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« Lis, par le Nom de ton Seigneur qui a créé ! » (tafsîr)

Résumé de l’assise du 30 Juin 2018 / Jumu’a 15 Chawwâl 1439 [Partie 3] :

Allâh ﷻ dit : « Lis, par le Nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’Homme d’une adhérence. Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par le calame, qui a enseigné à l’Homme ce qu’il ne savait pas [1]. »
C’est-à-dire : « Lis par ton Seigneur ! » De sorte que le Seigneur est celui qui te fait lire la véritable Lecture, celle qui te permet de comprendre les sens ésotériques et prééternels.

« Non mais moi j’ai un enseignant… » Non ! Ton premier enseignant, ce doit être ton Seigneur !
Et il s’agit là du premier verset qui descendit sur sayidina al-Mustafa ﷺ : « Lis, par le Nom de ton Seigneur. » donc ton tout premier enseignant doit être ton Seigneur. Et quel enseignement va-t-Il t’enseigner ?

Le Nom du Seigneur, c’est-à-dire le Noms qui réunit et synthétise tous les Noms, le Nom indicateur de l’Essence divine. Voilà donc la toute première leçon à recevoir dans l’apprentissage de la Lecture du Coran. Il n’a pas été dit à sayidina al-Mustafa ﷺ : « Lis (étudie) la langue anglaise » ou « Lis (étudie) les mathématiques »… Non. « Lis, par le Nom de ton Seigneur. » Et toi aussi bien que moi, nous ne sommes pas meilleurs que le Prophète ﷺ.

Certains disent pourtant : « J’ai un fils, je vais l’envoyer au Canada, et le deuxième en Russie… » ou « Mon fils sait parler 7 langues différentes… » A quoi bon ? La plus grande de toutes les langues, c’est la langue du Coran, la langue arabe.
« Mon fils a un niveau d’études très élevé en physique, spécialisé dans le monde atomique, il travaille à la NASA… » Ce ne sont là que des théories, rien n’est bâti sur la Haqiqa. Un penseur vient et émet une théorie, puis un autre vient et la réfute pour la remplacer par une autre. Nous n’allons que de théorie en théorie, indéfiniment.

Quant à la Science véritable qu’est la Science des Noms divins, des Attributs et des Lois… personne n’en veut. Et même pour le peu qui ont cherché et se sont investis dans le domaine, ils n’ont jamais fait que tâtonner et mémoriser, devenant ainsi tels des automates restituant tout ce qu’ils ont emmagasiné. Ils mémorisent les Noms divins puis les répètent bien dans l’ordre… idem pour les Attributs, qu’ils présentent comme suit : « Les Attributs divins sont au nombre de 20 ; deux points, retour à la ligne… La science, la vie…etc. » Voilà ce qu’ils ont fait de cette Science.

Non, en vérité nous devons voir de toi que tu es la marque de tel Attribut. Lorsque le Messager d’Allâh ﷺ nous dit : « Allâh créa Adam à l’image de ar-Rahmân. », n’as-tu donc pas toi aussi un droit et une part dans la ressemblance et la conformité aux Attributs divins ? Et dans le Hadîth Qudsi : « Je deviens son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit… » Toi qui renies cette réalité, lorsque tu te plonges dans la science religieuse, que fais-tu ? Tu mémorise quelque chose du fiqh que tu répètes par ta langue tel un automate. Et lorsque tu t’assois et prends place pour parler au milieu d’un groupe de gens, comme je le fais actuellement, tu te fais appeler Shaykh, professeur, enseignant, etc. Pourtant, la science que tu enseignes n’est, elle aussi, faite que de théories. Il n’y a pas de mise en application de cette science, rien de profond et concret.

