Comment percevoir des Sciences par le dhikr ?

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Comment percevoir des Sciences par le dhikr ?

Résumé de l’assise du 2 Février 2018 / Jumu’a 15 Jumada al-ola 1439 [Partie 2] :

[…] Cette réunification des cinq forces se base sur deux choses :

-La première, c’est que l’intellect fixe une intention, une seule. Si ton intention est unique, nous avancerons avec toi sur cette intention unique… et si elle est multiple, nous devrons avancer dans différentes directions à la fois. Alors on ne dit pas que tout le monde doit fixer une intention qui serait absolument exclusive, ça c’est impossible… excepté pour celui à qui Allâh aura fait miséricorde. Et de toute façon, celui qui aurait fixé plusieurs intentions a lui aussi le droit et la capacité de parvenir et de réaliser cette siyaha, ce voyage spirituel.

Ceci dit, si le disciple établit et se fixe une intention, un objectif, c’est-à-dire une Science d’entre les Sciences… et ici, comprenez bien que je suis en train de vous descendre le sens au niveau le plus bas et le plus accessible qui soit : je ne peux pas vous le descendre plus bas que cela… je te donne ici un exemple logique, scientifique, quelque chose de concret, que tu as toi-même pu vivre et expérimenter dans la Tariqa. Ceci pour que tu comprennes ce que tu fais ici. Si tu comprends, tu seras le premier à en profiter… et si tu ne comprends pas, tu resteras un sot.

C’est là tout le problème du disciple… parce que la mouchâhada, cela ne se limite pas à dire niaisement : « J’ai vu la Lumière. »
Tu as vu la Lumière, mais qu’est-ce qu’elle t’a dit, cette Lumière ?
Ou encore « J’ai vu al-michkâte »…
Allâh dit « Allâh est la Lumière des cieux et de la terre… » [s24.v35] tu te dois de réaliser que tu as là absolument toutes les Sciences des cieux et de la terre, puisque tu as une Niche, dans laquelle se trouve une Lampe, laquelle se trouve dans un Cristal, ressemblant à un Astre de grand éclat… cela veut bien dire que c’est toi le riche ! Riche, par la Richesse du Seigneur ﷻ. Cela, nous l’avons placé dans ton cœur… tu ne peux pas le nier. Si tu l’as perdu, tu as tout perdu. Et si elle est restée en toi… comment vas-tu faire pour interagir avec elle ?

Ouvrons ici une parenthèse : mépriser autrui en lui disant « Non, moi j’ai une compréhension que tu n’as pas »… écoute, si ces 4 exemples te sont retirés, tu n’as plus rien du tout. Ne rêve même pas. Et si tu as ces 4 exemples, mais que tu ne sais pas comment les ouvrir pour en bénéficier… c’est comme si tu avais un téléphone, mais sans le code pour l’ouvrir : si tu ne sais pas t’en servir pour communiquer, on ne peut pas considérer que tu as un téléphone. Et de même, si tu as le code, mais pas le téléphone, on ne peut pas considérer non plus que tu as un téléphone. Il te faut les deux en même temps. Fais donc bien attention à ce que nous sommes en train d’expliquer… et cette série de cours, celui qui vient une fois, puis s’absente sept ou huit fois, celui-là ne peut en aucun cas profiter. C’est une série qu’il faut suivre, parce que le Nom se lit « Allâh الله » : Alif, deux lâm et hâ’. Si tu retires une Lettre, son sens change. Si tu retires un lâm, tu obtiens « ilah اله », et ilah (dieu) ce n’est pas Allâh ! lah (له) ce n’est pas Allâh ! Huw (هو) ce n’est pas Allâh !… bien que tous soient des Lectures du Nom Allâh, qui les réunit toutes. Il faut bien comprendre cela.

Ce que nous disons ici, c’est quelque chose qui te sera profitable dans l’ensemble de tous tes actes quotidiens. Que tu sois dessinateur, mathématicien… où que tu ailles, si tu as cela tu es gagnant, et si tu en es dépourvu tu n’as rien du tout, tu seras dans le meilleur des cas un imitateur, quelqu’un qui restitue ce qu’il a appris, et rien de plus.

