Connaître la nafs par l’esprit, et l’esprit par la nafs

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
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الله الله الله
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Connaître la nafs par l’esprit, et l’esprit par la nafs

Résumé de l’assise du 25 Janvier 2019 / Jumu’a 20 Jumâda al-‘ôla 1440 [Partie 1] :

Allâh ﷻ dit : « Et ils t’interrogent au sujet de l’esprit. Dis : « L’esprit relève du Fait (amr) de mon Seigneur [1]. » Lorsque al-Mustafa ﷺ fut questionné au sujet de l’esprit, il ne répondit pas. Et s’il ne le fit pas, ce ne fut évidemment pas par ignorance de la réponse, mais plutôt pour que la réponse donnée reste et s’inscrive dans le cheminement spirituel, que cela ne reste pas comme de simples mots circulant sur la langue. C’est une méthodologie, un enseignement, l’établissement des bases fondamentales du cheminement spirituel, afin que l’individu soit en mesure de parvenir à la connaissance de ce Fait Seigneurial (amr ar-rouboubiya), ou de ce voile de la Seigneurie, ou de ce Souffle divin prééternel dans l’ensemble de Ses serviteurs vertueux.

Ce Souffle, dans sa forme réunie primordiale, est esprit (roûh). Puis, lorsqu’il se répartit en une forme corporelle, il est appelé nafs. Sa considération en tant que nafs, c’est sa considération du point de vue du disciple, dans le cadre de son cheminement spirituel. Si l’individu est du nombre de ceux qui maîtrisent ce par quoi s’exprima al-Mustafa ﷺ, ceux qui préservent leur tête et leur ventre ainsi que ce qu’ils contiennent tous deux, tout au long de leur cheminement et de leur élévation spirituelle, alors on parlera pour eux d’esprit (roûh).

Ainsi, dans le Hadîth du Waliy : « Mon serviteur n’a de cesse de Se rapprocher de Moi par des actes surérogatoires (nawâfil) jusqu’à ce que Je l’aime. » Jusqu’à ce que Je l’aime (Hubb), cette expression-là est directement liée à l’esprit. « Et lorsque Je l’aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend… » ici débute la descente depuis le centre (markaz) de la Lampe (misbâh) vers le Cristal (zujâja), qui constitue la nafs. L’esprit (roûh) correspond au markaz du hâ’ al-hawiya, tandis que la nafs correspond à l’ombre de ce markaz, se présentant sous une forme diversifiée, à savoir le soukoûn de ce hâ’.

Si l’on considère le Hadîth du Waliy, on constate que cela a été divisé en cinq : « Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa langue par laquelle il parle, sa main par laquelle il saisit et son pied par lequel il marche. » Cette division première dans la mise en exergue du fait que l’esprit est amour (hubb), et que le cheminement spirituel du point de vue du corps physique de l’individu consiste en le fait de se débarrasser de son propre exemple (son être) pour adopter celui par qui Allâh ﷻ donna l’exemple, par le kâf at-tachbîh.

Dans le domaine de la numérologie des lettres, la lettre kâf ( ك ) correspond justement à 20 : c’est donc comme si tu adoptais l’exemple donné des 20 Attributs divins. L’Ouïe, la Vue, la Science, etc. Jusqu’à ce que tu t’éteignes (fana) dans la présence du Créateur. Ceci fait, et lorsque ta nafs aura atteint l’état de parfaite réalisation, alors nous dirons de toi que tu es un homme d’esprit (roûhâniy).

Attention, n’est pas roûhâniy toute personne qui perçoit le monde du malakoûte, ou ce qui relève du ghayb (inconnaissable). Le roûhâniy, c’est celui qui s’est élevé au travers des degrés de la nafs ammâra, lawwâma, moulhama… vers la nafs moutma’inna, puis vers la radiya et la mardiya, jusqu’à ce que sa nafs devienne kâmila moukmala. Telle est la véritable élévation spirituelle.

