Le Alif al-‘ilmi

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Le Alif al-‘ilmi

Résumé de l’assise 28 Octobre 2016 / Jumu’a 27 Muharram 1438

Nous revenons à la Lecture du lâm al-‘ishq par le lâm al-ma’rifa, et il s’agira ici du quatrième cours sur ce sujet. Nous avons dit dans cette étude du lâm qu’il représentait la Perfection divine, le strict équilibre entre le tachbîh et le tanzîh, manifesté dans la forme humaine de sayidina al-Mustafa ﷺ. Il a donc placé une Balance d’équité, établie par cette forme humaine, lui que Allâh créa « à Son image ». C’est donc ainsi que nous apparaît l’établissement parfait dans les deux plateaux du tachbîh et du tanzîh : Il S’est présenté sous une forme apparente, la plus belle et la plus parfaite qui n’ait jamais été, qui fut une forme de tachbîh, et cette forme de tachbîh nous enseigna le tanzîh absolu. Il nous enseigna comment considérer l’inconnaissable (ghayb), et comment considérer le néant (‘adam). Allâh ﷻ dit ainsi à son sujet : « Dis : « Je suis un être humain comme vous » » [s18.v110]. Il nous apparaît donc ﷺ dans sa dimension exotérique sous la forme d’un être humain, et afin d’atteindre l’équilibre dans la balance, il fut renié et insulté, on lui brisa une dent… comme ce fut dûment mentionné dans la Sîra. Malgré tout cela, et des choses bien plus difficiles encore, il fit face avec une patience extraordinaire. Quant à celui qui ne sera pas en mesure de se conformer à l’excellence du adab Muhammadien en matière de patience face aux épreuves, ce sera là une preuve de la faiblesse de son degré de réalisation spirituelle. Naturellement nul n’est capable d’être à la hauteur de l’exemple Muhammadien ﷺ, cependant chacun doit s’efforcer jusqu’à devenir une facette ou une part manifestée de cet exemple de Perfection.

C’est en vertu de cela que Allâh ﷻ, mentionna Son propre Nom dans le verset : « Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allâh. » [s48.v10]. Soit : Ceux qui te prêtent serment d’allégeance, ô Messager d’Allâh ﷺ, ont prêté allégeance à Allâh, en vertu de la Perfection de ta forme, et en vertu de la manifestation d’un tanzîh absolu dans l’excellence d’une apparence humaine. Parce que sa Perfection ﷺ dans sa forme humaine n’est autre que la Perfection d’Allâh. Et cette Perfection n’est pas à considérer uniquement dans son sens ésotérique, mais également dans son sens physique. Quant à celui qui s’imagine pouvoir parvenir à la Ma’rifa et à la parfaite réalisation spirituelle dans le fond mais pas dans la forme : celui-là n’en a ni n’en aura jamais aucune part. Qu’il sache qu’il va droit vers la zandaqa, et qu’il n’est absolument pas considéré comme suivant une éducation spirituelle (tarbiya).

Lorsqu’un Homme atteint la réalisation spirituelle, cette réalisation se manifeste en lui de manière physique, et c’est par la perfection de la forme que l’on peut déterminer la perfection du fond. On dit que le fond est basé dans le cœur, et le Messager d’Allâh ﷺ nous dit : « Il y a dans le corps un morceau de chair qui, si il est bon, tout le corps est bon, et si il est mauvais tout le corps est mauvais : c’est le cœur ». [Al-Boukhariy et Muslim].
Donc si effectivement le cœur de cet individu est vertueux, tu constateras que ses membres le sont aussi. Et si au contraire tu vois que les œuvres de cette personne sont mauvaises, tu peux savoir avec certitude que son cœur l’est aussi. Nul ne peut prétendre avoir un bon cœur alors que son corps témoigne du contraire… car c’est au cœur que revient l’autorité sur l’ensemble de tout le corps, et ni les membres ni la pensée de l’individu n’entrent en action si ce n’est par ce qui se trouve au plus profond de son cœur. Donc si ce cœur est bon, le corps tout entier le sera aussi, et inversement.

Quant au cœur de sayidina al-Mustafa ﷺ… des anges lui furent envoyés, ils ouvrirent sa poitrine et en prélevèrent le cœur, qu’ils lavèrent dans un récipient d’or et avec l’eau de Vie, que l’on considère exotériquement comme étant l’eau de Zamzam. De ce fait, Iblîs ne put jamais avoir la moindre part dans ce cœur. Le Prophète ﷺ était exclusivement noble et céleste, et il est impossible de lui attribuer la moindre défaillance. Celui donc qui s’imagine suivre les pas du Prophète ﷺ, qu’il s’efforce de le faire entièrement, au lieu de se concentrer sur une facette tout en délaissant une autre. Il faut que son cœur soit conforme au cœur du Prophète ﷺ. Le fond découle de la forme, la forme étant justement ce qui met en exergue et nous permet de distinguer la chose. L’Esprit (roûh) par exemple : tu ne peux pas le décrire. Tu ne peux pas lui donner de forme, ni le délimiter. Tu ne peux lui attribuer ni l’allégresse, ni le rire, ni la faim, ni la maladie… et pourtant, ce sont bien là des caractères (akhlâq) divins. Alors comment tu vas pouvoir décrire l’allégresse, en considération de l’Esprit ?
Tu ne peux le faire qu’au travers de la forme apparente et humaine de celui en qui cet Esprit fut confiné (taqyid). Ainsi, si tu travailles à l’étude de l’Esprit, bien sûr tout en étant en état de pureté interne et externe, alors ces caractères divins t’apparaîtront… sur toi-même.

Sayiduna Muhammad ﷺ est l’Esprit d’Allâh ainsi que Son image parfaite. Et à la fin des temps descendra sayiduna ‘Issa (‘alayhi s-salâm) en tant que cet Esprit même, comme nous l’avions traité la semaine passée… donc sayiduna ‘Issa viendra mais en tant que suiveur de la Chari’a Muhammadienne ﷺ. Et même, il se mariera et aura des enfants, parce que c’est une chose qu’il n’avait pas faite à son époque. Ceci donc afin d’atteindre la réalisation parfaite, par le mariage, conformément à la Loi Muhammadienne ﷺ : « Le mariage est ma Sunna » [Musnad Abou Ya’lâ]. C’est par le mariage et par le fait d’avoir des enfants que sayiduna ‘Issa va parfaire son suivi de la Sunna de sayidina al-Mustafa ﷺ, car malgré qu’il soit l’Esprit d’Allâh et Son Verbe, il n’est considéré que comme l’une des facettes apparentes de sayidina al-Mustafa ﷺ. Ne t’en tiens donc pas simplement aux mots Esprit et Verbe, mais cherche en profondeur à quoi ils renvoient, et tu découvriras que ceci est la vérité.

De cela nous comprenons que sayiduna al-Mustafa ﷺ va parfaire son éducation spirituelle (tarbiya), et que sayiduna ‘Issa parviendra à la pleine réalisation par le degré Muhammadien, en ce qui concerne la perfection des caractères, et ce afin de lui permettre de rejoindre le degré Muhammadien dans le maqâm de l’Union. Voilà pourquoi il reviendra en tant que ma’moûm (suiveur dans la prière) derrière la descendance du Prophète ﷺ, c’est-à-dire le Mahdi (‘alayhi s-salâm), et non pas comme Imâm. Ceci parce que al-Mustafa ﷺ est l’Esprit des sens profonds de la divinité. Il est l’essence à laquelle se conforment de manière parfaite les sens profonds des Noms divins, aussi bien dans une dimension globale que détaillée : « Il me fut donné l’ensemble du Verbe (jawâmi’ al-Kalim) » [Muslim].

Tel est sayiduna al-Mustafa ﷺ : même si tu passais ta vie entière en prière, tu ne parviendrais jamais à le Connaître véritablement. Pour cette raison, choisis de travailler à la connaissance de l’une de ses facettes apparentes, sans viser à devenir parfaitement et exactement à son image ﷺ. Le degré de sayidina al-Mustafa ﷺ lui est exclusivement réservé. Quant à toi, il te revient d’être éventuellement en conformité avec l’une de ses facettes. De même, il est le Secret des formes apparentes de la création. Et en ces formes apparentes se trouve la quintessence du Secret du Vrai. Il est ainsi donc l’absolu (moutlaq) au sein même du confinement (taqyid) : « Je pris une Poignée de Ma Lumière et lui dis : « Sois Muhammad » ». Cette Poignée n’a pas été « sortie » de la Lumière originelle, c’est-à-dire qu’elle n’en a jamais été séparée… il est le transcendant (mounazzah) au cœur même de l’analogie (tachbîh) : il est l’Esprit Saint absolu (itlâq), et chacune des formes qui sont les siennes sont des confinements (taqyid). « La Première chose que créa ton Seigneur, c’est la Lumière de ton Prophète ô Jâbir ». Constate que dans ce Hadîth, il n’est pas fait mention de la Lumière des serviteurs d’Allâh, ni de la Lumière de la création… mais bel et bien de la Lumière de ton Prophète ! Ce sujet n’est évidemment pas étranger aux gens des Lumières.

