بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Les quatre voies d’accès au monde du bâtin
Résumé de l’assise du 2 Mars 2018 / Jumu’a 15 Jumada II 1439 [Partie 1] :
Nous revenons à la Lecture du lâm al-‘ishq par le moustaqarr de la Noubouwa, et ceci dans l’étude du Alif al-Mouqaddar indicateur de l’Unicité du Créateur ﷻ. Pour débuter ce septième cours de la série, nous dirons que le domaine de l’apparent (dhâhir) ne peut se passer du domaine de l’occulté (bâtin). L’apparent est toujours en tant que traducteur, c’est-à-dire ce qui révèle les formes se trouvant dans le monde du Malakoûte, en les faisant descendre dans des apparences manifestes, dans le Moulk. Le bâtin est ainsi la Haqîqa du dhâhir et sa source. Le bâtin est ce qui émet la grande nouvelle (al-naba’ al-‘adhîm), qui vient rempli de Sciences, de fondements, de règles et d’actes divins. Le monde du dhâhir est le monde visible, connu au travers des perceptions physiques et matérielles. Quant au monde du bâtin, il englobe le monde du Malakoûte et celui du Jabaroûte.
Notre Seigneur ﷻ fit apparaître Son Jabaroûte, de sorte qu’en jaillit le marqoûm de Son Malakoûte, et Il fit apparaître de ce monde du Malakoûte un Moulk, confiné dans des dimensions matérielles et sensorielles. Concernant le monde occulté, sachons que sa partie relevant de l’inconnaissable (ghayb) est en réalité à considérer comme étant répartie en différents degrés. Ces degrés, il est possible de se lier à eux, de transcender et d’aller au-delà de ce monde fini et limité qui est le nôtre… ceci est possible, au travers de l’ascension (‘ouroûj) spirituelle, et il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir. Certains de ces degrés sont et demeurent parfaitement inaccessibles, excepté pour ceux que Allâh voudra, ces privilégiés étant les Prophètes, les Messagers et certains d’entre les plus grands Saints. Cela n’est que pur don (hiba) et faveur divine. Quant à ce que tout un chacun peut parvenir à traverser de ces degrés, par l’intermédiaire d’efforts et d’exercices spirituels, cela n’est plus considéré comme une pure faveur divine (hiba), mais plutôt comme un kasb, soit une acquisition suite à un effort fourni afin de parvenir à ce but.
Le monde du bâtin est constitué de six cieux et six terres. Quant au septième ciel et à la septième terre, c’est ce en quoi nous vivons, et que nous percevons à l’œil nu comme tout un chacun. Le moyen de passer d’un ciel à un autre, disions-nous, c’est l’ascension (‘ouroûj). Quant aux différentes terres, ce qui permet de passer d’un degré à un autre, ce sont les fijâj (passages). Et ces fijaj, comme nous en informe la Parole divine, ont été physiquement fermés et bloqués, de sorte qu’il n’est aujourd’hui plus possible de passer, matériellement parlant, d’un degré à l’autre, comme auparavant.
Ces différentes terres sont des terres qui se trouvent exactement au même endroit que celui dans lequel nous vivons. Ce qui les distinguent de notre terre-ci, c’est le fait qu’elles soient soumises à des dimensions différentes des nôtres. C’est ce qui fait que notre terre est voilée des six autres. Notre terre est soumise à quatre dimensions : la hauteur, la largeur, la profondeur et le temps. Quant aux dimensions qui s’appliquent aux autres terres, il y en a dix au total :
La seconde terre, qui est voilée de la première (sur laquelle nous vivons), a quatre dimensions auxquelles vient s’ajouter une cinquième. La troisième terre est soumise à six dimensions. La quatrième est soumise à sept dimensions. La cinquième à huit dimensions. La sixième à neuf dimensions. Et la dernière, la septième terre, elle est soumise à dix dimensions… complétant ainsi dix Lectures.
