Sois le compagnon de ta nafs

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

Sois le compagnon de ta nafs

Résumé de l’assise du 25 Janvier 2019 / Jumu’a 20 Jumâda al-‘ôla 1440 [Partie 3] :

Celui qui n’apprend pas à connaitre les différents degrés de la nafs n’a tout simplement aucune connaissance du Seigneur. On retrouve bien ici le sens du Hadîth : « Celui qui connait sa nafs, connait son Seigneur. » Ne va pas t’imaginer pouvoir connaitre ton Seigneur en dehors de ta propre nafs. C’est totalement impossible. La chose la plus proche de toi, c’est ta nafs, de sorte que si tu connais ta nafs, alors tu connais ton Seigneur. Si tu connais ton cœur, tu connais la tablette (lawh) du Nom de ton Seigneur. Parce que ton cœur est Kursiy, Lawh, et ‘archiya du Nom du Seigneur. « Ni Ma terre ni Mon ciel ne purent Me contenir, contrairement au cœur de Mon serviteur croyant qui lui le put. » [1]

Voilà donc ce par quoi on désigne la nafs, l’intellect (‘aql), le cœur, l’esprit (roûh)… tous ces noms ne renvoient finalement qu’à une seule et même entité. Lorsque tu parles de la nafs, tu parles en réalité de l’esprit, et lorsque tu parles de l’esprit, tu parles également de l’intellect, du cœur, du secret (sirr)… tout ceci en même temps, et tu ne peux pas les dissocier les uns des autres. Lorsqu’on parle de la nafs ammâra (qui ordonne) ou lawwâma (qui blâme), ce n’est pas par mépris ou par haine vis-à-vis d’elle.

Si tu te présentes à elle avec le contraire de ce qu’elle t’apporte, alors elle deviendra une nafs qui te blâme pour ne pas avoir fait le bien. Elle te dira : pourquoi n’as-tu pas fait le bien, ou pourquoi as-tu fait le mal… et ne sera dès lors pas une nafs moutma’inna (appaisée), mais plutôt tu diras que ta nafs t’a blâmé. Par contre, celui qui dit que sa nafs est mauvaise, que c’est elle qui lui a enjoint à commettre le mal, que c’est elle qui l’a blâmé… non, plutôt c’est toi qui t’es trouvé incapable de comprendre ce que t’enseignait ta nafs. C’est toi qui l’a enjoint à agir, et non pas elle.

Ton point de vue doit venir en parfaite opposition au sien. Quand bien même ta nafs se présenterait à toi par le Fait de l’Esprit (amriyat ar-roûh), tu te devrais de t’opposer à elle en te présentant depuis l’état du secret (sirr). Et si elle venait à toi par l’état du secret, alors à toi de la contredire et de t’opposer à elle par l’esprit. Et si elle venait à toi par le cœur (qalb), à toi de la contredire par l’intellect (‘aql). Voilà comment tu seras en mesure de comprendre ce qu’elle est, et par là-même ce que tu es, toi.

Tu seras alors dans son compagnonnage (suhba), de la même manière que l’homme désire retrouver sa femme au soir, afin que leur rapport devienne pour lui une aide à se lever pour le dhikr de la nuit. Cela est bien différent du cas de celui qui retrouve sa femme dans le simple but d’assouvir son désir charnel. La relation charnelle est et reste une relation charnelle, quoi qu’il arrive. Ce qui est licite reste évidemment licite, on ne revient pas là-dessus. Cependant, celui qui ne fait qu’assouvir son désir ne comprend pas la nafs, contrairement à celui qui le fait dans le but de faciliter son qiyam de la nuit, qui réalise qu’il ne s’agit là pour lui que d’une aide au retour vers le centre du hâ’.

C’est pourquoi Allâh décrit la nafs sous cinq degrés différents : « Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa langue par laquelle il parle, la main par laquelle il saisit, son pied par lequel il marche. » et dans la version du Hadîth rapportée par at-Tirmidhiy, Il conclut par « Je deviens lui (huw) », ce qui renvoie en réalité à la centralité (markaziya) de Huw, ou du hâ’ al-hawiya. Le hâ’ ( ه ) correspond, selon la numérologie des lettres arabes, au chiffre 5 (qui en arabe est représenté par un cercle) ; et la markaziya venant s’ajouter à cela, nous obtenons le chiffre 6, et de là apparaît la lettre correspondante, à savoir le wâw. Le hâ’ ( ه ) suivi du wâw ( و ), qui nous donnent Huw ( هو ). Et si nous considérons cela du point de vue de la distinction (farq), nous obtenons :

hâ’ ( ه ) + wâw ( و )
= 5 + 6
= 11.

