Tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre pratique le tasbîh

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre pratique le tasbîh

 

Résumé de l’assise du 30 Mars 2018 / Jumu’a 12 Rajab 1439  [Partie 1] :

Nous revenons donc à la Lecture du lâm al-‘ishq, qui est le lâm al-qabd, par le réceptacle (moustaqarr) de la Noubouwa, ou par la Lecture du Alif indicateur de l’Unicité du Créateur ﷻ. Et ceci sera le onzième cours de la série. Nous basant sur des versets clairs de la Parole divine, nous commencerons par citer le suivant : « Tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre glorifie (tasbîh) Allâh. C’est Lui le Puissant, le Sage [1]. » Les versets de tasbîh sont multiples, 29 au total, que nous ne citerons pas tous… Cependant, il est à noter que tous ces versets furent révélés à Médine. Le nombre 29 renvoie bien sûr au nombre de lettres de l’alphabet arabe, comme pour nous indiquer que chacune de ces lettres recèle un Secret renvoyant à l’un de ces versets de tasbîh. 29 lettres pour 29 versets, c’est-à-dire que chacun des 29 versets a son domaine d’application, son statut, son flux ésotérique, son secret, sa base et sa règle renvoyant à l’une des 29 lettres.

Car les lettres… viendra un jour où nous parlerons de cela : les lettres ont elles aussi un sanad les liant à l’Origine Première, à savoir la Poignée de Lumière. Les lettres ont jailli de cette Dernière, la première d’entre elles étant le Alif ( ا ), associé à 1, et la dernière le ghaïn ( غ ), associé à 1000. Ces lettres sont apparues de la Haraka (mouvement) et du Soukoûn (immobilité) : l’encre se trouvait dans le Qalam et, lorsque le premier Point fut écrit, il se mit à couler, nous donnant un Alif. C’est donc par le mouvement de ce Point que l’ensemble des lettres sont apparues : 14 Lettres Lumineuses, qui sont les 14 Lettres par lesquelles Allâh ﷻ jure au début de certaines sourates, et 14 autres Lettres qui sont l’ombre des Lumineuses, soit 28 Lettres au total, complétées par la 29ème Lettre qu’est la hamza (ء), le Secret Ultime, ou le Point. C’est par ces 29 Lettres que le Coran fut écrit. Voilà une brève présentation des lettres de la langue arabe. Cette langue arabe n’est évidemment pas une langue nouvelle : c’est la langue des anges, la langue du Coran, la langue des gens du Paradis, la langue des croyants, la langue de la Communauté Muhammadienne, la langue de certains Prophètes ayant précédé sayidina al-Mustafa ﷺ à l’instar de sayidina Sâlih (‘alayhi s-salâm)… son histoire est donc très ancienne.

Disions-nous, c’est la Haraka (mouvement) et le Soukoûn (immobilité) qui firent apparaître les lettres, soit le tasbîh. Car la Haraka, de base, c’est un tasbîh… de même que le Soukoûn d’ailleurs, car n’eût été le Soukoûn, nous n’aurions pas pu connaître la Haraka… et n’eût été la Haraka, nous n’aurions pas pu connaître le Soukoûn. Evidemment, l’un et l’autre sont connus par leur opposé. Et ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhu) dit, en rapport avec le verset précité : « Prie Allâh tout ce qu’Il a créé dans les cieux et sur la Terre, que ces créatures aient un esprit ou non. »
« Tout ce qui est dans les cieux et sur la Terre glorifie (tasbîh) Allâh. » Le tasbîh ne se limite donc pas aux êtres dotés d’un esprit, mais il s’étend aussi aux choses matérielles, au mouvement et à l’immobilité.

Et Allâh ﷻ dit : « Les sept cieux, la Terre, et ceux qui s’y trouvent Le glorifient (tasbîh). Et il n’existe rien qui ne célèbre Sa gloire et Ses louanges, mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier [2]. » Quelle que soit la nature de la chose créée, elle fait le tasbîh du Seigneur ﷻ. Ce que l’Homme est incapable de saisir, c’est la compréhension de ce tasbîh. Sa perception auditive par contre est tout à fait accessible, en fournissant un effort de dhikr et persistant en cela, jusqu’à ce que tes perceptions auditives s’ouvrent au monde ésotérique et que, conformément au Hadîth du Waliy, ton ouïe devienne l’ouïe du Créateur. Dès lors, tu entendras le tasbîh de l’ensemble des créatures quelles qu’elles soient. Et Allâh accorde le privilège et la sagesse à qui Il veut. Tu entendras donc bien ces types de tasbîh, quant à leur compréhension non, car le verset nous dit bien « mais vous ne comprenez pas leur manière de Le glorifier. » C’est-à-dire que même si tu parviens effectivement à percevoir et comprendre quelque chose de ce type de tasbîh, jamais ta compréhension ne sera globale et ne cernera la chose.

L’ensemble des créatures d’Allâh, ses mondes, apparents comme cachés, ses cieux, ses terres, ses étoiles, ses planètes, ses vents, ses pluies, tout ce qu’Il a créé, aussi bien ce que nous connaissons que ce que nous ne connaissons pas… parce que si l’homme s’imagine que les créatures se limitent à ce qu’il en connait, celui-là est vraiment loin du compte… Allâh a certes créé des choses que nous ne connaissons pas, et que même certains anges ne connaissent pas. Il ne faut pas s’imaginer que la création d’Allâh se limite à notre terre, à notre système solaire, à notre galaxie… et qu’il n’y a rien au-delà de cela. Au contraire ! Etant donné que notre Seigneur ﷻ est Premier sans début et Dernier sans fin, de même Il créa une création sans début et sans fin, et sa création n’a jamais cessé d’être créée : la création est perpétuelle, elle ne se limite pas à un moment donné dans le temps. Comme si tout avait été créé par le passé, et qu’à présent cela s’était arrêté… au contraire !

