Faire descendre les signes du Malakoûte dans le monde physique

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Faire descendre les signes du Malakoûte dans le monde physique

Résumé de l’assise du 26 Janvier 2018 / Jumu’a 8 Jumada al-ola 1439 [Partie 4] :

Nous disions donc que c’est ainsi que le cheminant parvient à percevoir les symboles ésotériques, au travers de la révélation inspirée (wahiy al-ilhâm). L’Esprit divin lui a transmis une nouvelle (naba’), qu’il fut en mesure de descendre depuis le moustaqarr de la Noubouwa vers des formes apparentes. C’est ici qu’est sollicité l’intellect primaire (al-‘aql al-basit), pour comprendre le sens profond de cette nouvelle.

Prenons l’exemple de quelqu’un qui fait la prière de consultation (salât al-istikhâra). Il prie, puis dort et fait un rêve. Dans ce rêve il voit qu’effectivement, il va passer son examen, ou bien qu’il va travailler, ou bien ouvrir un commerce. Ce qui le pousse à faire cette istikhâra, c’est un doute qu’il a en lui : doit-il le faire ou non ?
Il dort, et voit donc en rêve par exemple un jardin bien vert qui réjouit son cœur. Un jardin, cela n’a en apparence rien à voir avec le sujet de sa demande, puisque sa consultation concerne l’achat et la vente par exemple. Mais lorsqu’il se réveille, il se réveille joyeux, parce qu’il a rêvé quelque chose de beau et plaisant. Dès lors, il va faire descendre sa vision du beau jardin en une boutique dans laquelle il va faire du commerce et travailler. Et c’est en cela qu’il aura fait descendre la vision ésotérique en une forme apparente et physique.

De même dans la siyâha Lumineuse, il rapporte un naba’ qu’il fait descendre concrètement dans le monde physique… mais qui fait cela ?
C’est celui qui demeure dans le maqâm de l’Esprit, et qui fait totalement abstraction de la forme physique. A ce moment-là, lors de son retour au corps, il est capable de faire cela. Quant à celui qui n’aura été capable que d’accéder à la Proximité, mais sans parvenir à faire abstraction du corps, celui-là a la Proximité.

C’est ainsi donc qu’il fait passer des symboles, des signes, des indications, des allusions ésotériques vers des faits concrets relevant du monde physique, et il vient ainsi t’informer de choses qui effectivement finissent par se produire. Ici, toi tu viens et tu vulgarise en disant qu’il a simplement le kashf (dévoilement).
Bon d’accord, allez, il a le kashf… mais ce qui est important, c’est la méthodologie, c’est savoir comment il a fait pour parvenir à cela ! Et qu’est-ce que tu t’imagines que c’est, le kashf ?
Tu crois qu’il a eu une vision dans laquelle il a vu tout ce qui allait arriver, comme ça allait arriver, et qu’il est venu te le raconter, comme on raconte une scène de film ?
Et bien non !
C’est un enseignement, un sens profond, un mystère, une symbolique qu’il s’agit d’élucider. C’est une révélation inspirée qu’il a rapporté, et non pas une information sous la forme d’images comme toi tu t’imagines.

Si cela avait été une image telle qu’elle, alors sayiduna al-Mustafa ﷺ, lorsqu’il est parvenu à sidrat al-muntaha…
…Vis la chose, essaye de goûter un petit peu !…
Après avoir traversé al-bayt al-ma’moûr, il a transcendé toutes les directions, et il a prié là. Il a prié à sidrat al-muntaha, puis il est revenu avec la prière. La prière telle qu’il nous l’a rapporté, c’est un acte descendu depuis un naba’ dont le moustaqarr se trouve à sidrat al-muntaha, jusque dans le moulk concret et palpable. Cette descente du naba’ se manifesta dans le moulk par le fait que tu doives te diriger vers la Qibla, tu fais le qiyâm, le roukou’, puis le soujoûd. Mais, comment sayiduna al-Mustafa ﷺ a-t-il prié à sidrat al-muntaha !? Sachant que là-bas, il n’y a ni bayt ma’moûr, ni Ka’ba, ni Quds… ni terre ferme, ni direction : il s’agit du muntaha (infini). Comment vont donc se faire les mouvements ? Alors, essaye de comprendre un petit peu !

