Ton rôle en tant que Khalifa d’Allâh sur Terre

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Ton rôle en tant que Khalifa d’Allâh sur Terre

Résumé de l’assise du 30 Mars 2018 / Jumu’a 12 Rajab 1439  [Partie 2] :

[…]
Quant au tasbîh… il vient du mot arabe sibâha (la nage). « Et il n’existe rien qui ne fasse Son tasbîh [1] » C’est-à-dire qu’il n’est pas une chose qui ne nage dans l’Océan de l’Essence divine, un Océan dans lequel sont noyés absolument tous les êtres créés des cieux et de la Terre, qu’ils en aient conscience ou non. Qu’ils le ressentent et le réalisent, ou non. Notre Seigneur ﷻ dit bien : « Et Il est avec vous, où que vous soyez [2] », ou encore : « et Nous sommes plus proche de lui que sa propre veine jugulaire [3] ». Cela ne veut pas dire qu’Il n’est pas proche de toi si toi tu es plongé dans l’oubli et l’insouciance ! Non, Il est proche, aussi bien de l’insouciant, du pieux, du croyant… que du mécréant ! Seulement le mécréant, ou le pervers, ou l’insouciant… c’est lui qui n’est pas avec le Seigneur ﷻ . Le Seigneur est avec toi quoi qu’il arrive, mais tu ne réalises pas cette Présence Seigneuriale avec toi. Si tu la réalises, c’est bien là le But… et si tu ne la réalises pas, Il est et demeure quoi qu’il arrive avec toi. Nous nageons tous dans le même milieu, et nous avançons tous sur le même chemin, que nous soyons conscients de cela ou non.

Allâh ﷻ fit ainsi de l’Homme Son vicaire au sein de cet Océan, dans lequel nage l’ensemble de tout ce qui est créé. Malgré que, au sein de cet Océan, nous soyons tous égaux et sans distinction les uns des autres, c’est l’Homme qu’Il a choisi d’entre toutes les créatures pour Le suppléer. Pourquoi ?
Il l’a choisi pour sa Science : « et Il enseigna à Adam tous les noms [4]» C’est par cette Science, par cette synthèse de tous les noms, que sayiduna Adam (‘alayhi s-salâm) devint le vicaire (khalifa) d’Allâh sur Terre. Et évidemment si, en te basant sur la Haqîqa, tu reviens à cet Océan et tu te dis qu’à partir du moment où nous sommes tous à considérer sous une même entité, chaque élément de cet Océan est égal… mais est-ce que toi tu te bases en cela sur une véritable science, sur la science de la certitude (‘ilm al-yaqîn), ou sur la certitude même (‘aïn al-yaqîn), ou sur la réalité de la certitude (Haqq al-yaqîn), ce qui correspond au plus élevé des degrés.. ? car à ce moment-là effectivement tu pourras être considéré comme étant de ceux que le Seigneur a établi comme khalifa… ou de ceux que sayiduna al-Mustafa ﷺ désigna comme khalifa en leur adressant : « transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset ».

La Khilafa (suppléance divine) est une Khilafa par la Science et par la grande nouvelle (al-naba’ al-‘adhîm). Il ne lui revient donc à l’Homme que de lui accorder ce qui lui est dû. Ainsi, par exemple dans le domaine du Moulk, le Seigneur a désigné l’Homme comme khalifa, lui soumettant tous les éléments… de sorte qu’il puisse utiliser par exemple l’eau pour étancher sa soif, pour irriguer ses plantations, etc. Il utilise le feu pour cuire les aliments, pour développer des technologies, etc… et ainsi de suite pour tous les bienfaits que Allâh créa et dont Il fit une miséricorde pour l’Homme : fruits, légumes, arbres, oxygène, gaz, etc. Tout ceci fut mis à la disposition de l’Homme qui, en tant que Khalifa, en tant que roi, gouverneur, peut utiliser tout cela à sa guise et comme bon lui semble, sans toutefois contredire la Loi divine avec laquelle vint sayiduna al-Mustafa ﷺ. Voilà ce qui a été confié à l’Homme, mais se montre-t-il digne de cela, est-il vraiment à la hauteur de la responsabilité ?

Si par exemple tu es dans le rôle du khalifa sur Terre pour le domaine de l’eau, tu dois utiliser cette eau de la manière qui convient, sans gaspillage. Tu bois et tu irrigues tes cultures, mais sans gaspiller. Ainsi, sayiduna al-Mustafa ﷺ faisait ses petites ablutions avec un mudd (environ 750 cl), et ses grandes ablutions avec un sa’ (environ 2,75L). Ceci est une règle afin d’utiliser l’eau de la manière qui convient, quand bien même tu te trouverais au bord d’une rivière. Lorsque tu en as besoin, l’eau est disponible à volonté : soit tu la gaspilles, soit tu l’utilises à bon escient, c’est-à-dire comme l’a enseigné le Prophète ﷺ.

