Résumé de l’assise du 4 Mars 2016 / Jumu’a 24 Jumâda al-Awwal 1437 [Partie 1] :
Pharaon : prédestiné à la présence divine
Nous revenons à la deuxième lecture, qui est la lecture du lâm al-qabd, au travers du prisme de la prédestination (al-qadar)… et en ce sens, nous implorons Allâh de nous prédestiner al-jamâl, et non al-jalâl, l’amour plutôt que la justice, la proximité plutôt que l’éloignement… et nous implorons Allâh de nous compter parmi les gens de sa proximité et de son amour.
Certes, Allâh a décrété (qadâ) le paradis, de même qu’Il a décrété l’enfer. Il a établi ce paradis et cet enfer avant même de créer toute cette création, et avant que cette création n’atteigne la foi (al-imân). Ceci étant préétabli à l’avance, ne va donc pas croire que ce sont tes actions qui te mènent en enfer ou au paradis. Plutôt, le qalam t’a précédé en tout et pour tout, et il a inscrit ce qui était, ce qui est et ce qui sera, pour tout ce qui concerne et relève de ta personne en tant que contingence. Quant au Seigneur, exaltée soit sa transcendance, il ne saurait être concerné par le fait d’avoir été, ou de devenir. « Il est à présent tel qu’Il a toujours été. »
Depuis le prisme de cette dimension spirituelle (hadra), les gens du feu ne se sont pas rendus coupables des actes qui les caractérisent avant que cette destination du feu ne leur ait été imposée. En d’autres termes, si la destination du feu ne leur avait pas été préalablement imposée, ils n’auraient pas commis les actes menant leurs coupables à l’enfer… car les actes sont une prédestination (qadar) établie par le Créateur sur Sa création.
Par conséquent… si tu suis les gens superficiels (ahl al-dhâhir), et si en cela tu dis que certes, Allâh savait qu’ils commettaient des actes propres aux gens de l’enfer… alors, va au bout de la réflexion et demande-toi qui a écrit pour eux l’accomplissement de ces actes ?
Ceci revient entièrement à Allâh ﷻ. Ces actes que tu as accomplis… ils ne sont jamais que ce que Allâh ﷻ a décidé pour toi. Ceci est parfaitement clair et explicite dans le Coran, tu ne peux pas le nier, qui que tu sois. « Dis : « Tout vient d’Allâh. » [1]» De ce fait, le moindre de tes faits et gestes, le moindre de tes souffles, tout est une prédestination que le Miséricordieux t’a attribué. Seulement, du fait de la prévalence et de la supériorité de la miséricorde divine sur son courroux, la priorité et le soutient fut accordé aux anges de la miséricorde.
C’est la raison pour laquelle Allâh ﷻ interdit à son Messager ﷺ de maudire les associateurs… malgré que l’ordre de le faire apparaisse dans Sa parole… ici, peut-être verras-tu une contradiction entre la sunna et la parole d’Allâh… En vérité, il n’y a aucune contradiction. Plutôt, il s’agit d’une mise en exergue de différentes caractéristiques, qui se distingueront l’une de l’autre en adoptant un certain recul dans leur considération.
Allâh ﷻ dit : « et maudis-les d’une malédiction énorme [2]. » et dans un hadîth rapporté par al-Bayhaqiy : « Certes, Allâh ne t’a pas envoyé en lanceur de malédiction, mais plutôt comme miséricorde. »
Cela signifie en vérité que la malédiction dont fait état le verset est un attribut propre au divin, tandis que la miséricorde est un attribut prophétique.
Le Messager d’Allâh ﷺ disait : « Allâhumma, je suis un être humain… quel que soit donc l’être humain, d’entre les musulmans, que Tu auras agoni, maudit, ou contraint à la coercition, fais-en pour lui une purification et une miséricorde [3]. » Ce hadîth est rapporté par Muslim dans son sahîh… autrement dit : tu ne peux rien trouver à redire à ce hadîth.
Et le Messager d’Allâh ﷺ dit certes dans une invocation que vous connaissez bien : « Allâhumma guide mon peuple, car ils ne savent pas. » Voilà pourquoi le Messager d’Allâh ﷺ fut envoyé.
Si tu retournes à la transcendance absolue (al-tanzîh) et à l’ordre divin primordial :Allâh les a maudits d’une malédiction énorme.
Et si tu retournes à la markaziya qui est apparue et s’est révélée au travers de la risâla et de la nubuwa : une miséricorde pour les mondes.
Cette réalité a divisé les intellects dans l’immense étendue de son domaine… certains tombèrent dans le faux, d’autres touchèrent juste. Celui qui ne réalise pas que les noms divins renvoient à un nommé unique, qui n’est autre que Allâh, celui-là ne peut atteindre la connaissance de ces retours, par un confinement (taqyîd) ou une libération (itlâq) de sa miséricorde, ou par un confinement ou une libération de son courroux.
Si tu considères les versets coraniques traitant de Pharaon, tu ne trouveras dans aucun d’eux la mention de mécréance (kufr). Pourtant, le Seigneur ﷻ dit bien au sujet des mécréants « et maudis-les d’une malédiction énorme [4]. »
Pour Pharaon, tu ne trouveras pas un seul verset où le Seigneur se sera adressé à Pharaon comme étant kâfir. Cherche, depuis bismillâhi l-rahmâni l-rahîm jusqu’à la fin du Coran, tu ne trouveras pas un seul verset établissant cela. Il y est certes décrit comme un corrupteur et un pécheur… cependant les termes ne sont pas égaux. Et ce n’est certainement pas toi qui va venir apprendre au Seigneur comment utiliser les bons mots aux bons endroits. Lorsque le Seigneur dit de quelqu’un qu’il est mécréant (kâfir), le dit individu ne saurait être autre que kâfir. Lorsqu’Il dit pécheur, c’est un pécheur, et lorsqu’Il dit corrupteur, c’est un corrupteur.
Quant à toi et moi, en revanche, il se peut que l’on désigne le pécheur comme étant mécréant, et il se peut que l’on désigne le mécréant comme étant corrupteur… car ce sont des erreurs et des approximations imputées à nos nafs. Par contre, pour tout ce qui provient du Vrai ﷻ, ou bien de la nafs al-zakiya, qui n’est autre que al-Mustafa ﷺ… non, tu ne pourrais jamais trouver de telles erreurs et approximations.
Tu ne trouveras donc dans le Coran, pour le cas de Pharaon, ni mécréance (kufr), ni associationnisme (chirk). Plutôt : « J’ai cru en le fait qu’il n’y a de dieu autre que Celui en qui ont cru les enfants d’Israël, et je suis du nombre des musulmans. » ce à quoi le Seigneur dit : « Maintenant (tu dis cela), alors que tu as certes transgressé auparavant et été du nombre des corrupteurs[5]. » Il dit bien « tu as transgressé », mais ne dit pas « tu as mécru ».
La transgression et la corruption, ce n’est pas la mécréance. Qualifier un individu de pécheur et de corrompu n’est pas égal au fait de le qualifier de mécréant.
Lorsque tu dis que Allâh avait prédestiné une chose… considérerais-tu que cette prédestination (qadar) te concerne toi, mais pas Pharaon ?
Est-ce que cette prédestination qui t’est favorable et à ton avantage, relèverait de ton apanage exclusif… et ne saurait embrasser autre que toi ?
Comme tu aimes à dire que Allâh t’avait prédestiné à cela… cette prédestination concerne tout autant Pharaon, ainsi que toute la création.
Dès lors que le Vrai le fit parler et s’exprimer en ces termes précis, dans les derniers instants de sa vie… et dès lors que le moindre mouvement de l’individu, soit-il un mouvement de la langue ou des membres, est un acte que Allâh ﷻ a prédestiné… dans le cas de Pharaon, c’est de même par une prédestination divine que sa langue put se mouvoir et prononcer des formules comme « j’ai cru », « je suis du nombre des musulmans », « je suis sous la bay’a de Mûsâ (‘alayhi salâm) »… Il a attesté pour lui-même du tawhîd, il a attesté de al-imân ainsi que de al-islam, dans les tous derniers instants de sa vie, juste avant de mourir noyé, submergé par les eaux.
