dans l’aisance. Ceci grâce à ce compagnonnage, grâce au qiyâm, grâce au dernier tiers de la nuit, grâce à la présence avec le Shaykh chaque jour… etc.

« Non, mais nous avons un travail, nous avons des enfants, nous avons… »
Certes, mais même auparavant, vous aviez un travail, peut-être même plus prenant qu’il ne l’est pour vous aujourd’hui, vous aviez des enfants, vous aviez… mais tu savais trouver le temps pour venir. Par conséquent, ce n’est pas le temps libre qui te faisait venir… c’était la himma ! La himma naît du désir ardent (al-chawq). Et le moyen de préserver cette himma, c’est évidemment en restant constant dans la pratique de son wird, de sorte que le flux spirituel puisse te parvenir, et que tu sois en mesure de percevoir, dans ta vie de tous les jours, jusqu’aux moindres signes qui te parviennent de ton Seigneur. Tes rêves sont pieux, et les indications que tu reçois dans ces rêves apaisent ton cœur. Tes déplacements sont comptés (tu ne perds pas de temps vers des futilités), et tu surveille jusqu’à ta propre ombre. Tu attends impatiemment la prochaine prière, et tu trouves le bonheur dans celle-ci. Durant cette prière, tu récoltes le fruit d’une prosternation au cours de laquelle ton invocation est exhaussée. Tu travailles et tu agis dans les choses qui ne périront point. Etc, etc.

Alors… ne ressens-tu toujours pas ce qabd !?
Ne te rends-tu toujours pas compte que tu t’es détourné !?
Révise ton cas en méditant sur ces quelques mots… ce sont des mots simples… et je ressens la peine que tu éprouves. Tu ne peux pas… tu ne peux pas me cacher ta réalité. Je te connais ! Cela fait plus de dix ans que je te connais, pour certains… d’autres six ans, d’autre cinq… Par Allâh, je te connais mieux que tu ne te connais toi-même ! C’est pour cette raison que je te dis que tu es devenu « alam » (douleur, plutôt que « Alif lâm-mîm»).

Puisque ton hâ’ est devenu mîm… le wâw de ton hâ’ deviendra lâm. Alors prends garde !

Tu travaillais à des choses qui aujourd’hui ne te conviennent plus. Tu accomplissais ces actions dans le but de te rapprocher du Seigneur. Cela pouvait être des choses très simples, apporter une aide ou quoi que ce soit… aujourd’hui non, cela ne te convient plus. Tu n’acceptes plus de te rabaisser à ces tâches. Aujourd’hui, tu as grandi. Tu faisais cela quand tu étais encore petit. Aujourd’hui que tu as atteint un certain âge, ou que tu occupes un poste haut placé au travail, ou que tu as atteint un certain niveau social… tu n’accomplis plus ces actes que tu avais l’habitude de faire auparavant. Non, n’oublie jamais ! Comme tu étais auparavant petit… tu resteras petit.

Auparavant, tu étais petit, mais tu étais dans un état de jamâl… aujourd’hui non, tu es un fatiguant. Pas fatiguant dans le sens où tu causes de la nuisance à autrui… non : tu es fatiguant pour toi-même ! Tu ne causes de douleur à personne : ta douleur n’est une douleur que pour ta propre personne. Tu ne trouves aucune paix dans le sommeil, ni dans la sieste, ni au travail… je jure par Allâh Tout-puissant que j’ai de la peine pour toi.

A chaque fois que je pense à toi… je dis : « Ô Allâh, guide-le ! »

Et je ne parle pas de la guidée qui te vient à l’esprit à premier abord… car si tu étais dans le péché et que, te rendant compte de ta situation, tu faisais ta grande ablution et accomplissais un repentir sincère (al-tawba)… ce serait mieux pour toi que de rester dans cette douleur perpétuelle, sans savoir quelle est la solution ni la clef pour t’en sortir.

L’unique cause de tout cela, c’est que tu ne te satisfais plus de l’élévation. Ton élévation à toi n’est plus que bassesse. Voilà pourquoi est apparue la deuxième terre.