Comprends qu’il se passe quelque chose, qu’il y a une prière qui n’est pas comme cette prière que tu connais… et que sa descente s’est opérée en fonction de ce que perçoivent les degrés de l’intellect. La Chari’a t’apprend que les différents mouvements de la prière nous sont venus des mouvements des anges, puisque certains font le qiyâm, d’autres font le roukoû’, et d’autres le soujoûd. Mais avant la descente de ceci vers les degrés des anges, comment, sous quelle forme se présentait l’ordre ?

Ce n’était évidemment pas sous cette forme. Plus la chose descend, et plus elle descend dans une forme proche du monde physique. Mais qui a rapporté cette descente, à l’origine ?
C’est le Messager d’Allâh ﷺ ! Et c’est là que tu vas commencer à être époustouflé par l’exemple du Messager d’Allâh ﷺ. C’est cela qui t’enseigne l’Amour du Prophète. Parce que le Prophète, tu ne vas pas pouvoir l’aimer comme tu aimes ton frère, ou ton père, ou ta sœur… Non, tu vas l’aimer au travers d’une élévation par un Savoir fort, car de fait, son nom fut associé à Celui du Seigneur ﷻ ! Et pourquoi son nom fut-il associé à Celui du Créateur ?

ach-hadu an-lâ ilâha illa Allâh, wa ach-hadu anna Muhammadan rassoûlullâh

أشهد أن لا إله إلا الله و أشهد أن محمدا رسول الله

Parce qu’il ﷺ est la Haqîqa Suprême qui vient et descend vers le domaine physique corporel et créé. Nul ne peut parvenir à un tel degré hormis lui ﷺ. C’est pour cela que son nom fut associé à Celui du Vrai ﷻ.
Comment pourrais-tu donc, toi, imiter à ta mesure cet exemple suprême ?
Pour ce faire, tu dois associer ton nom à celui de sayidina al-Mustafa ﷺ, sachant que le nom de sayidina al-Mustafa est associé au Nom du Créateur. C’est ainsi que ces descentes ésotériques te parviendront, rapidement. Et alors, à la mesure de ta proximité du Prophète ﷺ, c’est-à-dire, à la mesure de ta proximité de la Lampe (misbâh), ou du flambeau illuminant (al-sirâj al-mounîr), tu seras capable de percevoir le naba’ et de le faire descendre dans une forme physique et palpable.

Et à partir du moment où l’on sait que l’intellect occupe l’ensemble de tout le corps, et non pas uniquement le cerveau, on indiquera cet intellect en nous référant au cœur, voulant désigner par là en réalité le joyau du corps, et non pas l’organe de la poitrine qui fait circuler le sang. Le cœur doit rester pour nous un exemple, l’exemple le plus proche de cette réalité intérieure que nous voulons désigner. Lorsque Allâh ﷻ dit « celui qui se présentera à Allâh avec un cœur sain (salîm) » [s26.v89], ce qui est visé par le cœur ce n’est évidemment pas l’organe ! Avoir un cœur sain, c’est avoir un état intérieur sain. Donc cet organe qui active et fait vivre l’ensemble de tout ton corps, c’est l’intérieur (bâtin) de ton corps… d’une certaine manière, considère ainsi que le cœur, c’est le corps tout entier. Et quand on parle de cœur, ce n’est qu’un exemple donné afin que tu comprennes et saisisses l’allusion. Quant à ce qui est voulu concrètement par ce verset, c’est que le joyau de ton être soit sain.

Lorsque donc l’Ordre est descendu sur le corps et devient physique et palpable, alors nous y prêtons foi : lorsque la prière est descendue, et que nous avons commencé à prier et à nous prosterner, à ce moment-là nous avons cru fermement. Mais si cette prière était restée sous la forme de son naba’ premier… ça aurait été comme si nous n’en avions jamais été informés, ou bien nous l’aurions peut-être même purement et simplement reniée.