Et de même que le Vrai fut décrit par l’Esprit, Il fut décrit également par des formes apparentes, qu’Il établit Lui-même par allusions, dans le Coran, laissant aux doués d’intelligence la capacité de comprendre : « Puis, Il lui donna (à l’Homme) sa forme parfaite et lui insuffla de Son Esprit » [s32.v9]. Allâh n’attribue pas à l’homme l’Esprit dans sa dimension absolue, Il précise bien ﷻ « lui insuffla de Son Esprit ». Comprends donc le verset comme il doit être compris !
Et si tu considères que Allâh ﷻ dit : « Et dès que Je l’aurai harmonieusement formé et lui aurai insufflé de Mon Esprit » [s15.v29]… A quoi renvoie la forme de cet Esprit ?
A Adam (‘alayhi s-salâm), conformément au contexte du verset.

Mais concernant sayiduna al-Mustafa ﷺ, qu’est-ce qui fut dit à son sujet ?
Selon le Hadîth : « J’étais Prophète alors que Adam était entre l’eau et la terre ». Donc si au sujet de Adam (‘alayhi s-salâm), le Vrai ﷻ dit qu’Il « lui insuffla de Son Esprit », et que le Prophète ﷺ nous confirme qu’il était déjà Prophète « alors que Adam était entre l’eau et la terre »… cela veut dire qu’il est ﷺ celui qui a assigné de son Esprit à Adam (‘alayhi s-salâm), de même qu’il est celui qui a assigné son Esprit à l’ensemble des créatures. Il est le fondement, il est le Point central, il est al-Insân al-Akmal al-Moukammal, l’Insân éminemment parfait et réalisé par excellence. Il est celui dont nul Insân Kâmil ne peut prendre la forme, si ce n’est au travers de l’une des facettes apparentes de sa perfection. Il est apparent par les formes apparentes de toute chose, et occulté au plus profond de ces choses, ce qui fait qu’il put rendre apparent ce qui avait été caché. Cette révélation du caché vers l’apparent était pour lui-même, mais à ce sujet il ne s’exprima qu’à la mesure de la capacité de chacun. Ainsi était la forme expressive du Prophète ﷺ, et c’est pour cela que tu es incapable de le Connaître. Quand bien même tu fournirais les plus grands efforts pour atteindre la compréhension totale, cette dernière demeure exclusivement réservée à lui et occultée des autres.

Adam (‘alayhi s-salâm) est une forme d’entre ses formes de perfection. Il est une manifestation des sens de sa Beauté (Jamâl) et de sa Majesté (Jalâl), parce que c’est à lui que Allâh ﷻ enseigna l’ensemble de tous les Noms : aussi bien les Noms de Jamâl que ceux de Jalâl. Quant à la Haqîqa Muhammadienne de sayidina al-Mustafa ﷺ, depuis la condition de sa Science éternelle et précédant la création, jusqu’à sa condition propre (son entité humaine)… dans cette Hadra, si tu considères la Haqîqa Muhammadienne d’une vision « extérieure »… c’est-à-dire, pour comprendre la chose de manière métaphorique, imaginons que tu sortes de cette Haqîqa afin de faire apparaître les pronoms (je, tu, il) : la Haqîqa Muhammadienne est la toute première « chose » qui puisse être considérée, sans qu’absolument rien ne lui soit antérieur ﷺ.

Il est la Perle Blanche (ad-durra al-bayda). Et dans un Hadîth rapporté par ibn ‘Abbâs : « Allâh créa une Table Gardée (lawh mahfoûdh) à partir d’une Perle Blanche : ses pages sont de rubis, sa plume est Lumière et son livre est Lumière » [Rapporté par at-Tabarâniy]… mais dans aucune des narrations traitant du sujet on ne lit que Allâh ﷻ a créé la Perle Blanche. Cherche où tu voudras, tu ne trouveras jamais un seul texte disant que Allâh a créé une Perle Blanche (durra bayda). Ici, il est bien question de la Table Gardée, qui fut créée à partir d’une Perle Blanche. Cette Perle Blanche est donc considérée comme étant le fondement. Le Prophète nous en a parlé en la laissant pour nous insaisissable et impénétrable, mais il n’a pas dit qu’elle avait été créée… et il ne s’agit en vérité que de la Haqîqa Muhammadienne. Si tu la considères dans sa dimension absolue, c’est-à-dire sans aucune considération pour les pronoms : elle est le fondement qui n’a fondamentalement jamais été séparée du Fondement, du fait qu’elle est absolue (itlâq) avant même que n’apparaisse le confinement (taqyid). Il s’agit d’un Ordre Seigneurial. Tu ne peux dès lors plus actionner ta langue, ni faire allusion à elle, ne serait-ce que par la pensée… parce qu’à partir du moment où tu ne deviens pas toi-même extérieur à elle, il t’est impossible de l’évoquer. Lorsque tu parles, il t’est indispensable d’établir au préalable les différents pronoms, afin qu’il y ait au moins un émetteur et un auditeur… mais si tu la considères dans sa dimension absolue, tu constates que tu es incapable de la singulariser ou de la confiner, car elle est et demeure éternellement dans son état absolu. Tu ne peux dès lors ni parler d’elle, ni la décrire, ni te référer à elle, ni y faire allusion. La langue, la compréhension et la pensée entrent dans un état de mutisme total… et alors tu n’es plus capable ne serait-ce que de respirer !

Il regarda donc vers elle, par elle-même, en Se manifestant à elle par elle-même, dans Ses Attributs de Majesté (Jalâl)… jusqu’à la faire fondre de Pudeur… De ce fait, sa description et ses qualités de Beauté (Jamâl) et de Pudeur ne peuvent être égalées, ni même approchées par aucune autre manifestation, en vertu de sa Nature Suprême (khuluq ‘adhîm).

Du fait de sa grande pudeur vis-à-vis de Lui ﷻ, c’est-à-dire la pudeur suscitée par Son regard ﷻ posé sur elle, elle se mit à fondre, jusqu’à devenir liquide. La Beauté et la Pudeur fondirent, jusqu’à ce qu’il ne leur reste plus la moindre once d’existence, et c’est ainsi qu’elles devinrent l’Eau de Vie, que nous désignons tantôt comme étant le chaos (‘amâ), tantôt comme l’Eau (), ou bien la Vie… etc. Donc nous disons qu’il s’agit de l’Eau de Vie fluant dans l’ensemble des sources et des formes physiques et illusoires de l’univers, et que cette Eau n’est autre que les joyaux et les trésors de Sa Science éternelle précédant la création… ceci, sans que tu puisses pour autant le décrire comme étant l’Essence. Car si tu le décris comme étant l’Essence, c’est que tu t’es toi-même extrait d’elle, et en cela tu as commis du chirk. Considères donc qu’il s’agit de la Science éternelle et incréée, dévoilant l’ensemble de toutes les Sciences divines.