Si le Seigneur fait prononcer à l’individu, dans les derniers instants de sa vie, la parole « lâ ilâha illa Allâh », il entre au paradis, comme nous l’affirme al-Mustafa ﷺ [6]. Or Pharaon a précisément dit : « J’ai cru en le fait qu’il n’y a de dieu autre que Celui en qui ont cru les enfants d’Israël » et qui est Celui en qui ont cru les enfants d’Israël ? C’est évidemment Allâh. Par conséquent, il dit bien qu’il croit en lâ ilâha illa Allâh. « …et je suis du nombre des musulmans. »
« J’ai cru en le fait qu’il n’y a de dieu autre que Celui en qui ont cru les enfants d’Israël » signifie que j’ai atteint le degré de la foi (al-imân), j’ai atteint l’unicité (al-tawhîd), « …et je suis du nombre des musulmans. » c’est à dire que le verset réunit al-islâm, al-tawhîd et al-imân.
Ce à quoi le Seigneur ﷻ répond : « Maintenant (tu dis cela), alors que tu as certes transgressé auparavant et été du nombre des corrupteurs. » Mais à aucun moment le Seigneur ne dit de Pharaon qu’il a été mécréant (kâfir) ou associateur (muchrik), afin que nous puissions lui nier cette prédestination (qadar) à la présence du Vrai.
Toute chose n’est que par l’ordre d’Allâh, et nous ne prenons le verset ici que dans son sens apparent, clair et explicite.
Le Messager d’Allâh ﷺ dit effectivement « Celui dont la dernière parole est « lâ ilâha illa Allâh » entre au paradis. » …quand bien même il s’agirait d’un mécréant (kâfir). Le hadîth est pourtant clair.
Prenons l’exemple d’un mécréant. Toute sa vie, il l’a passée dans la mécréance… mais dans son dernier jour, il prononça la chahâda : « achhadu an lâ ilâha illa Allâh, wa achhadu anna Muhammadan rasûlullâh « . Que va-t-on dire de lui ? Ceux qui auront assisté à ses derniers instants de vie pourront-ils dire de lui qu’il était mécréant ? Évidemment non : il a prononcé la chahâda, il a déclaré son islâm. Tu ne peux pas lui attribuer autre chose que cela.
Et même s’il avait été auparavant mécréant : l’islâm n’efface-t-il pas tout ce qui le précède ?
Peu importe ce que l’individu a pu commettre avant… dès lors qu’il prononce la chahâda, il redevient tel qu’il fut lorsque sa mère le mit au monde.
De ce fait, tu ne peux en aucun cas faire fi de la prédestination et déterminer à l’avance si quelqu’un est croyant ou mécréant, car le fin mot de tout ceci revient à la qudra du Miséricordieux.
Le Seigneur ﷻ nous informa et dit de Lui-même que « Il n’agrée pas de Ses serviteurs la mécréance (kufr) » quand bien même Il serait Celui qui a décrété (qadâ) cette mécréance. Il l’a décrétée, mais ne l’agrée pas pour ses créatures. Comment pourrais-tu donc, toi, considérer ton frère, musulman, qui prie et se conforme aux injonctions d’Allâh et son Messager ﷺ… et dire de lui qu’il a mécru, ou quelque chose de cet ordre ? Non, tu ne peux rien dire de cela. Dès lors que tu constates qu’il prononce la chahâda, tu ne peux plus rien établir de cela à son sujet.
A celui qui nie les secrets au-delà du hâ’ al-hawiya
Pour cette raison, la beauté divine (al-jamâl al-ilâhiy), qui est la magnificence absolue (al-husn al-mutlaq), manifeste dans les domaines divins ainsi que dans les formes matérielles, fit que nous nous révélâmes… car de fait, son apparition n’est autre que notre apparition.
Dit autrement : si nous n’étions pas, le Seigneur (al-rabb) ne serait pas non plus ! N’eût été le serviteur, jamais nous n’aurions pu considérer qu’il y ait un Seigneur. Car la seigneurie (al-rububiya) implique nécessairement l’existence de la servitude (‘ubudiya) du serviteur. Et si nous n’existions pas, le Seigneur ferait apparaître d’autres créatures. Il n’est pas nécessaire que ces serviteurs soient des êtres humains. Ce peut être des djinns, des animaux, des insectes… peu importe. Ce qui importe, c’est que dès lors qu’il y a un Seigneur (rabb), il y a des créatures, des serviteurs. Des êtres que Allâh créa et qui attestèrent de Sa seigneurie.
Al-Jamâl, c’est le sens profond qui nous vient d’Allâh, du fait que son apparition est la cause de notre persistance dans la divergence que nous entretenons en cette multitude de formes physiques.
Ô vous les gens du secret… les gens du secret de la réunion (sirr al-jam’)… dès lors que tu es parvenu à l’état de pulvérisation absolu… si tu nies la divergence par une multitude de formes et de sens profonds différents… Pourquoi continues-tu de manger, de copuler, de vendre et d’acheter ? Tu es pourtant bien néant, n’est-ce pas ? Dès lors que tu es néant, tu n’as aucune existence propre.
Alors pourquoi persistes-tu dans l’établissement de ta personne et dans l’accomplissement de choses ne découlant que de ton fait et de ton bon vouloir ?
Le Seigneur ﷻ dit de fait : « Tout ce qui se trouve sur elle (la terre) est anéanti. Seule demeure la face de ton Seigneur, plein de munificence et de noblesse [7]. » Je te confirme ce verset, et je n’entretiens avec toi aucune divergence à son sujet… cependant, ton état anéanti (fana) implique nécessairement que tu sois mort. Totalement mort, incapable du moindre mouvement. Et le Seigneur ﷻ dit : « N’est-il pas que celui qui était mort, et que Nous avons ramené à la vie en lui attribuant une lumière, par laquelle il marche parmi les gens [8]… » car nous, nous nous adressons aux gens des lumières. Il se trouve que toi, tu as une lumière, avec laquelle tu marches, tu évolues… ce qui signifie donc bien que tu es vivant. Or, si tu es effectivement vivant, tu as nécessairement besoin de t’accomplir dans un rôle, dans cette vie.
Si tu prétends prendre et te conformer parfaitement à ce degré (ce secret), en délaissant les autres… tu devras te dispenser de nourriture, de boisson, et de tout mouvement quel qu’il soit. Puisque effectivement, tu es néant, anéanti, dépourvu de toute existence.
Le problème est que tu parles, tu racontes des choses par ta bouche… tandis que tes mouvements trahissent et démentent toutes tes prétentions. Tu nies l’existence des différentes formes que Allâh a créé et sous lesquelles il nous a établit… tu parles, mais ton comportement va à l’encontre de ce que profère ta bouche. Puisque tu es néant… alors tu dois t’enterrer, mets toi au fond d’une tombe, disparais, afin d’accéder à la tranquillité vis-à-vis de toi même, mais aussi afin de laisser les gens en paix.
Ces jours-ci, il y a eu un grand scandale, soulevé par certains… à propos du deuxième et du troisième secret. Ils ont ainsi prétendu que ces secrets n’avaient aucun fondement ni aucune existence [9].
Notre Seigneur s’est lui-même dénommé Allâh. Mais il s’est également dénommé al-samî’, al-‘alîm, al-qawiy… et il t’a dit : « lâ ilâha illa Allâh » Si tu fais cet établissement… alors il faudrait que tu supprimes l’ensemble de tous ces différents noms.
