أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله
La charîha : ton livre, ton intellect
Résumé de l’assise du 20 Juillet 2018 / Jumu’a 7 Dhou l-Qi’da 1439 [Partie 1] :
Bien que nous n’ayons pas préparé le cours de ce soir comme à l’accoutumée [1], revenons de manière générale à l’étude du lâm par le athar de la risâla. Et toujours, en ce qui concerne le athar de la risâla, nous disons et nous répétons que nous ne sommes pas dignes de la risâla. Nous ne faisons que suivre son athar, sa trace. Quant à la risâla elle-même, elle est le propre de sayidina al-Mustafa ﷺ. Elle revient à l’intellect du Prophète ﷺ, qui n’est comparable à l’intellect de nul autre, quel que soit le degré spirituel atteint. Quel que soit l’état du musulman dans les degrés de l’Imân ou de l’Ihsân, son intellect ne peut saisir ni cerner l’intellect du Prophète ﷺ. L’intellect du Prophète ﷺ est unique, sans pareil. C’est un privilège divin. Son nom fut associé au Nom du Seigneur… afin que sa science soit la Science du Seigneur, que ses attributs soient les Attributs du Seigneur, et que son comportement (khuluq) soit le Khuluq du Seigneur. Le tréfonds (fou’âd) de sayidina al-Mustafa ﷺ en devint la quintessence des intellects de l’ensemble des prophètes et messagers. Celui qui atteindra la Source primordiale de la wilâya pourra comprendre et saisir, en partie, ce qui relève de cet intellect Prophétique, ainsi que les degrés auxquels renvoient les athar de la noubouwa et de la risâla.
En vérité, l’intellect (‘aql) est à distinguer du tréfonds (fou’âd). Le fou’âd, c’est le cœur même du ‘aql. Et le ‘aql, les gens d’Allâh l’ont appelé ou désigné comme étant al-lawh (la Table). Donc quand on parle de lawh, c’est en réalité du ‘aql que l’on parle. Au sujet de la première chose que Allâh ﷻ créa, l’intellect suprême de sayidina al-Mustafa ﷺ nous informe et dit : « Allah créa une Table (lawh) gardée à partir d’une perle blanche. Ses deux planches sont en rubis rouge. Sa plume (qalam) est un éclair et son écriture est une lumière. Elle est aussi large que l’espace entre les cieux et la terre. Chaque jour, Il la regarde trois cent soixante fois. Avec chacun de Ses regards, Il crée, donne la vie, donne la mort, élève ou rabaisse Ses créatures, et Il fait ce qu’Il veut. [2] »
Voilà ce dont nous a informé l’intellect suprême Muhammadien : si nous le comprenons, c’est une pure grâce divine, et si nous ne le comprenons pas, nous devons tout de même y croire et nous y soumettre, sans débat ni remise en question. Les deux premières créations sont donc la Lawh (Table) et la Plume (Qalam). Vinrent ensuite les gens d’Allâh qui dirent que la Lawh, le ‘Arch et le Kursiy correspondaient à l’intellect (‘aql). C’est-à-dire qu’à chaque fois qu’ils entendent parler de l’intellect de l’Homme, ou la Table de l’Homme, cela renvoie en réalité à l’intellect. Effectivement, l’intellect s’étend à l’ensemble de l’entité de l’Homme, puisque chacun de ses sens, chacune de ses perceptions, est intrinsèquement lié à l’intellect.
Il est vrai que dans la conception basique des gens, l’intellect se situe au niveau du cerveau, c’est comme un dépôt, ou une sorte de boîte, que Allâh a attribué à tout individu afin qu’il puisse y réunir et y stocker des informations personnelles, des informations concernant son passé, son présent et son futur.
Mais, comment se présentent ce passé, ce présent et ce futur ?
…parce que depuis que Allâh t’a créé à partir du néant… toutes les informations sont réunies dans cette boîte à information, située dans ton cerveau, et plus exactement dans la partie avant du crâne, juste derrière le front. Conformément au verset Coranique : « Leurs visages sont marqués par la trace laissée par la prosternation. [3] » la trace laissée par la prosternation, c’est le front, dont la partie cachée (bâtin) n’est autre que l’intellect.
Mais que fut-il donc inscrit dans cet intellect ?
Y fut inscrit toute la Science que tu as apporté avec toi, depuis l’époque de « balâ [4] ». Nous avions alors tous témoigné sur nos propres nafs de l’Unicité du divin, qui n’a pas enfanté et qui n’a pas été enfanté, et qui est tel que nul ne Lui est comparable. Depuis cette époque, jusqu’à nos jours, jusqu’à l’au-delà, jusqu’au jour de la résurrection, jusqu’à ce que tu sois du nombre des gens du paradis ou de l’enfer… toutes les informations sont réunies dans cette section (charîha) du cerveau.
Sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit : « Par Celui en dehors de qui il n’est point de dieu, l’un de vous accomplit certainement l’œuvre des gens destinés au paradis, jusqu’à ce qu’il ne reste plus entre lui et le paradis qu’une coudée… et voilà que le livre le devance : il commet un acte de ce que font les gens de l’enfer, et il y entre. » Celui qui n’est séparé du paradis que d’une coudée, c’est vraiment là une distance dérisoire, c’est comme s’il était déjà au paradis… mais le livre le devance.
Quel est ce livre qui te devance, ô Homme ? Quel est ce livre qui vient ainsi ruiner toutes tes espérances ?
…Ou bien, le contraire, toujours dans le même Hadîth : « Et l’un de vous commet certainement les actes des gens voués à l’enfer, jusqu’à ce qu’il ne reste plus entre lui et l’enfer qu’une coudée… et voilà que le livre le devance : il accomplit un acte de ce que font les gens du paradis, et il y entre. [5] »
De quel livre parle-t-on donc ici ?