Ce qui fit apparaître la Science divine, c’est cette Eau Vivante fluant depuis la Haqîqa Muhammadienne vers les branches de l’Arbre, que le Vrai ﷻ décrit en ces termes : « un Arbre Béni, un olivier » [s24.v35]. L’Arbre Béni est et demeure ; tandis que tout en dehors de lui ﷺ  ne constitue que l’ombre de l’Arbre, sans lien avec le fondement. Ne relève de son fondement que celui dont la manifestation est en conformité avec celle du Prophète ﷺ . Quant à tout le reste, à leur sujet le Hadîth est limpide : « Allâh créa la création dans les ténèbres, puis, Il projeta sur eux de Sa Lumière. Celui qui reçoit de cette Lumière est guidé, tandis que celui qu’elle n’atteint pas est perdu. » [Musnad Ahmed]… et celui qui est perdu, c’est-à-dire celui qui n’a pas reçu de Lumière, il n’a en réalité jamais vécu ne serait-ce qu’un seul instant, conformément au verset : « Est-ce que celui qui était mort et à qui Nous avons rendu la Vie en lui assignant une Lumière avec laquelle il marche parmi les gens, est comparable à celui qui est dans les ténèbres, sans pouvoir en sortir ? » [s6.v122]. C’est-à-dire que si l’individu est dans les ténèbres, on ne parle même pas de lui. Il n’a aucune existence. Il n’a jamais rien fait, ni produit, ni accompli, ni révélé quoi que ce soit. Il s’imagine exister… et subhânAllâh, ce sont toujours les gens des ténèbres qui se basent sur leur supposée existence et causent les troubles. Quant aux gens des Lumières, c’est-à-dire les gens constituant les branches de l’Arbre Béni, tu les vois toujours dans un état d’humilité et de rabaissement de soi. Parce que lorsque l’Arbre est porteur de fruits, ses branches s’alourdissent et se rabaissent vers le sol. Quant aux arbres secs, dépourvus d’Eau et de pudeur, leurs ramifications sont dures, fièrement dressées vers le ciel… alors qu’en réalité elles sont stériles et dépourvues de toute forme de vie. Ces branches ne sont bonnes que pour le feu, sans qu’on puisse leur trouver une quelconque autre utilité.

La Haqîqa de Adam (‘alayhi s-salâm), c’est qu’il est une branche de cet Arbre Béni. N’imaginons pas qu’il en constitue le fondement, au contraire il n’en est qu’une ramification ! Cette branche donc, le Vrai ﷻ l’a façonné et prédisposé à recevoir la Science des Noms divins, ainsi que le statut de vicaire (khalifa). Et Il ﷻ nomma cette branche « Humain – Insân« , pour ce qu’elle comprend d’humanité. C’est donc comme si on avait un Arbre, auquel on aurait greffé à chacune de ses branches un arbre d’un type particulier… Comme s’il s’agissait d’un Arbre auquel on venait greffer un pêcher, un grenadier, un figuier… Ceci constitue l’exemple des dimensions spirituelles (Hadra) des différents Prophètes vis-à-vis de la Hadra Muhammadienne… et même si tu cherchais cette Haqîqa Muhammadienne dans cet Arbre, tu ne la trouverais pas. Quelle que soit la branche de laquelle tu t’approcherais et sur laquelle tu poserais le doigt, tu te rendrais compte qu’il ne s’agit en réalité que d’une forme apparente d’entre les formes du Prophète ﷺ. Et si tu souhaitais faire allusion à la Haqîqa Muhammadienne par le confinement (taqyid), tu dirais alors qu’il s’agit de l’Eau qui flue dans l’Arbre. Voilà pourquoi les gens d’Allâh répètent souvent que l’Eau est Unique, tandis que les fleurs arborent de multiples couleurs.

Les branches de cet Arbre, Allâh ﷻ les façonna dans les formes les plus parfaites, puisqu’Il créa l’Homme de Ses propres Deux Mains : « Ô Iblîs, qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner devant ce que J’ai créé de Mes deux Mains ? » [s38.v75]. L’emploi ici des Deux Mains renvoie aux Attributs de Beauté (Jamâl) et de Majesté (Jalâl), et c’est pour cela que Adam put compter et être de cette Hadra divine. Il est créé dans une forme ayant reçu les caractéristiques de Jamâl et de Jalâl, ce qui le rendit apte à recevoir l’ensemble de tous les Noms divins. Il fut ainsi donc chargé aussi bien des Noms indicateurs du qabd que des Noms indicateurs du bast. Allâh ﷻ a ouvert son ouïe et sa vue afin que flue en lui l’ouïe de tout ce qui est audible et la vue de tout ce qui est visible. Et Il ﷻ disposa d’une perfection absolue tout ce qui peut être perceptible, aussi bien concernant ce qui est noble et céleste que ce qui est bas et vil. Il fit donc de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm) le centre de cet univers. Et de ce point de vue, nous avons considéré Adam comme étant le fondement… alors qu’il n’est en réalité qu’une manifestation d’entre les multiples manifestations du Fondement Muhammadien ﷺ. Il disposa cette manifestation dans cet Homme, et par Son Nom l’Organisateur (al-Moudabbir) Il le plaça dans un état de parfaite maîtrise, contemplant d’une vision d’Ihsân toute chose, soit-elle du Moulk comme du Malakoûte. Il l’établit alors à la fois dans cette Grande Réunion (jam’) et dans la distinction différenciée (farq), conformément à la loi du chiffre 1 fluant dans tous les dénominatifs : « Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes… » [s41.v53].

Voilà pourquoi le Messager d’Allâh ﷺ dit, selon deux versions authentiques : « Allâh a créé Adam à l’image de ar-Rahmân » [Rapporté par al-Boukhâriy]
et : « Allâh a créé Adam à Son image » [Rapporté par Muslim].
Or Allâh ﷻ dit : « Dis : « Invoquez Allâh, ou invoquez ar-Rahmân : quel que soit le Nom par lequel vous l’invoquez, Il a les plus Beaux Noms (al-Asma al-Husna). » » [s17.v110] Comme nous le disions, al-Husna, c’est sayiduna al-Mustafa ﷺ. Ce qu’on appelle al-Jamâl… la Beauté d’Allâh ﷻ, ce n’est rien d’autre que sayiduna al-Mustafa ﷺ.
Il fit donc de ces deux Noms (Allâh et ar-Rahmân), des Noms de l’Essence. Ces deux mots renvoient à une seule et même Essence. Allâh est le Nom indicateur de l’Essence, comme nous le répétons souvent… tandis que le Nom ar-Rahmân, c’est un Nom indicateur de l’Essence et des Attributs. Cela ne veut pas dire que dans le Nom « Allâh » on ne retrouve pas les Attributs, bien au contraire puisqu’il réunit l’ensemble de tous les Attributs, Noms et Lois que le divin fit apparaître.

Dans un Hadîth authentique : « Allâh était et rien n’était avec Lui ». [al-Boukhâriy]. C’est en vertu de ce Hadîth que nous considérons toujours que le Nom « Allâh » est le Nom indicateur de l’Essence, et non pas un indicateur de l’Attribut à l’instar du Nom ar-Rahmân. Et dans une autre version du Hadîth : « Allâh était et il n’y avait rien en dehors de Lui ». Pour cette raison nous disons que le lâm al-ma’rifa, qui est le lâm premier dans l’ordre d’écriture commune, suivant le Alif inconnaissable (ghaybi) et indicateur de l’Essence que nous nommons Alif Mouqaddar, car l’Essence ne peut être décrite en lui donnant une forme, ni rien de ce genre… pas même au travers du tachbîh. Voilà pourquoi nous disons que le lâm al-ma’rifa, c’est le Trône (al-‘Arch), et que le Trône, c’est l’Ombre de Allâh. D’où le fait que le lâm vienne directement après le Alif. C’est bien du lâm al-ma’rifa dont on parle, et non pas du lâm al-qabd. Comprenons donc que le lâm est l’ombre du Alif. Quant aux deux lâm ensembles… puisque nous sommes actuellement dans la Lecture du lâm par le lâm : ils sont l’Apparent (al-Dhâhir) et l’Occulté (al-Bâtin). L’un est indicateur de al-Dhâhir, et l’autre indicateur de al-Bâtin.

Quant au lâm qui suit le Alif, nous disions qu’il s’agit du Trône du Nom divin « Allâh », ou de l’ombre du Alif. Quant au lâm al-‘ishq (ou lâm al-qabd) qui est attaché au hâ… ce lâm qui est sorti du hâ par son markaz inconnaissable (ghayb) et occulté (bâtin), n’est autre que le wâw ( و ) qui nous permet, juxtaposé au hâ’, de lire Huwa ( هو )… et lorsque tu dis « Huwa », c’est comme si le hâ’ s’était entièrement séparé du reste du Nom, comme si tu te passais des deux lâm et du Alif. Tu fais fi de leur prononciation, et du hâ’ lui-même tu extrais une lettre supplémentaire, relevant de l’inconnaissable et occulté : le wâw, que tu prononces lorsque tu souhaites lire le hâ’ alors qu’il est séparé du reste du Nom.