Regarde… selon les dernières informations, des gens ont trouvé des boites, dans lesquelles se trouvaient des corps momifiés. Ces boîtes ont été trouvées il y a un certain temps déjà (au Mexique), mais ce n’est que récemment qu’elles ont pu être ouvertes. Dans celles-ci, on trouve des êtres… qui sont humanoïdes, sans pour autant être de « vrais humains »… ils n’ont par exemple que trois doigts. Ils sont extrêmement petits. Alors certains scientifiques s’imaginent qu’il s’agit de créatures extra-terrestres… cependant nous, nous n’avons pas cela dans nos références. Jamais aucun vaisseau spatial n’est descendu du ciel sur la terre, dans aucune époque d’aucun prophète ni messager. Il y avait même auparavant d’autres peuples, d’autres créatures qui ont habité la terre, et qui y ont commis des désordres et des turpitudes : jamais rien n’est descendu du ciel pour eux non plus. Cependant, nous savons au travers du Coran et de la Sunna qu’il existe bien des créatures vivant avec nous. Ils vivent avec nous sur quelque chose qui porte le même nom : la terre. Mais de quelle terre s’agit-il ?
Allâh est le détenteur de cette connaissance.

Cependant dès lors que « Allâh est celui qui créa sept cieux et de même pour la terre [4] » cela signifie bien qu’il existe sept terres. Et sur ces sept terres vivent évidemment des êtres… C’est pour cela que je te dis que tu es dans la douleur ! Tu es peut-être vivant sur la septième terre… mais tu y vis la vie de la deuxième terre. Et un autre qui vivra dans une douleur plus grande encore, sera vivant sur la septième terre mais en menant la vie de la première terre par exemple.

Vous verrez que cette espèce momifiée qu’ils ont trouvé n’a pas cinq doigts, mais seulement trois. Ils ont pourtant bien une main… une main, avec trois doigts. Cela n’est que ton image ! Tu as perdu deux doigts, tu n’en utilises que trois. Les deux premiers, tu les as détruits.

Quels sont ces deux doigts ?
Ce sont les deux doigts (l’index et le majeur) que réunit le Prophète ﷺ en disant « J’ai été suscité, moi et l’Heure, comme ces deux-là. » Tu as perdu ces deux doigts, et il ne te reste que les trois doigts, dont la forme apparente s’est manifestée à nous dernièrement. Alors : où sont donc tes baqiyât al-sâlihât [5] ? Où est ta méditation sur ta nécessité de te préparer à la venue de l’Heure ? Où est ta conscience de la nécessité de suivre l’exemple prophétique ?

La vérité, c’est que tu as commencé à descendre…

Au début, tu étais dans une démarche d’élévation, parce qu’au début, tu recherchais vraiment l’éducation spirituelle (al-tarbiya), tu recherchais la purification… puis, lorsque tu as atteint ces secrets et ces lectures, tu t’es imaginé avoir tout terminé, et c’est alors comme si la tariqa était devenue pour toi une culture ancienne, ou du moins quelque chose appartenant au passé.

Aujourd’hui, voilà qu’est apparu le qabd. Alors certes, je vous parlais, je vous informais… je vous disais qu’il y a le secret du qabd, je vous disais qu’il y a encore bien des secrets… et j’attendais que viennent ces jours que nous vivons.

Le lâm comprend deux noms (qabd et ‘ichq), car il a deux parties se faisant face… le jamâl et le jalâl, la proximité (al-qurb) et le détournement (al-idbâr)… il doit nécessairement arriver de cette manière, car c’est lui qui te fait accéder à la porte du fasl… le fasl dont tu ne sais absolument rien d’ailleurs.

Au début, tu voyais le fasl comme quelque chose d’immense. Et même moi, lorsque je t’en parlais, je te disais qu’il était le plus difficile des secrets. Si difficile que même si je me trouvais dans un avion et toi sur la terre, je ne pourrais pas t’en parler [6]… parce que c’est vraiment quelque chose de terrifiant. Je te disais cela, parce qu’à ce moment-là tu avais une grande himma, tu avais un wasl très fort… alors la découverte du fasl aurait été pour toi un traumatisme. Mais évidemment par la suite, après que tu te sois imprégné de ce fasl, et après qu’il se soit pour toi mélangé au wasl, au point que tu ne sache même plus distinguer ceci de cela… voici que le lâm s’est fendu, et il est venu trancher (yufsil) ton état spirituel.

Dès lors : ou bien tu l’étudies par « Alif lâm-mîm », et cela deviendra un livre clair et limpide, pour les gens de la crainte révérencielle et de la certitude (yaqîn)… ou bien tu l’étudies par « Alam » (la douleur), et tu ne feras alors que t’éloigner, encore et toujours, jusqu’à finir par te retrouver avec un groupe de gens, un groupe de frères qui ont trois doigts et deux yeux avec lesquels ils ne perçoivent pas (ce que le cœur perçoit).

Tu n’as pas de troisième possibilité.

