Façonne toi-même ton propre corps

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Façonne toi-même ton propre corps

Résumé de l’assise du 26 Janvier 2018 / Jumu’a 8 Jumada al-ola 1439 [Partie 3] :

Celui donc qui façonnera son corps par la droiture (istiqâma), jusqu’à ce qu’il ne demeure plus le moindre défaut dans son corps… mais de qui parle-t-on ici, qui doit façonner son corps ici ?
Ce n’est personne d’autre que toi-même !
Et si tu façonne toi-même ton propre corps… ça ne veut pas dire que tu prétends à la divinité ! Non… c’est le Seigneur qui a évidemment façonné ton corps, mais par contre c’est toi qui lui a inculqué des défauts. C’est donc à toi qu’il revient de le corriger. Donc lorsque tu reviens au façonnage de ton propre corps, cela ne veut pas dire que tu vas créer quelque chose de nouveau. Plutôt, il ne s’agit que de corriger ce que tu as toi-même détérioré. Parce qu’au départ, c’est le Créateur qui t’a façonné ﷻ. Puis, par tes habitudes et tes notions acquises de la société, tu as ruiné ce façonnage initialement parfait. C’est donc à toi qu’il incombe de retourner et réacquérir ce façonnage parfait sous lequel t’a façonné le Créateur ﷻ. C’est ainsi que tu parviendras à l’état de Proximité de l’Esprit.
Voilà pourquoi Allâh ﷻ dit : « lorsque Je l’aurai façonné et lui aurai insufflé de Mon Esprit » [s15.v29], nous voyons bien ici que le façonnage intervient avant l’insufflation de l’Esprit.

De même pour la Lumière que l’aspirant prend de cette Tariqa… quel est le disciple qui accorde de l’importance à la Lumière ?
C’est celui qui a fourni des efforts dans le façonnage de son corps. Quant à celui qui a reçu la Lumière par pure faveur divine (hiba), sans fournir d’effort dans le façonnage de son corps, celui-là l’a méprisée et a déprécié son statut. De là, sa Lumière s’est éteinte, parce qu’il n’a pas travaillé au façonnage et à la correction de son propre état. Il est resté tel qu’il était, en s’imaginant que ça y est, c’est bon…
Bien sûr que non !
Cette Etoile Lumineuse, cette Lampe que le Créateur a placé et fait descendre dans ton cœur, par l’intermédiaire de ton Shaykh bien sûr… qu’est-ce qu’il faut que tu fasses ? Quel est ton rôle, ô mourid !?
Tu dois corriger ce que tu as ruiné !
Voilà d’ailleurs pourquoi, parmi les conditions du repentir (tawba), le fait de restituer aux gens ce qu’on leur doit…
Corrige donc ton corps ! Corrige ton ouïe, corrige ta main… corrige toi, jusqu’à ce que tu constates que cette Lumière a entièrement pris le contrôle de ton être, t’a mené et t’a fait avancer sans même que tu ne t’en sois rendu compte… jusqu’à ce que tu nous rapporte et nous fasse part d’une nouvelle (naba’) dont tu n’avais auparavant aucune connaissance.

Nous disions donc que le façonnage a précédé l’insufflation. Celui donc qui aura parfait le façonnage de ses membres et qui sera parvenu à prendre le dessus et dominer les passions charnelles de sa nafs, celui-là aura traversé le degré spirituel (maqâm) dont nous parlons ici. Et en ce sens, le Messager d’Allâh ﷺ nous dit bien : « Le Paradis est cerné de choses repoussantes, tandis que l’Enfer est cerné de passions charnelles » [Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim]

