بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Les trois types de Parole

Résumé de l’assise 13 janvier 2017 / Jumu’a 14 Rabî’ al-Thâniy 1438

Allâh ﷻ dit : « Quiconque fera un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra ; et quiconque fait un mal fût-ce du poids d’un atome, le verra. » [s99.v7/8]

En ces deux versets Coranique se trouve une indication claire du fait qu’au sein même de l’être humain se trouve aussi bien le meilleur que le pire, aussi bien les penchants de la mécréance que les forces de la Noubouwa et de la Risâla.
C’est la raison pour laquelle certaines personnes peuvent vivre toute leur vie dans le péché et le reniement de la divinité, pour au final se convertir et mourir musulman.

Le Vrai ﷻ dit bien : « et Il enseigna à Adam tous les Noms » [s2.v32], or parmi les Noms divins se trouvent certes des Noms de Beauté (Jamâl), à l’instar de al-Hâdiy (Celui qui guide)… mais également des Noms de Majesté (Jalâl), comme par exemple al-Moudill (Celui qui égare).

Au sein de l’être humain, les penchants à la mécréance se résument aux penchants de la nafs et à ce qui est régi par la zone du bas-ventre, soit les passions charnelles et la soif insatiable des biens matériels, l’amour de ce bas-monde. Quant aux forces de la Foi, il s’agit des forces spirituelles du cœur et de l’intellect.
On désignera par la Scission (fasl) tout ce qui découle et émane de la zone du bas ventre, soit ce qui se trouve entre le nombril et le sexe… et par la Jonction (wasl) tout ce qui émane de la zone allant du cœur à l’intellect ou au cerveau. Et dès lors nous constatons que la distance entre le cœur et le cerveau est plus grande que celle se trouvant entre le nombril et le sexe, nous indiquant clairement que les domaines du wasl sont plus vastes que ceux du fasl.

Les gens de condition spirituelle réalisée percevront le fasl dans le wasl, et le wasl dans le fasl… mais ceci concerne les gens du tahqîq uniquement ! Ceux qui n’auront pas atteint la réalisation spirituelle devront quant à eux considérer que, d’une manière générale, tout ce qui est ‘olwi (cœur/cerveau) relève du wasl, tandis que tout ce qui est soufli (nombril/sexe) relève du fasl…
Mais comment serait-il possible de trouver le fasl dans le wasl, et le wasl dans le fasl ?
– Un exemple de Jonction (wasl) au cœur de la Scission (fasl) serait la relation sexuelle dans un couple marié : cette relation fait intervenir le bas-ventre des deux individus, donc la zone du fasl, mais à partir du moment où cette relation a lieu dans le cadre de la Chari’a, elle en devient une adoration, soit quelque chose de ‘olwi, ou une forme de wasl.
– Un exemple de Scission (fasl) au cœur de la Jonction (wasl) serait le fait de regarder une personne étrangère de l’autre sexe : le deuxième regard que tu poseras, c’est-à-dire avec tes yeux (‘olwi, wasl) sur le visage (‘olwi, wasl) de cette personne, sera contre toi (fasl).

Selon un point de vue superficiel, on considère que sayiduna Adam (‘alayhi s-salâm) commit une erreur en mangeant de l’Arbre, et que c’est ce qui le fit chuter et quitter le Paradis où il se trouvait pour dounia (fasl). Or, c’est bien par cette descente vers la terre de dounia qu’il accéda au Khilâfa (wasl), car cette fonction de vicaire n’existe pas dans le Paradis… et c’est bien lorsque l’on se trouve en position de soujoûd, soit lorsqu’on descend au plus près de la terre, que l’on se trouve le plus Proche d’Allâh ﷻ : « Le moment où l’homme est le plus proche d’Allâh  est celui où il est en prosternation » [Muslim]

La Terre est l’isthme (barzakh) de l’univers, c’est-à-dire son point où l’équilibre entre les opposés est le plus parfait, permettant à la Vie de s’y manifester sous ses formes les plus parfaites. L’univers tout entier ne fut créé que pour établir et faire perdurer cet équilibre parfait de la Terre… et Adam (‘alayhi s-salâm) fut créé pour être un isthme parfait entre les mondes, aussi bien spirituels que physiques. Sa création se fit à partir d’un alliage parfaitement équilibré des quatre éléments, puis sa femme Hawa fut créé à partir de lui, en tant qu’ombre de la Réalité Adamienne.

