Sept cieux et sept terres dans l’apparent et l’occulté

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Sept cieux et sept terres
dans l’apparent et l’occulté

Résumé de l’assise du 19 Janvier 2018 / Jumu’a 1 Jumada al-ola 1439 [Partie1]

Nous revenons donc à la Lecture du lâm al-‘ishq par la Source (manba’) de la Wilâya, et ce depuis le réceptacle (moustaqarr) de la Noubouwa. C’est-à-dire que nous commençons ici le premier cours sur l’élévation du Alif al-Mouqaddar indicateur de l’Unicité du Créateur ﷻ, par la Lecture du lâm al-‘ishq. Et nous ouvrirons ce cours par un verset de la sourate al-Hadid : « C’est Lui le Premier et le Dernier, l’Apparent et l’Occulté, et Il est Omniscient. » [s57.v3]

C’est Lui le Premier sans début et le Dernier sans fin. Il est l’Apparent, de sorte que nul en dehors de Lui ne saurait être apparent. Et Il est l’Occulté dans Son état Apparent même. Il est l’Apparent par Ses Attributs, et Il est l’Occulté par Son Essence, mais cette explication réductrice n’est valable que dans la mise en exergue des différents Noms et de leurs opposés. Car en vérité, Il est l’Apparent par Ses Attributs et par Son Essence, de même qu’Il est l’Occulté par Ses Attributs et par Son Essence, par Ses Noms, par Ses Actes et par Ses Lois : rien de tout cela ne se sépare de Lui, en aucun cas, et conformément à ce qui Lui sied. Il ﷻ est donc apparu par Ses Attributs manifestés dans la perfection de ce qu’Il créa et dans l’établissement de Ses Lois. Et Il s’occulta par Son entité Essentielle et par Sa transcendance de toute forme apparente et de toute analogie ou ressemblance à quoi que ce soit, puisqu’Il est tel que « rien ne Lui ressemble » [s42.v11]. Concernant Son occultation et Sa transcendance et en considération de Sa Suprême Essence, Il est tel que rien ne Lui ressemble. Nulle allusion ne saurait l’indiquer, ni nulle description le décrire. Il est tel que ne saurait Lui ressembler aucune formule ni expression ni forme ni image. Il est différent de tout ce que peut concevoir la pensée, et de tout ce que pourrait indiquer quelque allusion que ce soit.

Exaltée soit donc la transcendance de Celui qui fit apparaître Sa création sans précédent, et qui fit que chaque chose qu’Il créa comprenne sa part propre d’apparition et d’occultation.
Comme nous le dit le Hadîth qudsi : « J’étais un trésor caché, Je créais la création, et par Moi ils Me connurent. »
Mais que veut donc dire « Je créais la création, et par Moi ils Me connurent » ?
Si le Créateur crée la création, c’est par la création que le Créateur est connu… tout simplement parce que si la chose est créée, elle est en elle-même une preuve de l’existence de son Créateur.

Il fit donc que chaque chose qu’Il créa ait sa propre part d’apparition et d’occultation. C’est-à-dire que dès lors qu’Il est l’Apparent et le Caché, Il établit la création comme étant elle aussi sur ce rapport apparent/occulté. C’est ainsi que, par exemple, l’esprit est occulté dans le corps apparent. Et si les corps et les formes apparentes venaient à disparaitre, alors l’esprit se manifesterait et son Secret apparaîtrait. Si ce corps disparaissait et cessait d’exister… bien qu’il n’ait en lui-même aucune existence… c’est-à-dire, si le propriétaire de cet esprit parvenait à la réalisation spirituelle et comprenait véritablement qu’il n’a strictement aucune existence, alors cet esprit lui apparaîtrait, et avec lui son Secret. Voilà pourquoi au final, après la mort naturelle, le corps physique finit par disparaître et il ne reste plus rien de lui. C’est alors qu’entre en jeu l’esprit, et que chacun comprend et saisi qui il est.

Ainsi donc, la création est en conformité avec ce rapport apparition/occultation.

