Le Prophète ﷺ est la réunion manifestée de la Basmala.

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و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le Prophète ﷺ est la réunion manifestée
de la Basmala.

Résumé de l’assise du 18 mars 2016
Jumu’a 8 Jumada at-Thaniy 1437


Le But et la finalité du cheminement du mourid, c’est de devenir, ou plutôt réaliser le retour à la Réalité fondamentale : le Point. Entre les mains du Shaykh sidi Mohamed Faouzi al-Karkari (quddisa sirruh), le disciple va donc être amené à percevoir les allusions divines cachées dans chacun des éléments constituant le Moulk, à explorer les mondes du Malakoûte, et à s’abreuver à la Source des Secrets du Jabaroûte… pour finalement revenir à la considération du Point, ce même Point de Lumière qui descendit dans son cœur lorsqu’il reçut le Fath, l’ouverture spirituelle, qui dans notre Voie a lieu dès la prise de la Bay’a. La différence, c’est qu’au tout début le Point était vu sans Science ni compréhension… contrairement à sa considération finale, qui se fait par la Science. Sayiduna ‘Ali (karramAllâhu wajhah) disait ainsi : « La Science est un Point que les ignorants ont rendu multiple ».

Allâh –ta’ala– dit : « Tâ-hâ. Nous n’avons point fait descendre sur toi le Coran pour que tu sois affligé ». [s20.v1/2]. Le Coran ne peut être descendu sur un serviteur pour le mener à autre chose qu’à la félicité éternelle… seulement l’accès à cette félicité n’est possible qu’après de nombreuses épreuves, et plus les sacrifices faits seront coûteux, plus la libération sera savoureuse, raison pour laquelle les Prophètes sont les plus éprouvés, puis ceux qui les suivent.

De même, on ne peut accéder à la Connaissance d’Allâh qu’après l’avoir longuement cherchée et demandée. Cela demande des efforts, il s’agit de prier et implorer Allâh, parfois pendant des années, et patienter jusqu’à ce qu’Il nous guide jusqu’au Shaykh. Une fois arrivé au Shaykh, il s’agira de poursuivre et redoubler d’efforts en terme d’adorations, prières, jeûne, dhikr… jusqu’à ce que la Lumière apparaisse et finisse par s’ancrer fermement dans le cœur de l’aspirant. Et plus il agira et fournira un effort d’adoration apparente, c’est-à-dire une adoration par les membres, plus il verra sa Lumière grandir et s’intensifier en lui. Le cheminant devra donc s’efforcer ainsi jusqu’à ce que la Lumière incréée de la vision du cœur prenne le dessus sur la lumière créée de la vision des yeux. Alors, où qu’il se tourne, le mourid verra la Lumière divine, et ce à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.

Par la saveur de la contemplation, le cheminant commencera à goûter à l’adoration véritable qui, avant d’être une adoration par les membres, doit être une adoration par le cœur. C’est alors qu’il fera son entrée dans le Paradis de ce bas-monde, qui n’est autre que le Paradis de la Connaissance divine.

Et lorsque le Nom Attribut de Lumière se manifeste, les ténèbres du cœur qui te font t’illusionner l’existence d’autre que Lui disparaissent peu à peu… jusqu’à ce que le chameau de ton âme entre et fonde dans la manifestation de l’Esprit Muhammadien, cerné par la multitude ténébreuse des passions vaines que tu nourris.
La Lumière Muhammadienne se manifeste tout d’abord au cheminant sous la forme d’un point, qui dans un premier temps lui parait tout petit. Et c’est justement dans cette impression de tout petit, placé au cœur de l’immensité ténébreuse de son âme, qu’il est demandé au disciple de plonger…
Allâh –ta’ala– dit : « ils n’entreront au Paradis que quand le chameau pénètrera dans le chas de l’aiguille. » [s7.v40].
Une fois que tu seras entré dans cet équivalent du chas d’une aiguille, tu accèderas au Paradis des Connaissances ésotériques, et alors tu témoigneras et proclameras avoir vu ce que nul œil n’a vu, et entendu ce que nulle oreille n’a entendu. « Et quant au Bienfait de ton Seigneur, proclame-le ! » [s93.v11].