De même, lorsque l’aspirant à la Connaissance divine prend une Wâsita (un Shaykh) et qu’il parvient à considérer ce dernier comme étant l’Esprit pur duquel il en serait la nafs… il devient par là-même l’ombre de cet Esprit, mais en aucun cas l’Esprit lui-même : ne viens donc pas concurrencer le markaz !

L’Origine n’a pour rôle que de chercher une copie conforme à lui-même, une ombre parfaite, et rien d’autre. C’est pour cette raison que l’effort de da’wa et de propagation de la Vérité incombe aux copies, c’est-à-dire aux aspirants à l’Union, et non pas à l’Origine elle-même. Plus le disciple fournira d’effort dans l’appel à Allâh, plus il recevra de ce taqdîr, c’est-à-dire plus il se rapprochera de l’état de cette copie conforme à l’Origine.

Notre mère Hawa fut ainsi donc une copie conforme de l’Origine Adamienne, mais pas l’Origine elle-même… car dans le cas contraire, le témoignage de la femme aurait été égal à celui de l’homme : « Faites-en témoigner par deux témoins d’entre vos hommes ; et à défaut de deux hommes, un homme et deux femmes d’entre celles que vous agréez comme témoins, de sorte que si l’une d’elles s’égare, l’autre puisse lui rappeler. » [s2.v282]

Voilà pourquoi, dans la Lecture du Nom « Allâh », la femme ne lit pas le Alif : elle est et demeure dans le rôle d’ébauche (taqdîr), et non pas dans la fonction de base fondamentale (asl). Ainsi selon la Chari’a, la femme ne peut ni faire l’appel à la prière, ni la diriger, ni faire le sermon du Jumu’a.
Le Alif est constitué de trois points : celui de la Risâla, celui de la Wilâya et celui de la Noubouwa. On comprend ainsi pourquoi il est impossible et il n’y a jamais eu de femme Prophète, ni Messager, ni détentrice de la Wilâya découlant du Alif.

*Note du traducteur :
De ceci, il s’agira de bien comprendre qu’en tant que disciples du Shaykh, les gens sont tous considérés comme des femmes, c’est-à-dire comme des nafs, sans distinction physionomique… tandis que l’Homme, ou l’Esprit, c’est le Shaykh. De ce fait, chacun n’est et ne sera jamais qu’une ébauche (taqdîr) de l’Origine, qu’il devra toujours considérer comme étant son Imâm et son fondement (asl), étant lui-même le ma’moûm et la ramification (far’).

Plus le disciple se révèlera être Proche, plus il fournira d’efforts dans la da’wa, et plus son taqdîr ou sa ressemblance à celui qu’il prend comme modèle sera grande. Et l’être le plus proche de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm), c’était à n’en pas douter sa femme Hawa, puisqu’elle aussi mangea de l’Arbre. Malgré tout, elle n’a aucune part dans le khilâfa : au contraire elle ne s’astreignit qu’au suivi du khilâfa.

Originellement donc, lorsque Adam (‘alayhi s-salâm) se trouvait au Paradis, il s’y trouvait sous la forme de Réunion (jam’)… mais lorsqu’il y retournera, ce sera sous la forme de Désunion (farq), c’est-à-dire avec 124 000 Prophètes et 314 Messagers. Ou dit autrement, avec 124 000 gens de l’éminente Nouvelle (al-naba’ al-‘adhîm), et 314 gens de Badr, les gens de la Lune ou les dépositaires d’une Risâla cachée… car la Risâla ne se limite pas exclusivement aux quatre Livres révélés. Il y a également les tablettes (alwâh), les feuillets (souhoûf), etc… en tout plus de cent types de révélations.

