La khalwa de 40 jours

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

La khalwa de 40 jours

Résumé de l’assise du 18 Janvier 2019 / Jumu’a 13 Jumâda al-‘ôla 1440 [Partie 1] :

Nous revenons à la lecture du lâm al-‘ishq par le Alif al-mouqaddar, du point de vue de la risâla, dans ce qui sera le huitième cours de cette chaîne. Au travers de cette lecture, nous révélons le sens de la chaîne (silsila) d’or, ainsi que la réalité du idhn, à quoi renvoie-t-il concrètement ? Comment le serviteur le reçoit-il de son Seigneur, et comment cette permission (idhn) est-elle transmise dans les cœurs de l’ensemble des serviteurs.

Aujourd’hui, nous parlerons de la khalwa de 40 jours, et par là-même du fanâ’ par le athar de la risâla, dans la lecture du lâm al-‘ishq. Ou dit autrement, le fanâ’ jusqu’à ce que l’individu accède à ce flux subtil issu du athar, qui se manifestera à lui de manière concrète dans le monde physique, et à partir de là il sera en mesure de rapporter et établir des règles spécifiques. Et encore une fois, rien de nouveau en cela, tout n’est puisé que dans le Coran et la Sunna. Allâh ﷻ dit : « Et Nous donnâmes à Moussa rendez-vous pendant trente nuits, et Nous les complétâmes par dix, de sorte que le temps fixé par son Seigneur se termina au bout de quarante nuits. Et Moussa dit à Haroun son frère: « Remplace-moi auprès de mon peuple, agis en bien, et ne suis pas le sentier des corrupteurs » [1]. »

Ceci survint après que sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) ait fait la promesse aux enfants d’Israël, – tandis qu’ils se trouvaient encore en Egypte – que lorsque Allâh les aurait débarrassés de Pharaon et de ses troupes, un Livre lui serait révélé de la part du Seigneur, dans lequel se trouverait une explication claire de ce qui est licite et de ce qui est illicite, des châtiments corporels, et des Lois en général. Ainsi, tout serait régi par la Loi divine, et non plus par les passions basses et viles de la nafs ou du shaytân.

C’est donc en cela que consiste le athar de la risâla : la risâla est un message du Créateur adressé à Ses serviteurs. Par lui, le serviteur est en mesure de suivre la Voie que le Seigneur a voulu pour lui, et non plus conformément à ce que son intellect comprend et juge comme étant bon ou mauvais. Ton intellect, il ne sert absolument à rien. Ton intellect n’est bénéfique que dans la mesure où il serait dans un suivi conforme de l’intellect suprême (al-‘aql al-akbar), à savoir : l’intellect de notre Prophète ﷺ, l’intellect des prophètes et messagers, l’intellect des savants qui agissent conformément à leur savoir. Si tu t’astreins à ce suivi, alors effectivement ton intellect aura du bon. Si en revanche tu diverges et vas à l’encontre de ce que rapporte le serviteur sincère, alors ton intellect n’a aucune valeur ni aucune aptitude à te faire parvenir au but, ni avancer sur la Voie, ni même débuter sur celle-ci.

Donc lorsque Allâh ﷻ exauça les invocations de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm) le débarrassa de Pharaon, Moussa implora son Seigneur de lui révéler ce Livre, et c’est alors qu’il lui fut ordonné de jeûner 30 jours. Il s’agit ici du jeûne d’un mois complet, comme si donc, pour percevoir le Livre divin, il s’agissait de jeûner un mois et de manger durant les 11 mois restant. Le mois dont il était question ici, dans le cas de sayidina Moussa, c’était le mois de dhul-qi’da. Evidemment, il s’agit ici d’un jeûne sans rupture. Ce n’était pas une privation durant le jour, et la rupture du jeûne la nuit. Non, c’était un jeûne consécutif, jour et nuit. Y compris pour l’eau. Donc durant 30 jours, il n’a ni mangé ni bu.

Durant ces 30 jours de privation, sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) vida son ventre d’absolument tout ce qu’il pouvait contenir. Son ventre, mais aussi ses veines, son intellect, ses pensées… essaye donc toi aussi, ô disciple, afin de parvenir au moins à la sensation de t’être débarrassé de ta nafs, c’est le minimum. Tu n’as absolument rien fait. Tu t’es satisfait de ce que tu avais, et tu y as ajouté un surplus bas et vil (soufli). De cela, tu n’as gagné qu’en éloignement, et non en proximité. Tu es ainsi devenu un guide, jugeant et manipulant la risâla à ta guise… sans jamais rien en comprendre. Tu t’es mis à rendre des sentences et des avis religieux, sur des choses relevant de la Chari’a, alors que tu es loin, extrêmement loin, de la Loi divine.