Or le Seigneur dit bien : « Dis : « Invoquez Allâh, ou invoquez al-rahmân : quel que soit le nom que vous invoquiez, les plus beaux noms sont les siens [10]. » Selon ce verset, il t’est donc tout à fait possible de l’invoquer par le nom « Allâh » comme par l’un de ses beaux noms (al-asmâ’ al-husnâ).
Certes, cependant : « lâ ilâha illa Allâh« … ou autrement dit, c’est comme s’il n’y avait ni qadir, ni samî’, ni ‘alim, ni ‘azîz… que Allâh ! Le Messager d’Allâh ﷺ ne dit-il pas : « Celui dont la dernière parole est « lâ ilâha illa Allâh » entre au paradis. » ?
C’est donc comme si tu reniais celui qui invoque al-hayy, ou al-razzâq, al-kabîr, al-awwal, al-akhir, al-dhâhir ou al-bâtin. Plus personne ne devra jamais prononcer aucun de ces noms. Tous ne devraient plus que prononcer le nom Allâh… pour que tu puisses enfin être en paix avec toi-même.
Mais non, il n’en est pas ainsi. Le Seigneur s’est lui-même désigné sous une multitude de noms différents, bien qu’il soit unique. Il s’est décrit de même par une multitude d’attributs ou de caractéristiques, bien qu’il soit tel qu’aucune chose ne lui soit comparable.
Explique-nous cela, si tu en es capable ! Nous allons nous taire, et tu nous enseignera la suite de la lecture… ô toi qui nies ces réalités.
Disions-nous donc, al-Jamâl, c’est le sens profond qui nous revient d’Allâh… dès lors qu’il revient, depuis Allâh vers nous, il a par là même établi la Seigneurie (al-rububiya) et la servitude (al-‘ubudiya), et il s’est présenté sous l’état d’émission (ilqâ’) et de réception (talaqqiy). De là, Allâh nous a établi sur la base de ce qui nous différencie, sur le plan des formes (suwar), des croyances, des pensées, etc.
Si Allâh nous avait établit sur une seule et même condition… alors il n’y aurait pas eu de miracle (i’jaz). Dans le sens où, si nous avions tous été des copies conformes les uns des autres, avec la même pensée, la même vision… ô toi qui prétends avoir suivi de hautes études universitaires… si nous avions tous été d’accord en tous points, et s’il n’y avait jamais eu de divergence entre les différents humains… en quoi aurait-il été incroyable et extraordinaire que Allâh soit tel qu’aucune chose ne lui soit semblable ?
Non, la conception de cette réalité aurait été strictement impossible.
En revanche, lorsque j’observe et constate que toi, tu es différent de moi, que je ne suis pas de ton avis, et que untel n’est pas de mon avis… dans toutes les choses de la vie : la nourriture, la boisson, le mode de vie en général. Nous sommes tous différents les uns des autres, et cependant nous sommes sensés et nous devons nous réunir tous sur une même réalité… alors que nous en sommes strictement incapables. Tu pourras peut-être t’unifier à une forme, qui te fera face, à un moment précis… mais jamais tu ne seras capable de t’unifier à l’ensemble de toutes les formes, en même temps. Tu ne peux y parvenir, c’est impossible, quoi que tu fasses, quand bien même tu t’isolerais dans l’adoration contemplative le temps qu’il te plairait… jamais tu ne serais en mesure d’atteindre cette station (maqâm).
Quant à al-Jalâl… ici, notez que al-Jalâl est conditionné par l’apparition de al-Jamâl. Parce que al-Jalâl est ce qui relève de la gloire divine (al-‘izza) et qui consiste en le fait de ne se dévoiler à nul autre qu’à lui-même. C’est donc à lui-même qu’il apparut et se révéla, par lui-même. Il est de ce fait une occultation (butûn) aux noms et attributs multiples, par la haqîqa de son essence. Il est ainsi le sens profond qui revient, depuis Allâh vers Allâh.
Al-Jamâl aspire et ravit (yajdhib), tandis que al-Jalâl voile et cache (yahjub).
C’est-à-dire que lorsque tu vois la lumière d’Allâh… lorsque, à travers cet attribut, tu perçois les différents attributs du Seigneur ﷻ, et lorsqu’il te donne ces exemples explicites dont il fit état dans son Coran… et que, de là, tu reçois cette perception ésotérique de la niche (al-michkât)… ici regarde, prends conscience de la dimension extraordinaire du Coran… ô vous qui reniez le lâm, et le deuxième lâm, dans le nom divin… nous sommes aujourd’hui arrivés à un degré de sacrilège tellement énorme, il ne vous restera bientôt plus qu’à prendre le nom et le frotter jusqu’à faire disparaître les deux lâm ainsi que le alif, afin qu’il ne reste à la fin plus que le hâ’. Alors, nous écrirons un beau zéro, et nous le désignerons comme étant le nom divin… mais à ce moment, comment nous y prendrons-nous pour le lire et l’étudier ?
Évidemment, ce sera impossible !
Si tu fais juste un sukûn, je ne pourrai pas te dire que c’est un hâ’. Je te dirai sukûn. Et si tu demandes à un autre, il te dira que c’est un zéro.
Mais non, c’est comme ça que se présente le nom Allâh : alif, deux lâm et hâ’. Toi tu viens et tu veux condenser l’entièreté du nom dans l’une de ses lettres… d’accord, nous te suivons en cela, dans le sens où par exemple, dans le nom al-qadîr se trouve le nom Allâh. Et de même dans al-rahmân, il y a Allâh. Seulement, al-rahmân reste al-rahmân, al-qadîr est al-qadîr, al-samî’ est al-samî’… et Allâh, c’est Allâh.
Pourrais-tu par exemple considérer que le nom al-darr, c’est le nom al-nâfi’ ?
Non, tu en es incapable. Al-darr est un nom d’entre les asmâ’ Allâh al-husnâ, et de même, al-nâfi’ est un nom d’entre les asmâ’ Allâh al-husnâ… Toi tu viens, tu m’écris le nom al-darr, tu me dis qu’il s’agit là du nom al-darr… mais moi je te réponds que non, c’est le nom al-nâfi’. Toi et moi, nous ne tombons pas d’accord.
Ici, il s’agit d’un cheminement rationnel, scientifique, même en ce qui concerne le tawhîd. Le tawhîd est bâti sur la science : « Sache (‘ilm) donc que « lâ ilâha illa Allâh » » Le Seigneur n’a pas dit « Dis : lâ ilâha illa Allâh » mais bien « Sache » !
Par Allâh, si tu n’as pas la connaissance des degrés (al-marâtib [11])… effectivement, tu prononceras la parole du tawhîd… mais tu ne pourras jamais goûter la véritable saveur de cette connaissance du tawhîd d’Allâh ﷻ.
Allâh dit de manière explicite : « Allâh est la lumière des cieux et de la terre » la lumière dont il est ici question est un attribut divin (sifa). Et « l’exemple de sa lumière est telle une niche… » mais attention, le Seigneur ne s’est pas contenté de dire que l’exemple de sa lumière était telle une niche, donc le combustible provient d’un arbre béni… non. Plutôt, Allâh dit : « l’exemple de sa lumière est telle une niche… » et si tu décris la niche (al-michkât) comme étant un sukûn, ou un cercle, Allâh avait prédestiné et savait que cette pensée t’animerait. Il ajouta donc à cette pensée une dimension éminemment ésotérique et te dit : « telle une niche dans laquelle se trouve une lampe. » En d’autres termes, la niche a besoin d’un centre (markaz).
Or, toi, aujourd’hui, tu nies le markaz. Tu es incapable d’établir ce markaz, puisque tu as tout renié. Tu as tout réduit au néant, mais tu n’as pas laissé de source. Or, si tu réduis au néant tout ce bas-monde et ce qu’il contient, sans établir une source (‘ayn)… forcément, tu renies le Messager d’Allâh ﷺ, ainsi que tous les prophètes. Tout est pour toi devenu égal. Le négatif et le positif, le bon et le mauvais n’ont plus de différence à tes yeux. Tu n’as plus de point de départ, depuis lequel tout ton cheminement se construit.
