Le Nom n’est jamais séparé du Nommé

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله

Le Nom n’est jamais séparé du Nommé

Résumé de l’assise du 12 Octobre 2018 / Jumu’a 2 Safar 1439 [Partie 1] :

Nous revenons au sixième cours dans la lecture du lâm al-‘ishq par le Alif indicateur de l’Unicité divine, et plus précisément par le athar de la risâla. Nous nous exprimons selon le athar de la risâla, sans prétention à parler directement de la risâla, laquelle demeure le propre des prophètes et messagers. Nous ne faisons donc que parler de sa trace (athar) et de comment comprendre comme il se doit la réalité de son suivi et de sa mise en application.

Sayiduna al-Mustafa ﷺ est certes la Lumière divine, c’est par lui qu’elle est apparue et s’est pleinement manifestée, faisant apparaître l’ensemble de tous les Noms. C’est-à-dire que celui qui recherche la connaissance profonde et ésotérique des Noms du Seigneur ﷻ, en vertu de « et Il enseigna à Adam l’ensemble de tous les noms [1]. », cette science découle en réalité de sayidina al-Mustafa ﷺ, ou pour dire les choses par la langue de la Haqiqa : c’est par la Lumière du Prophète que cette science apparut, et en lui qu’elle n’a cessé d’apparaître, de lui qu’elle provient et vers lui qu’elle retourne.

Contrairement à ce que peuvent croire les gens du commun, les Noms divins sont des sens profonds et subtils. Lorsque tu parles aux gens des Noms divins, ils ont généralement une définition propre à chaque Nom évoqué, une définition ou une présentation succincte de l’écriture de chaque Nom… et c’est tout ce qu’ils savent d’eux. Tu constateras ainsi que leur connaissance des Noms divins est extrêmement simple et limitée, et qu’ils sont tout à fait incapables d’en tirer un souffle profond ou un flux allongé dans la compréhension et la capacité à goûter à chacun d’entre eux. Selon les gens du commun encore, les Noms divins ne se manifestent qu’au travers des apparences…
En vérité, du fait que ces Noms sont les Noms du Vrai ﷻ, ils ne sont en rien comparables aux noms des serviteurs. Or, concernant les noms des créatures… si l’on mentionne par exemple le nom d’un arbre, cet arbre n’est pas présent forcément avec nous au moment-même où nous le mentionnons. Seul son nom est présent. Nous parlons d’un arbre, et chacun se fait une idée propre de ce à quoi peut renvoyer son nom, à la mesure de ce qu’il a pu comprendre et saisir de l’apparence de l’arbre. Si nous parlons d’un tabouret (kursi), même chose. Si nous parlons de quelqu’un et que nous mentionnons son nom alors qu’il n’est pas là, c’est encore la même chose : son nom est bien présent, mais pas lui. Il en est ainsi des choses que l’on nomme et qui ne sont pas forcément présentes au moment où on les nomme…

C’est tout à fait différent pour le Nom d’Allâh ﷻ, car « Il est avec vous, où que vous soyez [2]. » Il est avec vous par Ses Noms, par Ses Attributs, et par Son Essence. Si tu dis « Rabbi / ô Seigneur », Il dit « ’abdi / ô serviteur ». Lorsque tu dis « Rabbi », on ne le comprend pas de la compréhension des gens du commun… parce que lorsque les gens mentionnent « Rabbi », ils demeurent cantonnés à la compréhension et au concept établi en eux du Nom, mais pas avec les Attributs ni l’Essence de ce dernier. Ils ne conçoivent pas le lien établi par l’extinction (fana) en ce Nom. Pour eux, toujours, le Nom est bien présent, mais le Nommé absent, ailleurs. Et si l’un d’entre eux veut argumenter et étayer sa compréhension du sujet, il te dit « Rabbi est avec nous, par Sa Science, mais pas par Son Essence ! …par Ses Attributs, mais pas par Son Essence ! …par Ses Noms, mais pas par Son Essence ! » Telle est la position de l’écrasante majorité des savants sur le sujet, excepté ceux à qui le Seigneur aura fait la miséricorde de comprendre la dimension cachée (bâtin) du Nom, selon laquelle le Nom n’est jamais séparé du Nommé, pour la bonne raison qu’Il est le Créateur et non pas la créature !

