La nafs n’est pas ton ennemie, mais plutôt ton professeur

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

La nafs n’est pas ton ennemie, mais plutôt ton professeur

Résumé de l’assise du 25 Janvier 2019 / Jumu’a 20 Jumâda al-‘ôla 1440 [Partie 2] :

Le Hadîth du Waliy, est un Hadîth qui semble simple dans la prononciation… cependant dans sa compréhension et dans la réalisation par lui de l’ascension spirituelle, il fait partie des Hadîth les plus difficiles. « Je deviens son ouïe par laquelle il entend. » Ici, le Seigneur ﷻ fait l’analogie de ton ouïe avec la Sienne. Seulement Il précise bien « Je deviens »… c’est-à-dire qu’avant que ton ouïe ne devienne l’Ouïe du Créateur, tu n’as en réalité absolument aucune ouïe. Tu fais partie des sourds. C’est par ta surdité que tu dois chercher à revenir à l’Ouïe du Seigneur. Surtout ne dis pas quelque chose comme « Avant, j’entendais par ma propre ouïe… et puis maintenant, c’est devenu l’ouïe de mon Seigneur. » Ca, c’est impossible. C’est toujours à partir de tes propres attributs et caractéristiques souflis que tu te dois de t’élever et d’atteindre la connaissance de ce qui est ‘olwi.

Grâce à la nafs, tu apprends, depuis la nafs vers la nafs, afin de ne pas commettre d’erreur avec le Seigneur de la nafs. Lorsque le Seigneur ﷻ insuffla en toi de son esprit (roûh), c’est comme si cet esprit s’était divisé, mais sans jamais se séparer (fasl) et en demeurant dans un état de jonction (wasl) total et immuable. Cet esprit apparut et se manifesta alors dans une dimension soufli, au travers du ventre et du sexe, c’est-à-dire différemment de ce qu’il en parait au travers de l’intellect et du cœur.

Depuis le ventre et le sexe, on considère sa dimension soufli, tandis que depuis l’intellect et le cœur on considère sa dimension ‘olwi. Ainsi, si toute ta motivation (himma) ou ta raison de vivre est incluse dans ton ventre et ton sexe, alors tu es doté de soldats soufli, qui vont venir gonfler cette nafs, que nous désignerons dès lors comme démoniaque (shaytâniya), ou ne se conformant pas à l’obéissance du Seigneur. Seulement à partir du moment où tu t’efforces de la soigner, par les règles et la Loi du Seigneur ﷻ, tu l’oppresse sur elle-même, et elle s’élève vers ce qui est plus élevé. Tu commences ainsi à travailler et à te concentrer sur ce qui relève de l’intellect et du cœur.

C’est en ce sens que al-Mustafa ﷺ nous dit : « Les cœurs rouillent, le moyen de les polir est le dhikr d’Allâh. » Il n’a pas parlé ici du ventre et du sexe. Toujours, il t’enjoint à ce qui est ‘olwi, afin que par cela tu te rapproches du Fait Seigneurial (amr ar-rouboubiya). Si tu travailles sur ce cœur en t’adonnant à la pratique abondante du dhikr, ton cœur devient poli, la quintessence de ton intellect se purifie, et alors tu réalises le sens véritable de amr ar-rouboubiya. Et si tu réalises le sens véritable de amr ar-rouboubiya, alors tu deviens toi-même commandé par le Fait, ou l’Ordre du Seigneur (amr ar-rabb). C’est-à-dire que tu deviens un Souffle spirituel total et parfait.

Si au contraire tu restes et tu t’en tiens au choix aléatoire de ta pensée, tu ne pourras que redescendre à ce qui relève du ventre et du sexe. Et même si tu t’imagines penser et réfléchir depuis le domaine du cœur et de l’intellect, tu n’as rien de cela. Car ton ventre a lui aussi un intellect, sache-le ! Ton sexe a lui aussi un cœur et un intellect qui viennent se substituer au véritable cœur et au véritable intellect de ta personne.

Le cœur et l’intellect, ce ne sont que des mots… tu dois considérer la réalité à laquelle ils renvoient, dans le cas qui est le tien. Considère ton propre état : si tu es influé et si tu es incité à ce qui est soufli, alors sache que tu n’as pas de part dans ce qui est ‘olwi. Il te faut donc dompter ta nature soufli et la mener vers ce qui est ‘olwi. Et dompter ce qui est soufli pour en faire quelque chose de ‘olwi, c’est quelque chose de facile, car la distance qui sépare le ventre du sexe est petite : à peine quelques centimètres. De ce fait, les soldats ou les forces que recèlent ces quelques centimètres sont faibles et limitées. En revanche, entre le cœur et la tête, la distance est bien plus grande. Voilà pourquoi les soldats se trouvant entre le cœur et l’intellect sont forts et nombreux. Lorsque tu travailles sur le cœur et sur l’intellect, tu reçois de la force, qui te permet d’évoluer rapidement. Mais dès que tu te replieras sur le ventre et le sexe, tu te sentiras oppressé et affligé. Parce que ce qui sépare l’un de l’autre est petit. Ta vie deviendra donc une vie d’oppression.

