بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Vendredi 28 Novembre 2014
Hadra de la Noubouwa :
Pourquoi la Karkariya est-elle rejetée ?
Sache que le Alif al-Mouqaddar est la Source de la Hadra Prophétique, il s’agit du degré de la pérennité dans les plus hauts niveaux de Proximité qui, une fois qu’il est atteint, ne permet aucun retour en arrière. C’est la raison pour laquelle aucun de ceux que le Vrai –ta’ala– a choisi et à qui Il a attribué le degré de Prophète n’a par la suite renié son engagement vis-à-vis d’Allâh, que la Paix et les Bénédictions divines soient sur eux tous. Quant à l’Intellect Universel (al-‘aql al-akbar), il peut être perçu comme étant le point centrale d’un disque, passant d’une Hadra à l’autre, depuis la toute première khatmiya jusqu’à la dernière qui fut réunie en notre Prophète bien-aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).
Sache également que la Prophétie (noubouwa) est une ramification de la Nouvelle (naba’), qu’on peut appeler également l’Annonce. La Prophétie est donc elle-même une ramification du degré sublime que constitue le Noble Coran : « Sur quoi s’interrogent-ils mutuellement? Sur la grande nouvelle » [s78.v1]. La Prophétie est une information au sujet d’Allâh –ta’ala-, elle est une grâce divine qui ne saurait être octroyée en conséquence d’un effort particulier. Que personne ne vienne donc s’imaginer qu’elle pourrait être gagnée en récompense de quoi que ce soit. Au contraire il faut comprendre cela de la même manière qu’il fut dit : « Et Je t’ai assigné à Moi-même » [s20.v41]. Quant aux efforts à faire dans la Voie d’Allâh en vue d’atteindre Sa Connaissance, il revient aux suiveurs des Prophètes (‘alayhim s-salâm) de les fournir, et de marcher ainsi sur leurs traces de manière à accéder à leur tour à une part de l’héritage de la Science, sachant que « Les Savants sont les héritiers des Prophètes » [Rapporté par Abou Dawoûd]. Afin donc d’accéder à la connaissance du degré de la pérennité du Alif al-Mouqaddar, le serviteur devra donc s’efforcer dans la Voie jusqu’à atteindre son But.
Sache par ailleurs que la Prophétie est la manifestation de l’intellect suprême, ou le Flux Universel comme nous aimons le nommer dans notre Voie… Il s’agit du degré que l’on retrouve au-dessus de la méditation des penseurs, inaccessible à la pensée créée.
Sache également que la méditation sans évocation d’Allâh (dhikr), c’est une transgression de Ses Lois, car la véritable méditation ne survient qu’après un dhikr abondant, au point que tout ton temps devienne évocation. Allâh –ta’ala– dit : « Ceux qui évoquent Allâh debout, assis et couchés sur leurs côtés », et c’est seulement après cela qu’Il mentionna, dans le verset, la possibilité de l’entrée en méditation, c’est-à-dire après que ton for-intérieur se soit imprégné des Lumières divines par Son évocation : « … et qui méditent sur la création des cieux et de la terre : Seigneur ! Tu n’as pas créé cela en vain… Exalté sois-Tu (soubhânak) ! » [s3.v191]. C’est seulement à ce moment-là que tu perçois l’incomparabilité absolue (tanzîh) du Créateur, au travers et par l’intermédiaire du kâf de la comparabilité (kâf at-tachbîh), « soubhânak » , et de sa valeur numérologique de 20, renvoyant aux 20 Attributs divins. Puis, Il dit –ta’ala– : « Préserve-nous donc du châtiment du feu ! », car la Connaissance (ma’rifa) implique nécessairement la crainte révérencielle, comme l’a affirmé le bien-aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « Je suis d’entre vous le plus Connaissant par Allâh, et (aussi) d’entre vous celui qui Le craint le plus. » [Rapporté par al-Boukhâriy]. Puis, Il dit –ta’ala– : « Ô Seigneur, certes Tu avilis celui que Tu fais entrer dans le Feu… et les injustes n’y ont aucun secoureur. », nous faisant ainsi retourner à la Seigneurie (rouboubiya), de façon à ce que tu reconnaisses ton état de servitude envers Lui, subhânahu wa ta’ala. C’est à ce moment-là que l’aspirant entendra ce que le commun des mortels n’entend pas, et qu’il verra ce que nul autre ne voit, comme il fut dit : « Les cœurs des Connaissants ont des yeux qui perçoivent ce que ceux qui regardent ne voient pas. »
Il saisira alors les subtilités et les sens profonds que le Vrai –ta’ala– octroie à Ses Amoureux, tandis que ce par quoi Il les aura honorés en termes de vision intérieure et de force spirituelle leur dévoileront les Secrets des Sciences émanant de Lui… Et lorsque nous parlons de force spirituelle (rouhâniya), nous nous référons évidemment à la personne dotée d’une puissance Lumineuse grâce à laquelle il fait revenir chaque chose à son Origine, ce qui n’a bien évidemment rien à voir avec le rouhâniy du monde des djinn. Cette force subtile et spirituelle est donc ce qui te permettra de découvrir la Science émanant de Lui (‘ilm laduni), par la Lumière d’Allâh prééternelle. Le véritable vagabondage dans le Royaume de Dieu (siyaha) est celui que tu réalises lorsque tu vois et entends par la Lumière du Vrai… La Lumière des cieux et de la terre, que tu découvres et apprends à contempler selon les exemples donnés dans le Coran : « un exemple de Sa Lumière est tel que… » [s24.v35]. par apparition successive des quatre différents degrés : la niche, la lampe, le cristal et l’astre de grand éclat, te ramenant finalement à l’Arbre béni… alors, l’univers et tout ce qu’il comprend devient tien.
