بسم الله الرحمن الرحيم
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و على اله و اصحابه أجمعين
Seuls les Savants craignent Allâh
Résumé de l’assise du 30 Mars 2018 / Jumu’a 12 Rajab 1439 [Partie 3] :
[…]
La crainte révérencielle (khachya) apparait après la connaissance ésotérique (ma’rifa), après la connaissance de Ses Attributs, de Sa Capacité (qudra) et de Ses Actes au sein de Sa création. C’est-à-dire que cette crainte apparait dans tes interactions avec le monde extérieur et dans ta manière de recourir à ce pour quoi tu as été désigné comme khalifa sur Terre. Si tu parviens à cela, ton cœur sera tendre, il sera comme du sable : à peine verse-t-on de l’eau dessus qu’il la boit. Ton cœur sera vaste, il sera un Trône pour le Seigneur ﷻ, un ‘Arch pour le Nom divin « Allâh ». Comme nous le confirme le Hadîth qudsi : « Ma Terre et Mon ciel ne sauraient Me contenir, contrairement au cœur de Mon serviteur croyant qui lui le put ».
Allâh ﷻ dit : « D’entre Ses serviteurs, seuls les Savants craignent Allâh [1] » Les Savants, ce sont eux les véritables gens de la crainte révérencielle. Si tu prends conscience en toi d’un manque de crainte, c’est que ce manque est avant tout un manque dans la connaissance. Et si ton cœur est vide de crainte, c’est que tu n’as aucune science. La science ne consiste pas en le fait d’avoir mémorisé le Sahih al-Boukhariy, Muslim et at-Tirmidhiy, et que tu sois capable de les réciter par cœur… ce n’est pas cela, la science. Ce sera considéré comme science, dans la mesure où tu l’auras mise en pratique.
« Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset [2] » : si tu te consacres à seulement un verset… car, comment était le Messager d’Allâh ﷺ ? Il était un Coran qui marche. Mais là il s’agit du Messager d’Allâh ﷺ… nous, nous ne pouvons pas être un Coran qui marche. Plutôt, ce qui nous revient éventuellement, c’est d’être un verset. « Transmettez de moi ne serait-ce qu’un verset », c’est-à-dire : sois, toi, ne serait-ce qu’un verset qui marche. Nous devons voir et constater que tu es un verset. Car si tu parviens à être un verset, cela te fera acquérir l’état de recueillement (khouchou’), d’éducation spirituelle (tarbiya), de bienséance (adab), d’humilité et de soumission (khoudou’) vis-à-vis du Seigneur ﷻ ainsi que des créatures parmi lesquelles tu évolues. C’est en cela que nous disons que la crainte révérencielle vient par la science.
« D’entre Ses serviteurs, seuls les Savants craignent Allâh », et les Savants sont répartis en deux catégories : les Savants des règles d’Allâh d’une part, et d’autre part les Savants par Allâh. Les Savants des règles craignent Sa Colère et Son châtiment… et évidemment, ceux qui craignent Son châtiment et désirent Son Paradis, ceux-là sont les gens des règles divines. Ils s’efforcent de les mettre en pratique de manière concrète et physique, de la meilleure manière possible, par peur du châtiment. Quant aux Savants par Allâh, ce qu’ils craignent c’est l’éloignement et le voilement du Seigneur ﷻ… parce que si l’individu n’a pas cette crainte révérencielle, ce qui lui a été donné lui est retiré, sans même qu’il ne s’en rende compte. Ainsi, le disciple voit la Lumière d’Allâh, il voit des anges, il voit de multiples et innombrables théophanies… mais s’il perd la crainte révérencielle, la Lumière du Seigneur le quitte. S’il perd la crainte, les théophanies disparaissent, et il ne voit plus rien.
Regardez l’exemple de sayidina Ibrahim (‘alayhi s-salâm) : « Et lorsque Ibrahim dit : « Seigneur, montre-moi comment Tu ressuscites les morts ». Allâh dit : « Ne crois-tu pas encore ? » « Si, dit Ibrahim, mais que mon cœur soit rassuré » [3] », c’est-à-dire qu’il craignait de ne pas être des gens de la Foi et de la Proximité… Ou encore : « Seigneur, montre-Toi à moi afin que je Te voie ! [4] », comme le dit sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm). Pourquoi voudrait-il Le voir, alors qu’Il lui parle ? C’est pour que son cœur soit apaisé, pour la crainte révérencielle, pour l’état de certitude dans la Proximité du Seigneur. Voilà, parce que la vision (mouchâhada), c’est ce qui te fait acquérir la certitude (yaqîn). Et la certitude doit nécessairement faire naître en toi la crainte révérencielle. Si la certitude est là, mais qu’il n’y a pas de crainte, alors sache qu’il s’agit d’un égarement progressif et inconscient (istidrâj) qui fera de ta vision une preuve contre toi au Jour du Jugement. Par conséquent, lorsque tu reçois la Lumière d’Allâh, tu dois être la personne la plus sujette à la crainte révérencielle, et c’est à toi de craindre ton Seigneur dans toutes les situations quelles qu’elles soient.