Nous disons cela parce que lorsque le disciple reçoit la vision d’une forme ou d’une image, il parvient même au point de pouvoir la toucher et la palper. Qu’on ne s’étonne pas de cela, et qu’on n’aille pas considérer que cela relève de l’imagination ou quelque chose comme cela… parce qu’il y en a certains qui parviennent vraiment à cela : la mouchâhada n’est plus uniquement une mouchâhada, c’est-à-dire que l’expérience n’est plus seulement une expérience visuelle, elle implique dorénavant y compris le sens du toucher. Autrement dit, le disciple touche ce qu’il voit. Et même, il échange avec ce qu’il voit : ce qu’il voit lui donne de la matière physique, et il prend de lui quelque chose de matériel aussi. Ne renie ceci qu’un sombre ignorant. Car le Seigneur ﷻ nous informe dans Son Livre au sujet de différents mondes occultés… à titre d’exemple, considérons la terre sur laquelle se trouvent les djinns. Ou bien la terre sur laquelle vivent Ya’joûj et Ma’joûj… De ce fait, celui qui nie l’existence de ces terres, ou qui nie ces réalités que nous évoquons ici, il ne fait en vérité que nier ce que Allâh ﷻ a lui-même mentionné et décrit dans Son Livre.
A l’approche de la fin des temps, ces fijâj, ou ces voies d’accès entre les différentes terres, seront ouverts de nouveau. En effet, Allâh ﷻ dit : « Jusqu’à ce que soient lâchés les Ya’joûj et Ma’joûj et qu’ils se précipitent de chaque hauteur. » [1] C’est-à-dire qu’à l’approche de l’Heure, les fijâj séparant les mondes seront débloqués et rouverts, et alors apparaîtra ce qui s’y trouve de caché.
Celui donc qui travaillera à rapprocher son Heure… c’est-à-dire, celui qui œuvrera dans la quête de la mort volontaire et spirituelle, soit celui qui recherchera la mise en application du Hadîth de sayidina al-Mustafa ﷺ : « Mourrez avant de mourir. », il parviendra jusqu’à ces passages, il les franchira, et il découvrira ce qui se trouve derrière. Quant à celui qui s’obstine à ne vouloir s’en tenir qu’aux apparences matérielles et limitées du monde dans lequel il vit, s’imaginant qu’il s’agit là de tout ce que le Créateur a créé, et qu’il n’y a rien au-delà de cela… son intellect est superficiel, sa compréhension et ce qu’il saisit du monde sont des plus faibles qui soient… parce que ce monde que tu connais, le mécréant le connaît aussi, l’adorateur du feu le connaît aussi. Tu n’apportes donc absolument rien de nouveau, ô « croyant » !
Quant à celui à qui Allâh ﷻ a accordé la foi (al-imân), Il lui a certes accordé la foi en l’inconnaissable (ghayb)… et celui qui croit en le ghayb, croit forcément en ces choses. Si sa foi se renforce davantage, alors sa vision intérieure s’ouvrira, et il commencera à voir et percevoir les choses par la Lumière du Seigneur ﷻ. Il verra alors toutes ces choses cachées… ou plutôt, il vivra même avec elles dans leur degré… ou bien ce sont eux qui vivront avec lui dans le sien.
De même, la terre sur laquelle revivent les martyrs, comme nous en informe le Créateur ﷻ par Sa Parole : « Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d’Allâh soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, recevant leur subsistance. » [2] Ils sont bien vivants, et en plus de cela ils reçoivent leur subsistance ! Cela veut bien dire qu’ils vivent sur une terre, une terre semblable à celle-ci, à la différence que nous sommes voilés d’eux.
