Hadra de la Noubouwa : al-Insân al-Kâmil, forme apparente et cachée

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Vendredi 19 Décembre 2014

Hadra de la Noubouwa :
al-Insân al-Kâmil, forme apparente et cachée

Sache que la Hadra de la Noubouwa est la concrétisation de l’infaillibilité de ceux que l’on appelle les Prophètes, de la perfection de l’engagement (bay’a) qui leur est donné, et du degré de pérénité (khouloûd) dont ils furent honorés. Et lorsque nous évoquons la Prophétie (Noubouwa), nous ne parlons d’elle qu’au travers de la Sainteté (Wilâya), c’est-à-dire que nous n’évoquons le Prophète qu’en sa qualité de Saint… Ceci étant rendu possible par la descente des flux de Lumières subtiles depuis le Prophète vers le cœur du Saint, grâce au lien de transmission (sanad) reliant le premier au second. Quant à la Hadra de la Noubouwa elle-même, nul autre qu’un Prophète ne serait à même d’en parler.

Comme vous le savez tous, tout Messager est nécessairement un Prophète, et tout Prophète est nécessairement un Saint, le contraire de cela étant faux. Avant que la révélation ne lui parvienne, le Prophète ou le Messager était donc nécessairement un Saint. Sa Sainteté précède ainsi sa Prophétie… garde cela bien en tête tout au long de la lecture de nos enseignements ! Puis, réalise que la parole du Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) relève tantôt de son statut de Messager, tantôt de son statut de Prophète, tantôt de son statut de Saint. Chacun de ces statuts a sa Lumière qui lui est propre, une Lumière par laquelle tu apprends à Connaître la Risâla, la Noubouwa et la Wilâya ; une Lumière par laquelle tu goûtes aux réalités de l’Esprit que portent ses paroles, et par laquelle tu commences à déterminer de quel statut elles proviennent (Risâla, Noubouwa ou Wilâya). Mais ne peut parvenir à cela que celui dont l’œil de la vision intérieure (basîra) a été ouvert et à qui se seront manifesté les Lumières de l’Amour divin… Et le chemin menant à cette réalisation spirituelle passe obligatoirement par l’annihilation (fana) dans les Lumières de celui que l’on suit (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), dans le domaine apparent comme caché… ce qui n’est accessible que par l’affiliation à une Voie et à la remise totale en un Shaykh parfaitement Connaisseur des spécificités du cheminement spirituel, Porteur des merveilles de la Haqîqa puisées directement à l’océan des Lumières Muhammadiennes… ceci afin que tu répondes à l’injonction divine : « Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi » [s31.v15] ou encore : « Ô vous qui croyez ! Craignez Allâh et soyez avec les véridiques. » [s9.v119].

Sache ensuite que l’Homme Universel (al-Insân al-Kâmil) est l’être que le Vrai a choisi d’entre toutes Ses créatures et à qui Il a fait grâce de la Connaissance ésotérique, au travers de la contemplation et de la vision, jusqu’à la réalisation parfaite de « adorer Allâh comme si tu Le voyais ». Il est l’être humain, le fils d’Adam à qui le Vrai a enseigné tous les Noms : « Et Il enseigna à Adam tous les Noms » [s2.v31], et par cela même il fut en mesure de recevoir le Khilâfa des Noms divins, et en devint l’isthme (barzakh) entre le Vrai et la création. Il peut ainsi donc être considéré au travers de la plus grande des instances (al-Hadra al-‘Oliya) de par sa condition spirituelle, ou bien en sa qualité humaine. Il est celui qui, dès lors qu’il devint Connaissant de tous les Noms, s’effaça et disparut dans le Nommé, devenant ainsi à la fois l’absent et le présent, l’annihilé et le persistant.
Ou tu peux dire aussi qu’il a une considération de par la Seigneurie (Rouboûbiya), en vertu de l’insufflation de l’Esprit évoquée dans les versets suivants : « et J’ai insufflé en lui de Mon Esprit » [s15.v29], « Dis : l’Esprit relève de l’ordre de mon Seigneur (Rabb) » [s17.v85]… et que par ailleurs il a une considération de par la servitude (‘ouboûdiya), en vertu du fait qu’il fut créé à partir d’une poignée d’argile : « Et lorsque ton Seigneur dit aux anges : « Je vais créer un être humain d’argile » » [s38.v71].
Et selon Abi Moussa al-Ach’ariy (radiAllâhu ‘anhu), le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « Allâh a créé Adam à partir d’une Poignée, prélevée de tous les endroits de la Terre. Les fils d’Adam apparurent alors selon (les types de) terres : certains d’entre eux apparurent rouges, d’autres blancs, d’autres noirs, et d’autres entre (ces teintes). Apparut le sahl et le Hazn (*), le mauvais et le bon. » [Rapporté par Abou Dâwoûd].