Il s’agit de cette section (charîha), ou de ce secteur du cerveau, inscrite par la Plume (qalam) de la Toute-Puissance divine, que tu as rapporté depuis l’époque de « balâ », jusqu’à ta forme créée finale depuis laquelle tu comprends cette réalité. C’est-à-dire que tout ce que tu vis, tout ce qui fait de toi ce que tu es dans ce bas-monde, n’est en réalité que la traduction de ce qui se trouve inscrit dans cette partie de ton cerveau. Cette section du cerveau ne comprend pas uniquement ce qui concerne ta vie d’ici-bas, mais il s’agit bien du contenu condensé de ton être, depuis ton apparition du néant, jusqu’à ton retour au néant, et jusqu’à ton apparition seconde dans le néant. Cette section du cerveau diffère d’un individu à l’autre, non pas en ce qu’elle contient, en ce qui fut inscrit en elle… mais plutôt en ce que l’individu a pu vivre au quotidien. A certains, Allâh a ainsi accordé la ma’rifa, la connaissance ésotérique, de sorte qu’ils purent consacrer leur temps de vie ici-bas à exprimer ce qui se trouvait dans leur Table (lawh), depuis l’époque de « balâ » jusqu’à ce qu’à atteindre leur degré spirituel le plus élevé.
Tel est l’intellect du Prophète ﷺ. Lorsque le Messager d’Allâh ﷺ apparut dans la forme physique de Muhammad fils de ‘Abdullâh et de Amîna (radiAllâhu ‘anhum), qu’a-t-il fait, dans sa dounia ? Qu’a-t-il fait dans son maqâm de la risâla, durant 23 années ?
Il a exprimé ce qui se trouvait dans la section (charîha) de son intellect, inscrit depuis la création, jusqu’à l’infini. Voilà ce dont nous a informé sayiduna al-Mustafa ﷺ. Il nous a informé, par le Coran, au sujet des peuples et des civilisations passées, leurs états, leurs sciences… il a commencé par ce qui était avant même que Adam ne fut créé, ‘alayhi s-salâm. Il a commencé en exprimant le comment du début de la création. La création des cieux, la création de la Terre…
Alors toi tu dis « non, ça c’est le Seigneur qui nous en a informé ! »
Oui, effectivement : le Seigneur nous en a informés, toutefois Il ne le fit qu’au travers de la Table (lawh) du Prophète ﷺ. C’est-à-dire que cette information que nous a rapporté le Prophète ﷺ, à savoir le commencement de la création, jusqu’à sa fin, puis la recréation de cette création une deuxième fois… comment cela se produira-t-il… jusqu’à nous informer du paradis et de ce qui s’y trouve, de l’enfer et de ce qui s’y trouve… tout, absolument tout ! Il n’a rien délaissé. Il a transmis le message dans toute sa profondeur, et avec une précision extrême. Et puis, à toi, il a laissé l’intellect… oui, toi qui prétends avoir un intellect. Et tu es resté ébahi face à l’intellect du Prophète. De là, si tu es du nombre des gens de l’Islâm et de l’Imân, alors tu te dois de suivre et de te conformer au Prophète, que tu le comprennes ou non.
Un groupe de gens, d’entre les gens de la ma’rifa, ont cependant connu et saisi le sens et la dimension ésotérique de ces choses, au travers de théophanies et de visions (mouchâhada) concrètes. Ceci grâce à quoi ?
…cette partie de l’intellect dont nous parlons, elle se trouve en chaque individu, qui qu’il soit : mécréant, musulman, adorateur du feu… parce que le Seigneur est Juste : Il ne laisse personne sans cette information rapportée depuis l’époque en dehors du temps, de ce qui précède la création, jusqu’à maintenant. Personne n’a été délaissé ni abandonné. Nous avons tous témoigné du même témoignage, à l’époque de « balâ ». L’adorateur du feu a alors témoigné du même témoignage que tous les autres, puis il a renié son témoignage dans dounia. Le musulman a témoigné du même témoignage, puis, s’il était du nombre des gens de l’Imân, il a confirmé ce témoignage, et s’il était du nombre des hypocrites, il l’a renié. Quoi qu’il arrive, le résumé de cela est établi par la Table (lawh).
Mais alors comment expliquer que le groupe des gens de la ma’rifa ait pu saisir ce qui relève de l’inconnaissable (ghayb), au cœur même du monde créé et fini ? Comment ont-ils pu ainsi connaître ce qui était, ce qui est et ce qui sera, chacun à la mesure du dévoilement (kachf) que Allâh aura voulu pour lui ? D’où cela est-il venu ?
Il faut savoir que cette partie de l’intellect, comme nous la désignons dans le langage scientifique de l’époque… ou dit autrement cette Table (lawh) intellectuelle… a besoin d’un secret, une clef, afin de pouvoir ouvrir cette boîte à informations et être ainsi en mesure de t’informer au sujet de ton passé, de ton présent et de ton avenir.
Quelle est cette clef ?
C’est le Point (noqta) de âl bayt al-nabiy, des gens de la maison du Prophète ﷺ. C’est sayiduna ‘Ali, conformément au Hadîth : « Je suis la Ville de la Science… » c’est-à-dire : je suis cette section (charîha), qui est telle que nulle section ne lui ressemble, qui a réuni et englobé l’ensemble de toutes les sciences… « et ‘Ali en est la porte. » : et le Point (noqta) du bâ ( ب ) est sa clef et son secret.
