« Allâh » et « al-Rassûl » : une seule et même haqîqa

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله بسم الله
الله الله الله
و لا حول و لا قوة إلا بالله العلي العظيم

Résumé de l’assise du 6 Novembre 2015 / Jumu’a 23 Muharram 1437 [Partie 1] :

Nous revenons à la hadra du lâm al-qabd, afin de comprendre et d’entrevoir l’entrée dans la lecture du lâm par le hâ’. C’est-à-dire que tout ce que nous avons pu étudier dans la lecture du hâ’, il s’agira pour nous de le réunir dans le markaz du hâ’, ce qui correspond au lâm.

Cette première lecture est la mise en exergue de la valeur de l’apparition théophanique de lumière, qui débute pour le disciple par une apparition au beau milieu d’un chaos (‘amâ’) de ténèbres. Il lui apparaît ainsi une forme, ou une image originelle (sûra asliya), puis lui apparait sa forme difractée (farq) dans l’ensemble des formes ramifiées (de l’originelle).

Nous disons donc que pour chacun des noms divins… et comme nous le savons, certains de ces noms sont connus et sont les noms dits apparents (al-asmâ’ al-dhâhira) tandis que d’autres sont cachés (al-asmâ’ al-bâtina). Allâh ﷻ a permit à certains de découvrir ces noms cachés, tandis que d’autres n’en ont aucune connaissance.

Quant à nous, nous parlons des noms apparents et connus du commun des mortels. Ainsi, pour chacun de ces noms, Allâh a attribué une force (tâqa), un flux (sarayân) et un sens profond (ma’nâ).

Quant au nom Muhammad ﷺ… et nous parlons ici en tant que markaz du hâ’ al-hawiya, c’est-à-dire en tant que centre référent (markaziya) de l’ensemble de tous les noms, et en tant qu’indicateur de chacun d’eux. Donc chaque nom divin a une force, un flux et un sens profond… quand au nom de sayidina al-Mustafa ﷺ, et nous faisons ici référence au nom Muhammad, car le Messager d’Allâh ﷺ a lui aussi de multiples noms… seulement nous nous concentrerons ici sur son nom apparent et connu de tous, à savoir, « Muhammad » sur terre, et « Ahmad » dans le ciel. Et comme nous traitons ici de sa nature terrestre, c’est le nom de « Muhammad » que nous aborderons. Et il est établi qu’il est celui qui réunit l’ensemble du Verbe et des sens profonds de la parfaite réalisation (jawâmi’ al-Kalim wa ma’âniy al-kamâl). Son khuluq (manière d’Être) était le khuluq de al-Rahmân, qui ne sont autres que les asmâ’ al-husnâ. Il réunit l’ensemble de tous ces noms et de tous leurs sens, ce que l’on désigne par « jawâmi’ al-kalim », et apparut ainsi le nom « Muhammad » ﷺ. Il vint avec un miroir parfaitement pur, dans lequel purent se refléter tous ces beaux noms (asmâ’ al-husnâ), tous sans exceptions, apparents comme cachés. Tous les noms, soient-ils des noms de transcendance (tanzîh) ou des noms d’analogie (tachbîh).

Citons par exemple en ce qui concerne les noms de tanzîh, le nom le seigneur (al-rabb), ou l’exclusif (al-ahad)… etc.
Et par exemple, en ce qui concerne les noms de tachbîh, le nom de celui qui rit (al-dâhik), de Celui qui tombe malade (al-marîd)… etc. De nombreux hadîth mentionnent cela. « Ô fils d’Adam, Je suis tombé malade (maridtu) et tu ne M’as point visité. [1] » La maladie est une caractéristique vile (soufliya), mais dès lors que le hadîth la mentionne de manière claire, nous n’avons d’autre choix que de prendre et accepter ce tachbîh. Le Seigneur dit en effet : « Mon serviteur untel est tombé malade : si tu l’avais visité, tu M’aurais trouvé auprès de lui. » Cela dit, l’objectif n’est pas ici de plonger dans les sens véritables de ces hadîths, mais simplement de relever que certains noms divins renvoient clairement au tachbîh.

