Au sujet de la Salât Ibrâhîmiya

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Au sujet de la Salât Ibrâhîmiya

Résumé du 7 Mai 2016
Jumu’a 29 Rajab 1437

Nous revenons à la Lecture du lâm al-qabd, à la différence que le cours d’aujourd’hui se voudra être un avant-propos de la Lecture du lâm par le lâm (après avoir achevé celle du lâm par le hâ). Ou dit autrement, le lâm se lira lui-même par lui-même, sans considération de quoi que ce soit en dehors de lui. Ce lâm fut nommé lâm al-qabd (le lâm de l’oppression, ou le lâm qui s’empare) du fait qu’effectivement il s’empare des esprits. Il ne représente pour le cheminant rien d’autre que l’Ange de la mort lui-même… bien évidemment, jamais le disciple n’acceptera cette mort totale et absolue. Or, tant qu’il n’aura pas vécu cette mort, il ne pourra en aucun cas accéder à la Connaissance de son Seigneur, et il demeurera toujours en lui une considération pour sa propre nafs, ou pour ce qui se trouve autour de lui.

Le Nom divin « Allâh », qui est le Nom indicateur de l’Essence, est le Nom de référence ou le Nom auquel revient l’ensemble de tous les Noms, soient-ils apparents et connus comme cachés, jalâl ou jamâl. Il s’agit du Nom auquel Il –subhânahu wa ta’ala– attribua la suprématie sur tous les autres Noms, comme l’affirme le verset : « C’est Lui, Allâh. Nulle divinité autre que Lui, le Souverain (al-Malik), le Pur (al-Quddoûs), l’Apaisant (as-Salâm), le Rassurant (al-Moumin), le Prédominant (al-Mouhaymin), le Tout-Puissant (al-‘Aziz), le Contraignant (al-Jabbâr), l’Orgueilleux (al-Moutakabbir). Gloire à Allâh ! Il transcende ce qu’ils Lui associent. » [s59.v23]. Ce verset est bien ouvert puis scellé par la mention du Nom « Allâh », et il est ainsi le Point du cercle réunissant l’ensemble de tous les Noms. De Lui émane le point de départ, et vers Lui se trouve le But Ultime. Il est le Nom prévalent et prédominant sur tous les autres, de par le fait qu’Il est le Nom renvoyant directement à la divinité (oulouhiya), et c’est de la Haqîqa même de al-hawiya (du hâ) qu’émane ce degré de la divinité.

Autrement dit : tu ne parviendras à franchir la Porte vers la divinité que si pour cela tu passes par la Porte de la hawiya. Quant à celui qui prétend Connaître le Nom en ayant débuté en cela par le Alif, ou bien par les deux lâm, cela ne peut avoir de réalité que dans la dimension écrite (mastoûr). Pour ce qui est du cheminement spirituel (souloûk), ne vaut en ce dernier que la symbolique Coranique du hâ’ al-hawiya, à propos duquel Il –ta’ala– nous dit : « Un exemple de Sa Lumière est semblable à une Niche » [s24.v35], et ceci constitue le tout premier exemple de manifestation de la Lumière divine, mentionné dans la sourate la Lumière. La Niche (michkâte) est ouverte d’un côté (celui où l’on regarde), fermée de l’autre (côté mur), nous renvoyant à la réalité du hâ’ al-hawiya. Celui donc qui ne parviendra ni à atteindre, ni à entrer dans ce hâ’ al-hawiya, ne pourra en aucun cas prétendre à l’approche ni des deux lâm, ni du Alif. Ceci n’est possible que par la bienséance (adab) et le fait de magnifier cette Niche, et cette entrée dans la Niche ne mènera le cheminant que vers une seconde Niche, ceci afin que la Haqîqa de la Niche soit et demeure à jamais impénétrable : Un exemple de la Lumière divine est semblable à une Niche dans laquelle se trouve une Lampe, et la Lampe se trouve elle-même cachée et protégée par un Cristal. Ce Cristal, ou cette seconde Niche, a donc une valeur et une importance supérieure à la première Niche évoquée par le Vrai –‘azza wa jall– dans le premier exemple.