-Le monde apparent (‘âlam al-dhâhir) est le monde saisi par les sens physiques de chaque espèce respective, c’est-à-dire en considération de chaque groupe d’individu : les hommes avec les hommes, les djinns avec les djinns, les plantes avec les plantes, les animaux avec les animaux… Y compris les atomes et les ondes, qui portent tous des informations et s’échangent entre eux ces informations. Ça, c’est une chose à laquelle la science contemporaine est parvenue. L’atome est à considérer avec les atomes, la particule avec la particule, la cellule avec la cellule, les ondes avec les ondes, etc. sans mélange entre les genres. C’est donc en entrant en contact les uns avec les autres qu’ils s’échangent les informations, et il s’agit là du modèle selon lequel notre Seigneur ﷻ créa l’univers.

-Quant au monde occulté (‘âlam al-bâtin), il est saisi par l’ascension de l’esprit qui transporte l’individu vers lui… parce qu’il y en a qui s’imaginent que l’atome ou la particule par exemple sont à considérer comme faisant partie du monde occulté, alors que non bien évidemment. La cellule, l’atome, la particule… tout ceci relève du monde apparent. A partir du moment où l’homme y est parvenu et a su l’observer, la chose est comptée comme relevant du monde apparent. Quand bien même il serait incapable de la percevoir à l’œil nu, il y parvient par l’intermédiaire d’un instrument ou d’une machine qu’il a conçu à cette fin, jusqu’à être en mesure de l’observer, de la mesurer etc. C’est là le problème de beaucoup de gens… quand on leur demande ce qu’est la science occultée (‘ilm al-bâtin), les gens pensent que par exemple les djinns en font partie. Alors que non : à partir du moment où certaines personnes voient les djinns, ces derniers font automatiquement partie du monde apparent. De même les plantes, comment elles germent, poussent puis meurent, tout ceci relève du monde apparent. Idem pour l’atome et la particule. Parce que ton étude des deux mondes apparent et occulté, depuis l’état établi de la Noubouwa (moustaqarr al-noubouwa), sera différente de ce que tu as étudié dans le hâ’ al-hawiya. Car dans le hâ’ al-hawiya, tout ce que ne peut percevoir ta vision à l’œil nu est considéré comme relevant du monde occulté. Mais dans le Alif al-Mouqaddar indicateur de l’Essence, les choses sont différentes : tout ce que peut concevoir la pensée, tout ce que saisit l’intellect et tout ce qu’embrasse la vision relève du monde apparent. Du coup, le monde de l’inconnaissable (ghayb) n’est plus celui que tu te représentais au travers de la Lecture du hâ’ al-hawiya.
Mais concernant le monde occulté, accessible par l’ascension de l’esprit… Allâh ﷻ dit : « Allah a créé sept cieux et autant de terres. Entre eux l’Ordre descend, afin que vous sachiez qu’Allâh est Omnipotent et qu’Allâh cerne toute chose de Son Savoir » [s65.v12]
Et dans le tafsir at-Tabariy :
« Selon Moujâhid, ibn ‘Abbâs a dit : « Si je vous parlais de son tafsîr, vous deviendriez mécréants, et votre mécréance (kufr) consisterait en votre reniement de ce verset. »
Et selon Saïd ibn Jubayr, un homme questionna ibn ‘Abbâs (au sujet de ce verset), et il répondit : « Qu’est-ce qui te garantit que si je t’en parle tu ne vas pas devenir mécréant ? » »
[Jâmi’ al-bayân fi tafsîr al-Qur’ân – at-Tabariy]
Alors évidemment ce genre de paroles, ça nous plaît bien, on dit subhânAllâh… mais comprenez bien, ici sayiduna ibn ‘Abbâs n’est pas en train de nous dire que s’il nous parlait du tafsîr de ce verset il nous dirait des choses qui modifieraient notre croyance (‘aqida) ! Non, bien au contraire. Plutôt, il te dit que la propension de ton intellect à saisir et appréhender les choses s’est accoutumé à un certain ordre des choses, et que si l’on te présentait le tafsîr profond de ce verset, ton intellect le renierait dans son entièreté.