Dès lors que tu délaisses le Coran et ses signes, pour nous ramener tes prétendues compréhensions… non. Reste là où tu es… jamais nous ne pourrons tomber d’accord toi et moi. Le Seigneur dit « un exemple de sa lumière est telle une niche dans laquelle se trouve une lampe. » c’est-à-dire que la niche a un markaz. Et la markaziya de ce hâ’, ou de cette niche, c’est la lampe (al-misbâh) : c’est le lâm al-qabd.
La niche fut alors saisie et réunie (qubidat) dans la lampe, car en vérité la niche n’est que par ce qui se trouve en son sein. La niche ne se résume pas à ce que l’on pourrait voir d’elle-même. Si la niche n’avait pas de lampe… quelle serait son utilité ? Aucune, évidemment. Car ce que nous cherchons, c’est ce qui se trouve dans la niche, et non pas la niche en elle-même.
De là, nous nous sommes entièrement focalisés sur la lampe, et nous en avons oublié ce qui se trouvait autour de celle-ci… Le Seigneur nous dit alors : « la lampe se trouve dans un cristal. » C’est-à-dire qu’il commence ici à te décrire une autre niche, proche de la première niche, que tu as laissé derrière toi. « et le cristal est tel un astre de grand éclat. » Mais alors… où est la lampe ?
La lampe, elle nous a été décrite. Il nous a été dit qu’elle se trouvait dans un cristal. Par conséquent, ce cristal… en son centre, se trouve la lampe. Et c’est le cristal qui finalement est tel un astre de grand éclat… mais le Seigneur ne nous dit pas que la lampe est tel un astre de grand éclat. Il nous dit seulement que la lampe est dans un cristal, Il nous décrit le cristal… mais ne nous décrit pas la lampe. « le cristal est tel un astre de grand éclat » alors voilà : maintenant va, et cherche nous le markaz.
Ici, le Seigneur t’a donné le lâm dans le lâm. Un markaz dans un markaz. Et il occulta le markaz véritable. Dans la niche se trouve une lampe. La lampe, nous avons dit qu’elle était la markaziya de la niche. Nous ne faisons ici qu’établir ce que Allâh ﷻ a établi.
Nous avons regardé la lampe… mais la lampe, c’est comme si tu ne pouvais pas l’atteindre, car elle se trouve elle-même dans ce qui se présente comme un autre hâ’, à savoir le cristal. Nous disons alors : « SubhânAllâh ! Cela veut donc dire que ce markaz n’est plus un markaz… puisqu’il est lui-même une niche ! Et ce cristal, c’est comme s’il était un astre de grand éclat. De sorte que si nous entrons dans le cristal… nous n’en rapportons aucune information quelle qu’elle soit. Nous restons ainsi, incapables d’en dire quoi que ce soit. Exactement à l’image d’un moustique qui verrait une lampe dans la nuit. De loin, il voit une lumière éclatante jaillir de cette lampe. Il s’extasie dans la beauté de celle-ci, et il s’en approche, irrésistiblement aspiré par elle, animé d’un désir ardent (‘ichq)… le moustique devient ainsi un amoureux du chemin qui le mène à la lampe. Puis, il ressent un désir plus grand encore, et il se laisse ravir et aspirer par la lampe, souhaitant entrer en elle et découvrir ce qui s’y trouve. Évidemment, dès qu’il entre, il brûle. Il brûle… mais est-il pour autant parvenu à son but, a-t-il pu atteindre la lampe ? Bien sûr que non ! C’est le cristal qui l’a brûlé… pas la lampe. C’est la chaleur du cristal qui brûla et consuma le moustique.
Cela signifie que la lampe serait, du point de vue physique, l’énergie. Cette énergie, si tu dis qu’elle se trouve dans le cristal… nous te dirons que le moustique a été brûlé par l’énergie, et non par le cristal lui-même. C’est donc dans un sens comme si le moustique avait atteint cette énergie. Seulement, pour autant, est-ce que le moustique a atteint véritablement cette énergie, jusqu’à y fondre et disparaître ? Non. Le cristal l’en a empêché. Le bénéfice se trouve donc dans le fait de profiter de cet amour et de ce désir ardent, sans pour autant y plonger et y disparaître.
Prenons à présent l’exemple de la Ka’ba… quel est le bénéfice tiré par le croyant lorsqu’il visite la Ka’ba ? Se trouve-t-il dans le tawâf accompli autour de celle-ci, ou bien dans le fait d’entrer à l’intérieur ?
Va jusqu’à la Mecque, entre dans la Ka’ba… va-t-on pour cela t’inscrire un pèlerinage ? Non. Dans les piliers, tu as besoin du sâ’iy, istiqbal al-rukn, la prière au maqâm Ibrâhîm… mais si tu entres à l’intérieur de la Ka’ba, tu n’accomplis par là-même aucune des étapes du pèlerinage. Par conséquent, le bénéfice se tire de la Ka’ba en accomplissant le tawâf autour d’elle. Quant au fait d’entrer à l’intérieur… même si tu y entres, cela ne compte pas parmi les actes du hajj.
Toi tu peux y entrer… mais ceux qui sont restés dehors et qui tournent autour, ceux-là sont appelés les pèlerins. Tandis que même si tu y entres… tu n’en rapporteras rien. Et selon la chari’a, si tu accomplis une prière à l’intérieur de la Ka’ba, que vaudra cette prière ?
La vision de la Ka’ba vaut 500. La prière devant la Ka’ba vaut 1000… mais tu n’as rien qui établit quoi que ce soit pour la vision de l’intérieur de la Ka’ba, ni pour y prier. Même si tu te rends là-bas, si l’on te donne les clefs et qu’on te permet d’entrer dans la Ka’ba et d’y prier : ta prière n’aura pas le mérite de celui qui a prié à l’extérieur, face à la Ka’ba. Et tu n’auras pas non plus le mérite de celui qui fait le tawâf autour de la Ka’ba.
De même, le fait que le moustique tourne autour de la lampe vaut mieux pour lui que d’entrer dans celle-ci, car y entrer signifie nécessairement sa propre perte… et ce malgré qu’effectivement, la finalité dans l’absolu est cet anéantissement (halak), en vertu du verset « Tout ce qui se trouve sur elle est anéanti (hâlik), ne demeure que la face de ton Seigneur, plein de gloire et de munificence. »
C’est pourquoi les degrés (al-marâtib) [12] sont indispensables dans le tawhîd. Si tu n’as pas connaissance du alif, des deux lâm et du hâ’, alors tu n’as aucune connaissance de ce qu’est le nom divin, et tu n’es même pas en mesure de le prononcer. Certains disent que si tu n’as que le hâ’, tu peux au moins prononcer huwa. Seulement lorsque tu dis huwa, tu fais apparaître une lettre cachéê, à savoir en l’occurrence le wâw, qui n’a aucun lien spécifique avec le nom divin. Dans le nom Allâh, il n’y a pas de wâw ! Il n’y a que le hâ’. Alors pourquoi lui as-tu ajouté une lettre ?
Celui qui ajoute une lettre en plus dans le nom, c’est comme s’il avait associé (achraka) une lettre à ce nom.
Si, considérant le hâ’, tu dis « huwa« , c’est que tu as associé (achrakta) le wâw au hâ’… Or, n’est-ce pas toi qui justement prétends au tawhîd ? Pourquoi donc cette flagrante association ?
En revanche, si tu prononces « Allâh« , tu auras certes prononcé le nom complet, sans lui ajouter aucune lettre. Toutefois, le sens profond du secret implique l’effacement de ta personne, et demeurer dans la station depuis laquelle tu t’es exprimé… car en vérité, si tu parviens à cet effacement absolu, ta langue ne prononcera plus rien, ni n’évoquera le nom du nommé.