Et si tu suis attentivement ce verset, tu remarqueras que plus tu approches de « dont le combustible provient d’un Arbre Béni », et plus les exemples donnés de cette Lumière sont difficiles et précis : Une Niche, dans laquelle se trouve une Lampe, qui elle-même se trouve dans un Cristal, lequel Cristal ressemble à un Astre de grand éclat. Il te faut alors rechercher cet Astre de grand éclat, qui n’est autre que « l’Etoile lorsqu’elle descend » dans le cœur de l’aspirant, qui bouge en lui et fait apparaitre en son cœur une Niche, soit une orbite. Allâh –ta’ala– jure par cette orbite et dit : « Non, Je jure par les positions des Etoiles, et c’est vraiment un serment solennel, si seulement vous saviez. » [s56.v75/76]. La position de cette Etoile, c’est la magnificence, l’information, la majesté et la beauté, les Sciences qui en émanent et qui nous informent de ce qui était, de ce qui est et de ce qui sera. Quant à la Haqîqa de l’Etoile elle-même, elle demeure impénétrable, et cette Haqîqa ne peut être dévoilée que pour celui qui se sera élevé et réalisé dans la limite finale (mountaha) de l’ensemble de toutes les orbites. Car chaque Etoile a une orbite qui lui est propre, et tu ne finis pas l’étude de l’une d’entre elles sans en trouver une autre, et ce de manière infinie.

Nous disions donc que c’est de la Haqîqa de al-Hawiya qu’émane le degré de divinité (oulouhiya), et que s’établissent les Lois conditionnant ce sur quoi s’exerce cette divinité (ma’louhiya). Découlant ainsi à la fois de l’Antériorité (al-Awwaliya) et de la Postériorité (al-Akhiriya), de ce qui est Manifeste (al-Dhâhiriya) et de ce qui est Occulté (al-Bâtiniya), elle est ce de quoi et par quoi Allâh –‘azza wa jall– nous fit sortir depuis son état Occulté vers son état Manifeste. Nous sommes ainsi apparus au sein de cet Océan du hâ’ al-hawiya, et nous demeurâmes au sein de cet Océan… celui donc qui ressent et se prête à lui-même des attributs de persistance (baqa), ou bien d’existence, sa part réelle en cela varie en fonction de son ressenti. Quant à celui qui aura perdu toute existence et toute perception sensorielle, celui-là se trouve contraint bon gré mal gré au sein du hâ’, nageant perpétuellement en son Océan : « Et chacun vogue/nage dans une orbite » [s36.v40].

Ou plutôt même, Il ne nous fit sortir que de nous-mêmes vers nous-mêmes. Nous sommes un trésor ! Un trésor inconnu et caché, un trésor qu’Il Aima de Son Nom al-Mouhibb (l’Aimant) et qu’Il destina à Sa Connaissance… mais nul autre que Lui-même ne parvint à la pleine réalisation de cette Connaissance : « certes, Allâh peut Se passer de tout l’univers » [s29.v6]. La hawiya est donc ce cinquième sens (l’Amour)… raison pour laquelle, selon la numérologie des lettres arabes, le hâ’ est associé au chiffre 5. La hawiya est ce cinquième sens profond, le Secret de l’accouplement des Noms mères évoqués précédemment : al-Awwal, al-Akhir, al-Dhâhir et al-Bâtin. Il s’agit là des quatre Noms Premiers, de sorte qu’à chaque fois qu’un Nom est associé ou accouplé à un autre, il en apparait un troisième, et c’est ainsi que découle l’ensemble de tous les Noms.