Donc évidemment, tu te dois de te confronter aux choses repoussantes et que ta nafs déteste, tu te dois de traverser tout cela si tu veux pouvoir parvenir au Paradis des Connaissances ésotériques. Mais toi non, tu n’es pas prêt à cela, tu ne veux pas changer tes habitudes, tes coutumes, tes notions acquises… tu n’es même pas capable de changer tes habitudes au niveau de la nourriture. Regarde la difficulté que tu as… rien que pour ça. Si tu es habitué à boire du café, il te faut obligatoirement ton petit café. Tu t’es habitué à un certain type de nourriture au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner, si on change cela, ou si on te dit de ne manger qu’une seule fois par jour : tu en es incapable ! Alors tu vois : même les choses les plus simples, tu n’es pas capable de les mettre en pratique.
Comment vas-tu donc pouvoir corriger le corps tout entier ?
Comment vas-tu corriger ta langue ?
Comment vas-tu faire en sorte qu’elle prononce qu’un certain type de paroles, et dans une quantité limitée ?
C’est pour cela que sayiduna Abou Bakr as-Siddîq (radiAllâhu ‘anhu) mettait un caillou dans sa bouche ! Pour quoi faire ?
Simplement pour corriger et façonner son corps, et en l’occurrence ici sa langue : pour savoir ce qu’il doit et ce pour quoi il doit s’abstenir de parler. Parce que ces sons que tu émets ont une influence et un effet direct sur toi. Quand tu entreras vraiment dans le domaine du moustaqarr, tu découvriras qu’absolument tout, y compris le vide, c’est pour toi un moustaqarr. Voilà pourquoi tu dois bien veiller à surveiller absolument toute chose. Certains mettaient ainsi des chaînes à leurs mains et à leurs pieds, au point que quand on les voyait, les gens disaient d’eux qu’ils étaient fous. Alors qu’en vérité, ils ne se sont attaché les mains et les pieds que pour s’empêcher d’outrepasser les limites au-delà desquelles ils se voyaient entrer et plonger dans les passions charnelles.

Nous disions que celui qui aura parfait le façonnage de ses membres et qui sera parvenu à prendre le dessus et dominer les passions charnelles de sa nafs, celui-là aura traversé ce degré spirituel (maqâm) dont nous parlons. Quant à celui qui aura maîtrisé et sera parvenu à demeurer et persister dans ce degré spirituel qu’est le maqâm de la Proximité de l’Esprit, c’est-à-dire le maqâm des gens du Paradis (le Paradis des Connaissances ésotériques) … et qui en plus sera parvenu à oublier et faire entièrement abstraction du corps physique, au point de délaisser tout ce qui se rattache à lui, y compris les choses que Allâh lui a rendu licites, devenant ainsi un ascète renonçant à tout cela… et renonçant même au Paradis, c’est-à-dire renonçant même à ce qui se trouve auprès d’Allâh… où sera-t-il parvenu ?
Celui-là aura atteint la pleine réalisation (tahqîq) par la Haqîqa, devenant ainsi l’Intime (khalîl) d’Allâh ﷻ. Il ne se tournera ni n’accordera plus aucune considération aux formes apparentes.

C’est en ce sens que notre mère Rab’a al-‘Adawiya (radiAllâhu ‘anha) dit dans ses invocations : « Si je T’adore par peur de ton Feu, alors brûles-y moi ! Et si je T’adore en vue de ton Paradis, alors prives m’en ! »… Et bien vas-y, dis-le donc toi aussi pour voir, toi qui prétends être un vrai de vrai !
Dis-le, et fais-le sortir de ton cœur. Tu n’en es pas capable ! Parce que dans ta prosternation tu dis « Ya Rabbi donne-moi le Paradis ! »
Reviens donc à son époque, et compare-la à la tienne… toi tu t’imagines que 2018 c’est l’année en laquelle la science a atteint un degré jamais atteint auparavant… Elle vivait au sein d’une civilisation qui n’est peut-être pas aussi développée en apparence que la tienne, mais pourtant elle a réussi à atteindre des sciences qui à toi t’échappent complètement…