Donc, disions-nous, la réunification des cinq forces se base sur deux choses… c’est-à-dire que la réunification du cercle, la réunification du hâ’ al-hawiya, est basée sur deux choses : la première, c’est que l’intellect doit fixer une seule et même intention, une seule Science d’entre les Sciences… et il y a ici des frères avec lesquels nous travaillons en ce sens… nous leur donnons ce que nous appelons Ism al-Ism, c’est-à-dire un Nom, et il entre alors par la porte de la Science des Noms divins. Ou bien, nous lui donnons un verset d’entre les versets du Coran, que nous appelons ayat al-rakâ’ib, qui deviendra pour le disciple un Bourâq. Et évidemment, il s’agira de les utiliser dans la pratique du dhikr, et en aucun cas de méditer à cela sans dhikr. Comme nous le disons toujours, la pensée ou la méditation doit être accompagnée de dhikr, car sans dhikr, la méditation est une transgression. La méditation accompagnée du dhikr, c’est la pleine réalisation (tahqîq). Quant au dhikr sans méditation, c’est un état de sécheresse du cœur. …Ou bien, nous pouvons aussi lui donner à travailler sur le flux subtil d’une lettre d’entre les lettres arabes. C’est ainsi que le disciple s’engage dans une Science d’entre les Sciences. Ceci bien sûr, après avoir réuni toutes les conditions et s’être pleinement disposé à devenir un réceptacle pour cette Science.

Le disciple commence alors à travailler sur cette Science, et dès lors, même si d’autres Sciences venaient s’offrir à lui, il se devrait de les refuser et de s’en détourner, pour ne pas que les choses se mélangent. Quant à celui qui a fixé son intention sur une chose, puis passe à autre chose, au final il n’obtient ni l’une ni l’autre des deux Sciences. Parce que comme nous le disions, en ce qui concerne le réceptacle de la Noubouwa, si l’intention (niya) est changée, cela constitue un grand péché. Dans le domaine de la chari’a non, c’est différent : tu as parfaitement le droit de changer ou de renouveler ton intention. Et même au contraire : si tu renouvelles ton intention, tu en obtiens une bonne action. Mais concernant le moustaqarr, non, c’est un grand péché. Tu dois donc bien établir et fixer ton intention dès le début, réunir tout ton être en un seul moustaqarr… parce que plus tard, nous allons entrer par une autre porte, et tu découvriras que tu as en vérité une multitude de moustaqarr… Comme quand toi, dans ta khalwa, tu as tout réuni en sept cercles… mais tu vas trouver par la suite une multitude d’anneaux et de cercles, 70 000, et même davantage encore, une infinité. C’est pour cela qu’il est indispensable pour toi de te fixer un programme, afin d’être efficace et que ta compréhension et ta connaissance puissent s’élargir.

Nous disions donc qu’il faut que tu te consacres exclusivement, de tout ton être, à la quête d’une seule Science d’entre les Sciences. Dès lors, tes cinq sens deviendront le moustaqarr de cette Science divine, découlant d’un Nom divin, d’un talsam, d’un verset, ou autre. Tout ce moustaqarr sera ainsi construit sur cette Science spécifique, et sur aucune autre. Voilà pourquoi il n’est pas permis au disciple d’aller en trouver un autre et de lui imposer ce qu’il a compris. Tu ne peux pas et tu n’as pas le droit d’exiger que tout le monde soit basé sur un même Nom ou un même Attribut, c’est impossible.

-La deuxième chose, c’est que cette réunification des cinq sens ne soit faite que dans le but de parvenir à une Science, mais sans en définir soi-même la nature. Le disciple doit faire du dhikr uniquement dans le but de faire apparaître ce qui doit apparaître, exactement comme lorsqu’il travaillait dans le hâ’ al-hawiya à la réunion du tout en des cercles imbriqués les uns dans les autres. C’est-à-dire qu’il n’a pas le souci ni l’envie de se spécialiser dans une Science spécifique. Il n’a pas d’intérêt particulier pour la Science des talasim, ni pour la Science des Lettres, ni pour la Science des ayat al-rakâ’ib, ni pour la Science du Ism al-Ism, non ! Il ne doit que s’efforcer et travailler dans le dhikr, sans se diriger de lui-même vers quoi que ce soit. Sa recherche doit être une recherche dans l’absolu, sans attache ni penchant particulier. Il ne se laisse attirer par aucune Science d’entre les Sciences. Plutôt il prend ce qui lui parvient, sans fixer son intention de lui-même sur l’obtention de quoi que ce soit. A partir du moment où le Shaykh lui a dit de réunifier le moustaqarr, il réunit ces moustaqarrs en un seul et se consacre à cela uniquement.

