Alif et alif muqaddar, sans dualité

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله بسم الله
الله الله الله
و لا حول و لا قوة إلا بالله العلي العظيم

Résumé de l’assise du 13 Novembre 2015 / Jumu’a 30 Muharram 1437 [Partie 2] :

Selon le hadîth qudsî : « J’étais un trésor caché, et J’ai aimé à Me faire connaître. J’ai donc créé la création, et c’est par Moi-même qu’ils Me connurent. » Le Vrai aima à Se faire connaître, Il créa donc al-Mustafa ﷺ, en tant que forme exhaustive et englobante, afin que la forme soit en mesure, par les fils ésotériques de la prédestination divine, de Le connaître. Et comme nous le rappelons souvent, la première chose qui fut créée, c’est le sukûn originel. Lorsqu’on parle de sukûn, ne vas pas t’imaginer que ce soit un sukûn normal… non, c’est un sukûn englobant de manière totale et absolue. Car si tu laisses une once de vide en dehors de ce sukûn, cela veut bien dire qu’il n’a pas tout réuni. Allâh ﷻ dit : « N’est-Il pas Celui qui englobe (muhît) toute chose ?[1] »

Du point de vue du nom divin ( الله ), ce sukûn correspond au hâ’ ( ه ). Et du point de vue de la forme corporelle de al-insân al-kâmil, il correspond au mîm ( م ) de Muhammad ( محمد ) ﷺ. C’est donc comme si le alif du taqdîr originel avait aimé à se faire connaître… et de là, nous avons dit qu’il s’était manifesté en une forme taqdîriya, en face à face avec le second alif muqaddar. Erreur !

C’est pourtant votre point de vue et votre compréhension, à vous tous, sans exception. Selon toutes les lectures auxquelles nous sommes arrivés jusqu’à présent, selon les sept lectures par le hâ’… toute personne qui considère le alif originel… le alif qu’il considère, dans la forme écrite du nom divin, comme étant le premier alif, le alif séparé des deux lâm et du hâ’. Donc, comme nous l’avions étudié dans le hâ’, ce alif premier donne une multitude de taqdîrât de lui-même, dans cet intervalle qui le sépare du lâm al-ma’rifa. Ce alif originel n’a cependant rien d’originel, et l’origine (al-asl) n’est connue que du Vrai ﷻ Lui-même. Par nature, le alif se trouve dans le fasl, il est isolé de tout. Il n’y a personne avec lui. Il a souhaité être seul, singulier, exclusif, sans autrui. Toi, tu as apporté l’autrui, sous la forme d’un taqdîr second (de ce alif dit « originel »), que tu as appelé al-alif al-muqaddar.

Alors aujourd’hui, je viens te dire que pour entrer dans la lecture du lâm al-qabd ce lâm a été nommé lâm al-qabd en référence au saisissement (qabd) de ton âme, de ta nafs, de ton intellect… de sorte qu’il ne te reste plus qu’à t’en remettre uniquement à Allâh. Et ce faisant, si ton intellect devient conforme à la charî’a véritable et profonde, alors tu constateras que le tout premier taqdîr de ce alif al-muqaddar, c’est le sukûn. Pas le alif.

Le taqdîr premier est donc celui du sukûn, de sorte que nous nous sommes présentés au lâm al-qabd par le hâ’ al-hawiya. Ou comme si tous les cours qui ont précédé avaient fait office d’introduction au lâm al-qabd. Toi, tu t’imaginais que la fente de ce lâm al-qabd renvoyait à la descente (tanazzul) du alif originel en une forme courbée, devenant ainsi le lâm al-qabd. Et en cela tu as tout à fait raison. C’est quelque chose qui relève même de l’évidence. Car n’eût été le tanazzul[2] depuis l’absolu divin inaccessible (tanzîh) vers al-Mustafa ﷺ, jamais les choses ne nous seraient apparues, ni leurs noms, ni la réalité de ces noms, ni les attributs… car y compris tes paroles, y compris même ta respiration : elle n’est possible que par et au travers de la respiration de al-Mustafa ﷺ.

