أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله
« Si tu voyais Abou Yazîd une fois, cela vaudrait mieux pour toi que de voir Allâh 1000 fois »
Résumé de l’assise du 12 Octobre 2018 / Jumu’a 2 Safar 1439 [Partie 3] :
Considérons la parole de Abou Tourâb an-Nakhchabiy adressée à son disciple : « Si tu voyais Abou Yazîd une fois, ce serait mieux pour toi que de voir Allâh 1000 fois. » Pour te secouer un petit peu, nous te rapporterons les paroles des Shouyoukh… pour te coudre la bouche, parce que tu parles vraiment beaucoup trop. Et c’est systématique : dès lors que le disciple ne comprend pas ce qui relève de la Haqiqa, il jette l’anathème sur ce qu’il ne saisit pas et associe cela à de la pure hérésie (zandaqa). Commence d’abord par connaître qui est Abou Tourâb an-Nakhchabiy. Alors, de là, tu auras une idée de qui est Abou Yazîd. Puis, considère ton degré spirituel comparé au leur. Considère la place qui est la tienne, avant de porter un jugement sur ces sommités.
Donc le Shaykh Abou Tourâb an-Nakhchabiy dit à son disciple « Si tu voyais Abou Yazîd une fois, ce serait mieux pour toi que de voir le Seigneur Tout-Puissant 1000 fois. » Immédiatement, le disciple fut épris d’admiration et de vénération (ista’dhama). Il ne fut pas étonné… parce que lui, il fait partie des gens de cet art qu’est le soufisme. Au contraire, dans son cœur fut magnifié le désir de rencontrer Abou Yazîd, afin de pouvoir le voir et comprendre la parole de son Shaykh.
En effet, ce disciple était du nombre de ceux qui contemplaient le Vrai ﷻ, c’est-à-dire qu’il était de ceux qui percevaient et comprenaient Ses théophanies. Il était de ceux qui comprenaient « Chaque jour, Il est dans un état propre [1]. », il était de ceux qui comprenaient « Tout ce qui est sur elle est anéanti (fân), seule demeure la Face de ton Seigneur [2]. » il comprenait tout cela d’une compréhension véritable, c’est pourquoi il fut d’autant plus profondément épris par la perspective d’atteindre la vision de Abou Yazîd (radiAllâhu ‘anhu)… jusqu’au jour où effectivement, il le vit. Et lorsque Abou Yazid le regarda, il ne le vit pas d’une vision de chose vers une autre chose. Plutôt, ce fut une vision de ravissement (jadhb) propre à Abou Yazîd. Et il la vit dans le cœur de ce disciple.
La vision de ravissement des gens de l’élite portée sur les aspirants est une contemplation du Vrai… mais ce disciple réalisa cette contemplation dans le miroir de Abou Yazîd. C’est-à-dire qu’il avait l’habitude de contempler les théophanies du Seigneur dans le miroir de son cœur… mais ce jour-là, vint le temps pour lui de connaître cette Haqîqa ultime vers laquelle le renvoyait son Shaykh. Abou Yazîd le regarda d’une vision de ravissement, de sorte qu’effectivement le disciple fut ravi, et le Vrai Se manifesta à lui dans le miroir de Abou Yazîd.
Sur le champ, le disciple de Abou Tourâb an-Nakhchabiy fut foudroyé, et il mourut. Il ne put supporter la vision de Abou Yazîd. Ce dernier dit alors à son professeur, Abou Tourâb : « Ton disciple contemplait Allâh à la mesure de son propre prisme. Mais lorsqu’il nous vit, il Le vit à la mesure de notre prisme. Ne pouvant supporter cela, il mourut. »
Si tel est l’état du miroir de Abou Yazîd, que dire alors du miroir de sayidina al-Mustafa ﷺ ?
La vision que portait al-Mustafa ﷺ sur les compagnons différait d’un compagnon à l’autre.