L’aspirant vient donc à la rencontre du Shaykh, alors que sa section est fermée, obstruée, pas la moindre trace (athar) ne lui en apparaît, ni la moindre compréhension, ni la moindre science. Puis, lorsqu’il contracte la bay’a et s’engage dans la Voie, il reçoit l’Etoile du Prophète ﷺ, ou l’Etoile du Seigneur ﷻ… appelle-la comme tu veux… ou l’Etoile de sayidina ‘Ali, chacun la voyant et la considérant en fonction du degré de Science qu’il a atteint… ou l’Etoile de ton Shaykh. Lorsque tu prends la bay’a, tu prends cette Etoile.
Que vas-tu pouvoir ouvrir avec elle ?
Tu vas ouvrir cette section (charîha) de ton intellect, jusqu’à saisir tout ce qui concerne ton passé, ton présent et ton futur. Cependant, tu as besoin de règles, de fondements, afin de déterminer les modalités de cette quête. Ce n’est pas parce que tu as obtenu la clef que ça y est, terminé, tu as obtenu la Science et tout ce qu’il y avait à obtenir ! Non, au contraire, tu n’as rien du tout. Que tu aies une Etoile, une Lune, ou un Soleil qui scintille dans ton cœur… si tu ne sais pas comment l’utiliser… il existe bien, à ta portée, une clef ainsi qu’une porte, mais de toute ta vie tu n’as jamais vu la clef, ni jamais connu le trou de la serrure afin que la porte puisse s’ouvrir. Alors il se peut que tu prennes effectivement cette clef, mais sans savoir qu’elle permet d’ouvrir cette porte. Tu t’imagines peut-être que ce n’est qu’un cadeau, ou quelque chose que tu as pris et reçu comme ça, par hasard… et tu ne l’utilises pas pour ouvrir (fath). C’est ça le problème du disciple.
Quant à celui qui aura compris les choses dans leurs fondements, au travers du suivi et de la recherche de conformité à l’exemple du Shaykh, en recevant la clef, il saura comment l’utiliser pour ouvrir la porte, et de là il entrera dans la Ville du Prophète ﷺ. Ce Point, ou cette Etoile… lorsque tu prends la bay’a : tu la vois. Et lorsque tu la vois, tu prétends qu’elle t’appartient. Non, pas du tout ! Si elle t’avait appartenu, tu aurais été capable d’empêcher autrui de la voir comme tu la vois. Si tu prétends qu’il s’agit de ton Etoile, alors ton frère dans la Voie se lèvera et dira la même chose que toi, et vous vous disputerez l’héritage. Comprends donc bien qu’en aucun cas elle ne t’appartient !
Puis tu viens dire : « Cette science, je l’ai reçue grâce aux efforts fournis dans ce but. »
Plutôt, il a ouvert ta charîha, tu as vu la trace (athar) du prophète dans ton intellect, et tu es devenu du nombre de ceux qui comprennent les sens profonds de ce athar. Quant à l’Etoile, elle ne t’appartient pas. L’Etoile, sa nature est unique. Elle brille par elle-même, elle est entièrement auto-suffisante, elle n’a pas besoin de qui que ce soit. Ce ne sont pas tes efforts qui lui ont fourni le combustible pour qu’elle puisse briller, ni ta « concentration », comme le disent certains : « Moi, comme je me concentre très intensément, pendant longtemps, en fermant les yeux… ma Lumière va augmenter, et mon état de Proximité aussi. »
Non, fais autant qu’il te plaira… même si tu te bases sur le Hadîth Prophétique : « La foi (imân) est une Lumière que Allâh projette dans le cœur de Son serviteur croyant : elle augmente et diminue en fonction de l’accomplissement d’œuvres pieuses. », ça c’est la Lumière de l’Imân !
« Allâh est la Lumière des cieux et de la Terre [6]. » ça, c’est la Lumière du Seigneur !
Sayiduna al-Mustafa ﷺ est un flambeau illuminant : « Ô Prophète, Nous t’avons envoyé comme témoin, avertisseur, appelant à Allâh, par Sa permission, et comme un flambeau illuminant [7]. » ça, c’est la Lumière de Muhammad ﷺ !
« La prière est Lumière [8]. » de sorte que tu as vu la Lumière dans la prière… mais ça, c’est la Lumière de la prière !
Cette Lumière que tu vois se refléter dans les choses, tu t’imagines la posséder… en cela, tu fais preuve de manque de convenance (adab), et tu prétends faussement à des choses qui ne sont pas tiennes. Il s’agit de la clef de la Oumma, parce que le Hadîth te dit : « Je suis la Ville de la Science, et ‘Ali en est la porte. » et il n’a pas dit : « Je suis la Ville de la Science pour toi et pour personne d’autre, et ‘Ali est la porte pour toi et pour personne d’autre. »
Non, c’est la Science pour la Oumma toute entière. Ne crois pas qu’elle t’appartienne à défaut des autres.
Alors cette Lumière, que va-t-elle faire ?
C’est un Point (noqta), essentiel, qui n’a pas son pareil et qui ne saurait être comparé aux autres points ; un Point qui n’a pas d’endroit, dont les mouvements ne peuvent être mesurés ni saisis, et dont l’immobilité n’a ni emplacement, ni temps.
Qu’a donc fait ce Point ?
Il a agité la Table (lawh) et a exprimé de quoi elle était remplie. Tu l’as pris du Shaykh, cette Etoile… cette Etoile qui a allumé les autres, qui demeure auto-suffisante et en aucun cas ne dépend du combustible des autres pour être telle qu’elle est. Telle est l’Etoile véritable.