Nous revenons à al-Insân al-Kâmil, qui fut créé par al-Rahmân et dont la manière d’être est le Qor’ân. Et dans un Hadîth : « Allâh a créé Adam à l’image de al-Rahmân » [Sahîh Muslim] et dans une autre version : « Allâh créa Adam à Son image » [Sahîh al-Boukhâriy], et al-Mustafa ﷺ qui est al-Insân al-Kâmil par excellence, et au degré de qui nul homme n’est jamais parvenu ni ne parviendra jamais, son comportement et sa manière d’être, c’était le Coran. Que les Prières et les Bénédictions divines soient sur lui et sa famille jusqu’au Jour du Jugement. Allâh –ta’ala– dit : « N’avons-Nous pas ouvert pour toi ta poitrine ? » [s94.v1]. Sa poitrine n’est autre que l’Essence de laquelle découlèrent les Noms et Attributs, qui descendirent sous les différentes formes apparentes de la création. Et Allâh –ta’ala– dit au sujet de celui dont l’Humanité (Insâniya) fut parachevée et dont l’apparition fut manifeste et évidente : « Est-il venu à l’homme un laps de temps (al-Dahr) durant lequel il n’était même pas une chose mentionnable ? » [s76.v1] Al-Dahr, que nous autres considérons comme le temps qui passe, et au sujet duquel le Hadîth nous informe : « N’injuriez pas le temps (al-Dahr), car al-Dahr c’est Allâh ». al-Dahr est l’Essence, sans considération ni des Noms, ni des Attributs, et al-Insân al-Kâmil est la manifestation même de cette Essence, de laquelle émane le degré évoqué.

« Il créa l’Homme d’argile comme la poterie » [s55.v14] al-Insân al-Kâmil est celui-là même qui fut créé d’une association de terre, d’eau, d’air et de feu, celui en qui les quatre éléments ont atteint l’état d’équilibre parfait. Le Vrai –‘azza wa jall– créa cet Insân al-Kâmil de Sa Main, puis après un certain temps Il insuffla en Lui de Son Esprit, lui enseigna l’ensemble de tous les Noms, et enfin ordonna à l’ensemble de ceux pour lesquels le voile fut levé de tomber prosternés devant Lui. Lorsque donc cet Insân al-Kâmil fut créé sous sa forme corporelle apparente, cette création prit un certain temps, et il demeura donc à l’état de statue (sanam) en cours de création durant des milliers d’années. Al-Dahr, ou ce temps de création, est la Haqîqa même de cet Insân al-Kâmil. De même que l’arbre n’était au commencement qu’une graine, qui fut plantée et qui nécessita un certain nombre de jours, de mois et d’années avant de germer jusqu’à devenir un arbre. C’est donc comme si ce Temps était l’élément primordial déterminant l’évolution constitutive de la création, sous sa considération analogiée (tachbîh). Quant à ce qui concerne l’Omnipotence divine et al-Nawamis al-Ilahiya selon lesquels tout cet univers est bâti, cela est et demeure caché, excepté pour celui à qui Allâh aura souhaité dévoiler cela.

Cet Insân vers qui l’on vient (en rapport au verset précité : « Est-il venu à l’homme un laps de temps… »), est la manifestation même de ce Dahr, selon les différents degrés émanant de l’Essence : il n’est rien, car comme le dit le Hadîth : « Allâh était alors que rien n’était avec Lui » et il n’était même pas quelque chose de mentionnable, car cette Hadra ne peut être ni mentionnée, ni fréquentée, ni même rencontrée, du fait qu’elle se trouve au-delà du dhikr… et même au-delà de la Science, de la pensée, de l’intellect… car tout ce qui est mentionné est nécessairement connu, or cette Hadra est celle du confinement (Tams) Essentiel, établie et propre à al-Insan al-Kâmil.