En ce sens, il est rapporté que l’on demanda à quelque maître soufi : « Pourquoi n’évoques-tu pas Allâh ? » ce à quoi il répondit : « Comment évoquerais-je Allâh, alors que je ne l’oublie (ghafla) jamais ? ». Voilà : celui qui connaît (‘arafa) n’évoque pas (mâ dhakara).
Si al-jamâl vient avec la contemplation (al-muchâhada) et l’accès à la présence divine, al-jalâl vient quant à lui avec l’extinction (al-fanâ’) et la pulvérisation totale. Ces deux degrés sont des degrés nécessaires et obligatoires, sans que tu ne puisses réellement dissocier l’un de l’autre, car tous deux sont ce qui révèle la complétude (al-kamâl). La manifestation du divin est ainsi obligatoirement sidérante et stupéfiante. C’est depuis cette station spirituelle que fut prononcé : « Allâhumma ajoute moi de la sidération en Toi. »
En revanche, tant qu’il n’y aura pour toi que jamâl, sans jalâl… ou bien que jalâl, sans jamâl… tu ne peux pas prétendre avoir atteint cet état de sidération en Allâh. Non. Tu ne fais que parler. Toi, avec ta pensée… quand est-ce que tu es sidéré par l’état de présence divine ?
C’est quand tu considères ceux qui s’opposent de manière logique. Par exemple le premier (al-awwal) et le dernier (al-akhir), lorsque tu considères ce qui est prééternel (al-qadîm), ce qui est néant (al-‘adam), ou lorsque tu considères le serviteur (al-‘abd) et le Seigneur (al-rabb). C’est dans cette considération par cette opposition que te vient la dite sidération. En revanche, s’il n’y a qu’un seul point de considération, sans opposition, tu ne peux atteindre cette sidération.
C’est pour cette raison que si tu considères le hâ’ uniquement, tu ne peux pas atteindre la sidération. Ce n’est possible que par la considération du hâ’ et du lâm, puis du hâ’ et du lâm et du lâm, puis du hâ’ et du lâm et du lâm et du alif… C’est de cette manière que, progressivement et de plus en plus, tu atteints l’état de sidération dans la présence d’Allâh ﷻ.
Le manifesté (al-mutajalliy) devient alors pour lui établi (thâbit), au cœur de l’effacement et de la pulvérisation… et effacé et pulvérisé au cœur de l’établissement. De là, on aboutit au fait que le Messager d’Allâh ﷺ est le cœur de la forme perceptible (‘ayn al-sûra al-chahadiya), la réalité ésotérique concrétisée (al-haqîqa al-qâ’ima) et le secret de l’exclusivité (sirr al-ahadiya). Son degré, qui est le degré de la divinité (martabat al-uluhiya), dont la manifestation explicite est sayiduna Muhammad ﷺ, archétype de la parfaite synthèse des sens profonds de tous ses noms… sens profonds qui d’ailleurs ne purent pleinement se révéler que par l’existence de al-Mustafa ﷺ, qui n’est autre que la forme concrètement manifestée du jamâl absolu d’Allâh. Il est de ce fait la meilleure des formes, et la synthèse de toutes les formes.
Oui, certes, tu le dis toi aussi… mais ce ne sont pour toi que des mots. Car lorsque tu nies l’existence des degrés (marâtib)… tu renies par là-même le Prophète ﷺ. Il nous faut donc une nouvelle chari’a, une nouvelle loi, que tu devras nous rapporter de toi-même… car si on te suit, on ne pourra plus prendre de al-Mustafa ﷺ.
Seulement… pourquoi Allâh nous dit que « lâ ilâha illa Allâh« … mais ajoute nécessairement ensuite « Muhammadun rasûlullâh » ? Toi, à cela, tu viens et tu dis « Oui… Allâh a associé le nom du Prophète ﷺ à son nom… » Mais pourquoi donc le fit-il ?
Par adab, on voit qu’il ﷺ dit : « Celui dont la dernière parole est « lâ ilâha illa Allâh » entre au paradis », mais il n’a pas dit « Celui dont la dernière parole est « lâ ilâha illa Allâh, Muhammadun rasûlullah« … pour s’éteindre, se fondre et s’inclure lui-même dans le groupe de ceux dont la dernière parole fut : « lâ ilâha illa Allâh ».
« …entre au paradis » De quel paradis s’agit-il ? Dans quel paradis entre-t-on, par la parole « lâ ilâha illa Allâh » ?
On entre dans le paradis de « Muhammadun rasûlullâh » !
Voilà, comment se parachève l’accomplissement spirituel.
Mais malheureusement… le disciple reste avec moi cinq années, six années, sept années… et le jour où il décide de s’en aller, on constate qu’en lieu de cerveau, il n’a qu’une pâte abjecte. Il n’a toujours rien compris. En vérité, je ne suis pas surpris de son hostilité… là où je suis vraiment stupéfait, c’est quand je considères tout le temps qu’il a passé avec nous, sans avoir profité de quoi que ce soit. Rien. Sa terre est remplie de terre, dure, lente. Quand il s’assoit ici avec toi, il semble être parmi les plus rapprochés, dans sa compréhension et dans sa science. Je ne parle pas ici de ses adorations, de sa droiture, de son exemplarité… non, je ne parle pas de ça. Je parle de son état, de sa présence aux cours, de l’attention et de l’écoute dont il fait preuve, du profit personnel qu’il semble tirer de tous ces enseignements… et dès l’instant où il sort de la tariqa et se met à dénigrer les secrets…
C’est comme si par exemple un jeune étudiait, encore et encore, pendant des années, jusqu’au Bac. Et puis le jour où on lui demande d’écrire son nom au tableau, il s’en révèle incapable. Il a étudié pendant des années, jusqu’au diplôme… et quand tu lui demandes d’écrire son nom, il ne sait pas. Cela veut bien dire qu’il n’a jamais rien étudié ! Il n’était pas à l’école. Il n’était ni en primaire, ni au collège, ni au lycée. Alors pourquoi a-t-il perdu tout ce temps, tout cet engagement personnel… et par dessus le marché, il s’imagine être une personne remarquable !
Voilà donc la réalité des marâtib. Ici… tu finis par nier l’existence de al-Mustafa ﷺ. Tu le renies… malgré que ta langue ne peut s’empêcher de le mentionner. Tu dis en effet : « achhadu an lâ ilâha illa Allâh, wa achhadu anna Muhammadan rasûlullâh » Tu prétends aimer le Messager d’Allâh ﷺ… tu prétends connaître le Messager d’Allâh ﷺ…
Toi qui n’es même pas parvenu à découvrir qui tu étais toi-même… où es-tu de la connaissance du Messager d’Allâh ﷺ !?
Tu dois donc comprendre… car lorsque le Messager d’Allâh dit « Celui dont la dernière parole est « lâ ilâha illa Allâh » entre au paradis »… tu ne trouveras aucun hadîth qui mentionne celui dont la dernière parole est « lâ ilâha illa Allâh, Muhammadun rasûlullâh« .
Le Messager d’Allâh ﷺ nous rapporte (hadith qudsi) : « La parole lâ ilâha illa Allâh est ma forteresse, et celui qui entre dans ma forteresse est à l’abri de ma colère. » mais, que signifie « celui qui entre dans ma forteresse » ?
Cela signifie que, si tu vois cela comme une forme se manifestant à toi : plonge dedans jusqu’à t’y dissoudre entièrement et disparaître ! Deviens alors le cœur de cette forme, ou l’intellect de cette forme.
Si tu la vois comme une lumière, éteins-toi en elle, efface et fais abstraction totale de tous les pronoms, à l’exception du tien… car, par cette extinction, tu seras toi-même devenu la markaziya de cette lumière, tu seras la force dont recèle cette lumière.
