Pas de Science sans réceptacle

بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Pas de Science sans réceptacle

Résumé de l’assise du 2 Février 2018 / Jumu’a 15 Jumada al-ola 1439 [Partie 4] :

Il est impossible à l’intellect de saisir et de comprendre les Sciences qu’il perçoit s’il perd son réceptacle. Si l’intellect venait à perdre son moustaqarr, quand bien même il acquerrait des Sciences, de quelque nature qu’elles soient, il n’aurait nulle part où les stocker. C’est-à-dire qu’il lui faut un dossier, et le dossier de l’intellect, c’est ce moustaqarr. Que dit notre Seigneur à ce sujet ?

« Le jour où Nous plierons le ciel comme on plie le rouleau des livres. Tout comme Nous avons commencé la première création, ainsi Nous la répéterons. C’est une promesse qui Nous incombe, et Nous l’accomplirons ! » [s21.v104]
Attention, reste à la place qui est la tienne !
Quand tu seras entré avec ton intellect, puis ressorti avec, puis lorsque tu auras réunis toutes les informations, c’est-à-dire tous les anneaux, et lorsque tu les auras pliées, à ce moment-là viens débattre avec nous si tu le souhaites. Mais si toi, lorsque ton intellect s’en va, tu n’as rien de ce pliement, alors sache que tu n’as rien du tout. Tu ne peux rien nous ramener, tu ne fais que t’évanouir, sans jamais savoir où va ton intellect, sans jamais ramener aucune compréhension ni aucune information nouvelle. Ton cheminement se limite donc à quelque chose de primitif, superficiel, indécent et honteux : tu n’as jamais pu sortir du cercle, tu n’as jamais pu aller au-delà de l’emplacement où tu te trouves assis.

L’intellect capte les Sciences et la Connaissance ésotérique, mais il est totalement incapable de les garder avec lui. On dit donc, pour vulgariser, qu’il a besoin du cerveau dans lequel il va stocker ces informations. Et nous ajoutons à cela, pour poursuivre sur cette même idée, que la main a un cerveau, l’oreille a un cerveau, le pied a un cerveau, etc. L’intellect va donc venir stocker ces informations dans son moustaqarr, qui n’est autre que le hâ’ al-hawiya qui t’est propre. C’est ainsi qu’il va agencer ces informations dans son réceptacle, et ces informations ne sont évidemment pas de la même nature que celles qu’on retrouve dans le monde créé et fini…

Dès lors, que te reste-t-il à faire ?
Tu te dois d’avoir préparé le moustaqarr, par un entraînement particulier et une certaine manière de faire, afin qu’il soit en mesure de te traduire ces Sciences et les faire passer dans le monde créé, physique et palpable.

Par exemple si toi tu entends… c’est-à-dire, si tu plonges dans une certaine dimension, et qu’un hâtif te parvient… le tout premier type de hâtif qui te parviendra, c’est la vibration de ton tympan. Cela te donnera une impression particulière, comme s’il s’agissait du bruit des vagues sur la plage. Voilà le tout premier exemple perçu par celui qui commencera à plonger dans le domaine des hawâtif (l’ouïe). Tu perçois ainsi le son d’une vague… mais avant de commencer à dire que ce son qui te vient, ce n’est rien, juste une perturbation du système auditif ou je ne sais quelle explication sortie de ta bien-pensance philosophique… les choses sont simples : puisque ce qui t’est parvenu renvoie à l’océan, et bien travaille et considère l’océan !
Dans l’océan, il y a les marées, montantes et descendantes. Et qu’est-ce qui est à l’origine des marées ?
C’est la lune… et toi aussi, tu vois la Lune ! Parce que les perceptions auditives ne peuvent pas te parvenir tant que ta Lumière n’est pas devenue semblable à la Lune, c’est-à-dire tant que ta michkâte ne s’est pas remplie de Lumière jusqu’à devenir une Lune. C’est après cela que tu pourras éventuellement percevoir des sons.

