Les sept sciences de la Lumière

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و على اله و اصحابه أجمعين

Les sept sciences de la Lumière

Résumé de l’assise du 30 Mars 2018 / Jumu’a 12 Rajab 1439 [Partie 6] :

[…]
Finalement, nous en venons au fait que la nouvelle du réceptacle (naba’ al-moustaqarr), qui correspond à la moitié du Alif que nous étudions actuellement, constitue la Science de la science. C’est la ma’rifa, par la science de la Lumière. Allâh ﷻ dit : « l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions accordé une Miséricorde de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une Science émanant de Nous. [1] » S’il a été donné au serviteur une miséricorde, mais sans la Science de la miséricorde, alors ce serviteur est toujours défaillant sur le point de vue de la connaissance de son Seigneur. Cette miséricorde, c’est-à-dire cette Lumière, doit être accompagnée de Science : la Science de la miséricorde.

La Science de la miséricorde désigne la nouvelle de la Prophétie (naba’ al-noubouwa). La Science Lumineuse, ou la nouvelle de la Lumière, est décrite de manière limpide dans le Livre d’Allâh ﷻ et se distingue en sept degrés différents, qui se trouvent finalement réunis en un huitième degré les synthétisant tous… à l’image des degrés du Paradis : sept degrés différents, et un huitième que tu peux considérer comme étant le Firdaws.
Ces sept degrés sont clairement mentionnés dans le verset de la Lumière :
« Allâh est la Lumière des cieux et de la Terre. Un exemple de Sa Lumière est tel qu’une Niche dans laquelle se trouve une Lampe. La Lampe est dans un Cristal. Le Cristal est semblable à un Astre de grand éclat, dont le combustible provient d’un Arbre béni, un olivier ni oriental ni occidental dont l’Huile semble éclairer sans que le Feu ne la touche : Lumière sur Lumière, Allâh guide vers Sa Lumière qui Il veut. [2] »
Le verset commence par nous mentionner la Lumière, c’est-à-dire le premier Attribut qui apparaît du Nom indicateur de l’Essence (Allâh). « Allâh est la Lumière des cieux et de la Terre ». Puis débute la mention des différents exemples de cet Attribut : « un exemple de Sa Lumière », c’est-à-dire, un exemple de cette Science, car comme l’ont dit l’Imâm al-Shâfi’iy et d’autres : la Science est Lumière. C’est ici que commencent à apparaître les degrés qui te mèneront vers des choses éminemment célestes, et tu comprends que cette Science est incluse et répartie en quatre… ou plutôt sept, degrés différents :
La Science de la Niche, la Science de la Lampe, la Science du Cristal, la Science de l’Astre, la Science de l’Arbre béni, la Science de l’Huile et la Science du Feu (dont en réalité la base fondamentale est Lumière).

Donc pour commencer, si tu réalises pleinement le degré de la Niche, tu constates qu’elle est fermée de derrière, et ouverte de ton côté… si toutefois tu fais partie des gens de l’ouverture spirituelle (Fath). Car si au contraire tu fais partie des gens du reniement, alors la Niche est fermée de ton côté, et ouverte du côté qui t’est opposé. Parce qu’évidemment, la Niche est nécessairement ouverte d’un côté et fermée de l’autre. En effet, si tu places une Lampe dans une Niche qui serait ouverte des deux côtés, cette Lampe n’illuminerait rien du tout. Si en revanche la Niche est ouverte d’un côté et fermée de l’autre, elle illumine et sa Lumière peut se diffuser. Par exemple une lampe, si on l’allume à l’extérieur… cela n’aura aucun effet. Elle sera vue, mais n’illuminera pas ce qu’il y a autour d’elle. Maintenant cette même lampe, si nous l’allumons à l’intérieur de la zawiya, elle ne s’éclairera plus elle-même uniquement, mais plutôt elle illuminera toute la pièce.