(*) Dans la langue arabe, ces deux mots peuvent être utilisés pour qualifier un type de terre, ou bien un type de personne :
sahl désigne une terre aplanie, ou le caractère avenant et affable d’une personne.
Hazn désigne une terre grossière, caillouteuse… ou le caractère rugueux d’une personne.

L’Homme Universel (al-Insân al-Kâmil) est celui qui réunit les réalités se trouvant dans les deux Hadra : celle du Vrai (Hadra Haqqiya) et celle de la créature (Hadra Khalqiya), de par le fait qu’il détient deux formes considérables : l’une intérieure (bâtiniya), l’autre extérieure (dhâhiriya).

  • Concernant sa forme extérieure ou apparente, nous constatons que se trouve en lui tout ce qui se trouve en cet univers, du fait qu’il est lui-même constitué des quatre éléments par lesquels le Vrai créa toute chose : la terre, l’air, le feu et l’eau. Aucune des créatures existantes n’est exempte d’un seul de ces quatre éléments, et l’Homme Universel est celui qui réunit tout cela, comme nous l’indiqua sayiduna ‘Ali (radiAllâhu ‘anhu) :
    « Prétendrais-tu n’être qu’un corps minuscule, alors qu’en toi le grand univers fut plié ? ».
  • Quant à sa forme intérieure ou cachée, il s’agit de réaliser que l’Homme Universel est celui qui fut honoré et désigné pour être l’image du Vrai, comme le précise clairement le Hadîth : « Allâh a créé Âdam à Son image » [Rapporté par al-Boukhâriy et Mouslim]. Et dans un autre Hadîth : « Âdam fut créé à l’image de al-Rahmân » [Rapporté par Ahmad]. Dans ces deux Hadîth donc, nous retrouvons le Nom « Allâh » ainsi que son suppléant le Nom « al-Rahmân », qui partagent la particularité de réunir en eux l’ensemble de tous les Noms et Attributs divin. Le fait qu’ils soient mentionnés dans les différentes versions du Hadîth est donc une indication de la Réunion parfaite sur laquelle s’érige la forme intérieure ou cachée de l’Homme Universel… Et ces deux Noms sont tels que rien ne saurait être élevé au-dessus d’eux si ce n’est le Nom Suprême et Caché (al-Ism al-A’dham al-Maknoûn).

C’est en vertu de cela que l’être humain est la meilleure de toutes les créatures : il est le seul être capable de recevoir la khilâfa des Noms divins, laquelle n’est autre que la réalité de la forme cachée émanant directement du Vrai et dans laquelle cet être humain fut créé, comme le disent très clairement les Hadîth précités. Ainsi, par le Secret de as-Samî’ (Celui qui entend tout), l’Homme entend ; par la Lumière de al-Basîr (Celui qui voit tout), l’Homme voit ; par le Secret de al-Kalîm (Celui qui parle), l’Homme parle ; par le Secret de al-Mourîd (Celui qui détient la Volonté), l’Homme a sa propre volonté ; par le Secret de al-Qâdir (Celui qui détient la Capacité), l’Homme a sa propre capacité à agir… et ainsi de suite, l’Homme Universel étant la manifestation apparente de l’ensemble de tous les Noms.

Et lorsque nous évoquons la forme apparente, nous ne nous référons pas en cela au corps uniquement, mais plutôt nous considérons le corps, l’âme, le cœur, l’intellect et l’esprit, ces éléments étant tous créés, de même que l’est n’importe quelle créature. Dans notre tariqa, ces composantes de l’Homme sont en fait considérées comme des étapes par lesquelles le cheminant doit passer, des étapes qui, réunies, constituent le Chemin menant au Vrai.
Quant à la forme cachée de l’Homme Universel, elle est au-delà et transcende tout ceci. La preuve que l’esprit entre dans la considération apparente de l’Homme, c’est que tu en voies la Lumière, cette vision étant une vision de ce qui est manifesté… Et celui qui est parvenu à la vision (mouchâhada) de l’Esprit, celui-là se trouve sur le pas de la Porte des Secrets du Jabaroûte, car ce qui est intérieur ou caché, c’est la Science des Noms divins par laquelle on Connait la forme théophanique sous laquelle Âdam fut créé… sans considération aucune ni de fusion (Houloûl) ni d’union (ittihâd) entre le Créateur et la créature, bien évidemment.
La forme apparente de l’Homme Universel comprend donc l’enveloppe charnelle dans le monde du Moulk ainsi que la subtilité de l’Esprit dans le monde du Malakoûte. Quant à sa forme cachée, elle désigne les Secrets du Jabaroûte.

