Les œuvres ne valent que par la vision de la Lumière

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Les œuvres ne valent que par la vision de la Lumière

Résumé de l’assise du 30 Juin 2018 / Jumu’a 15 Chawwâl 1439 [Partie 2] :

Par les Prophètes et les Messagers, on apprend à distinguer les ténèbres de la Lumière, ainsi que ce qui est bénéfique ou nocif, au travers de la connaissance de la nature de la rétribution intrinsèque à chaque acte accompli. Voilà l’intellect, et voilà la Science. L’intellect et la Science, c’est ce qui t’enseigne la Scission (fasl) et la Jonction (wasl). C’est ce qui t’enseigne comment comprendre ce qui relève de la Lumière, les ruses des ténèbres, les œuvres vaines et comparables à un mirage que sont les œuvres des mécréants… parce que les mécréants agissent eux aussi : tu vois ainsi des gens agir pour le bien des gens, construire des hôpitaux, etc… seulement la récompense ou le fruit de leurs œuvres ne leur parvient jamais. « Quant à ceux qui ont mécru, leurs actions sont comme un mirage dans une plaine désertique que l’assoiffé prend pour de l’eau. Puis quand il y arrive, il s’aperçoit que ce n’était rien, mais y trouve Allâh qui lui règle son compte en entier, car Allâh est prompt à compter [1]. »

Tu te dois toi aussi d’appliquer ce verset à toi-même : si tes œuvres sont basées sur la preuve évidente qu’est la Lumière d’Allâh  ﷻ, alors ces œuvres sont chargées en Luminosité. Tu vois alors qu’effectivement : « Allâh est Waliy de ceux qui ont la foi : Il les fait sortir des ténèbres à la Lumière [2]. »
Tu réalises dès lors la Parole divine : « C’est alors qu’on élèvera entre eux une muraille ayant une porte dont l’intérieur contient la Miséricorde, et dont la face apparente a devant elle le châtiment [3]. »

Et ce Jour, qui sont les croyants, les gens de l’Imân ?
Ils sont décrits dans le verset précédent, ce sont ceux dont « la Lumière coure devant eux et à leur droite [4]. » c’est-à-dire qu’ils reçoivent la récompense en bonheur dans ce bas-monde aussi bien que dans l’autre.

Quant aux hypocrites, que diront-ils ?
« N’étions-nous pas avec vous ? [5] » car oui, effectivement, nous étions avec vous au même endroit et à la même époque. Nous mangions, nous buvions, nous dormions avec vous. « Oui, mais vous vous êtes laissés tenter, vous avez comploté, vous avez douté et de vains espoirs vous ont trompés, jusqu’à ce que vînt l’Ordre d’Allâh. Et le séducteur vous a trompés au sujet d’Allâh [6]. » Telle sera la réponse des croyants aux hypocrites. Ils vécurent tous ensembles, de la même manière, dans les mêmes conditions, dans les mêmes niveaux sociaux, dans les mêmes générations de gens… et c’est bien pour ça qu’ils essayent de s’en sortir en disant : « N’étions-nous pas avec vous ? » N’étions-nous pas dans la même entreprise, dans la même maison… peut-être même dans le même lit : le mari et sa femme… alors, pourquoi pour vous, la Lumière coure devant vous et à votre droite ? Et pourquoi n’avons-nous pas cette Lumière, même pas une part ? Et ils s’écrient : « Attendez ! que nous empruntions un peu de votre Lumière ![7] »

En tout ceci se trouve une preuve claire que les œuvres et la religion en général ne valent que par la vision concrète des yeux (mouchâhada), et non pas par une adoration accomplie par suivi aveugle et par conformisme à la société : « J’ai vu untel faire comme ça, donc je fais comme ça aussi. » Non.
Lorsque tu adores Allâh ﷻ, tu te dois d’être basé sur un état de certitude (yaqîn) total. Tu dois être tranquille et apaisé par cette œuvre. Or cet apaisement et cette tranquillité ne peuvent te parvenir que par un signe (ichâra) te venant du Seigneur ﷻ. Car si tu accomplis parfaitement les gestes extérieurs, mais sans avoir l’esprit des gestes… si tu maîtrises la religion, mais sans avoir l’esprit de la religion… alors tu es desséché.

C’est à cela qu’en sont arrivés les musulmans… et nous en sommes aujourd’hui au point où le musulman haï un autre musulman, il le jalouse, il lui fait la guerre même ! Deux armées s’affrontent, les premiers disent « Allâhu akbar », les autres « bismillâhi rahmâni rahîm », et ils s’entre-tuent, chacun œuvrant, dit-il, pour la préservation de la religion.
Mais quelle est donc cette religion ? La religion était unique, et ils en ont fait deux, pour deux dieux différents… et lorsqu’ils croisent un groupe de gens disant qu’il existe une Porte au travers de laquelle les secrets divins et les sens profonds se révèlent à toi… ils protestent et disent d’eux que ce sont des associateurs.
De quel genre de chirk s’agit-il ? Et puis, qui sont les associateurs : ceux qui appellent à une religion, s’opposant à d’autres gens qui appellent à une autre religion, les deux groupes s’affrontant sur un même champ de bataille, pour deux religions qui en réalité n’est qu’une… ou bien ceux qui indiquent et invitent les gens à l’ouverture de la porte du cœur afin de parvenir à la vision du Prophète ﷺ ?