Tout cela n’est fait que dans le but de développer l’intellect. C’est pourquoi nous te disons au départ de pratiquer le dhikr sans objectif particulier, sans viser de Science spécifique. Pratique simplement le dhikr, et efforce toi de réunir les exemples dont te parle le Shaykh. Pourquoi cela ? Pour faire revivre ton intellect. Pour lui donner de la Vie et de la force. C’est après cela seulement que l’on définira avec toi une Science dans laquelle tu devras te spécialiser. Au début non, contente toi juste d’errer dans les mondes spirituels. A partir du moment où tu as un Shaykh, et que ce Shaykh t’a transmis la Science de la certitude (‘ilm al-yaqîn), c’est-à-dire la Science de l’allusion (par la Lumière), tu te dois de travailler à cela. Ne travaille pas à quelque chose au hasard. Celui qui s’imagine avoir obtenu et maîtrisé l’allusion, au hasard… celui-là n’a rien du tout. Parce que ce dont nous parlons, c’est une Science, ce n’est pas « J’ai vu », non… une Science ! La mouchâhada est un pilier fondamental, quant au reste c’est un lien (sila), puis une purification (tazkiya), puis une abstention (sawm) de toutes ces choses créées et finies, pour finir avec le pèlerinage (hajj) du retour à la Présence éternelle. Ce sont là les 5 piliers de l’Islam, et c’est ainsi que tu t’attaches à leur mise en pratique, dans le domaine de ma Tariqa.

Tu pratiques donc le dhikr dans le but de la ma’rifa, et non pas dans l’intention d’obtenir une Science d’entre les Sciences. Tu agis dans le but, comme nous le disions, de faire revivre la quintessence de l’intellect que constitue le Secret du Secret… et si le Secret du Secret venait à s’approcher de toi, ton moustaqarr serait élargi. Et au départ… pour ceux qui renient le Secret du Secret… par quoi as-tu commencé ?
Quoi qu’il arrive, tu as commencé par le Secret du Secret, parce que lorsque tu as pris la bay’a, qu’est-ce qui t’est apparu ?
C’est l’Etoile ! L’Etoile t’est apparue avant même que ne t’apparaisse la Niche (michkâte). Tu as alors ouvert cette Etoile, et tu en as fait une michkâte. Après cela, la Haqiqa de l’Etoile te fut révélée, puis elle s’est mise à grandir, jusqu’à remplir entièrement cette michkâte. C’est ainsi que tu as évolué dans ta mouchâhada. Tu ne peux donc pas nier ce wâw, parce que le hâ’ ne peut pas être lu sans wâw, parce qu’on dit toujours « Huwa هو ». Si toi tu viens et tu dis seulement « hâ », tu n’es pas dans le domaine de ces cours que l’on dispense, tu te trouves dans autre chose.

Tu pratiques donc le dhikr dans l’intention de faire revivre ton intellect et d’élargir ton cercle, afin d’obtenir de cela des Sciences, mais sans que tu ne les aies choisies. C’est alors que tu évolueras, et que tes sens passeront d’un état de suivi aveugle (taqlîd) vers un état développé. Se développeront en toi l’ouïe, la vue, la main et le pied. Et ils seront éduqués, au point que par exemple, par la vue, tu perçoives les sens profonds que recèlent les choses. C’est ici qu’intervient le Hadîth : « Craignez la clairvoyance (firâsa) du croyant, car il voit par la Lumière d’Allâh ». C’est-à-dire que ta perception de ces sens profonds dans les choses t’aidera à éduquer ta vue. Et à chaque fois que tu percevras quelque chose, et que tu chercheras à en tirer des sens profonds… tu en percevras également, par l’ouïe, le son caché (bâtiniy). Car, comme nous l’avons dit, nous parlons ici de celui dont l’état est un état de réunification de l’ensemble des cinq sens. Et si tu parviens à voir et à entendre… tu toucheras, et tu parleras… tu plieras l’espace, et tu travailleras par le pied, mais sans le pied. C’est-à-dire que tu travailleras avec les cinq forces, ce qui te permettra de transpercer et transcender les mondes… tout cela en restant évidemment assis à ta place, par le dhikr, sans bouger.