Si tu la vois comme une michkâte, alors sois-en la markaziya. Etablis par là-même l’exclusivité (ahadiya) du alif, qui n’est autre que le flux subtil du mîm de Muhammad ﷺ.
Le Messager d’Allâh ﷺ prit de fait deux noms : Ahmad dans le ciel, Muhammad sur terre. Considères donc comment, toi, tu le perçois. Si tu le perçois comme étant Muhammad, alors sois toi-même Ahmad. Et si tu le perçois comme étant Ahmad, sois Muhammad. Sans cela… si tu n’as rien de cela, alors sache que tu compte parmi les gens du suivi aveugle, sans aucune compréhension. Ne viens donc pas prétendre être des gens du tawhîd, de ceux qui ont réalisé : « Sache donc que lâ ilâha illa [13] ». Dis plutôt que tu es des gens de la parole prononcée, de ceux qui ont répété cette parole qu’ils avaient entendue des génération passées, et tiens t’en à cela. Tu auras alors un cheminement spirituel, à la mesure de ce à quoi tu fus prédestiné… mais ne prétends plus à la connaissance ésotérique (al-ma’rifa), car certes, la ma’rifa est hors de ta portée.
Sayiduna Muhammad ﷺ est le maître (al-sayid) suprême. Par sa forme complète et absolue, il est la haqîqa divine du nom suprême (al-ism al-a’dham), qui n’est autre que le nom véritable, et qui est l’indicateur ou ce qui renvoie au nom représenté par les lettres… à savoir le alif, les deux lâm et le hâ’. L’intérieur (al-bâtin) de al-Mustafa ﷺ est le nommé (musammâ)… quant au sens profond de sa réalité, il est tel que « aucune chose n’est comparable à son exemple [14]. » Ce verset est le verset 11 de la sourate al-Chûrâ… mais dis moi simplement pourquoi ce verset est venu avec 11. Pourquoi notre Seigneur ne l’a-t-il pas ramené par exemple au tout début de la sourate ? Pourquoi avec le nombre 11 ?
…il est le secret de la dimension absolue de l’exclusivité (itlâq al-ahadiya). Il est le cachet (al-tâbi’) de l’essence, ou al-khâtam, à partir duquel fut cachetée la forme de Adam –‘alayhi salâm-. En d’autres termes : Adam –‘alayhi salâm– n’apparut que par et au travers du sceau (khâtam) de Muhammad ﷺ.
Ainsi, si tu perçois Adam -‘alayhi salâm– comme premier, alors le Prophète ﷺ vient te dire qu’il est plutôt le premier, du point de vue de la nubuwa, puisqu’il dit « Je suis le premier des prophètes. » Ainsi, le sceau (al-khatm) précéda la forme (al-sûra), et ce n’est au final rien d’autre que la khatmiya de al-Mustafa ﷺ qui se manifesta. Adam est l’exemple transcendant (al-mathal al-munazzah), dont le sens profond n’est autre que sayiduna Muhammad ﷺ. En d’autres termes : sayiduna al-Mustafa ﷺ est l’esprit de Adam –‘alayhi salâm-.
Et si nous revenons à la chari’a : « Lorsque Je voulu créer la création, Je pris une poignée de Ma lumière et lui dis : « Sois Muhammad. » Je créais ensuite toute chose de sa lumière. » Autrement dit, la poignée de lumière muhammadienne est antérieure à la forme physique.
Sayiduna al-Mustafa ﷺ est l’esprit de Adam –‘alayhi salâm-, et Adam est sa forme physique (sûra). De ce fait, on considère que sayiduna al-Mustafa ﷺ est le père des esprits, tandis que sayiduna Adam –‘alayhi salâm– est le père des corps.
Or toi, dans cette tariqa… il se trouve que tu es en quête d’un retour à l’esprit. Et si effectivement tu recherches ce retour à l’esprit, alors sois du nombre des gens de l’extinction et du ravissement par al-jamâl.
D’où vient ce ravissement ?
Il vient d’Allâh, bien sûr ! Retourne donc à Allâh !
Dès lors… comment peux-tu affirmer une lettre et en renier d’autres ? Comment, prononçant « Allâh », tu peux confirmer le hâ’, mais nier les deux lâm et le alif ?
L’esprit n’apparaît et ne se manifeste qu’à partir du corps physique, et le nommé (al-musamma) n’est autre que le nom (al-ism) lui-même. Ceci est la réalité de ce qui se trouve au-delà de la science que tu as connue et que nous avons connue également. Allâh ﷻ dit dans le hadith qudsi : « Ni Ma terre ni Mon ciel ne purent Me contenir (wasi’aniy), tandis que le cœur de Mon serviteur croyant le put. »
Ici, considère le terme employé (wasi’aniy)… ce n’est pas une mince affaire !
Cela signifie que toute chose est trop exiguë pour le nom divin Allâh, le nom indicateur de l’essence… exception faite du cœur du serviteur croyant… et il se trouve que ce nom divin est précisément le markaz de ce cœur, car il est dit dans ce hadith que ce cœur wasi’a… Or, si le cœur peut le contenir, cela signifie bien que le nom divin en est le centre. Si, dans le hadith, il avait dit « J’embrasse (wasa’tu) le cœur », alors ce cœur aurait été le markaz du nom divin.
Par ailleurs, il se trouve que le cœur du Coran, conformément à tous les avis exotériques connus et reconnus, c’est Yâ-sîn, qui est donc le secret syncrétique et éclatant.
Le ‘arch du Tout-miséricordieux est l’absolu de l’existence (mutlaq al-wujûd), que celle-ci soit une existence propre comme figurée (‘aynan aw hukmiyan), et il a une dimension apparente (dhâhir) ainsi qu’une dimension occultée (bâtin). La première, apparente, englobe l’ensemble des lois propres aux formes physiques, tandis que sa dimension occultée concerne les lois sanctifiées (al-ahkâm al-qudsiya). La parfaite synthèse de tout ceci, c’est l’établissement de l’essence (istiwâ’ al-dhât), c’est-à-dire sa théophanie révélée et apparente.
Lorsque l’essence est établie (istawa)… il y a bien une considération à avoir de ce sur quoi elle s’est établie ! Or, en réalité, elle ne s’est jamais établie sur autre qu’elle-même, en vertu de : « Unique, sans associé. »
C’est la raison pour laquelle nous disons que si elle se manifeste, et si se fondent en elle l’ensemble des lois propres aux formes physiques, ainsi que les sens profonds sanctifiés… puisque l’essence (al-dhât) est telle qu’aucune chose n’Est, pour qu’elle puisse s’établir (istiwa) sur elle… et puisque son ‘arch n’est autre qu’elle-même… L’essence est le ‘arch de l’essence, par l’existence (al-wujûd) comme par les expressions (de cette existence).
C’est pourquoi le ‘arch est décrit par ce par quoi l’on nomme l’essence… c’est-à-dire par les différents noms de l’essence. Allâh ﷻ dit par exemple « Seigneur du trône immense (al-‘arch al-‘adhîm) [15] » C’est-à-dire que Allâh nomme le ‘arch, puis lui attribue la caractéristique ou l’attribut de grandeur du nom divin al-‘adhîm. Ou bien encore « Seigneur du trône noble (al-‘arch al-karîm)[16] ». Ces noms, attribués au trône, sont les noms d’Allâh ﷻ. Son ‘arch n’est autre que lui-même ﷻ, par le fait et par l’état de fait. Et s’il devait avoir besoin d’un emplacement à son établissement, afin de s’y établir, alors son établissement (istiwa) sur son ‘arch est l’admission (al-qubûl) de la théophanie de son essence, par son essence. Cette admission n’est autre que son essence-même. Et l’établissement de l’essence n’est autre que l’essence-même.
