بسم الله الرحمن الرحيم
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و على اله و اصحابه أجمعين
En quoi consiste le dévoilement spirituel (kachf) ?
Résumé de l’assise du 22 Juin 2018 / Jumu’a 8 Chawwâl 1439 [Partie 1] :
Nous revenons à la chaîne de cours traitant du lâm al-qabd, et après que nous soyons revenus de voyage vers les terres sacrées, il nous faudra nous consacrer à présent à une introduction qui nous fera entrer dans l’étude du lâm al-qabd au travers de la Risâla. En réalité nous n’avons pas terminé le moustaqarr de la Noubouwa, nous n’avons pas dit tout ce qu’il y avait à en dire, mais dans le souci de ne pas nous éterniser, j’ai essayé d’abréger… et au final, vous comprendrez et vous connaîtrez la raison de cela.
Nous disons donc que la Science (al-‘ilm) est l’expression de la Lumière… car la Risâla, fondamentalement, c’est la Science. Rien à voir évidemment avec ce que l’on considère comme sciences, dans notre société actuelle. Cette Science est l’expression de la Lumière qui se manifeste dans le cœur du serviteur croyant. Comme le dit l’imam al-Châfi’iy (rahimahullâh) : « la Science est Lumière, et la Lumière d’Allâh n’est pas donnée au pécheur. » Et le fait qu’elle ne soit pas donnée au pécheur signifie qu’elle n’est pas transmise à celui qui contredit et va à l’encontre du modèle et de la voie de la Risâla. La Lumière ne peut donc être donnée à celui qui ne reconnaît ni la Noubouwa, ni la Risâla.
La Science est l’expression de la Lumière qui se manifeste dans le cœur du serviteur croyant, après que ce cœur ait été purifié et débarrassé de toutes ses caractéristiques blâmables. C’est pour cela que, lorsque les rayons de Lumière t’apparaissent, ô mourid… tu dois louer le Seigneur ! Parce que ton cœur n’a pas encore été purifié ni débarrassé de ces caractéristiques blâmables ! Imaginez un instant que cette Lumière n’ait été accessible qu’après que le cœur ait été dûment purifié de toute chose négative…
A partir du moment donc où c’est ainsi que la Miséricorde divine vint et se manifesta en cette époque de fin des temps, l’individu se doit de préserver et prendre grand soin de ce que le Seigneur lui a octroyé. Cette Lumière, elle te donne une multitude de points de vues différents. Tantôt, elle te fait considérer depuis un certain degré spirituel la Lumière en tant qu’Attribut. Tantôt, en tant que Loi ; tantôt, en tant qu’Acte… et ici, nous considèrerons la Lumière en tant que Science. Grâce à cette Lumière, de nombreuses choses s’éclaircissent et deviennent accessibles à l’Homme, dans sa vie de tous les jours.
Parce qu’il y a des gens qui se demandent : A quoi sert-elle, cette Lumière ?
C’est plutôt toi, à quoi tu sers !? L’utilité de la Lumière… c’est qu’il s’agit de la lanterne de la Haqiqa te permettant de percevoir les sens profonds jusque dans ton quotidien le plus banal : avec tes enfants, tes voisins, dans ton travail… et y compris dans tes basses besognes de dounia ! Autrement dit, si tu n’as pas de Lumière, tu n’as tout simplement pas la capacité de goûter au sens de ta vie ici-bas.
Par la Lumière, ce qui relève du domaine de l’inconnaissable (ghayb) se dévoile à toi, et au moins tu comprends ce que veut dire le « ghayb »… parce que avant de recevoir cette Lumière, tu avais beaucoup entendu parler du ghayb, tu as reçu beaucoup d’informations à ce sujet… mais sans jamais les réaliser vraiment. C’est-à-dire que ce n’ont jamais été que des informations, auxquelles tu as prêté foi bien sûr : nous ne remettons pas en question ta foi en le ghayb… seulement, tu n’as pas réalisé cela, tu n’as pas le tahqîq, par la vision claire et concrète de ce en quoi tu as foi.
Après avoir reçu la Lumière, tu vois ce ghayb, et tu es en mesure de faire la différence et distinguer ce qui relève des ténèbres de ce qui relève de la Lumière. Tu accèdes à la Science véritable, tu atteins la Connaissance (ma’rifa) d’Allâh, c’est-à-dire de Son Essence, de Ses Attributs, de Ses Lois et de Ses Actes. Et si tu n’as pas de Lumière… tu ne pourras même pas atteindre la réalisation comme il se doit des adorations que nous apporta sayiduna al-Mustafa ﷺ et qu’il t’incombe de réaliser. Tu ne pourras pas non plus saisir le sens de la Noubouwa, de la Risâla, de la révélation (wahiy)… tu ne pourras pas différencier la Noubouwa de la Risâla. Car d’un point de vue exotérique, tu sais que le Prophète (nabiy), c’est celui qui rapporte une nouvelle (naba’) par laquelle il adresse un rappel aux croyants, sans rien modifier de la Loi d’Allâh établie par le Messager (rassoûl) qui l’a précédé.