Si tu suis le règlement de la Noubouwa, alors tu te conformes comme il se doit à ta fonction de khalifa… mais si au contraire tu contredis ces règles, si tu dis « les bienfaits sont là en abondance, je les utilise comme bon me semble »… alors cela se retournera contre toi. C’est valable également au niveau de la nourriture, de la boisson, du sommeil, etc. Si tu dors plus que de raison, cela finira par te rendre malade ; ou simplement si tu dors dans un temps où il ne t’est pas permis de dormir, et si tu restes éveillé dans un temps où tu dois dormir… prenons l’exemple de la sieste, qui est une Sunna de sayidina al-Mustafa ﷺ qui, même s’il n’avait pas sommeil, prenait toujours un temps pour s’allonger entre le dhohr et le ‘asr. Et après la prière du ‘isha, il ne parlait plus.

Toutes ces choses, cette organisation, c’est al-naba’, ou ce par quoi tu réalises le statut de khalifa, dans ton cheminement personnel, aussi bien dans le Moulk, que dans le Malakoute, ou dans l’état de consumation total du Jabaroute. Donc ne vas pas t’imaginer que ce statut de khalifa s’obtient par la vision (mouchâhada), qu’à partir du moment où tu as accès à la vision intérieure, ça y est, tu es un khalifa sur Terre. Non… tu peux voir ce qu’il te plait… cela ne relève que du dévoilement (kachf). La Loi de la grande nouvelle, c’est quelque chose de bien plus élevé encore. Même si le Seigneur te dévoilait des choses cachées de la Terre, si tu connaissais tout ce qu’elle recèle, jusque dans ses moindres recoins… est-ce que pour autant cela voudrait dire que tu fais partie des gens qui ont réussi leur cheminement ?

Certains pensent : « Moi, je suis détenteur de la science… je connais (par vision) l’Europe, je connais le continent Africain, je connais… Moi, Allâh m’a accordé l’ouverture spirituelle ! »
Mais qu’est-ce que c’est que ce fath ?
Non… tout ça, ce n’est qu’un ressenti, c’est une indication sensée apaiser ton cœur, afin que tu saches que ton Seigneur a ouvert ta vision intérieure. La question est maintenant de savoir : est-ce que tu t’es conformé à la Loi de tout ce que cela implique… parce que le Alif est un trait, c’est le Sirât, plus fin qu’un cheveu et plus aiguisé que le fil d’une épée. Dans ton cheminement sur lui, tu dois donc te conformer parfaitement à la Loi divine, afin que ton avancement se fasse à la vitesse de l’éclair, et les penchants naturels et spontanés de ton âme seront alors systématiquement dans le sens de ce avec quoi est venu le Prophète ﷺ. Quant à celui qui limitera les adorations aux règles religieuses uniquement, à l’instar de la chahâda, de la prière, de la zakât, du jeûne et du Hajj… sans se préoccuper de la crainte révérencielle vis-à-vis d’Allâh… parce que tu peux très bien accomplir tout cela sans crainte… comme celui qui vient me dire : « Je fais du dhikr, mais mon cœur ne goûte pas, je n’ai pas de khouchou’ ya sidi Shaykh… » ou encore : « Je fais la Hadra, mais je n’ai pas de khouchou’… » Et bien c’est que tu es sec, ta mort vaut mieux que ta vie ! Tu n’as aucun rôle dans la Hadra. Tu pries, mais tu te plains de ne pas avoir de kouchou’… sache qu’ainsi, tu n’as jamais prié, ce n’est rien d’autre que de l’exercice physique que tu accomplis.

« Priez comme vous m’avez vu prier [5] », vois comme sayiduna al-Mustafa ﷺ se recueillait et atteignait cet état de khouchou’ dans sa prière. Exerce-toi et fais en sorte d’en faire de même. Et cela, ça vient par la multiplication des nawâfil, par les efforts, par la volonté de toujours se perfectionner, par la sincérité dans les œuvres, et par le fait de ne vouloir, pour ces actes, rien d’autre que la Face du Seigneur ﷻ. C’est comme cela que tu parviendras à ton objectif. Quant à la multiplication des actes et aux gesticulations dans tous les sens… comme le dit sayiduna ibn ‘Ata’illâh al-Iskandariy, celui qui te dirige vers le dhikr te pousse à la fatigue. Parce que l’abondance des awrad, c’est de la fatigue ! Quant à celui qui te dirige vers Allâh, celui-là te donne le bon conseil, et c’est de ce conseil que tu tireras la crainte révérencielle, ainsi que la Science qui l’accompagne.

…à suivre…


[1] Sourate al-Isrâ’, verset 44.
[2] Sourate al-Hadîd, verset 4.
[3] Sourate Qâf, verset 16.
[4] Sourate al-Baqara, verset 31.
[5] Rapporté par al-Boukhariy.

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