بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Prends la bay’a, retourne à « Bala »
Résumé de l’assise du 6 Avril 2018 / Jumu’a 19 Rajab 1439 [Partie 2] :
Cette Connaissance (ma’rifa) de la Lumière est saisie par l’intellect éveillé aux compréhensions célestes, demeurant tel quel depuis la prise de l’engagement prééternel, lorsque le Vrai ﷻ les interrogea tous : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » ils répondirent « Si, bien sûr (Bala) ! [1]. » A ce moment-là, tous autant que nous sommes, sans exception, nous nous trouvions dans la même Source (manba’), dans la même nouvelle (naba’). Le Créateur nous a fait témoigner, Il nous a transmis la nouvelle (naba’) de Son Dessein (amr), et nous avons alors attesté sur nos propres âmes du fait que nul n’Est, en dehors du Seigneur ﷻ. Nous avons témoigné en nous basant sur une vision concrète, puis, lorsque nous fûmes retournés au monde matériel et à l’état de voilement, nous avons renié la nécessité du suivi, nous avons renié notre propre chahâda, prétendant qu’il ne s’agissait là que d’une innovation totalement infondée. Lorsque toutes les âmes étaient réunies, lorsque nous étions dans une Union parfaite, en une Poignée de Lumière, nous attestâmes tous de la même chahâda, parfaitement Connaissants de l’Unicité du Créateur, Sa Lumière ayant empli et entièrement comblé notre existence. Puis, lorsque nous fûmes renvoyés vers l’état de désunion (farq), nous faisant sortir les uns après les autres dans nos formes corporelles, tous nièrent, excepté un petit nombre d’entre ceux à qui Allâh fit Miséricorde. Ils furent submergés par l’opacité de leurs perceptions physiques et matérielles, qui leur firent oublier cet engagement prééternel.
Parmi les disciples, il y en a certains qui disent « Ah, si seulement je n’avais pas pris la bay’a… » Prends la bay’a, ou ne la prends pas… engage-toi vis-à-vis d’Allâh, ou ne t’engage pas… quoi qu’il arrive, tu as contracté le Pacte à l’époque de « Bala », le temps avant le temps où tu as attesté contre toi-même de cette Réalité ! Tu n’as renié cela que par impiété. Lorsque tu rencontres la personne à même de te guider, tu dois au contraire remercier Allâh ! Tu dois te réjouir de ce privilège qui t’est donné de pouvoir retourner à cette époque, à ce Pacte Originel, afin de réparer l’engagement que tu as renié avec ton Seigneur ﷻ. En aucun cas la solution ne se trouve dans le fait que tu dises : « Je ne prends pas bay’a. » Ca, c’est ton problème à toi, c’est toi que ça regarde… sache que quoi qu’il arrive, tu as déjà contracté la bay’a ! Ta bay’a, ce n’est pas ta bay’a auprès des Karkariy… mais plutôt c’est ton engagement à l’époque de Bala ! Tu as alors vu et contemplé tous les exemples : tu étais une Niche, une Lampe et un Astre de grand éclat. Tu as attesté de l’Unicité des astres en un seul et unique, qui fut pour toi « l’Etoile lorsqu’elle descend [2] », et tu as alors attesté sur toi-même : « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » Ils répondirent : « Si, bien sûr (Bala), nous en témoignons ! » …afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : « Vraiment, nous n’étions pas conscients de cela ! » [3] »
Nous avons tous témoigné sur nous-mêmes, par nous-mêmes, du fait que Tu es l’Unique, le Singulier, l’Exclusif, le Seul à être imploré… mais par la suite, lorsque tu es retourné à ce bas-monde, tu n’as plus eu qu’un lointain souvenir de cette attestation, une simple parole que tu fais courir sur ta langue, sans aucune vision (mouchâhada) qui l’accompagne ni preuve qui vienne la confirmer pour toi. Allâh t’a envoyé les Prophètes, les Messagers et les Saints… de sorte que si tu es du nombre de ceux qui vivent à l’époque d’un Prophète, c’est à lui que tu dois t’en remettre pour renouveler ton Pacte et arranger ta situation. Si tu vis à l’époque d’un Messager, c’est auprès de lui qu’il faut que tu renouvelle ton Pacte et arrange ta situation… et si tu vis à l’époque d’un Waliy, c’est encore auprès de lui qu’il te faudra renouveler le Pacte que tu as jadis pris avec ton Seigneur.
