Ton cœur fait de toi soit un waliy, soit un shaytan

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
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Ton cœur fait de toi soit un waliy, soit un shaytan

Résumé de l’assise du 26 Octobre 2018 / Jumu’a 16 Safar 1439 [Partie 4] :

L’origine, pour le corps, c’est le cœur. Et sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit : « Dans le corps se trouve un morceau de chair qui, s’il est bon, tout le corps est bon, et s’il est mauvais, tout le corps est mauvais : il s’agit du cœur [1]. » Si le cœur devient bon… alors, le reste du corps le devient aussi. Et si au contraire ton cœur reste noir, dur, tes membres ne peuvent pas être retournés à lui (leur origine). De fait, le cœur connait bien ces différents membres : il est celui qui fait circuler le sang en chacun d’eux. Il est celui qui distribue à chacun les nutriments dont il a besoin, et reprend leurs déchets. Il est la cause de leur développement… en réalité, c’est comme si ce cœur représentait la graine, dont l’ensemble du corps serait l’arbre. Si la graine est bonne, elle nous donnera un bon arbre. Et si elle est mauvaise, elle ne donnera rien de bon.

Donc au lieu de créer la discorde en t’occupant de ce qui est extérieur à toi-même, travaille à la purification de ton cœur : vide-le de la considération de tout autre que Lui, et fais-le retourner à son Seigneur. De cette manière, tu rendras bonne ta main, ton intellect, ta pensée… notre Seigneur disant en ce sens, dans le Hadith du Waliy : « Le serviteur n’a de cesse de se rapprocher de moi par des actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il saisit, son pied par lequel il marche… »

Lorsque le serviteur aime un autre serviteur, par quoi l’aime-t-il ?
Par la main ? Non.
Par le pied ? Non.
Par la langue ? Non.
Il aime par le cœur, évidemment ! Donc lorsque le cœur est bon, l’amour flue en lui. Considère à présent l’état qui est le tien : à qui est voué l’amour que recèle ton cœur ? Tu aimes ta femme, ta mère, ton fils, ton voisin, la dounia, le commerce… mais tu n’as pas l’amour d’Allâh. Disons les choses clairement. Voilà pourquoi tu ne peux pas avoir le contrôle sur ta main. Ta main fait tout ce qu’elle veut. Ton pied fait tout ce qu’il veut. Ton œil fait tout ce qu’il veut…

Si tu parvenais à vider ce cœur, et si tu réalisais véritablement le Hadîth du Waliy, alors tu n’agirais plus que pour et par amour d’Allâh. Et c’est par cet amour que l’ensemble des membres de ton corps deviendraient bons.
Si donc tu constates que tu n’as pas le contrôle de ta propre main… par exemple, quelqu’un qui ne peut pas s’empêcher de voler : dès qu’il voit quelque chose qui lui plait, il le prend.
Ou par exemple, quelqu’un qui ne contrôle pas son regard : dès qu’une femme passe à sa portée, il faut qu’il la regarde. Dès qu’une dévergondée se présente, il ne peut pas s’empêcher de l’observer et s’attarde sur elle sans retenue. Ô toi, sache que ton cœur est malade ! Ici, tu sais que ton cœur est mauvais… alors, ne viens pas prétendre à l’amour d’Allâh !
La langue… dès que tu t’assois pour parler, tu ne le fais que dans un registre grossier et vulgaire… « et untel ceci, et unetelle cela… » tu n’as épargné personne dans la Oumma, tu as incendié tout le pays. Sache donc que ton cœur est foncièrement mauvais !

Considérons à présent le cas opposé… celui dont le cœur est pur est le plus clair de son temps silencieux. Et ce n’est pas un style qu’il se donne avec certaines personnes, pour faire bien, tandis qu’avec d’autres c’est tout le contraire… Non. Lorsqu’il parle, il parle de son Seigneur. Et lorsqu’il est silencieux, il médite à ce que le Seigneur fait de sa création.
C’est-à-dire qu’il est constamment occupé.
Comprends-tu ?
Même si tu vas lui parler de choses de dounia, ce n’est pas qu’il ne t’écoute pas, non… plutôt, il réfléchit à l’organisation de tout cela. Toi, tu lui parles de dounia, tu lui parles de commerce, de mariage, etc. Il réfléchit à cela et te répond en te donnant une interprétation, te délivrant ainsi un lien (wasl) au sujet de cette solution qui t’échappe. Et toi, tu restes ébahi, car c’est effectivement auprès de lui que se trouve la solution à ton problème. Ceci parce que c’est lui qui est le plus proche de la Haqiqa, le plus proche du wasl. Quant à toi, ta pensée est cartésienne, ta pensée se limite à « ma main », « mon pied »… voilà pourquoi tu es incapable de trouver les solutions aux problèmes de ta vie.