Donc lorsqu’Il dit qu’ « Il est avec vous, où que vous soyez », c’est par Ses Noms, par Ses Attributs et par Son Essence. Et dans le Hadîth qudsî, tu retrouves une explication très claire de cela : « Lorsque mon serviteur se rapproche de Moi d’un empan, Je Me rapproche de lui d’une coudée. Lorsqu’il se rapproche de Moi d’une coudée, Je Me rapproche de lui d’une envergure (de bras). S’il vient à Moi en marchant, Je viens à lui en trottant [3]. »
Comment se passe ce rapprochement ?
Est-ce que tu te rapproches du Nom, et le Nom se rapproche encore plus de toi que tu ne t’approches de Lui… sans pour autant que le Nommé ne soit avec le Nom !?
Tu viens et tu dis « Si le Nommé est présent avec le Nom, alors il y a union ou mélange du Créateur à Sa créature (houloul)… » C’est plutôt ta pensée de sombre ignorance qui a mélangé les choses ! Allâh ﷻ ne Se mélange pas à Sa créature, Il est le Créateur de la créature, et la créature n’a absolument aucune existence face à celle de ce qui persiste (baqa). Ceci pour comprendre comment se passe l’accès à l’état de Présence avec l’Essence du Seigneur ainsi qu’à la compréhension des Noms au travers de leur athar, jusqu’à ce que le athar s’estompe et disparaisse et que tu ne demeures plus qu’avec l’Essence du Nommé.

Donc les Noms n’apparaissent qu’au travers des apparences. Et lorsque je te dis que les Noms n’apparaissent qu’au travers des apparences… les lettres des Noms, laisse-les à l’école… laisse-les chez toi. Lorsqu’on évoque un Nom, tu dois recevoir la révélation, par inspiration intérieure, du sens profond de ce Nom. S’il est indicateur d’un Attribut divin, alors par sa simple mention tu te trouves en Présence de cet Attribut. Et ce jusqu’à ce que tu atteignes le degré des gens de la pleine réalisation spirituelle (tahqîq), et alors tu atteindras l’état d’extinction (fana) dans l’Essence… après évidemment avoir atteint l’état de fana dans le Nom et dans l’Attribut.

C’est-à-dire que si je dis : « ar-Rahmân… », tu dois trouver avec toi le athar du Nom. « …S’est établi (istawa) sur le Trône (‘arch) [4] ». Tu ne peux pas comprendre le Nom sans en comprendre le athar. Mais quel est le athar de ar-Rahmân ? C’est Sa ‘archiya. Tu dois donc avoir le athar et la manifestation apparente de ce Nom, dans la compréhension de ce à quoi renvoie la ‘archiya du Nom… et en même temps, c’est par lui que tu atteints l’état d’extinction (fana) dans l’Essence. Puis, en comprenant le sens réel de l’Essence, tu réalises que par l’apparition de celle-ci, y compris la ‘archiya sera renvoyée au fana. Car lorsque l’Essence Se manifeste, les Noms et Attributs sont entièrement inhibés, ils disparaissent.

Quant à nous ici, nous ne parlons pas du Nom en tant que lettres unies entre elles. Non, cela ne constitue qu’une porte… tandis que par le athar, tu reçois l’inspiration intérieure du fait que ce athar est la manifestation apparente de ce Nom. Puis, après ton extinction (fana) dans cette manifestation apparente, et après la disparition de cette manifestation, tu accèdes à la compréhension de l’Essence, dans la mesure où tu disparaîtrais toi aussi avec la manifestation apparente. Si en revanche tu demeures tel quel, tandis que la manifestation disparaît, alors tu persiste dans un état d’éloignement, à savoir que tu persiste dans le domaine du cheminement vers Allâh… à ne pas confondre avec le cheminement en Allâh.


[1] Sourate al-Baqara, verset 31.
[2] Sourate al-Hadid, verset 4.
[3] Rapporté par al-Boukhâriy.
[4] Sourate Tâ-hâ, verset 5.

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