بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Ne confonds pas la nature des choses et leur Haqiqa !
Résumé de l’assise du 23 Mars 2018 / Jumu’a 5 Rajab 1439 [Partie 2] :
[…]
Disions-nous, la science est véritablement considérée comme telle dans la mesure où elle mène l’individu à la réalisation de l’Unicité du Créateur. Parce que c’est là cela même pour quoi nous fûmes créés. Et il faut bien distinguer la Connaissance ésotérique (ma’rifa) de la Science (‘ilm) : la ma’rifa peut tout à fait être sujette à divergence, parce que son but est la quête de l’Origine… et l’Origine, c’est la Science (‘ilm). Al-‘ilm est donc la base fondamentale de la ma’rifa. Tu seras considéré comme un chercheur dans le domaine de la ma’rifa, jusqu’à ce que tu parviennes à l’Origine de cette ma’rifa, et dès lors on considèrera que tu seras parvenu à « al-‘ilm ». Donc lorsque tu entends « et Il enseigna à Adam tous les noms », cela veut dire qu’Il ﷻ lui transmit l’Esprit de la ma’rifa. Quant à ta quête et ta recherche dans le domaine des Noms divins, elle est considérée dans ton cas comme de la ma’rifa. Si tu parviens à la Poignée (qabda) divine insufflée qui est parvenue à Adam (‘alayhi s-salâm), alors on considèrera que tu es parvenu à cette Science.
La ma’rifa peut tout à fait être sujette à divergence, parce que son but est la quête de l’Origine… et l’Origine, c’est la Science (‘ilm), qui quant à elle est exempte de toute forme de divergence ou d’opposition, puisqu’il s’agit du fondement de l’ensemble de toutes les filières de la connaissance, et que toutes les filières découlent d’elle. La Science est ce qui les réunit toutes, ce qui établit le lien entre leur commencement et leur fin. La Science provient d’Allâh ﷻ et est accessible au travers des différentes filières de la connaissance s’opposant les unes aux autres dans la quête de la persistance (baqâ).
C’est grâce aux opposés que l’on réalise que le Seigneur est tel que rien ne Lui ressemble. Toi, tu ne peux pas réunir deux parfaits opposés en un même instant… contrairement à notre Seigneur ﷻ : Il est le Premier et le Dernier, l’Apparent et le Caché. Quant à toi… si tu es présent, tu es forcément apparent. Et si tu es absent, tu deviens nécessairement caché. C’est différent pour notre Seigneur ﷻ : « Et Il est avec vous, où que vous soyez [1] », ou encore : « et Nous sommes plus proche de lui que sa propre veine jugulaire [2] »… et si tu coupais cette veine jugulaire, dans la quête de ton Seigneur, on constaterait que tu n’aurais plus aucune existence… tandis que notre Seigneur, Lui, demeure éternellement Présent et Existant. Tu le concurrences par ton existence, mais malgré ton entêtement à exister, tu n’as aucune part dans cette existence… et Il demeure quant à Lui Existant, en dépit de ton existence. Il est notre Seigneur… quant à toi, tu es et tu demeures incapable de réunir deux natures fondamentalement opposées en même temps. Si tu parvenais à atteindre ce Secret, alors nous dirions que tu as obtenu la Science des Noms. Mais évidemment, tu en es incapable. Parce que si tu le pouvais, tu viendrais concurrencer Adam (‘alayhi s-salâm)… et dès lors, nous nous retrouverions avec deux Adam. Or, nous ne connaissons qu’un seul Adam, unique… le verset est pourtant clair et explicite : « et Il enseigna à Adam tous les noms »… à Adam, uniquement. Il n’a pas dit « et Il enseigna aux fils d’Adam tous les noms ». « Allâh créa Adam à Son image ». Adam, l’unique…
Lorsque la Science (al-‘ilm) est établie par la preuve évidente, laquelle provient de la ma’rifa, elle informe du Secret de la Vie… et de la mort, en même temps ! Si tu venais un jour nous dire que tu as atteint le Secret de la vie, ou l’élixir de vie, mais que tu n’as pas l’élixir de mort… alors tu n’aurais atteint qu’une filière de la Science. Tu n’aurais que de la ma’rifa, pas al-‘ilm. Il faut que tu sois porteur du Secret de la vie et de la mort, en même temps. Il faut que tu atteignes la Haqiqa de la chose comme de la non-chose (‘adam). Il ne s’agit pas, comme c’est le cas à notre époque… à peine l’individu a-t-il atteint la nature d’une chose que le voilà prétendant à la Science !
