L’île arabique

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله بسم الله
الله الله الله
و لا حول و لا قوة إلا بالله العلي العظيم

Résumé de l’assise du 13 Novembre 2015 / Jumu’a 30 Muharram 1437 [Partie 3] :

Disions-nous : sayiduna al-Mustafa ﷺ, huwa (il est…) -toujours, dans ces enseignements que je te donne, quand je te dis huwa et lahu, comprends que tu es sensé revenir au lâm et au hâ’– il est (huwa) la forme globale et exhaustive (al-sûra al-jâmi’a) de l’ensemble de toutes ces khazâ’in. Car il est la haqîqa de al-insân al-kâmil.

Alors toi, évidemment, tu aimes dire que al-Mustafa est la haqîqa de al-insân al-kâmil !
Seulement toi, tu le vois confiné dans 1m80 ou 2m de haut, et 25 ou 40cm de large… Parce que c’est ça, la forme que tu te représentes et que tu as à l’esprit. Seulement lorsque tu dis qu’il est la haqîqa de al-insân al-kâmil, tu ne dois pas te représenter les choses ainsi, c’est-à-dire avec une tête portée par un corps avec deux bras et deux jambes. Non… peut-être a-t-il une autre forme ? Voilà tout le problème pour toi… Si tu parviens à faire abstraction de ce corps, de cette tête… et que tu le considères comme un sukûn, c’est-à-dire avec un pourtour (ihâta) parfait… alors tu auras véritablement compris ce que signifie al-insân al-kâmil.

Disions-nous, il est (huwa) la forme globale et exhaustive (al-sûra al-jâmi’a) de l’ensemble de toutes ces khazâ’in, et désignée au travers de la Parole divine, dans le hadîth qudsî : « et J’ai aimé à Me faire connaître. » Il ﷺ est donc la forme suprême de l’ensemble de tous les esprits, et il est l’esprit absolu.

Bonne nouvelle et bien heureux donc celui qui aura vu la lumière de al-Mustafa ﷺ, car cette vision n’est autre que la vision de la réalité ésotérique du Prophète ﷺ. L’illumination de l’ensemble de tous les awliyâ’[1], de tous les véridiques, de tous les prophètes, et de toutes les créatures aux esprits purs en général, provient de sa lampe ﷺ. C’est ainsi qu’il se contemple lui-même au travers de tout contemplateur.

C’est-à-dire que toi, tu viens et tu dis : « Je vois le Messager d’Allâh ﷺ. » Mais si toi tu le vois, est-ce que lui te voit… ou non ? Car lorsque tu dis que tu vois quelqu’un, en général la personne te voit elle aussi. Certes, dans le monde des formes apparentes, il se peut que la personne en face de toi soit aveugle, et donc que tu la voies sans que elle ne te voie. Seulement dans le monde de l’esprit, si tu le vois, c’est que nécessairement il te voit lui aussi.

Sache donc et sois certain, lorsque tu vois cette lumière, lorsque tu contemple cet esprit suprême… sache que de deux choses l’une : ou bien cela constitue une preuve en ta faveur, ou bien c’est une preuve contre toi. Parce qu’il te voit. De même que tu l’as vu, il t’a vu. Imagine-toi donc… alors même que tu vois la lumière d’Allâh, tu commets des choses… tu mens, tu voles, ou autre… Sois bien conscient du fait que tu as commis cela alors même que le Messager d’Allâh ﷺ te regardait ! Tu as commis des turpitudes alors qu’il t’observait !

Prends conscience de ce que tu fais… Ne dis pas « oh, moi j’ai pris la lumière du Shaykh, au travers de la bay’a, et puis je suis reparti, et je fais alors ce qu’il me chante. » Non. Dès lors que tu reçois la lumière… il est avec toi. Il est l’esprit suprême, et il est avec toi où que tu sois. Si tu fais du bien, il en est le témoin direct. Et si tu fais du mal, il est témoin contre toi.

C’est ainsi donc qu’il se contemple lui-même, au travers de tout contemplé. C’est-à-dire que toi, tu le vois lui. Tu le vois d’une vision de réunion (jam’). Tandis que lui, il te voit d’une vision de diffraction (farq) : il voit l’ensemble de tous ceux qui ont reçu une part de son esprit originel et lumineux.