Quant à ce qui est de la partie séparée entre le lâm et le hâ’… et en réalité le lâm al-qabd est scindé en deux et à lui tout seul, il nous donne deux lâm, avec en son sommet une jonction par laquelle il s’unit à lui-même par lui-même… alors que dans sa partie inférieure il est scindé en deux, comme scindé de lui-même par lui-même. Donc nous disions, en ce qui concerne la séparation située entre le lâm et le hâ’… et il se sépara lui-même du hâ’ lorsqu’il se donna une ombre à lui-même, une ombre découlant du hâ’, et une deuxième ombre découlant du lâm al-ma’rifa. De ce fait c’est comme si le lâm al-qabd avait deux formes ou deux images : l’une revenant au hâ’, l’autre au lâm. Il est le markaz de ce que l’on nomme le Alif al-‘ilmi…

Quand le disciple parvient à la septième Lecture, il est tout content, il se sent pousser des ailes… Il se dit qu’il a terminé la Lecture, mais non ! Tu n’as pas la moindre part dans le Alif al-Mouqaddar. Nous t’avons donné le sixième et septième Secret, que nous avons appelé pour toi taqdîr… mais il ne s’agit en réalité pour toi que d’une ébauche (taqdîr) du Alif al-‘ilmi, qui sépare d’une part le lâm du hâ’, et d’autre part le lâm du lâm. C’est-à-dire que tu n’es même pas encore sorti du lâm qui est l’ombre du Trône, ou du lâm qui est l’ombre du Alif. Sache donc que tu n’es encore jamais sorti de cet océan, même si tu t’imagines l’avoir traversé par la Scission (fasl) et la Jonction (wasl), jusqu’à atteindre le Alif al-Mouqaddar. Et si nous te représentons ce trait, c’est tout simplement pour que tu apprennes les particularités du cheminement, et le passage d’une dimension spirituelle (Hadra) vers une autre… ceci, au travers des formes que l’on donne aux Lettres, en sachant bien qu’en réalité le Nom divin ne saurait être limité par une écriture. Tu ne peux pas véritablement écrire le Nom « Allâh » sur le tableau… ce que tu y vois, ce n’est que l’ombre du Nom. Quant au Nom Lui-même… et bien cherche sa réalité ! Si tu avais connaissance de la réalité de l’écriture du Nom « Allâh », tu ne resterais pas ici une seule minute de plus… à quoi bon dès lors ?

Donc toutes ces écritures que l’on voit et étudie du Nom « Allâh », ce ne sont que des ébauches (taqdîr), de manière à ce que tu puisses comprendre les choses dans les limites de ton intellect. Parce que sans tachbîh, tu n’aurais jamais rien pu réaliser. C’est pour cela que Allâh ﷻ a envoyé les Prophètes et les Messagers. Il les fit apparaître dans une forme humaine afin de te permettre de Connaître le tanzîh, et Il fit apparaître celui qui réunit les réalités de toutes ces formes humaines, sayiduna al-Mustafa ﷺ, qui dit : « Il n’y a pas de Prophète après moi ». [Muslim].
Pourquoi il n’y a pas de Prophète après lui ?
Parce qu’il est celui qui réunit tout ce qu’englobe la Prophétie. Et il précise ﷺ dans un autre Hadîth qu’il était Prophète « Alors que Adam était encore entre l’Esprit et le corps » [at-Tirmidhi]. Il est le premier et le dernier des Prophètes… donc lorsque tu veux parler du Prophète ﷺ, ne te réfère à aucune autre dimension spirituelle avec la sienne ﷺ. En revanche si tu veux parler en considération de la distinction (farq), alors tu peux te référer aux Prophètes et Messagers qui se manifestèrent sous leur forme apparente… entre le Prophète ﷺ et le Prophète ﷺ, puisqu’il est à la fois le premier et le dernier d’entre eux tous. Tout n’a donc jamais été qu’entre lui-même et lui-même, et comme si tous les Prophètes réunis reconstituaient la réalité du Prophète ﷺ… Enfin, si toutefois on parvenait à réunir tous les Prophètes, or il se trouve que toi-même tu es incapable de les énumérer tous. Même si tu nous donnes un nombre, il resterait quoiqu’il arrive sujet au doute, et tu ne pourras jamais nous ramener d’information indubitablement authentique à ce sujet.

Donc pour en revenir au Alif al-‘ilmi, il s’agit du degré de l’évanescence (idmihlâl), raison pour laquelle le premier cours sur le lâm al-qabd par le lâm al-ma’rifa était un cours traitant de la pulvérisation (sahq). Il te faut obligatoirement travailler sur cet aspect du Alif al-‘ilmi, celui-là même que tu t’imaginais être le Alif al-Mouqaddar indicateur de l’Essence du Vrai ﷻ. Il est le Secret par lequel survient la vision (mouchâhada), entre le serviteur et al-Insân al-Kâmil. Nous ne disons plus « entre le serviteur et son Seigneur »… parce que à présent si nous disions une telle chose, nous tomberions dans le chirk. Tant que nous étions dans le hâ’, nous parlions ainsi, parce que le hâ’ al-hawiya a besoin de références aux paroles de sayidina al-Mustafa ﷺ. Il nous dit ainsi dans un Hadîth que le premier ciel par rapport au deuxième était comparable à un anneau dans un désert, de même pour le deuxième ciel par rapport au troisième, etc. C’est-à-dire qu’il nous a donné une image du Moulk. Tu peux donc parler et traiter du sujet. Mais maintenant nous avons dépassé le hâ’, et nous nous sommes engagés vers la porte de l’Esprit, qui est le lâm al-qabd, et nous disons que ton entité fut saisie par l’entité qui vint avant toi, c’est-à-dire vers al-Insân al-Kâmil. Donc si tu retournes vers le hâ’ et si tu commences à rétablir les formes du monde, c’est comme si tu retournais en arrière. Et si tu t’imagines que tu avances et que tu vas de l’avant, alors c’est que tu as attribué un corps à l’Essence. Et si tu t’en tiens à ce que tu es, nous sommes obligés malgré tout de nous exprimer par les mots. C’est-à-dire que si tu t’en tiens au maqâm qui est le tien, tu te dois alors de rester muet. Cependant, dans le maqâm du lâm par le lâm, il n’y a justement pas de mutisme. C’est au contraire un maqâm de Science céleste, et tu y as au contraire le droit de parler et d’apporter des choses nouvelles. Entre le lâm et le Alif par contre, là tu ne peux effectivement pas parler de quoi que ce soit. Par ce Secret Unique apparaissent les ébauches de Alifs Mouqaddars situés entre le lâm al-ma’rifa et ce que nous désignions il y a encore deux ans comme étant le Alif al-Fardâniy.

Que représentent donc ces traits entre le lâm et le Alif ? C’est en fait comme si, par eux, tu partais du lâm al-ma’rifa et établissais progressivement la droiture du Alif. Ainsi, le lâm cesse d’être un lâm et tu accèdes à la Haqîqa du Alif. Des cours furent écrits concernant ce Alif, les disciples en ont déjà parlé… cependant, il faut savoir aujourd’hui qu’ils n’ont jamais traité que de Alif Mouqaddar, faisant passer les cheminant d’un état à un autre. Donc entre le lâm al-ma’rifa et le Alif al-Mouqaddar, le disciple passera d’une dimension spirituelle vers une autre. On dira alors que dans le domaine de la Jonction (wasl), il y lira les Noms, tandis que dans le domaine de la Scission (fasl), c’est comme s’il s’agissait du Jabaroûte, n’acceptant absolument aucune existence propre. Et pourquoi le quatrième (fasl) et le cinquième (wasl) sont pris ensemble ?
C’est pour que la chose demeure sous forme d’approche (taqdîr) pour le cheminant. Car si on établissait le wasl, le fasl viendrait le renier, et si inversement on établissait le fasl, le wasl viendrait le renier… le disciple se trouve donc entre deux mers.