Inutile de chercher à fuir, tu n’as aucune issue ! Si tu n’es pas satisfait de cela, alors il faut que tu sortes de l’univers du Créateur ﷻ : cherche-toi un autre monde, fais nous voir en quoi tu pourrais être associé avec Lui…
Si tu n’as pas été capable de te mesurer à Lui à l’époque de Bala, comment le ferais-tu aujourd’hui où tu es limité à un état matériel dont Il est le Créateur et le Seigneur ?
Voilà donc la permission (idhn) te permettant de parvenir à la Science issue de la Lumière, une Science dont Allâh donna des exemples, se manifestant sous forme de Lumière : Niche, Lampe, Cristal… etc. te permettant de parvenir à la Science totale et absolue, pour que s’unissent et se complètent la Lumière de la Science et la Lumière de la Foi incréée, précédent toute éternité. Ne renie cela qu’un apostat ! Car celui qui a en lui la Lumière et la Foi, il voit et est témoin de la manifestation dans son cœur de ces exemples théophaniques, et malgré que le temps, l’espace et la matière lui aient fait oublier, il réalise que son âme est bel et bien passée par cela auparavant. Il ne lui reste donc plus qu’à revenir, à l’aide de cette Lumière que le Créateur ﷻ manifesta par la main de Ses Saints, jusqu’à atteindre et faire partie des gens en qui furent réunies la Lumière de la Science avec la Lumière de la Foi. Tu reviens alors auprès d’eux, et tu répètes ce même engagement que tu as contracté en ce temps avant le temps… et alors tu réalises effectivement le verset « Certes, ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter allégeance à Allâh », comme si cela signifiait : certes, ceux qui te prêtent allégeance, ô personne de Science, ne font que prêter allégeance à Allâh. Et dans le Hadîth : « Je laisse parmi vous ce que, si vous vous y attachez, vous ne vous perdrez pas après moi. L’une de ces deux choses est plus importante que l’autre : le Livre d’Allâh, qui est une corde tendue depuis le ciel vers la terre, et l’élite (‘itra) des gens de ma maison (ahl bayti). [4] »
Soit, conformément au verset précité : Certes, ceux qui te prêtent serment d’allégeance, ô gens de la ‘itra, ne font que prêter allégeance à Allâh. Et étant donné que tu as déjà prêté allégeance à Allâh, il ne t’incombe que de répéter ton engagement, car l’état de désunion suscité par l’apparition du monde matériel et progressivement créé t’a fait oublier l’Unique et Exclusif.
L’Homme acquiert l’intellect supérieur et céleste de manière graduelle et progressive, c’est-à-dire selon ce qu’il peut percevoir des sept degrés, correspondant aux sept Lectures du Nom divin. Chaque Lecture t’élève d’un degré, comme le précise le Hadîth : « Lis et élève-toi [5] ». Et celui qui nie le fait que le Nom divin soit étudié selon ces différents degrés, alors qu’il nous explique comment se fait l’élévation dont fait état le Hadîth ?
Si tu dis que le Nom est indicateur du Nommé, nous sommes d’accord avec toi. Et si tu penses qu’il ne s’agit que d’évoquer et répéter ce Nom, qu’il n’y a pas d’élévation en différents degrés respectifs, et bien alors fais nous voir cette aspiration spirituelle : prononce-le une seule fois, et fais-nous voir le foudroiement, que lorsque l’on te regarde, on ne te voie plus, mais qu’on ne distingue plus qu’une Poignée Lumineuse. Ce Nom, tu l’évoques peut-être durant des nuits entières… mais ton état n’évolue pas d’un iota.