La sourate La Nouvelle (an-Naba’) à laquelle nous nous sommes précédemment référés est une sourate dans laquelle le Vrai a détaillé la répartition des nafs en 40 degrés, raison pour laquelle le nombre de ses versets est de 40. Quarante degrés de la nafs que les gens d’Allâh ont par la suite réunis en sept degrés principaux. Par ailleurs, cette sourate a la particularité de débuter par deux lettres : le ‘aïn (ع) et le mîm (م) : « ‘amm – عم » . La valeur numérologique du ‘aïn est de 70, au nombre des 70 voiles séparant la créature du Créateur. Quant au mîm, il est associé (toujours selon la numérologie des lettres arabes) au nombre 40, en référence à la nafs Muhammadienne parfaite, raison pour laquelle le Vrai –ta’ala– dit : « Il vous est certes venu un Messager de vos propres nafs (min anfusikoum) » [s9.v128]. C’est ainsi que te seront dévoilés les 70 formes d’entre les formes de Foi, car comme le précise le Hadîth : « La foi est constituée de soixante-dix et quelques branches. La meilleure d’entre elle est la Parole « lâ ilâha illa Allâh », et la plus basse est de débarrasser le chemin de ce qui l’encombre. » [Sahih Muslim] Débarrasse donc le Chemin de ta propre nafs, car ce n’est rien d’autre qu’elle qui l’encombre.
Quant à la Parole divine : « Sur quoi s’interrogent-ils mutuellement? Sur la grande nouvelle, à propos de laquelle ils divergent. Eh bien non! Ils sauront bientôt. Encore une fois, non! Ils sauront bientôt. » [s78.v1/5]. Il s’agit là d’une clarification évidente du fait que, lorsqu’apparaissent les Lumières et les signes de la Voie, portant avec eux des Secrets célestes et lumineux, il est inévitable que les nafs s’expriment et tombent en désaccord les unes avec les autres, car les héritiers (du Secret spirituel) héritent également de la part de l’héritage relative à la considération que les gens ont d’eux. De même donc que les Prophètes ont été reniés, rejetés et traités de menteurs… les Saints doivent supporter eux aussi leur lot de négateurs, surtout lorsque les gens commencent à entendre les disciples parler des faveurs qu’Allâh leur ont octroyé en termes de Lumières et de Secrets. Certains croient donc en leurs paroles, tandis que d’autres préfèrent dire qu’elles proviennent du Chaytan. Sans s’en rendre compte, ils associent ainsi le Vrai –ta’ala– aux ténèbres, malgré le fait que toute personne méditant la Parole d’Allâh et celle de Son Messager (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) se rende compte que la Lumière n’est jamais mentionnée sans qu’elle ne se réfère au Vrai Lui-même, ou à Son Messager (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), ou aux œuvres pieuses et méritoires que nous apporta la Loi divine, car la réalité de la piété n’est autre que la plongée du for intérieur dans les Lumières divines… Tandis qu’au contraire, les ténèbres sont systématiquement associées soit à Chaytan, soit au Taghoût, soit aux œuvres que ni Allâh ni Son Messager (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) n’agréent.
Exposant de manière claire et évidente ce conflit entre d’un côté les gens de la Lumière et de l’autre ceux des ténèbres, Allâh –ta’ala– dit : « Allâh est le Waliy de ceux qui ont la foi: Il les fait sortir des ténèbres à la Lumière. Quant à ceux qui ne croient pas, ils ont pour défenseurs les Taghoût, qui les font sortir de la Lumière aux ténèbres. Voilà les gens du Feu, où ils demeurent éternellement. » [s2.v257]. Si tu dis à quelqu’un que tu as vu de la lumière, te référant en cela à une métaphore et non pas à la réalité d’une vision, il te croit… mais en revanche si tu lui dis que tu vois la Lumière de tes propres yeux, il te traite de menteur, et le débat s’éternise ainsi entre les nafs. Cette Poignée de Lumière est ce que le Vrai fit apparaître dans le soukoûn, réunissant en elle ce qui est absolu et illimité… et la Prophétie (noubouwa) est ce qui a ainsi permis la réunion de l’illimité dans le limité, soit dans le soukoûn, car les Prophètes sont ceux qui nous transmettent les Nouvelles venant d’Allâh, faisant par là-même descendre l’absolu incréé dans le limité qui entre en existence. Et lorsque les gens entendent ce qu’ils rapportent du Vrai –ta’ala-, il s’en trouve qui y croient tandis que les autres s’y refusent et renient. Or, ce par quoi sont venus les Prophètes constitue soit une preuve en ta faveur, dans le cas où tu les suis, soit une preuve contre toi dans le cas où tu les renies. Ainsi Allâh –ta’ala– dit : « et leur apparaîtra, de la part d’Allah, ce qu’ils n’avaient jamais imaginé » [s39.v47].