Ici donc, le tanazzul du alif nous a donné un sukûn… c’est-à-dire dans une forme que tu es en mesure d’appréhender. Parce que toi, dès lors que tu penses au alif… tu ne peux t’empêcher de lui donner une forme. Ne me dis pas que tu travailles à l’étude des différents taqdîr du alif… retourne à ton cœur et consulte-le sincèrement. Tu constateras que, de par ta manière d’intellectualiser les choses d’un premier abord, le alif a une forme définie, dans ta pensée. Alors si tu dis que tu prêtes une forme au taqdîr premier du alif… on te répond d’accord, tu as le droit de le faire. Mais dès lors que tu donneras une seconde forme… tu ne seras plus dans l’exclusivité (al-ahadiya), mais bien dans la dualité. Est-ce que vous me comprenez… ?

C’est-à-dire que si tu as un alif muqaddar comme ceci… (sidi Shaykh a tracé un alif vertical, dans l’air en face de lui, de son index). Tu t’imagines, selon la forme écrite (mastûr), que c’est le alif originel (asliy). Mais moi, je te parle à présent, et je te parle d’un alif muqaddar. C’est-à-dire un autre alif, pas le premier. Et je le considère dans un taqdîr, par un tanzîl parfait. Ici toi, qu’est-ce que tu comprends ?

Tu comprends que ce premier alif a une copie conforme et parfaite de lui-même. Et c’est justement là que je viens et que je te dis non, ceci est impossible. Si tu considères qu’il existe un taqdîr de ce premier alif… dans la forme écrite, c’est comme si tu venais affirmer qu’il y a un alif entre le alif et le lâm. Or ce n’est évidemment pas le cas.

Si tu dis que le taqdîr du alif s’est courbé, donnant ainsi un lâm… et ça, ce sont les enseignements que tu racontes et que tu raconteras toute ta vie… Si tu t’exprimes sur ce sujet, tu dis que le alif aima à se faire connaître, qu’il pencha de sa forme première, jusqu’à devenir un lâm… à ce moment-là, où est le alif !? Tu as dit qu’il s’était courbé : il n’est donc plus à sa place !
Et même si je viens te dire que oui, c’est bien cela, tu as raison… quoi qu’il arrive, le nom divin devient lillâh ( لله ), et non plus Allâh ( الله ). Parce que dans ce cas, le alif est devenu caché.

En revanche si tu dis que le alif al-muqaddar s’est penché… ouvrez bien grand vos oreilles ! Enfin… ceux qui veulent comprendre le lâm al-qabd. Quant à ceux que ça n’intéresse pas, c’est leur problème… Parce que maintenant, on va devoir faire face à des choses très compliquées. Tu vas te rendre compte que depuis 7 ans tu parles et tu racontes des choses complètement fausses, sans jamais t’en être rendu compte.

Le alif al-muqaddar al-awwal (premier), est unique. Mais, pourquoi je parle de alif muqaddar, alors que je me réfère ici au nom divin Allâh ?
Parce qu’en le disant, je dis aussi qu’en ce nom se trouve un nom caché, un nom que al-Mustafa ﷺ nomma al-ism al-a’dham al-maknûn. Ce qui veut donc dire que ce nom n’est pas Allâh ( الله ). Le nom Allâh est apparent. Il est apparent par les lettres, apparent par la forme. Si tu l’écris de ta main, et si tu le places devant toi… il devient pour toi parfaitement apparent. Tu as le pouvoir de l’écrire comme bon te semble, tu peux ne pas écrire le alif, et alors tu obtiens lillâh

Mais lorsque l’on dit que le alif est descendu (tanazzala), et que cette descente est existante… on ne peut pas dire qu’elle n’existe pas. Le alif est descendu, mais tout en restant tel qu’il est. Il a opéré une descente théophanique (tanazzala), tout en restant conforme à sa haqîqa. Subhânah !
Si tu dis qu’il a opéré ce tanazzul, mais qu’il est passé d’une forme à une autre, alors tu auras proféré une grave parole à l’encontre du Vrai. Attention à ce que tu dis… lorsque tu parles de Celui qui est tel qu’aucune chose ne Lui est semblable. En disant cela, tu Le fais passer d’un endroit à un autre endroit, d’une forme donnée à une autre forme.

Ô toi qui prétends rechercher la haqîqa du tawhîd, ô toi qui prétends rechercher l’absolue transcendance divine (tanzîh)… où es-tu !?
Si tu réfléchis à ton état, tu constates que tu es ruiné, de la tête aux pieds.