Donc nous disions que les cieux des esprits sont au nombre de sept, et c’est en eux que s’élève le disciple, en eux qu’il réalise son ascension vers le trône de la Présence divine. Et ça, c’est une chose à laquelle le cheminant s’est habitué au travers du premier Secret, en vertu du Hadîth Prophétique : « La terre par rapport au ciel de ce bas monde est comparable à un anneau dans un désert, idem pour le ciel de ce bas monde par rapport au ciel qui est au-dessus, et ainsi de suite jusqu’au septième ciel, lequel par rapport au Kursiy est comparable à un anneau dans un désert, et de même pour le Kursiy par rapport au ‘Arch. » … donc à partir du moment où tous ces anneaux ont été réunis pour le disciple dans la khalwa, ce sont bien les sept cieux qui lui furent réunis et repliés. Ca, c’est l’ascension par le hâ’ al-Hawiya.
De même les terres sont au nombre de sept, soit sept anneaux, dans lesquels la nafs tombe, jusqu’à parvenir et atteindre le plus bas degré terrestre, et c’est ce que l’on désigne comme étant le trône de Iblîs. Chacun de ces anneaux terrestres est exclusivement constitué de ténèbres. Evidemment, il s’agit des ténèbres des passions charnelles, de l’insouciance, etc. dont la diversité et l’intensité varie en fonction du degré considéré.
…comprends que nous sommes actuellement dans la première session d’une série de cours, et que nous sommes en train de te donner la règle de base par laquelle tu pourras comprendre ce qui se dit lorsque nous parlerons de la Lecture depuis le réceptacle de la Noubouwa.

Donc tout ceci est connu au travers du cheminement et de l’éducation spirituelle accompagnant l’ascension vers la Présence sanctifiée. Et évidemment, tout ce cheminement n’est qu’élévation et descente. Si tu t’élèves, tu t’élèves dans les sept cieux, et si tu tombes et t’écroules, tu t’écroules dans les terres… mais cette descente n’est pas à considérer comme partie intégrante de ton éducation spirituelle (tarbiya) : cette descente, ou cette aspiration vers le bas, était déjà en toi avant que tu n’aspires à l’élévation et à l’ascension. Avant donc de t’élever, tu te trouvais déjà dans l’un des différents degrés terrestres.

Ceci dit, si nous considérons ce verset depuis un point de vue différent, à savoir la forme apparente et créée, sans considération des différents degrés du Hâ’ al-Hawiya… c’est-à-dire si l’on considère ce verset en oubliant la Lecture du Hâ’… oublier ne veut pas dire renier, car non ceci est impossible… mais dans le but de parvenir à un point de vue différent et petit-à-petit se familiariser au cheminement depuis ce dernier… donc nous considérons et voyons ces cieux et ces terres du point de vue de la forme apparente et créée. C’est-à-dire qu’à partir du moment où notre Seigneur ﷻ a créé sept cieux, nous les voyons créés. Nous les percevons comme une entité créée, une forme créée. Si ta pensée y parvient, ou si ton intellect y parvient… que tu y croies ou non, ça c’est ton problème. Quoi qu’il arrive, le verset est explicite : « Allah a créé sept cieux » [s65.v12] Allâh nous dit bien qu’Il a créé (khalaqa) sept cieux, et il n’est pas ici question d’un seul ciel… donc ces sept cieux, nous devons les considérer comme étant une création à part entière. Seulement nous, nous ne percevons que le premier ciel, celui sous lequel nous vivons. Nous croyons donc évidemment en le premier ciel de par ce qu’en voient nos yeux, et depuis ce que nous permettent d’appréhender nos perceptions physiques. Cependant concernant les six autres cieux que nous n’avons pas encore vus, évidemment nous ne nions pas leur existence, alhamdulillâh nous sommes croyants… mais nous aimerions en savoir plus, afin que notre foi en cela soit plus grande encore, afin que se révèle à nous la signification de la nouvelle (al-naba), la signification du réceptacle de la Noubouwa, ainsi que ce que représente la Noubouwa pour venir ainsi nous informer de l’Ordre du Créateur ﷻ. Nous découvrons donc ici qu’il y a six cieux et six terres en dehors de ce que nous appréhendons de nos sens physiques. De ce fait, nous pouvons dire que ces six cieux et ces six terres relèvent du monde occulté (bâtin)… puisque nous n’y sommes pas parvenus. Contrairement aux mondes cellulaires et atomiques, car en ce qui les concerne, nous sommes bien parvenus à les saisir, ils ne relèvent dès lors plus du monde occulté. Quant aux six terres et aux six cieux, l’Homme ne les a pas encore atteints. Il peut arriver qu’on en parle de manière métaphorique, et qu’on l’inclue alors dans le monde occulté… et attention, lorsqu’on parle de monde occulté (‘âlam bâtini), il ne s’agit pas de l’Occulté (al-Bâtin) : al-Bâtin, ce n’est pas le monde. Al-Bâtin est un Nom divin, alors qu’ici nous parlons de révéler le monde occulté auquel l’Homme n’est pas parvenu.