Il y a aussi la terre sur laquelle vit la Bête (al-dâbbah), qui apparaîtra à la fin des temps, et qui parlera aux gens… ainsi que la terre sur laquelle vivent d’autres hommes, qui eux aussi sont de la descendance de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm), et qui s’étaient séparés et étaient allés s’installer et vivre sur cette autre terre avant que le passage ne soit bloqué, et que notre terre devienne voilée de toutes les autres. De ce fait, notre terre sur laquelle nous vivons est devenue leur objectif à tous, afin de parvenir jusqu’à nous… mais de notre côté, chez nous, c’est comme si ce sujet n’intéressait personne. Eux, ils cherchent, sans relâche, un moyen de parvenir jusqu’à notre terre. C’est pour cette raison que, lorsque l’Heure approchera, tout apparaîtra et ressortira sur notre terre. Celui dont l’objectif sera donc de parvenir aux autres terres, celui que Allâh ﷻ guidera par Son Noble Livre et par la Force d’une Foi illuminée, il y parviendra, évidemment, et il découvrira ce qui s’y trouve.
Mais à cause de ces voiles qui nous empêchent de percevoir ces autres terres, elles sont devenues pour nous aujourd’hui comme des histoires anciennes. Et on ne compte même plus les interprétations à leur sujet… au point que par exemple, la Bête, certains l’interprètent aujourd’hui comme étant l’apparition d’une nouvelle maladie… ou encore que lorsque les turpitudes se multiplieront sur la terre et deviendront monnaie courante, ce sera cela, Ya’joûj et Ma’joûj… Ceci est faux. Toutes ces créatures se trouvent actuellement sur d’autres terres, voilées de nous. Et cela est limpide et explicite dans la sourate al-Kahf, au travers du récit de Dhul-Qarnayn. Si nous prenons pour vraies ces interprétations contemporaines, alors nous renions la Parole du Créateur ﷻ. Et nous avons beau penser ce qu’on veut des savants, quels qu’ils soient : Allâh ﷻ est et demeure quoi qu’il arrive plus Savant.
Malgré que Allâh ﷻ nous ait informé dans le Coran sur ce sujet, les esprits des gens se sont petit-à-petit retrouvés envahis par des interprétations en adéquation avec nos quatre dimensions connues, sur notre terre. Toujours, il faut que nous interprétions et donnions des explications conformes à ce que peut saisir notre intellect primaire et limité. Mais si par exemple l’on considérait l’époque de sayidina Sulaymân (‘alayhi s-salâm) et le contexte particulier dans lequel les gens vivaient alors, à savoir que les hommes et les djinns vivaient sans être cachés les uns des autres. Or, auparavant, c’est-à-dire à l’époque de son père, sayidina Dâwoûd (‘alayhi s-salâm), ce n’était pas le cas. C’est uniquement du temps de Sulaymân que les djinns voyaient les hommes et que les hommes voyaient les djinns. Ils interagissaient même les uns avec les autres ! Au départ, ils se firent la guerre. Puis, lorsque sayiduna Sulaymân prit le contrôle des choses, les djinns finirent par être soumis au service des êtres humains. Toutes ces informations sont citées dans les récits du Coran. Et il n’est pas de parole plus Véridique que la Parole d’Allâh. De ce fait, il n’est pas acceptable pour nous de renier quoi que ce soit de cela.
Ou encore, concernant les informations qui nous sont parvenues des voyages de Dhul-Qarnayn (‘alayhi s-salâm), des voyages qui le menèrent à la rencontre de peuples vivant sur la terre… mais qui sont des peuples dont nous ne retrouvons aujourd’hui pas la moindre trace. Par exemple, le peuple se trouvant là où le soleil se couche dans une source boueuse [3], ou le peuple au-delà des deux barrières [4], ou encore le peuple qui n’avait aucun voile pour le cacher du soleil levant [5]…
Alors selon les interprétations exotériques, lorsqu’on parle du soleil qui se couche dans une source boueuse, on nous renvoie par exemple à l’Amérique. Lorsqu’on parle des deux barrières, on nous renvoie à la région du Caucase. Cela est évidemment faux. Et si toi tu parvenais à cet endroit, où sont donc Ya’joûj et Ma’joûj !? Et où est donc ce peuple qui vivait là !? Où sont leurs descendants ? Et s’ils sont tous morts, où sont leurs tombes, où sont les vestiges de leur civilisation ?