La Sunna nous enseigne que lorsque par exemple tu prononces un tasbîh spécifique, le Seigneur crée pour toi un arbre dans le Paradis. Il s’agit d’une créature nouvelle, qui n’existait pas avant, et qui fut manifestée pour toi, ô homme. Et il y a d’autres choses que le Seigneur a créé pour toi, à l’instar des anges : si tu accomplis certains actes, le Seigneur ﷻ consacrera pour toi des anges qui seront chargés d’implorer le pardon pour toi… ce ne sont pas des anges qui étaient occupés à autre chose et qui ont délaissé ce qu’ils faisaient pour venir implorer pour toi le pardon divin. Non, ce sont bien des anges qui ont été créés pour toi ! La création est donc continue, et ce dans le but du tasbîh et de l’évocation du Seigneur ﷻ… ou, comme le dit sayiduna ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhu), dans le but de la prière (salat), c’est-à-dire l’établissement du lien (silat) avec le Seigneur ﷻ.
Le tout fait le tasbîh, dans le mouvement comme dans l’immobilité, de jour comme de nuit, secrètement ou de manière ouverte : c’est cela, l’adoration, ou le lien perpétuel entre le Créateur et, non pas Son Essence, mais l’essence de ses multiples créatures pratiquant Son tasbîh dans le but de recevoir de Sa Lumière de Miséricorde et d’Agrément.

Nous avons été créés évocateurs, prieurs, pratiquants du tasbîh… pourquoi ?
Pas pour Allâh, Il n’a pas besoin et peut se passer de nous. Plutôt, c’est pour nous-mêmes, pour être en mesure de recevoir le fruit de ce dhikr. Quel est ce fruit ?
C’est la Miséricorde, c’est la Lumière, c’est le lien. Par conséquent, si tu perçois ce fruit, c’est qu’effectivement tu as bénéficié de tes efforts… et si tu ne perçois pas cela, c’est que ton dhikr, ton tasbîh, ton tahlil et ton lien sont défaillants. Car si ton simple tasbîh créée des anges qui implorent pour toi le pardon… mais que toi, tu n’as toujours pas été pardonné… c’est bien que tu es une calamité !

Si tu dors conformément à la Sunna du Prophète ﷺ, selon le Hadîth, le Seigneur crée pour toi un ange qui reste à tes côtés et qui invoque et implore pour toi le pardon divin jusqu’à ce que tu te lèves. SubhânAllâh ! Regarde, les anges invoquent et implorent le pardon pour toi… et malgré cela, aucun fruit ne s’est manifesté de toi.

Chez toi, le péché et le manque de convenance (adab) sont perpétuels. Tu n’es pas quelqu’un de fiable ni digne de confiance. Tes paroles sont constamment ponctuées de grossièretés… C’est donc bien que le lien que tu entretiens avec ton Seigneur n’a rien révélé de toi ! Tu n’en as tiré aucun fruit, aucun flux ésotérique. L’univers tout entier n’est et ne travaille que pour toi… mais toi, tu n’as su qu’augmenter en péchés et en détournement de la Vérité. Tu as donc un problème, c’est évident. Tu dois soigneusement étudier ton cas, chercher en toi-même… il y en a ici qui pratiquent le dhikr et qui se plaignent de ne pas goûter à l’état de recueillement (khouchoû’). Ça, c’est ton problème ! Si tu fais du dhikr, mais que ton cœur n’est pas concentré… c’est une véritable calamité ! Ça veut dire que tu n’as rien fait, tu n’es pas considéré comme ayant pratiqué le dhikr. Parce que ceux qui évoquent Allâh, leurs cœurs s’attendrissent : « Certes, c’est par le dhikr d’Allâh que les cœurs se tranquillisent [3]. »

L’adoration (‘ibâda), c’est le fait que la créature se consacre perpétuellement à ce pour quoi elle a été créée. Or notre Seigneur ﷻ dit : « Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent [4] » C’est-à-dire qu’il s’agit pour toi de persister en cela, et non pas de prendre l’injonction un temps, et la délaisser un autre. Car comme nous le dit sayiduna al-Mustafa ﷺ : « La meilleure des actions est celle qui dure dans le temps, même si elle est minime [5]. » C’est pourquoi tu constates que dans la Tariqa Shâdhiliya, le wird pratiqué est relativement court… cependant, si tu persistes dans son accomplissement, il te donnera son fruit, parce que le But de la pratique du wird, c’est de faire apparaître le lien (silat). Quant aux montagnes de dhikr que tu pratiquais, et qui ne t’ont jamais apporté ce fruit… du point de vue de la Tariqa Shâdhiliya, tu es considéré comme n’ayant jamais fait de dhikr de toute ta vie. Voilà ce qu’en dirent les Shouyoûkh qui traitèrent du sujet dans sa réalité profonde.

…à suivre…


[1] Sourate al-Hadid, verset 1.
[2] Sourate al-Isrâ’, verset 44.
[3] Sourate al-Ra’d, verset 28.
[4] Sourate al-Dhâriyâte, verset 56.
[5] Rapporté par al-Boukhâriy.

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