C’est donc en ayant une connaissance précise des allusions et des indications subtiles, ainsi que des règles qui régissent le monde du Malakoûte, que l’individu comprend et interprète ce qu’il voit et détermine ce qui sera ou non un obstacle dans son chemin, ou dans le chemin d’autrui. C’est à ce moment-là que, en connaissance de cause, il est à même de distinguer ce qui empêcherait son ascension spirituelle.

Si l’on observe le corps d’un point de vue plus profond, on découvre qu’en lui se trouve une multitude de points… qui sont en vérité des étoiles. Les gens qui encore une fois se basent sur la considération de la matière ont dit que le corps avait sept points… quant à nous, nous leur répondons que cela est impossible. Le corps n’est pas constitué autour de sept points. Plutôt, il est constitué autour d’étoiles, les mêmes étoiles que celles qui se trouvent dans le ciel. Et tu ne peux pas énumérer la totalité des points que contient le corps humain. Chacun de ces points a son orbite propre, qui porte des Secrets relatifs à nous-mêmes : notre histoire, notre constitution, notre temps, notre comment, notre fin, notre passé, notre futur, notre présent… et bien d’autres choses.

Voilà pourquoi le Seigneur dit : « Non, Je jure par les positions des étoiles, et il s’agit vraiment là d’un jurement énorme, si vous saviez… il s’agit d’un Noble Coran, dans un Livre bien gardé (kitâb maknoûn) » [s56.v75/78]
Si tu avais connaissance des étoiles qui sont en toi… car leurs positions sont des secrets, elles sont le Livre bien gardé (kitâb al-maknoûn), mais tu ne peux pas le toucher car « seul les purifiés le touchent » [s56.v79]

Pour pouvoir l’atteindre, ton joyau intérieur doit être pur. C’est alors que tu pourras toucher la position de l’étoile, et que tu pourras en rapporter des sciences innombrables, des sciences qui te sont utiles. Ne dis pas qu’elles sont inutiles ! A partir du moment où tu te les ais appropriées, elles t’appartiennent. Et à partir du moment où c’est en toi que se trouve ce Souffle spirituel, ces sciences sont bien tiennes. Si donc tu parviens à atteindre ces positions des étoiles, ou ces moustaqarr, à ce moment-là tu sauras ce qu’elles sont. Ces étoiles elles-mêmes sont incapables de te transmettre quelque nouvelle (naba’) que ce soit. Elles ne peuvent te transmettre ne serait-ce qu’un seul mot de ce qui se trouve dans leur moustaqarr… excepté après que tu aies reçu l’Etoile Originelle et fondamentale par laquelle le Seigneur ﷻ a juré : « Par l’Etoile lorsqu’elle descend » [s53.v1]

Il s’agit donc là du trésor renfermant le Secret, de sorte que si tu parviens à l’obtenir, tu obtiens par là-même un Secret qui te permettra de te déplacer vers l’ensemble des autres étoiles, qui t’informeront alors de ce qu’elles renferment. C’est-à-dire qu’il s’agit de la clef de l’ensemble de toutes les étoiles. Et notre Seigneur dit à son sujet dans le Coran : « Par l’Etoile lorsqu’elle descend, votre compagnon ne s’est pas égaré et n’a pas été induit en erreur » [s53.v1/2] Ce qui veut dire donc qu’à partir du moment où tu détiens cette Etoile, tu es automatiquement préservé de l’égarement et de la perdition. Au contraire, tu deviens un Bourâq fluant et circulant dans l’ensemble des moustaqarr et en rapportant toutes les nouvelles (naba’).

