Tu es un spectre, ou une vague, fluant dans le temps

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

Tu es un spectre, ou une vague, fluant dans le temps

Résumé de l’assise du 07 Août 2015 / Jumu’a 21 Chawwâl 1436 [Partie 4] :

Disions-nous, la connaissance ou la science (‘ilm) des choses telles qu’elles sont, par essence, ne confère aucun pouvoir d’action, de modification ou d’influence sur ces choses. La science suit toujours la chose selon ce qu’elle est. Ceci est parfaitement clair dans la Parole divine : « Chez Moi, la parole ne change pas [1]. » C’est bien pour cela que la récitation du Coran fait partie des meilleures formes de dhikr qui soient.

Ici on ne dit pas que la lecture de la Parole d’Allâh vaut mieux que la mention de Son Nom, ni que la mention de Son Nom vaut mieux que la lecture de Sa Parole… mais il s’agit de bien comprendre : lorsque tu lis le Coran, c’est la Parole du Vrai, pas la parole d’une créature ! C’est la Parole de Vérité, qui te décrit les choses d’une manière synthétisant à la perfection l’ensemble du sujet, dans le domaine du marqoûm ainsi que du maknoûn, de sorte que si tu fais partie des gens du maknoûn, tu en comprends les sens occultés (bâtin).

Le Coran, il ne s’agit pas de le mémoriser et de le répéter comme un automate. Si tu procèdes ainsi, tu n’en obtiens que la récompense promise pour chaque lettre prononcée. Alors que si tu cherchais dans les réalités cachées du Coran… tu commencerais à le craindre, parce que c’est la Parole du Vrai ﷻ, la Parole incréée et prééternelle. Cela signifie qu’elle est venue de l’arc-de-cercle du Vrai, puis est descendue et fut confinée en cette forme écrite, que les gens d’Allâh ont désignée en parlant de l’arc-de-cercle du noûn ( ن )… ou la Table confinée (al-lawh al-mouqayyad). Et c’est ainsi que tu te trouves aujourd’hui avec une lawh entre les mains, et tu y lis la Parole du Seigneur ﷻ. Mais si peu… si peu sont ceux qui comprennent.

Lorsque toi tu lis le Coran, tu récites comme une machine, une sourate, et puis tu enchaînes avec la deuxième, et puis une troisième… « Aujourd’hui, j’ai lu cinq Hizb ! » Mâ cha’a Allâh… tu as la récompense de la lecture, certes. Mais, as-tu reçu le fruit de l’ascension spirituelle que donne cette lecture ? En as-tu reçu la ma’rifa de la Scission (fasl), qui t’aurait permis de séparer le corps de l’esprit, dans une ascension que tu aurais faite au sein de la Parole incréée et prééternelle, jusqu’à en comprendre une part déterminée de ses sens profonds… ?
Non, rien… tu n’as rien de tout cela.
Tu restes obstinément attaché à la Chari’a, et tu restes ainsi à tourner en rond.

La Chari’a est l’écorce renfermant la Haqiqa. Ceci dit, c’est une écorce dont tu ne peux te passer, car elle est la seule et unique porte de la Haqiqa. Et si tu poussais davantage la méditation sur le sujet, tu aboutirais au fait que la Chari’a n’est en réalité rien d’autre que la Haqiqa elle-même. Dans le cas maintenant où tu parviendrais à saisir quelque chose de la connaissance ésotérique par ta propre pensée, ou par autre que cette porte unique, alors sache que tu serais dès lors un hérétique (zindîq). Si tu n’es pas capable de prouver ce que tu avances par le Coran, ou par la Sunna de l’Insân al-Kâmil qu’est sayiduna al-Mustafa ﷺ, alors tu n’as rien du tout. Ce que tu fais n’est que pure hérésie (zandaqa), et elle te mène tout droit au fond de l’Enfer. Tu es alors dans ce cas en chute libre, et non pas comme tu te l’imagines en quête d’un ésotérisme supérieur et céleste.

Si les choses dépendaient d’une recherche par la pensée et la raison, alors les mécréants seraient tous au paradis. Eux qui ont été jusqu’à construire des vaisseaux spatiaux leur permettant d’aller jusque sur la lune, ou du moins jusqu’à des endroits que le musulman, ou l’arabe, ne peut atteindre… Seulement ce musulman, il peut tout à fait parvenir à ce résultat au travers de l’ascension spirituelle, bien sûr s’il se base en cela sur la crainte (taqwa) d’Allâh et qu’il est gratifié d’un don divin lui permettant de réaliser cette élévation ésotérique. Et si le musulman s’élevait par la Parole divine prééternelle et incréée, il parviendrait certes à ce à quoi aucun mécréant n’est jamais parvenu. Si la réalisation ou le fait de parvenir à ces objectifs-là dépendaient donc de la pensée et de la raison, alors ces mécréants seraient tous du nombre des gens du Firdaws… et évidemment, il n’en est pas ainsi.

Si par exemple l’individu se développe et approfondis le domaine des rêves, et qu’il parvient à voir une chose avant qu’elle ne se produise, alors on ne dit pas que la connaissance (‘ilm) de la chose a rendu obligatoire sa réalisation physique et concrète. Car comme nous l’avions préalablement développé, la science suit et dépend de la chose, quand bien-même elle précèderait l’apparition de la chose.