Si tu travailles sur la partie ‘olwi, tu n’as en réalité travaillé à rien du tout, de toi-même. C’est le Seigneur qui t’a montré la vaste distance qui s’étend entre le cœur et l’intellect et t’y a prédisposé. Tu n’en as pas fait le choix de toi-même, et tu n’as pas pu t’y consacrer de toi-même.

Si tu te détourne vers ce qui est soufli, ne dis pas « J’ai fait ceci et cela… ». Tu t’es détourné vers ce qui est étroit. C’est comme si tu avais deux portes : l’une étroite, l’autre grande. Au lieu de choisir la grande porte et d’entrer avec facilité et aisance, tu as choisi la porte du resserrement. Ne réprimande donc pas ta nafs pour cela, car la nafs, quand bien même elle serait dans le plus bas des degrés de bassesse, est en réalité esprit (roûh).

Ce n’est pas elle qui est dans le plus bas des degrés de bassesse, mais plutôt ton détournement, ta pensée, ta planification des choses. C’est ton état, ta propre non-compréhension du mystère du Fait de la Seigneurie (amr ar-rouboubiya) te concernant. La nafs n’est qu’Amour (hubb). Si elle t’enseigne l’orgueil, elle ne fait que se présenter à toi par le Nom divin l’Orgueilleux (al-mutakabbir). Tu te dois donc de la recevoir par le Nom de l’humilité (at-tawâdu’). Elle t’enseigne le Nom al-mutakabbir, et il t’incombe à toi de lui enseigner at-tawâdu’. C’est comme cela que tu évolueras spirituellement.

Si ta nafs t’enseigne la richesse, si elle se présente à toi par le Nom divin le Riche (al-ghaniy), reçois-la en lui enseignant la pauvreté (al-faqr). C’est de cette manière que tu réaliseras que cette nafs est en réalité un professeur et un Shaykh pour toi. Seulement tant que tu resteras dans son obéissance, tant que tu ne feras pas l’effort de lui enseigner les choses, tant que tu ne saisiras ni ne comprendras aucun de tes détournements, aucune de tes tendances… tu resteras tel que tu es, comme si tu n’avais rien du tout. Dès qu’elle t’imposera un désir, tu t’y conformeras.

C’est pourquoi, si tu te trouves dans le domaine de la noubouwa, dans an-naba’ al-‘adhîm, et que tu regardes en direction du centre (markaz) du Alif al-mouqaddar, c’est-à-dire manba’ al-wilaya, que va t’enseigner la nafs ? Elle va t’enseigner athar ar-risâla.
Et si au contraire tu te trouves dans le domaine de la risâla, dans athar ar-risâla, et que tu regardes vers manba’ al-wilaya, la nafs t’enseignera an-naba’ al-‘adhîm.

Elle n’a jamais fait que travailler pour toi, ô homme… mais tu ne l’as jamais comprise. Tu ne fais jamais que te référer à elle en des termes péjoratifs, alors qu’elle est le contraire de cela. La nafs est la science des Noms divins, elle est : « Et Il enseigna à Adam l’ensemble de tous les Noms. [1] »

C’est en ce sens que notre Seigneur nous dit : « Nous leur ferons voir Nos signes dans les univers ainsi qu’en eux-mêmes (litt. en leurs nafs) jusqu’à ce qu’il leur paraisse évident que c’est là al-Haqq. [2] » Par conséquent, si la nafs te fait voir les univers, fais-lui voir ce qui est en toi. Et si elle te fait voir ce qui est en toi-même, fais-lui voir ce qui est dans les univers.

C’est de cette manière que tu tendras à la réunion de l’esprit et de la nafs, de sorte qu’ils deviennent deux noms différents pour une seule et même entité. Il n’y a en réalité pas de différence entre eux deux, la différence nait de tes propres détournements et de tes propres considérations des choses.

Tu ne trouves pas de solution à cela, et tu n’en trouveras pas… alors que pourtant l’affaire est simple : il te suffit de lui faire face avec le contraire de ce par quoi elle se présente à toi.

Au début, contredis-la en toute chose. Ta contradiction de ce par quoi elle se présente à toi est en vérité une manière de l’accompagner (suhba), plus qu’une opposition contradictoire. C’est en ce sens que le Shaykh al-‘Alawi dit au sujet de la nafs : « ne la prends pas en ennemie, mais plutôt accompagne-la, étudie-la avec attention et connais ce dont elle recèle. » Ne prends donc pas ta nafs en ennemie, mais plutôt comme compagnon.

Comment faire ?
Tout simplement, en la contredisant en toute chose. La contredire ne veut pas dire la prendre en ennemie, mais plutôt il s’agit d’un effort à fournir jusqu’à ce qu’elle se révèle comme étant un miroir inversé de toi-même. De fait, lorsque tu te regardes dans le miroir, les choses sont inversées : tu vois la droite à gauche et la gauche à droite. C’est donc de cette manière que l’on doit traiter avec la nafs.


[1] Sourate al-Baqara, verset 31.
[2] Sourate Fussilat, verset 53.

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