Tu te noies en toi-même… et le pire, vraiment la pire des calamités, c’est que malgré tout tu te prends pour un modèle de droiture : c’est toi l’imam, c’est toi le chef, c’est toi le guide, c’est toi le fort, le capable… c’est ça la véritable catastrophe, celle qui n’a aucun remède.

Si seulement… aaah si seulement tu ressentais cette faiblesse, cette défaillance, cette incapacité qui t’afflige… si seulement tu pouvais voir et considérer les gens qui t’entourent comme étant meilleurs que toi… alors, tu aurais honte de toi-même, et tu saurais, tu réaliserais à quel point tu es loin !

Toi non, tu n’en es pas là, mais vraiment pas du tout : « Moi je prie, moi je jeûne… » alors que du matin au soir, tu vas et viens dans les marchés… parler sur untel, critiquer unetelle… tu as mangé la chair de tout le monde, tu n’as épargné personne ! Ton cœur a mangé plus de ténèbres que ce que n’a jamais pu avaler ton estomac en terme de nourriture. Car comme tu le sais, celui qui parle dans le dos des gens, c’est comme s’ils mangeaient leur chair une fois morts… alors mon très cher, considère un peu ton état, et quelle quantité de viande tu avales chaque jour… et tu oses prétendre compter parmi les bien-aimés du Seigneur ﷻ !

Commence par rétablir l’ordre dans ta vie. Ta main, c’est la même chose… quand est-ce que cette main deviendra Sa main par laquelle Il saisit ?
Et ce pied Son pied par lequel Il marche ?
Quand est-ce que ton ouïe deviendra l’ouïe du Vrai, quand est-ce que ta vue deviendra celle du Vrai ?
C’est pour cela que tu ne vois pas la Lumière d’Allâh !
Et c’est pour cela que lorsque tu vois que quelqu’un est parvenu à cela, et qu’il commence à percevoir les inspirations (hâtif) du Seigneur, toi, tu le renies. Pourquoi cela ? Parce que tu es plongé dans l’insouciance (ghafla) et dans le voile de ta corporalité.

Donc pour résumer : qu’est-ce que la ghafla ?
C’est ton corps.
Et quelle est la solution ?
C’est sa base fondamentale (manba’) : ton cœur. Si tu purifies la base fondamentale du corps, l’eau qui circulera en lui sera une eau propre, pure.

Le Messager d’Allâh ﷺ ne dit-il pas : « Certes, le Shaytan circule dans l’Homme par les veines [2]. » en d’autre termes : ta main devient Shaytan, ton pied devient Shaytan, ton œil devient Shaytan… parce que des veines, et donc du sang, il y en a dans tout le corps ! Mais si tu imposes des limites à ton cœur, si tu parviens à l’étreindre par le dhikr, par la méditation, par le bon comportement… que va-t-il se passer ? Ta main va commencer à craindre le Seigneur. Ton ouïe craindra Allâh, de sorte que même si tu venais à t’asseoir avec quelqu’un, tu le conseillerais comme il se doit. S’il commet de la médisance ou s’il calomnie, tu lui adresse le bon conseil. Evidemment, le conseil doit être adressé avec une langue douce et subtile, dans la mesure évidemment où ta langue serait la langue du Vrai… Ainsi, l’individu ne verra plus que la Lumière. Parce qu’il sera lui-même devenu entièrement Lumière : son cœur sera Lumière, son ouïe sera Lumière, sa vue sera Lumière, etc.