Ainsi, lorsque al-Mustafa ﷺ réalisa al-Isrâ, puis al-Mi’râj jusqu’à parvenir à al-Bayt al-Ma’moûr… au-delà de cela son Bien-Aimé, sayiduna Jibrîl (‘alayhi s-salâm) ne put se séparer de lui et lui dit que s’il franchissait cette limite, il brûlerait… quant à sayidina al-Mustafa ﷺ au contraire, s’il voulait traverser il le pouvait. Al-Mustafa ﷺ traversa donc vers al-Muntaha, le temps et l’espace furent interrompus et disparurent entièrement. Quant à sayiduna Jibrîl (‘alayhi s-salâm), il demeura limité au degré de al-Bayt al-Ma’moûr qu’il fut incapable de franchir ne serait-ce que de l’équivalent d’un grain de sable. Dans un tel cas, le temps et l’espace demeurent tous deux tels qu’ils sont. Mais pour ce qui est de celui dont Allâh –ta’ala– voulu qu’il transcende cet espace et ce temps, celui-là se retrouvera dans des temps et dans des espaces nouveaux, il vivra en compagnie d’autre gens… certains pensent qu’il s’agit là d’une dimension entrant dans le domaine de la pensée, une sorte d’imagination… alors qu’en réalité il y vit véritablement, par le corps et par l’esprit, de manière éternelle. Puis il revient à sa Réalité première en une Lamha et nous informe de Sciences au-delà de tout ce que les intellects et les pensées peuvent atteindre. Une Science qui en aucun cas ne saura it être limitée ni consignée de quelque manière que ce soit, car la Science elle-même, si tu commences à l’exprimer, a besoin à la fois de temps et d’espace. Quant à ce dont nous parlons ici, c’est bien au-delà de tout cela. Et comme nous le disions, ceci est propre à al-Insân al-Kâmil, qui est la réalisation du confinement essentiel (tams al-dhâti). Le laps de temps qui parvint donc à l’Homme, soit cette Lamha relative au temps qui parvint à celui qui n’était même pas une chose mentionnable, est en réalité un sens profond au-delà des Noms et des sens profonds eux-mêmes, sans premier ni second, sans état manifeste ni occulté. Il s’agit d’un laps de temps que l’Essence manifesta et rendit perceptible par les yeux, puis la théophanie descendit de sa forme de confinement essentiel vers le degré de la Hawiya, acceptant et prenant en compte l’Antériorité (al-Awwaliya), la Postériorité (al-Akhiriya), ce qui est Manifeste (al-Dhâhiriya) et ce qui est Occulté (al-Bâtiniya).

Ce confinement (Tams) descendit et de lui découlèrent différents degrés, il nous parvint sous une forme originelle et transcendante que ne sauraient indiquer ni pensée ni intellect, puis il descendit théophaniquement vers les premiers Noms relatifs à l’Antériorité, la Postériorité, l’Apparent et l’Occulté, et c’est cette descente qui est décrite comme étant « la forme la plus parfaite / Ahsani taqwîm » [s95.v4].

Allâh –ta’ala– dit : « Nous avons créé l’Homme dans la forme la plus parfaite ». La création est l’expression renvoyant à la théophanie de al-Hawiya selon la Singularité (al-Ahadiya). Cette théophanie est une manifestation relative à la Connaissance de Celui qui est Connu Lui-même. La Connaissance selon le degré de al-Hawiya est un voile occulté, alors que selon le degré de la Singularité il s’agit d’une manifestation de Lumière Singulière désignée par ce que l’on évoque. Il s’agit de la Lumière de al-Ahadiya, prééternelle et décrite comme étant « la forme la plus parfaite ». Il ne s’agit donc pas de l’être Humain en tant que corps, soit en tant que chair et os, mais bien de la forme la plus parfaite : sa forme première, avant que la création ne soit. Et si l’Homme parvient à atteindre cela, il sera par là-même parvenu à la réalité du confinement prééternel (Tams azaliy).

Notre Seigneur –subhânahu wa ta’ala– suscita ainsi donc al-Mustafa ﷺ en tant que Waliy, Prophète et Messager… mais quand a-t-il réalisé al-Isra et al-Mi’râj ? Une version dit 16 mois avant la Hijra, une autre parle de 18 mois, et c’est à ce moment-là que la Hadra de « la forme la plus parfaite » fut parachevée, et c’est donc par al-Isra et al-Mi’râj qu’il parvint ﷺ à la Hadra du Confinement Singulier (al-Tams al-Ahadiy). Le Seigneur Tout-Puissant lui adressa alors Ses Salutations, et al-Mustafa ﷺ répondit à celles-ci par le non-oubli des degrés premiers. Il dit alors : « as-salâmu ‘alayna wa ‘ala ‘ibâd Allâh as-sâlihîn / Que la Paix soit sur nous ainsi que sur les serviteurs d’Allâh pieux ». Il n’oublia pas les degrés premiers, ces mêmes degrés que, lorsque tu chemines sur la Voie vers Allâh, tu franchis et oublies au fur et à mesure. Ainsi, lorsque tu as accompli la Lecture du hâ’, tu ne peux débuter dans celle du lâm sans immédiatement l’oublier. Et à ce moment-là que se passe-t-il ? Tu fais preuve de manque de adab, ce qui te fait retourner directement à ton point de départ, ou même avant ce point de départ. Apprends donc du Prophète ﷺ.
« at-Tahiyâtu lillâh, az-Zakiyâtu lillâh, at-Tayibâtu lillâh, as-Salawâtu lillâh. As-Salâmu ‘alayka ayyuha n-Nabiy wa rahmatullâhi wa barakâtuh… » Puis que dit le maître des Messagers ? « as-salâmu ‘alayna wa ‘ala ‘ibâd Allâh as-sâlihîn / Que la Paix soit sur nous ainsi que sur les serviteurs d’Allâh pieux »