Dit autrement, l’Esprit relève de la Seigneurie (Rouboûbiya), et il s’agit d’une théophanie du Nom al-Rabb (le Seigneur), duquel émanent les théophanies de la considération fractionnée (farq). C’est la raison pour laquelle l’Esprit est compté comme faisant partie des éléments constituant la forme apparente de l’Homme Universel. Quant à sa forme cachée, elle désigne la forme de Réunion (jam’), et non pas de Fraction (farq), raison pour laquelle le Hadîth précité mentionne un Nom qui les réunit tous (Allâh, ou al-Rahmân). Et c’est vers cette forme cachée de l’Homme Universel que les anges durent se diriger lorsque le Vrai leur ordonna de se prosterner devant Âdam (‘alayhi s-salâm).

Sache par ailleurs que l’Homme Universel est l’Esprit de l’univers, il détient l’antériorité et la postérité :

  • l’antériorité de par le fait qu’il est la Poignée de Lumière Primordiale, selon Abou Houreyra (radiAllâhu ‘anhu), le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Lorsque Allâh –ta’ala– créa Âdam (‘alayhi s-salâm), Il l’informa au sujet de sa descendance et lui fit ainsi voir les Prophètes (‘alayhim s-salâm) ainsi que ce par quoi certains d’entre eux furent privilégiés sur d’autres. Il (Âdam) vit alors une Lumière éclatante chez le plus éloigné d’entre eux (asfalihim) et demanda : « Seigneur, qui est-ce ? ». Il lui répondit : « Il s’agit de ton fils Ahmad, il est le Premier (al-Awwal) et le Dernier (al-Akhir), et il est le premier à intercéder (pour les hommes) ». [Rapporté par al-Bayhaqiy, ibn ‘Asâkir et d’autres]. L’antériorité (al-awwaliya) est donc liée au degré de sa Prophétie (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), car dans un Hadîth Sahîh, le Messager d’Allâh dit : « J’étais Prophète alors que Âdam était entre l’Esprit et le corps » [Rapporté par l’Imâm Ahmad].
  • Et la postérité de par son image créée et sa forme manifestée dans l’univers à un temps et dans un lieu donné, de manière à ce qu’il scelle la Prophétie après l’avoir lui-même ouverte, que l’anneau revienne au Point duquel il était issu, et qu’apparaisse de manière évidente le joyau de cet anneau (fass al-khâtim).

Il faut que tu saches par ailleurs que celui qui entre dans la Présence Sanctifiée (al-Hadra al-Aqdassiya) est totalement perdu. La personne ayant reçu la Permission divine d’entrer dans cette Hadra n’étant plus en mesure de se retrouver lui-même, elle est à fortiori incapable d’y retrouver qui que ce soit d’autre… contrairement à la Hadra du diwan, où l’on retrouve les Saints (awliya) et les Pôles (aqtab) : cette Hadra est donc une Hadra relevant du domaine de l’Apparent (dhâhir) et non de ce qui est Caché (bâtin). Il faut que tu saches également que l’Homme Universel est un être que l’on considère petit par rapport au monde dans lequel il vit, dont les mouvements paraissent simples et anodins… mais s’il fait le moindre geste, c’est en réalité l’univers tout entier qu’il met en mouvement. Lorsqu’ainsi donc il se trouve dans sa khalwa et évoque « Allâh », il fait se mouvoir les planètes, les étoiles, le soleil et la lune, et tous sont présents dans son assise. En ceci se trouve une indication du fait qu’à ce moment-là, il regarde l’univers au travers de la considération de la forme divine sous laquelle il fut créé… et par ces mouvements qu’il réalise, les différents Noms divins s’accordent vis-à-vis de lui. Ceci en sachant bien que la perception de la descente à toi d’un Nom d’entre les Noms d’Allâh –ta’âla– est incomparablement supérieure à la descente et la réunion juste devant toi de l’univers et tout ce qu’il contient. Pour toutes ces raisons, l’Homme Universel est véritablement l’Esprit des mondes, qui ne sauraient perdurer sans ce dernier. Une indication de ces sens se retrouve dans un Hadîth relaté par Anas ibn Mâlik (radiAllâhu ‘anhu), dans lequel le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « L’Heure ne surviendra pas tant que l’on dira sur Terre : « Allâh, Allâh » » [Rapporté par Muslim]. L’Homme Universel est à la fois le premier en élévation et le dernier en descente, raison pour laquelle le Bien-Aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a réuni l’antériorité (awwaliya) de la Prophétie de par l’antériorité de l’Esprit d’une part, et d’autre part la postérité (akhiriya) de la Prophétie de par la matérialisation de cet Esprit sous la forme d’un corps, qui fut le dernier des Prophètes (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).