Le lâm al-ma’rifa est la toute première chose à entrer en existence, en ce qui concerne l’entrée en apparition des sens profonds… bien que, dans la Lecture, on constate qu’il n’est pas premier : nous lisons d’abord le hâ’, puis le lâm al-qabd et ensuite seulement le lâm al-ma’rifa. Par ces cours, vous allez pouvoir constater la grande différence qu’il y a entre le lâm al-qabd et le lâm al-ma’rifa. Ne t’imagine pas que les deux renvoient à la même chose… par la Lecture du hâ’, tu dirais que le lâm al-qabd renvoie à la forme de al-Insân al-Kâmil, et que le lâm al-ma’rifa aussi… alors que non. Le lâm al-ma’rifa a un statut bien différent de celui du lâm al-qabd.
Comme nous disions donc, le lâm al-ma’rifa n’a pas l’antériorité en ce qui concerne la Lecture, bien qu’il soit antérieur dans la dimension de l’Esprit, puisqu’il vient en tant qu’ombre du Alif al-Mouqaddar. Comment expliquer cela ?
Tout simplement parce que la connaissance du corps doit précéder celle de l’Esprit… et il s’agit là d’un ordre des choses établi par le divin, qu’une fois de plus tu ne peux pas nier. Qu’est-ce que Allâh a créé : l’Esprit de Adam (‘alayhi s-salâm), ou bien son corps ? Evidemment, Allâh a créé Adam « à partir d’argile comme la poterie » [s55.v14], et Il le fit ainsi donc apparaitre sous la forme d’un corps, qui demeura ainsi des milliers d’années… qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela signifie qu’Il ﷻ fit apparaître le lâm al-qabd, qui demeura tel quel durant des milliers d’années, et c’est seulement après qu’ « Il insuffla en lui de Son Esprit » [s32.v9] faisant apparaître la deuxième ombre de ce lâm al-qabd : le lâm al-ma’rifa.
Donc dans la dimension spirituelle l’antériorité revient évidemment à l’Esprit, tandis que dans la dimensions physique, l’antériorité revient au corps.

Quant au fait de débuter la Lecture du Nom « Allâh » par le Alif… c’est impossible. Et les Voies qui prétendent enseigner la Lecture du Nom en débutant par le Alif, ce sont de véritables catastrophes. Comment pourrais-tu Lire l’Esprit, tout en reniant la primordialité du corps ? C’est impossible ! Tu ne peux Lire l’Esprit qu’après que le corps soit apparu. D’où nous as-tu ramené l’Esprit, toi qui manges et qui bois… comment tu as fait ?
Il s’agira donc de débuter par le Moulk, et c’est seulement après cela qu’on parviendra au Malakoûte pur. Quant à ta descente du Malakoûte vers le Moulk, elle doit obligatoirement être précédée par une élévation depuis le Moulk. Y compris dans le Mi’râj du Prophète ﷺ : « Gloire à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur de la Mosquée al-Harâm à la Mosquée al-Aqsa dont Nous avons béni l’alentour, afin de lui faire voir certaines de Nos merveilles. » [s17.v1] et c’est seulement après qu’eût lieu le Mi’râj. Cela veut dire que al-Isra eut lieu par le corps, dans sa forme corporelle ﷺ. Ce n’est pas le Mi’râj qui a d’abord eu lieu, puis il descendit ﷺ dans le ventre de sa mère, et il apparut sous sa forme humaine. Non, il est d’abord venu en tant qu’homme, il diffusa l’Islam… et c’est alors seulement que se produisit le Mi’râj, duquel il nous rapporta ﷺ la prière, c’est-à-dire le lien entre l’Esprit et l’Ordre de la Seigneurie. Donc ceci ne fut bien réalisé qu’une fois sa dimension physique et corporelle parachevée ﷺ. Et quoi qu’il arrive, tu ne pourras pas établir une Sunna différente de celle que le Créateur a établi, ﷻ.

La connaissance du corps précède ainsi donc la connaissance de l’Esprit, d’où le fait qu’on parte depuis le lâm al-‘ishq (lâm al-qabd), jusqu’à être saisi vers le lâm al-ma’rifa… Comment ?
C’est que l’Ordre d’Allâh, en considération de l’entièreté de Son Nom, vint au lâm al-‘ishq pour qu’il transmette le flux spirituel (madad) au lâm al-ma’rifa… comme si le lâm al-ma’rifa avait été en état de nécessité vis-à-vis du lâm al-qabd. C’est la raison pour laquelle le lâm al-‘ishq, que nous appelons lâm al-qabd, est le centre du hâ’ al-hawiya : le hâ’ al-hawiya englobe aussi bien le Moulk que le Malakoûte, et de ce fait nous avons le droit d’y établir un centre (markaz)… contrairement au lâm al-ma’rifa, où tu ne peux plus faire cela puisque tu te trouves dès lors dans le Jabaroûte. L’Ordre d’Allâh ﷻ vint donc au lâm al-‘ishq de transmettre au lâm al-ma’rifa ce qu’il avait reçu directement de l’Essence divine. Le madad premier revient donc au lâm al-‘ishq, ou lâm al-qabd. Voilà pourquoi je dis et répète tout le temps que le deuxième Secret, en considération de la Lecture du Nom tout entier… le deuxième Secret est la Lecture la plus importante et la plus élevée, et celui qui ne comprend pas la deuxième Lecture, n’a aucune part dans la compréhension de quelque Lecture que ce soit. Quant à celui qui, concernant le deuxième Secret, s’en tient à l’établissement d’une forme corporelle et s’imagine qu’il s’agit d’adorer une idole… celui-là est banni du hâ’ de la Foi, il n’a aucune part dans la Lumière de la Foi, et il est au contraire tombé dans les ténèbres.
Voila. Car, que nous dit le Hadîth ?
« Allâh créa la création dans les ténèbres » ceci veut dire que cette idole n’a aucune existence. « puis, Il projeta sur eux de Sa Lumière. » sur qui a été projetée cette Lumière ?
Justement, sur cette idole inexistante et illusoire. « Celui qui reçoit de cette Lumière » c’est-à-dire celui qui accepte ce fait « est guidé, tandis que celui qu’elle n’atteint pas est perdu. » et n’a aucune existence. Donc celui qui s’imagine que le deuxième Secret est en rapport avec une enveloppe corporelle, et qui s’imagine qu’il s’agit d’adorer une idole… qu’il sache qu’il n’y a en réalité pas d’autre idole que lui-même ! Celui qui s’imagine une telle chose, c’est lui-même qui est une idole, lui qui n’a absolument rien compris, lui qui n’a jamais mis le pied dans le domaine de la Science des Ahl Allâh. Qu’une telle personne aie bien cela en tête… car beaucoup disent que le deuxième Secret, c’est l’adoration de la Wâsita, etc. Mais non ! Si tu as cette croyance, c’est toi-même qui es désigné, et en aucun cas la Wâsita.

Quant à la conception et à la corporalité de al-Insân al-Kâmil… ce n’est pas un Savoir accessible pour les ignorants. Cette Science, c’est la Science de l’élite ! Ce n’est pas une Science bon marché… Voilà pourquoi, concernant le hâ’ al-hawiya, on voit même des philosophes en parler. Va lire les livres de philosophie… tout le monde appelle cela Wahdat al-Woujoûd, et qu’est-ce qu’ils croient ? Ils croient que touuuuut cela ne forme en réalité qu’Un. Tout le monde sait cela, les chrétiens, les bouddhistes… si les choses étaient réellement comme ils le prétendent, ou comme toi tu t’imagines qu’est le Tawhîd, alors tous seraient à considérer comme d’authentiques gens du Tawhîd (mouwahhidoun). Mais non ! Réveille-toi, tu es musulman ! Et tu as la Wâsita suprême, le Messager d’Allâh ﷺ ! Qu’est-ce que tu en as fait toi, de la Wâsita ? Tu l’as laissé derrière toi, et puis tu t’es imaginé que Wahdat al-Woujoûd était ce qui allait te permettre de parvenir à la Connaissance de l’Essence divine… Non… si tu prétends à Wahdat al-Woujoûd, sache dans ce cas que c’est toi-même l’idole ! Tu es Houbal ! Ce n’est pas cela le centre du hâ’ al-hawiya… parce que la deuxième Lecture ne peut être Lue qu’après la Scission (fasl) d’avec le hâ’ al-hawiya et l’immersion totale dans le lâm al-qabd. C’est alors seulement que tu comprendras…

C’est là un problème récurrent chez les disciples qui sont dans la première Lecture : hâ’ al-hawiya, hâ’ al-hawiya, hâ’ al-hawiya, hâ’ al-hawiya… et vous vous êtes complètement laissés aller. Concernant le lâm al-qabd, vous ne l’avez compris que depuis votre point de vue qui considère la forme corporelle… mais maintenant que nous arrivons à la Lecture du lâm al-qabd, ceux qui pourront avancer sont uniquement ceux qui seront capables d’effacer tout le tableau de la première Lecture. Quant à ceux qui s’en tiendront au tableau présentant la forme corporelle, ceux-là n’auront aucune part, et ils deviendront comme s’ils n’avaient jamais Lu ni hâ’, ni lâm, ni lâm, ni Alif. Comme s’ils n’étaient jamais entrés dans la Voie.