Voici un verset qui nous permettra de comprendre plus aisément l’idée de l’existence de six cieux et six terres, dans des formes apparentes et créées, qui ne sont pas des créations vouées à apparaître dans un futur plus ou moins proche, mais qui sont belle et bien telles qu’elles sont aujourd’hui même :
« Ils dirent : Ô Dhul-Qarnayn, Ya’joûj et Ma’joûj sèment désordre sur terre. » [s18.v94]
Et dans un autre verset :
« Jusqu’à ce que soient ouverts (futtihat) les Ya’joûj et Ma’joûj et qu’ils se précipitent de chaque hauteur » [s21.v96]

Si l’on considère l’ensemble de l’humanité, sur dix personnes, neuf font partie de Ya’joûj et Ma’joûj. Et si nous recourons aujourd’hui à leur exemple, c’est dans le but de comprendre ce que signifie et ce que désigne le monde occulté (al-‘âlam al-bâtini). Les Ya’joûj et Ma’joûj sont des êtres de notre espèce, ce sont des êtres humains, des descendants de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm), et ils sont présents avec nous sur Terre. Donc ces gens sont de la même constitution que nous, ils vivent sur la même planète que nous, mais pourtant nous ne sommes jamais parvenus à les voir, ni eux à nous voir, et ce depuis l’époque de Dhul-Qarnayn. Alors si nous ne sommes même pas capables de saisir ce qui se trouve avec nous sur terre… comment pourrions-nous prétendre à connaître et saisir ce qui constitue les six cieux et les six terres ? Si, vivant sur une seule et même terre, nous ne sommes même pas capables de déterminer leur existence par la perception physique, pas plus qu’eux ne le peuvent pour nous… et ce malgré que nous ayons foi en leur existence, et qu’ils aient de leur côté foi en la nôtre… mais la science contemporaine n’est pas encore parvenue à dévoiler leur existence, ni à déterminer leur position exacte.

Donc à partir du moment où ils n’ont pu être perçus par les perceptions physiques et les moyens de mesure contemporains, Ya’joûj et Ma’joûj sont considérés comme relevant du monde occulté. Mais si Allâh le veut… si Allâh le veut… comment nous seront-ils dévoilés ? Le verset nous en informe ici : « Jusqu’à ce que soient ouverts (futtihat) les Ya’joûj et Ma’joûj et qu’ils se précipitent de chaque hauteur ». Jusqu’à ce qu’ils soient ouverts (futtihat), c’est-à-dire jusqu’à ce que soit ouvert le barrage nous séparant d’eux. Donc si le barrage venait à s’ouvrir, nous verrions ce qui se trouve au-delà, et eux verraient ce qui se trouve dans notre dimension. C’est-à-dire donc, lorsque Allâh leur ouvrira la porte… et en vérité, il ne s’agit pas d’une seule porte, mais bien d’une multitude ! Alors, ils jailliront de toute point élevé de la terre, c’est-à-dire de toute hauteur telles que nous les percevons physiquement nous-mêmes… car notre Seigneur ﷻ dit bien « qu’ils se précipitent de chaque hauteur ». Si leur sortie ne devait se faire que depuis leur emplacement propre… car leur naba’ n’a qu’un seul réceptacle (moustaqarr) : ils ne peuvent donc sortir que de ce moustaqarr. Mais à partir du moment où ils se précipitent de chaque hauteur, il nous apparait que ce réceptacle est en réalité très vaste. Car c’est sur chaque hauteur, c’est-à-dire sur chaque emplacement surélevé, que se trouvera un moustaqarr. Et ce moustaqarr a une porte dévoilant ce qui est occulté (bâtin) vers ce qui relève du monde apparent (dhâhir)… c’est ainsi que ces portes seront ouvertes.