La Hadra de la Pérénité (Hadra al-Khouloûd) est à la fois le début initial et la fin, car elle ôte le voile occultant la réalité de l’Homme Universel, qui est tel que celui qui parviendra à le connaître, connaîtra toute chose… quant à celui qui demeurera ignorant à son sujet restera ignorant de toute chose. C’est à cela que se référait le Shaykh de nos Shouyoûkh sidi Ahmad al-‘Alawiy (radiAllâhu ‘anhu) dans l’un de ses poèmes, se référant à la Haqiqa Muhammadienne : « Ô toi qui veux connaître mon art… », ainsi que dans bien d’autres poèmes traitant de ce sujet. Ceci parce que la Haqiqa Muhammadienne est l’essence même de l’Homme Universel. Et puisque chez les gnostiques la Khilâfa (succession) est l’exclusivité de l’Homme Universel, le Khalîfa (successeur) doit obligatoirement être à l’image de celui à qui il succède. Si donc on considère que le Waliy est celui qui a été sorti des ténèbres vers la Lumière, en vertu du verset : « Allâh est le Waliy de ceux qui ont cru : Il les fait sortir des ténèbres à la Lumière » [s2.v257]… alors le Khalîfa est celui que le Vrai a choisi comme vicaire dans le fait de faire sortir les gens des ténèbres vers Sa Lumière.

L’Homme Universel est le véritable serviteur d’Allâh, le monde et tout ce qu’il comprend est sous autorité… ou plutôt, n’eut été l’Homme Universel, le monde et tout ce qu’il comprend n’aurait jamais vu le jour. Selon ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhu) :
« Parmi les choses que Allâh révéla à ‘Issa (‘alayhi s-salâm) : « Prête foi à Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), et ordonne à ceux de ta communauté qui le rencontreront de croire en lui, car n’eut été Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) Je n’aurais pas créé Âdam, et n’eut été Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) Je n’aurais pas créé le Feu. J’ai certes créé le Trône sur l’eau, et il se mit alors à frémir. J’ai donc écrit « lâ ilâha illa Allâh, Muhammadun RassoûluLlâh« , et il s’apaisa. » [al-Hâkim dit que la chaîne de ce Hadîth est Sahîh bien que ni al-Boukhariy ni Muslim ne l’aient rapporté].

Sache également que le Prophète est l’Esprit Suprême désigné par le terme de Khalîfa Suprême, et que la Prophétie correspond à l’acceptation par l’âme sanctifiée des réalités ésotériques provenant d’Allâh –ta’ala-, par un intermédiaire (wassita). La Prophétie a deux spécificités : l’une apparente qui consiste en l’action conformément à l’intellect primordial, quelle que soit la situation, et l’autre cachée correspond à la Sainteté (wilâya). On comprend donc que la Haqiqa Muhammadienne est à la fois le flux et l’intellect primordial lui-même, étant donné qu’il est à la fois la première et la dernière des créatures : il est le premier, avant que le « avant » ne puisse être considéré, car la première chose que le Vrai –ta’âla– fit apparaitre dans la chaîne de la création n’est autre que sa Lumière (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam)… et il est le dernier de par sa forme corporelle humaine.