Mais si le ‘arch de l’établissement de l’essence n’est autre que l’essence-même… sachant que « al-rahmân s’est établi (istawa) sur al-‘arch »… tu viens, toi, et tu veux connaître, tu questionnes au sujet de cet établissement sur le ‘arch de al-rahmân… Nous te répondons que ce mouvement de l’istiwa, par la parole que nous exprimons en ce sens… c’est cela-même qui a apporté ce nom de ‘arch. C’est la raison pour laquelle, al-‘arch est, comme nous l’avons vu, associé à un nom d’entre les noms du Vrai ﷻ. Car si le ‘arch était mentionné ainsi, sans être qualifié un nom, tu ne comprendrais pas. Et dans la mention de « al-rahmân s’est établi (istawa) sur al-‘arch » , tu dois comprendre que ta contemplation de al-rahmân est également une contemplation du ‘arch.
Disions-nous… s’il devait avoir besoin d’un emplacement à son établissement, afin de s’y établir… évidemment, ceci ne saurait être le cas, puisqu’en aucun cas il ﷻ ne manque de quoi que ce soit… mais son établissement (istiwa) sur le ‘arch, c’est l’admission (qubûl) de la théophanie de son essence par son essence. Son admission n’est ainsi autre que son essence-même. Et le ‘arch de l’istiwa de l’essence, c’est l’essence-même. De ce fait, son exemple (mathal) imposé par sa parole « aucune chose (chay’) n’est comparable à son exemple[17]. » n’est autre que lui-même. C’est la raison pour laquelle toute comparaison à cet exemple fut rendue impossible.
La comparaison à son exemple est impossible, pour la bonne raison que la comparaison à son exemple ne serait qu’une comparaison à lui-même, car il n’y a en vérité qu’une seule et même essence (dhât) à cela. Rien ne saurait avoir d’existence en dehors de cette essence. Est ainsi donc établie la prévalence de la dite « chose » (al-chay’), qui tient le rôle d’exemple (yumathil), mais qui ne saurait être imité ni comparé à quoi que ce soit d’autre (lâ yumathal). Il ﷻ est ainsi l’exemple imposé (al-mathal al-mafrûd), tel qu’aucune chose ne saurait être imposée avec lui, ni le modifier. Plutôt, il est la haqîqa de l’existence de ce qui est.
En ce sens, sa parole ﷺ vient couper court à toute tergiversation pour tous les intellects, puisqu’il dit : « Certes, Allâh a créé Adam à Son image. » De sorte que cette image (sûra) de Adam fut l’établissement (istiwa) de al-Rahmân, ou comme si Adam était sa ‘archiya.
Le hadîth est clair, tu ne peux en aucun cas le nier. Or, il ne peut pas y avoir deux images (sûra). Allâh est l’apparent (al-dhâhir), et la forme ou l’image (al-sûra) est l’apparent-même. Puisque donc il ne saurait y avoir dans l’existence deux apparents, son ﷻ image (sûratuhu) n’est autre que lui-même, ainsi que sa ‘archiya… sa ‘archiya n’étant autre que lui-même également. Son image, ce sont ses noms… et ses noms sont les noms de Adam –‘alayhi salâm-. Si tu les considères en faisant abstraction de la forme adamienne, tu constateras que tous ces noms ne sont autre que lui-même et son essence (dhât).
L’esprit de cette forme adamienne, c’est l’essence localisée en cette forme adamienne réunissant l’entièreté et la complétude des sens profonds des noms divins. Adam est ainsi le ‘arch de l’istiwa de la forme (sûra) de l’essence, par le nom al-dhâhir. Quant à sayidina al-Mustafa ﷺ, il est le ‘arch de l’istiwa de l’essence, par le nom al-bâtin.
C’est la raison pour laquelle les gens d’Allâh vinrent et inscrivirent un nom, dans une écriture spécifique, recelant une multitude de sens profonds, de sens cachés et sanctifiés… et, entre autres, ils représentèrent le lâm fendu en deux. De ce lâm, apparurent ainsi deux lâm, en un seul.
C’est comme s’il te préparait… oui, car la voie menant à la connaissance (ma’rifa) d’Allâh, c’est la voie de l’évocation d’Allâh. Ceux qui évoquent Allâh abondamment. « Ceux qui évoquent Allâh debout, assis, couchés sur leurs côtés [18]. » En ce sens, on comprend que l’entrée dans la connaissance du nommé se fait par la porte de son nom.
En vérité, chacun écrit le nom Allâh d’une manière différente. Ton écriture à toi ne sera pas identique à celle de quelqu’un d’autre. Les écritures diffèrent, cependant que le nom est unique, de même que le nommé est unique.
Vinrent donc les gens d’Allâh, ceux qui révélèrent la manifestation dans l’horizon de ton cœur… ils donnèrent de subtiles indications dans cette écriture, en prenant soin d’établir cette scission (taqsîm) apparente dans le premier lâm. Et pourquoi l’ont-ils appelé le premier lâm ?
C’est comme si, par là, ils t’avaient accordé une préparation, une habilitation à entrer par la suite, de manière totale et absolue, dans le lâm al-ma’rifa. Le premier lâm est ainsi fendu, tandis que le dernier lâm, à savoir le lâm qui est le plus proche du alif, est un lâm entier, complet et parfait. Seulement, tant que tu n’auras pas compris et réalisé la réalité du contemplant et du contemplé, tu ne parviendras pas à accomplir ton extinction dans le contemplé… Tu ne peux connaître le premier et le dernier d’un seul coup : tu dois d’abord connaître le premier, puis seulement, à partir de cette connaissance que tu as du premier, tu pourras considérer le dernier. C’est donc par eux deux, et par le secret caché qui leur est propre, que tu connaîtras celui qui est tel que « aucune chose n’est comparable à son exemple [19]. »
Disions-nous, Adam est le ‘arch de l’istiwa de la sûra de l’essence, par le nom al-dhâhir, tandis que sayiduna al-Mustafa ﷺ est le ‘arch de l’istiwa de l’essence par le nom al-bâtin. C’est ainsi par nul autre que Muhammad ﷺ, qu’apparut Adam. De ce fait, Adam est une forme (sûra) d’entre les formes de l’essence de al-Mustafa ﷺ.
Si tu viens à dire que Adam est la forme syncrétique de al-Mustafa ﷺ, alors qui est ‘Isâ, et qui est Nûh, et qui est Yûsuf, et qui sont les autres prophètes et messagers ? Et si tu viens à dire que l’ensemble de tous les prophètes et messagers sont une forme de Adam –‘alayhi salâm-, alors qui sont les compagnons (al-sahâba), et qui sont les ahl al-bayt, etc ?
Ici se révèle qu’en vérité… si tu n’as pas ce secret caché, tu n’as aucun moyen de saisir et de comprendre comment toutes ces formes apparaissent. Ces formes qui en apparence paraissent multiples et variées, tout en étant en vérité réunies et synthétisées en un seul et même esprit, qui n’est autre que al-Mustafa ﷺ.
C’est la raison pour laquelle le Messager d’Allâh ﷺ dit dans le hadith : « Je laisse parmi vous ce que, si vous vous y attachez, vous ne vous perdrez pas après moi : le Livre d’Allâh et la ‘itra des gens de ma maison (âl baytiy). » Il ﷺ a bien évoqué la ‘itra de ahl al-bayt, et non pas tous les ahl al-bayt en général. S’il avait désigné tout ahl al-bayt, alors tu aurais pu considérer que toute personne de ahl al-bayt relèverait de cette considération par le secret. Cependant, il ﷺ nous a ici indiqué la nécessité de rechercher la ‘itra… de rechercherle secret, le souffle, ce flux spirituel… et où le trouveras-tu ? Il t’en a donné une indication : tu le trouveras dans le Livre, ainsi que dans âl al-bayt.