Quant au Messager (rassoûl), il vient en tant que réformateur de la Loi divine, et rapporte donc un message (risâla) qui vient compléter le message précédent.
Par la Lumière qui se trouve dans ton cœur, tu pourras comprendre le véritable sens de la Noubouwa. Tu comprendras qu’il n’y a en vérité aucune divergence d’un message à l’autre, que rien n’a jamais été ajouté ni diminué, mais plutôt que chacun des prophètes et messagers est porteur d’un éclaircissement relatif à l’entité Muhammadienne qui les synthétise et les réunit tous en son sein, du fait qu’il est le premier et le dernier des Prophètes ﷺ. Tu saisiras et tu comprendras également le sens véritable de la révélation (wahiy). Car chez les gens du commun, la révélation est une inspiration divine transmise et exprimée par la langue d’un ange… quant à celui à qui Allâh a fait don de cette Lumière, il découvre à quoi renvoie la révélation inspirée (wahiy al-ilhâm), à quoi renvoie la révélation d’un ange, à quoi renvoie l’inspiration d’un ange, à quoi renvoie l’inspiration d’un shaytân… à quoi renvoient les paroles des anges et des diables, comment ces derniers s’y prennent-ils pour combattre et nuire à l’humanité… Comment les anges se manifestent-ils aux prophètes, comment leur parvient la révélation, comment accèdent-ils à la connaissance du malakoûte des cieux et de la terre… tout ceci, par quoi est-ce connu ?
Par la Lumière d’Allâh ! Et non pas par voie orale ni écrite !
Notre Seigneur dit Lui-même dans le Coran : « Ainsi, Nous faisons voir à Ibrahim le malakoûte des cieux et de la terre, afin qu’il soit du nombre de ceux qui croient avec certitude [1]. » attention, le verset ne parle pas d’informer ! Il est bien dit : « Nous faisons voir… » il est donc bien ici question de vision, de mouchâhada. Il n’a pas été dit : « Nous enseignons à Ibrahim… » ou quelque chose comme cela.
Il en va de même pour la connaissance du cœur, que l’individu désigne dans un premier temps comme étant un muscle, une pompe qui diffuse le sang dans le corps… mais par la Lumière d’Allâh, ce cœur devient un fou’âd… Effectivement, comment un muscle pourrait-il porter une Connaissance Seigneuriale ? Ce n’est pas concevable… alors comment est-ce possible ? Ca, tu te dois de le comprendre, c’est une obligation pour toi, conformément au Hadîth qudsi : « Mon ciel et Ma terre ne purent Me contenir, contrairement au cœur (qalb) de Mon serviteur croyant qui lui le put. » Tu te dois donc de savoir ce que signifie le cœur (qalb). Or le sens du cœur ne peut être saisi que par la Lumière du Seigneur ﷻ.
C’est-à-dire que toutes ces définitions que tu as acquises par le passé, tu dois les supprimer purement et simplement de ta tête. Il ne s’agit pas ici de renier les mots en eux-mêmes, mais plutôt de remettre en question le sens qu’on leur prête.
Tu te dois de découvrir et comprendre comment et en quelle mesure s’affrontent les armées d’anges et de démons, dans ton cœur. Le Messager d’Allâh ﷺ nous dit en effet dans un Hadîth : « Le Shaytân circule dans l’Homme comme circule le sang dans les veines ; c’est pourquoi j’ai craint qu’il ne sème le mal dans vos cœurs ou ne dise quelque chose [2]. » personne ne nie ce Hadîth… mais ici, prêtons attention : à quoi renvoie le terme « Homme » ?
Qui que tu sois, quel que soit ton degré spirituel, tu es et tu restes un Homme : le Shaytân circule donc en toi, dans tes veines ! Et dans le Hadîth qudsi précité, Allâh ﷻ nous informe bien que ni Ses cieux ni Sa terre ne purent Le contenir, contrairement au cœur de Son serviteur croyant… c’est-à-dire que ce cœur comprend les plus hauts degrés qui soient, avec leurs anges, etc. Tu te dois donc de savoir comment les deux forces s’opposent l’une à l’autre. Tu te dois de savoir distinguer l’insufflation angélique de l’insufflation démoniaque. Tu te dois de connaître l’au-delà, le Paradis, l’Enfer, le châtiment de la tombe, le Sirât, la balance, la reddition des comptes…
Notez bien que je ne fais ici qu’adresser un rappel, car ce cours n’est qu’une introduction. J’abrège donc, car nous sommes déjà passés par cela… il y en a ainsi parmi vous qui connaissent déjà en détail à quoi renvoie la balance (al-mizân), à quoi renvoie ou en quoi consiste le Sirât, que l’on décrit comme étant plus fin qu’un cheveu et plus tranchant que le fil de l’épée, en quoi consiste le Sirât considéré au temps présent, conformément au verset que tu répètes jour et nuit : « Guide nous sur le chemin (Sirât) droit [3]. »… il est clair que ce verset ne renvoie pas à une guidée future et à venir, mais bien à une guidée effective dans l’immédiat, dans chaque pas que tu ferais, aussi bien physiquement que par la pensée… et il en est de même pour al-mizân.
