(cours) La Hadra Hâroûniya : le Suivi de la Passion au coeur du hâ de l’Ism

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

La Hadra Hâroûniya :
Le Suivi de la Passion au coeur
du hâ de l’Ism al-Moufrad

Etant donné que les flux spirituels sont de plusieurs types, soient-ils Lumineux ou ténébreux , les cœurs eux aussi sont divisés en plusieurs catégories… Ainsi, celui qui tirera sa Connaissance et son état spirituel de l’Arbre Béni relié aux Prophètes et aux Messagers aura un cœur Lumineux placé dans la catégorie des cœurs recevant les manifestations des Noms et des Attributs divins. Leur Lumière débordera et affectera leurs membres, au point que ces personnes ne s’éloignent jamais de la Parole : « Dis : « Si vous aimez vraiment Allâh, suivez moi, Allâh vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allâh est Pardonneur et Miséricordieux. » [s3.v31]

Quant à celui dont la science et l’état spirituel ne sont pas liés à la guidée issue de l’Arbre Béni, son cœur est ténébreux, et on en constate l’effet sur ses membres à travers du fait que ceux-ci accomplissent des choses contraires à la Loi divine. C’est la raison pour laquelle nous considérons, dans cette Hadra Hâroûniya, le côté matériel du cœur et son penchant vers l’or et les richesses : du fait que ces matières sont ténébreuses, elles ont influé sur les cœurs des banou Isra’il au point qu’ils se prosternèrent devant le veau. Ceci parce qu’ils avaient pris leur science et leur état spirituel de as-Sâmiriy, dont le lien avec l’Arbre de la Prophétie était rompu. C’est ici que l’on se rend compte de l’importance primordiale de la Lumière prise de l’Arbre Béni, de Shaykh en Shaykh jusqu’à la Source des Secrets et des Lumières, sayiduna Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). Le Faux peut en effet apparaître sous l’apparence du Vrai, et il égare alors toute personne chez qui la vision intérieure fait défaut, de même que ceux qui suivirent as-Sâmiriy furent égarés par la vision de ce qu’ils crurent être de sa part un prodige. Ainsi, Iblis est un jour apparu à sayidina AbdelQader al-Jilani (radiAllâhu ‘anhu) sous forme de lumière, mais fut immédiatement reconnu par le saint qui fut préservé de son égarement grâce au fait qu’il savait faire la différence entre la Lumière issue de la Niche et la lumière qui provient d’ailleurs. Afin de différencier ces degrés et ces états spirituels, il faut impérativement s’en remettre au jugement de la Loi divine, car l’apparition de lumières chez des personnes ne se conformant pas à la chari’a ne font en réalité que les éloigner de leur Seigneur… tandis que la Lumière naissante du rattachement à un Shaykh doté d’un sanad authentique rapproche le serviteur de son Seigneur, le pousse à accomplir des œuvres louables, et à se conformer à la Sunna, car s’il venait à commettre un acte qui la contredit, sa Lumière diminuerait ou même pourrait lui être enlevée. La Lumière issue de la Prophétie et à laquelle on accède, par l’intermédiaire d’un Shaykh héritier Muhammadien, est une Lumière qui t’enseignera la Science des Noms divins, qui te dévoilera les Secrets de Ses Attributs, et qui te fera entrer dans la présence de Son Essence, car « Allâh est la Lumière des cieux et de la terre » [s24.v35]. Ne te laisse donc pas tromper par les personnes non musulmanes qui prétendent voir quelque chose de cette Lumière, et ne laisse pas ces pensées perturber ta croyance, car leur lumière ressemble à la Lumière Véritable en apparence, mais en est en réalité bien différente dans la Haqîqa et les Sens profonds… Elle ressemble en fait au mirage que l’on croit être de l’eau, mais qui en réalité n’est qu’une illusion due à la châleur…

Et lorsque les cœurs se laissent affecter par ce genre de waswas, les divinités prises en adoration en dehors d’Allâh se multiplient et apparaissent alors des divergences, et chacun accuse l’autre d’égarement. Allâh –subhânahu wa ta’ala- a décrit l’état de ces gens au Jour du Jugement en ces termes : « Chaque fois qu’une communauté entrera, elle maudira sa soeur. » [s7.v38]. Et ici le mot sœur désigne sa semblable dans le suivi des passions et l’adoration d’idoles et de pensées en dehors d’Allâh –ta’ala-.