Évidemment, ceci s’acquiert graduellement, et au travers d’une permission (idhn) prise des gens de la Science : « dans des maisons que Allâh a permis (idhn) qu’on élève en en lesquelles Son Nom est évoqué [6] ». C’est-à-dire que si tu pratiques l’évocation de ce Nom sans idhn, tu resteras malgré tous tes efforts en dessous des degrés dont nous parlons. Si au contraire tu débutes la pratique du dhikr avec idhn, ce idhn te confère dès le début le premier degré. C’est cela que nous appelons les sept Lectures. Comme s’il s’agissait de sept paliers comprenant chacun dix degrés, soit un total de soixante-dix lectures. Et dans le Hadîth : « Soixante-dix mille voiles de Lumière et de ténèbres séparent Allah (de sa création) [7]. », ce qui veut dire qu’entre le Vrai et la création se trouvent soixante-dix degrés, soixante-dix voiles, au-delà desquels tu comprends et conçois l’Unicité divine.
Cela ne se fait pas d’un seul coup, comme certains se l’imaginent, par ignorance. Si ceci pouvait être donné d’un seul coup, cela te brûlerait, tu ne serais pas capable de faire face. Comment le pourrais-tu, toi qui es si loin… même si tu la voyais, tu la renierais ! Tu en perdrais la raison, et tu ne serais plus utile à quoi que ce soit. C’est ce qui se produit avec l’ignorant, lorsque la Haqiqa vient le heurter de plein fouet, c’est-à-dire lorsqu’il reçoit un Secret d’entre les Secrets que Allâh ﷻ réserva à Ses Saints. Dès lors, de deux choses l’une : soit il apostasie la religion (kufr), soit il se détourne de la Voie (nakth). Il en est ainsi pour ceux qui sont sortis de la Tariqa : soit le kufr, soit le nakth. Parce qu’ils ne peuvent pas… ils sont incapables de nier la matérialité des choses, ils sont incapables de nier les ténèbres, ils sont incapables de saisir la Haqiqa telle qu’elle est. Et parce qu’ils sont incapables de saisir cela, ils le rejettent… bien que, dans un cas comme dans l’autre (kufr ou nakth), ils sont voués à la perdition, sans aucun espoir possible. Ne dis pas que le nakith vaut mieux que le kafir… c’est la même chose ! Le nakith a nié la Proximité, il a nié la Présence du Créateur ﷻ, il a nié « et Nous sommes plus proche de lui que sa propre veine jugulaire » [8]… nakith ou kafir, c’est du pareil au même. Chez les gens de l’ésotérisme, le statut est le même. Chez les gens de l’exotérisme et de la Loi apparente, évidemment, c’est autre chose… toute personne qui dit « la ilaha illa Allah », on ne peut le sortir de l’Islam.
[1] Sourate al-A’râf, verset 172.
[2] Sourate al-Najm, verset 1.
[3] Sourate al-A’râf, verset 172.
[4] Authentifié par al-Albâniy, Sahîh al-Jâmi’, n°2458
[5] Hadîth : « On dira au lecteur assidu du Coran : « Lis et élève-toi ! Récite clairement comme tu le faisais dans le bas monde, car ta demeure te sera fixée au dernier verset que tu liras. » » [Rapporté par Abou Dawoud et at-Tirmidiy]
[6] Sourate al-Noûr, verset 36.
[7] « Soixante-dix mille voiles de Lumière et de ténèbres séparent Allah (de sa création). Nul n’atteint la réalité d’un de ces voiles sans être anéanti. »
[Abu Ya’la dans son Musnad, at-Tabarani dans al-Kabir et Ibn Abi ‘Asim]
[8] Sourate Qâf, verset 16.