Et tous ces noms découlent d’une seule et même entité propre (‘ayn). Tu peux tirer de chacun d’eux une infinité de sagesses et de statuts différents. Cependant, il ne t’est pas permis de distinguer une pluralité d’entités. Au contraire, tu te dois d’affirmer que ce n’est qu’une seule et même entité (‘ayn wâhida). Cette entité a une multitude de manières de s’exprimer, toutes différentes et bien distinctes les unes des autres… mais ces expressions ne sont jamais que des expressions, et il n’y a en vérité que l’entité (al-‘ayn).

C’est la raison pour laquelle, en vérité, il n’y a pas de différence entre le nom Allâh ﷻ et le nom Muhammad ﷺ. Nous ne pouvons établir de distinction entre les deux, si ce n’est au travers de la diffraction (al-farq), et nous disons ainsi « le khuluq de Muhammad ﷺ est le khuluq de al-Rahmân » et « Allâh est unique et exclusif (ahad), Il est le Dieu. » Mais tout ceci n’est que par la diffraction (al-farq). Selon la réunion (al-jam’), le sens considéré des choses est celui de leur entité intrinsèque (al-ma’nâ al-‘ayniy), tandis que selon la diffraction (al-farq), le sens considéré de ces mêmes choses est le statut propre à chacune d’elles (al-ma’nâ al-hukmiy). Ainsi donc, conformément à la charî’a, tu ne peux pas qualifier Allâh de serviteur. A Dieu ne plaise ! Nul ne peut affirmer que Allâh soit un serviteur (‘abd)… Plutôt, nous disons que Muhammad un serviteur, tandis que Allâh est Dieu.

Quant aux sens profonds de la pleine réalisation (al-kamâl), ce sont les asmâ’ al-husnâ. Et ces noms reviennent à al-Mustafa ﷺ, car Allâh ﷻ Lui-même l’a qualifié par Ses noms, dans le Coran. Tu ne peux nier cela d’aucune manière. Allâh l’a ainsi qualifié de ra’ûf (compatissant) et de rahîm (miséricordieux). Al-Ra’ûf et al-Rahîm sont des noms d’Allâh ﷻ… mais c’est par eux qu’Il décrivit al-Mustafa ﷺ.

Il ﷻ le décrivit également comme étant karîm (généreux) et chahîd (témoin)… et Il ﷻ alla même jusqu’à dire : « Certes, ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allâh. [2] » Ta bay’a prise de al-Mustafa ﷺ est une bay’a prise d’Allâh ﷻ. Etends donc les limites de ton intellect… si toutefois tu as un intellect.

En tout ceci, il n’y a de divulgation d’aucun secret… je ne parle pas dans une dimension intellectuelle, je ne fais que rapporter ce qu’a dit Allâh ﷻ ! Si tu ne crois pas en ces versets clairs et limpides, arrache-les donc du Coran ! Et si tu ne crois pas que Allâh soit décrit par des noms comme al-Dâhik ou al-Marîd, efface les hadîth qudsi du corpus connu et reconnu unanimement comme authentiques… et rapporte-nous les hadîth qui te conviennent à toi et à tes semblables.

Tout ceci, c’est ce que le Seigneur ﷻ nous a présenté clairement. Il dit ainsi ﷻ : « Certes, ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allâh. » Sourate al-Fath, et il s’agit du verset… 10 ! C’est-à-dire qu’en lui furent réunies et pleinement réalisées les dix lectures, de telle sorte que celui qui prit bay’a de lui, prit en vérité bay’a d’Allâh Lui-même ﷻ.

Il ﷻ le nomma par ce par quoi Il Se nomma Lui-même. Et dans la chahâda, l’attestation de « ach-hadu allâ ilâha illa Allâh » ne vaut que si elle est accompagnée de « wa ach-hadu anna Muhammadan rassûlullâh » Cette spécificité ultime n’a été octroyée à aucune autre créature quelle qu’elle soit.

Dans d’autres passages du Coran, Il ne fit même pas de distinction entre les deux noms : « Allâh et Son Messager est plus en droit qu’ils Le satisfassent (yurdûh). [3] » et Il n’a pas dit « Allâh et Son Messager sont plus en droit qu’ils les satisfassent (yurdûhumâ). »
De cela, il s’agit de comprendre que celui qui satisfait Allâh, il satisfait le Messager d’Allâh ﷺ. Et inversement, celui qui satisfait le Messager d’Allâh satisfait Allâh.