C’est la raison pour laquelle, lorsque tu cherches les descriptions de la Beauté du Prophète faites par les compagnons, tu constates que chacun l’a décrit à la mesure de son propre prisme. Ils ne partageaient pas tous une seule et même description. Chacun décrivait ce qu’il avait été capable de voir de lui. Si l’on s’étonne donc de l’histoire de cet aspirant qui contempla la théophanie par le miroir de Abou Yazîd, alors que dire du miroir de al-Mustafa ﷺ, qui est la synthèse de l’ensemble des miroirs des prophètes et messagers, des anges rapprochés ainsi que des awliya vertueux… car même si l’on considère l’éminence de l’aboutissement du degré atteint par les awliya, n’oublions pas dans l’aboutissement (muntaha) de qui ceci fut atteint !
Effectivement, c’est dans le muntaha de sayidina al-Mustafa ﷺ, puisqu’en arrivant à sidrat al-muntaha il dit ﷺ, depuis le miroir qui est le sien : « Que la paix soit sur nous ainsi que sur les serviteurs d’Allâh vertueux. » les serviteurs d’Allâh vertueux sont donc ceux qui ont contemplé le Seigneur ﷻ depuis le maqâm de muntaha du Prophète ﷺ. Parce que lorsque sayiduna al-Mustafa ﷺ parvint au maqâm de muntaha, il dit : « Tu es tel que Tu T’es Toi-même décrit. » et qu’est-ce qu’il trouva à ce maqâm de muntaha ?
Il trouva les serviteurs d’Allâh vertueux.
Cela veut bien dire qu’eux aussi sont parvenus… mais pas par leurs efforts personnels. Plutôt, ils furent aspirés par la force de ravissement du Prophète ﷺ. C’est ainsi qu’ils contemplèrent le Vrai, de la vision du Prophète ﷺ, et alors ils accomplirent un qiyâm, un roukoû’ et un soujoûd, à sidrat al-muntaha, par le maqâm du Prophète ﷺ. Cela ne veut pas dire que leur maqâm est plus élevé ou plus noble, mais plutôt qu’ils sont fusionnés et inclus (mundarijoun) dans son maqâm.
Il est donc l’ensemble de tous les gens, celui en qui tous viennent puiser, et la quintessence de tous. Raison pour laquelle les gens de la pleine réalisation spirituelle (ahl at-tahqîq) affirmèrent que la contemplation d’Allâh ﷻ dans le miroir de sayidina al-Mustafa ﷺ est la plus grande de toutes les contemplations qui soient.
La vision du Prophète ﷺ est la cause de l’élévation dans la contemplation du Vrai ﷻ. Ainsi, celui qui s’élève dans la vision du Prophète ﷺ, en augmentant en cela à chaque vision, augmente de même en degré de contemplation du Vrai ﷻ. Et à l’inverse, la contemplation du Vrai diminue de même que diminue la compréhension, la proximité et l’état d’extinction (fana) dans la vision du Prophète ﷺ. Donc si tu veux venir prétendre à l’amour d’Allâh… sache que c’est tout bonnement impossible, tant que tu ne te seras pas éteint dans l’amour du Prophète ﷺ.
« Moi, je veux connaître Allâh »… mais c’est impossible si tu n’as pas réalisé l’extinction dans la connaissance de al-Mustafa ﷺ… et tu ne t’éteindras en al-Mustafa ﷺ qu’en adoptant son khuluq et en le suivant en toute chose. Ainsi, il se peut que l’individu consacre sa vie toute entière à la quête de la vision de sayidina al-Mustafa ﷺ, jusqu’à s’y consumer et s’y éteindre entièrement (fana)… et au dernier jour de sa vie, peu avant de rendre l’âme, il finit par recevoir l’ouverture spirituelle (fath) et il accède à la vision du Vrai ﷻ … c’est-à-dire qu’il reçoit le fath de la vision, mais un fath accompagné bien sûr de compréhension de ce qu’il voit, comme c’est le cas du disciple dans notre Voie lorsqu’il fait la khalwa.