Si nous considérons donc cet exemple, et si l’individu est par exemple en train de pratiquer le dhikr… Si le Seigneur ﷻ lui attribue un moustaqarr, et si ce moustaqarr venait à être ouvert, il l’emporterait dans un voyage et dans une ascension vers un monde occulté. Dès lors, cette ouverture (fath) ne serait pas une seule ouverture, ni un seul et même réceptacle (moustaqarr), mais bien une multitude de faths, de moustaqarrs et de portes, et ce en fonction et à la mesure des Noms divins. Et ici la chose n’est pas à restreindre aux Beaux Noms, c’est-à-dire les 99 Noms connus, mais plutôt cela concerne également les Noms dont nous n’avons pas connaissance, ceux qu’Il enseigna à qui Il voulut d’entre Ses créatures, et ceux qu’Il garda occultés dans le domaine de l’inconnaissable (ghayb). Nous avons donc ici une multitude de portes, et des portes vastes.

Les Ya’joûj et Ma’joûj sont des êtres humains comme nous, seulement Allâh ﷻ a établi entre eux et nous quelque chose qui fait que nous sommes voilés les uns des autres. Allâh ﷻ dit à ce sujet : « Et Nous avons mis une barrière devant eux et une barrière derrière eux ; Nous les avons voilés, de sorte qu’ils ne puissent rien percevoir » [s36.v9]
Dans le tafsîr d’ibn Kathîr, au sujet de ce verset :
« Selon Muhammad ibn Ishâq, Abou Jahl leur dit (au groupe d’hommes venus pour assassiner le Prophète ﷺ dès qu’il sortirait de chez lui), alors qu’ils étaient assis : « Muhammad prétend que si vous le suivez, vous serez des rois, qu’après la mort vous serez ressuscités et que vous aurez alors des jardins mieux encore que les jardins de Jordanie. Et à l’inverse si vous vous opposez à lui, vous serez mis à mort, puis que vous serez ressuscités pour être châtiés dans le Feu. Le Messager d’Allâh ﷺ sortit juste à ce moment-là, tenant dans sa main une poignée de terre, Allâh ﷻ faisant en sorte qu’ils ne le voient pas, et il se mit ainsi à semer de cette terre sur leurs têtes tout en récitant la sourate Yâ-Sîn, jusqu’à arriver au verset « Et Nous avons mis une barrière devant eux et une barrière derrière eux ; Nous les avons voilés, de sorte qu’ils ne puissent rien percevoir ». Ceci fait, le Messager d’Allâh ﷺ s’en alla. Les hommes passèrent toute la nuit assis devant sa porte, jusqu’à ce que quelqu’un finisse par sortir de la maison et leur demanda : « Que faites-vous ici ? » Ils répondirent : « Nous attendons Muhammad. » Il dit : « Il est déjà sorti… et il a mis de la terre sur la tête de chacun d’entre vous ! ». Puis il partit à son tour, laissant chacun des hommes présents se dépoussiérer et retirer la terre qu’il avait sur la tête. »
[Tafsîr al-Qu’ân al-‘Adhîm – ibn Kathîr] [1]

Comment ce verset a-t-il été vécu par cette personne qui projetait d’assassiner sayiduna al-Mustafa ﷺ ? Ils étaient tous au même endroit, mais ne se sont pas vus ni entre eux, ni sayiduna al-Mustafa ﷺ : c’est comme s’ils s’étaient évanouis. Et s’ils sont comme tombés évanouis… c’est qu’en vérité ils sont tombés dans un monde occulté (‘âlam bâtiniy). Et s’ils n’ont pas vu sayiduna al-Mustafa ﷺ, c’est qu’il était lui passé dans un monde occulté. Donc cette barrière… la barrière étant en vérité quelque chose qui bloque dans un sens comme dans l’autre : tu ne me vois pas, et je ne te vois pas non plus, c’est-à-dire que tu es dans un monde, et je suis dans un autre monde. Puis si cette barrière est ouverte, alors tu me vois et je te vois.
« Nous les avons voilés, de sorte qu’ils ne puissent rien percevoir », c’est-à-dire que leur vision a été bloquée, de sorte qu’ils ne virent plus sayiduna al-Mustafa ﷺ, qui pourtant se trouvait juste devant eux. Quant au Bien-Aimé ﷺ, dont la vision était bien ouverte, il transperça le monde apparent par le monde occulté, et c’est ainsi qu’ils ne purent le voir, tandis que lui les voyait bien… Donc toi qui veux toujours comprendre les choses à ta sauce, avec l’intellect et la logique, et bien applique ici ta manière de voir les choses ! C’est-à-dire, considère cette histoire depuis le point de vue purement intellectuel.