Allâh ﷻ dit : « un exemple de Sa Lumière est tel qu’une Niche dans laquelle se trouve une Lampe. La Lampe est dans un Cristal » si tu considères l’ordre dans lequel ces exemples ont été mentionnés, tu noteras que malgré que la Lampe ait été mentionné avant le Cristal, ce dernier est tout de même ton premier vis-à-vis. Ici, tu as donc besoin de la Science du Cristal. Et ce Cristal, s’il est bien existant, sa nature demeure cachée, parce que ta vue le traverse et perçoit ainsi la Lampe qui se trouve derrière. Cependant, tu es incapable de toucher la Lampe. Si tu touchais quelque chose, tu ne toucherais que le Cristal, et en aucun cas la Lampe. Et la Lampe, associée au Cristal et à la Niche, te donnera… l’Astre de grand éclat. C’est alors donc que tu auras accès à la Science de l’Astre de grand éclat.

Une fois parvenu à la Science de l’Astre, tu ne pourras pas te suffire de cela puisque « son combustible provient d’un Arbre béni, un olivier ni oriental, ni occidental », c’est-à-dire : la Science de l’effacement des directions par l’Arbre béni, si vaste que c’est comme s’il n’avait pas de limite (la muntaha)… car ne le concerne ni droite, ni gauche, ni devant, ni derrière, ni haut, ni bas. Au travers de l’Arbre, c’est comme si tu allais étudier l’exemple suprême grâce auquel tu accèderas à l’absolu (itlâq). Comme si tu étudiais la toile de l’intellect. Or, de toute évidence, cet intellect saisira des choses qui ne te seraient jamais venues à l’esprit. Et si ton intellect à toi ne saisit que des choses superficielles, il existe des intellects qui quant à eux saisissent des choses… vraiment, mashaAllâh ! Voilà pourquoi le statut de l’Arbre est plus élevé encore que celui de l’Astre.

Et concernant l’Arbre béni, quelle est sa finalité ?
Il s’agira d’en étudier sa forme apparente d’une part, et d’autre part la subtilité ésotérique par laquelle on établit qu’il est Vivant : l’Huile. L’Huile, c’est-à-dire l’Eau qui flue dans l’Arbre tout entier et nous donne de l’Huile.

Puis finalement, le Feu, qui est encore plus subtil que l’Eau fluant dans les ramifications de l’Arbre. Il se peut par exemple que tu repères une branche et que tu la croies morte… passe une année, et la voilà qu’elle bourgeonne et refait valoir ses atouts, te faisant réaliser qu’elle est en vérité bien vivante. Toi, tu es ébahi par l’apparence des choses, car tu t’imagines que la vie implique nécessairement la présence d’eau, et c’est une réflexion tout à fait logique… seulement dans cet exemple, tu constates que malgré que la branche ait perdu son eau, elle demeure tout de même vivante. C’est la raison pour laquelle la subtilité de la Lumière est plus subtile encore que tout ce que tu pourrais concevoir… si tu réalisais qu’elle ne peut être touchée, ni vue, ni rien de cela… alors tu serais introduit dans une dimension nouvelle de la Science.

Le degré qui réunit et synthétise l’ensemble de ces sept degrés, c’est le degré de « Lumière sur Lumière ». Et pour mieux comprendre cet exemple, nous donnerons un exemple simplifié, disant qu’il s’agirait de la Lumière de la Science et de la Lumière de l’intellect, te menant donc à une compréhension et à une Science. Quel degré pourrait-il être plus grand que celui-ci ?

Non, tu ne trouveras pas mieux. Parce que le fait d’avoir l’intellect et la Science, c’est la parfaite réalisation de « Sache donc que « la ilaha illa Allâh » (point de divinité en dehors d’Allâh) [3] » : sache que « la…« , ici, la négation est totale est absolue. Puis l’affirmation de la divinité : « illa Allâh« . C’est-à-dire que tu ne peux pleinement réaliser l’Existence de l’Unicité du Créateur que dans la mesure où tu serais au fait de la science de la négation. Car si tu n’as pas connaissance de la science de la négation, tu ne pourras pas accéder à la science de l’affirmation.

C’est la raison pour laquelle le Nom Singulier et indicateur de l’Unicité du Créateur ne peut être lu, d’une lecture spirituelle, que dans la mesure où tu aurais préalablement appris à renvoyer tout ton être au néant de la négation absolue. Car en effet, comment ton existence pourrait-elle se joindre à l’Existence du Seigneur ﷻ ? Si tel était le cas, tu serais un associé avec Allâh ﷻ !
Plutôt, réalise que tu n’as absolument aucune existence, et alors tu seras à même de concevoir l’Existence du Seigneur ﷻ.