Allâh dit encore : « Ô croyants ! Répondez à Allâh et au Messager lorsqu’il vous appelle (da’âkum) à ce qui vous donne la vie. [4] » et Il ne dit pas : « Ô croyants ! Répondez à Allâh et au Messager lorsqu’ils vous appellent (da’awkum)… »
Il s’agit donc ici encore de comprendre que si le Messager d’Allâh ﷺ t’appelle, c’est Allâh qui t’appelle… et si Allâh t’appelle, c’est le Messager d’Allâh ﷺ qui t’appelle.

En cela, le Vrai ﷻ nous donne une indication du fait que ce à quoi renvoient les noms « Allâh » et « al-rassûl » ﷺ, sont un seul et même sens (ma’nâ), et une seule et même réalité (haqîqa).

Mais bien plus encore que tout ceci… voici un verset encore plus dur que les précédents… Un verset dans lequel Allâh lui ordonne de s’attribuer à lui-même ﷺ les serviteurs : « Dis : « Ô mes serviteurs qui avez commis des excès contre vous-mêmes, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allâh ! [5] » Et Il ﷻ n’a pas dit : « Dis : « Ô serviteurs d’Allâh. » » !

Ces versets sont clairs. Et il y en a un grand nombre qui vont dans le même sens dans le Coran, ici ce ne sont que des exemples. De là, que trouvez-vous encore d’étonnant dans le secret d’Allâh, dans le hâ’ al-hawiya, ou dans le lâm al-qabd, ou dans le lâm al-ma’rifa, ou dans le fasl et le wasl, et dans la lecture du alif al-muqaddar, au travers des différentes présences spirituelles (hadarât) des prophètes et messagers ? Qu’y a-t-il d’étonnant et d’incroyable à tout cela !?
Par Allâh Tout-puissant, ce qui est absolument incroyable, c’est ton ignorance !

Parce que si tu avais ouvert le Coran, si tu avais vraiment été de ceux qui ont goûté au secret… tu aurais trouvé ce secret clair comme de l’eau de roche, dans le Livre d’Allâh. Tu n’aurais pu le renier d’aucune manière. Qu’est-ce qui t’a fait renier ? C’est ton ignorance, ta bêtise. Je veux que, lorsque tu te regardes dans le miroir, tu voies inscrit en grosses lettres sur ton propre reflet : « JÂHIL » (ignorant).

Tu lis le Coran… ou plutôt tu prétends lire le Coran… puis tu viens et tu me dis : « Pourquoi le secret est comme ceci… Pourquoi je ne l’ai pas compris comme cela… »
SubhânAllâh ! Toi qui prétends lire le Coran, toi qui prétends comprendre la parole du Seigneur… qu’est-ce que tu veux que je te dise de plus !? Ce sont les paroles du Seigneur, ce n’est pas moi qui ai inventé tout cela !

Si on prenait le Coran, toi et moi, et si on regardait ce que tu as pu en saisir… on constaterait que tu n’as même pas « sadaqa Allâhu l-‘adhîm » ! Tu n’as rien, absolument rien ! Ne serait-ce qu’un madd ou un sukûn dans le Coran… je jure par Allâh Tout-Puissant : tu ne l’as pas ! Le Coran t’a abandonné, avant même que toi tu ne l’abandonnes ! On appose sur toi le verset de l’âne qui porte des livres, et on le fait avec la certitude ultime (haqq al-yaqîn) : « Ceux qui ont été chargés de la Thora mais ne l’ont pas mise en pratique sont tels l’âne portant des livres. Quel mauvais exemple que celui de ceux qui traitent de mensonges les versets d’Allâh, et Allâh ne guide pas les injustes. [6] » Comme si ce verset ne concernait pas seulement les gens qui ont été chargés de la Thora, mais y compris toi qui as reçu le Coran.

C’est pour cela que, dans le lâm al-qabd… je n’aime pas, je ne supporterai pas de voir encore l’un d’entre vous venir me poser des questions stupides. « Pourquoi comme-ci… Pourquoi comme ça… »
Celui qui veut s’asseoir, qu’il prenne place. Quant à celui qui veut partir, les portes sont grandes ouvertes ! Je n’ai plus de temps à perdre à vous expliquer les secrets.

