Le Alif se suffit à lui-même

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و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le Alif se suffit à lui-même

Résumé de l’assise du 23 Mars 2018 / Jumu’a 5 Rajab 1439 [Partie 5] :

[…]
Etant donné donc que ce Tawhid et que cette Loi sont Uniques, le Alif, que nous étudions en ce moment au travers du lâm al-‘ishq est la synthèse absolue de la Risâla, de la Noubouwa, et de la Wilâya. C’est pourquoi sayiduna al-Mustafa ﷺ traça un trait dans le sable, soit un Alif, et dit : « Voici la Voie d’Allâh : suivez-la donc, et ne suivez pas les sentiers. » C’est-à-dire qu’il est le Messager, il est le Prophète, et il est le Saint ﷺ. Suivez la Voie d’Allâh et ne suivez pas les sentiers, à la tête desquels se trouve un Shaytân qui appelle à lui. Quant à cette Voie-là, c’est la Voie de la Risâla, de la Noubouwa et de la Wilâya.

« Guide-nous sur le chemin droit [1]. » Nous disons de ce Alif qu’il est le Alif du Tawhid, c’est-à-dire le Alif indicateur de l’Unicité de l’Unique et Exclusif, ﷻ. C’est ce qui fait de lui la plus noble de toutes les lettres, pour celui qui le considère du point de vue des lettres… et le plus noble de tous les chiffres, pour celui qui le considère du point de vue des chiffres. Quant à celui qui le considère du point de vue des traits, le Alif constitue le plus noble de toutes les traces (athar)… parce que si tu considères un trait, tu te demandes qui a laissé ce trait ?
C’est le Qalam, ou bien le Point trésoriel (al-Noqta al-Kanziya) qui a coulé et a laissé pour toi cette trace du Alif… car originellement, le Alif est un Point. Et celui qui considèrera le Alif comme étant une nouvelle (naba’) prééternelle, il verra en lui un réceptacle (moustaqarr). Parce qu’à partir du moment où le Alif se présente comme un trait, il s’agit d’un trait infini. Et s’il détient cette dimension d’infini, c’est qu’il détient une Proximité du Seigneur.

C’est pourquoi le Alif s’auto-suffit à lui-même, et c’est la raison pour laquelle il n’est pas concrètement lié au reste du Nom divin. Plutôt, dans chaque Nom divin, il se trouve isolé. Et si dans certains cas tu le vois lié au Nom, alors il ne s’agit plus d’un Alif ( ا ) mais plutôt d’un lâm ( ل ). Le Alif s’écrit dans une scission (fasl), dans un espace, dans le chaos (‘ama) : il n’y a rien avant lui, ni rien après lui. Il se suffit à lui-même. Le Alif est ce qui fait apparaître le Nom, et ce n’est pas le Nom qui fait apparaître le Alif… parce que si le Alif est ajouté au nom samî’ (سميع), nous obtenons al-Samî’ (السميع), et tu admets alors que ce Nom est le Nom du Seigneur ﷻ. Si tu retires le Alif, tu n’as plus que samî’ (bien-entendant), et il s’agit alors d’un nom attribuable à la créature. Nous sommes tous bien-entendant… et nous sommes tous néant. Le nom samî’ est par conséquent un nom de néant. L’ajout du Alif confirme et établit le nom en tant que Nom indicateur de l’Attribut et de l’Essence du Seigneur ﷻ, quel que soit ce Nom… car tous les Noms, étant donné que la Loi est Unique, si tu cherches dans leur Haqiqa, tu constateras qu’ils sont tous indicateurs de l’Essence. Bien que, par exemple, on dit du Nom al-Rahmân qu’il s’agit d’un Nom-Attribut, il est malgré un Nom-Essence. Et même si al-‘Alîm est un Nom-Attribut, il est de même un Nom-Essence. Parce que Allâh ﷻ ne saurait être séparé de Ses Noms et Attributs, Lui qui est le Prééternel et l’Incréé. Lorsque le nom se sépare du nommé, ce dernier devient néant, inexistant. Et puisque le Créateur est Prééternel et d’Antériorité absolue, ni Son Nom, ni Ses Attributs ne se séparent de Lui.

Par exemple, on dit : « Untel n’est pas présent avec nous dans l’assise aujourd’hui. » Nous avons bien prononcé son nom. Cette personne, c’est-à-dire son essence, n’est pas présente avec nous au moment où nous l’évoquons… par exemple le faqir al-Hassan (rahimahullâh) qui s’en est allé auprès du Seigneur ﷻ hier… son nom, voilà, je l’ai évoqué : Hassan… seulement il est absent. Il est décédé, qu’Allâh le couvre de Sa Miséricorde. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire qu’il est néant, inexistant. Seulement si tu prononces « Allâh »… Il est avec toi… Il est Persistant… « Je suis dans l’assise de celui qui M’évoque » C’est un Hadîth, tu ne peux le nier ! Autrement dit, si tu recherches l’assise dans la Présence du Seigneur ﷻ, tu dois évoquer Son Nom. Car Son Nom n’est jamais dissocié ni séparé du Nommé…

Le statut et la valeur de ce Alif est donc incommensurable, si tu réalises bien tout cela… car c’est le Alif qui confirme et établit le Nom comme étant un Nom d’entre les Noms du Seigneur, et c’est encore lui qui, s’il se sépare du nom, le fait retourner au statut de nom du néant et inexistant, et non plus le Nom du Seigneur ﷻ… le nom d’untel ou d’unetelle.

Voilà pourquoi le Créateur nous informe, dans la sourate al-Ikhlas : « Dis : c’est Lui (Huwa / هو ), Allâh, l’Exclusif (al-Ahad). » Dans ce verset, nous constatons que le début se fait par le ha ( ه ) c’est-à-dire un anneau, soit un confinement (taqyid) afin de parvenir à comprendre l’illimité (itlâq), l’Unicité (wahdaniya) et l’Exclusivité (ahadiya). C’est pourquoi le Messager d’Allâh ﷺ dit : « Attache-la (‘aqala), puis remets-toi entièrement (à Lui) ». C’est-à-dire que tu dois nécessairement travailler ta religion par l’intellect (‘aql : ce qui attache). Tu dois commencer par l’anneau du confinement intellectuel qui t’est propre. Et plus tu avanceras, plus ton anneau s’élargira… de plus en plus, de sorte que tu réalises que ces anneaux imbriqués les uns dans les autres se conçoivent par paires : celui dans lequel tu te trouves et qui sera ton confinement (taqyid), et l’anneau supérieur auquel tu n’es pas encore parvenu et qui constituera pour toi l’absolu et illimité (itlâq)… bien qu’en vérité tous ces anneaux ne soient que des confinements, et que l’absolu revienne au Seigneur ﷻ, car c’est Lui qui est tel que « rien ne Lui ressemble [2] ».


[1] Sourate al-Fâtiha.
[2] Sourate al-Chu’ara, verset 11.

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