Qui prétend au Tawhîd est en réalité plongé dans un état de chirk manifeste, car tant que tu respires, tant que tu bois, manges et dors, tu es… Quant à celui qui reconnait l’évidence de son état de chirk, c’est celui-là qui en réalité est le plus proche de la réalisation du Tawhîd.
En effet, lorsque tu prononces « lâ ilâha illa Allâh, Muhammadun Rassoûlullah », qui es-tu, toi ?
La réalité de lâ ilâha illa Allâh renvoie à l’Exclusivité Absolue de celui qui Est, sans associé. Cela signifie qu’Il est le Premier sans que tu sois le second, et Il est le Dernier sans que tu sois quoi que ce soit avant Lui : tu n’existes pas, et à aucun moment tu n’es sorti de ton état d’inexistence.
Tu n’es en réalité que la projection de l’ombre de la Lumière primordiale. Il te faut donc rechercher et suivre la Source de cette Lumière. « Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la Lumière descendue avec lui : ceux-là sont les gagnants » [s7.v157].
Et c’est une fois que tu l’auras trouvée que tu pourras dire réellement la Parole de la chahâda : « Je témoigne (je vois) qu’il n’y a de divinité en dehors d’Allâh, et je témoigne que Muhammad est le Messager d’Allâh ».

Malheur donc à celui qui rabaisse l’importance de la Lumière dans son cœur et laisse place aux insufflations démoniaques (waswas). L’Homme sensé est au contraire celui qui sait qu’il n’existe pas face à la Lumière d’Allâh. Mais pour réaliser cela, il faudra transcender cet état de vision, qui implique quoi qu’il arrive une dualité, et accéder par la Lumière au Secret du Tawhîd. Les Secrets sont ce qui te permet de déterminer la nature de ton attachement à l’Arbre Béni : En constitues-tu une feuille ? Une olive ? Une branche ? … ou tu n’as absolument aucune existence, et à ce moment-là tu tournes autour de l’Arbre en dessinant sous lui le soukoûn de l’annihilation totale : « Allâh a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté le serment d’allégeance sous l’Arbre » [s48.v18].

Quoi qu’il arrive, tu n’es donc qu’une ombre d’entre les ombres naissantes de la Source de Lumière Muhammadienne. Dès lors apparaissent d’un côté les gens de la félicité éternelle, et de l’autre les gens prédestinés au malheur, ces derniers constituant l’ombre des premiers. Ceci parce que l’univers tout entier est construit sur la règle des opposés. Chaque élément de Beauté (jamâl) est ainsi opposé à un élément de Majesté (jalâl). Quant aux gnostiques, c’est au cœur même du Jalâl qu’ils trouvent le Jamâl, c’est-à-dire au cœur des épreuves les plus terribles qu’ils goûtent au repos et à la félicité des Jardins de la Connaissance. C’est là le sens du verset que nous évoquions plus tôt : « ils n’entreront au Paradis que quand le chameau pénètrera dans le chas de l’aiguille ». Il s’agit là du verset 40, de la 7ème sourate du Coran, raison pour laquelle cette sourate s’appelle al-A’râf :

  • 40 au nombre des degrés de la nafs kâmila,
  • 7 pour les 7 Lectures du Nom « Allâh »,
  • et al-A’râf c’est-à-dire l’accomplissement de la Ma’rifa, soit l’état d’isthme (barzakhiya) entre l’Enfer et le Paradis, soit entre le Jalâl et le Jamâl.