Les interprétations expliquant ces versets conformément à ce que peut en percevoir l’intellect primaire, si tu les considérais avec un minimum d’objectivité, tu conviendrais naturellement qu’aucune d’entre elles n’est sérieuse. Certains ont même été jusqu’à dire que « entre deux barrières » voulait dire entre deux montagnes ! Admettons donc qu’un barrage ait été construit entre deux montagnes, et que derrière celui-ci se trouverait Ya’joûj et Ma’joûj… depuis tout ce temps… même si eux étaient incapable de parvenir jusqu’à nous, nous au moins nous serions parvenus jusqu’à eux, non ? Pourquoi personne ne peut-il escalader la montagne et passer de l’autre côté ?
En réalité, dans ce verset le mot « sadd » renvoie à ce qui vient bloquer une ouverture. Il ne s’agit donc pas d’une montagne. Il y avait une ouverture, que Dhul Qarnayn referma, de sorte que les Ya’joûj et Ma’joûj demeurèrent dans un fijâj, dans le bâtin de la terre. Quant aux interprétations des exotériques… vraiment, quand bien même il ne se s’agirait que d’insectes, depuis tout ce temps, même eux seraient parvenus à traverser ce barrage tel qu’ils nous le dépeignent.
Et l’endroit où « le soleil se lève sur un peuple auquel Nous n’avons pas donné de voile pour l’en séparer » [6] Où est donc ce peuple à qui Allâh a ôté ce voile et à qui Il dévoila toutes ces choses ? Cherche ! Fais un effort… mais pas avec ton intellectualité, prenant et tordant les choses entre elles… fais des efforts et cherche, par le dhikr, dirigé vers la Qibla, les yeux fermés, demandant à Allâh ﷻ d’ouvrir ta vue et tes perceptions intérieures, jusqu’à ce que tu parviennes à comprendre ces choses. Telle est la Science du Coran ! Tel est le tafsir du Coran ! Le Seigneur ne vient pas t’informer de ces choses comme ça, par hasard ! Et Il ne vient pas t’informer de ces histoires, comme s’il s’agissait d’histoires basées sur rien d’authentique ! Astaghfirullâh… S’Il t’informe de tout cela, c’est pour que tu y trouves des solutions et une aide pour toi-même, dans ta propre vie.
Concernant les terres qui sont voilées de la nôtre, ses passages ou portes d’accès sont tels les fils d’une toile d’araignée. A la différence qu’ils sont solides et très résistants, même impénétrables. L’accès et l’entrée dans le monde du bâtin est toutefois rendue possible par l’intermédiaire du Bourâq, par l’intermédiaire des ayât al-rakâ’ib, par le flux subtil et ésotérique du Nom Suprême « Allâh » puisé par la Lumière divine… mais il y en a également qui accèdent aux degrés bas et vils (soufli) du monde du bâtin, et ceux-là puisent dans les ténèbres du Tâghoût. C’est pour cela que à l’époque où nous vivons, tout a été mélangé. Au point que lorsque tu vas parler de Lumière à quelqu’un, il te répond « non, les bouddhistes aussi… les adorateurs du feu aussi… ils expérimentent les mêmes choses que vous… ». En vérité, ceux-là ne font que puiser dans les ténèbres du Tâghoût. Quant aux soufis, quant aux gens de la Maison de sayidina al-Mustafa ﷺ, ils puisent dans la Lumière du Créateur ﷻ.
C’est cela qui s’est produit pour Qabil qui, après avoir assassiné son frère, eut accès et plongea dans les profondeurs du monde des ténèbres… et ce, évidemment, après avoir été touché par le désespoir total en la Miséricorde d’Allâh ﷻ et en la capacité de notre père Adam (‘alayhi s-salâm) à pardonner. Il partit donc, loin… mais sur quelle base ? Est-il parti sur une révélation du Créateur ? Est-il parti sur une révélation inspirée ? Est-il parti sur un dévoilement intérieur ?