Les Savants des règles craignent les lieux de perdition, c’est-à-dire qu’ils craignent de mettre leurs mains et leurs pieds dans des endroits qui suscitent la Colère divine. Quant aux Savants par Allâh, ils craignent le manque de convenance (adab) dans la Présence du Souverain Omniscient. Mais pourquoi craignent-ils le manque de adab ?
Tout simplement parce qu’ils voient et réalisent la Présence divine à chaque instant. Ils voient la Lumière d’Allâh avant la chose, dans la chose et après la chose. Ils ont atteint et réalisé le lien perpétuel avec le divin, et c’est pourquoi ils craignent tant de manquer de convenance vis-à-vis de Lui. Quant aux gens des règles… « ne fais pas ceci, c’est mal… ne fais pas cela, c’est un péché… Fais ceci, c’est une bonne œuvre… fais 100 istighfar et tu auras un château au Paradis… » Ils sont toujours à l’image du fonctionnaire qui n’attend que la fin du mois pour toucher sa paye. Il compte minutieusement et détermine, avant même d’avoir agi, ce qu’il va accomplir et pour quel salaire. « Si je prie, j’aurais ceci.. si je fais l’istighfar, j’aurais cela.. si je prie sur le Prophète ﷺ, pour chaque prière j’en gagnerai dix ! »
L’autre non, lui ce qu’il veut, c’est l’établissement du lien avec le Prophète ﷺ ! Il espère sa vision, il rêverait de pouvoir lui embrasser la main…
Il y en a qui cherchent à boire à la source du Kawthar… et il y en a d’autres qui cherchent un moyen de boire de la main du propriétaire du Kawthar. Les deux ne sont pas égaux. Voilà donc l’exemple de crainte que Allâh ﷻ attribua aux Savants des règles et aux Savants par Lui.
La crainte de quelqu’un dont on ignore tout n’est pas concevable. C’est pourquoi, il est obligatoire de rechercher la science dans l’intention de parvenir à Sa crainte. Comment pourrais-tu prétendre craindre Allâh, alors que tu ne Le connais pas ? C’est un mensonge. Et si tu viens me dire que non, toi tu connais le Seigneur… en vérité, tu n’as de Sa connaissance que des informations reçues d’autrui (khabar). Tu as une certaine conception de Lui, dans ta pensée, une conception façonnée par tes parents, tes grands-parents, l’école… et tu n’as de cesse de te la répéter à toi-même.
Si en revanche tu es parvenu à Lui, par voie du cheminement spirituel, et si tu as établi un véritable lien avec le Seigneur, au point de rester ébahi par Sa Beauté… alors, effectivement, tu crains Celui que tu connais, et non pas Celui dont tu ignores tout. Avant ton accès à Sa connaissance, ta crainte n’est basée que sur de l’ignorance, et cette crainte ne saurait être considérée comme véritable. Il ne s’agit plutôt que de simulation. Seul Celui qui est connu peut être adoré, et ne peut Le craindre que celui qui est parvenu à la pleine connaissance de Ses Attributs, de Sa Force et de Son Jabaroûte. Pour cela, tu dois nécessairement accomplir une pérégrination (siyâha) dans le monde du Malakoûte, jusqu’à t’ébahir en réalisant l’étendue du Moulk. Après quoi, tu brûles et te consumes, jusqu’à ce qu’il ne demeure absolument rien de ton existence. Alors, tu sais à qui revient la véritable Existence. Et tu réalises que : « où que vous vous tourniez, là se trouve la Face d’Allâh [5] »
Ceci est parfaitement limpide dans le verset : « Ceux qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allâh et méditent sur la création des cieux et de la Terre… [6] » Dans quel but doit-on méditer sur la création des cieux et de la Terre ?
C’est pour Le craindre. C’est-à-dire, c’est pour connaître… Quant à ta méditation à toi, qui ne dépasse pas le domaine de ton commerce, ta femme, tes enfants et tes allées et venues… cela ne te fait pas gagner la crainte. Au contraire, cela ne fait qu’augmenter ton insouciance. Quand bien même tu serais au premier rang de la prière à la mosquée… ou quand bien même tu serais toi-même l’imam sur le minbar ! « Je suis celui qui fait la khotba, mais je pense à untel qui est avare, untel qui est riche, untel qui… » quel genre de crainte est-ce là ? C’est pourtant à ce stade que nous en sommes, dans la société actuelle. « Lorsque je suis chez moi, je prie… je lis le Coran… »
Pourquoi ?
« Pour me protéger de la sorcellerie… pour me protéger des djinn… »
C’est ça la crainte révérencielle ? Non, pas du tout. Ça, c’est la plus vile des pensées que puisse avoir le croyant, et il lui incombe de nettoyer son cœur de ce genre de choses, afin qu’il revienne à l’adoration d’Allâh dans le but d’atteindre Sa connaissance et dans le but de saisir la teneur du lien qui le lie à son Seigneur. Voilà ce qu’il incombe à l’Homme de rechercher.
…à suivre…
[1] Sourate Fâtir, verset 23.
[2] Rapporté par al-Boukhariy.
[3] Sourate al-Baqara, verset 260.
[4] Sourate al-A’râf, verset 143.
[5] Sourate al-Baqara, verset 115.
[6] Sourate âl ‘Imrân, verset 191.