Notre Seigneur ﷻ dit bien : « et c’est par l’Etoile qu’ils se guident [9]. », et Il n’a pas dit : « et c’est par les étoiles qu’ils se guident. » ! « par l’Etoile », Unique ! Regarde donc le ciel, combien d’étoiles s’y trouvent… mais non, ici l’exemple considéré est unique et n’a pas son pareil. Dans le Hadîth : « Mes compagnons sont comme des étoiles : quel que soit celui que vous suivrez, vous serez guidés [10]. » ici, il s’agit du reflet de la Sunna du Prophète ﷺ dans les compagnons. Ils ont vu le Prophète boire de telle manière, et de même ils burent. Ils le virent s’asseoir de telle manière, et ils s’assirent de la même manière… ce sont là des reflets.
Quant au détenteur de la Haqiqa première, il vint et dit : « …et je suis le Point. » il n’a pas dit « et nous sommes le point » ! ni « et nous sommes les points » ! mais bien : « et je suis le Point » ! Telle est la parole de sayidina ‘Ali. Ce n’est pas une parole frivole, et on ne peut dire non plus que sayiduna ‘Ali n’avait pas compris les sens exprimés par les mots qu’il employait… comme s’il nous revenait à nous de lui enseigner ce qui est correct et ce qui est faux. Jamais aucun compagnon n’est venu dire « je suis l’Etoile », ni « je suis le Point. » Au contraire, la Ville de la Science ﷺ dit : « Mes compagnons sont comme des étoiles… », il ne dit pas qu’ils sont des étoiles ! « …quel que soit celui que vous suivez, vous serez guidés. » c’est-à-dire que si tu suis la trace (athar) de l’une de ces étoiles dans l’évolution qui est la sienne, étant donné qu’il a lui-même pris de la Ville de la Science, tu seras dans le juste. Cependant, vient le mystère ultime, qui proclame son auto-suffisance et son non-besoin d’autrui, qui qu’il soit, et il te dit : « je suis le Point. »
Il en est de même pour la fréquentation du Shaykh par les disciples. Le disciple prend un reflet, et lorsque le Shaykh parle à leur sujet, il dit que les disciples sont tels des étoiles : toute personne ayant vu la Lumière, c’est comme s’il avait vu l’esprit de son Shaykh. Il a vu ainsi son Shaykh en tant qu’esprit dans sa forme primordiale. Mais, le disciple pourrait-il être cette Etoile de laquelle puisent et grâce à laquelle toutes les autres scintillent ? Impossible. Excepté après que le Shaykh n’ait quitté ce monde, alors elle reviendra à l’un d’entre eux. Un seul, unique, pas deux ! Soyez bien sûrs de cela…
Voilà pourquoi, lorsque tu fournis des efforts et que tu rapportes certaines informations, sache tout d’abord que ces informations sont très anciennes. Ce n’est pas quelque chose de nouveau, ce n’est pas toi qui les as produites, et ce n’est pas toi qui les a fait apparaître. Tu te dois donc d’honorer celui qui t’a honoré, en agitant et en faisant naître le mouvement dans ta Table, permettant à cette dernière d’exprimer et faire valoir ce qu’elle contient. Elle t’informe alors au sujet d’un mot, ou deux, qui viennent à toi sous l’apparence de lettres écrites, et de là tu te mets à parler :
« Mon Seigneur m’a accordé le fath, l’ouverture spirituelle, et j’ai pu voir un Nom d’entre Ses Noms. »
Cela, nous l’acceptons, dans la mesure où tu le retourne à son Origine suprême. En revanche, lorsque tu dis :
« Non, moi j’ai fait, j’ai accomplis, j’ai réalisé… et j’ai pris ceci et cela… » alors nous t’éteignons l’Origine, nous te laissons la ramification… et au final il ne te reste plus rien, hormis de belles paroles appartenant au passé. Exactement comme ce que tu racontes aujourd’hui de sayidina al-Mustafa ﷺ, et qui n’est jamais ce qu’a rapporté un mort, selon un mort, selon un mort… selon qui le maître des vivants, le Messager d’Allâh ﷺ a dit, fait ou confirmé une chose. Choisis donc où tu te places.
C’est cela, le athar de la risâla. Le athar de la risâla, c’est cet intellect (‘aql) condensé dans ton cerveau, comme s’il s’agissait de la trace d’une multitude de petits points, ou d’étoiles, réunies et incapables, ni de se mouvoir, ni d’informer de leur Histoire ancienne… excepté dans la mesure où Allâh les y prédisposerait, au travers de celui qui aurait été détenteur de cette Lumière primordiale, ou au travers du Point, qui peut tout-à-fait se passer des étoiles, tandis qu’elles ne peuvent se passer de lui. Elles ont besoin de lui, parce que sans lui, elles sont totalement incapables de montrer et faire valoir ce qu’elles recèlent. Quant à lui, il peut se passer d’elles, parce que c’est lui qui fait apparaître ce qu’elles contiennent, et qu’elles ne font rien d’elles-mêmes.
Il en est ainsi pour sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah), qui fut le quatrième Calife… ce n’est pas parce qu’il ne fut officiellement reconnu comme tel que tardivement, ni parce que la durée de son Califat (khilâfa) fut relativement courte, qu’il était en état de besoin vis-à-vis de cette khilâfa. Non, il est le Khalifa, et même s’il n’avait jamais accédé au pouvoir de manière apparente, ni ne serait-ce qu’un seul jour ou une seule nuit, cela ne lui enlèverait rien de son statut de khalifa. Pourquoi ? Parce qu’il est purifié. Il est exempt de toute souillure. Il n’a besoin de personne pour le purifier, c’est le Seigneur Lui-même qui l’a purifié, de la purification suprême ! Quant à toi… non. Toi, tu te dois de suivre ses pas pour te purifier. « Allâh ne veut que vous débarrasser de toute souillure, ô gens de la maison (du Prophète), et veut vous purifier pleinement [11]. » ici, il ne s’agit pas d’un kasb, ce n’est pas quelque chose qui s’obtient suite à un certain nombre d’efforts fournis : c’est un don et une pure grâce (hiba) divine. Ta purification en revanche, c’est une purification qui se fait par voie de kasb. C’est quelque chose que tu gagnes, à la sueur de ton front. Tu dois mettre en pratique et accomplir ce qu’a accompli le Prophète, que tu le comprennes ou non, afin de te purifier, et afin que ta Table (lawh) se purifie, qu’elle te devance, et que tu sois dès lors du nombre des gens du paradis. Parce que si le livre te devance, alors tu deviens des gens du paradis.