Non, il est parti sur une demande satanique. Il partit, et le Shaytân l’enjoignit à fonder une famille, une nation, basée sur une croyance dépourvue de toute base authentique, axée autour de l’adoration du feu. Le feu, parce qu’il s’agit-là du tout premier signe (ichara) que le Seigneur fit descendre du ciel… un feu qui consuma l’offrande de sayidina Habil. C’est sur cette base qu’il fut établi que le feu devrait être adoré en dehors d’Allâh, et tout ceci à cause des insufflations du Shaytân faites à cet homme dans l’erreur qui alla jusqu’à assassiner son propre frère.
L’établissement du lien avec le monde du bâtin est construit sur quatre voies, des voies menant à ce monde. Et si je te rapporte ce résumé, c’est pour que les choses ne se mélangent plus pour toi. Si tu veux comprendre de manière simplifiée comment s’établit ce lien avec le monde du bâtin, comprend donc qu’il se construit sur quatre voies :
– La voie de la révélation (wahiy), par l’intermédiaire duquel Allâh ﷻ fait descendre les Messages qu’Il veut sur Ses Prophètes et Messagers (‘alayhim s-salâm). Cette révélation est soit une révélation prononcée, soit une révélation écrite. Et nul autre qu’un Prophète ou un Messager ne connaît la réalité de ce lien, quel que soit le degré qu’il ait atteint, quel que soit son rang ou la force de son Imân… et le Prophète ne peut en aucun cas changer ni modifier le Message tel qu’il lui est parvenu.
– La voie de la révélation inspirée (wahiy al-ilhâm), qui est ce sur quoi œuvrent et se basent les soufis. Et ceci est basé sur les Lectures des fondements de l’ésotérisme, considérés selon les différents degrés de l’intellect, du cœur et de la nafs. La révélation inspirée repose d’abord et avant tout sur la vision de la Lumière par l’œil du cœur, une Lumière qui dévoile à l’individu ce qui se trouve au-delà des apparences du monde créé. Par cette Lumière, le disciple parvient et est en mesure de voyager et de rapporter des connaissances ésotériques, des Sciences issues du monde du bâtin, c’est-à-dire du monde du Malakoûte, et de les faire apparaître dans le monde physique et fini, c’est-à-dire le monde du Moulk. Il s’agit donc là d’un effort (ijtihâd) accompli par celui qui avance et chemine par kasb (acquisition par ses propres efforts). Il fournit ces efforts, aiguillé en cela par un guide, qui lui apprend à passer de ce monde physique vers le monde du Malakoûte. C’est alors qu’il découvre ces choses… il découvre ces terres, ces cieux… il se constitue ainsi, petit-à-petit, une encyclopédie de Sciences qui lui sont propres, et par lesquelles il comprend cette création qu’il prend pour sujet de méditation et grâce à laquelle il réalise la grandeur incommensurable du Seigneur ﷻ.
Quant à celui qui reste sur cette terre, assis, confiné et enchaîné par ses perceptions physiques exotériques… il peut grandir et magnifier le Créateur autant qu’il lui plaira, sa magnification (ta’dhîm) restera infime et négligeable… contrairement à celui qui aura traversé ces voiles, celui qui aura été au-delà des galaxies, et qui aura véritablement pris la mesure de l’étendue de l’univers, qui en vérité n’a ni début ni fin… dans le cœur de celui-là, tu trouveras la véritable grandeur du Créateur, tu trouveras une force de foi à laquelle ne peut en aucun cas parvenir celui qui reste cantonné à son emplacement physique.
A quoi sert donc l’ascension spirituelle ?