Quant au Connaissant (‘ârif), s’il venait à oublier la Loi issue de l’Arbre Béni et se mettait à considérer les choses comme étant ce qu’elles sont Réellement, il tomberait dans un état proche de celui de la folie… c’est pour cela que la règle du fana’ doit l’emporter sur lui. Les choses prises en adoration sont d’une seule et même nature, et le serviteur doit se baser et ne prêter attention qu’à ce qui fut rapporté par les Messagers. Quant à ceux qui se sont trouvés dans un état proche de celui de la folie, leur cas est à l’image d’une personne qui serait entré à l’intérieur de la ka’ba et ne saurait pas où se trouve la qibla.

Pour cette raison, dans notre tariqa, si l’entrée dans la lettre hâ’ n’était pas accompagnée de la vision de ce qui se trouve en son centre, alors le mourid prendrait en considération certains Noms divins et en oublierait ou renierait d’autres, tombant par là même en état d’apostasie. Si en revanche il fait du centre du hâ’ sa seule préoccupation et l’objectif à atteindre, alors il réunira dans son cheminement toutes les parties du hâ’, chaque partie correspondant à un Nom divin particulier.

La seule et unique porte d’entrée dans la Réalité du Tawhîd est l’accès et l’anéantissement dans le Secret du Secret, qui n’est autre que le centre du hâ’… et ceci commence par le fait que ce point soit élevé et magnifié dans le cœur du mourid. N’as-tu pas vu que les idoles n’ont été prises en adoration par les gens que parce qu’ils voyaient en elle une puissance noble et digne d’adoration… ? Sois donc toi-même du nombre des bien guidés, de ceux qui suivent la guidée des Prophètes, et tu verras alors que « La puissance toute entière appartient à Allâh. C’est Lui qui est l’Audient, l’Omniscient. » [s10.v65].
Le ‘arif est celui qui parvient à voir une manifestation du divin en chacune de Ses créatures, mais en aucun cas il ne prend en adoration ces manifestations divines qui tantôt changent et évoluent, tantôt apparaissent et disparaissent… au contraire il adore Allâh, Celui qui Se suffit à Lui-même, Celui à qui rien ne ressemble. Et si les gens qui adorent ces choses savaient qu’ils ne font en réalité qu’adorer une manifestation divine, ils comprendraient qu’ils sont eux-mêmes une manifestation divine… et en poursuivant dans la même logique ils aboutiraient au fait qu’ils méritent tout autant d’être adorés que leurs idoles.

Et c’est bien là la raison pour laquelle ceux qui adoraient des statues s’imaginaient ne les adorer que pour qu’elles les rapprochent d’Allâh –subhânahu wa ta’ala- : « C’est à Allâh qu’appartient la religion pure. Tandis que ceux qui prennent des protecteurs en dehors de Lui (disent): « Nous ne les adorons que pour qu’ils nous rapprochent davantage d’Allâh » » [s39.v3] … c’est-à-dire qu’ils placèrent ces statues au même degré que les deux lâm (la wassita), or la Loi divine n’a en aucun cas validé une telle chose. Les choses doivent au contraire être placées dans le hâ’, et non pas dans les deux lâm, car le degré des deux lâm est le degré de ce qui permet de parvenir au But, et non pas le degré de ces choses prises en idoles.

Les deux lâm sont la Réalité de la Wassita, et la chari’a n’a établit qu’une seule et unique Wassita. Celui qui ne la reconnaîtra pas en tant que telle, et ne se soumettra pas à elle, ne pourra en aucun cas réussir, parce que le fait de dire « lâ ilâha illa Allâh – Il n’y a pas de divinité en dehors d’Allâh » n’est pas suffisant pour entrer au paradis: il faut obligatoirement recourir à la Wassita et dire « Muhammadun RassouluLlâh – Muhammad est le Messager d’Allâh ». La parole de la chahada n’est valide que lorsqu’elle est composée de ces deux paroles réunies : « ach-hadu alla ilaha illa Allah, wa ach-hadu anna Muhammadan rassouluLlâh ».