Attention la Haqiqa de la chose, ce n’est pas sa nature !
C’est-à-dire que, par exemple, tu es allé dans le désert, tu as observé les grains de sables et tu as constaté que lorsqu’ils sont réunis ils constituent des dunes… puis tu es revenu à nous en te présentant comme le détenteur de la Science des sables.
Alors là non, ça ce n’est que la nature concrète des choses : tu as observé le sable, et tu as constaté ceci et cela. Nous, nous parlons d’atteindre la Haqiqa de ce sable, avant sa création, et après sa création. Et ça, c’est la Science du Seigneur. La Science du Seigneur, c’est ce qui te donne al-‘ilm d’avant ton existence. Il nous a créés à partir du néant, et celui qui atteint le comment de cette existenciation, depuis le néant vers le néant, car nous n’avons jamais cessé d’être dans le néant… à ce moment-là, il aura effectivement saisi la Haqiqa du ‘ilm.
Si par contre tu observes et t’écries : « Nous sommes néant ! »… ça, c’est la nature des choses, ce n’est pas de la Science ! La Science véritable, ce qu’apprit Adam (‘alayhi s-salâm), est basée sur une preuve évidente établissant le passage depuis l’état de néant vers l’état néant, certes… mais il s’agit de réaliser le comment de cette apparition du néant dans le néant.
Les anges détenaient la science de la nature des choses… contrairement à ce que certains pourraient penser… notamment le fait que les anges n’avaient absolument aucune connaissance… jusqu’à ce que leur vint sayiduna Adam, qui leur enseigna le nom de la terre, des planètes, des étoiles, du cosmos, etc.
Enfin… soyons sérieux ! Les gens n’ont-ils donc pas honte d’avancer de telles choses, alors que les anges vivaient déjà sur Terre depuis des milliers voir des millions d’années !? Les anges connaissaient la nature du milieu dans lequel ils vivaient, évidemment ! Alors, de quoi les a informé Adam (‘alayi s-salâm) ?
Il les informa de la Haqiqa de ces choses, la Haqiqa de ces traces de l’Acte créateur, au sein desquelles les anges vécurent pendant si longtemps sans jamais en saisir la réalité. Voilà la Science ! Voilà la Science de Adam (‘alayhi s-salâm). Voilà pourquoi nous insistons sur ce cours et nous nous basons en cela sur Adam (‘alayhi s-salâm), du fait qu’il est le premier réceptacle de la Noubouwa, en tant que corps humain… le réceptacle (moustaqarr) étant, comme nous l’avions précédemment expliqué, l’ensemble des membres constituant le corps humain.
La Haqiqa n’est pas sujette au changement, car il s’agit de la Loi divine… contrairement à la loi apportée par l’Homme. L’Homme fait un effort, il cherche et met à contribution son opinion et sa vision des choses, pour nous rapporter sa loi… contrairement à la Loi divine, qui reste et demeure sans changement.
Toute pensée formulée par l’être humain, quand bien même elle aurait été unanimement admise par les gens depuis des milliers d’années, ne peut en aucun cas être prise comme base pour l’établissement de la Haqiqa. Parce qu’il se peut très bien qu’un jour un autre savant apparaisse et réfute cette « haqiqa » pour la remplacer par une autre.
