(cours) Hadra Moussawiya : Conclusion des assises

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-

La Hadra Moussawiya (dix-septième cours) :
Conclusion des assises

Nous aboutissons à présent à la conclusion de ces Hadra Prophétiques considérées au travers de la lecture du hâ’ du Nom « Allâh », et visant à l’approche du Alif… En sachant bien que, lorsqu’on parle d’une Hadra Prophétique particulière, il ne s’agit que de quelques effluves ésotériques émanant de celle-ci, car pour parler de la Hadra Moussawiya dans son ensemble il faudrait que nous évoquions et que nous révélions tout ce qu’elle comprend de Secrets, de Sciences et d’états spirituels… en vérité, une Hadra n’est complète que par l’accomplissement de sa lecture, comprenant l’ensemble des degrés du Nom « Allâh » …

Nous allons donc à présent nous arrêter de parler de cette Hadra Moussawiya, qui aura laissé en nous un grand désir et un grand amour… c’est une Hadra que ne saurait oublier sinon une personne vouée à la perdition. Ceci constitue donc son dernier cours, mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne demeurera pas avec nous. Au contraire, demeure ce qu’il sera descendu dans vos cœurs de cette Hadra, en terme d’enseignements ésotériques, de goûts des réalités profondes, et de compréhension car la Hadra Moussawiya est la Hadra de l’Approche du Alif, laquelle a la particularité de voir quiconque y entre entamer une ascension spirituelle éternelle, sans fin. Il s’agit de la Hadra du Fasl et du Wasl, la Hadra de l’Amour et de la Miséricorde, la Hadra de la manifestation des opposés, la Hadra de Moussa auprès de Pharaon, la Hadra de l’envoi de flux spirituels (ilqâ) et de la perception de ces derniers (talaqqi), la Hadra des Secrets des mots… C’est pourquoi il est difficile de la quitter, spécialement pour ceux qui auront goûté par elle à cette Approche du Alif… Le Vrai –ta’ala– S’est certes manifesté à sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm) sous la forme d’un feu, conformément au verset où Il dit –subhânahu wa ta’ala– : « Lorsqu’il vit un feu, il dit à sa famille : « Restez ici ! Je vois un feu au loin ; peut-être vous en apporterai-je un tison, ou trouverai-je auprès du feu de quoi me guider » » [s20.v10]

Ne goûte aux sens profonds que celui pour qui toutes les idées reçues auront disparu, et toute personne à qui Allâh –‘azza wa jall– aura fait don d’une vision et de l’abasourdissement qui l’accompagne, en le dépouillant totalement de tout ce qui entrave la réalisation de l’Amour et du désir ardent… tu le verras errant, désemparé par Lui et en Lui, voyant et écoutant la manière que chaque créature a d’évoquer Allâh –‘azza wa jall-. Quant au personnage lourd et grossier, aux illusions grasses et abondantes, dépourvu de toute capacité à percevoir les sens profonds… celui-là ne s’arrête qu’à l’apparence des choses, et il ne considère ces dernières que comme étant des créatures sans vie et sans esprit, incapables de se mouvoir ni de parler… il oublie qu’elles sont des signes du Vrai pour Ses créatures, de manière à ce que par elles et grâce à elles nous parvenions à Le Connaître.