En ce sens, il fut demandé au Messager d’Allâh ﷺ s’il avait vu son Seigneur, ce à quoi il répondit : « (Il est) une Lumière que je vois en ce moment-même [3]. » Soit dit autrement : « Je suis entièrement immergé dans la Lumière du Seigneur. » S’il avait dit ﷺ par exemple : « Lorsque je fais du dhikr, je vois la Lumière d’Allâh », ou bien « Lorsque je prie, je vois la Lumière d’Allâh », alors cette vision aurait été spécifique à un certain temps et à un certain endroit à défaut de certains autres.

Au travers donc de sa parole ﷺ : « Il est une Lumière que je vois en ce moment-même », on comprend qu’il est perpétuellement plongé dans la contemplation de la Lumière divine. Voilà une indication de l’état de Présence total. Et cela n’est pas exclusivement réservé au Messager d’Allâh ﷺ, à l’exclusion de tous les autres… non. Au contraire, ceci vaut pour l’ensemble de sa communauté. Parce que ce qu’il lui a été ordonné d’accomplir incombe à l’ensemble de sa communauté ﷺ.

Et s’il se trouve dans cet état de « Il est une Lumière que je vois en ce moment-même », c’est qu’il est dans un état de dialogue, mais pas un dialogue au travers d’une parole audible. C’est-à-dire qu’il n’est pas assis, tout seul, en train de parler… non. Il parle, en lui-même. Mais attention, ce ne sont pas des pensées. Car s’il s’agissait de pensées, il y aurait alors des zigzags, des déviations, d’une direction à l’autre, tantôt à droite tantôt à gauche. Lorsqu’on évoque la révélation inspirée (wahiy al-ilhâm), il s’agit d’une immersion totale dans la source de Lumière. La parole est alors une parole sans prononciation, une parole adressée du cœur à sa source (manba’). Dès lors, il dit, à l’instar de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah) : « Mon cœur m’a informé au sujet de mon Seigneur. », et il ne dit pas « Ma langue ma informé au sujet de mon Seigneur », non… car lorsque la langue parle, elle ne le fait que pour exprimer ce que le cœur a lui-même reçu de son Seigneur.

C’est en ce sens que le Seigneur Tout-Puissant dit : « Certes, il vous est venu un Messager, de vos propres nafs [4]. » Attention, c’est un Messager qui est venu à vous, pas un Prophète. En d’autres termes, c’est comme si tu avais toi-même, dans le domaine de la risâla, ce que tu prononces par ta langue de la parole de sayidina al-Mustafa ﷺ.

Et quand est-ce que ton cœur parlera de sayidina al-Mustafa ﷺ?
Ça, le Seigneur ne vous en a pas informé… Il n’a pas dit : « Certes, il vous est venu un Messager, de vos propres cœurs. » il s’agit bien ici de vos nafs. C’est de là que ton souffle (nafas), lorsque tu dis « Le Messager d’Allâh a dit : « … « , ou cette parole, n’est en réalité pas ta parole, mais celle du Messager ﷺ.

Dès lors, que te reste-t-il à faire ?
Tu dois faire en sorte que ton cœur devienne un Astre de grand éclat (kawkab durriy), et alors la Niche (michkât) de ce que tu prononces deviendra la risâla de ton cœur, ton souffle sera le souffle de sayidina al-Mustafa ﷺ, et ton cœur le Cristal et l’Astre du Prophète ﷺ. Alors tu pourras affirmer, comme l’ont affirmé avant toi les vertueux, que si les gens vont jusqu’à Médine pour visiter le Prophète ﷺ, quant à toi il se trouve dans ton cœur.
Mais que veut dire qu’il se trouve dans ton cœur ?
Cela veut dire que tu as fait retourner ton cœur à l’état d’Astre de grand éclat. Dès lors, tout ce que tu prononces, tu le prononces selon la Sunna du Prophète. Et tous tes faits et gestes sont les actes de la Sunna de sayidina al-Mustafa ﷺ. C’est-à-dire que tu es devenu le athar du Prophète, conformément à sa parole ﷺ: « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un signe (ayah). » ou autrement dit, il s’agit pour toi d’être un signe d’entre les signes de sayidina al-Mustafa ﷺ. Voilà donc à quoi correspond la préservation du lien (wasl) avec al-Mustafa ﷺ.


[1] Rapporté par al-Boukhariy et Muslim.
[2] Rapporté par al-Boukhâriy.
[3] Rapporté par Muslim.
[4] Sourate at-Tawba, verset 128.

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