Quant à la Wassita des Shouyoûkh, elle est par la Wassita du Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), conformément au Hadîth : « Les savants sont les héritiers des Prophètes, or les Prophètes n’ont laissé derrière eux ni dinar ni dirham, mais plutôt ils ont laissé la Science. Celui qui en prendra, prendra d’un bien immense » [rapporté par at-Tirmidhiy] Or la plus noble des sciences est la Science par Allâh, par Ses Attributs, par Ses Noms et par Ses Lois. Les Shouyoûkh de tarbiya sont ainsi les successeurs du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), de toute époque. Quant aux deux lâm, ils sont en réalité l’expression d’un trait rectiligne constitué de trois Hadra : la Hadra de l’Ism « Allâh », la Hadra de l’Ism « al-Waliy », et la Hadra de l’Ism « al-Mou’min ». Le cheminement se veut être un cheminement qui remonte le long de ce trait en commençant par l’accomplissement du serviteur au travers du Nom « al-Mou’min », puis au travers du Nom « al-Waliy », avant d’arriver enfin au dévoilement des Secrets du Nom « Allâh ». La marque du début de ce cheminement vers cet accomplissement spirituel est la sortie du serviteur des ténèbres vers la Lumière, et ceci fut très clairement décrit dans le Coran : « Allâh est le Waliy de ceux qui croient : Il les fait sortir des ténèbres vers la Lumière » [s2.v257]Et à l’inverse, Allâh –subhânahu wa ta’ala- dit : « Certes Allâh ne guide pas le peuple mécréant » [s5.v67]. Ainsi donc le serviteur affecté par le chirk et le koufr n’atteint pas la guidée: il demeure loin de la Présence divine… Et la chose la plus importante dont profite le croyant au travers de la Wassita, c’est la guidée… mais à partir du moment où cette Wassita n’est pas reconnue comme telle chez les mécréants, Allâh ne leur accorde pas la guidée « Allâh ne guide pas : lâ yahdiy ». Ces personnes demeurent donc dans l’égarement.

C’est ici que l’on se rend compte de l’importance de la Wassita, dont l’exemple le plus parfait est évidemment notre Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), puis ses héritiers (radiAllâhu ‘anhum). C’est pour cela que le ‘arif doit être doté d’une grande capacité à goûter les sens profonds, afin d’être en mesure de différencier l’égarement qui se manifeste sous des apparences de guidée et la véritable guidée. Celui donc ayant accédé au Secret, ou bien au Secret du Secret, ou même au Secret du Secret du Secret, et qui demeure sans goût ni ressenti spirituel profond, celui là est totalement sec. Le goût est un don d’Allâh –ta’ala-, qui profite au mourid ayant atteint un Secret. Et ce goût est quelque chose qui se travaille dans un premier temps, jusqu’à devenir un maqâm… et dans notre tariqa, l’exemple de celui qui goûte et de celui qui ne goûte pas et comme l’exemple de deux personnes à qui on a donné un kilo de miel… l’un d’entre eux mangerait tout le miel d’un seul coup mais, lorsqu’on le questionnerait au sujet de ce qu’il vient de manger, il ne saurait rien dire de plus que « j’ai mangé du miel »… quant au second, de ce kilo de miel il en mangerait simplement une cuillère, mais avec elle seulement il saurait dire de quel genre de miel il s’agissait, à partir de quel arbre l’abeille l’a-t-elle produit, quels sont ses bienfaits etc… Le premier de ces deux personnes a connu, mais n’a pas goûté… quant au second, il a connu et a goûté réellement. Et il en est de même pour la ma’rifa.

Par ailleurs, étant donné que le début en matière de goût spirituel est le résultat d’un effort produit, il faut obligatoirement travailler ce point, et le ‘arif c’est celui qui sait justement lier le goût et le travail. Il goûte ainsi à la chari’a au travers des actes d’adoration, de la prière, de la prosternation et autres… et il goûte à la tariqa au travers de l’ascetisme, de la piété, de la sincérité… et tu ne goûteras à rien de tout cela sans accomplir de réels efforts… Et finalement, par rapport à la ma’rifa, si tu vois la Lumière sans lui prêter attention, sans la contempler, alors sache que tu n’as en rien su profiter d’elle.


Auteur : al-Faqîr ‘AbdelHafîdh al-Ribatiy

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