Le Connaissant par Allâh est ainsi donc ce personnage désemparé dont l’esprit libéré erre au gré des Souffles du Miséricordieux, il parle avec les choses en tant que fou amoureux, parce qu’il voit en chacune d’elle la manifestation du Secret de la Persistance par Soi (Qayyoûmiya). Et si ce n’était par le Vrai, la création n’aurait aucune existence. Le Shaykh de nos Shouyoûkh, sidi Ahmad al-‘Alawi (radiAllâhu ‘anhu) dit ainsi : « Il n’est pas dans l’existence une seule particule qui ne porte en elle un Nom d’entre les Noms de l’Adoré ». Par ce Secrets, les gens de condition spirituelle réalisée ont dit : « Je ne vois aucune chose sans voir Allâh avant elle. » ou bien : « Je ne vois aucune chose sans voir Allâh avec elle. » ou encore : « Je ne vois aucune chose sans voir Allâh après elle. ». Le Connaissant (‘ârif), alors qu’il vit et évolue au milieu des créatures, n’est voilé d’aucune perception du souffle de l’Amour divin fluant en chacune d’elles. Dans le but de rendre ces sens accessibles aux esprits, nous évoquerons cet amour existant entre l’homme et son épouse… d’où provient-il ? N’est-ce pas du Vrai, Lui-même ? Et ton amour pour ta famille, tes enfants, ton désir de manger, ou de boire pour étancher ta soif… Si tu goûtes aux subtilités divines que cachent toutes ces apparences, alors tu entreras dans cet état d’abasourdissement par l’Amour du Vrai –ta’ala-, un état qui te fera comprendre Ses manifestations, un état dans lequel tu entendras chaque créature crier : « lâ ilâha illa Allâh« … contrairement à celui qui demeurera grossier et insensible, et qui accomplira chaque chose dans sa vie par simple soucis de satisfaction animale. Celui qui goûtera et percevra l’évocation de chaque créature, comprendra le Message du Vrai –‘azza wa jall– manifesté en chacune d’entre elles, il passera d’un état d’insouciance à un état d’éveil, de Présence divine… c’est à dire des ténèbres à la Lumière.

N’as-tu pas vu que le Kalîm, sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) a vu le Vrai –‘azza wa jall– Se manifester à lui dans l’apparence d’un feu… Nul ne peut renier ce verset Coranique que nous avons préalablement cité. Et il fut dit, relativement à cette histoire de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm), que quand Allâh –‘azza wa jall– voulut lui faire montre de Ses grâces, Moussa perdit son chemin au milieu d’une nuit noire. Malgré toutes ses tentatives, il ne parvint pas à allumer un feu pour l’éclairer lui et sa famille, et c’est à ce moment-là qu’il en vit un au loin, à gauche de leur chemin, à côté de la montagne Toûr « il dit à sa famille : « Restez ici ! J’aperçois un feu au loin ; peut-être vous en apporterai-je un tison, ou trouverai-je auprès du feu de quoi me guider » » c’est-à-dire, ou trouverai-je auprès du feu quelqu’un qui m’indique le chemin à emprunter… et c’est ainsi que Moussa (‘alayhi s-salâm) vint, animé d’un amour ardent pour l’accès à ce qui faisait l’objet réel de son désir : « Puis, lorsqu’il y arriva, il fut interpellé: « Ô Moussa! Je suis ton Seigneur. Enlève tes sandales : tu es dans la vallée sacrée Ṭuwā. » » [s20.v12].

Lorsqu’il se fut approché du feu, le Vrai l’interpella depuis ce dernier… mais comment Celui à qui rien ne ressemble pourrait-Il s’adresser à une créature depuis une créature… si ce n’est par l’intermédiaire de l’évocation (tasbîh) de cette créature ? Etant donné que le désir de Moussa (‘alayhi s-salâm) était alors de trouver du feu, le Vrai –ta’ala- Se manifesta à lui sous l’apparence d’un feu… car si Il s’était manifesté à lui sous une apparence autre que celle qu’il recherchait, il ne Lui aurait pas prêté attention. Il fut mentionné dans les exégèses Coraniques que sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) avait amassé quelques brindilles sèches dans le but de les enflammer à l’arbre, mais à chaque fois qu’il s’en approchait, celui-ci s’éloignait… et à chaque fois qu’il s’en éloignait, l’arbre s’approchait. Il s’arrêta donc, abasourdi, et c’est alors qu’il entendit le tasbîh des anges et que la quiétude (sakîna) descendit sur lui. Si donc son désir du moment n’avait pas été réuni entièrement dans le fait de trouver du feu, il n’aurait pas pu voir ce dernier s’éloigner à chaque fois qu’il tentait de s’en approcher, et s’approcher à chaque fois qu’il s’en éloignait… car en vérité, de même qu’il cherchait le feu, le feu le cherchait. Lorsque donc la sakîna descendit sur lui et qu’il entendit l’appel divin, il sut que le Pardonneur S’était manifesté à lui sous l’apparence d’un feu. Et en se voyant introduire dans la Présence Sanctifiée, il connut l’état de grande intimité avec son Seigneur.  Selon Abi Moussa al-Ach’ari, le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit ainsi : « Son voile est le feu, si Il le levait, la Magnificence de Sa Face brûlerait toute créature sur laquelle se pose Son regard ».