Par exemple, si quelqu’un voit en rêve qu’aujourd’hui, il va voyager vers une certaine destination. Et puis après 5 ou 10 ans, son rêve se réalise, il voyage et arrive à ce même endroit qu’il avait vu en rêve. Dans ce cas, on dit bien que la connaissance (‘ilm) suit cet événement. C’est-à-dire que cette connaissance, ou ce dévoilement (kachf) que Allâh ﷻ t’a donné, c’est quelque chose qui s’était déjà produit.

C’est là que l’intellect commence à peiner… parce que de fait, la ma’rifa est difficile à saisir. Attention, ce n’est pas de la philosophie ! Non, c’est une science véritable. Lorsque tu vois quelque chose en rêve… qu’est-ce que tu vois en réalité ? Vois-tu quelque chose qui se passe, un paysage qui défile comme sur un écran de télévision ? Non, au contraire, tu es le héros de l’histoire, tu es donc un élément à part entière de ce rêve. Tu es là, avec ta personnalité, tes habits, ta manière de penser, de parler, d’agir, etc. Et puis un certain temps après que ta vision en rêve n’ait eu lieu, tu te retrouves dans ce même endroit que tu avais vu, tu portes les mêmes habits, tu manges et tu bois la même chose… donc si tu n’avais jamais fait que voir ce qu’il se passe, il aurait été possible que ce ne soit pas toi.

Dans un autre type de rêve tu peux voir par exemple une ville, avec ses particularités. Mais dans un tel cas, tu n’es plus toi-même le héros de l’histoire, tu ne fais que voir, tu n’agis pas. Là où les choses sont vraiment fortes, c’est quand tu te vois toi-même en train d’agir… et c’est cela qu’il se passe dans la mouchâhada, la vision à l’état d’éveil, tandis que le cheminant est occupé à faire du dhikr : ce n’est pas un écran de télévision qu’il voit, mais plutôt il est lui-même un élément à part entière de l’histoire qui se déroule. Donc lorsqu’il voit Adam (‘alayhi s-salâm), il est lui-même une personne en présence de Adam (‘alayhi s-salâm), ou avec Moussa (‘alayhi s-salâm), par exemple… c’est-à-dire qu’il est une personne vivant en cette époque précise.

La question sera donc de savoir : a-t-il véritablement vécu cette vie… ou non ?
Quant à moi je te dis : peut-être que tu l’as vécue… et puis tu l’as oubliée. Le Vrai ﷻ t’a alors rappelé cette vie passée, au travers d’une science précise et limitée, afin que tu te remémores ce que tu as fait.

Voilà donc : tu étais un être d’une grande et immense condition spirituelle… et puis tu t’es toi-même humilié, jusqu’à perdre cette aspiration, et devenir tel que tu es aujourd’hui : insouciant (ghâfil) et ignorant. Si seulement tu retournais à cet état spirituel… car de fait, ton statut était éminemment élevé, lorsque le Seigneur Tout-Puissant te questionna, avant que la création ne fut : « Quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : ne suis-Je pas votre Seigneur ? Mais si ! (Balâ) répondirent-ils, nous en témoignons ! » [2]

Tu vas me dire « Non, moi je n’ai pas dit « Balâ »… je n’étais pas là à ce moment-là… »
Ah bon, et tu étais où alors ?
Bien sûr que si tu y étais ! Tu as dit « Balâ », comme tout le monde… et aujourd’hui, tu le renies. Même si tu fais aujourd’hui partie de ceux qui y prêtent foi, tu ne le fais qu’au travers d’une vague idée perçue d’un verset Coranique ou d’un Hadîth, que tu aurais lu ou entendu un jour, sans prêter grande attention… et ça, c’est vraiment une honte !
La honte, pour un serviteur… c’est de le voir piocher çà et là, il prend les choses telles qu’elles viennent, sans plus. Pas une seule fois il n’a cherché, jamais il n’a ressenti la moindre aspiration dans son cœur, pas la moindre curiosité à l’égard de ce qu’il prenait.

Lorsque notre Seigneur nous dit « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » et que nous avons tous répondu, sans exception : « Balâ ! », il faut que je me pose des questions ! Il faut que je cherche dans la Haqiqa de ma nafs, quand est-ce que j’ai pu dire cela ? Comment ? Où étais-je alors ? Quel était mon état ?

Tu dois comprendre que tu as vécu en des temps passés… et que tu vis également en des temps futurs. Tu ne fais que passer, comme si tu n’étais qu’une vague. Tu n’es rien du tout… ou dit autrement, c’est comme si tu étais une sorte de spectre… tu as vécu dans tel état, puis tu as basculé vers tel autre, puis vers tel autre… et tu t’es ainsi fait ton propre chemin. Tu as vécu l’enfance, l’adolescence, l’âge adulte, la vieillesse, tu t’es décomposé dans la tombe, puis tu as relevé la tête et rouvert les yeux dans le Jour dernier… ça, c’est selon une compréhension basique.

Maintenant selon ce qui est au-delà de la compréhension, tu as en réalité vécu avec Adam (‘alayhi s-salâm), avec Moussa (‘alayhi s-salâm)… etc, jusqu’à aujourd’hui, en 2015… et tu vivras encore dans de multiples époques futures. Comprends donc que tu es vraiment, véritablement, fana, inexistant. Si tu le prends sur base de la Parole divine, telle est la Haqiqa. Mais si tu renies la Parole d’Allâh ﷻ et de Son Messager ﷺ, alors tu te crées toi-même ta propre conception de la réalité, et tu vis ainsi dans une bulle d’illusion.


[1] Sourate Qâf, verset 29.
[2] Sourate al-A’râf, verset 172.

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