Idem pour ta lecture des 99 noms divins, ou des 20 attributs que tu répètes par ta langue… tout ceci n’est que du tachbîh. Si tu n’apprends pas ce qu’est le tanazzul, avec ce qu’il implique au sujet de l’immuabilité de l’origine (asl), qui reste et demeure telle qu’elle a toujours été, ainsi qu’au sujet du dévoilement et de l’apparition complète de sa forme au travers des noms et des attributs. Nous disons ainsi que le pourtour (ihâta) du nom al-Muhît (Celui qui englobe toute chose), c’est le mîm ( م ) de Muhammad ﷺ. Si tu veux évoquer les différents degrés de al-Mustafa ﷺ, et si tu dis, comme le dit la charî’a, qu’il est Ahmad dans le ciel et Muhammad sur terre… dans chacun des deux cas, il est lui-même. Et ici, si tu conçois les choses dans la dualité, c’est-à-dire si tu sépares le corps de al-Mustafa ﷺ, alors tu auras été à l’encontre de la charî’a, à l’encontre du lien Muhammadien, et à l’encontre du lien de la risâla.

Exaltée soit Sa transcendance !
Alors ici… où est partie ta pensée… ? Quand je parle comme ça, toi tu te dis qu’il s’agit d’attribuer à al-Mustafa ﷺ le degré de divinité… astaghfirullâh !
Tu t’imagines… toutes ces paroles, toutes ces explications, pour établir dans ton esprit la transcendance (tanzîh) du Vrai, en vertu du fait que « aucune chose ne Lui est semblable.[3] »… c’est-à-dire que je cherche à effacer de ton esprit toute chose, quelle qu’elle soit. Et lorsque tu veux tout de même parler de la chose et de l’exemple, je te donne l’exemple de al-Mustafa ﷺ dans le lâm al-qabd… mais en tant que forme réunissant l’ensemble de toutes les formes et de tous les exemples qui soient, et quels qu’ils soient. Cependant si toi tu considères qu’il y a une séparation entre Ahmad dans le ciel et Muhammad sur terre, alors tu considères qu’il y a une dualité.

Alors au tout début de nos enseignements, on vous a rappelé qu’il ﷺ dit être à la fois le premier et le sceau des prophètes. C’est-à-dire que le point de départ est le point d’arrivée lui-même. Et ce point de départ, qu’est-ce qu’il nous a donné… le alif, ou bien le sukûn ?
Evidemment, il nous a donné le sukûn !

Par conséquent, la toute première descente théophanique (tanazzul) du alif al-muqaddar, en vertu de son penchement par amour… c’est l’écriture du sukûn. Et ce sukûn qu’a écrit le alif al-muqaddar, c’est la réunion de toutes les parties (juzay’ât) ramifiées possibles de toutes les formes qui étaient, qui sont et qui seront… et par lesquelles le Vrai révèle Ses différents noms et attributs… conformément à un tanazzul sans modification de son état ni de sa haqîqa première. Le mouvement (al-haraka) s’opère donc au cœur-même du sukûn, sans jamais sortir de son périmètre. Car si tu considères que la moindre particule soit en dehors de ce sukûn, tu seras alors tombé dans le chirk… mais toi, ce n’est pas seulement une particule que tu as considérée comme extérieure au sukûn… Toi, c’est des milliards de corps que tu as sorti…

On dit que, n’eût été la nuit, jamais le jour n’aurait pu apparaître. On dit que les ténèbres n’apparaissent que par la lumière. Sans lumière, pas de ténèbres. Et sans ténèbres, pas de lumière. Ainsi, si tu considères le corps ou la forme, tu la sors dès lors de la lumière, et tu commets par là-même une erreur vis-à-vis de l’attribut. Et si tu considères la lumière comme extérieure aux ténèbres, tu commets également une erreur vis-à-vis de l’attribut. Tu te tromperas encore si tu considères que les ténèbres et la lumière sont mélangées.

Dans les deux premiers cas, tu retrouves la croyance en ce que l’on appelle al-ittihâd, c’est-à-dire l’union des deux réalités.
Dans le troisième cas, tu retrouves la croyance en ce que l’on appelle al-hulul, c’est-à-dire le mélange des deux réalités l’une à l’autre.

Or le Seigneur ne S’est ni unifié, ni mélangé à quoi que ce soit, car la chose n’existe pas.


[1] Sourate Fussilat, verset 54.
[2] Tanazzul : descente ou manifestation théophanique depuis l’état de transcendance absolue (tanzîh) vers une forme appréhendable (tachbîh).
[3] Sourate al-Chûrâ, verset 11.

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