Pour ne pas revenir à l’exemple de la Sunna et de ce qui touche à sayidina al-Mustafa ﷺ, afin d’éviter de faire preuve d’inconvenance vis-à-vis de lui ﷺ, nous allons prendre un autre exemple. On considèrera que tu te trouves, toi, en compagnie de quelqu’un d’autre. Tu as ce verset, qui se trouve être une clef permettant à la fois d’ouvrir et de fermer. Si tu veux ne pas être vu de celui qui se trouve avec toi, et si ton Seigneur t’a remis le Secret de ce verset, alors celui qui est avec toi ne te verra pas. Entre toi et lui, il y aura une barrière, malgré que vous vous trouviez au même endroit, dans le même monde. Mais toi par rapport à toi-même, si on considère ton cas particulier, on constatera que tu te trouves en réalité dans un monde, et que celui qui ne te voit pas se trouve dans un autre monde. Tandis que l’un se trouve dans le monde occulté, l’autre se trouve dans le monde apparent… alors que vous vous trouvez tous deux à la même place. Ne comprends pas cela dans le sens où il s’agirait comme d’un évanouissement ou d’une perte de conscience, comme si l’autre personne s’était mis à dormir. Non, il n’est pas ici question de dormir, puisque l’individu est debout. Il ne s’agit pas non plus d’un état d’insouciance, un état dans lequel on serait absent, absorbé par autre chose, et qu’on ne ferait pas attention à ce qui se passe autour de nous… non, ça c’est pas possible, parce que tu es justement là pour ça : tu es là avec la ferme intention de trouver la personne, et rien d’autre ! Comment pourrait te venir un instant d’inattention, aussi fort que ça ? Ici, tu dis évidemment qu’il s’agit de la Toute-Puissance divine… et si tu dis cela, alors tu réponds à ma question. Parce que cela veut dire que tu as été saisi par un état de somnolence, par rapport et dans ton propre intellect, et dans cet instant de somnolence, tu es entré dans un monde qui n’est pas comme ce monde… et du coup, tu t’es retrouvé avec un réceptacle (moustaqarr) différent de celui-ci.

Donc si nous comprenons ce verset par rapport aux mécréants qui étaient venus dans le but de nuire au Maître de la création ﷺ, nous dirons que le verset les a fait descendre vers un niveau de terre différent de celui-ci… et si nous comprenons ce verset par rapport à sayidina al-Mustafa ﷺ, dans ce même contexte, alors nous dirons qu’il l’a élevé vers un degré céleste ou vers un ciel différent de celui-ci.

…à suivre…


[1] Egalement dans le tafsîr d’ibn Kathîr :
« Selon ‘Ikrima, Abou Jahl dit un jour : « Si je vois Muhammad, je lui ferai ceci et cela ! ». Ce verset fut alors révélé, puis on dit à Abou Jahl : « Voici Muhammad ! » et il répondait : « Où est-il ? Mais où est-il !? » car il ne le voyait pas. [rapporté par ibn Jurayr]
Et dans le tafsîr al-bahr al-madid :
« On dit que ce verset fut révélé pour Bani Makhzoûm. Abou Jahl avait juré que s’il verrait Muhammad ﷺ prier, il lui écraserait la tête. Il vint donc à lui alors que le Prophète ﷺ était en prière, tenant en sa main une pierre, mais lorsqu’il la brandit son bras se plia vers sa nuque, et la pierre se colla à sa main au point qu’il fut nécessaire de forcer pour l’en décoller. Abou Jahl retourna vers les siens et leur rapporta ce qui s’était passé. Un homme d’entre les bani Makhzoûm dit alors : « Je le tuerais moi, avec cette même pierre ! » Il s’en alla donc, mais Allâh l’aveugla, si bien qu’il fut incapable de voir le Prophète ﷺ, alors que pourtant il l’entendait. Il revint à son tour auprès des siens, mais il ne les vit pas non plus, jusqu’à ce qu’ils l’appellent. »

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