La Haqiqa Seigneuriale ne peut être modifiée ni remise en question par qui que ce soit : elle est et demeure telle quelle, de toute éternité. C’est à partir de cet état de fait que tu peux à juste titre affirmer que les savants, où qu’ils soient parvenus dans la connaissance de leur domaine, n’ont en réalité jamais cessé de nager dans les confins de leur ignorance. Parce que toutes ces sciences qu’a pu développer l’être humain ne sont construites que sur des théories, elles-mêmes basées sur l’observation des apparences. C’est-à-dire que l’Homme observe et surveille la nature apparente des choses, et il base sa théorie sur ce qu’il aura pu saisir ou percevoir des apparences… pour finalement assimiler sa théorie à la Haqiqa.
En ce sens, il y a un magnifique Hadîth du Messager d’Allâh ﷺ qui nous dit : « L’homme n’a de cesse de dire la vérité et d’être véridique en toute chose, jusqu’à ce qu’il soit inscrit comme étant véridique ; et l’homme n’a de cesse de mentir et de pratiquer le mensonge, jusqu’à ce qu’il soit inscrit auprès d’Allâh comme menteur [3]. » C’est-à-dire que celui qui ment, ment jusqu’à finir par croire lui-même en ses propres mensonges… Voilà à quoi mènent les théories : elles sont construites sur les natures apparentes des choses… ô gens de la philosophie et de la physique, c’est à vous que cela s’adresse… les théories sont construites sur des apparences : l’homme pense et réfléchit, jusqu’à ce que se présente à lui une théorie. Il y a sacrifié beaucoup de son temps, il se croit intelligent… et il tente de la faire admettre. Voilà, et après ça, il faut que nous travaillions dans le sens de son idée à lui. C’est un pur mensonge, mais il nous faut l’admettre comme Haqiqa absolue. Puis, vient quelqu’un de plus intelligent que lui et nous, qui réfute cette théorie et la remplace par une autre… et ainsi de suite. Voilà, c’est cela que l’on considère aujourd’hui comme étant la science.
Quant à celui qui a été touché par une Lumière de son Seigneur, à l’aide de cette Lumière qui se trouve dans son cœur, il retrouve dans la Parole divine l’ensemble des connaissances, avec toutes leurs filières et ramifications. Celui qui a dans son cœur de la Lumière, celui-là détient la science… mais qu’est-ce que cette science ? C’est le Coran ! En lui, il retrouve l’ensemble de toutes les sciences. C’est-à-dire que le Coran, ce n’est pas comme nous nous le considérons : on le lit dans le but d’en obtenir une récompense dans l’au-delà, ou encore pour se soigner… non ! Il incombe à l’individu de le lire d’un œil scientifique, en considérations des multiples domaines de la connaissance. Le spécialiste de la matière doit lire le Coran depuis le point de vue de la matière. Le spécialiste du Hadîth doit lire le Coran depuis le point de vue du Hadîth. Le spécialiste du fiqh, depuis le point de vue du fiqh. Telle est la véritable Lecture du Livre d’Allâh ﷻ, car il est la synthèse de toutes les filières de la science et de la connaissance, lesquelles mènent toutes à la Science Unique. Ces sciences se retrouvent dans les récits du Coran, mentionnées par les langues des Prophètes. Voilà en quoi consiste la nouvelle (al-naba’) : il s’agit des récits du Coran, ou des récits des Livres révélés. Le Coran nous informe ainsi au sujet des premiers et des derniers, et c’est cela, la religion (al-dîn). De ce fait, tant que nous ne retournerons pas à la Parole d’Allâh, nous ne découvrirons jamais la vérité au sujet de ces théories qu’ont formulées nos pensées et nos observations superficielles… ou plus généralement, ce que l’Homme a établi sur (contre) lui-même.
[1] Sourate al-Hadîd, verset 5.
[2] Sourate Qâf, verset 16.
[3] Rapporté par al-Boukhariy et Muslim.