C’est donc de cette manière que tu parviendras à l’éducation de tes sens et de tes membres : tu devras rechercher les sens profonds que renferment les choses qui t’entourent. Depuis que tu es né, tu travailles et tu interagis avec la nourriture, les arbres…etc. Pour commencer, tu chercheras à plonger dans l’une de ces choses, ou bien dans un autre élément de ce qui se présente à ta portée. C’est en ce sens que nous disons et répétons continuellement : « Allâhumma fais de nous des gens qui se rabaissent eux-mêmes et qui magnifient tout autre qu’eux-mêmes… » c’est cela, la recherche des sens profonds « …afin ainsi de puiser et bénéficier de la Lumière du Créateur placée dans la créature. », car lorsque tu recherches les sens profonds de la chose, tu les perçois à la mesure de l’importance que tu accordes à cette chose… si tu parviens à te rabaisser, ton entité propre devient petite, minuscule, et la chose que tu considères grandit jusqu’à devenir plus grande que toi : tu deviens dès lors en mesure de plonger en elle et d’y puiser tous les sens qu’elle renferme. Si par exemple tu travailles sur l’atome, et si cet atome capte tout ton intérêt, tu dois travailler jusqu’à devenir plus petit que l’atome et tu pourras alors le traverser, nager en lui, en rapporter les mouvements etc. Cela, nous l’avons déjà travaillé avec certains disciples, notamment dans le domaine de la lumière (physique) et plus particulièrement la lumière au moment du lever et du coucher du soleil. Tu recherches les sens profonds de cette lumière solaire, et leurs flux subtils et ésotériques te parviennent de manière concrète : tu vois ces flux de tes propres yeux, ils traversent les corps physiques et circulent partout. Tu les vois de tes yeux, comme si dans tes yeux se trouvait un microscope. Tu saisis alors les mouvements de cette lumière, et tu vois ses rayons remplis de sortes de cellules et de particules… et si tu pousses plus loin encore, tu parviendras même à entendre le son qu’elle émet, quand bien même tu ne le comprendrais pas, car : « Il n’est pas une chose qui n’exalte Sa transcendance et Sa louange, mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier » [s17.v44] Avec ton ouïe, tu es parfaitement capable d’entendre, en revanche comprendre… c’est ça qui est difficile. Puis après cela tu seras capable de toucher et palper, parce que tu seras toi-même devenu de la même nature que ce que tu vois…

C’est ainsi que les sens sont éduqués et accèdent à un état d’éveil. Cela commence par la vue, et tu travailles à travers elle à percevoir les sens profonds que recèlent les choses de ton entourage proche. Puis, l’intellect viendra compléter tes perceptions et tu commenceras à entendre ces choses que tu vois. Car tout, absolument tout ce que tu vois, tu peux aussi l’entendre. A partir du moment où tu as vu, d’une vision clairvoyante, jusqu’à percevoir et contempler la Lumière, c’est que tu es également capable d’entendre la parole de la Lumière. Le problème n’est pas d’entendre… le problème, c’est est-ce que tu vas comprendre ce que tu entends ou non ?

Mais la compréhension, c’est autre chose… ici, nous parlons de l’ouïe, et si tu vois une chose sans l’entendre, c’est uniquement parce que tu ne veux pas l’écouter. Parce que si tu parviens à la réunification de tes sens, tu ne vas pas seulement voir, mais aussi toucher, entendre, parler et plier l’espace ! Ceci se répandra et impliquera toutes les parties de ton corps, car tout est relié à l’intellect. Cela ne se limitera pas uniquement aux sens que l’on perçoit, mais englobera la connaissance de toute force fluant dans l’univers… et en acquérant la connaissance de toutes ces forces, le cheminant parviendra à la Connaissance de leur Créateur. Et pourquoi parviendra-t-il à la Connaissance de leur Créateur ? Parce que dans son évolution spirituelle, il n’aura pas visé ni ne se sera cantonné à la quête d’une Science particulière.