Lorsque je dis quelque chose, absorbe-le. Et si tu n’es pas capable de l’absorber, reste chez toi.

Il y en a certains qui viennent me poser des questions… « sidi Shaykh, est-ce que je dois aller dans tel endroit ou dans telle ville, ou est-ce que je dois rester ici ? »
Questionne ton cœur !
Combien d’années passées à étudier ici, et tu viens encore me poser des questions aussi stupides ?

« Sidi Shaykh, est-ce que je dois assister au mawlid, ou pas ? »
Questionne ton cœur bon sang ! Est-ce que tu as l’amour du Messager d’Allâh ﷺ, ou est-ce que tu ne l’as pas !? Et si tu ne l’as pas, est-ce que c’est à moi de te l’enfoncer de force dans le cœur !?

« Je vais aller travailler en Europe… mais je reviendrai pour le mawlid. »
SubhânAllâh ! L’ignorance à son paroxysme ! On ne peut pas plus…
Il a fait la khalwa, il a connu le hâ’, il a réalisé l’établissement dans le centre du hâ’… il a connu ce que signifie prendre la bay’a, il a compris le sens de « Certes, ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allâh. » …et il ose encore venir me demander « sidi Shaykh, est-ce que je dois rester, ou bien je dois partir ? »

Par cette question, as-tu seulement idée de ce que tu es en train de me dire !?
Tu me dis : « Je n’ai absolument rien étudié avec toi. » Ou comme si tu me disais : « Je ne suis pas encore sûr de moi : est-ce que je dois embrasser l’islâm, ou pas… ? » Ou comme si tu reconnaissais clairement ne pas connaître al-Mustafa ﷺ… alors que tu prétends lui avoir prêté allégeance.

Vends tes biens, et donne tout à Allâh ﷻ, si tu veux avoir l’espoir qu’Il soit satisfait de toi ! Suis un peu le verset, que dit-il ?
« Certes, Allâh a acheté des croyants leurs nafs ainsi que leurs biens, en échange du paradis. [7] »
Par Allâh ! Si tu ne vends pas ta nafs et tes biens, tu n’y entreras pas !
Si tu ne vends pas ta nafs et tes biens, par Allâh tu n’y mettras pas le pied ! … à moins que la miséricorde d’Allâh n’en décide autrement. Mais là, c’est autre chose.

Tous tes protocoles là… ne crois pas que tu vas pour un entretien d’embauche ! Ici, tu vas pour te présenter au Seigneur.

En vérité, si vous compreniez un tant soit peu… nous n’aurions pas besoin de tous ces cours, de toutes ces explications. On se réunirait, on lirait le Coran, et ce serait suffisant. Si nous parvenions à cette certitude du fait qu’Il est plus proche de nous que notre propre veine jugulaire… et qu’Il sait ce que nos nafs nous insufflent… ces cours ne seraient d’absolument aucune utilité, vous n’auriez plus qu’à les brûler. Comprenez juste ces versets, et vous aurez tout saisi.

Mais non… l’insouciance (al-ghafla)… cette pâte amorphe[8] qui vous sert de cerveau… cette tête remplie de sable… pas un seul pour réjouir mon cœur.

Que chacun questionne son propre cœur. Je ne veux plus entendre de « ça, j’ai pas aimé… ce secret, non vraiment… »
Remercie Allâh de t’avoir mis là où tu es !
Si on cherchait dans tes petites affaires personnelles… il deviendrait clair que, de toute évidence, tu n’es pas digne de tout cela ! Moi-même qui suis en train de vous parler, si vous cherchiez dans ce qui me concerne, vous constateriez vous-mêmes que je ne suis pas digne de cela. Alors que dire de vous, qui aviez appris de moi !?
Fatigue-toi autant que tu pourras, jamais tu ne seras comme moi… et moi, je me suis moi-même ruiné.


[1] Rapporté par Muslim.
[2] Sourate al-Fath, verset 10.
[3] Sourate al-Tawba, verset 62.
[4] Sourate al-Anfâl, verset 24.
[5] Sourate al-Zumar, verset 53.
[6] Sourate al-Jumu’a, verset 5.
[7] Sourate al-Tawba, verset 111.
[8] Amorphe : sans réaction, sans énergie.

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