C’est par ces Lectures que la Voie d’Allâh est difficile… pas par l’accès au premier Secret. Certains croient même que parce qu’ils divulguent le premier Secret, ils sont des Shouyoûkh, ou des Prophètes… Non, reste tranquille ! Tu n’as rien du tout ! Au sujet du hâ’ al-hawiya, le Messager d’Allâh ﷺ te dit lui-même : « semblable à un anneau dans un désert ». Voilà, terminé.
Qu’est-ce que tu vas venir me raconter toi, au sujet du hâ’ al-hawiya.. ?
Et d’abord, qui te l’a enseigné ?
« un anneau dans un désert », c’est la Wâsita suprême, l’Arbre Béni… l’Olivier que tu as renié, et puis tu es resté avec l’anneau. De ce fait tu en devins toi-même le désert, incapable de parler ni d’exprimer quoi que ce soit concernant l’anneau. Voilà pourquoi les seuls véritables Secrets sont le deuxième, le quatrième et le cinquième : ce sont ces Secrets-là qui t’enseignent les points de vues complètement différents les uns des autres, selon les lois organisant les opposés entre eux, selon le Jalâl et le Jamâl… Mais si tu ne lis ni le qabd, ni le bast, tu demeures très loin. Voilà le sens du Hadîth : « Les cœurs des serviteurs sont entre deux des doigts de ar-Rahmân : Il les retourne comme bon lui semble ». c’est-à-dire entre doigts : entre Jalâl et Jamâl.

Si tu parviens à maîtriser la Première Lecture en réunissant tous ses opposés, tu seras alors en mesure de te débarrasser des considérations du cœur et de t’en remettre à l’intellect, de te débarrasser de l’intellect et de t’en remettre à la nafs, de te débarrasser de la nafs et de t’en remettre à l’Esprit, de te débarrasser de l’Esprit et de t’en remettre finalement aux Secrets. Mais toi, c’est depuis le cœur que tu entends maîtriser les Secrets… Alors que non. Après le cœur, tu accèdes à l’intellect, puis à la nafs agréée, puis à l’Esprit, et c’est seulement après cela que tu pourras accéder au Secret. Le Secret ne peut pas être lu par le cœur ! Le cœur (qalb), comme son nom l’indique, est sujet au changement d’état (yataqallab) : par le cœur, on ne peut lire que les opposés. Et si tu atteints la maîtrise des opposés, dans le hâ’ al-hawiya et dans le lâm al-qabd, puis les particularités de l’Esprit dans le lâm al-ma’rifa, et enfin les approches (taqdîr) du Alif al-‘ilmi… alors tu pourras approcher du Alif al-Mouqaddar.

Nous disions donc, l’Ordre d’Allâh vint pour le lâm al-‘ishq de transmettre au lâm al-ma’rifa le flux spirituel (madad) issu de Son Essence… ainsi que de constituer un guide pour lui. Donc d’où vient la guidée, pour le lâm al-ma’rifa ?
C’est le lâm al-‘ishq, qui est le lâm al-qabd. Lorsque le lâm al-ma’rifa devint clairement apparent dans la Lecture, il demanda au lâm al-‘ishq sa capacité d’agir, afin de devenir pour lui comme un ministre : il ordonne, et le ministre agit en conséquence. Ainsi, le lâm al-‘isqh projette en le lâm al-ma’rifa ce qu’il veut, et à son tour le lâm al-ma’rifa projette sur le Alif al-Mouqaddar, ou plutôt ce qu’il voit comme étant le Alif al-Mouqaddar… mais quel est en réalité le Alif que voit le lâm al-ma’rifa ?
Il ne s’agit que du Alif scindant en deux le lâm al-‘ishq !

Donc lorsque le lâm al-ma’rifa arriva en bout de sa Lecture, il regarda en direction du lâm al-‘ishq et découvrit que la Haqîqa de ce dernier n’était autre que ce Alif le scindant en deux. Et alors, de même que nous nous le faisons, le lâm al-ma’rifa s’imagina que ce Alif était l’Essence Elle-même. De ce fait il lui demanda de prendre l’entier contrôle de ses actes, afin qu’à son tour il transmette cela au lâm al-‘ishq, faisant ainsi du lâm al-‘ishq l’équivalent d’un ministre pour le lâm al-ma’rifa.

Le lâm al-ma’rifa n’a pas imaginé un seul instant que c’était lui le retardataire… malgré pourtant qu’il est Esprit, et que la manifestation de l’Esprit est bel et bien postérieure à celle du lâm al-qabd. De ce fait donc, le lâm al-qabd établit ce lien le réunissant au lâm al-ma’rifa. Et lorsque nous écrivons le Nom « Allâh », ce lien unissant le lâm al-qabd et le lâm al-ma’rifa se trouve sous la ligne d’écriture.

Dans l’écriture que tu vois à l’école, la courbure du lâm doit se trouver au-dessus de la ligne d’écriture… mais ici non, elle se trouve bien en dessous. Et comme nous le disons toujours : tout ce qui se trouve sous la ligne d’écriture relève du Jabaroûte. Cet arc-de-cercle joignant le lâm al-qabd au lâm al-ma’rifa est donc appelé le Jabaroûte du Vrai ﷻ. Et c’est ce Jabaroûte qui projeta Son Ordre dans le lâm al-‘ishq… et pour que le lâm al-ma’rifa puisse le recevoir, il devint marqoûm. C’est donc comme si ce Jabaroûte était en réalité ce lien unissant les deux lâm… car tu n’as pas de forme manifestée pour l’indiquer.

Lorsque tu accèdes au lâm al-ma’rifa, oublie le Moulk, tu te trouves dans le Malakoûte ! Tu t’en remets donc au Jabaroûte, qui devient le ministre de ce Malakoûte et y projette tout ce qui le concerne, car le Malakoûte est soumis au Jabaroûte. Donc toutes ces manifestations du Malakoûte qui laissent perplexes tous les gens de ma’rifa, elles proviennent en réalité du Jabaroûte, cependant en tant que Jabaroûte même, il t’est impossible de parvenir à ces manifestations car elles y sont entièrement cachées. Voilà pourquoi le marqoûm du Malakoûte s’en remet au Jabaroûte ; alors le Jabaroûte projette dans le lâm al-ma’rifa, et ce qu’il y projette s’y manifeste dans une forme marqoûm (inscrite, c’est-à-dire concrètement perceptible) afin de pouvoir être perçue par le lâm al-ma’rifa.

Ce Jabaroûte n’a pas d’entité, pas de forme apparente bien à lui, contrairement aux deux lâm… et donc c’est en fait comme s’il s’agissait du Alif al-‘ilmi, que tu es incapable de décrire ni de représenter… Au-dessus de la ligne d’écriture, ce Alif al-‘ilmi se manifeste donc sous le lâm al-qabd d’une part, et d’autre part sous forme de scission entre le lâm al-ma’rifa et le Alif al-Mouqaddar. Et sous la ligne d’écriture, il nous écrit comme l’arc-de-cercle d’un noûn ( ن ), mais un arc Lumineux, qui en aucun cas ne pourrait être représenté à l’écrit… et c’est en cela même que se trouve la Haqîqa du Nom.

Voilà pourquoi quand vous avez pris la Wâsita (tableau comprenant le Nom « Allâh » écrit dessus), on vous disait de faire du dhikr avec, jusqu’à ce que vous en sorte un Nom de Lumière. Et pour que ce Nom de Lumière soit magnifié et prenne de l’importance en vous, on vous disait qu’il s’agissait là de la Haqîqa du Nom « Allâh » écrit sur la Wâsita… et ainsi le Nom écrit devenait l’ombre de cette Haqîqa. Puis vous poursuiviez dans le dhikr, jusqu’à ce que vous apparaisse clairement la Lumière du Alif, du lâm, du lâm et du hâ’. En réalité, ce Alif, lâm, lâm et hâ’ ne peuvent être définis par des formes, car ils sont Lumière et la Lumière n’a pas de forme. Ici il s’agit simplement de te faire découvrir le marqoûm du Nom divin, non pas sa Haqiqa. Donc le marqoûm de ce Alif Mouqaddar renvoie aux sciences, tantôt liées (mawssoûl), tantôt séparées (mafsoûl) du lâm al-ma’rifa, selon que l’on considère le quatrième ou le cinquième Secret.