Et symboliquement, 11 renvoie à « Qul huwa Allâhu ahad » (nombre de lettres composant le verset). Ou encore, cela devient « A Lui (Lahu) la souveraineté des cieux et de la terre. » [2], du fait de la dimension qu’elle prend dans les univers (« Nous leur montrerons Nos signes dans les univers, ainsi qu’en eux-mêmes. »)

Si tu considères ta nafs conformément à ce qui s’en reflète dans les univers, cela devient effectivement « A Lui (Lahu) la souveraineté des cieux et de la terre. » du fait des différentes projections d’elle-même dans les univers. Donc si tu considères les choses en opposition à ta nafs dans les univers, tu retournes à la réalité de : « A qui la souveraineté aujourd’hui ? A Allâh, l’Unique, le Coercitif. [3] » Mais ceci ne se réalise qu’après que tu aies réuni la diffraction du Tout (fatq) en une forme condensée (ratq), ou après que tu aies replié les cieux et la terre dans la droite du Seigneur ﷻ.

Dès lors, tout ne sera que fanâ’, et ne demeurera que le Fait divin (al-amriya), qui t’informera au sujet du Seigneur ﷻ. « A qui la souveraineté aujourd’hui ?… » c’est alors que la amriya répond elle-même par elle-même : « A Allâh, l’Unique, le Coercitif. » Et c’est ici qu’apparait la dualité : al-Wâhid (l’Unique) al-Qahhâr (le Coercitif). Al-Wâhid al-Qahhâr… al-Wâhid al-Qahhâr… c’est-à-dire qu’il y a toujours un miroir, il y a toujours un Nom mis en vis-à-vis d’un autre.

Voilà pourquoi l’opposition des noms entre eux, sur le plan des formes apparentes, est la plus rapide des ascension (mi’râj) vers la Présence divine. Lorsque al-Mustafa ﷺ réalisa le mi’râj, traversant les différents degrés de la nafs, qui sont au nombre de sept (de même que les cieux)… depuis Adam (‘alayhi s-salâm) jusqu’au nom du bien-aimé (al-habîb) Ibrahim (‘alayhi s-salâm). De là, ce fut un échange de salâm entre les deux parties. Et cet échange n’était en réalité que la vision de sa propre nafs, en vis-à-vis de lui-même. De sorte qu’à chaque fois qu’il voyait sa nafs, il en saisissait la grandeur, tandis que Adam restait et demeurait, par rapport à lui ﷺ, d’une dimension moindre que la sienne. C’est-à-dire que le Prophète ﷺ s’éleva, tandis que Adam (‘alayhi s-salâm) demeurait dans la station ou dans le premier ciel.

Il trouva ensuite pour vis-à-vis, dans le deuxième ciel, le Nom al-Qâdir, manifesté en sayidina ‘Issa (‘alayhi s-salâm). Puis, la nafs du Prophète s’éleva de plus belle, tandis que la nafs de sayidina ‘Issa demeurait dans l’état qui était le sien. Et ainsi de suite, d’élévation en élévation, jusqu’à parvenir à sayidina Jibrîl (‘alayhi s-salâm)… mais en tout cela, si al-Mustafa ﷺ n’avait pas respecté et considéré à sa juste valeur la nafs, s’il n’avait pas considéré cet esprit originel, jamais il n’aurait pu traverser la limite ultime des anges, et en l’occurrence l’état de sayidina Jibrîl.

Il vit sa propre nafs comme étant éminemment élevée, et en vis-à-vis de celle-ci, la nafs manifestée au travers de Jibrîl (‘alayhi s-salâm), qui était donc l’ombre de la sienne… et c’est ainsi qu’il put s’élever jusqu’à al-muntaha. Une fois parvenu à al-muntaha­, fut établi l’état de « as-salâmu ‘alayna wa ‘ala ‘ibadi llâhi s-salihin / Que as-salâm soit sur nous ainsi que sur les serviteurs d’Allâh vertueux. » ou comme s’il s’agissait-là d’une attestation de pureté de tout serviteur vertueux, qui reviendrait par là-même à la vertu de son être, de son intellect et de sa nafs, et de là à la dimension spirituelle Seigneuriale. Et alors, tu atteindras l’état de « ils te questionnent au sujet de l’esprit (roûh)… » ce à quoi tu répondras : « l’esprit relève du Fait (amr) de mon Seigneur. » [4] », j’ai réellement goûté à sa compréhension, j’ai accepté sa compagnie (suhba), de sorte qu’elle fut pour moi une monture et une ascension spirituelle (mi’râj), jusqu’à la Présence du Seigneur.


[1] Hadîth Qudsi mentionné par nombre de maîtres soufis dans leurs ouvrages.
[2] Sourate al-Hadîd, verset 2.
[3] Sourate al-Ghâfir, verset 16.
[4] Sourate al-Isrâ’, verset 85.

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