Présenté d’une autre manière, considérant qu’il s’agit là du confinement incréé (al-Tams al-Azaliy), ici s’arrêtent le temps et l’espace… nous sortons donc de la dimension spatio-temporelle, et nous entrons dans l’état d’isolement (infirâdiya) absolu. Tout ceci, il le vécut ﷺ en considération des états premiers de la Prophétie et de la Sainteté, dont il nomma les degrés en les désignant par « les serviteurs d’Allâh pieux ». De cela nous comprenons que ne persiste dans la Lecture des différents degrés de la Lecture du Nom divin que ceux qui sont désignés par la piété (salâh). Quant aux opposés de ces gens-là : il s’agit des malheureux, et viendra un jour celui qui scellera cette lignée de malheureux, celui que l’on nomme al-Masîh ad-Dajjâl.

Le Dajjâl est parvenu à la Connaissance des fondements de la Sagesse divine (nawâmis al-Hikam al-Ilahiya), mais qu’a-t-il fait de cela ? Il a oublié son état de serviteur, il a oublié les différents degrés spirituels de la Lecture du Nom divin… il se mit à planter de la main droite pour immédiatement après arracher de sa gauche, et il manifesta ainsi la contradiction des lois naturelles régissant le monde. Comme s’il s’agissait d’une autre forme de tachbîh, qui viendrait contredire la norme de ce que perçoivent les sens. Les esprits qui l’entouraient furent ébahis… mais le pire dans tout cela, c’est qu’il fut lui-même ébahi et abasourdi par son propre état ! Il en oublia donc son statut de serviteur, et se mit à prétendre à celui de divinité.

Contrairement à lui, sayiduna al-Mustafa ﷺ salua les sept degrés de la Niche. Dans le premier, il salua Adam… c’est-à-dire qu’il se salua lui-même par lui-même, dans l’apparence de Adam (‘alayhi s-salâm), qui lui renvoya son salâm et dit : « Quel bon et pieux enfant ». Puis dans le deuxième cercle il salua Yahya et ‘Issa, desquels il reçut la réponse à son salâm. Puis dans la quatrième Niche il passa le salâm à sayidina Idrîs : le cercle élevé est celui de Idrîs… il passa donc le salâm au miroir de sa propre nafs dans l’apparence de Idrîs, il apprit la bienséance (adab) et reçut le retour de son salâm… jusqu’à parvenir au septième ciel, où il passa le salâm au markaz des six premières Niches, et il se trouva alors en présence de Ibrâhîm (‘alayhi s-salâm). Il s’agit là de la septième Lecture : la Présence de Ibrâhîm. Et c’est pour cette raison que l’on dit : « Allâhumma salli ‘ala Muhammad, wa ‘ala âli Muhammad » : nous n’oublions pas les différents et multiples degrés dans la Présence de Muhammad ﷺ « kama sallayta ‘ala Ibrâhîm », ce qui renvoie aux 7 Lectures « wa ‘ala âli Ibrâhîm », soit par l’ensemble de tous les degrés « wa bârik ‘ala Muhammad wa ‘ala âli Muhammad, kama barakta ‘ala Ibrâhîm wa ‘ala âli Ibrâhîm… fi l-‘alamin, innaka Hamidun Majid ». Voilà pourquoi la Sunna de sayidina Ibrâhîm (‘alayhi s-salâm), c’est la Sunna de l’Etoile, de la Lune et du Soleil ; la Sunna de : « Je n’aime pas les choses qui disparaissent ! » [s6.v76] ; la Sunna des mouvements de l’Etoile qui firent apparaitre une Niche et une orbite, par laquelle il apprit à ne pas oublier et à ne pas revenir en arrière, mais au contraire à progresser vers la Présence d’Allâh –‘azza wa jall-, jusqu’à brûler et se consumer entièrement dans le feu de l’Amour. Il y demeura en état de retraite spirituelle, une retraite de trois jours et trois nuits, qui ne lui ajoutèrent qu’en Amour et en Proximité du divin. Le feu devint pour lui paix et fraîcheur, telle est la septième Lecture, correspondant au cercle de al-Bayt al-Ma’moûr : le cercle de la quintessence de la Ka’ba. Cela ne veut pas dire qu’il est entré au cœur de la Ka’ba : au contraire il a respecté la Ka’ba comme il se devait, il l’a construite et y a laissé le Maqâm Ibrâhîm. Bonne nouvelle donc à celui qui y priera deux rak’at, car c’est comme s’il avait prié à la Porte de al-Bayt al-Ma’moûr, si toutefois il était du nombre de ceux qui perçoivent les sens profonds, du nombre de ceux qui réalisèrent le Mi’râj. Quant à celui qui s’en tient aux formes apparentes, celui-là ne se sera jamais rendu au-delà de là où ses pieds se seront arrêtés.