Travaille donc sur les marées, montantes et descendantes. Et sachant que c’est la Lune qui est la cause de ces marées… considère et médite sur le Hadîth suivant :
« Celui qui dit « SubhânAllâhi wa bihamdihi » cent fois par jour sera pardonné de tous ses péchés, même s’ils étaient équivalents à l’écume de la mer. » [Rapporté par Muslim]

Il faut donc que tu travailles sur ce type de dhikr. Evidemment, tu commenceras par prendre le idhn, et tu te consacreras à la pratique d’un dhikr particulier : ou bien « SubhânAllâh », ou bien « al-hamdulillâh », ou bien « lâ ilâha illa Allâh », ou bien « Allâhu Akbar »… Evidemment, tu garderas la pratique du Nom « Allâh » pour le dernier tiers de la nuit, que tu consacreras exclusivement à la contemplation, à la recherche de cette abstraction totale et de non ressenti absolu, à la mouchâhada et à la quête de la Connaissance de l’Essence divine… et puis dans un second temps tu travailleras sur ce dhikr supplémentaire, par exemple au milieu de la nuit, ou bien durant la journée, afin que s’ouvrent tes perceptions auditives. Et après avoir été un océan, ces perceptions deviendront une station de la Lune qui t’informera de ce qui s’y trouve en terme de hawâtif célestes. C’est ainsi que tu commenceras à entendre… tu entendras différentes langues, différents langages, certains que tu comprendras car similaires à ce que tu connais, d’autres que tu ne comprendras pas…

Le réceptacle (moustaqarr) et sa quintessence (l’intellect) sont donc en vérité deux choses parfaitement opposées, mais qui en même temps ne sauraient être séparées l’une de l’autre. Et cet intellect (‘aql) dont nous n’arrêtons pas de parler… al-‘aql, al-‘aql, al-‘aql… si l’on retourne au markaz du Alif al-Mouqaddar, selon la Lecture du lâm al-‘ishq par le markaz de la Wilâya, on constatera que l’intellect est la Wilâya, et que le moustaqarr (les 5) est la nouvelle (al-naba’). C’est donc comme si ce moustaqarr tirait son naba’ dans la source de la Wilâya. Cela lui parvient sous la forme d’une Science latente, occultée dans le moustaqarr de la Noubouwa. Puis, lorsque nous étudierons le maqâm de la Risâla, nous mettrons en évidence comment se fait la sortie du naba’ vers le monde physique. Dès lors, cela deviendra une risâla palpable.

On considère que lorsque sayiduna al-Mustafa ﷺ a réalisé l’ascension avec sayidina Jibrîl (‘alayhi s-salâm), il le fit en tant qu’intellect. Il est parvenu à quelque chose puis s’est arrêté, et il a transpercé et transcendé l’état suprême qu’est l’Esprit, accédant ainsi à al-Muntaha, où il pria. Or, sa prière à al-Muntaha ne fut pas comme notre prière d’ici-bas. Il prit cette prière dans un état latent et subtil, et la descendit jusqu’au cinquième ciel, c’est-à-dire jusqu’au moustaqarr du hâ’ al-hawiya de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm). C’est pourquoi nous disons que le degré spirituel de sayidina Moussa (‘alayhi s-salâm) est bien le cinquième ciel, tandis que le sixième est celui de sayidina Hâroûn (‘alayhi s-salâm), puis le septième revient à sayidina Ibrâhîm (‘alayhi s-salâm)…

Donc lorsque sayiduna al-Mustafa ﷺ descendit jusqu’au cinquième ciel, c’est comme s’il était descendu avec une force subtile, qu’il vint déposer dans le moustaqarr que constituent les cinq sens : l’ouïe, la vue, la parole, la main et le pied, constituant ainsi le cercle. Et qu’a dit cet anneau, ce moustaqarr de la Noubouwa dans le cinquième ciel, qu’a-t-il dit à l’intellect supérieur ?
Il lui dit : « Nous ne sommes pas capables de travailler à l’accomplissement de 50 prières : tu dois diminuer » et par cette demande de diminution, on constate qu’ici a commencé la traduction, ici a commencé la compréhension, la Science, et la descente finale… jusqu’à ce qu’il la fit apparaître dans sa forme physique la plus concrète (qiyâm, roukoû’ et soujoûd). Le tout fut réuni en seulement cinq prières, qui sont les cinq prières auxquelles nous travaillons depuis nos moustaqarr primaires.