Voilà pourquoi « son combustible provient d’un Arbre béni », c’est-à-dire que cette bénédiction, cette baraka, elle est fondamentalement bénie, en elle-même par elle-même, en dépit de qui et de quoi que ce soit d’extérieur à elle. « ni oriental, ni occidental » : elle n’est pas bénie à un certain endroit à défaut d’un autre, ni dans un sens davantage que dans un autre, ni dans une époque à défaut d’une autre. Cet Arbre est béni, peu importe les conditions, et il reste béni, que ça te plaise ou non. Il fournit le combustible à autrui pour briller, et nul ne lui fournit quoi que ce soit pour briller. « son huile semble luire, sans que le feu ne la touche [12]. » c’est-à-dire qu’il n’y a ici absolument aucun kasb. Il n’y a aucun événement extérieur, nul besoin pour l’Arbre que le peuple se réunisse autour de lui et lui prête bay’a, pour que sa Lumière brille. Croire une telle chose n’est que pure ignorance. L’Arbre est béni, moubarak, il reçoit son combustible directement du Seigneur, et il détient l’autorisation d’en fournir et d’illuminer autrui.
Le Prophète, sayiduna al-Mustafa ﷺ, est un Prophète, un Messager, le maître des maîtres… aucune création n’est plus éminente que celle du Prophète ﷺ, ni en terme de beauté, ni en terme de Proximité du divin… tout ceci ne fait pas partie de l’apprentissage du Prophète. A aucun moment tu ne peux penser ou imaginer que le Messager d’Allâh a un jour appris le bon comportement, le fiqh, la Sunna, ou qu’il s’est retiré dans la grotte de Hira pour apprendre le Coran… si tu pensais une telle chose, vraiment tu serais un sombre ignorant.
Plutôt, c’est le Seigneur qui l’a élu et purifié, de toute éternité, de sorte qu’il fut Prophète et Messager avant même que sa forme physique et corporelle n’apparaisse au monde. Il en est ainsi pour l’Arbre. C’est cela que l’on désigne comme étant l’Arbre. Ce n’est pas l’intellect (‘aql). Plutôt, il s’agit de ce qui attise ou éveille les intellects, ce qui leur fournit le combustible pour briller. Il ne s’agit que d’une Parole, dont la base est solidement établie, chez son détenteur. De sorte que le détenteur de la Parole, est lui-même une Parole. Et si le détenteur de la Parole est une Parole… il est le Nom du Seigneur.
Or il se trouve que toi, tu es en quête du Nom Suprême d’Allâh. Tu dis : « Où est le Nom caché d’Allâh ? » Quelle ignorance… le Nom caché d’Allâh, c’est celui qui a fait apparaître ton nom, qui lui a fourni du combustible pour briller, et qui t’a fait revenir d’un état d’insouciance vers un état d’éveil. Mais tu n’as rien saisi. Pourquoi ? Parce que tu as toujours accordé plus d’importance à ce qui est écrit qu’à la plume qui a écrit le livre. Tu as magnifié le livre, et tu as oublié la plume qui s’est agité et qui en a rédigé le contenu.
Donc au travers de ce cours, s’il reste dans ta tête, pour commencer tu veilleras à observer le adab, la convenance qui t’incombe. Deuxièmement, tu réaliseras que tu as effectivement reçu la baraka qui a illuminé ton intellect et élargi ta compréhension, jusqu’à comprendre réellement ce que veut dire le suivi (du Shaykh). Tu comprendras alors le Hadîth de la wilaya, dans lequel le Seigneur dit : « Celui qui voue de l’hostilité à l’un de mes waliy, Je lui déclare la guerre » parce qu’il s’est illuminé lui-même par lui-même, en vertu du verset Coranique : « Allâh est waliy [13] ». Il transmet le combustible à autrui pour briller, cependant que nul ne lui transmet de combustible.
Comment ça, qu’est-ce que ça veut dire ?
Il fait sortir le croyant des ténèbres à la Lumière ! A partir du moment où il sort les gens de la nuit vers le jour, de ce qu’il a de plus bas vers ce qu’il y a de plus élevé, c’est bien qu’il a transmis du combustible. Quant aux gens, ils ne lui ajoutent ni ne lui font diminuer absolument rien de ce qu’il a, quoi qu’ils puissent faire. Donc tout ce que tu peux t’imaginer, ô disciple, lorsque tu considères par exemple : « Moi dans la tariqa, j’ai fait ceci, cela, j’ai dépensé, j’ai réalisé, j’ai accomplis… » moi, je te coupe et résume la réalité en deux mots : tu n’as rien fait. Quand bien même tu aurais dépensé tous tes biens et tous les biens de ta famille. Quand bien même tu aurais œuvré d’arrachepied toute ta vie durant.
Tout ce que tu as accompli en tant que cheminant dans la Voie, n’est jamais qu’un accouplement de ton origine avec ta ramification, faisant apparaître de toi de belles choses, une vie louable, conforme au athar de la risâla… tu t’es ainsi réjoui du athar, et tu as oublié d’où venait le athar. Sois bien conscient de cette réalité.