Si donc nous souhaitons considérer la proximité de la Lampe (misbâh), laquelle correspond à l’esprit (roûh), mais au travers du prisme de la nafs… alors on dira de cette roûh qu’elle est ammâra et lawwâma, donc sous la forme de nafs, cependant qu’elle est ammâra (elle ordonne) dans l’accomplissement du bien et l’interdiction du mal, et qu’elle est lawwâma (elle fait regretter) dans tout ce qu’elle aurait pu accomplir de bien et qu’elle n’a pas fait. En ce sens, on ne parle plus de nafs, mais bien de roûh.

Si en revanche elle fait regretter à l’individu le fait d’avoir fait du bien, ou si elle lui ordonne de faire du mal, alors nous l’appelons nafs. C’est-à-dire que ce sont deux noms différents pour une même entité. Lorsqu’il s’agit de la nafs, il s’agit du plus proche de ce que l’intellect superficiel puisse saisir et appréhender, depuis son point de vue physique et matériel. Cependant lorsque cette nafs retourne à son dessein (amr) originel, à savoir le Souffle divin, il devient difficile pour l’individu de la comprendre, car à ce moment-là, elle devient Absolu, elle devient Être, centralité (markaziya).

Toujours, nous disons et nous répétons que si le cercle a nécessairement besoin d’un centre qui le détermine, en revanche le centre (markaz) n’a pas besoin de cercle pour être ce qu’il est. Ceci parce que le markaz est esprit, il est secret, il est la nature élevée et céleste, le Fait de la Seigneurie (amr ar-rouboubiya).
Quant à la nafs, elle demeure dans le domaine de « Celui qui connaît sa nafs, connaît son Seigneur », c’est-à-dire celui qui connaît le cercle de son être et réalise le retour au markaz de son hâ’, celui-là a certes connu la Seigneurie (rouboubiya) du Seigneur ﷻ.
Quant à celui qui se perd dans la vaste étendue de ce cercle, il ne trouvera ni chemin, ni porte de sortie.

Comment donc atteindre cette connaissance ?
Toujours, à travers les Noms. Car la considération des différents degrés ou états de cette nafs se fait par rapport au différents Beaux Noms d’Allâh (al-asmâ’ al-husnâ). On dira par exemple de quelqu’un que sa nafs est orgueilleuse (moutakabbira). En cela, sa nafs ne l’a pas trahi ni ne s’est joué de lui. Elle n’a jamais fait que tenter de le retourner à son Seigneur. Elle lui enseignait ce retour par la porte du Nom al-Moutakabbir. Il ne revenait alors à l’individu que de rentrer par cette porte de l’orgueil ouverte par sa nafs, et pour ce faire il ne lui restait qu’à s’y présenter avec humilité et modestie. La nafs n’a jamais trompé personne. Avant que tu ne l’appelles nafs, elle était roûh. Elle n’a jamais voulu que t’enseigner et te faire retourner au Seigneur. Il t’incombe donc à toi de lui enseigner les Noms correspondant à ta nature terrestre.

Dans le paradis, elle était roûh, elle était une nafs kâmila moukmala, dans le cas de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm). C’est pourquoi les anges se jetèrent prosternés devant lui. Ils se prosternèrent devant la nature parfaitement accomplie du Fait de la Seigneurie (amr ar-rouboubiya) en lui. Puis, lorsque cette nafs descendit dans le kâf at-tachbîh, elle fut alors contrainte par les efforts, l’organisation de l’avancement et de l’évolution spirituelle, par le cheminement. C’est comme cela qu’il vint, afin de comprendre comment permettre à cette nafs de retourner à son dessein (amr) premier. C’est de cette manière qu’il compléta l’ensemble de tous les Noms, au travers de la réalité de « Je suis tombé malade, et tu ne M’as pas visité. »