Si tu suis et si tu te conformes à cette Etoile, elle te fera voyager vers des moustaqarr que tu ne saurais énumérer, puisqu’ils sont infinis (muntaha). Et c’est la réunion de tous ces moustaqarr que l’on désigne comme étant « sidra« , soit l’Arbre… d’où : sidrat al-muntaha. Lorsque tu as réuni le tout, tu as en réalité obtenu l’Arbre, tu as obtenu la Science de l’Arbre, la Science de la Sidra, la Science infinie (‘ilm al-muntaha)… Car de fait, il s’agit de l’Arbre de la Connaissance, la limite infinie de l’intellect (muntaha l-‘aql), et son Savoir est sans fin : « Et dis : Seigneur, accroît ma connaissance ! » [s20.v114]. Où que tu sois parvenu, dis : Seigneur, accroît ma connaissance ! Tu ne pourras jamais tout réunir et estimer être parvenu au But. Voilà pourquoi sayiduna al-Junayd disait que toute personne prétendant être parvenu, n’est en réalité parvenu qu’à Saqar.[1] Parce qu’en vérité il n’y a pas de fin, il n’y a que : « et voilà mon chemin droit : suivez-le donc ! » [s6.v153]

Celui qui sera parvenu à recevoir la nouvelle du réceptacle d’une étoile (naba’ moustaqarr al-najm), parviendra dès lors à faire bouger ce corps… et là, il s’agit d’une autre Science… si tu parviens à recevoir le naba’ d’un moustaqarr d’étoile, tu seras alors en mesure d’activer et de faire bouger ce moustaqarr. Et si tu fais bouger ce moustaqarr, tu fais bouger un atome. Et si tu fais bouger un atome, tu fais bouger une particule. Et si tu fais bouger une particule, tu fais bouger une cellule. Et si tu fais bouger une cellule, tu fais bouger la forme d’un corps physique donné : une main, ou bien autre chose…

Toi, tu travailles inconsciemment à cela, mais tu nies cette évidence. Simplement, lorsque tu veux quelque chose, tu le prends et puis c’est tout. La question c’est : comment as-tu pu prendre et t’emparer de cette chose ?
C’est ton inconscience qui t’a fait oublier et agir en totale insouciance… mais dans la croyance bâtiniya, conformément à la sagesse spirituelle première, c’est l’étoile qui s’est mise à bouger en toi, puis l’étoile en a informé une autre, qui à son tour en informa une autre… jusqu’à ce que tu sois en mesure de t’emparer de quelque chose par la main. Tu dis : « J’ai pensé par mon intellect, et j’ai pris ce que je voulais »… et c’est ainsi que nous retrouvons bien le dénommé intellect (‘aql).

Seulement si on considère les choses d’un point de vue un peu plus profond, il s’agira de faire abstraction de ton image et de ta forme apparente, comprendre que tu as avancé, tu t’es mis à surveiller et à suivre cette Etoile que tu as reçu au travers de la bay’a, de sorte que tu as commencé à voir et à cheminer par elle. Tu as alors découvert d’autres étoiles… parce que l’atome transmet ses informations aux autres atomes par contact physique. Idem pour la particule. Et comment se fait cet échange ?
Ce n’est pas au travers de la parole, comme nous le faisons nous… mais plutôt il s’agit d’un échange de connaissance. Et toi, il se trouve que tu es un ensemble d’étoiles. Chacune de ces étoiles à un moustaqarr, c’est-à-dire un emplacement, une orbite, ou une science qui lui est propre.

Et d’où leur est donc venue cette science ?
Le moustaqarr d’une étoile a pris du moustaqarr d’une autre, qui lui-même a pris d’une autre, et ainsi de suite… et si tu en reviens au Tawhîd al-Jam’, où est-ce que cela va te mener ?
Evidemment, tu vas ainsi voguer, d’étoile en étoile, jusqu’à revenir à cette Etoile initiale que tu as reçue lors de ta prise de bay’a.

Donc cette Etoile Première, c’est l’Etoile primordiale qui te précède et est antérieure à toi en toute chose : aussi bien en pensée, qu’en intellect ou en forme apparente. Cette Etoile est ce qui fait bouger et actionne l’ensemble de tout ton être. Mais ceci bien sûr, dans la mesure où tu te conformes entièrement à elle, à sa Science et à sa compréhension… Dès lors, tu évolueras très rapidement.