Depuis toujours, sayiduna Adam (‘alayhi s-salâm) recélait en lui les Lumières et les réalités de son entité… cependant ce n’est qu’au travers de sa descente sur Terre qu’il put réaliser son statut de khilâfa, de vicaire d’Allâh ﷻ… ou dit autrement, c’est par la révélation successive de différents Noms divins en lui et par lui, qu’il mangea de l’Arbre, chuta vers dounia, pleura et implora l’acceptation de sa repentance… et qu’il recouvra sa place d’origine, mais cette fois-ci en parfaite Connaissance de lui-même.

Les gens diffèrent entre eux en fonction de ce sur quoi ils basent leur savoir : sur le goût de l’expérience personnelle (dhawq), ou plutôt au travers des écrits consignés par d’autres.
Concernant les cheminant sur la Voie d’Allâh, leur savoir est d’abord et avant tout basé sur le goût de l’expérience personnelle. Il s’agira pour y parvenir d’évidemment mettre en application les Lois de la Charî’a, mais plutôt que d’appliquer la Loi pour la Loi, ils s’emploieront à appliquer la Loi en considération de l’Esprit de la Loi. C’est de cette manière que les âmes se purifieront et seront en mesure de voir la réalité des choses au-delà de leurs apparences.

Concernant les ténèbres, il faut savoir qu’elles recèlent elles aussi des Sciences précises avec leurs règles, leurs fondements, leurs exigences… des sciences à part entière, découlant de la Présence divine. Allâh ﷻ dit effectivement : « ils enseignent aux gens la sorcellerie (sihr) » [s2.v102] Ici, l’expression « ils enseignent / yu’allimoûn » est construit sur la racine de  » ‘ilm », c’est-à-dire la Science… La sorcellerie est donc bien une Science.

Aujourd’hui, les gens s’imaginent que la Connaissance divine est un don qui tombe du ciel, comme ça un beau jour… Et c’est très grave, car on voit ainsi certaines personnes qualifier de « majdhoûb » (ravi dans la Présence divine) des gens connus pour leur perversion et leur éloignement de la Charî’a, des ivrognes notoires, fumeurs et autres. Ceci n’est ni plus ni moins que du faux témoignage, et de même qu’ils témoignèrent du degré élevé auprès d’Allâh de ces individus, ils devront de nouveau en témoigner au Jour du Jugement, en rapportant leur preuve s’ils sont véridiques.
Les grands maîtres exigent et enjoignent leurs disciples à se débarrasser de toute forme d’insouciance (ghafla) et de détournement du Créateur… et toi, non seulement tu passes outre les ténèbres de la ghafla, mais en plus tu y ajoute les ténèbres des péchés !
Alors, qu’est-ce qui te permet d’affirmer qu’untel est majdhoûb ou non ? En as-tu la moindre preuve ?
Non ! A partir du moment où tu le vois dans le péché, qui qu’il soit, tu te dois de juger à la Lumière de la Charî’a, et s’il agit en contradiction avec cette dernière, considère la personne en question comme un pervers et un égaré. Quand bien même il marcherait sur l’eau, ou volerait dans les airs !

En vérité, toutes les Sciences émanent de Lui. Certaines découlent de Son Nom al-Hadi (Celui qui guide), tandis que d’autres découlent de Son Nom al-Moudill (Celui qui égare)… et tu ne peux pas nier que le Nom al-Moudill soit l’un des Noms d’Allâh.
Sayiduna Hâritha, dans le fameux Hadîth, dit bien : « et c’est comme si je voyais les gens du Paradis s’y rendre visite, et les gens de l’Enfer y imiter l’aboiement des chiens (y gémir de douleur)… »
Il ne voyait donc pas seulement les gens du Paradis, et d’une manière générale, les manifestations du Jamâl… il voyait et découvrait également ceux de l’Enfer et du Jalâl. Cependant, il savait parfaitement où il mettait les pieds, et évidemment il veillait à toujours marcher du côté du Paradis.

Les différents types de Parole :

Selon ce qui est établi par les textes, le Vrai ﷻ S’adresse à Ses créatures sous trois types différents de Parole. Ceci ne veut pas dire que la Parole du Vrai ﷻ se limite à ces trois catégories, car évidemment elle ne saurait être réduite à cela… mais simplement qu’il s’agit là des étapes fondamentales par lesquelles le cheminant découvre et goûte au dialogue avec son Seigneur.