Il est la Lumière Singulière et incréée, exprimée par la Parole « la meilleure forme / ahsani taqwîm » [s95.v4], et à cette Hadra revient le degré de l’Antériorité Occultée (al-Awwaliya al-Bâtiniya), désignée comme étant le plus haut de tous les degrés. Allâh –ta’ala– dit : « Ensuite, Nous l’avons ramené au niveau le plus bas » [s95.v5]. Il s’agit du cinquième verset de la sourate… ce qui veut dire que le hâ’ al-Hawiya (le hâ est associé au 5 dans la numérologie arabe), par rapport au Nom « Allâh », est ce niveau le plus bas. Le hâ est donc le point de départ, la Porte d’entrée vers le Nom. Il s’agit du premier cercle, du premier ciel qui « lorsqu’il se fend, devient » une multitude de cercles « rouge écarlate comme du cuir » [s55.v37]. Il s’agit de sa forme apparente humaine et dernière. Elle correspond au « niveau le plus bas » car elle correspond au niveau final (muntaha) de la descente manifestée de l’Essence, depuis les plus hauts des degrés.

Un Point Sublime est apparu au-dessus du Alif, il coula et traça ainsi un Chemin Droit, une Voie Blanche, sur laquelle se tint le Prophète ﷺ. Le Point fondit d’Amour pour la Hadra al-Ahadiya, à laquelle vint s’ajouter la servitude (‘ouboudiya). Il s’éprit alors pour le lâm al-ma’rifa et voulut une Connaissance de lui-même par lui-même et pour lui-même. De ceci résulta l’écriture du lâm al-ma’rifa, lequel fut ensuite scindé en deux et devint le lâm al-qabd, qui selon la Haqîqa est en réalité un lâm de Jamâl, de désir et d’Amour ardent. Celui donc qui s’éprendra d’Amour pour l’Aimé, vendra pour Lui son âme et ses biens. Dans la Présence de son Seigneur sa nafs lui sera ôtée, car il L’aura véritablement désiré. Au contraire celui qui éprouvera de la difficulté dans le cheminement spirituel, pour lui le lâm sera nommé lâm al-qabd. Quant aux gens du ravissement spirituel, ceux qui furent aspirés par la Présence du Seigneur (majdhoûb), le lâm al-qabd sera un lâm al-‘ishq (passionnel). C’est chez les gens du souloûk, ceux qui l’étudieront au travers des Sciences Coraniques, qu’il s’agira véritablement d’un lâm al-qabd. Leurs âmes seront saisies (qabd) lorsqu’ils verront l’Ange chargé de s’emparer des esprits, ne tolérant en aucun cas la présence d’un second avec Lui. C’est alors qu’ils connaitront la grande mort. Quant aux gens du ravissement spirituel, ceux-là vivront dans un état de désir perpétuel et une attente pressante de cette mort qui les réunira avec leur Seigneur. Considère donc ton propre état : aimes-tu la mort, ou bien plutôt tu la détestes ? Si tu aimes la mort, montre-nous-en la preuve. Mais si au contraire la beauté extérieure de ton corps l’emporte sur qui tu es réellement, alors sache que tu es de ceux qui détestent la mort, et que tu n’as donc aucune part en ce qui concerne le markaz du hâ’ al-hawiya. Peu importe ce que tu ressens ou ce que tu t’imagines vivre à ce sujet, sache que tu n’en sens à peine que l’odeur.