Etant donné que nous nous trouvons actuellement dans le lâm al-qabd… si ton esprit est saisi (qubidat), ainsi que ton intellect et ta conception des choses… alors, il devient le contemplant et le contemplé. Et ta manière d’être (khuluq) devient le khuluq du Prophète ﷺ.

Le Messager d’Allâh ﷺ dit : « Priez comme vous m’avez vu prier. » Si tu es dans une prière perpétuelle, c’est-à-dire si ta vision du Prophète ﷺ est ininterrompue… même si tu ne l’as vu qu’une seule fois dans ta vie, alors tu es effectivement en mesure de prier comme tu l’as vu prier. Tu as établi le lien (sila). Ou autrement dit, dans ta prière, il est ton imâm, et tu es son ma’mûm. Tu es en union avec le Prophète ﷺ. Et comme on le sait, le Messager d’Allâh ﷺ voyait aussi bien derrière lui que devant lui. Il devint ainsi donc le contemplant et le contemplé. Au final, ce n’est nul autre que lui ﷺ qui prie. Comment peux-tu t’imaginer avoir une prière… non, en vérité, ta prière n’a de valeur et n’est acceptée que dans la mesure où elle serait une partie de sa prière ﷺ. Car la seule véritable prière, c’est la prière du Prophète ﷺ.

Voilà donc à quoi renvoie le contemplant (châhid) et le contemplé (machhûd) dans la parole divine : « Par le ciel aux constellations ! Et par le jour promis ! Et par le contemplant et le contemplé ! [2] »

Il est le contemplant et le contemplé, et il est le flambeau illuminant : « Ô Prophète ! Nous t’avons envoyé comme témoin (châhid), annonciateur, avertisseur, appelant les gens à Allâh par Sa permission, et comme flambeau illuminant.[3] » De tous les flambeaux, il est le premier. Ou plutôt, il est la source (‘ayn) de tous les flambeaux. Il est celui qui dévoile les réalités des différents noms qui puisent depuis l’esprit en sa nature originelle (al-rûh al-awwaliya), vers le corps en sa nature de finalité (al-jism al-akhiriya). Que ce soit en ce qui concerne le domaine originel et premier (al-awwaliya) comme en ce qui concerne le domaine de la finalité (al-akhiriya), c’est toujours de lui à lui.

Si tu considères Adam (‘alayhi s-salâm), tu considères une particule d’entre les particules de la réalité englobante du Prophète ﷺ. Et le Messager d’Allâh ﷺ dit en ce sens : « J’étais prophète… » sachant que par définition, le prophète (al-nabiy), c’est celui qui rapporte la grande nouvelle (al-naba’ al-a’dham). « J’étais prophète tandis que Adam était encore entre l’argile et l’eau. » De sorte que Adam (‘alayhi s-salâm) lui-même avait un prophète : al-Mustafa ﷺ, qui lui apporta cette grande nouvelle (al-naba’ al-‘adhîm). Et concrètement, en quoi consiste ce « naba’ al-‘adhîm » ? C’est le fait qu’il lui ait enseigné tous les noms.[4]  Parce que, qui est al-Mustafa ﷺ, du point de vue de l’esprit ? C’est la source de laquelle jaillissent l’ensemble des formes apparentes, l’ensemble des noms, et toutes choses, jusqu’à l’apparition de sa forme corporelle finale.

Si tu veux rechercher ces réalités du point de vue des formes apparentes… alors considère avec attention les pieds du Prophète ﷺ. Où les a-t-il posés ?
Fais une reconstitution de partout où il marcha… et tu découvriras la péninsule arabique. D’ailleurs, en arabe, on ne dit pas la « péninsule » arabique, mais plutôt l’ « île » arabique (al-jazîra al-‘arabiya). Pourquoi cela ?
Pourquoi parler d’une île, alors qu’elle est visiblement rattachée au continent par la terre ferme ?

Par définition, une île est une terre entourée d’eau. En vérité, si l’on parle de al-jazîra al-‘arabiya, c’est parce que ses réalités profondes (haqâ’iq) lui parviennent de tout autour, sans que tu ne puisses établir avec elle aucun lien (wasl) de terre sèche. Son entièreté est cernée par une scission (fasl) d’eau de mer… ou comme si cette eau de Vie avait constitué un talsam, à savoir cette île arabique.