Le lâm al-‘ishq a ainsi projeté de son flux dans cette partie (l’arc-de-cercle) relevant du Jabaroûte, y inscrivant (y rendant marqoûm) ce qu’il voulut et ce par quoi il s’adressa au lâm al-ma’rifa, qui se résigna à son obéissance jusqu’à ainsi parvenir au monde de « Bala » [s7.v172]. C’est la raison pour laquelle nous disons « innâ lillâh / nous sommes à Allâh » , et pas « innâ ila Allâh / nous sommes vers Allâh.
« Nous sommes à Allâh, et c’est vers Lui que nous retournons. » [s2.v156] Donc lorsque tu prononces véritablement ce verset, c’est que le lâm a pris sa dimension éminente et ultime, a accepté l’Ordre divin en vertu du Verbe « Bala ».

Lorsque le lâm al-ma’rifa vit le Dessein (Amr) lui parvenant du lâm al-‘ishq, par l’intermédiaire de la partie constituant la Loi (char’) entre les deux lâm, sachant que le lâm al-‘ishq est comme le ministre, celui qui projette et exerce son influence… il constitue donc la Loi du Malakoûte. La vision (mouchâhada) de ce qui émane de cette partie Jabaroûtienne est par conséquent une volonté de Lui (lahu) afin que le détenteur de l’Ordre (Amr) puisse Le voir. Le lâm al-ma’rifa s’habitude ainsi à capter les Sciences du Alif al-‘ilmi, que tu vois et considères dans sa forme apparente comme étant le lâm al-qabd, tandis que dans une dimension plus profonde et subtile il renvoie au Alif al-Mouqaddar al-‘Ilmi. Le lâm al-ma’rifa réalise que le lâm al-‘ishq est bel et bien celui qui projette en lui de ses flux célestes, flux qu’il intercepte par l’arc-de-cercle Jabaroûtien, permettant l’apparition marqoûm de toutes les Sciences et renvoyant à la réalité de « Bala ». Le lâm al-ma’rifa s’efforce alors afin de parvenir à la Connaissance du Créateur… il veut la mouchâhada. Mais de quelle mouchâhada s’agit-il ?
Ce n’est pas comme notre mouchâhada de la Lumière, non…
La mouchâhada du lâm al-ma’rifa, c’est la mouchâhada du Secret Suprême, qui est la Connaissance du Alif Originel. Voilà ce à quoi aspire le lâm al-ma’rifa.

Mais du fait que le lâm al-ma’rifa apparut après le Alif, il lui faut impérativement revenir… en arrière. Et non pas vers l’avant ! Il a effectivement perçu la Science de devant, cependant concernant la véritable Connaissance, il lui faudra au contraire revenir en arrière. Lorsque il se mit à cheminer en ce sens, se concentrant sur cette partie Jabaroûtienne, il finit par devenir voilé du Alif. Le Alif le précède, il est même celui qui fit apparaître le lâm al-ma’rifa… mais ce dernier le négligea et l’oublia, il se mit à percevoir les flux célestes de la qibla (devant), c’est-à-dire par l’intermédiaire du lâm al-qabd… et le lâm al-ma’rifa finit par comprendre que la véritable Wâsita n’était autre que la recherche de l’Eau de Vie fluant dans l’Arbre Béni.

Tout ceci, le lâm al-ma’rifa l’a bien compris. Il est ma sha’a Allâh… mais d’un autre côté il nous montre malgré tout qu’il est négligeant et insouciant… bien qu’il ait accepté ce Dessein (Amr) dans le Malakoûte, qu’il y ait fait apparaître les Sciences inscrites (marqoûm) découlant de ce Alif al-Mouqaddar. Le lâm al-ma’rifa prit ainsi Imâm ce Alif… mais malgré tout, il négligea et demeura dans la ghafla concernant le comment parvenir le plus rapidement et le plus simplement possible à la vision du Alif al-Mouqaddar, c’est-à-dire de ce Alif qui le précède… Le problème, c’est que le lâm al-ma’rifa considère que le Alif doit venir de devant lui, et en aucun cas il ne réalise que ce Alif qui le précède se trouve en réalité derrière lui. Voilà pourquoi le Messager d’Allâh ﷺ nous dit dans un Hadîth : « J’ai vu mon Seigneur sous la forme d’un jeune homme imberbe et aux cheveux bouclés. » [Rapporté par Ahmad].
Et dans un autre Hadîth Sahîh : « […] Puis je me suis assoupi dans ma prière, et en m’éveillant je me suis trouvé avec mon Seigneur –‘azza wa jall-, dans la plus belle des apparences. […] Je Le vis poser Sa Main entre mes épaules, jusqu’à sentir la fraîcheur de Ses Doigts dans ma poitrine. Tout se manifesta (tajalla) alors à moi, et j’atteignis la Connaissance. » [Rapporté par at-Tirmidhiy, Hadîth Hassan Sahîh] [1]

Il dit bien ﷺ : « entre mes épaules », donc c’est bien derrière lui ﷺ et non pas devant. « jusqu’à sentir la fraîcheur de Ses Doigts dans ma poitrine » : cela lui parvint bien de derrière, et c’est devant qu’il en ressenti l’effet. C’est alors que « Tout se manifesta (tajalla) alors à moi, et j’atteignis la Connaissance ».
C’est ainsi donc que la Connaissance du flux céleste de l’Arbre Béni est supérieure à celle du lâm al-ma’rifa. Le lâm al-‘ishq, qui est le lâm al-qabd, est la deuxième Lecture, celle de l’Arbre Béni, se référant à la forme manifestée de al-Insân al-Kâmil qui lui-même est à l’image de sayidina al-Mustafa ﷺ.

Et c’est ainsi également que le verset Coranique nous dit : « Revenez en arrière, et cherchez de la Lumière. » [s57.v13] C’est-à-dire que cela ne va pas vous venir de devant vous… « Revenez en arrière ». Si nous comprenons ce verset dans le sens qui voudrait que cela traite de la situation dans l’au-delà qui exposera les gens du Paradis aux hypocrites, les premiers disant aux seconds de retourner en arrière, c’est-à-dire dans le monde de dounia, afin d’y chercher de la Lumière… alors il ne faut pas oublier que le Coran peut être compris d’une multitude de points de vues différents, aussi bien dans le passé, dans le présent que dans le futur. Ce verset est donc valable et à comprendre aussi bien dans le présent que dans le futur ! « Retournez en arrière », c’est-à-dire retourne de ton enveloppe corporelle créée vers le Souffle Originel, l’Esprit de l’Ordre divin : d’où ce dernier est-il venu ? Nous disons qu’il est venu de l’Arbre Béni. Pourquoi ?
Parce que le Hadîth nous dit : « J’étais Prophète tandis que Adam était entre l’eau et l’argile ».
Et conformément au verset : « et Je lui ai insufflé de Mon Esprit » [s15.v29].
Tu reviens donc vers l’Arbre Béni, mais même si tu parviens à son flux céleste, sache qu’en aucun cas tu n’es « revenu » en arrière, mais que tu n’as jamais fait qu’aller de l’avant… Comment donc reviendrais-tu en arrière ?
Par le fait que l’Arbre Béni te dise : « Retournez en arrière, et cherchez de la Lumière » [s57.v13] C’est donc le lâm al-qabd, ou bien ce Alif al-Mouqaddar Lumineux, qui te dit : « Retournez en arrière, et cherchez de la Lumière ».

Et s’il n’en était pas ainsi, c’est-à-dire si l’on retirait le lâm al-‘ishq du Nom « Allâh », nous n’aurions plus alors que « ilah ( اله ) dieu », et non plus « Allâh ( الله ) ». Dès lors, le lâm al-ma’rifa ne se tournerait plus que vers le Alif al-Mouqaddar situé devant lui, tantôt au travers de la Scission (fasl), tantôt au travers de la Jonction (wasl), par ce flux céleste se trouvant dans la Qibla. Voilà pourquoi le Hadîth dit : « Lorsque l’un d’entre vous accomplit la prière, qu’il ne crache pas devant lui car Allâh est face à lui lorsqu’il prie » [al-Boukhâriy et Muslim], et dans une autre version : « car son Seigneur est entre lui et la Qibla ».