Seulement toi, évidemment, tu t’empresses d’agir et tu ne veilles pas à parfaire ton suivi. C’est-à-dire que l’Etoile aime que tu agisses de telle manière, mais toi tu décides de faire autrement. Dès lors, ce n’est plus l’Etoile qui agit et domine ton être, mais plutôt ce qui te domine c’est ton suivi d’autres étoiles, qui ont été habituées au suivi de ce qui est communément admis par les gens. Et tu ne peux pas te débarrasser de cela, excepté en purifiant ton intention et en réorientant ton cheminement intérieur vers le suivi de cette Haqîqa première.

Et pour faire simple, nous disons qu’il n’est pas possible de faire bouger un atome ou une cellule, puisque cela relève du moustaqarr de l’étoile. En revanche il est possible de faire bouger l’ensemble de toutes les étoiles, évidemment si tu te conformes et si tu réalises son suivi parfait : à ce moment-là tu es en mesure de bouger.

Si en revanche tu contredis l’Etoile, tu ne seras plus en mesure de bouger ni étoile, ni moustaqarr. Donc, par ton parfait suivi de l’Etoile, tu seras capable d’actionner et faire bouger l’ensemble des cellules… et c’est alors le corps tout entier qui bougera par son Ordre. C’est alors qu’on dira qu’effectivement, le corps de cet individu se trouve dans le monde occulté (bâtin), et qu’on pourra dire que tu as effectivement réalisé l’ascension, par le corps et par l’esprit.

Nombreux sont les disciples dans notre Voie qui travaillent et évoluent en ce sens… Voilà pourquoi, en vérité, le tajalli ce n’est pas celui qui vient me voir et qui me dit « J’ai vu en rêve… » ou « J’ai vu à l’état d’éveil… » et quand je te dis que tout, absolument tout ce que tu vois passe par moi… effectivement, ça passe par moi. Mais toi, tu ne crois pas en cela. Parce que c’est moi qui t’ai donné la clef : l’Etoile. Et à partir du moment où je t’ai transmis cette Etoile, tu ne peux me rapporter quoi que ce soit d’un moustaqarr quel qu’il soit, sans que je ne sois au courant de ce qui va et de ce qui vient de ce moustaqarr et de son naba’.

Donc lorsque tu viens et que tu m’informe de tes visions « J’ai vu ceci… j’ai vu cela.. » et que tu me décris les formes apparentes de ce que tu as vu… et bien sache que ce n’est pas ça le but ! Le fait que tu aies vu ne veut pas dire que tu aies saisi et compris. Non ! l’important, c’est en quelle mesure tu as pu bénéficier de la science de la vision, qu’est-ce que tu as saisi, qu’est-ce que tu en as tiré !? Quel est le Message divin que t’a envoyé le Créateur ? Ou, pour revenir au sujet de notre cours : quelle est la nouvelle (naba’) que tu nous rapportes du moustaqarr de ce que tu as vu ?

Car toi, tu as vu sous la forme de symboliques et d’allusions subtiles… mais, es-tu capable d’interpréter ces allusions et de les faire passer dans le monde physique et palpable ?
C’est pour ça que tu as toujours besoin du Shaykh. Parce que lorsque tu lui rapportes ce que tu as vu, c’est lui qui t’explique comment réaliser ce passage d’un monde à l’autre… et ceci, évidemment, non pas de manière arbitraire et comme ça nous chante, mais toujours à la lumière de l’intellect Suprême : le Coran et la Sunna. Le Shaykh te rapporte ainsi la référence correspondante et il te dit de considérer tel verset ou tel Hadîth. C’est ainsi que tu comprends ce dont veut t’informer le Créateur ﷻ au travers du mouvement de l’Etoile, ou bien ce dont Il veut t’informer au travers de cette image que tu as vue, ou comment opérer cette traduction et ce passage d’un monde à un autre, etc.