Et l’île arabique, quelle est-elle au juste ?
C’est l’ensemble des terres que foulèrent les pieds du Prophète ﷺ. Et ce talsam, il a un sens profond dans les plus hautes sphères célestes. Nous avons ici évoqué le Prophète ﷺ en tant que corps physique, qui a établi un sukûn sur cette terre ferme, sukûn duquel naquit et s’éleva le Soleil de la religion… Seulement toi évidemment, tu considères le Prophète ﷺ comme étant esprit (rûh). Tu vois l’esprit de al-Mustafa ﷺ nageant dans le mulk… Tu marches, mais tu es strictement incapable de contempler la lumière du bien-aimé ﷺ dans tous les endroits, à ta guise. Non, tu en es incapable. Je jure par Allâh que tu ne peux pas ! Pourquoi ?

Pourquoi tu vois cette lumière dans certains endroits, et dans certains autres non… quand bien même tu y mettrais toutes tes forces ?

Parce que cette lumière ne se révèle à toi que dans une station (mawqif) parfaite, une station qui vient dans un alignement parfait avec cette forme physique dont nous parlions. Ainsi, tu contemples la lumière dans certains endroits, mais elle t’est cachée dans certains autres. Tu la vois lorsque tu te trouves dans une région, et tu ne la vois plus dans une autre. Tu la vois par exemple du haut d’une montagne, et tu en es voilé lorsque tu te trouves sur une colline.

Pourquoi cela ?

Tu dis que c’est à cause de ton état d’insouciance (ghafla)…

Seulement en vérité, même si tu fournissais tous les efforts possibles et imaginables, tu resterais incapable de faire apparaître à l’œil de ton cœur la lumière du Prophète ﷺ… alors que cette lumière t’apparaîtra clairement et sans difficulté dans un autre endroit.

Qu’est-ce que tout cela signifie ?

Cela signifie que si ton emplacement (mawqi’) vient se placer dans l’endroit correspondant… en prenant en compte bien sûr que la terre tourne autour du soleil à une vitesse phénoménale, et que le soleil lui-même se déplace à une vitesse dépassant l’entendement… ce mouvement te donne un déplacement d’un emplacement vers un autre emplacement. Et toi, tu es une particule insignifiante sur cette terre qui se déplace à une vitesse que tu ne peux concevoir. Tu accueilles alors la théophanie dans certains endroits, et dans d’autres endroits non.

C’est-à-dire que ces traces corporelles et physiques sont également des traces dans le cosmos, et contrairement aux traces corporelles qui sont limitées à un espace restreint, ces traces élevées dans les mondes supérieurs sont extrêmement vastes.

Et sur l’île (al-jazîra), qu’est-ce qu’on trouve ? On trouve la Mecque, on trouve la Mosquée du Prophète ﷺ. En revanche, al-Quds est en dehors de cette zone. Or, nul ne peut sortir du périmètre de son sukûn… à l’exception du Prophète ﷺ. Lui seul peut sortir de sa khatmiya et y revenir. Parce que sa khatmiya a la particularité de lui laisser la liberté de fluer en dedans comme en dehors de son périmètre.

Quant à toi, tu es et tu demeures limité au sukûn qu’est ce périmètre… car le lâm al-qabd est lu, dans sa première lecture, par le hâ’ al-hawiya. Et de ce fait, celui qui n’a pas le hâ’ al-hawiya n’a tout simplement aucune part dans la lecture du lâm al-qabd.

Qu’il soit établi comme clair que nul ne peut sortir de son hâ’ à l’exception du Prophète ﷺ, lorsqu’il accomplit le voyage nocturne (al-isrâ’), depuis la Mecque jusqu’à Jérusalem. C’est-à-dire qu’il réunit les deux qibla. Et il est celui qui pria en tant qu’Imâm dans les deux qibla. Après lui, jamais personne n’a plus accompli cela. La qibla est aujourd’hui unique, et ce pour l’éternité. Y compris lorsque sayiduna ‘Issa (‘alayhi s-salâm) redescendra, la prière sera accomplie à Jérusalem (al-quds), mais en direction de la deuxième qibla, à savoir la Mecque. Cette qibla première par conséquent, pour ce qui est de cette communauté, seul le Prophète ﷺ pria en sa direction, ainsi qu’une partie de ses nobles compagnons.


[1] Awliyâ’ : pluriel de waliy.
[2] Sourate al-Burûj, versets 1 à 3.
[3] Sourate al-Ahzâb, versets 45 et 46.
[4] Référence au verset : « Et il enseigna à Adam tous les noms. » [s2.v31].

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