Les différents degrés de la Lumière de la Science nous sont décrits de sorte que c’est comme s’ils étaient imbriqués les uns en les autres, ou même comme s’ils se confondaient les uns les autres : « comme une Niche dans laquelle se trouve une Lampe. La Lampe est dans un Cristal » puis, ces trois exemples semblent comme imbriqués les uns dans les autres deviennent comme confondus en un quatrième, qui vient les synthétiser : « …semblable à un Astre de grand éclat ». De cela, il s’agit de comprendre que ces filières de la Science sont en vérité imbriquées et très liées les unes aux autres. C’est pour cela que nous les appelons les nawâmis, comme s’il s’agissait d’une toile d’araignée : « La demeure la plus fragile est celle de l’araignée : si seulement ils savaient ! [4] » c’est-à-dire un trait, lié à un autre trait, lui-même lié à un autre trait, etc. Comme s’il s’agissait de Alifs Mouqaddars liés les uns aux autres, pour au final te donner un seul et unique Alif : le Alif indicateur de l’Unicité du Créateur ﷻ… bien que les différents Alifs y mènent eux aussi, et si tu ne le réalises pas, le problème est en toi-même et non pas en le nâmis al-mouqaddar… car c’est là l’unique rôle des nawâmis : te faire parvenir à la réalisation de l’Unicité d’Allâh ﷻ. Les planètes ne sont là que pour te faire parvenir à la réalisation de l’Unicité d’Allâh… le soleil n’est là que pour te faire parvenir à la réalisation de l’Unicité d’Allâh, à Sa magnificence… si toi tu as d’autres projets en tête, c’est ton problème, pas celui de l’univers ! Allâh n’a créé le monde que pour faire apparaître et te permettre de parvenir à Ses Noms, Ses Attributs, Ses Lois et Ses Actes… si toi tu y vois autre chose, la défaillance est en toi, en ton cœur, en ton intellect, et non pas dans le monde qui est établi sur un équilibre absolument parfait.

Le réceptacle (moustaqarr) de la Niche est le moustaqarr de l’Astre, le moustaqarr de l’Arbre… etc. Au final, il n’y a qu’un seul et même moustaqarr pour tous ces degrés. Voilà pourquoi sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit dans un Hadîth : « J’étais Prophète tandis que Adam était (encore) entre l’eau et l’argile. »
Il y a donc un moustaqarr unique qui réunit l’ensemble de tous les moustaqarrs. Tel est sayiduna al-Mustafa ﷺ, et telle est sa Noubouwa ﷺ : la Noubouwa qui les réunit toutes. Si tu voulais étudier les différents moustaqarrs, tu constaterais que malgré des similitudes évidentes entre eux, le moustaqarr de Moussa reste tout de même différent de celui de ‘Issa ou de Yoûssouf… mais si l’on considérait le moustaqarr de sayidina al-Mustafa ﷺ, on constaterait qu’il est celui qui réunit l’ensemble de tous les moustaqarrs. En ce sens nous dit-il ﷺ qu’il était Prophète tandis que Adam était entre l’eau et l’argile, nous renvoyant au fait qu’il est le premier des Prophètes… et dans un autre Hadîth : « Je suis le sceau des Prophètes [5] ». Sa nouvelle (naba’) est donc et demeure, perpétuelle.

Ainsi, plutôt que de te fatiguer dans des recherches au cœur d’une multitude de moustaqarrs différents, contente toi de chercher dans le moustaqarr de sayidina al-Mustafa ﷺ. Car dès lors, c’est comme si tu cherchais dans les domaines spirituels de l’ensemble des Prophètes et des Messagers. C’est pour cela que le Coran vint avec le Tawhîd (Unicité), les Qasas (récits) et les Ahkâm (Lois), les Qasas ayant pour fonction de te présenter les différents moustaqarrs dans leurs multiples dimensions. Le Coran te raconte ainsi le moustaqarr de la Noubouwa de Adam (‘alayhi s-salâm), de ‘Isa (‘alayhi s-salâm), etc… et voilà l’ascension (mi’râj) de sayidina al-Mustafa ﷺ : lorsqu’il s’éleva vers sidrat al-muntaha, le premier moustaqarr qu’il rencontra fut celui de Adam (‘alayhi s-salâm) dans le premier ciel. Il l’a reconnu, il l’a salué, il a reçu de lui… et il était alors à la fois le transmetteur (moulqiy) et le receveur (moutalaqqiy)… et ainsi de suite jusqu’à atteindre le septième ciel, où se trouvait sayiduna Ibrahim (‘alayhi s-salâm), pour ensuite parvenir au plus élevé des degrés, qui est le degré des meilleurs d’entre les anges, correspondant à une nouvelle dimension du moustaqarr… De là, il poursuivit jusqu’à sidrat al-muntaha, ou pour réemployer le terme des textes, il a traversé (kharaqa) jusqu’à atteindre le point de non-limite (la muntaha), sans début ni fin… c’est ainsi que nous comprenons que, son moustaqarr était vaste au point de réunir et englober tous les autres. Donc, où que tu ailles, reviens au Prophète ﷺ, et tu découvriras la Science véritable, tu trouveras en lui un professeur, un guide, un Prophète et un Messager… quelle que soit la vision que tu lui portes, tu réaliseras que lui revient en vérité une description de Jamâl au-delà de tout ce que tu pourrais concevoir.