Ainsi, ce qu’il y a de plus haut d’entre ce qui est élevé, n’est autre que ce qu’il y a de plus bas lui-même… Il dit –ta’ala– : « C’est Lui qui est Dieu dans le ciel et Dieu sur terre, et c’est Lui le Sage, l’Omniscient » [s43.v84]. Les cieux et la terre, si tu les considères selon la symbolique allusive menant à la Connaissance du Secret de ce markaz, constituent l’arc-de-cercle de l’existence de al-Insân al-Kâmil. L’arc-de-cercle (qaws) céleste constitue le degré premier, tandis que l’arc-de-cercle terrestre constitue le degré dernier. C’est-à-dire que le qaws céleste est le qaws supérieur, soit le qaws caché (batin) du noûn ar-Rahmân. Quant au qaws inférieur, il s’agit du qaws apparent (dhâhir) par lequel est apparu le Moulk et qui vit naître al-Jalâl. Le qaws caché est donc au contraire le qaws des arts et du Jamâl : la Beauté émanant du Jabaroûte, qui est descendue et s’est manifestée dans les esprits du Malakoûte, et fut ainsi désignée par ce qaws inconnu (ghaybi).

C’est dans l’infime distance séparant les deux qaws « qâba qawsayn aw adna » [s53.v9] qu’est apparu le markaz de ce Point, le Point de sayiduna ‘Ali (karramAllâhu wajhah), Porte de la Ville de la Science Muhammadienne. Ce Point n’est donc ni sur le qaws supérieur, ni sur le qaws inférieur, mais plutôt il se situe au niveau du lâm al-qabd, lequel se trouve être le markaz du hâ’ al-hawiya. Et jamais tu ne seras en mesure de renier cela par la Chari’a, si tu te présentais comme étant du nombre des gens de l’intellect, car le Hadîth est clair : « Je suis la ville de la Science, et ‘Ali en est la Porte ». Et une parole connue rapportée de sayidina ‘Ali nous informe qu’il est lui-même le Point.

Ce qaws supérieur est un flux spirituel élevé, et de même nous considérons toujours le ciel comme étant quelque chose d’élevé : bien que sous la terre se trouve du ciel également, jamais nous ne disons que le ciel se trouve sous nos pieds. Ainsi, le ciel est toujours désigné comme étant élevé par rapport à la terre. Par ailleurs, il nous suffit de lever notre pied de la surface du sol pour qu’il se retrouve dans le ciel, non plus sur terre. Tu as donc, ô être humain, simplement la plante des pieds lié à la terre, tandis que tout le reste de ton corps se trouve dans le ciel.
Mais qu’as-tu fait de la direction supérieure ?
La vérité, c’est que tu as préféré travailler et te baser sur la direction inférieure, et tu t’en es ainsi tenu à ton pied, ancré à la terre sans jamais la quitter. Si seulement tu avais oublié tes pieds, et si tu t’en étais remis à Celui qui te pourvoit en bienfaits, tu aurais été du nombre de ceux que l’on désigne par l’élévation, et tu aurais nagé de la nage (sibaha) indiquée par : « Subhâna à Celui qui de nuit, fit voyager Son serviteur » [s17.v1]. Tu aurais toi aussi réalisé cette nage orbitale qui s’effectue de nuit, plus particulièrement dans son dernier tiers, car c’est de nuit et non pas de jour que l’école Muhammadienne ouvre ses portes. C’est de cette manière que tu réaliseras un Mi’râj à la mesure de ton degré, si toutefois tu es du nombre des âmes que Allâh –‘azza wa jall– a purifié. « Et ne vous autoproclamez pas purs : Il est mieux informé de ceux qui (Le) craignent » [s53.v32].