Si nous voulions rendre plus accessible ce sens profond en le coiffant des lois de la Voie menant aux degrés de réalisation spirituelle, nous dirions que lorsque l’aspirant prend bay’a et s’engage auprès du Shaykh Rabbâniy… lorsque le Soleil de la manifestation divine se lève en son cœur, par le Nom divin al-Noûr (la Lumière)… et lorsque le disciple concentre en lui tout son désir, tout son amour et toute son attention, se présentant à Allâh de tout son être… alors, le Vrai Se manifeste à lui par Sa Proximité. Médite donc la Sagesse de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm), lorsqu’il fut interpellé depuis le feu, et qu’il lui fut dit : « Je suis ton Seigneur »… Pourquoi n’a-t-il pas douté, pourquoi n’a-t-il pas pensé qu’il s’agissait de Shaytan ? Ou bien d’un djinn soufli, au service des forces des ténèbres.. ? Bien évidemment, sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) n’a jamais été sujet au doute, à Allâh ne plaise… tout ceci afin que simplement tu puisses te rendre compte de la réalité et que tu comprennes le Secret que le Vrai plaça en Son Kalîm : « Et Je t’ai assigné à Moi-même » [s20.v41]. Voilà pourquoi il perçut la manifestation divine sous la forme d’un feu. Celui qui considérera cela selon l’apparence des choses (dhâhir), considérera que sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) avançait vers un feu… quant à celui qui verra selon la réalité cachée des choses (bâtin), il considérera qu’il allait en vérité vers Allâh.

C’est la raison pour laquelle nous affirmons que parmi les signes de réussite du cheminant dans la Voie de la Connaissance divine, figure le fait que celui-ci se réjouisse et perçoive les manifestations de la Lumière d’Allâh en lui accordant la plus grande importance qui soit.. sans ne laisser aucune place au doute, car le Vrai est Jaloux lorsque l’un de Ses serviteurs doute au sujet de Sa Lumière, et il s’en faut de peu que celle-ci ne lui soit retirée sur le champ. Cette Lumière fait elle aussi partie des voiles, comme il fut rapporté dans un Hadîth : « Son voile est la Lumière, si Il le levait, la Magnificence de Sa Face brûlerait toute créature sur laquelle se pose Son regard. » [Rappporté par Muslim] Conforme toi donc, ô demandeur des hauts degrés, à l’exemple de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm), et c’est alors par le Vrai que tu comprendras chacune de Ses manifestations. Surtout, ne dis pas qu’il s’agit d’un Prophète et d’un Messager, et que tu ne peux en aucun cas être comme lui… Sache au contraire que les Prophètes ont été envoyés par le Vrai à Sa création, afin que nous suivions leur exemple et que nous nous conformions à leur manière de faire.

Nous devons donc chercher à les imiter aussi bien dans les états spirituels que dans les paroles et les actions. Suis leurs lois apparentes et bois à l’océan de leurs réalités occultées… et si tu t’imagines devenir leur égal en terme de degré spirituel, sache que tu te fourvoies totalement : ceci est complètement impossible. Connais donc quelle est ta valeur, et n’outrepasse pas tes limites : la poussière ne saurait rivaliser avec les étoiles ! Quant à celui qui renie la Lumière du Vrai, après qu’elle lui soit apparue, par une Miséricorde de Sa part… qu’il sache que ce n’est pas lui qui s’est détourné du Vrai, mais plutôt le Vrai qui S’est détourné de lui ! Si tu vois donc qu’un serviteur est continuellement préoccupé par le dhikr d’Allâh –ta’ala- et le fait d’assister à Ses assises, sache que c’est le Vrai qui voulut pour lui le bien.

Selon sayidina ibn Mas’oûd (radiAllâhu ‘anhu) :

  • Nous étions auprès du Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), lorsqu’un homme monté à dos de chameau s’approcha et descendit de sa monture : « Ô Messager ! J’ai voyagé durant neuf jours sur cette monture, j’ai veillé de nuit et ai supporté la soif de jour, ceci dans le but de te questionner au sujet de deux caractéristiques.

Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) lui dit :

  • Quel est ton nom ?
  • Je suis Zayd al-Khayl (le cheval).
  • Tu es plutôt Zayd al-Khayr (le bien). Demande donc ce que tu veux !
  • Je te demande quels sont les indices montrant qu’Allâh veut (aime) quelqu’un, et quels sont ceux qui montrent le contraire.
  • Comment te sens-tu ce matin ?
  • J’aime le bien, les gens du bien et ceux qui font le bien. Si j’accomplis un bien, je suis persuadé de sa récompense, et si une part m’en échappe je désire l’atteindre.
  • Ce sont là les indices montrant qu’Allâh veut (aime) une personne, et ceux qui montrent qu’Il ne la veut pas (sont le contraire de ce que tu as mentionné).

Pour cette raison, ô cheminant, ne te laisse pas détourner de la contemplation du Bienfait divin, et réalise ton état de pauvreté et de grand besoin de Lui… veille à toujours te lier au bien, afin de compter parmi ses gens, et éloigne toi du mal afin d’être du nombre des préservés. Si Ses grâces et Ses faveurs te parviennent, contemple en elles al-Wahhâb (Celui qui accorde Ses dons sans limite), et alors que tu es témoin de ce que tu vois, prête l’oreille :

La langue de la Qudra (Toute-Puissance) t’appelle en ces termes : tels sont Mes Bienfaits, ne vois donc avec Moi nul autre que Moi ! Par le dévoilement du Secret de la Qudra, tu attiseras ton aspiration spirituelle, tu la concentreras sur Lui, et tu effaceras de ta vision tout autre que Lui, Par la douceur subtile des Lumières Muhammadiennes, tu avanceras vers Lui… Tu devras entrer en Sa Présence en t’excusant de ton être, Et te prosterner face au Secret, en contemplation de la perte de ton entité Tu seras alors, persistant (baqiy) par Lui, serviteur de Sa Seigneurie, et reconnaissant de Son Bienfait.

Revenons-en maintenant au récit de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm), lorsqu’il se dirigea vers la montagne de Toûr dans le but d’accéder à la contemplation de l’Aimé, qu’Allâh –ta’ala– réduit la montagne à néant, et que le Kalîm (‘alayhi s-salâm) tomba, foudroyé… Malgré cela, la montagne n’a pas bougé, pas plus que Moussa (‘alayhi s-salâm). Quant à Allâh –ta’ala-, Il est évidemment exempt de toute considération spatio-temporelle… mais Il Se manifeste au cheminant vers Lui : Il Se manifeste au majdhoûb en l’arrachant totalement à lui-même, et au sâlik de manière à ce qu’il progresse sur la Voie tout en gardant raison. Celui à qui Il Se manifeste par aspiration de son être (jadhb) abandonnera famille et amis, tandis que celui à qui Il Se manifestera par la naissance d’un désir ardent veillera ses nuits jusqu’à l’aube en cherchant à étancher sa soif… Il S’est manifesté sous la forme d’un feu, sans Houloul (entrée du divin dans la créature) ni Ittihâd (mélange et unification du divin et de la créature une même entité). Allâh –ta’ala– est tel que rien ne Lui est semblable, Il est le Créateur du feu, comment pourrait-Il Se limiter en ce dernier ? Au contraire, tout ce que les yeux perçoivent n’est que néant, tandis qu’Il est et demeure le Premier, le Dernier, l’Apparent et le Caché. La création toute entière n’est que néant, tandis qu’Il détient l’Existence absolue : « Tout ce qui est sur elle doit disparaître, [seule] subsistera la Face (wajh) de ton Seigneur, plein de Majesté et de Noblesse » [s55.v26/27].

Si les manifestations du Vrai s’interrompaient, nous ne pourrions plus vivre et retournerions au néant… et lorsque tu prêtes l’oreille afin de percevoir la lecture d’un verset Coranique, Celui qui S’exprime est Unique tandis que ceux qui écoutent sont multiples. De là, tu réaliseras que la compréhension est en fonction de la largesse du cœur, d’où le fait que les Compagnons comprenaient la parole du Messager (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) selon soixante-dix degrés d’interprétation différents, et que ce dernier donnait raison à chacun d’entre eux, disant : « Mes Compagnons sont comme les étoiles, quel que soit celui que vous suivez, vous serez guidés. ». En transmettant de sa Lumière à ses Compagnons, il fit d’eux des étoiles permettant aux générations futures de se guider.
De même que toi, lorsque tu regardes le ciel en journée, tu n’y vois que du bleu… mais lorsque le soleil se retire et fait place à la nuit, alors apparaissent les étoiles.