Il n’y a pas plus Beau que le Prophète ﷺ. C’est bien pour cela que son nom fut associé au Nom de l’Absolu : « la ilaha illa Allâh, Muhammad rassoûlullâh ﷺ ». L’exemple suprême (al-mathal al-a’la) n’est donc nul autre que l’exemple du Prophète ﷺ. Et afin que tu goûtes à cette Noubouwa du Prophète ﷺ, tu dois être atteint par une nouvelle (naba’), dans le moustaqarr de ton cœur, c’est-à-dire les quatre exemples donnés : la Niche, la Lampe, le Cristal et l’Astre. Alors, tu pourras comprendre cet Arbre, l’Arbre des Prophètes et des Messagers. Puis au final, la Luminosité de l’Huile de cet Arbre te laissera abasourdi, tu réaliseras qu’il s’agit de la Lumière du Prophète ﷺ…

Sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit : « Je suis la Ville de la Science et ‘Ali en est la Porte ». Comme si la Ville de Lumière (Madina al-Mounawwara) toute entière n’était autre que le Prophète ﷺ… cependant, il dit aussi : « Entre ma tombe et mon minbar se trouve un Jardin d’entre les Jardins du Paradis. » Entre la tombe et le minbar se trouve un Jardin… et la Ville elle-même est un Jardin… De cela, tu comprends que tu ne peux pas réunir l’ensemble de ce qui peut être saisi des sciences de la Ville, mais qu’il t’a attribué un certain confinement, entre la tombe et le minbar, afin que tu puisses avoir l’opportunité d’aller y prier deux rak’at, comme si tu les priais dans le Paradis… à condition toutefois que ces deux rak’at soient véritablement deux rak’at. Et si tu cesses d’être (in lam takun), alors pries les où bon te semblera dans la Ville, car sa terre est une guérison pour tous les maux… et nous sommes tous malades. Nous sommes malades dans la croyance (‘aqida), malades dans la pensée, malades dans le suivi, malades dans la conformité, malades dans la science…

Tel est le Prophète ﷺ, il nous a laissé deux pieds, qui perdurent jusqu’à aujourd’hui et qui perdureront jusqu’au Jour dernier : le Coran et la ‘itra de ahl al-bayt, afin que tu atteignes la droiture dans ton cheminement. Si en revanche tu fais partie des gens du Coran à défaut de la ‘itra, c’est comme si tu entendais marcher d’un seul pied : évidemment tu en serais incapable. Et si tu fais partie des gens qui s’attachent à la ‘itra mais délaissent le Coran, même chose. En ce sens l’Imam Malik (rahimahullâh) dit : « Quiconque s’initie au Fiqh (jurisprudence) sans s’initier au Tasawwuf tombe dans la perversion. Et quiconque s’initie au Tasawwuf sans s’initier au Fiqh tombe dans l’hérésie. Quiconque allie les deux atteint la Vérité. » c’est-à-dire qu’il se sera alors conformé à l’état de droiture (istiqama) dans le suivi de sayidina al-Mustafa ﷺ.


[1] Sourate al-Kahf, verset 65.
[2] Sourate al-Noûr, verset 35.
[3] Sourate Muhammad, verset 19.
[4] Sourate al-Ankaboût, verset 41.
[5] Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim.

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