Elle sert à te faire réaliser la grandeur du Créateur. « Ceux qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, invoquent Allâh et méditent sur la création des cieux et de la terre : « Seigneur ! Tu n’as pas créé cela en vain… » » Cela veut bien dire qu’ils se sont élevés vers ces cieux, par la pensée, par l’esprit, par la vision… et qu’ils sont également passés par les fijâj de la terre afin d’en connaître les réalités cachées… C’est alors qu’ils ont réalisé la grandeur du Créateur, et qu’ils s’écrièrent, à juste titre et en toute connaissance de cause : « …Exaltée soit ta transcendance, garde-nous du châtiment du Feu ! » » [7] Ils comprirent le sens véritable de la transcendance (tanzîh) et de son exaltation (tasbîh). C’est ainsi que la grandeur du Créateur ﷻ prit place en leurs cœurs, et qu’ils se mirent à Le craindre véritablement, n’étant jamais tranquilles et rassurés vis-à-vis d’eux-mêmes et de leur état, quel qu’il soit.
– La voie d’accès par une force intellectuelle. Cette voie et la précédente sont les deux voies sur lesquelles se basent et travaillent les Soufis. Ceci repose bien-sûr sur la Lumière, « Par l’Etoile lorsqu’elle descend » [8]. Cette Etoile devient pour le disciple tel un Bourâq, ou une embarcation grâce à laquelle il s’élève vers le monde du Malakoûte. Cette ascension n’est pas considérée comme une ascension par l’intellect (‘aql), mais plutôt comme étant une ascension par l’esprit (roûh), par une vision clairvoyante du cœur. Quant à l’ascension intellectuelle, elle désigne la réunion de l’ensemble des forces de perceptions physiques du corps. Cela, nous le laissons pour le deuxième degré. C’est-à-dire que, lorsque le disciple sort de la khalwa, nous lui disons qu’il doit à présent produire, rapporter des compréhensions.
Cette Lumière que Allâh t’a attribué et qu’Il a placé dans ton cœur, tu dois t’efforcer de la voir et de la retrouver en toute chose, avant toute chose, après toute chose de ce qui constitue ton environnement physique. Après cette étape, le disciple apprend comment se concentrer et méditer, par la Lumière du Créateur évidemment, sur une chose particulière, jusqu’à la traverser et transcender les barrières de ses apparences… Ainsi, parmi les cheminants, certains pénètrent au sein des réalités de l’élément terre, d’autres au sein de celle de l’eau… jusqu’à se retrouver lui-même, fluant et circulant dans une goutte d’eau. De cela, il rapporte la composition de l’eau, ou de la terre, etc.
Puis, dans le deuxième degré, il s’agit de réaliser cette ascension par l’intellect. C’est-à-dire qu’il faudra concentrer toute cette force intellectuelle dispersée dans l’ensemble du corps, afin d’être en mesure d’entrer et sortir de cette enveloppe corporelle, et alors entrer en contact avec un corps extérieur. Dans un premier temps, le disciple devra cependant s’efforcer d’oublier tout cela, de manière totale et absolue, et de se concentrer exclusivement sur les quatre exemples de manifestation de la Lumière divine mentionnés dans la sourate al-Noûr : « Un exemple de Sa Lumière est tel qu’une Niche dans laquelle se trouve une Lampe. La Lampe est dans un Cristal, et le Cristal est semblable à un Astre de grand éclat… » [9] c’est ici que tu t’arrêtes, pour commencer. Afin que ton ascension soit en parfaite conformité avec ce à quoi nous a enjoint le Seigneur ﷻ.
Quant au travail sur la deuxième chose : « Nous leur montrerons Nos signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’il leur devienne évident que c’est cela, la Vérité… » [10] c’est ce qui intervient dans le deuxième degré, ou la deuxième étape. C’est à ce moment-là qu’a lieu la traversée de ce corps physique, de cette tombe dans laquelle est confiné l’esprit, lequel peut alors sortir vers le reste de l’univers, jusqu’à toucher ses différents éléments constituants… et si il ne peut pas les toucher, au moins, ta vision les saisit. Cela varie en fonction de l’ampleur de l’horizon que tu embrasses. Tu pourras réaliser cela lorsque tu seras en mesure d’établir le lien entre ton entité corporelle et les points spécifiques qui constituent ses différents types de perceptions… et c’est alors que tu seras en mesure de pénétrer au sein des réalités des différents corps physiques, de t’y éteindre, et d’en rapporter des Sciences multiples. C’est ce domaine qui te permet donc de traverser les fijâj, ces passages entre les différentes terres, après qu’ils aient été fermés. Quant à l’ascension évoquée en premier lieu, elle permet de s’élever et de traverser les différents cieux.