Si je choisis de vous rapporter le jeûne de wisâl (sans rupture) de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm), ce n’est pas parce qu’on ne le retrouve pas dans la vie de notre Prophète ﷺ. Non, au contraire, on y retrouve bien évidemment le wisâl. Mais à partir du moment où il est ﷺ le premier et le sceau des prophètes, il ne put que rejeter la volonté de certains de suivre cette Sunna de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm). Et il dit ﷺ : « Je passe la nuit auprès de mon Seigneur : Il me nourrit et m’abreuve [2]. »

Cependant, celui qui veut atteindre la pleine réalisation (tahqîq), celui qui veut comprendre la nature profonde de la Loi divine, il lui faut recevoir une grande nouvelle (naba’ ‘adhîm) de la part de son Seigneur, à partir de laquelle il sera en mesure de comprendre les subtilités de la Chari’a. Dès lors, il lui faudra nécessairement cheminer de la même manière que le firent les prophètes et les messagers avant lui, sachant bien que tous puisent en al-Mustafa ﷺ.

Aujourd’hui, c’est ce que tout le monde prétend : « Nous puisons tous en sayidina al-Mustafa ﷺ… » Mais qu’est-ce que tu as puisé, toi ? Dis-nous, qu’as-tu pris de lui ? Fais-nous voir, quelle sunna as-tu reçu de sayidina al-Mustafa ﷺ ? Quelle compréhension as-tu reçu de lui ? …si tu regardais dans le miroir du Prophète ﷺ, tu te rendrais compte que tu n’as rien pris du tout. Tu ne fais que prononcer ces mots par ta langue, comme pour te rassurer. Puiser de lui ﷺ, cela ne consiste pas en le fait d’adopter une attitude apparente, tout en la niant intérieurement. Non, il s’agit plutôt de prendre et saisir la chose telle quelle, avec tout ce qu’elle comprend et tout ce qu’elle implique, tant dans le domaine ésotérique qu’exotérique.
Puiser du Prophète ﷺ, ce n’est pas à ta guise, comme cela te chante. Ceux qui ont vraiment puisé en lui, ce sont les prophètes. Ils sont ceux qui reçurent la Loi du Prophète, par le for-intérieur (fou’ad) du Prophète, qui devint pour eux un naba’ ‘adhîm dans leurs cœurs, de sorte que Allâh fit s’agiter leurs langues afin qu’elles révèlent ce qui relève du licite (halal) et de l’illicite (haram).
Seulement aujourd’hui, on voit que des gens qui ne maîtrisent même pas le domaine de la prière donnent des fatwa sur des choses qui les dépassent complètement.

Revenons à ce dont nous parlions… donc sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) acheva 30 jours de jeûne, 30 jours de suite sans boire ni manger. Et dans la dernière nuit du dernier jour de jeûne, il trouva désagréable l’haleine du jeûneur (khalouf) qui émanait de sa bouche, et il se frotta les dents avec une branche de caroubier [3]. Pas une branche d’un autre arbre, tout simplement parce que c’est le seul qu’il avait trouvé à ce moment-là en cet endroit. Il s’en servit donc de siwak, afin de poursuivre son dhikr avec une haleine plus agréable. Les anges lui dirent alors : « Nous sentions de toi l’odeur de musc, mais tu l’as altérée par le siwak. » suite à quoi, Allâh lui ordonna de poursuivre le jeûne dix jours de plus.

10 jours de plus pour avoir introduit quelque chose… non pas dans son estomac, mais dans sa bouche, c’est-à-dire dans ses stations lunaires. Parce que les stations lunaires sont représentées par les dents. Et le mouvement de l’astre lunaire entre les stations renvoie à la langue. C’est pourquoi les paroles que tu prononces sont en réalité comme limitées et confinées à tes dents. 28 dents, pour 28 jours, pour 28 lettres de l’alphabet. Quant aux quatre autres dents qui peuvent apparaître, elles relèvent de la hamza. C’est en grandissant que la hamza peut faire apparaître ces dents qui ne sont d’aucune utilité, et que nous appelons les dents de sagesse (dars al-‘aql), comme si à ce moment-là l’individu avait atteint le degré de plein épanouissement de son intellect… Plutôt, c’est la hamza qui est apparue en une forme limitée et confinée, tandis qu’auparavant elle était libre de fluer à sa guise dans l’ensemble de toutes les lettres.

Les anges s’adressèrent donc à sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm) et lui dirent qu’auparavant, son haleine était pour eux un parfum. En ce sens on retrouve un hadîth explicite, puisque le Messager d’Allâh ﷺ dit : « Par Celui qui tient l’âme de Muhammad dans Sa Main, l’haleine du jeûneur est plus agréable à Allah que l’odeur du musc [4]. » Et comme nous disions, sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) s’est également abstenu de manger et de boire quoi que ce soit durant 40 jours et 40 nuits. En cela on retrouve le fait que la privation du ventre de tout apport extérieur est un fondement essentiel dans le domaine de l’imploration de son Seigneur.


[1] Sourate al-A’râf, verset 142.
[2] Sahîh al-Boukhâriy.
[3] Le caroubier est un arbre au tronc massif typique de Méditerranée. Apprécié pour son ombrage, il est aussi cultivé pour ses fruits, les caroubes, aux usages multiples en cuisine comme en phytothérapie.
[4] Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim.

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