Maintenant, dans cette assise, tu es gonflé d’une forte aspiration spirituelle (himma), et tu observes le adab parce que tu te trouves dans un contexte et une situation qui ne te permet pas d’agir autrement… mais viendra très vite samedi, dimanche, puis lundi… tu oublieras alors l’origine, et tu resteras attaché à la ramification, de sorte que ce sera comme si tu n’avais jamais entendu, ni jamais su. Tu retourneras à un état de recherche perpétuelle, et tu oublieras le adab dont tu dois faire preuve vis-à-vis de l’Esprit céleste, qui fit revenir ta nafs jusqu’à l’état d’apaisement (nafs moutma’inna).
Tu te présentes comme un ancien, comme un fils d’Adam (‘alayhi s-salâm)… et puisque Allâh enseigna à Adam tous les Noms, toi aussi tu prétends avoir reçu l’enseignement de tous les Noms. Fais-nous donc voir cela, avant que cet accouplement des sens profonds n’ait lieu et avant que la Science que tu reçois ainsi ne t’informe de tes droits et de tes devoirs… apporte-nous ces sciences, ces compréhensions, cette gnose… ou bien, pour diminuer un peu le niveau, rapporte-nous ne serait-ce que les enseignements fondamentaux à venir, dans un futur plus ou moins proche.
Nous sommes aujourd’hui un vendredi de juillet, de l’année 2018. Alors puisque tu es le détenteur des Noms divins… informe-nous des enseignements fondamentaux qui descendront en 2019. Evidemment, tu en es totalement incapable. Tu ne peux pas en rapporter le moindre atome. En revanche, celui qui t’a illuminé peut tout à fait attiser ton for intérieur, de sorte que tu sois en mesure de rapporter des informations… ou au contraire, il peut te laisser dans un état caché, et rien n’apparaîtra de toi. Comprends bien cela.
Que dit sayiduna ‘Ali, au sujet du Point originel, le Point qui a illuminé le Coran tout entier ?
Il te dit que le Coran et tout ce qui s’y trouve est réuni dans la Fâtiha, ou « les sept qui se répètent » (sab’ mathâniy). Et tout ce qui se trouve dans cette Fâtiha, qui réunit tout ce qui se trouve dans le Coran, est lui-même réuni dans la Basmala. Et tout ce qui se trouve réunit dans la Basmala (bismillâh ar-rahmân ar-rahîm), n’est pas réuni dans « Allâh », non… mais plutôt dans « bismillâh », nuance. Lorsque tu dis « Allâh », tu parles de l’Essence, tandis que lorsque tu dis « bismillâh », tu te réfères au Nom de l’Essence, mais il s’agit d’un Nom particulier, différent de tous les autres Noms. Et ce qui réunit tout ce qui concerne ce Nom, c’est le bâ’ ( ب ). Or à l’époque de sayidina ‘Ali, le Coran était écrit sans point. Le bâ’ n’était qu’un arc-de-cercle, ou un croissant de lune. Donc le Secret de « bismillâh », c’est un croissant de lune. Et ce croissant, ou cet arc apparent, sayiduna ‘Ali s’y réfère en disant… non pas que ce qui se trouve dans le bâ’ se trouve dans le point, mais plutôt que le Secret du bâ’, c’est le point ! Le Secret de cet arc, le Secret de cette courbure, ou le Secret de cette manifestation apparente, c’est le point. Et puisqu’à cette époque, le point est complètement dissimulé… où donc est le point ?
Et c’est en ceci que sayidina ‘Ali conclut : « Et je suis le point. » Il te dit qu’il est le point du bâ’…
Mais où est le point du tâ’ ( ت ) ? Peut-être s’agirait-il de sayidina Abou Bakr as-Siddîq (radiAllâhu ‘anhu)…
Où est le point du jîm ( ج ) ? Peut-être est-ce sayiduna ‘Omar (radiAllâhu ‘anhu)…
Où est le point du zay ( ز ) ? Peut-être Abou Hourayra (radiAllâhu ‘anhu)…
C’est-à-dire que les autres points, ce sont les compagnons.
Cependant le point originel, celui qui illumine, qui alimente et dont dépendent tous les autres, c’est le point dont nous a parlé sayiduna ‘Ali (karramAllâhu wajhah). Quant à ces autres points, par rapport au point originel, ils ne restent que des reflets : incapables de se sustenter eux-mêmes par eux-mêmes et irrémédiablement dépendants de l’origine. Le point originel en revanche se suffit entièrement à lui-même et n’a besoin de nul autre que lui. Il n’est là que pour te donner un exemple, conformément au Hadîth Prophétique : « Le croyant est le miroir de son frère [14]. »
Qui est donc le croyant (al-mou’min) ?
A ce moment-là, c’est sayiduna ‘Ali.
Et qui est son frère ?
C’est sayiduna ‘Omar, sayiduna Abou Bakr, et les autres compagnons du meilleur des hommes, sayiduna al-Mustafa ﷺ.
Mais, comment peux-tu gagner et atteindre ce but ultime, comment pourrais-tu savoir comment utiliser ce Secret si tu l’obtenais, ce Secret qui est le point… ?
« Nul d’entre vous ne sera croyant, tant que je ne serais pas plus aimé de lui que ses enfants, que son père, et que tous les gens [15]. » Que tous les gens, cela veut dire y compris soi-même !