Il est donc un type de Parole que l’on désigne par « Kalâm », un autre par « Qawl », et un troisième qui n’est ni l’un ni l’autre.

  • Concernant le Qawl, Allah ﷻ dit : « Notre Parole (qawl) pour une chose, lorsque nous la voulons, est de lui dire : « sois ! », et elle est. » [s16.v40]
    Notez ici qu’il s’agit bien d’une chose (chay’), c’est-à-dire d’une créature qui en réalité n’est que néant. Ainsi donc, le Qawl désigne la Parole divine adressée depuis la Persistance prééternelle (baqâ) vers la chose créée et de réalité inexistante (‘adam).
  • Concernant le Kalâm, Allâh ﷻ dit : « Et Allâh a parlé (kallama) à Moussa de vive voix » [s4.v164]
    Le Kalâm est la Parole divine que perçoit ce qui existe, c’est-à-dire ce qui est ‘olwi, ce qui a réalisé la nature inexistante de son être fini et qui ne demeura plus que par son Seigneur… le Kalâm est donc une Parole divine du baqâ vers le baqâ.

Ceci dit, le kalâm est une Parole intrinsèquement liée au changement (tabdîl), ou au détournement de son sens originel… car il est en réalité impossible de ne pas en changer la teneur.
Et la Science émanant d’Allâh (‘ilm laduni), c’est justement la Science permettant la translation des expressions du Malakoûte dans le Moulk, ou plus généralement la Science du passage d’une chose du Malakoûte vers le Moulk.

Prenons l’exemple de l’interprétation des rêves… les gens prennent cela à la légère, mais c’est une science extrêmement précise, et si on n’est pas habilités à donner l’explication des rêves, il est impossible de les comprendre. Quelqu’un peut ainsi se voir en rêve en train de manger du poisson. Il se réveille satisfait de cela et y voit un bon présage… alors que justement, le fait de se voir manger du poisson est signe de maladie !

Al-‘ilm al-laduni (la Science qui émane directement d’Allâh), c’est donc la Science de la translation de la Réalité incréée vers le monde créé et fini.
Allâh ﷻ dit : « Ils trouvèrent un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une Miséricorde de notre part, et à qui Nous avions enseigné une Science émanant de Nous. » [s18.v65]

La Miséricorde dont il est ici question, c’est la Lumière divine. Allâh ﷻ dit en effet : « et Ma Miséricorde englobe toute chose » [s7.v156], et dans un autre verset : «  Allâh est la Lumière des cieux et de la terre » [s24.v35] Ce qui englobe toute chose, c’est donc bien la Lumière d’Allâh ﷻ, laquelle n’est autre que Sa Miséricorde.

Quant à « la Science émanant de Nous », il s’agit de la Science issue de cette Lumière, ou la compréhension des sens profonds émanant de la Lumière théophanique, et donc la translation de cette Miséricorde incréée vers le monde physique.

« Ils veulent changer la Parole (kalâm) d’Allâh » [s48.v15]
Il s’agit ici d’une Parole (Kalâm) ‘olwiy, transcendante, se trouvant dans le premier ciel, ou dans le second, ou dans le troisième… et elle doit obligatoirement être changée (tabdîl) pour pouvoir prendre forme et se révéler dans le monde physique (le Moulk), c’est-à-dire sous forme de Lettres, Points, etc.
Ceux qui pensent ainsi avoir mémorisé le Coran par exemple, ce n’est pas le Kalâm incréé qu’ils ont mémorisé, car il ne peut être saisi ni cerné… mais plutôt, ils n’en ont mémorisé que sa forme changée, ou adaptée au monde dans lequel ils vivent et à leur dimension spirituelle. Si le Kalâm n’admettait aucune forme de changement ou de modification par rapport à sa nature première, il serait complètement impossible de le mémoriser, de l’écrire, de le réciter, d’en faire le tafsîr, ni rien du tout.