SoubhânAllâh… c’est cela, l’ignorance et le fait d’être oummiy. Il n’y a pas d’époque plus touchée par l’ignorance que celle dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Ne te laisse pas tromper par la télévision, ou les nouvelles technologies… ce n’est pas cela, la Science. Rien à voir. La Science, c’est la Science des Noms divins : « et Il enseigna à Adam tous les noms [8]. » Le fait que tu aies mis au point une machine ne fait pas de toi un Savant. Cette machine ne te servira à rien dans l’au-delà… au contraire, il se peut même que ce soit la cause de ton entrée dans le Feu de l’Enfer, si tu ne l’utilises pas à bon escient.

De même que Allâh a fait grâce à Ses serviteur, en suscitant parmi eux des messagers, après qu’ils aient été dans un état d’égarement évident… Il suscita dans la Communauté Muhammadienne ﷺ des Shouyoukh de tarbiya (éducation spirituelle) ainsi que le Souffle du Miséricordieux que constitue la ‘itra de ahl al-Bayt. Ces Hommes ont pour rôle de proclamer les versets et les signes évidents de leur Seigneur, et ils purifient les gens de la considération des illusions qui les voilent d’Allâh. Tels sont les Shouyoûkh qui te rapportent quelque chose de vraiment profitable : ils t’enseignent comment lutter contre ta nafs jusqu’à parvenir à la dompter entièrement, comment accéder à un état de conscience et d’éveil… parce qu’en réalité, tu es toujours endormi.

Tu t’imagines qu’être éveillé, c’est marcher, manger, boire et s’accoupler. Cela n’est pas un état d’éveil. Si tel avait été le cas, alors les animaux auraient eux aussi fait partie des gens de l’éveil ! Parce que c’est ce qu’ils font, eux aussi.
Non, l’éveil, c’est de réaliser la Présence du Seigneur avec toi. L’éveil, c’est l’état de vigilance qui te permet d’étudier et d’observer ton être, à chaque instant et dans le moindre de ses faits et gestes. L’éveil, c’est de ne voir aucune chose sans voir la Lumière du Créateur… dans la chose, après la chose, avant la chose… jusqu’à ce que la chose se dissipe entièrement, et que tu ne demeures plus qu’avec la Lumière du Créateur de la chose. Tel est l’éveil véritable. Tel est l’éveil qui te mène au bonheur et à la plénitude dans ce bas-monde avant l’autre. Tel est l’éveil qui te parvient au cours de la nuit du destin (laylat al-qadr), l’ensemble de tes œuvres se manifestant en un homme avenant, d’une beauté sans pareille, qui viendra te tenir compagnie… au point que tu en oublies tes parents, ton épouse et tes plus proches parents. Tel est l’éveil, qui fait apparaître un lien concret et véritable entre toi et ton Seigneur ﷻ.

Quant à cet état que toi tu considères comme un état d’être éveillé, c’est-à-dire cet état depuis lequel tu manges, tu bois, etc… l’ensemble de tes œuvres te viendront, conformément à cet état qui est le tien, dans l’apparence d’un homme… car cet homme doit venir à toi, quoi qu’il arrive… mais ici, ce sera un homme ténébreux, terrifiant, qui te fera oublier jusqu’à l’invocation de ton Seigneur. Au lieu d’implorer Allâh, tu diras alors « ya waylati ! (malheur à moi) », et tu rechercheras l’aide de ceux dont tu recherchais l’aide dans ce bas-monde : « Maman ! Papa… » et évidemment, ils ne te seront d’aucun secours.

Cet homme qui viendra te tenir compagnie sera en fonction des œuvres que tu auras accomplies ici-bas. Il se peut ainsi que, sans le savoir, tu aies travaillé sous l’influence du Nom divin « Celui qui égare » (al-Moudill)… et tu t’imagines ainsi être du nombre des gens de l’obéissance et de l’agrément divin. C’est pourquoi il est absolument indispensable que tu rabaisses et avilisses ta nafs, que tu considères que la mauvaise action provient de ton cœur… arrange ton état avant qu’il ne soit trop tard ! Tu réaliseras alors que ton seul et unique secours se trouve dans la Lumière de sayidina al-Mustafa ﷺ.

