بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Sayiduna al-Khidr, ou la Science de changer le Destin

Résumé de l’assise du 16 Mars 2018 / Jumu’a 28 Jumada II 1439 [Partie 5] :

[…]
C’est ce qui transparait de sayidina al-Khidr (‘alayhi s-salâm), avec le sabotage du bateau, le meurtre de l’enfant et la construction du mur, comme cela est mentioné dans la sourate al-Kahf. Ce sont ces trois degrés mis en évidence par sayidina al-Khidr (‘alayhi s-salâm), et si toujours nous nous basons et nous revenons vers ces versets, c’est parce qu’ils sont ce qui nous donne une image concrète et évidente de ce qu’est la Wilâya. Ces trois choses donc, si tu les considères de près, tu te rendras compte qu’elles sont venues comme pour changer une destinée sur le point de se réaliser. Comme si sayiduna al-Khidr (‘alayhi s-salâm) avait ainsi changé ou modifié le destin (qadar). Par exemple, s’il n’avait pas saboté le bateau, le roi s’en serait emparé. Et s’il n’avait pas tué l’enfant, une calamité aurait affecté ses parents : peut-être les aurait-il tués, ou peut-être les aurait-il fait sortir de l’Islam. Et s’il n’avait pas reconstruit le mur qui était sur le point de s’effondrer, alors le trésor qui se trouvait au-dessous serait revenu à des personnes qui n’en étaient pas dignes.

Le Waliy est donc venu, et il a accompli quelque chose de bien spécifique… ceci, évidemment, par la Permission du Créateur ﷻ. Si tu t’en remets à la Haqîqa ultime, tu dis : « Tout vient d’Allâh » [1]… mais si tu reviens au rapport de cause à effet, tu dis « Tout bien qui t’atteint vient d’Allâh, et tout mal qui t’atteint vient de toi-même. » [2], et à ce moment-là tu entres dans la considération des opposés. Quel va donc être ici le rôle de sayidina al-Khidr (‘alayhi s-salâm) ?
Il va saboter le bateau afin d’empêcher au roi de s’en emparer. Il va tuer l’enfant pour que sa famille puisse vivre une vie qui leur sera préférable à celle qu’ils auraient eue avec lui, et le Seigneur leur donnera à la place un enfant pieux… soit dit autrement, il a supprimé le mauvais pour le remplacer par le bon. Et finalement, il a reconstruit le mur qui était sur le point de s’effondrer afin que le trésor caché sous lui finisse par revenir à ceux qui en sont dignes.

Qu’a donc fait ici sayiduna al-Khidr ?
Il s’agit de quelqu’un qui comprend les liens entre les choses… quant à celui qui ne les comprend pas, il s’en tient toujours aux formes et aux apparences du Moulk, et lorsque ces apparences viennent contredire ce que tu crois être juste et correct, tu protestes en disant que ceci n’est pas logique, que ce n’est pas conforme à la Loi divine, et que ce n’est pas ce que le Seigneur ﷻ a voulu. C’est cela même qui s’est produit pour notre Prophète et Messager, sayiduna Moussa, lorsqu’il vint contredire et s’opposa à sayidina al-Khidr (‘alayhima s-salâm). Moussa s’en était tenu aux apparences que les perceptions de son cœur lui permettaient de saisir, mais qui différaient des perceptions que saisissait al-Khidr (‘alayhi s-salâm). Sayiduna al-Khidr savait comment ajouter ou retirer, comment changer les choses, comment les faire apparaître ou les dissimuler… et à partir de là, il était en mesure de changer les formes apparentes des choses dans le monde fini, et ce conformément à ce qu’il y avait de mieux pour autrui.

Alors nous ne pouvons pas dire que sayiduna al-Khidr (‘alayhi s-salâm) va venir et modifier l’univers tout entier, ça c’est impossible… cependant, il a bel et bien la capacité d’influer et d’agir en ce dernier à sa guise. C’est-à-dire qu’il détient un réceptacle (moustaqarr) spécifique dans lequel le Créateur ﷻ lui révèle ce qu’Il lui révèle… sans que tes pensées de bas étages ne rapportent qu’il s’agit ici de chirk manifeste… ce dont nous parlons, c’est une Science ! …ou encore que ceci est de la sorcellerie… la sorcellerie, Moussa (‘alayhi s-salâm) en fut accusé, mais pas al-Khidr, jamais !

Comprends bien qu’il s’agit ici de Science. Toi-même, lorsque tu rapportes du bois et que tu en fais des objets, des ustensiles et autres dont tu te sers chez toi… toi aussi, tu modifies l’ordre des choses ! Tu as modifié l’arbre, et tu en as fait un tabouret, une étagère et une table. Alors que va-t-on dire ? Toi aussi tu as modifié l’ordre des choses établi par le divin, parce que Allâh ﷻ n’a pas créé d’arbre en forme de tabouret ou en forme de lit… Evidemment, il n’est pas correct de dire une telle chose. Bien au contraire, tu as ainsi travaillé et tu t’es rendu utile pour l’humanité, tu as mis en application une science, et tu as ainsi servi et comblé le besoin d’autrui. Tu as innové en construisant un tabouret, une table, une étagère etc… mais la base fondamentale reste telle quelle : le bois provient de l’arbre, et toi tu restes avec la science qui t’a permis de changer et modifier un certain ordre des choses.

Voilà pour ce qui concerne le monde apparent (dhâhir)… et il en est de même pour le monde occulté (bâtin). Les gens du bâtin ont changé des choses pour les gens du dhâhir, grâce à ce que Allâh ﷻ leur avait enseigné au sujet des nawâmis du bâtin. Et c’est pour cette Science que manifesta sayiduna Adam (‘alayhi s-salâm) que les anges se jetèrent devant lui prosternés.

La science du monde apparent, soit la science liée au domaine matériel et physique, et la science du monde Laduni, sont en réalité intrinsèquement liées l’une à l’autre. La preuve claire et limpide de ceci se trouve dans la sourate al-Kahf, plus précisément dans les versets du récit de sayidina al-Khidr. Il œuvrait dans des choses apparentes, mais lorsque sayiduna Moussa le questionnait, il le retournait vers une réalité inconnue (ghayb), disant qu’il s’agissait d’un Ordre lui parvenant de son Seigneur… et que s’il avait laissé les choses telles qu’elles étaient, ceci et cela se serait produit.

Les sciences exotériques et ésotériques et toutes leurs composantes sont donc intrinsèquement liées les unes aux autres, soumises à un même règlement et à un même ordre renvoyant à l’Unicité de l’Initiateur de tout cela… et cette Loi ou ce règlement, c’est la Sunna d’Allâh dans Sa création, une Sunna qui n’est pas sujette au changement. Ta connaissance de ces liens entre les choses, c’est ta connaissance de la Sunna d’Allâh. Cela ne veut pas dire que tu connais ou que tu t’associes (chirk) à la Science d’Allâh ! Au contraire, Allâh ﷻ a ouvert pour toi le domaine de la Science, afin que tu sois au fait de la Sunna du Créateur ﷻ, selon laquelle Il a établi cet univers.

…à suivre…

[1] Sourate al-Nisâ’, verset 78.
[2] Sourate al-Nisâ’, verset 79.