C’est pour cela que nous insistons, au début du cheminement, à ce que le disciple comprenne vraiment bien le premier Secret, c’est-à-dire la plongée et l’immersion dans la connaissance de ce qu’est l’Essence divine, puis le retour vers les Noms et Attributs… Tu ne peux pas dire que tu détiens la Science de l’Essence. L’Essence, ce n’est pas une Science ! Ce n’est même pas une mouchâhada ! La seule chose que fait naître la Connaissance de l’Essence divine, ce sont les supplications, l’ouïe, la parole… Quant aux Noms divins, de leur Connaissance découlent une multitude de Sciences, et bien d’autres choses encore. C’est donc comme si la Connaissance des Noms était plus vaste… quant à l’Essence, ne la concurrencent et ne lui sont comparables ni Noms, ni Attributs, ni Actes, ni Lois. Elle se suffit à elle-même. Et donc te concernant, quel profit tireras-tu d’une immersion dans ce domaine ? Tu en tireras la supplication, l’imploration. C’est pour cela que lorsque sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) reprit ses esprits, il implora le Pardon : « Et lorsque Moussa vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit : « Seigneur, montre-Toi à moi afin que je Te voie ». Il dit : « Tu ne Me verras pas, mais regarde la montagne : si elle persiste à sa place, alors tu Me verras » Mais lorsque son Seigneur Se manifesta à la montagne, Il la pulvérisa, et Moussa tomba foudroyé. Lorsqu’il se fut remis, il dit : « Exaltée soit Ta transcendance ! A Toi je me repens, et je suis le premier des croyants. » » [s7.v143] A son réveil, sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) s’est bien repenti et a fait l’istighfar, lorsqu’il a compris et que s’est révélé à lui ce qui lui fut révélé. Seulement en ce qui concerne la mouchâhada et la connaissance d’une Science spécifique, de multiples nouvelles te parviendront, de différents horizons.

Dans la Voie Originelle, l’objectif final du cheminement est la Science des Noms divins accompagnée de celle des Attributs, des Actes et des Lois. Tu as déterminé comme objectif une Science particulière, et tu as ensuite fourni les efforts pour l’atteindre. Il se peut que cette Science concerne un verset, ou un ensemble de plusieurs versets, dont tu feras le tafsir, à la mesure de ta capacité… ou bien cela peut concerner une lettre, par exemple la compréhension des lettres Lumineuses que sont les Lettres par lesquelles Allâh ﷻ jure dans le Coran, ou les autres lettres qui sont l’ombre des lettres Lumineuses. Ou bien cela peut concerner un talsam particulier, ou la compréhension de l’écriture marqoûm (dans le malakoûte) jusqu’à saisir le flux ésotérique du point, jusqu’à ce que se révèle à toi une certaine symbolique et que tu sois en mesure de faire apparaître ce qui se cache au-delà de cette symbolique… par exemple l’étoile à six branches, pourquoi a-t-elle six branches ?
Et l’étoile à quatre branches, pourquoi quatre ?
Comme lorsqu’on attribue l’étoile à cinq branche à sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm), ou l’étoile à six branches à sayidina Dâwoûd (‘alayhi s-salâm)… c’est cela que nous désignons par le terme de « talsam ». C’est-à-dire qu’il s’agit d’une symbolique qui te donne accès à un mystère et à une compréhension nouvelle. Par exemple, si l’on considère l’étoile à cinq branche chez sayidina Sulayman (‘alayhi s-salâm), on constate qu’elle renvoie à : « elle vient de Sulayman, et c’est « bismillâhi r-rahmâni r-rahîm » » [s27.v30]. Comme si donc cette étoile te donnait une certaine dimension de la Basmala. Quant à l’étoile à treize branches, c’est celle de sayidina Yoûssouf (‘alayhi s-salâm) : « J’ai vu (en songe) onze étoiles, et aussi le soleil et la lune : je les ai vus prosternés devant moi » [s12.v4]. Son talsam est de ce fait l’étoile à treize branches. Et qu’est-ce que cela lui a octroyé ? Ce talsam a fait de lui le gouverneur d’Egypte. Il a reçu la nouvelle (naba’), il l’a expliqué et l’a manifesté physiquement dans le monde physique, et tout ceci en se basant uniquement sur sa vision première : « J’ai vu (en songe) onze étoiles, et aussi le soleil et la lune : je les ai vus prosternés devant moi ». Sa vie durant, il a travaillé à la réalisation de ce talsam, jusqu’à le faire apparaître en forme physique et concrète, c’est-à-dire jusqu’à ce que ses frères, son père et sa mère se soient prosternés devant lui.