Donc, par la pénétration au sein de la matière, tu apprends à traverser les fijâj menant aux différentes terres… et par l’ascension de l’esprit, tu apprends à traverser d’un ciel vers un autre.
– La voie d’accès par les ténèbres… c’est-à-dire la voie d’accès par insufflations et inspirations sataniques, au travers d’une plongée et d’une immersion dans les sciences du Tâghoût, à savoir la science de la sorcellerie (sihr). Ce lien ou cette voie est la voie du Shaytân, et elle ne permet d’accéder qu’au monde bas et vil (soufli). Celui qui évolue à travers cela ne le fait qu’au travers de choses concrètes, matérielles, apparentes, physiques. Et pour que les choses ne se mélangent pas dans ton esprit… comprends bien que dans ce cas, les inspirations sataniques ne parviennent pas à l’individu de la même manière qu’elles te parviennent à toi, à savoir que tu es en état d’ablution, dirigé vers la Qibla, portant des vêtements propres et parfumés, dans un endroit pur et propre à la prière… dans un tel cas de figure, le Shaytân ne peut en aucun cas t’insuffler ni te faire parvenir ses inspirations.
Ceux qui travaillent effectivement à l’activation de ces waswas sataniques et à la plongée dans ce monde ésotérique, ils se basent sur des rituels explicites et sans équivoque, comme par exemple le fait de boire du sang… boire du sang permet par exemple de présenter une sorte d’offrande, ou un moyen de se rapprocher de ce Shaytân, afin qu’il réponde par sa présence. Boire du sang, ou bien manger de la chair crue, et d’autres choses encore d’entre ces choses qui satisfont le Shaytân et suscitent la Colère divine.
Donc concernant les dénigrements et les insultes qui touchent la Tariqa, en vérité, les gens qui se rendent coupables de cela sont excusables, parce que pour eux, établir un lien avec le monde du bâtin renvoie à ce dernier point que nous venons d’exposer… Seulement ces gens là, ils finissent par se perdre, au milieu des Shayâtin et autres khuddâm du monde soufli, et ils se rapprochent de cela par des actes bien particuliers, comme nous l’avions évoqué…
Quant à nous, dans notre Tariqa… l’encens que l’on utilise, c’est un encens conforme à la tradition islamique : parfum, ambre etc. Nous les utilisons pour parfumer l’endroit où l’on pratique le dhikr, car les anges aiment et apprécient le parfum pur… et ça, ça concerne celui qui veut mettre de l’encens. Quant à celui qui ne veut pas, rien ne l’y oblige. La pureté des habits portés, la pureté de l’endroit, le fait de se diriger vers la Qibla : ce sont là les bases fondamentales de l’élévation spirituelle. Certains y ajoutent même le jeûne, etc… certaines heures sont privilégiées par rapport à d’autres, pour s’exposer et recevoir les Souffles divins, à l’instar par exemple des heures du dernier tiers de la nuit, puis de rester dans la même position, sans bouger ni parler, après la prière du sobh jusqu’au lever du soleil (chourouq). Tout ceci est basé sur la pure Sunna !
Qu’Allâh rétribue sayidana al-Mustafa ﷺ, car c’est lui qui nous a rapporté et transmis tout cela, et qui en fit un flux ésotérique et spirituel pour les gens de sa Maison. La Science des Ahl al-Bayt est donc une Science découlant de cela, de cette pure pratique, et ne renie cela qu’un parfait ignorant. Si pour toi se mélangent ces enseignements purs et authentiques avec les insufflations du Shaytân… et bien considère comment tu as toi-même débuté dans cette voie : as-tu débuté par une bay’a donnée à Allâh et à Son Messager ﷺ ?