Lis, par ton Seigneur, afin d’être par Lui dans le moindre de tes faits et gestes, jusqu’à devenir et pleinement réaliser « lillâh ». « Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur satisfaite et agréée [2]. »

Quand est-ce que la nafs retourne à son Seigneur ?
Lorsqu’elle devient apaisée (moutma’innah). Si donc toi tu étais véritablement apaisé dans cette science, nous ne vivrions pas les choses que nous vivons en cette époque qui est la nôtre. Nombreux sont ceux qui étudient, jusqu’à la dernière année universitaire, et c’est au dernier moment qu’ils laissent tomber. Juste avant le diplôme, juste avant le doctorat… qu’est-ce qui lui prend à untel, pourquoi abandonner si près du but ? Il pleure, il ne dort plus, il ne mange plus… a-t-il peur de l’examen ? Non. Au contraire, il en rapporte toujours d’excellents résultats. Quelle est donc la cause de son mal ? Il vit une vie de dépression, dépourvue de tout apaisement et de toute quiétude. Pourquoi cela ?

Simplement parce que sa vie toute entière est bâtie sur des illusions. Il a poursuivi des études illusoires, jusqu’à atteindre cette année illusoire, et lorsqu’il est enfin arrivé à la Haqiqa de l’illusion, il l’a trouvée entièrement vide, et cela ne fit que lui rajouter dépression à sa dépression. Parce qu’il est musulman, de père et de mère musulmans, et cela n’est ni sa religion, ni sa science. Si dès le début il s’était engagé dans une démarche islamique, dans la compréhension de la Chari’a, claire et évidente, alors il aurait goûté à la saveur de cette Science, sa nafs aurait été tranquillisée et aurait demandé plus de science encore, car notre Seigneur ﷻ dit : « et dis : « Seigneur, accroît ma Science » [3]. »

Si tu avais étudié la Science véritable, tu aurais perpétuellement demandé un accroissement de tes connaissances. Ce qui t’a empêché d’aller au bout de ce que tu as entrepris d’étudier, c’est que fondamentalement cette science à laquelle tu t’es consacré n’est même pas une science. Plutôt, tu as étudié l’ignorance, par l’ignorance, par l’ignorance. Et lorsque tu as réalisé que tu ne trouverais en cela aucun apaisement pour ta nafs, ni aucun but en soi… parce que ces études ne sont pas faites pour la connaissance : elles servent uniquement à accéder à un emploi. Comme l’animal : il n’est né que pour travailler. L’important, c’est de gagner de l’argent. L’important, c’est que je mange, boive et dorme. Mais tu ne goûtes à aucune liberté spirituelle et intérieure, tu n’as pas la moindre idée de quel est ton rôle en ce monde. Tu n’as rien du tout. Tu as étudié 20 ou 30 ans… et rien du tout. Si tu meurs, ça aura été comme si tu n’avais jamais vécu. Et pire, tu seras questionné et tu rendras des comptes sur ces études que tu as menées.

Disions-nous : Lis, par ton Seigneur, afin d’être par Lui dans le moindre de tes faits et gestes, jusqu’à devenir et pleinement réaliser « lillâh ». Il est Celui qui fit apparaître la chose, la plus éminente des choses apparues n’étant autre que toi, ô être humain. Le Seigneur ﷻ a créé cette création. Et toi, Il t’a créé et a fait de toi une manifestation plus grande encore que ne l’est l’ensemble de la création. Nulle part il n’est dit « Allâh créa la création à l’image de ar-Rahmân. », mais plutôt : « Allâh créa Adam à l’image de ar-Rahmân. » c’est-à-dire que tu es, Ô être humain, le talsam. Tu es le trésor ultime. Tu es le but suprême. Tu es celui au sujet de qui sayiduna al-Mustafa ﷺ dit qu’il t’incombe de transmettre de la nafs purifiée, ne serait-ce qu’une ayah. Tu es la Voie. Tu es la Loi. Allâh ﷻ dit à ton sujet : « Il y a sur terre des preuves pour ceux qui croient avec certitude, ainsi qu’en vous-mêmes. Ne voyez-vous donc pas ? [4] » Lorsque le Seigneur te dit « Ne voyez-vous donc pas ? », si en toi-même tu ne vois rien, c’est que tu es aveugle ! Tu es ignorant… tu n’es même pas humain. Qui es-tu ? Allâh sait mieux. Tu es une chose… une chose qui semble n’avoir ni Loi, ni objectif, ni fruit.