Si tu as un talsam, c’est que toute ta Science est confinée en ce talsam, et tu œuvres en ce sens toute ta vie durant… et dès que tu le termines, tout se termine pour toi. Si tu travailles sur la lettre, alors tout ton développement ésotérique sera restreint à l’obtention de la Science de la lettre, et dès que tu l’auras obtenue, ce sera terminé pour toi. Si tu travailles sur Ism al-Ism, tu n’as aucun droit à te plonger dans les autres Noms, et dès que tu en auras terminé avec ce Nom, ce sera terminé pour toi. Si tu travailles sur un verset d’entre les versets du Coran, même chose… c’est pourquoi le Messager d’Allâh ﷺ nous dit d’ailleurs : « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset. » [Rapporté par al-Boukhariy], car tu n’as pas la capacité de transmettre davantage ! Tu n’as pas le naba’ des autres versets. Ne viens pas me dire que tu as le tafsîr de tout le Coran… Sur le Coran entier, tu n’as que des rayons, des effluves. Quant à la pleine réalisation d’un verset, tu ne l’as que pour un seul : le verset qui t’est spécifique. Voilà ce qu’a établi Allâh ﷻ, et tel est le flux spirituel du Messager d’Allâh ﷺ dans la communauté Muhammadienne : « Certes, un Messager vous est venu de vos propres nafs » [s9.v128] tu as donc toi aussi une nafs et un Message que tu dois travailler et transmettre.

C’est la même chose dans le monde exotérique : tu ne peux pas te spécialiser dans deux filières en même temps. Cependant au début de ton apprentissage, tu apprends plusieurs matières à la fois : Histoire, mathématiques, langues, etc. Et tu avances ainsi petit-à-petit, et plus tu avances, plus tu te spécialises dans un domaine particulier, jusqu’à devenir effectivement un connaisseur et un spécialiste de la matière à laquelle tu te seras consacré. Quant à ce que tu auras étudié au début, dans plusieurs matières à la fois, cela n’aura jamais été que des informations picorées çà et là. Le médecin ne peut ainsi pas concurrencer un physicien dans sa matière… bien qu’il ait une petite connaissance dans le domaine, acquise au début de ses études… certes, mais on ne peut pas dire qu’il a tout réuni à la fois. Ça, c’est impossible. Voilà pourquoi on te dit : tiens-toi toujours là où Allâh t’a placé, conforme toi au adab de ton cheminement, et ne demande surtout pas d’augmentation en quoi que ce soit, excepté dans la mesure où tu aurais revivifié ton intellect et l’ensemble du réceptacle (moustaqarr) de ton corps. A ce moment-là, ta demande ne doit pas se faire par la langue… et c’est bien ici que l’on repère le disciple qui n’a vraiment rien compris… ta prononciation et ta demande doivent être intérieure, et dès lors : si tu œuvres, tu prends… et si tu ne fais rien, tu ne prends rien. Quant à ta demande prononcée, « Ana, Ana… » tout ça, ce n’est que de l’égo.