C’est-à-dire que, par là-même, la nafs t’enseigne le Nom ach-Châfiy (Celui qui guérit). Tu ne pourras connaître ach-Châfiy qu’au travers de la visite du malade. C’est de cette manière que la considération par analogie (tachbîh) descend et manifeste le Nom al-Marîd (le malade). Voilà donc pourquoi le Vrai ﷻ S’attribua Lui-même ce Nom, dans le Hadîth authentique. « Je suis tombé malade… » C’est-à-dire que notre Seigneur est littéralement Celui qui est tombé malade. Effectivement, notre Seigneur, ach-Châfiy (Celui qui guérit), impossible que ne Lui soit attribué une quelconque défaillance. Seulement ici il s’agit pour toi d’entrer par l’attribut de maladie et d’atteindre par cela le markaz du hâ’ al-hawiya. L’exemple concret (mathal) n’est donc qu’un moyen pour toi de parvenir à l’esprit de l’exemple.

De ce fait, la visite de al-Marîd, ou le retour de toi-même, par Lui, à l’esprit de al-Marîd, qui n’est en réalité nul autre que ach-Châfiy… te permet de réaliser la réunion des opposés. L’esprit (roûh) est toujours l’opposé élevé (‘olwi), tandis que la nafs est toujours l’opposé bas (soufli).

Par conséquent, si tu te réalises en tant qu’isthme (barzakh), c’est-à-dire si tu parviens à réunir les deux opposés en même temps, alors tu comprendras le sens profond de la nafs, qui dès lors deviendra pour toi la monture qui te permettra de retourner au Fait Seigneurial (amriyat ar-rouboubiya).

Si en revanche ta nafs demeure malade et défaillante, si tu ne fais pas partie des gens de la pleine et parfaite réalisation spirituelle, alors elle penchera vers l’analogie (tachbîh) soufli… tu t’imagineras demeurer dans la convenance (adab) tant que tu te l’attribueras à toi-même, mais tu demeureras incapable, par ce tachbîh soufli, de retourner à la Haqîqa de l’esprit. Tu resteras avec l’exemple (mathal) que tu t’attribueras à toi-même, sans jamais bénéficier de lui, c’est-à-dire sans jamais être en mesure, par lui, de retourner au Seigneur de l’exemple, ou à l’esprit de l’exemple.

« Le croyant (al-mou’imin) est le miroir de son frère. » Il ne s’agira pas pour toi de rechercher ou de connaître al-mou’min : al-mou’min renvoie au Prophète ﷺ. Ce qu’il t’incombe à toi, c’est de rechercher le frère de al-mou’min. Tu dois chercher le frère de ce Nom.

Seulement toi, tu t’imagines que le frère du Nom al-mou’min, c’est peut-être al-qawiy (le Fort). Tu fais erreur. Tu te dis que c’est peut-être as-sami’ (l’Audient). Tu fais erreur. Al-mou’min fait partie des Asmâ’ al-Husnâ ‘olwiya, les Noms de Jamâl… tu te dois donc de te présenter à lui par l’exemple soufli et terrestre. Pour comprendre qui est al-mou’min, tu dois te demander qui est l’opposé de al-mou’min.

Cherche en toi-même… peut-être que tu te présenteras au travers du nom al-mounâfiq (l’hypocrite). Tu comprendras dès lors qu’il s’agira pour toi de retourner al-mounâfiq, de le débarrasser de ses caractéristiques connues [2], afin de lui permettre de retourner vers al-mou’min. Il s’agira donc pour toi de considérer attentivement ce que tu perçois dans ton propre miroir. C’est ainsi que le contemplant (chahid) devient le contemplé (machhoûd).


[1] Sourate al-Isrâ’, verset 85.
[2] Selon Abdallah Ibn ‘Amr (radiAllâhu ‘anhuma), le Prophète ﷺ a dit : « Quatre caractéristiques, si elles se trouvent chez une personne font de lui un véritable hypocrite ; quant à celui chez qui il s’en trouve l’une d’entre elles, il aura certes une caractéristique de l’hypocrisie, jusqu’à ce qu’il la délaisse : lorsqu’on lui confie un dépôt il trahit, lorsqu’il parle il ment, lorsqu’il fait un pacte il ne le respecte pas et lorsqu’il se dispute il est grossier ». [Sahîh al-Boukhâriy et Muslim]

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