« Un groupe d’entre eux entendit la Parole (kalâm) d’Allâh puis ils la modifièrent (tahrîf) sciemment, après l’avoir saisi. » [s2.v75]
Cette modification (tahrîf) est obligatoire, car la Parole divine de transcendance absolue ne peut pas rester sous sa forme originelle : elle doit être changée et adaptée pour pouvoir être perçue.

Il en est de même, ô disciples, avec vos visions (mouchâhadates) : toutes impliquent et comprennent nécessairement des changements et des modifications.

Le Prophète ﷺ lui-même établit la nécessité de cette modification dans la description théophanique, et ce de manière limpide, notamment dans le Hadîth suivant :
« Selon Abou Hurayra (radiAllâhu ‘anhu), des gens ont dit : « Ô Messager d’Allâh, verrons-nous notre Seigneur au Jour de la Résurrection ? »
Le Prophète
répondit : « Avez-vous du mal à voir le soleil lorsqu’il n’y a pas de nuage ? »
-Non, ô Messager d’Allâh !
-Avez-vous du mal à voir la lune la nuit où elle est pleine, lorsqu’il n’y a pas de nuage ?
-Non, ô Messager d’Allâh !
-Et bien certes, vous Le verrez au Jour de la Résurrection comme ceci. »
[Sahîh al-Boukhâriy et Muslim]

De ce fait, celui qui s’entend raconter une vision n’est pas ni ne sera jamais égal, dans la compréhension de celle-ci, à celui qui l’a vue et expérimenté personnellement. Parce que quelques soient les mots employés pour la décrire, la réalité de la vision est encore au-delà.
Dans la sourate al-An’âm, lorsque sayiduna Ibrâhim (‘alayhi s-salâm) nous fait part de l’Etoile qu’il vit… ce n’est pas une étoile comme nous les connaissons. Et lorsque sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) regarda vers la montagne et qu’il fut foudroyé… ce n’est pas un foudroiement comme nous pourrions nous l’imaginer.

Tout ceci ne veut évidemment pas dire que le Kalâm d’Allâh est falsifié ! Mais plutôt, qu’il est allégé, adapté… de manière à ce que nous puissions y avoir accès.

Donc lorsque tu vois une théophanie (tajalli), tu perçois le Kalâm de cette théophanie selon la nature de la théophanie elle-même, et non pas selon la nature de ta parole à toi.
Allâh ﷻ dit : « Quand ils arrivèrent à la Vallée des fourmis, une fourmi dit : « Ô fourmis, entrez dans vos demeures ! » [s27.v18]
Ici, la fourmi ne s’est évidemment pas exprimée en langue arabe… mais plutôt, sayiduna Sulaymân (‘alayhi s-salâm) fut en mesure de percevoir la parole de la fourmi elle-même. Si tu avais été à côté d’eux à ce moment-là, tu n’aurais rien entendu de leur discussion. Tu aurais vu Sulaymân sourire, rien d’autre.

Il en est de même pour le mourid lorsqu’il entre en dialogue avec une théophanie durant son dhikr, c’est-à-dire pendant une mouchâhada… il parle, il questionne ou se fait questionner, puis il reçoit ou donne une réponse, mais tout ceci sans que sa langue ne cesse de prononcer le dhikr auquel il est affairé.

Ceci donc pour ce qui concerne la parole des créatures dotés de moyens d’expression (animaux, insectes, être vivants…). Mais certains disciples perçoivent le Kalâm émanant de créatures n’ayant pas de parole ni de moyen d’expression, comme les objets etc. Dans ce cas-là, on parle d’un Kalâm relatif au degré de foi (Imân).

Allâh ﷻ dit : « Il S’est ensuite adressé au ciel qui était alors fumée et lui dit, ainsi qu’à la terre : « Venez tous deux, bon gré mal gré. » Et ils répondirent tous deux : « Nous venons, obéissants » » [s41.v11]
En quelle langue répondirent le ciel et la terre ? En arabe ? En français ? En anglais ? …
Non, mais plutôt ils s’exprimèrent tous deux selon leur degré d’Imân, c’est-à-dire à la mesure de leur degré de Lumière. Et pour toi de même : si ton Imân est fort (tu mesureras la force de ta Foi à l’intensité de ta Lumière), tu seras en mesure d’entendre le Kalâm des créatures.
Si par contre tu n’as pas de Lumière, évidemment tu n’auras pas non plus d’ouïe.