Cela (le Mi’râj) n’est pas exclusivement réservé au Messager d’Allâh ﷺ, auquel cas il aurait été dit : « Subhâna à Celui qui de nuit fit voyager Son Messager », car c’est bien du mot serviteur (‘abd) dont il s’agit ici. Si le mot employé avait été Messager (rassoûl), à ce moment-là tu te serais vu exempté d’atteindre la réalité de ce verset… mais puisque le verset mentionne le mot serviteur, il t’incombe à toi aussi de réaliser le tasbîh de nuit, jusqu’à ce que le bourâq, qui n’est autre que « l’Etoile lorsqu’elle descend » [s53.v1] vienne t’aspirer et te mener vers la réalisation de Sciences multiples.

Malheureusement aujourd’hui la Science est délaissée, et on peut même dire que plus personne ne la recherche… toutes les sciences auxquelles l’homme accorde de l’attention, ce sont les sciences de ses pieds. Ceci veut dire que tu n’as jamais recherché rien d’autre que ce qui se trouve sous les sandales ! … ah si seulement nous étions sous les sandales du Prophète ﷺ. Il réalisa al-Isra puis al-Mi’râj avec ses sandales, jusqu’à accéder et s’établir au Muntaha. Au moins, nous serions entrés avec lui ﷺ… Mais plutôt, nous avons recherché les sandales dans sa dimension passionnelle de la nafs, de dounia et de ce qui est inférieur et vil. Et de là, nous avons prétendu à l’élévation… alors que nous n’avons jamais décollé du sol.

Il est ainsi des gens qui marchent sur deux sandales, d’autres sur quatre… et d’autre encore marchent sur leur ventre ! Voilà où en sont les gens du commun. Quant aux gens de l’ésotérisme et des réalités cachées, le Miséricordieux S’est manifesté à eux, jusqu’à ce qu’ils virent Son Trône de manière évidente, ils furent élevés jusqu’à ce Trône et ils se jetèrent prosternés à Lui. Les Lumières Prophétiques les enveloppèrent, et ils entamèrent une nage supérieure et noble… puis lorsqu’ils revinrent de cela, ils nous en contèrent une partie, et alors nous nous écriâmes : « C’est de la sorcellerie ! ».

Pourquoi c’est de la sorcellerie ? Parce que cela bouscule nos habitudes et nos idées reçues, parce que nous considérons tout depuis le début d’un point de vue inférieur (soufli). Or tout ceci relève du qaws supérieur, cet arc-de-cercle dont nous ne reconnaissons rien, car l’inférieur ne peut reconnaître que ce qui est inférieur. Quant au supérieur (‘olwi), ne peut le reconnaître que celui qui est parvenu jusqu’à lui. Ainsi, de ces deux arc-de-cercle (supérieur et inférieur), naît la considération d’un état de mouvement et d’immobilité, ce qui fut appelé le temps (ad-Dahr), c’est-à-dire l’un des Noms cachés d’Allâh –ta’ala-. Le Bien-Aimé ﷺ dit ainsi : « N’insultez pas le temps, car le temps c’est Allâh ». Le Nom al-Dahr, qui fit apparaître le hâ’ al-hawiya et l’opposition des deux qaws, est Celui-là même dont découle la Source de l’Essence, qui n’est autre que le lâm al-qabd. Et celui qui sera parvenu et aura Connu al-Insân al-Kâmil, aura par là-même Connu et cerné tout ce qu’il y a de meilleur. Quant à celui qui aura renié la nafs, il aura par là-même renié tout ce qu’il y a de meilleur. « Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes (nafs) » [s41.v53]. Ne te fatigue donc pas en essayant de décoller de la surface de la terre à l’aide d’un vaisseau spatial ou bien d’un avion… reviens à toi-même et plonge au plus profond de ton âme, tu y verras ces mêmes signes, ce même univers réuni en toi. Alors tu atteindras la Connaissance de ce qui était, de ce qui est et de ce qui sera. Tu seras l’être réunissant tout cela, tu seras à l’infime distance séparant les deux arc-de-cercle « à portée de deux arc, ou plus près encore » [s53.v9], et tu seras alors véritablement sur les pas et conforme à la Sunna de celui qui est la Réunion du Verbe (Jawâmi’ al-Kalim) ﷺ.

Nous nous en tiendrons à cela pour cette fois. De ceci il faut bien comprendre que le lâm al-qabd est une affaire entre un miroir et un autre miroir : tout ce qui se trouve autour de toi disparait et se dissipe, jusqu’à ce qu’il ne demeure plus que le miroir du maître de la création ﷺ.

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