Les Lois divines ont été descendues et révélées en fonction des questions qui sont posées, or parmi ces questions s’en trouvent des dont les réponses sont faciles tandis que d’autres sont dures, raison pour laquelle le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) détestait les questions qui n’étaient pas véritablement bénéfiques. Ainsi, sayiduna Abou Houreyra rapporte : « Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) s’est adressé à nous et a dit : « Ô gens ! Allâh vous a rendu le pèlerinage obligatoire, accomplissez-le donc. » Un homme demanda : « Tous les ans, ô Messager d’Allâh ? » Mais il garda le silence. L’homme répéta sa question par trois fois, et alors le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Si j’avais dit oui, cela vous aurait été rendu obligatoire, et vous n’auriez pas pu le faire. » Puis il ajouta : « Ne me sollicitez pas à propos de ce sur quoi je ne me suis pas prononcé, car ceux qui vinrent avant vous coururent à leur perte parce qu’ils posaient trop de questions et divergeaient trop vis-à-vis de leurs Prophètes. Si je vous ordonne de faire une chose, faite la dans la mesure de vos capacités. Et si je vous en interdit une autre, délaissez-la. » [Hadîth Sahîh].
Le Coran nous informe également au sujet de ceux qui multiplièrent les questions et se compliquèrent considérablement les choses, à l’instar des fils d’Israël et l’histoire de la vache, ou bien lorsqu’ils réclamèrent la Vision sans y être prêts. Il en est ainsi du cheminant avec son Shaykh : il ne doit pas poser de question au sujet de ce dont il n’a pas la capacité d’accomplir, car s’il demande puis reçoit, il devra alors assumer lui-même la responsabilité de ce que comprend la réponse comme injonction… Par contre, s’il reçoit sans demande, il aura la pleine capacité de réaliser ce qu’on lui demande, car il agira alors par le Vrai et non par lui-même. Sache par ailleurs que tu n’entreras dans l’école Muhammadienne que lorsque ton âme aura été purifiée, et que cette purification est avant tout un don du Tout-Miséricordieux : « mais plutôt c’est Allâh qui purifie qui Il veut » [s4.v49]. Cela dit, il t’a été rendu obligatoire de t’efforcer dans la Voie de sa purification, jusqu’à recevoir la Lumière et que t’apparaisse les Sciences dont tu demeurais voilé.
Cette Science demeure cachée pour toute personne qui n’y sera pas encore parvenu par expérience personnelle. Et sa toute première manifestation apparente est la même chez tous les aspirants : il s’agit de la vision de la Lumière divine. Chacun débute ainsi par la vision d’une Etoile, qui vient percer le ciel de son cœur, qui jusque-là demeurait obscur… puis l’aspirant chemine jusqu’à ce que ce Point de départ devienne celui de son arrivée. La multiplicité des enseignements émanant de ce Point de départ fit que chacun le contempla d’une manière différente des autres, bien qu’elle ne soit qu’une seule et même entité, absolument unique… De même, les Noms divins ont beau différer les uns des autres, la Réalité profonde de ce vers qui ils renvoient est Unique. C’est la raison pour laquelle on considère que l’Existence est un Attribut d’Essence de ce Point du commencement, car l’Existence de ce Point est directement liée à celle du Vrai –‘azza wa jall.
Sache aussi que toute théophanie apparue dans l’existence, que ce soit dans le monde de l’inconnu (ghayb) ou dans le monde visuel (chahâda), ne provient que de Son Nom L’Apparent (al-Dhâhir). Et tu ne peux en aucun cas dire que le Vrai S’est manifesté à toi par Son Nom L’Occulté (al-Bâtin), car la théophanie est la considération d’une forme d’apparition de Celui qui Se manifeste… quant à al-Bâtin, Il demeure Occulté. Quant à la considération du fait que le Vrai –‘azza wa jall– soit le Premier (al-Awwal), ce n’est pas à comprendre dans le sens où tu considères qu’une chose survient avant une autre. Lorsque tu affirmes donc qu’Il est le Premier, pour qui te prends-tu ? Pour le deuxième… ? La Primordialité est un Attribut du Vrai, et en aucun cas l’Homme ni la chose ne peuvent être considérés en second plan, car la condition de l’être humain n’est absolument pas comparable à celle du divin : l’Homme n’est rien, il n’est que néant… Le Premier (al-Awwal) et Le Dernier (al-Akhir) sont plutôt des indications de la réunion totale et absolue de l’ensemble des opposés… raison pour laquelle ne peut Le Connaître véritablement que celui qui aura atteint cette réunion des opposés.