Il est (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) la plus noble de toutes les créatures, au-delà de toute possibilité comparative, le Bien-Aimé d’Allâh par excellence, il est celui que le Vrai fit apparaitre dans la Hadra des Actes. Il est un Coran qui marche, il est le détenteur de la Prophétie, de la Khilâfa et de la Sainteté. Quant aux autres Prophètes (‘alayhim s-salâm), ils ne détenaient la Prophétie qu’en substitution à sa noble Hadra, ils ne sont donc que des images ou des reflets de la Haqîqa Muhammadienne, avant que le joyau de la bague ne se soit pleinement manifesté. Quant à ses héritiers d’entre les Saints de sa Communauté, ils sont des reflets de la Hadîqa Muhammadienne au sein du Cercle de la Sainteté, après l’accomplissement de sa venue. C’est pour cela que le disciple doit redoubler d’efforts dans le dhikr jusqu’à voir la Lumière avant la chose, puisque la création toute entière fut créée à partir de sa Lumière (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).

Sache ensuite que les créatures les plus en droit au degré de la Sainteté, après les Prophètes et les Compagnons (radiAllâhu ‘anhum), ce sont les gens issus de la descendance du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), car ce sont les plus proches du point de départ de toute chose. L’existence toute entière n’est que par leur amour, et celui qui ne les aime pas n’a aucune part dans l’existence… ceci parce que leur amour est une Hassana, et la Hassana est une Lumière. Dans un Hadîth relaté par ibn Abi Hâtim, selon ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhuma) : « Sa Parole –ta’âla- : « Et celui qui accomplit une Hassana » veut dire : l’amour de la famille de Muhammad sallAllâhu ‘alayhi wa sallam » [Ihiya’ al-Mayit – as-Souyoûtiy].

L’amour de la création est un rayon issu de leur Lumière, celui qui est bon est donc l’un des leurs, car ils sont les plus proches de la Lumière, contrairement aux gens qui ne font pas partie de Ahl al-Bayt et qui sont quant à eux plus proches des rayons, et non pas de la Lumière elle-même. Quant à celui qui ne sera pas bon, il est issu du reflet de leur ombre, car il constitue une mauvaise action (sayi’a), et la sayi’a est une trace de ténèbres dans le cœur.
C’est pour cela que le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Aimez Allâh pour ce qu’Il vous accorde comme bienfaits, Aimez-moi par Amour d’Allâh, et Aimez les gens de ma maison (ahl bayti) par Amour pour moi. » [Rapporté par at-Tirmidhiy et authentifié par as-Souyoûtiy]. Il apparait donc clairement que par cette chaîne d’Amour, l’Amour de la descendance Prophétique nous mène à l’Amour de leur aïeul (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), et que l’Amour de ce dernier nous mène à l’Amour d’Allâh –ta’âla-.

Et sache que la Wilaya du Prophète est plus vaste que sa Noubouwa, et que sa Noubouwa est plus vaste que sa Risâla. Pour comprendre ceci, considère que l’olive est constituée d’un fruit comestible, d’un noyau et de l’huile que l’on en extrait. La Risâla correspond donc au fruit, la Noubouwa est son noyau, quant à la Wilaya elle en constitue l’huile… Tout ceci en considération bien sûr du Prophète lui-même et de personne d’autre. Le fait que la Risâla soit ici comparée au fruit n’est absolument pas péjoratif, car nous ne nous référons ici qu’à sa présentation par rapport au fruit lui-même : de même que la Risâla est la plus apparente des trois, dans l’olive le fruit recouvre le noyau, lequel renferme l’huile… et l’huile est tellement bien cachée dans le noyau qu’elle n’apparait qu’après l’écrasement et l’anéantissement de celui-ci… Comprends donc cela !

Et sache enfin que la Wilaya, qui constitue l’héritage de la Noubouwa, flue au sein de la Communauté Muhammadienne en vertu du fait que les Savants sont les héritiers des Prophètes, et qu’ils se divisent en deux catégories :
Une Wilâya prééternelle d’Essence et de Haqîqa, il s’agit là d’une Wilâya Absolue, manifestée en la personne du Khatm… et une Wilâya qui est issue de la Wilâya Absolue. La première intervient en tant que revivificatrice, établissant des fondements qui lui sont propres. Quant à la deuxième, elle se contente de suivre les fondements établis par la première sans s’en écarter, car elle n’a pas la capacité d’établir elle-même de nouveaux fondements pour le cheminement vers les différents degrés de Lecture du Nom « Allâh ». Cela dit, ils reviennent tous deux à la Haqîqa Muhammadienne, et sont tous deux issus Ahl al-Bayt. La Noubouwa est scellée, et il ne demeure plus que la Wilâya, dont la porte reste ouverte, contrairement à celle de la Noubouwa qui fut fermée par la venue de sayidina Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).

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