Alors, comment cette personne est-elle parvenue à cela ?
Sachant qu’il a consacré sa vie toute entière et s’est éteint dans la quête de cette vision du Prophète ﷺ… Ce fath lui parvient, aux derniers instants de sa vie, comme pour confirmer la fermeté de sa détermination et son endurance. Ainsi donc, lorsque viennent ses dernières heures, il accède non pas à la vision du Prophète ﷺ, mais directement à celle de la théophanie du Seigneur, par laquelle il accède et comprend le secret de la divinité.
Alors, grâce à quoi est-il parvenu à cela ?
Il est parvenu parce que sa vie toute entière a été consacrée à sa quête de la vision du Prophète ﷺ.
C’est bien là tout le problème du disciple ! Si l’aspirant ne s’est pas consumé et éteint dans l’amour de la conformité au khuluq du Prophète… il reniera le secret du Seigneur, il reniera Ses théophanies, sans même en être conscient, et il en viendra à mépriser ce privilège et cette prévalence spécifiquement accordée à al-Mustafa ﷺ. C’est ici que tu comprends pourquoi, dans la Tariqa, la partie supérieure du Alif al-mouqaddar revient au Prophète ﷺ, pourquoi cette spécificité n’a pas été présentée dans le hâ’ al-hawiya, pourquoi nous l’avons associé au lâm al-‘ishq, au lâm al-ma’rifa et au Alif indicateur de l’Unicité divine… et lorsque tu auras complété ces lectures dans l’ensemble de leurs dimensions, tu comprendras le sens profond de ce Nom et ce qui lie toutes ces lectures entre elles.
Car « lâ ilâha illa Allâh » est suivi de « Muhammadun rassoûlullâh ﷺ « … rends-toi compte qu’il y a ici une répétition du Nom divin Allâh. Dans « lâ ilâha illa Allâh » on retrouve la négation absolue de « lâ ilâha », puis l’affirmation de l’établissement du Seigneur ﷻ. Tandis que « Muhammadun rassoûlullâh ﷺ « fait apparaître l’intermédiaire (wâsita) ultime, suivi de la mention une seconde fois du Nom divin. Il aurait tout à fait pu être dit : « lâ ilâha illa Allâh, Muhammadun rassoûluh / Point de divinité en dehors d’Allâh, Muhammad est Son messager ». C’est possible, linguistiquement parlant, la phrase est correcte.
Mais alors, à quoi est due la répétition du Nom Allâh ?
Il ne fut répété que dans le but de te faire comprendre le sens de la théophanie du Nom Allâh, et pour que tu comprennes le sens de la persistance (baqa) du Nom Allâh et de l’évanescence (fana) des divinités naissant des pensées et autres. La connaissance du Vrai ﷻ au travers du miroir de al-Mustafa ﷺ est à distinguer de la connaissance du Vrai ﷻ dans des théophanies autres. C’est-à-dire que le Seigneur ﷻ Se manifeste à toi chaque jour dans une multitude de théophanies : « Chaque jour, Il est dans un état propre [3]. », mais ces manifestations sont à distinguer des manifestations de al-Mustafa ﷺ. C’est la raison pour laquelle, dans l’éducation spirituelle de l’aspirant, nous insistons beaucoup sur les quatre exemples. Tu n’as de cesse de répéter « Je vois ceci, je vois cela… » mais nous, ce qui nous importe, c’est la Niche, la Lampe, le Cristal et l’Astre de grand éclat.
Pourquoi ?
Parce que voir cela, c’est voir la théophanie que le Seigneur ﷻ a Lui-même décrit.
[1] Sourate ar-Rahmân, verset 29.
[2] Sourate ar-Rahmân, verset 27.
[3] Sourate ar-Rahmân, verset 29.