Et ici, nous avons le dernier disciple à avoir accompli la khalwa, le faqir Abdessalâm, qui va nous raconter l’une de ses visions :
« Je me suis vu sous l’eau, sous la surface, mais pendant une courte durée. Puis je me suis vu d’un seul coup passer à la surface, et là j’ai vu le ciel avec quelques étoiles et une pleine lune. Je n’ai pas vu la lune claire et entière, mais je voyais ses rayons de lumière se diffuser. »

Je me suis vu sous l’eau : c’est-à-dire j’ai vu mon corps tout entier immergé dans l’eau. Et à partir du moment où il a vu que son corps était parvenu au cœur de l’Océan, c’est que tout ce qui le cernait à ce moment-là était de l’eau. Cela renvoie au moustaqarr propre à une étoile connue, dans un naba’ spécifique. Après cela, le naba’ a changé le moustaqarr, qui était d’abord de l’eau, puis qui est devenu autre chose… parce que le corps physique ne peut pas supporter le fait de n’être cerné que par de l’eau. S’il était resté dans cet état où il était cerné uniquement par de l’eau, alors il serait mort noyé, par exemple… Donc l’eau va changer et devenir de l’air, c’est-à-dire de l’oxygène et du dioxyde de carbone, conformément à ce à quoi est habitué la forme apparente de l’être. C’est alors qu’il voit un ciel avec des étoiles et un disque lunaire. Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire qu’il a fait descendre la forme apparente du naba’ depuis l’eau vers l’air. Dans le naba’ à la base, il n’y avait pas d’air : ce n’était que de l’eau. Il était alors comme un poisson dans l’eau. Mais dans son retour ou sa descente vers sa forme physique et palpable, cet environnement aquatique s’est changé en air, parce que le corps, à quoi se conforme-t-il, et en quoi a-t-il foi ?
Il prête foi au fait qu’il n’est pas capable de subsister longtemps sous l’eau, raison pour laquelle il nous précise bien qu’il n’est resté sous l’eau que quelques instants. Parce que s’il y était resté plus longtemps, il se serait noyé. Voilà, c’est donc cela que nous désignons comme étant la siyâha dans le malakoûte.

Ce ne sont là que des indications, et tous les disciples sont déjà passés par là et ont vécu ces passages d’un état à un autre… raison pour laquelle ils disent « j’ai trouvé… j’ai vu… » Mais ce qui est important et qui compte ici, c’est la Science liée au passage de l’esprit, au cours de l’ascension, d’un degré d’intellect vers un autre, puis sa descente vers l’intellect primaire (al-‘aql al-basit)… c’est selon ce processus que nous avons décrit qu’il doit venir. Et il ne doit plus rien demeurer de cette forme physique apparente… car lorsqu’on te demande de faire descendre cela dans le monde physique, ne vas pas t’imaginer qu’il faille faire descendre de l’eau comme de l’eau physique ! Si tu appliques cela physiquement par de l’eau physique, tu vas te tuer, évidemment.

Plutôt, il s’agira pour toi de faire descendre cette forme apparente et d’apprendre comment s’opère et se réalise cette descente… Et à partir du moment où l’antériorité revient à l’eau… et que la dernière forme apparente vue est l’air… que dit notre Seigneur ? « Son Trône (‘Arch) était sur l’eau » [s11.v7] … et que nous dit le Hadîth de sayidina al-Mustafa ﷺ ? « La terre par rapport au ciel de ce bas monde est comparable à un anneau dans un désert, idem pour le ciel de ce bas monde par rapport au ciel qui est au-dessus, et ainsi de suite jusqu’au septième ciel, lequel par rapport au Kursiy est comparable à un anneau dans un désert, et de même pour le Kursiy par rapport au ‘Arch. »
Donc le Kursiy par rapport au ‘Arch est comparable à un anneau dans un désert… et « Son ‘Arch était sur l’eau »… Donc, après l’anneau du ‘Arch, qu’est-ce qu’il y a… ?
Il y a l’eau ! L’Esprit est parvenu jusqu’à ce degré… il lui faut donc à présent redescendre et revenir à la forme physique et palpable.

Ici, celui qui est doté de compréhension, son intellect va s’ouvrir un petit peu… quant à celui qui ne comprend pas, il va penser que je ne suis qu’un beau-parleur qui raconte n’importe quoi…

Qu’Allâh fasse donc que notre réunion ait été une Miséricorde.


[1] Saqar : degré de l’Enfer.

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