Lorsque quelqu’un sort dehors, dans une nuit obscure, une nuit noire, sans la moindre lueur… en marchant sur le chemin accidenté, il se peut qu’il tombe ou trébuche. Il lui faut donc obligatoirement l’aide d’une lampe et d’un guide. Le guide, parfaitement connaisseur du chemin, sera en mesure de te sortir de la forêt, ou de te guider dans la ville… et la lampe t’est également indispensable, pour que tu sois en mesure de voir où tu mets les pieds.
Comment concevoir que tu vives dans ce bas monde… et que tu sois dépourvu de la Lumière du Prophète ﷺ !?

Comment savoir si tu fais partie des gens de la Lumière ou non ?
C’est très simple : prends place dans une pièce obscure, et vois si oui ou non tu es capable de percevoir les choses autour de toi. Tu réaliseras qu’évidemment, tu es complètement aveugle, tu ne vois rien du tout. Tu as perdu la Lumière de la Haqîqa qui te lie et te mène à la Connaissance du Créateur… mais en plus de cela, tu n’as même pas de guide ! Même si tu avais la Lumière, tu aurais nécessairement besoin du guide, pour t’enseigner comment interagir avec cette Lumière. Regarde donc l’état qui est le tien… tu es aveugle, et tu as besoin de quelqu’un pour t’aider. Mais lorsque quelqu’un se présente à toi et se propose de te prendre par la main pour traverser, tu lui réponds : « Laisse-moi tranquille toi, tu ne connais rien à rien. Moi je suis faqîh, je suis un savant, j’ai une grande expérience de la Voie… » D’accord, et bien vas. Fais-nous voir…
Quelle expérience as-tu de la Voie ? Comment peux-tu prétendre à une telle chose, alors que tu n’y as jamais mis les pieds ?

C’est pour cela que la risâla ne doit pas être considérée selon une compréhension apparente uniquement. Au contraire, elle comprend une partie apparente, et une autre cachée. La risâla, ce n’est pas la lecture des Lois et leur récitation par la langue. Cela ne consiste pas simplement en le fait d’informer les gens de ce qui leur est obligatoire ou recommandé. Plutôt, c’est la Lumière de ces Lois, par et grâce à laquelle tu pourras lutter contre tes travers et les corriger. C’est par cette Lumière que tu atteindras une Science issue de ces Lois, un ensemble de Secrets, de compréhensions et de fruits spirituels… mais toi, tu n’en as que faire.

C’est comme pour la lecture du Coran. Toi, tu ne fais que le réciter. Un hizb, deux, trois… ton intention n’est que de récolter les bonnes actions.
As-tu compris quelque chose de ta lecture ? Evidemment, non. Tu n’as rien compris. Et même si tu avais compris quelque chose, ce ne serait jamais qu’un résumé apparent et superficiel de l’expression Coranique. Car si tu avais compris sa base fondamentale, le Coran serait devenu ton habit, ton chemin, ton esprit, ton pied, ton œil, ta main… et tu serais toi-même devenu un Coran.

Ainsi était sayiduna al-Mustafa ﷺ. En effet lorsque notre mère ‘Aïcha (radiAllâhu ‘anha) fut questionnée à son sujet ﷺ, elle répondit : « Son caractère était le Coran [9]. » Soit dit autrement : « C’était un Coran qui marche ».
Or, il nous dit ﷺ dans un Hadîth : « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un signe (ayah) [10]. » C’est-à-dire que si tu n’es pas capable d’être un Coran entier, alors sois au moins un verset (ayah).

Transmettre de sayidina al-Mustafa ﷺ ne serait-ce qu’une ayah, cela ne consiste pas en le fait de dire : « Allâh ﷻ dit : « … » ». Non ! Nous lisons tous la langue arabe, nous comprenons tous ce que nous dit Allâh ﷻ dans le Coran ! Plutôt, il faut qu’on voie ce verset dans tes gestes et dans ton immobilité, dans ton sommeil, dans tout ton être… donne nous la Luminosité de ce verset. Donne-nous le kaf at-tachbîh, ou le kâf al-Ihsân, de ce verset. Exprime-nous la Haqiqa de ce verset. Alors, effectivement, tu seras considéré comme un amoureux du Coran. Il en est de même pour la prière, pour le jeûne, et pour toutes les adorations en général.


[1] Sourate al-Noûr, verset 39.
[2] Sourate al-Baqara, verset 257.
[3] Sourate al-Hadîd, verset 13.
[4] Sourate al-Hadîd, verset 12.
[5] Sourate al-Hadîd, verset 14.
[6] Sourate al-Hadîd, verset 14.
[7] Sourate al-Hadîd, verset 13.
[8] Sourate al-Baqara, verset 31.
[9] Rapporté par Muslim.
[10] Rapporté par al-Boukhariy.

Suivez-nous sur les réseaux

Dernières publications

Les livres du Shaykh