Le gnostique se doit donc de déceler l’équivalent d’un atome de Beauté, même enfouis sous l’infinité de la Majesté… ou dit autrement, il doit déceler la Lumière au cœur même des ténèbres les plus obscures : « Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra. » [s99.v7] Et une fois le chas de l’aiguille face à lui, il lui faudra se rabaisser et s’avilir jusqu’à être en mesure d’y entrer. Et c’est seulement après cet état de Jalâl intense qu’il pourra entrer dans le Jamâl absolu et illimité, car n’eût été son expérience préalable de la Majesté, jamais il n’aurait été en mesure d’apprécier à sa juste valeur la saveur de la Beauté.

Nous vivons à la fin des temps, et il est aussi surprenant que regrettable de voir les musulmans attendre que des non-musulmans fassent des recherches scientifiques et découvrent les Vérités évoquées dans le Coran. Lorsque donc un scientifique associateur met en évidence des résultats de recherches aboutissant ou retournant à la Haqîqa Muhammadienne, alors les musulmans s’exclament et tombent abasourdis : « Mais ceci se trouve énoncé dans le Coran ! »… Où es-tu ô musulman, n’as-tu pas honte de te faire expliquer la Réalité de ton Prophète par un mouchrik ?
Tout ceci n’est qu’une preuve du fait que nos actes d’adoration ne sont que des actes dans le but d’acquérir une récompense matérielle, des actes intéressés et sans fond spirituel… et que notre relation à Allâh est sensiblement la même que celle d’un employé vis-à-vis de son patron. Ainsi, inutile d’espérer pouvoir accéder à quelque compréhension que ce soit.

Si tu veux accéder et goûter directement aux sens profonds du Coran, tu ne pourras le faire que par l’intermédiaire de la Porte de sayiduna ‘Ali (karramAllâhu wajhah). Car ne peut lire véritablement le Coran qu’une nafs zakiya, une âme parfaitement purifiée. « N’as-tu pas vu ceux-là qui se déclarent purs ? Plutôt, c’est Allah qui purifie qui Il veut » [s4.v49].
Allâh purifie qui Il veut, et pour atteindre cet état de purification il faut réaliser la Lecture de « Allâh ».

Au cours de cette Lecture, tu commenceras à voir la Beauté divine se manifester dans l’univers tout entier. Sache alors que ce sont là les différentes manifestations de Ses plus Beaux Noms… et que tout ce que tu vois n’est en réalité rien d’autre qu’un Tafsîr du Coran.
La Science du Tassawwuf est ainsi donc le retour du moulk vers le malakoute, soit le retour de l’apparence des choses vers les réalités profondes qu’elles renferment. Ton cheminement, c’est de réunir toi-même ton propre livre, qui n’est autre que le monde qui t’entoure, un monde d’apparence physique mais qui renferme une infinité de sens profonds : « Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie les feuillets d’un livre ». Réunis donc ton livre, et deviens Esprit afin d’être en mesure de pouvoir le lire, par la Lumière divine :
« Le Jour où Nous appellerons chaque groupement d’hommes par leur Imâm, ceux à qui on remettra leur livre dans la main droite le liront (dans l’aisance) et ne subiront aucune injustice. Quant à celui qui aura été aveugle ici-bas, il sera aveugle dans l’au-delà, et sera plus égaré encore de la Voie juste. » [s17.v71/72].

Sayiduna Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) est la réunion manifestée de la Basmala. Cette Basmala est constituée de trois points : un point de Noubouwa, un point de Risâla et un autre de Wilâya. Il est la meilleure des créatures (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), et le degré qui lui fut attribué dans chacun de ces trois maqâm est inégalé. Il est de plus le Sceau des Prophètes et des Messagers, si bien que nul après lui ne peut prétendre à l’un ni à l’autre. En revanche, il laissa la Porte de la Wilaya bien ouverte après lui, comme l’indique le Hadîth suivant :
« Je suis la Ville de la Science, et ‘Ali en est la porte » c’est-à-dire : je suis la réunion manifestée de la Basmala, et ‘Ali (karramAllâhu wajhah) est le Point du ba, comme il le dit lui-même dans une parole connue. Malheur donc à celui qui renie al-Insân al-Kâmil, car il ne fait en cela que renier la Wilaya absolue (moutlaqa) de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah), attestée par le Bien-Aimé lui-même (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).