Malgré le passage de cinquante à cinq, la récompense est demeurée telle quelle. Elle n’a pas changé. Pourquoi ?
Tu t’imagines peut-être que la récompense n’a pas changé parce que ta prière le mérite ? Ou parce que ta concentration et ta dévotion font que tes prières valent bien cela ?
…si on devait estimer la récompense de ta prière à la mesure de ta concentration et de ta dévotion, tu ne parviendrais même pas à en obtenir un degré… alors que dire de 50 !?
En vérité, tout ceci n’est possible que par l’intermédiaire et par la force du Prophète ﷺ. C’est lui qui a travaillé et a établi cela, afin que cela reste, pour toi comme pour moi, la force équivalente de cinquante prières réunies en l’accomplissement de seulement cinq prières dans le monde physique.

Disions-nous, le réceptacle (moustaqarr) et sa quintessence (l’intellect) sont inséparables… ou, exprimés autrement : le hâ’ et son markaz. Ou encore, le moustaqarr de la Noubouwa et la Source (manba’) de la Wilâya. Ils ne peuvent être séparés l’un de l’autre. Si le moustaqarr est perdu, le naba’ ne peut être saisi. C’est pour cela que, si tu viens nous dire que tu détiens le manba’ de la Wilâya, mais que tu n’as pas de moustaqarr… tu n’as rien du tout. C’est en ce sens que nous disons que notre Tariqa est la Tariqa de la Khatmiya. Mais que veut dire Khatmiya ?
Cela renvoie au moustaqarr : notre Tariqa a un moustaqarr, elle a un cercle. Et dès lors, nous sommes en mesure de faire apparaître des choses, d’établir des fondements, d’innover en terme de Sciences ésotériques.

Quant à celui qui vit une aspiration et un ravissement intérieur, et qui s’imagine qu’il est un Waliy et qu’il détient une Source… tu ne sers à rien ! C’est pour cela que l’on dit de celui qui est dans un état de ravissement (majdhoûb) qu’il n’est utile ni à autrui, ni à lui-même. Quel fondement vas-tu établir ainsi, que vas-tu construire, que vas-tu faire apparaître, que vas-tu toucher ?

Quant à celui qui a la Source (manba’) et le réceptacle (moustaqarr), celui-là peut faire apparaître des choses, une méthodologie, une Voie… il peut élever les gens et leur faire réaliser l’ascension spirituelle, les faire sortir des ténèbres vers la Lumière… ! voilà pourquoi on constate qu’il n’y a rien de plus banal parmi les disciples de la Tariqa Karkariya que de les entendre parler des visions qu’ils ont eues… seulement, ce n’est pas toi qui as vu ! Cela t’est parvenu de la Source de la Wilâya, au travers du moustaqarr de la Noubouwa, et c’est ainsi que tu as pu voir, d’une facilité enfantine. Tu as juste à te réunifier toi-même avec ton Shaykh, et voilà que tu te mettras à recevoir… Tu recevras des flux spirituels multiples et innombrables.

C’est également ce que tu obtiens de ta prière, à condition toutefois que tu prennes pour Imâm sayidina al-Mustafa ﷺ ! Car il te dit : « Priez comme vous m’avez vu prier. » [Rapporté par al-Boukhâriy] Si par contre tu prends ‘Abbâs ou Qaddour comme imam, tu restes sans rien du tout ! Tu ne profiteras d’absolument rien de ta prière ! Voilà pourquoi, lorsque tu t’établis dans le suivi de celui qui détient le plus grand horizon en terme de manba’ de la Wilâya et de moustaqarr, les flux spirituels te parviennent très rapidement. Et à ce moment-là tu constateras que ce moustaqarr… c’est-à-dire ce sur quoi travaille la Tariqa depuis une dizaine d’années, à savoir la mise en évidence du hâ’ al-hawiya… tu constateras que tout ceci n’aura été que l’entraînement et la réalisation de « et lorsque Je l’aurai façonné… » [s15.v29]. Lorsque je l’aurai façonné, c’est-à-dire lorsque je t’aurais façonné et fait de toi un anneau (khatam), ou un moustaqarr… alors surviendra l’insufflation de l’Esprit : « et lorsque Je l’aurai façonné et lui aurai insufflé de Mon Esprit » [s15.v29]. C’est à ce moment-là que surviendra l’insufflation du Savoir et de la Sagesse spirituelle, faisant de toi le dépositaire d’une multitude de Sciences ésotériques.