C’est pour cela que dans le lâm al-‘ishq, il n’y a plus d’image ni de forme apparente. Il ne s’agit plus que de travailler sur le côté intérieur et caché, sur le premier ciel : « Lorsque le ciel se fendra et deviendra tel une rose écarlate » [s55.v37] Lorsque le ciel se fend et devient tel une rose écarlate, à ce moment-là, il n’y a plus d’égo, plus d’image ni de forme apparente, et c’est ici que commence la Science des Noms divins. Puis, si le deuxième ciel se fend, alors tu travailleras sur l’Esprit et le Verbe, ce qui correspond au maqâm de sayidina ‘Issa (‘alayhi s-salâm)… et ainsi de suite. Mais si toi tu restes cantonné à la terre, tout en nourrissant des prétentions à l’étude des Noms divins… c’est complètement absurde. Ou bien, si tu es encore avec les Noms divins, mais prétends à l’étude de ce qui relève du deuxième ciel : c’est impossible, et tu ne pourras pas saisir et comprendre la Science de l’Esprit.

Quant à l’objectif final de la tariqa, c’est la Connaissance de l’Essence, accompagnée de la supplication. La Connaissance de l’Essence fait naître chez le disciple les supplications, les poèmes, les sagesses etc. Cette Connaissance vient toujours avec un état de ravissement spirituel (jadhb), une force intérieure qui te pousse à t’exprimer en paroles d’Amour, de désir ardent, etc. Quant aux Noms divins, ou aux autres Sciences, non : elles ne t’apportent que la Science, mais ne viennent pas avec cet Amour et cet ardent désir. C’est de la Science pure, de la pratique, du concret. Et un tel disciple apparaît aux autres comme étant sec de cœur, dépourvu de tout sentiment. Alors qu’en réalité, dans une Science particulière, il est un véritable trésor. Celui qui chemine par l’Essence est quant à lui plus doux, plus souple, les larmes lui viennent très vite, etc.

Le corps en général tient donc un rôle primordial dans l’accès à la Connaissance divine, et sa force varie en fonction de la force de l’intellect qui l’habite. C’est-à-dire que ta force d’ouïe, de vue, de parole, de main et de pied, ne sont qu’à la mesure de la force de ton intellect. Et lorsque nous parlons du pied, nous ne désignons pas le membre physique, non… dans le domaine du bâtin, le pied désigne le pliement de l’espace (tayy) : si tu es capable de placer un pied sur terre, et l’autre dans le premier ciel, alors tu auras effectivement réalisé le tayy. Et si tu t’imagines que le pliement de l’espace désigne la capacité d’un homme à parcourir en un seul pas une très grande distance (se téléporter)… sache que ça, même le kâfir est capable de le faire ! Quant à la main, ou la capacité de toucher, c’est lorsque tu deviens capable de palper les emplacements des étoiles : « Non, Je jure par l’emplacement des étoiles, et c’est vraiment un serment solennel, si vous saviez ! Il s’agit là d’un Coran Noble, dans un Livre bien gardé, que seuls les purifiés peuvent toucher » [s56.v75/79] Si tu parviens à palper cela, c’est que ta main se trouve dans l’emplacement des étoiles, tandis que ton corps physique se trouve ici-bas… ta main est donc purifiée. C’est cela, la Réalité cachée que nous a indiqué le Créateur ﷻ : ne renie cela qu’un sombre ignorant, ou un conformiste qui se cramponne à la bien pensance de son éducation primaire, à savoir ce qui a fait de lui un juif et un chrétien (la société, les parents, etc.). Si en revanche l’individu parvient à transcender tout cela, il accède à un état de conscience et comprend pourquoi Allâh l’a créé et quel est son rôle en ce monde. SubhânAllâh… l’Homme se croit être quelque chose, il se croit capable de ceci ou de cela… alors qu’il n’est rien du tout. A en voir sa vie, c’est comme s’il n’avait été créé que pour manger et s’accoupler, rien d’autre. Quelle différence y a-t-il donc entre lui et ce qui se déplace à quatre pattes ? Celui qui se déplace debout, sur deux jambes, son objectif doit être le Alif al-Mouqaddar ! Toujours, il se doit de rechercher la droiture parfaite dans le cheminement, jusqu’à ce que son ombre s’annule et disparaisse, et qu’il devienne alors un être exclusivement fait de Lumière.

Suivez-nous sur les réseaux

Dernières publications

Les livres du Shaykh