Celui qui parviendra donc à cet état spirituel, il atteindra la connaissance et sera en mesure de percevoir les flux divins. Il s’évanouira et fondra entièrement dans cet état, et ne reviendra plus jamais à la considération de son corps humain. C’est alors qu’il sera en mesure de percevoir les indications et les allusions divines, qu’il recevra par révélation inspirée (al-wahiy al-ilhâmiy), qui n’est autre que son naba’ spirituel et divin. Et de qui lui parviendra cette nouvelle (naba’) ?
Elle lui parviendra de cet Esprit divin.
Alors, il saura comment la faire descendre, depuis le moustaqarr de la Noubouwa, vers des formes physiques comprises et connues. C’est alors comme s’il décidait… il s’est dépouillé de tout, puis s’est évanoui à lui-même… puis il s’est mis à errer dans les domaines spirituels, et à chaque fois qu’il a atteint un moustaqarr, il en a rapporté une nouvelle extraordinaire (naba’ ‘adhîm). S’il est par contre simplement du nombre de ceux qui ont atteint la Proximité de l’Esprit, alors il verra et ressentira cette Proximité.

Quant à celui qui sera parvenu à faire totale abstraction de la forme apparente et physique, celui-là rapportera une nouvelle (naba’) et la changera en forme apparente et physique. C’est-à-dire qu’il lui donnera forme. Là, on dit les choses comme ça pour ne pas trop te compliquer la compréhension… mais pour élargir un peu la chose, disons que lorsqu’il disparaîtra par l’esprit, puis reviendra à son corps… ce corps que tu vois, ce ne sera pas le même que celui qu’il avait auparavant. Parce qu’il reviendra à son état corporel premier et initial, un état total et parfait. Malgré que lui-même s’imagine être revenu à son corps… alors que non !
Ce corps-là, il l’a effacé, définitivement. Et il s’est confectionné un autre corps, un nouveau corps. Mais ce que je dis là, ce n’est pas de la philosophie ! Non, c’est la Haqîqa, parce que toute chose n’est en réalité que comme une lamha, le temps d’un clin d’œil, auprès du Créateur ﷻ. Tu es retourné à l’Ordre de l’Esprit, de sorte qu’effectivement toute chose n’est plus pour toi que comme un lamh bil-basar : « Et Notre Ordre est une seule (parole) ; il est comme un clin d’œil (ka-lamh bil-basar) » [s54.v50]

Ta foi en cela, c’est ce qui permet que cela se réalise. « Lorsqu’Il veut une chose, Son Ordre consiste à dire : « Sois », et la chose est. » [s36.v82] A toi aussi, le Seigneur t’a accordé cela, de sorte que tu as constitué un corps apte à recevoir un Souffle spirituel capable de percevoir les sens profonds… C’est pour cela que le corps de sayidina al-Mustafa ﷺ est apte à porter tous ces sens profonds. Il a réalisé l’ascension ﷺ, puis il est revenu à son enveloppe corporelle qui a pu porter l’ensemble de ces sens profonds. Puis, lorsque sayiduna Abou Bakr as-Siddîq (radiAllâhu ‘anhu) a suivi son exemple et a accompli lui aussi l’ascension, en marchant sur ses pas, car il était son intime (khalîl)… son corps a également été en mesure de percevoir et de recevoir ces sens profonds. Tels étaient les compagnons de sayidina al-Mustafa ﷺ. Ce sont ceux-là que l’on désigne comme étant les promis au Paradis.

Mais qu’est-ce que cela veut dire, être promis au Paradis ?
C’est qu’il a reçu la bonne annonce (bouchra), il l’a pleinement goûtée, et il en a rapporté ce qu’il en a rapporté. Selon Bouraydah, un matin le Messager d’Allâh ﷺ appela Bilâl et lui demanda : « Ô Bilâl, par quoi m’as-tu devancé au Paradis !? Je n’y entre pas une seule fois sans entendre le bruit de tes sandales devant moi. Je suis entré hier au Paradis, et j’ai entendu le bruit de tes sandales devant moi. » […]
Bilâl dit alors : « Ô Messager d’Allâh, je ne fais jamais l’Adhan sans prier auparavant deux unités de prière. Et je ne perds jamais mes ablutions sans immédiatement les refaire, après quoi je considère que Allâh a un droit sur moi de deux unités de prière. »
Le Messager d’Allâh
répondit : « C’est pour ces deux choses. » »
[Sahîh at-Tirmidhiy]