Si tu parviens donc à déterminer une sûra de ahl al-bayt, et si tu la considères comme un esprit occulté (rûh bâtiniya) : alors le Coran t’apparaîtra clair et apparent (dhâhiriy). Et si tu considères cet esprit comme étant le Coran bâtiniy, alors cette sûra sera pour toi une caractéristique (sifa) dhâhiriya.
Tel est al-Mustafa ﷺ : un Coran qui marche. Cela signifie que son dhâhir est un corps physique, tandis que son bâtin est le cœur du Coran, à savoir Yâ-sîn. C’est en ce sens que le Coran est l’esprit, et que la forme (al-sûra) de toutes les interactions par le Coran est ce qui est apparent (dhâhir) de ce Coran. Al-Mustafa ﷺ te réunit cela dans un lâm et dit « Je laisse parmi vous ce que, si vous vous y attachez, vous ne vous perdrez pas après moi : le Livre d’Allâh et la ‘itra des gens de ma maison (âl baytiy). » Cette ‘itra, c’est ce souffle, cet esprit, cette insufflation ésotérique. Si tu prends ce souffle, alors tu entreras dans le Coran, tu distingueras la ramification de l’origine, et tu sauras cheminer en lui et par lui.
Pour conclure : dès lors que le Seigneur dit : « Allâh est la lumière des cieux et de la terre [20]… » si tu as un hizb quotidien et si tu le lis… lorsque tu arrives à ce verset, arrête-toi et médites. Lorsque tu entends « un exemple de Sa lumière… » comprends que le Seigneur n’a pas limité cela à un seul et unique exemple… Plutôt, il a donné de multiples formes possibles : une niche (michkât), dans laquelle se trouve une lampe (misbâh), la lampe est dans un cristal (zujâja), et le cristal est tel un astre de grand éclat (kawkab durriy). Il t’a donné quatre exemples, correspondant aux quatre lettres du nom « Allâh ».
Après quoi, il te dit, faisant référence à ce souffle de ahl al-bayt et à cette brise lumineuse que l’on retrouve chez ces ahl al-bayt : « son combustible provient d’un arbre béni. » Ici, l’intermédiaire (al-wâsita) ne fut point nié, ni la nécessité de parvenir à la connaissance de ces différents exemples… qui ne te sera donc rendu accessible que par le suivi conforme de cette flamme, de cette lueur, de ce flux spirituel que tu auras pu recueillir auprès de cet arbre béni, cet olivier ni oriental, ni occidental.
« son huile semble éclairer, quoique le feu ne la touche. » à Dieu ne plaise qu’il soit du nombre des gens du jalâl, de la colère et du courroux. Plutôt, la prédestination d’Allâh avait inscrit pour lui qu’au contraire, il ne serait pas de ces gens. L’arbre est béni : le feu ne peut le toucher.
« lumière sur lumière » c’est à dire que la lumière se révèle et se manifeste, à travers une ramification d’elle-même. Et « Allâh guide à Sa lumière qui Il veut. » la guidée ultime, la voie de la droiture, c’est la voie de la lumière d’Allâh. Celui qui renie la lumière d’Allâh, sa récompense ne pourra être autre que les ténèbres illusoires, les ténèbres de la nafs, les ténèbres qui précipitent l’individu au fin fond de l’enfer, dans la compagnie des mécréants. Ils ne pourront avoir d’autre station (maqâm) que celle-ci… sans que personne ne la leur ait imposée. Plutôt, ce sont eux qui se la sont imposée à eux-mêmes. Toute individu niant la lumière d’Allâh : son maqâm, c’est les ténèbres.
Celui qui gardera la bonne opinion (husn al-dhann) vis-à-vis d’Allâh sera nécessairement guidé vers ce qui est meilleur (husn) et ce qui est beau (jamâl). Celui qui garde espoir d’atteindre la contemplation de sa lumière, Allâh le guidera à cela. Il verra cette lumière manifeste, et n’aura jamais aucune place dans les degrés de l’enfer.
Quant à celui qui nie la lumière d’Allâh, évidemment, il ne peut pas s’attendre à autre chose que les ténèbres. Commencera alors pour eux ce qui devra être une nouvelle lecture… à savoir, comment se présentera ce hâ’, dépourvu de markaziya ? Effectivement, depuis le point de vue du feu, on n’y trouve aucune porte, aucune issue qui leur permettrait d’échapper aux flammes, où ils demeureront donc pour l’éternité…
Le Seigneur dit explicitement à ce sujet : « une muraille sera dressée entre eux, avec une porte comprenant en son intérieur (bâtin) la miséricorde [21]. » Si tu renies la markaziya, tu renies par là-même la porte du hâ’ al-hawiya. Et si tu renies la porte du hâ’ al-hawiya, tu n’auras aucun accès au paradis. Tu seras avec les gens de l’apparent « et son apparent (dhâhir) laisse voir le châtiment »
Celui qui suit la miséricorde suit la lumière et la guidée, qui elles-mêmes viennent de l’arbre béni. Et même si tu accèdes à leur vision sans l’arbre, ou malgré que tu renies l’arbre… tu n’as aucune part dans ce verset de la lumière. Parce que le verset est clair : « (son combustible) provient d’un arbre… » Tu t’imagines que par tes efforts, tu peux parvenir à saisir une part de cela… Non. Notre Seigneur est on ne peut plus clair : « (son combustible) provient d’un arbre, béni, un olivier, ni oriental ni occidental » et il n’a pas dit que sa lumière provenait de ton intellect, ni de ta nafs, ni de ton bon vouloir. Non. Elle provient d’un arbre. De ce fait, ta négation de l’arbre est une négation de tout sur tout, et tu n’as plus aucune part dans ce verset.
Pour ce qui est de ta négation de la permission (idhn), Allâh dit dans le verset suivant : « dans des maisons que Allâh a permis (idhn) qu’on élève » Si Allâh ne t’a pas donné le idhn pour l’élévation… et d’où te viendrait ce idhn ?
« (son combustible) provient d’un arbre. » Toujours… Car Allâh commence en disant « Allâh est la lumière… » donc, qui t’a donné le idhn pour que tu puisses accéder à cette lumière, à ces quatre exemples, à cette élévation spirituelle ?
Tout ceci provient de l’arbre béni.
« dans des maisons que Allâh a permis (idhn) qu’on élève… » et alors seulement : « …et qu’on y évoque Son nom. » et quel est son nom ?
Son nom est « et le dhikr de Allâh est plus grand ».
[1]Sourate al-Nisâ’, verset 78.
[2]Sourate al-Ahzâb, verset 68.
[3]Sahîh Muslim.
[4]Sourate al-Ahzâb, verset 68.
[5]Sourate Yûnus, verset 91.
[6]Hadîth : « Celui dont la dernière parole est « lâ ilâha illa Allâh » entre au paradis. »
[7]Sourate al-Rahmân, versets 26 et 27.
[8]Sourate al-An’âm, verset 122.
[9]Certains anciens disciples du Shaykh, après avoir quitté la tariqa, se sont mis à dénigrer le Shaykh et ses enseignements. Ils prétendaient que le premier secret (que leur avait enseigné le Shaykh) était la seule vérité, et que les autres n’étaient que mensonges.
[10]Sourate al-Isrâ’, verset 110.
[11]Ce que l’on désigne en français comme étant les différents secrets.
[12]Al-marâtib : les différents secrets des lectures du nom divin.
[13]Sourate Muhammad, verset 19.
[14]Sourate al-Chûrâ, verset 11 : « laysa ka-mithlihi chay’ »
[15]Sourate al-Naml, verset 26.
[16]Sourate al-Muminûn, verset 116.
[17]Sourate al-Chûrâ, verset 11 : « laysa ka-mithlihi chay’ »
[18]Sourate Âlu ‘Imrân, verset 191.
[19]Sourate al-Chûrâ, verset 11 : « laysa ka-mithlihi chay’ »
[20]Sourate al-Nûr, verset 35.
[21]Sourate al-Hadîd, verset 13.