Comme le dit sayiduna al-Mustafa ﷺ concernant al-mizân de la prière : placer le Paradis à ta droite, l’Enfer à ta gauche, Allâh en ta qibla, et toi-même avançant sur le Sirât. Voilà véritablement à quoi renvoie al-mizân, c’est-à-dire l’équilibre parfait, ou la juste mesure, de sorte que tu ne sois distrait ni par le Paradis, ni par l’Enfer, et que tu restes entièrement dirigé et dédié au Seigneur ﷻ, sachant que c’est dans la prosternation que tu te trouves le plus Proche de Lui… car c’est dans le soujoûd en la Présence divine que tu te détournes et que tu oublies vraiment tout autre que Lui. Tu n’as dès lors plus ni droite, ni gaude. Dans ton état de Présence avec le divin, les directions t’ont été effacées. C’est tout cela, al-mizân. Oublie donc le sens que tu prêtes au terme « mizân » (balance), dans ton quotidien !
Lorsque tu entends l’exemple qui est donné de cette balance, avec les deux plateaux… sache que sayiduna al-Mustafa ﷺ est une miséricorde pour les mondes, et de ce fait lorsqu’il donne un exemple, il le donne pour l’ensemble de tous les mondes ! C’est-à-dire que son exemple vaut tant pour les gens de l’Ihsân, que les gens de l’Imân, que les gens de l’Islâm. Il te donne des exemples simples qui te parlent autant à toi qu’à l’homme du commun. C’est pour cela que la balance nous est présentée comme cela, avec des plateaux, etc. Mais toi, à partir du moment où tu es entré par la Porte de l’Ihsân, tu te dois de comprendre le concept céleste du mizân, du sirât, du paradis, de l’enfer, etc.
Tu te dois aussi de comprendre et saisir le sens de la vision d’Allâh ﷻ et de la contemplation de Sa Face. L’homme du commun, il renie, naturellement, la réalité de la contemplation d’Allâh ﷻ… malgré que le Seigneur dise : « Ce jour-là, il y aura des visages resplendissants, contemplant leur Seigneur [4]. »… Certains renient aussi le sens pourtant limpide du Hadîth Sahîh :
« Selon Abou Hourayra (radiAllâhu ‘anhu), des gens ont dit : « Ô Messager d’Allâh, verrons-nous notre Seigneur au Jour de la Résurrection ? »
Le Prophète ﷺ répondit : « Avez-vous du mal à voir le soleil lorsqu’il n’y a pas de nuage ? »
-Non, ô Messager d’Allâh !
-Avez-vous du mal à voir la lune la nuit où elle est pleine, lorsqu’il n’y a pas de nuage ?
-Non, ô Messager d’Allâh !
-Et bien certes, vous Le verrez au Jour de la Résurrection comme ceci [5]. »
La Parole Prophétique est ici on ne peut plus claire : à partir du moment où ceci fut dit, c’est bien que tu as une part dans la Vision.
Tu te devras aussi de savoir en quoi consiste la Proximité du divin, connaître l’allégresse que procure la proximité des anges et la fréquentation des prophètes, comprendre la prévalence de certains degrés par rapport à certains autres dans le Paradis, etc… comprendre comment ses habitants pourront se voir les uns les autres. Comment cette vision est-elle rendue possible ? C’est au travers de l’Astre de grand éclat (al-kawkab al-durriy)… de sorte que les habitants du Paradis se voient les autres comme étant des Astres de grand éclat. En ce sent le Hadîth nous dit très clairement : « Mes compagnons sont tel des étoiles : quel que soit celui que vous suivez, vous serez bien guidés [6]. » Cela signifie bien qu’ils sont des Astres, et que s’ils viennent prendre place et habiter le ciel, ils ne le font que par la Lumière de sayidina al-Mustafa ﷺ.
Tout ceci, c’est ce que l’on désigne dans les livres comme étant la science du dévoilement (‘ilm al-moukâchafa)… et c’est cela, ce que l’on appelle le kachf.
[1] Sourate al-An’âm, verset 75.
[2] Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim.
[3] Sourate al-Fâtiha, verset 5.
[4] Sourate al-Qiyâma, verset 22 et 23.
[5] Sahîh al-Boukhâriy et Muslim.
[6] Rapporté par ibn ‘Abd el-Barr.