Celui qui renie la réalité de l’Insân al-Kâmil renie sayiduna ‘Ali (karramAllâhu wajhah) et par là-même la Wilaya (Sainteté) dont il constitue la Porte. Or sans le Point du ba qui vient ouvrir chacune des 114 Sourates, tu ne pourras jamais réellement ouvrir le Coran. « Ô gens, j’ai certes laissé parmi vous deux choses par lesquelles, si vous vous y tenez fermement attachés, vous ne vous égarerez jamais : le Livre d’Allâh et ma descendance de ahl al-bayt. » [Rapporté par at-Tirmidhiy].

Ce Hadîth nous renvoie en vérité à la primordialité de se rattacher fermement à la fois à la Haqîqa et à la Charî’a. Et c’est à cela même que nous enjoignait l’Imâm Mâlik en disant que celui qui s’attache à l’un en délaissant l’autre tombe tantôt dans l’hérésie (zandaqa), tantôt dans la perversion (fisq)… et que celui qui atteint la réalisation de ce qui est attendu de lui est celui qui s’attache aux deux à la fois.

Nous avons donc d’une part la Haqîqa qui est transmise par l’intermédiaire des gens de ahl-al-bayt : ils en sont les porte-étendards, et nul ne peut s’y plonger pleinement sans passer par l’un de ses représentants, l’héritier de la Science de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah) suscité à chaque siècle pour renouveler la réalité de la religion.
Et d’autre part se trouve la Charî’a, c’est-à-dire le Coran et les Compagnons sur lesquels il fut descendu et révélé. Chaque compagnon est donc la manifestation physique d’une réalité spirituelle Coranique, qui aura été réunie dans une lettre, un verset ou bien une sourate. Quant à notre Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), il est celui qui réunit tout ceci, raison pour laquelle notre mère ‘Aïsha (radiAllâhu ‘anha) le décrivait en ces termes : « C’est un Coran qui marche ».

Ainsi donc, conformément à l’enseignement de l’Imâm Mâlik, ceux qui ne se rattachent qu’au Livre d’Allâh et délaissent la descendance Prophétique finissent par tomber dans la perversion (fisq). Quant à ceux qui au contraire s’attachent à la descendance Prophétique et délaissent le Livre d’Allâh, ils finissent par tomber dans l’hérésie (zandaqa). Et ceux qui atteignent la Vérité (tahqîq), ce sont ceux qui réunissent les deux.

Al-Insân al-Kâmil est la Porte de la Wilâya permettant l’accès aux sens profonds du Coran. Et ces sens profonds ne sont pas simplement limités à un livre… au contraire, tout l’univers en est baigné. L’univers tout entier est l’exhalation du Coran. Et al-Insân al-Kâmil est tel que toute image de cet univers n’est qu’issue de sa propre image, de même que tout esprit vivant en ce monde est issu de son esprit. « Et Nous avons énuméré toute chose dans un Imâm clairement apparent. » [s36.v12]. Sayiduna Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) est cet Imâm clairement apparent (moubîn), mentionné dans le 12ème verset de la 36ème sourate du Coran. 12 au nombre des lettres de la Parole Bénie « lâ ilâha illa Allâh », et 36 au nombre de sa réalisation parfaite dans les trois degrés de l’Islâm, de l’Imân et de l’Ihsân : 12 x 3 = 36.

Sayiduna Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), al-Insân al-Kâmil par excellence, est venu à nous et c’est par lui que la subtilité de la Miséricorde divine S’est manifesté : « Certes, il vous est venu un Messager de vous-mêmes » [s9.v128]. Ici, le terme « de vous-mêmes / min anfusikum » n’englobe pas simplement les croyants, ni même les musulmans… mais plutôt l’humanité toute entière, et même toute créature vivante quelle qu’elle soit : « Et nous ne t’avons envoyé que comme miséricorde pour les univers » [s21.v107].

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