Si en revanche tu contredis ou si tu n’es pas conforme à ce façonnage, le Souffle de l’Esprit ne pourra pas te parvenir, non plus que le flux spirituel du Shaykh ou sa Science. C’est pourquoi nous disons que le disciple doit s’effacer et disparaître, plonger et s’immerger entièrement dans le parfait suivi de son Shaykh… mais évidemment, le prétendant à la Voie se laisse entraîner par sa philosophie de bas étages et son conformisme, et il dit « c’est pas grave… ça ne fait rien si je suis untel et untel et untel… ».
Dès lors, son moustaqarr est divisé, et c’est ce qui explique que lorsqu’il commence et se met à faire du dhikr, il ne voit pas le moustaqarr ! Il ne lui vient qu’une lueur… ou une lueur… ou une lueur… ou une lueur. Il est totalement incapable de réunifier le tout, quand bien même il s’y emploierait toute la nuit !
Et à peine s’est-il effacé et a-t-il fondu dans le Shaykh, que son moustaqarr est réunifié. Ses anneaux sont réunis, son manba’ apparaît, son Etoile descend, et il se met à révéler et faire apparaître une multitude de choses nouvelles et exclusives.

C’est pour cela que nous parlons toujours de ceux qui ont ce qu’on appelle le taslîm… et le taslîm, c’est ce qu’on pourrait apparenter à un suivi aveugle. Que te permet d’atteindre ce suivi aveugle ?
Il te mène au façonnage du moustaqarr. Ceci fait, l’Etoile descend dans ton cœur et y fait apparaître et jaillir une multitude de Connaissances. Mais à partir du moment où toi, tu t’acharnes et tu te cramponnes frénétiquement à ton conformisme primaire, à tout ce que tu as acquis depuis ta naissance jusqu’à nos jours, tu es complètement incapable d’établir ce moustaqarr. Tu restes donc dans ton état primitif, superficiel, sans jamais dépasser le stade de débutant.

Ne viens donc pas voir le Shaykh pour lui dire « Yâ sidi Shaykh pourquoi moi… »
Au contraire, c’est plutôt à moi de venir te voir et de te demander pourquoi tu ne veux pas réunifier ton moustaqarr !? « Mon petit, pourquoi ne veux-tu toujours pas réunir ton anneau ? Pourquoi… !? » C’est à moi de te poser cette question, pas le contraire !
Toi, tu n’as même pas la légitimité de dire quoi que ce soit. Parce que c’est toi qui as un problème, c’est toi qui es éloigné, c’est toi qui es incapable de te débarrasser de ta méthodologie passée, de ton conformisme et de tes habitudes acquises… tu es incapable de changer tes habitudes au niveau de la nourriture, au niveau de la pensée, c’est toi qui ne peux pas… quant au disciple qui délaisse tout cela, très vite, il s’élève, il obtient ce qu’il cherche, et il continue de s’élever… ils ont commencé à rédiger des dossiers, à écrire des livres… et toi tu es toujours là : « Pourquoi moi… ? » Mais c’est à moi de te demander pourquoi !

Le Seigneur est jaloux (ghayoûr), Il ne tolère pas qu’on Lui associe quoi que ce soit ! Jamais ! Jamais l’Amour d’Allâh ne pourra pénétrer ton cœur, tant que s’y trouve l’amour de Drissiya, ou l’amour de Driss, ou quelque chose d’autre… Impossible !

Le cœur doit obligatoirement être construit sur un seul et même objectif. S’il est construit sur un objectif infini et absolu, ce doit être sur l’Essence divine. Et s’il est construit sur un objectif fini, ce doit être sur une Science particulière.

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