Cet Homme, Allâh le créa d’une eau vile, puis Il l’éleva jusqu’aux plus hauts degrés, conformément au Hadîth « Lis et élève toi [5]. » Le Seigneur ﷻ t’a élevé par la Science… et quand je parle de Science… efface purement et simplement la physique et la chimie de ton cerveau. Quand je te parle de Science, reviens au Coran ! C’est à cela que nous nous référons lorsque nous parlons de Science. Quant aux autres sciences que tu peux étudier, nous ne les considérons que comme de la théorie. Allâh a donc élevé cet Homme, depuis une goutte d’un liquide répugnant, vers l’élévation par la Science et par la connaissance ésotérique (ma’rifa).

« Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par le calame, qui a enseigné à l’Homme ce qu’il ne savait pas [6]. » Effectivement… c’est notre Seigneur qui enseigne : « ar-Rahmân, Il a enseigné le Coran [7]. » Qui t’a enseigné le Coran ? C’est ar-Rahmân. Ca ne va pas plus loin. Ce n’est pas Abderrahmân (le serviteur de ar-Rahmân) qui m’a enseigné le Coran, mais plutôt ar-Rahmân. La nuance est de taille !

Ce verset de la sourate al-‘Alaq établit de façon définitive que la Science est descendue de la part d’Allâh ﷻ. Et pour cela, Il envoya Ses messagers et Ses prophètes, afin d’enseigner aux gens ce qu’ils devaient apprendre, par des moyens qui leur soient accessible. La Haqiqa de la Science découle de la religion. Et toute science qui n’a pas de base dans la religion… toute science qui n’a pas de base dans la religion… toute science qui n’a pas de base dans la religion… (cherche donc dans la discipline qui est la tienne : a-t-elle oui ou non une base dans la religion ?) n’a aucune base, ni aucune Haqiqa, et n’est donc que de la théorie. Quelle que soit la discipline, c’est de la théorie et en aucun cas une Science. Quand bien même elle serait enseignée dans les plus grandes universités. C’est de la théorie, qui quoi qu’il arrive reste sujette à la remise en question, à la réfutation, à la modification… elle n’a rien de ferme et établi. N’importe qui peut venir, fournir un effort personnel et changer cet enseignement.

Quant à la Science dont la base est dans la religion, elle n’est en aucun cas sujette au changement ni à l’évolution. Par la Science, tu dis et tu affirmes à juste titre que tu t’es éteint (fana) en quelque chose de véritablement Seigneurial. C’est pour cette raison que l’imam ach-Châfi’iy dit dans un poème : « la Science est Lumière… et la Lumière d’Allâh n’est pas donnée au pécheur. » A partir du moment où l’imam ach-Châfi’iy, tout de même fondateur d’une école de jurisprudence (madhhab), considère que la Science est Lumière… et à partir du moment où sayiduna al-Mustafa ﷺ dit dans une invocation, avant de boire du lait « Seigneur, béni cela et donne-nous en davantage ! [8] », et sachant que dans le récit du mi’râj, c’est le lait qu’il préféra ﷺ aux autres boissons qui lui furent proposées… et que dans un rêve qui lui fut rapporté, il interpréta le lait comme étant la Science par Allâh… en tout ceci se trouve des indications claires de la valeur de la Science par Allâh. « Sache donc que « lâ ilâha illa Allâh » [9]. »

[1] Sourate al-‘Alaq, versets 1 à 5.
[2] Sourate al-Fajr, versets 27 et 28.
[3] Sourate Tâ-hâ, verset 114.
[4] Sourate ad-Dhâriyât, versets 20 et 21.
[5] Le Messager d’Allâh ﷺ dit : « Il sera dit à la personne attachée au Coran : « Lis, élève-toi et récite, de la même manière que tu récitais dans le bas-monde, car ta station sera établie au dernier verset que tu liras. » » Rapporté par at-Tirmidhiy et Abou Dawoud.
[6] Sourate al-‘Alaq, versets 1 à 5.
[7] Sourate ar-Rahmân, verset 1.
[8] « Allâhumma bârik lanâ fîhi wa zidnâ minhu. » Rapporté par at-Tirmidhiy.
[9] Sourate Muhammad, verset 19.