« Le jour où leurs langues, leurs mains et leurs pieds témoigneront contre eux de ce qu’ils faisaient. » [s24.v24]
Ici il s’agit du degré le plus élevé, d’entre ceux que nous avons évoqué jusqu’à présent, concernant la perception du Kalâm… car c’est une chose que de percevoir le Kalâm émanant de ce qui est extérieur à nous-mêmes… mais c’en est une autre que de percevoir ce que dit notre propre main, ou notre œil, ou notre oreille. Il s’agit là d’un degré très élevé, et c’est la raison pour laquelle il est demandé au disciple cheminant par les hawâtif (perceptions du Kalâm), de délaisser cela au début. Il faudra dans un premier temps se familiariser avec le Kalâm émanant des créatures extérieures à nous-mêmes, car ceci est plus facile. Après seulement, nous nous concentrerons sur le Kalâm émanant de nos propres organes. Dans le cas contraire, cela pourrait s’avérer dangereux pour le cheminement de la personne.

Si en revanche la théophanie apparait mais sans Qawl ni Kalâm, alors on considèrera qu’elle fait un tasbîh, conformément au verset : « Les sept cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve font Son tasbîh. Et il n’est rien qui ne célèbre Sa gloire (tasbîh) et Sa louange, mais vous ne comprenez pas leur façon de le faire. » [s17.v44]
C’est-à-dire qu’absolument tout ce qui se trouve dans les sept cieux et la terre a un tasbîh… mais nous ne le comprenons pas. Attention, ce verset nous indique bien que c’est la compréhension du tasbîh qui nous échappe, mais pas sa perception ! Le tasbîh des créatures, il est possible de l’entendre… Si ta Foi est suffisamment forte, tu te dois de l’entendre !
Et si tu ne comprends pas le tasbîh des choses, c’est tout simplement parce qu’il est différent du tien. Ne t’attends donc pas à entendre la pierre à côté de toi dire « soubhânAllâh »…

C’est pour cette raison qu’on vous répète sans cesse de rechercher la vision de la Lumière en toute chose : afin de vous familiariser et de vous permettre d’établir un lien permanent avec votre Seigneur, dans un premier temps au travers de la vue, et dans un second temps au travers de l’ouïe. C’est ainsi que tu goûteras véritablement à la saveur de la Foi (Imân) : en établissant un lien interactif et une relation d’échange avec la théophanie…

Quant à ceux qui renient la nécessité de percevoir les théophanies, c’est-à-dire la nécessité des visions (mouchâhada) dans le cheminement spirituelle… qu’ils sachent que sans théophanie (tajalli), il n’y a tout simplement pas d’Imân !

Al-Imân, c’est de croire en Allâh, en Ses anges, en Ses Prophètes, en Ses Livres…
La Foi en les anges chez une personne qui les a vus, serait-elle la même que celle de celui qui ne les a pas vus ? Et celui qui les a entendu prier ou invoquer Allâh ? Et celui qui a pu même leur parler et échanger directement avec eux ?
Et concernant les Livres révélés… nous sommes bien d’accord sur le fait que le Coran les réunit tous. Mais concernant al-Injîl par exemple, qui se trouve en ce moment même dans le deuxième ciel, accessible à ceux qui seront capables de l’atteindre… la foi de celui qui ne l’a jamais vu serait-elle égale à celle de celui qui a pu le consulter, tel qu’il est originellement dans le deuxième ciel, et non pas cette traduction de traduction de traduction falsifiée que l’on retrouve aujourd’hui !?

Tel est le véritable Imân ! Cela ne veut pas dire que tu cernerais la chose… non, mais Allâh te donne un lien théophanique avec ces piliers de la Foi, et ainsi Il te rapproche, de théophanie en théophanie, et de Lumière en Lumière : « Lumière sur Lumière, Allâh guide vers Sa Lumière qui Il veut » [s24.v35].