Puis, vint sayiduna ‘Omar ibn al-Khattâb (radiAllâhu ‘anhu) qui dit : « Ô Messager d’Allâh, tu es certes (à mes yeux) plus cher que toute autre chose, excepté moi-même. » Il répondit ﷺ alors : « Par Celui qui possède mon âme entre Ses mains, jusqu’à ce que je sois plus aimé de toi que ta propre personne. » ‘Omar dit alors : « Tu es désormais plus cher à mes yeux que ma propre personne. » Il dit ﷺ : « Maintenant, ô ‘Omar. » [16] »
Ceci est bien un Hadîth de sayidina al-Mustafa ﷺ. Mais notez bien à qui a-t-il dit cela. Pas à ‘Ali… détenteur de l’Origine. Plutôt, il adressa cela à sayidina ‘Omar… et il ﷺ n’est pas allé voir sayidina ‘Omar de lui-même pour lui dire cela ! Plutôt, c’est sayiduna ‘Omar qui a commencé par poser la question. Il a pris la main de sayidina al-Mustafa ﷺ et lui a dit : « Par Allâh, je t’aime ! » Mais ce dernier lui a répondu que non… et il lui a alors donné une leçon d’Amour. L’Amour de la Ville de la Science. L’Amour de la Sunna toute entière. L’Amour du Coran et de tout ce qu’il contient. L’Amour de la risâla absolue, comment la comprendre, comment comprendre cette section (charîha), ou ce que l’on appelle également la Poignée de Lumière originelle.
Comment procéder ?
Tu dois pour commencer passer par la porte de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah). C’est-à-dire que ce point originel, ou ce vin enivrant prééternel, tu dois commencer par l’obtenir. Et lorsque tu y parviens… comment t’y prends-tu pour l’utiliser ?
Il faut pour cela que je sois plus aimé de toi que tes biens, que tes enfants, et que toi-même ! Alors, cette grâce originelle que tu as reçue pourra effectivement te permettre de voyager au cœur des domaines de la risâla et de la noubouwa, dans les mondes nobles (‘olwi) et dans les mondes vils (soufli), dans ton passé, ton présent et ton futur, elle nous informera de ce qui te parvient de plus élevé, et tu deviendras alors un véritable Savant, par la magnificence de « et dis : « Seigneur, augmente ma Science » [17]. »
Alors, ton intellect aura vraiment bougé et produit quelque chose. Car l’intellect ne peut pas s’éveiller tout seul. L’intellect est complètement ivre. S’il pouvait s’éveiller tout seul, indépendamment de la source originelle, il n’aurait jamais eu besoin de risâla pour réaliser l’Unicité divine, et depuis la naissance chacun aurait été un adorateur de Allâh. Chaque individu fut créé sur la nature première (fitra) de l’Islâm : voilà la charîha. Malgré cela, l’individu ne peut pas la mettre en pratique de lui-même. Il lui faut pour cela obligatoirement suivre l’intellect supérieur, le messager ou le prophète, qui rapporte ce qu’il rapporte du Seigneur… et c’est à ce moment-là seulement que l’intellect peut produire quelque chose. Il commence à comprendre les versets du Coran, les Hadîths, et les autres types d’expression sacrée.
Retourne donc à ta charîha, et si tu veux savoir si tu as compris ou non… alors ne fais plus rien sur base de ta propre compréhension. Plutôt, efface-la, purement et simplement. Efface ton intellect.
Alors, que devras-tu faire ? …c’est pour cela que je te dis que tu dois absolument magnifier l’Etoile.
Qu’est-ce que ça veut dire, magnifier l’Etoile ?
Si tu la magnifie, tu t’en rapproches… et tu t’imagines que ta proximité d’elle est une proximité spatiale. Il n’en est pas ainsi. Ta proximité d’elle est le fait qu’elle t’attise et t’illumine, qu’elle stimule et fasse ressortir de toi ce qui fait ton passé, ton présent et ton futur.
Dans le cas où elle stimulerait le passé du disciple, on le verrait se lever et raconter par exemple qu’il a eu une vision dans laquelle se manifestait à lui sayiduna ‘Isa, ou sayiduna Moussa (‘alayhima s-salâm)… ou peut-être des choses avant l’Histoire, ou des choses ayant eu lieu avant la création de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm), des animaux, des mondes, etc. A ce moment-là oui, le disciple aura été transporté vers un domaine du passé.
Dans le cas maintenant où l’Etoile stimulerait en lui le futur, alors le disciple se lèverait et raconterait qu’il a vu le paradis et ce qui s’y trouve, l’enfer et ce qui s’y trouve, le Sirât, la reddition des comptes, etc. Il se mettra ainsi à parler et évoquer des événements et des choses relevant de l’inconnaissable (ghayb) futur et à venir.
Enfin, dans le cas où l’Etoile stimulerait le présent du disciple, alors lorsqu’il racontera sa vision il dira avoir vu la Mecque, comme s’il s’y trouvait, avec ses gens, priant, ou faisant le Tawâf, ou marchant dans une autre ville, ou dans un autre pays, mais en cette époque qui est la nôtre. Voilà alors ton présent.
Il y a donc bien un mouvement. Tu as ici un voyage spirituel… bien qu’en réalité ce ne soit pas du tout un voyage, puisque jamais tu n’as bougé de ta place. Tu es assis là, immobile, comme une pierre. Tu sais avec certitude que tu ne bouges pas. Si en revanche tu étais autosuffisant, si tu étais en mesure de t’illuminer de toi-même, alors tu aurais été capable de traverser le temps et l’espace, y compris par le corps physique. Seulement non : tu ne fais que traverser par l’esprit, ton corps physique ne bouge pas.
L’Origine quant à elle, elle traverse, à sa guise, le temps, et l’espace. Vas donc faire des recherches dans les Hadîth de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah), afin de comprendre un petit peu la religion. Considère le cas du Messager d’Allâh ﷺ, lors de son ascension… jusqu’à aujourd’hui, les savants sont en conflit les uns avec les autres : son ascension a-t-elle été par le corps, ou par l’esprit ?