Et je ne te dis pas ces paroles, comme tu les prenais par le passé : « le Shaykh est en train de nous faire peur… » Non. Si je le dis de cette manière, c’est parce que je suis contraint de le faire, dans le but de transmettre ce qui doit être transmis.

Quant au fait que tu aies peur ou non… comme je l’ai toujours dit : cela m’est complètement égal. Reste ou pars… quand bien même il ne resterait ici qu’une seule personne, nous étudierions avec lui le sujet, et je ne me soucie absolument pas du reste. Que le nombre des disciples explose, ou qu’il diminue… ceux qui ont vécu avec moi savent très bien que cela ne changera rien de mes habitudes. Je continuerais de m’asseoir tous les jours à côté de la porte d’entrée et je transmettrai ce que je dois transmettre, puis je m’en irai m’occuper de mes affaires de la journée.

Je ne me fatigue pas, car je suis préparé à tenir ce rôle. Ce n’est pas une préparation que je tiens de moi-même évidemment… c’est un idhn que je tiens de mon Seigneur, et c’est un flux spirituel subtil et lumineux, qui me transcende, qui me donne la force, qui me donne la himma afin que je sois en mesure de faire ce que je dois faire. Et je ne me mets pas à réfléchir, un jour, sur comment je dois faire descendre les choses… et un autre jour, je n’y pense pas. Bien au contraire : durant tout ce temps, j’ai essayé… mais je n’ai vu personne de capable.

J’espérais, et j’invoquais Allâh pour que ce secret soit pris comme l’a pris moulay al-Tayib… c’est-à-dire qu’il le prenne par le jamâl et par l’ardent désir, puis rentre chez lui… Même s’il ne comprenait pas ses sens avec précision, le flux spirituel aurait circulé en lui ainsi qu’en sa descendance.

Mais non.

Voici que les choses se précisent…

Sais-tu quand les choses ont commencé à se préciser ?
Non, ce n’est pas avec l’apparition de ces catastrophes naturelles… Mais plutôt, quand il (moulay al-Tayib) a reçu le secret, la manière d’étudier le lâm a commencé à descendre, avec la manière selon laquelle il devrait être pris (par les gens après lui). Lorsque le Seigneur fait descendre Son secret dans le cœur de quelqu’un, ce n’est certainement pas pour le laisser insouciant (ghâfil). Plutôt, c’est pour qu’il se réveille, d’un éveil constant et perpétuel. Ainsi, grâce à celui qui a pu recevoir cela, vous entendez aujourd’hui ces paroles, et vous étudiez ces compréhensions nouvelles.

Disions-nous donc… nous avons une terre première, qui serait la septième terre si nous la regardions d’en bas… Nous l’appelons la terre première dans la mesure où, depuis l’instant où nous avons vu le jour, nous n’avons jamais connu autre que celle-ci. Nous avons vécu sur elle, nous avons appris à l’aimer, elle fut un soutien pour nous, elle fut un support pour notre prière, elle fut un bienfait et une source de subsistance pour nous dans cette vie. Nous n’avons jamais connu autre qu’elle… de même que le premier ciel. Nous avons vécu avec la terre et le ciel… mais nous avons vécu dans l’erreur, dans l’insouciance, dans la non reconnaissance de ce bienfait. Si nous voyions véritablement la terre comme un bienfait, alors nous verrions toute cette terre comme étant la mosquée de al-Mustafa ﷺ, et le ciel comme son dôme vert.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la multiplication des mosquées fait partie des signes de la fin des temps. C’est-à-dire que puisque tu ne t’es pas rendu compte dès le départ que tu te trouvais dans une mosquée, conformément au hadîth qui établit que la terre entière est un lieu de prière (masjid)… la terre fit apparaître toutes ces mosquées, afin que peut-être tu te réveilles. Pour qu’au moins, si tu ne reconnais pas te trouver actuellement dans la maison d’Allâh, tu reconnaisses te trouver proche d’une maison d’entre les maisons d’Allâh. Ces maisons ont ainsi été multipliées, et toutes diffusent l’appel à la prière (al-adhan). Quel que soit le pays arabe et musulman dans lequel tu te trouves : al-adhan te parvient. Malgré tout cela, l’insouciance (al-ghafla) ne fait qu’augmenter.

Mais à l’époque du Prophète ﷺ… combien y avait-il de mosquées ?
Il y avait la mosquée du Prophète ﷺ. Les autres dites « mosquées » n’étaient en vérité pas des mosquées, mais simplement des emplacements où le Prophète ﷺ avait accompli la prière… c’est seulement après que des mosquées furent construites en ces lieux.