La manifestation des Noms divins dans ce bas monde n’est pas la même que dans l’au-delà, et le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) nous informa que Allâh dit : « J’ai réservé à Mes serviteurs pieux ce que nul œil n’a vu, ni nulle oreille entendu, ni nul cœur humain perçu. ». C’est la raison pour laquelle nous affirmons que Ses Noms sont indénombrables. La Loi divine voulut cependant faire apparaître certains de Ses Noms, afin que le serviteur s’en revêtisse. Ainsi, il se pare par exemple du Nom al-Karîm et devient noble et généreux, etc… Quant à la preuve qu’il existe une multitude de Noms divins, et que chacun d’entre eux comporte une partie exotérique et une autre ésotérique, la parole du Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « En cas de chagrin et de tristesse, le serviteur doit dire :  » Mon Seigneur, je suis ton serviteur fils de Ton serviteur et de Ta servante. Mon toupet est dans Ta main. Ta juste sentence et Ton jugement s’appliquent à moi. Je Te demande à l’aide de tout Nom que Tu T’es donné ou que Tu as révélé dans Ton livre ou appris à l’une de Tes créatures ou T’es réservé la connaissance dans Ton mystère, de faire du Coran le printemps de mon cœur, la Lumière de ma poitrine, le moyen de dissipation de ma tristesse et d’effacement de mes troubles.  » (s’il dit cela) Allâh efface ses troubles et sa tristesse et les lui substitue le soulagement »

Les manifestations (tajalliyâte) diffèrent entre elles, tandis que Celui qui Se manifeste est Unique et non sujet au changement. Tu vois par exemple la terre, et tu sais que sur elle ont vécu les dinosaures, les djinn, et aujourd’hui les hommes. Rien qu’en considérant ces derniers, tu trouveras une multitude de formes et d’apparences propres à chaque peuple et à chaque époque : tu verras dans les temps anciens des cavernes, des tentes, des pyramides…etc. tandis qu’aujourd’hui, tu vois voler dans le ciel des avions, tu vois se dresser les gratte-ciel, mais la Terre en elle-même demeure toujours la Terre… et selon la Haqîqa, il n’y a ni gratte-ciel, ni pyramide, ni rien du tout, mais plutôt : « Tout ce qui se trouve sur elle est néant (fân) ». Si tu veux goûter cette réalité, tu devras te libérer de la limitation par le temps et l’espace, afin de pouvoir percevoir le sens profond de la Parole du Vrai –ta’ala-. Face à cette Réalité, peut-être voudras-tu fuir… mais alors, où irais-tu !?

En vérité, malgré les formes apparentes de cet univers, la Source est et demeure Unique. C’est comme si tu avais placé une pierre précieuse sur un anneau, puis que tu faisais tourner l’anneau sur lui-même : tu verras passer la pierre d’un endroit à l’autre, à l’image de la terre tournant autour du soleil, en une année… chaque année est différente de l’autre, 2014 n’est pas comme 2013… c’est ainsi que les manifestations (tajalliyâte) et les Lois divines évoluent devant tes yeux, tandis que demeure le Demeurant (al-Bâqiy), qui est tel que rien ne Lui ressemble. Quant à toi ô homme, auparavant tu ne travaillais pas et aujourd’hui tu as un emploi… tu étais célibataire, tandis qu’aujourd’hui tu es marié… tu étais jeune, aujourd’hui tu es vieux… Combien de croyants sont devenus mécréants, et combien de mécréants sont devenus croyants ?

Réuni donc toutes tes forces et toute ton attention dans l’Amour de Leyla (nom par lequel les soufis font allusion à l’Essence divine), car il n’y a en réalité qu’une seule nuit (leyla) dans la vie… et celui que Leyla désirera, elle se dévoilera à lui et lui fera goûter à l’ivresse divine, de sorte qu’il ne soit plus obnubilé que par sa vision et son imploration. Considère donc dans l’Histoire les gens d’Allâh qui laissèrent une marque de leur passage sur terre : ils ne marquèrent leur existence que par leur Amour de Leyla. Ils avaient une heure au cœur de la nuit qu’ils réservaient exclusivement à la rencontre de leur Seigneur : c’est durant cette heure que nait l’Amour et le désir, durant cette heure que parviennent les compréhensions et les saveurs de la Haqîqa.

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