Au final, il fut établi d’un commun accord que l’ascension avait eu lieu par le corps et par l’esprit.
Mais toi, tu n’es pas capable de cela… Toi, tu restes assis à ta place, dans ta khalwa. Si tu traversais vraiment l’espace, alors lorsque le Shaykh entre, il ne devrait pas retrouver la moindre trace de toi. Seulement nous, nous te retrouvons toujours à ta place. Et même, tu te lèves pour nous accueillir avant même que nous n’entrions dans la pièce ! Même cet état d’évanouissement des sens, cet état d’absence spirituelle, tu ne le réalises pas ! A peine nous entends-tu marcher et nous approcher de la khalwa, que déjà tu te tiens prêt : « ah… bienvenu, sidi Shaykh ! » C’est toi qui me salue et qui me passe le salam, et moi qui dois y répondre. C’est-à-dire que toi, tu es plongé dans un état de cantonnement au lieu physique dans lequel tu te trouves… mais malgré tout, tu vois, tu vois des états, des choses relevant du passé, du présent et du futur. Tu ne peux cependant pas dire que tu as voyagé, de ton être tout entier.
Voilà donc ce que l’on appelle l’intellect, et voilà ton livre, ce livre que tu vas lire au Jour dernier. Vois donc avec toi-même, ce que tu vas y lire. Tu ne vas pas y lire tout, depuis le tout début, jusqu’à la fin. Non. Tu vas y lire ce que tu as produit, toi, par ta forme physique.
C’est la raison pour laquelle le livre du ‘Arif est très gros, rempli de bonnes actions. Parce qu’il a utilisé au mieux son temps restreint, et il en a profité pour étudier son histoire, depuis l’époque de « balâ », jusqu’au futur. Or, ce qu’il a déjà étudié, il n’a pas besoin de l’étudier une seconde fois. As-tu déjà vu le détenteur d’un doctorat refaire ses études et réapprendre le programme de primaire ?
Non, une fois son doctorat obtenu, c’est fini c’est bon. En revanche, si tu as étudié et au collège mais que tu n’as pas terminé le lycée, alors tu dois le terminer dans ton futur…
Cela signifie que tout ce que tu auras pu apprendre et assimiler ici-bas, ce sera autant de choses en moins par lesquelles tu seras contraint de passer dans l’au-delà. En ce sens le Messager d’Allâh ﷺ nous informe et nous dit : « Il n’est pas une fatigue ou une maladie, ou un souci, ou une peine, ou un mal, ou une angoisse qui touche le musulman, jusqu’à l’épine qui le pique, sans que Allâh ne lui efface pour cela une partie de ses mauvaises actions [18]. » ou « Celui qui jeûne un jour dans le sentier d’Allâh, Allâh éloigne sa face de l’enfer d’une distance de 70 ans [19]. »
Cela signifie que, cette enveloppe charnelle, cette forme physique qui est la tienne, tu en as besoin.
Le véritable ‘Arif billâh, pleinement réalisé, est celui qui a étudié sa charîha toute entière, qui a fait descendre tout ce qu’il a pu descendre et matérialiser dans le monde physique… et c’est celui-là qui, dans l’au-delà, sera dispensé de toute reddition des comptes, de tout jugement et de tout châtiment. Nous en informe le Hadîth prophétique : « Certes le premier groupe à entrer au paradis sera à l’image de la lune la nuit où elle est pleine, puis ceux qui les suivront seront plus lumineux que l’étoile la plus resplendissante du ciel [20]. » : pas de jugement, pas de châtiment. Parce que tous les comptes ont été rendus, ici-bas.
Nous nous en tenons à cela pour aujourd’hui, et nous implorons Allâh de nous faire don d’un intellect qui soit sur les traces (athar) de l’intellect du Prophète ﷺ.
Allâhumma allume dans nos cœurs de la Lumière, dans notre ouïe de la Lumière, dans notre vue de la Lumière. Fais de nous une Lumière de la Lumière de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah), afin que par lui nous entrions en la Ville de la Science de sayidina al-Mustafa ﷺ, et que nous maîtrisions les enseignements de la Sunna.
Allâhumma accorde-nous la bonne compréhension de la religion, et enseigne-nous le Coran, ô plus miséricordieux des miséricordieux. Fais de nous des gens de sa Science, et de sa mise en pratique, yâ dhul-jalâli wal-ikrâm.
Allâhumma illumine-nous de ce dont tu as illuminé les vertueux, les martyrs, les prophètes et les messagers.
[1] Ce soir-là, sayidi Shaykh n’avait pas préparé son cours comme à l’accoutumé, c’est-à-dire qu’il n’avait pas de support écrit.
[2] Rapporté par at-Tabaraniy et al-Hakim.
[3] Sourate al-Fath, verset 29.
[4] Référence au verset : « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : « Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » Ils répondirent : « Mais si (balâ), nous en témoignons » » [s7.v172]
[5] Rapporté par al-Boukhariy et Muslim.
[6] Sourate al-Noûr, verset 35.
[7] Sourate al-Ahzâb, versets 45 et 46.
[8] Rapporté par Muslim.
[9] Sourate al-Nahl, verset 16.
[10] Rapporté par ibn ‘abd al-Barr, Jâmi’ bayân al-‘ilm wa fadlih.
[11] Sourate al-Ahzâb, verset 33.
[12] Sourate al-Noûr, verset 35.
[13] Sourate al-Baqara, verset 257.
[14] Rapporté par al-Boukhâriy.
[15] Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim.
[16] Rapporté par al-Boukhâriy.
[17] Sourate Tâ-Hâ, verset 114.
[18] Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim.
[19] Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim.
[20] Rapporté par al-Boukhâriy et Muslim.