Il y avait une mosquée dans la ville, et une mosquée à l’extérieur. Une mosquée de ville, et une mosquée à la campagne… de sorte que si tu es un habitant de la ville, tu dois te rappeler que ta ville est la maison d’Allâh. Et si tu es un habitant de la campagne, tu dois te rappeler que ta campagne est la maison d’Allâh.

Le Prophète ﷺ nous donna des indications de cela, mais nous n’avons pas compris. Il a ainsi appelé la ville « al-madina al-munawwara« , et il en a déterminé les limites… comme s’il nous disait par-là que tout ce cercle était la mosquée.

Les compagnons quant à eux avaient bien conscience de cela. Ils connaissaient la valeur de la ville, ils savaient que la grandeur et l’importance de al-Madina ne résidait pas uniquement dans sa mosquée, mais bien dans la ville toute entière. Idem pour la Mecque. Nous sommes donc tenus de leur accorder la plus grande importance, faire en sorte de ne jamais commettre de faute dans leur enceinte, etc. Ceci apparaît clairement dans un récit rapporté de sayidina ibn ‘Abbâs, qui ne dormait jamais dans le Haram de la Mecque, mais qui pour cela se rendait jusqu’à la ville de Ta’if. Il sortait de l’enceinte de la Mecque et se rendait dans la ville la plus proche. Lorsqu’on lui demanda pour quelle raison il se donnait tout ce mal, il répondit que si, en ce lieu sacré, les bonnes actions étaient multipliées… les mauvaises l’étaient aussi. Évidemment, ibn ‘Abbâs ne compte pas parmi les gens des péchés, ni parmi ceux qui commettent le genre de fautes qui pourraient être dommageables… cependant cet endroit est un endroit où il ne convient pas à l’individu de dormir. C’est au contraire un endroit où l’on est censés être éveillés. Voilà la raison pour laquelle, lorsqu’il avait besoin de dormir, il se rendait jusqu’à la ville de Ta’if, puis revenait à la Mecque.

Toi… tu dors, au cœur de la mosquée. Tu dors même au cœur de la hadra. Tu es réveillé, tu fais la hadra… mais tu es endormi. Rends-toi compte de la différence.

Alors tu vas me dire : quel est le rapport entre tout ceci et le lâm ?
Le rapport, c’est que le lâm n’est pas un cercle. Le lâm est une corde tendue. Et pas une corde tendue vers le bas, mais bien vers le haut. Le lâm tendu vers le bas, c’est une canne. Le lâm est tel que son arc-de-cercle correspond à la terre, tandis que sa partie illimitée se dresse et s’élève comme un alif. Le alif est illimité des deux côtés : vers les sept terres autant que vers les sept cieux.  Le lâm, non. Le lâm est limité à ton niveau, du fait de la grandeur de ce en quoi tu te trouves… et son flux supérieur s’élève vers l’élévation qui est la tienne auprès du Seigneur…

En d’autres termes : la limite du lâm, c’est Muhammad. Muhammad sur terre, Ahmad dans le ciel. Et on ne dit pas que le lâm descend sous la terre. C’est la raison pour laquelle nous ne cherchons pas à savoir ce qu’il y a sous cette terre. Nous devons tout de même en savoir un minimum, parce que c’est tout de même quelque chose qui existe. Mais pas au point de vouloir aller la visiter par exemple. Si nous voulons en savoir plus, c’est uniquement pour nous prémunir de l’erreur commise sur la première terre, afin de ne pas tomber et nous retrouver sur la deuxième. De même, pour préserver ce bienfait dont nous a fait grâce le Seigneur, afin de pouvoir nous élever par ce lâm, jusqu’à atteindre Ahmad dans le ciel.


[1]Sourate al-Hadîd, verset 5.
[2]Les termes sana et ‘âm sont traduits en français par année. Seulement le premier terme est positif, tandis que le second est négatif.
[3]Sourate al-Baqara, verset 3.
[4]Sourate al-Talâq, verset 12.
[5]Al-baqiyât al-qâlihât : le dhikr que la Sunna nous recommande de faire avec les doigts, après chaque prière.
[6]Jusqu’à l’année 2014, Sidi Shaykh avait l’habitude de dire aux disciples que même s’il montait dans l’avion juste après avoir transmis le secret du fasl, le disciple tenterait de jeter des pierres sur l’avion lorsqu’il le verrait passer au-dessus de sa tête… parce qu’aucun disciple n’était alors capable de supporter un tel fardeau.

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