Et quand est-Il ﷻ le plus proche de Son serviteur ?
C’est lorsque celui-ci se trouve dans la prosternation. Tout ceci concerne donc exclusivement le devant, non pas l’arrière. Le Alif al-Mouqaddar n’a en réalité pas de Wâsita. Voilà pourquoi, dans l’écriture du Nom « Allâh », il se présente comme étant un Alif inconnaissable (ghaybi) et isolé, dans un chaos (‘ama), conformément au Hadîth : « « Ô Messager d’Allâh, où était notre Seigneur avant la création des cieux et de la terre ? » Il répondit : « Il était dans ‘amâ, au-dessus se trouvait de l’air, et en dessous de l’air. » » [Sahîh ibn Hibbân].
Par conséquent, s’Il se trouve dans ‘amâ, au-dessus se trouvant de l’air et en dessous de l’air… comment la Wâsita pourrait-elle y parvenir ?
Voilà pourquoi la Wâsita vient de devant, et non de derrière.
Cependant, ceci ne convient pas au Secret Suprême, c’est-à-dire ce qui renvoie au Alif de l’Essence… et ici nous ne traitons que du Alif de la Science (Alif al-‘Ilmi). D’où : « Sache donc qu’il n’y a point de divinité hormis Allâh (lâ ilâha illa Allâh) » [s47.v19] Et c’est la raison pour laquelle tu ne peux pas parler ni t’exprimer au sujet du Alif de l’Essence, si ce n’est au travers d’une parfaite maîtrise de ce que recèle le Alif al-‘Ilmi, qui se retrouve en les héritiers des Prophètes, les Prophètes n’ayant laissé en héritage ni biens matériel, ni statut social… mais le Savoir et la Connaissance. C’est cette Science du Alif al-Mouqaddar qui a déboussolé les intellects, désorienté les raisons. Ceux qui l’ont évoqué d’entre les gens de la réalisation spirituelle (mouhaqqiqin) n’ont jamais fait qu’évoquer le Alif al-‘Ilmi, plaçant le Alif de l’Essence dans la Scission (fasl), et ne réalisant la Jonction (wasl) qu’au travers de ce Alif al-‘Ilmi, faisant de ce dernier un chemin offrant le passage d’une dimension spirituelle (Hadra) à une autre, et ce jusqu’à atteindre le Alif al-Mouqaddar. Dès lors, on réalise la magnificence du Nom « Allâh », qui effectivement est le Nom indicateur de l’Essence. Et maintenant donc, nous apparaît l’emplacement de cette Science issue du Nom de l’Essence : il s’agit de cette scission que l’on retrouve dans le lâm al-qabd, qui est le lâm al-‘ishq.

Le lâm al-‘ishq s’est ardemment désiré (‘ashiqa) lui-même par lui-même, tandis que le lâm al-qabd s’est fendu lui-même par lui-même, par la Science de son Seigneur. Il fit parvenir son ordre au lâm al-ma’rifa, que Allâh fit apparaître après lui, de sorte que ce lâm al-ma’rifa n’était que par le scrupuleux suivi du lâm al-qabd. Et ceci fut rendu possible comment ?
Par la présence antérieure d’un élément (arc-de-cercle) Jabaroûtien. Et tu ne pourras réaliser le cheminement vers l’arrière tant que tu n’auras parfaitement maîtrisé le cheminement vers l’avant. Personne ne fait jamais marche arrière, tout le monde ne fait qu’aller de l’avant. Tout le monde parle du futur, on dit bien al-Akhira (la demeure dernière)…

Il s’agira donc d’entrer par la porte de « Demandez des comptes à vous-mêmes avant que l’on ne vous en demande » [parole de sayidina ‘Omar], puis de cheminer en plaçant devant soi l’Imâm, qui n’est autre que le Messager d’Allâh ﷺ, en veillant à parfaire sa prière derrière lui conformément au Hadîth : « Priez comme vous m’avez vu prier. » [al-Boukhâriy]. Dès lors, le cheminant ne pourra plus retourner en arrière, excepté s’il voit la Wâsita en tant que Alif al-‘Ilmi, et non pas sous la forme corporelle. Quant à celui qui persistera dans la considération de cette forme corporelle, c’est comme s’il demeurait avec le corps de chair sans l’Esprit, au sujet duquel le Vrai ﷻ dit : « et Je lui ai insufflé de Mon Esprit » [s15.v29]

Allâhumma fais de nous des gens du Souffle de l’Esprit, qui comprend le flux céleste d’un Alif Mouqaddar ‘Ilmi, de manière à ce que nous puissions la Science du marqoûm dans la partie Jabaroûtienne, se présentant dès lors à nous dans une forme parfaitement claire, afin que nous puissions suivre ce Alif d’Essence, malgré que nous ne soyons en mesure de réellement Connaître son entité ni sa transcendance, puisque nous ne le Connaissons qu’au travers de ce que nous en a fait paraître la Wâsita suprême, le Messager d’Allâh ﷺ.
Allâhumma place sa Lumière dans nos cœurs, dans nos ouïes et dans nos vues, à notre droite et à notre gauche, devant nous, derrière nous, au-dessus et en dessous de nous, et fais de nous une Lumière de sa Lumière, ô plus miséricordieux des miséricordieux.
Allâhumma fais de nous des gens dignes de son entité, dignes des gens de sa maison, dignes de ses proches par alliance et dignes de sa descendance. Place-nous dans son suivi scrupuleux, dans ce bas monde avant l’autre, et fais de lui notre intercesseur, ô plus miséricordieux des miséricordieux. Fais de lui celui qui questionne et celui qui répond pour nous dans la nuit de la tombe, et fais de sa Lumière notre Bourâq pour traverser le Sirât, ô plus miséricordieux des miséricordieux.


[1] Hadîth entier :
Selon Mu’âdh ibn Jabal : « Nous attendions un jour le Messager d’Allâh ﷺ pour la prière du Sobh, au point que nous percevions presque le disque solaire. Le Messager d’Allâh ﷺ sortit alors en vitesse et accomplit la prière en l’allégeant. Puis, après avoir conclu par le salâm, il dit : « Restez à vos places. » Puis il ajouta : « Je vais vous parler de ce qui m’a retenu de vous rejoindre plus tôt. Je me suis levé la nuit et ai prié ce qui m’a été permis de prier. Puis je me suis assoupi dans ma prière, et en m’éveillant je me suis trouvé avec mon Seigneur –‘azza wa jall-, dans la plus belle des apparences. Il me dit : « Ô Muhammad, sais-tu au sujet de quoi diverge l’assemblée suprême ? » Je répondis : « Je ne sais pas ô Seigneur ». Il dit : « Ô Muhammad, au sujet de quoi diverge l’assemblée suprême ? » Je répondis : « Je ne sais pas, Seigneur ». Je le vis alors poser sa main entre mes épaules, au point que je sentis la froideur de ses doigts dans ma poitrine. Tout se manifesta (tajalla) alors à moi, et j’atteignis la Connaissance. Il me demanda alors : « Ô Muhammad, au sujet de quoi diverge l’assemblée suprême ? » Je répondis : « Au sujet des Kaffârâte ». Il dit : « Et que sont les Kaffârâte ? » Je dis : « Il s’agit des pas faits pour rejoindre les assemblées, le fait de s’asseoir (et rester) dans les mosquées après la prière, et le fait de renouveler les ablutions dans la difficulté. » Il dit : « Et que sont les Darajâte ? » Je dis : « Il s’agit du fait de nourrir (les gens), les paroles douces et la prière alors que les gens sont endormis. » Il dit : « Demande (ce que tu veux) ». Je dis : « Allâhumma je te demande l’accomplissement des bonnes actions et le délaissement des mauvaises, l’amour des pauvres, que Tu me pardonnes et me fasse Miséricorde. Et si tu veux qu’une épreuve (fitna) affecte un peuple, fais-moi mourir indemne. Et je Te demande Ton Amour, l’Amour de ceux qui T’Aiment, et l’Amour des œuvres qui me rapprocheraient de Ton Amour. »
Et il dit
ﷺ : « Ceci est Vérité : étudiez-le et apprenez-le donc ! » »
[Ahmad (5/243), at-Tirmidhiy (369-5/368) Hadîth n° 3235, al-Hâkim (521/1), at-Tabarâniy (20/109, 141), al-Bazzâr Hadîth n°8662]

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