Dans ce Hadîth : « Ô Bilâl, par quoi m’as-tu devancé au Paradis !? ». Ne vas pas t’imaginer que le promis au Paradis, c’est simplement celui à qui sayiduna al-Mustafa ﷺ a dit : « Voilà, tu es au Paradis », sans plus… non ! Ils sont véritablement parvenus au Paradis !
Dans le Hadîth : « Ô Bilâl, par quoi m’as-tu devancé au Paradis !? Je n’y entre pas une seule fois sans entendre le bruit de tes sandales devant moi. » Cela veut bien dire : tu es d’ores et déjà dans le Paradis, ô Bilâl ! Tu n’es plus présent dans le monde physique… bien que tu te trouves actuellement dans la mosquée du Prophète ﷺ.

Comprends bien qu’ici, le Prophète ﷺ ne lui a pas fait l’annonce qu’il entrerait au Paradis… non, il lui a dit qu’il y était déjà, au moment même où il lui parlait ! Ouvre ton intellect ! Ici, tu vois le degré d’intellect qu’a atteint Bilâl… bien qu’il n’ait jamais étudié dans une grande université, ni obtenu de doctorat en physique ou en chimie… et toi, qu’est-ce que tu as obtenu avec ta physique, ta chimie, ton professorat, et ceci cela !?

Lui, sayiduna Bilâl, il a transcendé tout cela, toutes les limites de son intellect, au point qu’il en est arrivé à marcher dans le Paradis, avec ses sandales ! Toi ce Hadîth, évidemment tu le connais, tu le racontes… mais tu n’y crois même pas ! Pour toi, c’est juste une histoire que tu rapportes. Tu ne goûtes à absolument rien de cette annonce faite par sayidina al-Mustafa ﷺ ! Si tu considérais véritablement le Messager d’Allâh ﷺ comme une Constitution, un ensemble de Lois Seigneuriales, venu spécialement pour parachever ta propre éducation spirituelle, alors tu te devrais de comprendre et goûter aux sens profonds des Hadîth ! Quant à la manière que tu as de dire « Le Messager d’Allâh ﷺ a dit : »… vas donc ! Prends Sahîh al-Boukhariy et puis lis, comme si tu lisais des histoires…
Quand tu lis un Hadîth, vis-le ! Et quand tu lis un verset, goûte-le ! Plonge en eux, si tu veux comprendre ce dont t’a chargé Allâh et Son Messager ﷺ !

Toi dans ce Hadîth, qu’est-ce que tu as compris, où est-ce que tu t’en es tenu… allé, pour que tu comprennes où se trouve le maqâm de l’Islâm… à quoi t’en es-tu tenu ?
Qu’est-ce que faisait Bilâl ? A chaque fois qu’il faisait ses ablutions, il priait deux rak’at. Donc moi aussi, je vais précéder le Messager d’Allâh ﷺ au Paradis : à chaque fois que j’aurais fait mes ablutions, je vais prier deux rak’at.
Mais non, reste tranquille !
Pour ça, il te faut l’intellect de Bilâl ! Va donc… si ça te chante… va, et à chaque fois que tu auras fait tes ablutions, prie deux rak’at. Sois d’ores et déjà certain que tu ne précèderas jamais le Messager d’Allâh ﷺ au Paradis. Le seul moyen d’y parvenir, c’est d’atteindre l’intellect de Bilâl. C’est de transcender les limites de cet intellect primaire (al-‘aql al-basit) et de le libérer vers l’absolu. A ce moment-là effectivement, tu obtiendras ce privilège et cette bonne annonce. C’est cela, le véritable suivi : il ne s’agit pas de reproduire machinalement les actes, non, tu te dois aussi d’obtenir les fruits de ces actes !

Etudies cela, et tu réaliseras que ce qu’a obtenu sayiduna Bilâl, il l’a obtenu par sa sincérité et par son suivi aveugle de sayidina al-Mustafa ﷺ, et ce sur une très longue durée. Il ne s’est pas juste contenté de faire ses ablutions, puis deux rak’at, et voilà… non, il y en a qui prient même quatre rak’at, et ils n’y sont jamais parvenus !
Cesse donc de t’en tenir uniquement aux actes.

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