Es-tu détenteur d’un idhn te venant de la ‘itra de Ahl al-Bayt, conformément au fait que dans le verset de la Lumière, les quatre exemples donnés de celle-ci sont tels que « leur combustible provient d’un Arbre béni, un Olivier ni oriental ni occidental » [11] c’est-à-dire : untel, selon untel, selon untel… selon al-Mustafa ﷺ ?
C’est en ce sens que sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit dans le Hadîth : « Je laisse parmi vous ce que, si vous vous y attachez, vous ne vous perdrez pas après moi. L’une de ces deux choses est plus importante que l’autre : le Livre d’Allâh, qui est une corde tendue depuis le ciel vers la terre, et l’élite (‘itra) des gens de ma maison (ahl bayti). Ils ne se sépareront pas, jusqu’à se retrouver au Bassin. Faites donc attention à ce que vous ferez vis-à-vis de ces deux choses après moi. » [12].
Cette ‘itra, c’est « untel, selon untel, selon untel… selon sayidina al-Mustafa ﷺ », c’est la Science de sayidina ‘Ali (karramAllâhu wajhah). C’est la Science qui fut remise spécifiquement à sayidina ‘Ali, ne va donc pas t’éparpiller et tout mélanger, entre le reste des Compagnons (radiAllâhu ‘anhum)… parce que sayiduna al-Mustafa ﷺ te dit de manière on ne peut plus explicite : « Je suis la Ville de la Science, et ‘Ali en est la Porte. » Il n’a choisi et désigné pour cela aucun Compagnon en dehors de ‘Ali (karramAllâhu wajhah).
Par conséquent, celui qui souhaitera entrer et avoir une part dans cette Science du bâtin, dans cette traversée des différentes dimensions, dans cette ascension vers les sept cieux, ou dans la traversée des fijâj des sept terres… afin de comprendre et connaître comment cet univers fut créé… et c’est bien-là le sens de « Lorsque ton Seigneur confia aux anges : « Je vais établir sur terre un vicaire (khalifa) » » [13]. Tu deviendras alors véritablement un vicaire de ton Seigneur sur terre, et au moins tu sauras te situer, toi, au milieu de ces sept terres.
Te trouves-tu dans le terre médiane ? Ou bien la deuxième ? ou bien la troisième ? Ou bien la première ? … Où te trouves-tu par rapport aux sept cieux ? Es-tu dans le premier ? le deuxième ? le troisième ?
Si tu prétends avoir une réponse ces questions, alors rapporte-nous en la preuve claire et évidente, basée évidemment sur le Coran et la Sunna… car si tu reviens au Coran, tu trouveras que tout y est expliqué de manière on ne peut plus explicite ! Mais bien évidemment, par notre profonde insouciance, nous passons sur ces versets explicites sans ne jamais comprendre les Messages et les Sciences qu’ils renferment. C’est ce qui fait que de nos jours, le Coran n’est plus qu’une affaire de prononciation et de mémorisation. Il n’est plus employé comme base de méditation et de recherche de sens profonds…
Il peut arriver parfois qu’un lien soit établi depuis le monde du bâtin vers notre monde, au moyen de la quatrième voie précédemment décrite, à savoir la voie des insufflations sataniques. Dès lors, des esprits venus de ce monde du bâtin viennent et accèdent à notre monde, au travers de personnes y vivant et qu’ils affectent contre leur volonté… et cela est l’œuvre d’une troisième personne, dans le même monde que celui de la victime… c’est-à-dire, il s’agit d’un ennemi de cette personne, quelqu’un qui veut lui causer du mal et fait pour cela recours à la sorcellerie.
On dira alors de cette victime qu’il est malade, qu’il est atteint de sorcellerie (sihr). De ce fait, il subira lui aussi des insufflations sataniques, à la différence que dans son cas il ne les recherchera pas, mais que cela lui parviendra aux dépens de sa propre volonté. C’est-à-dire que ses actes seront le fruit de talasim de sorcellerie qu’aura placé contre lui son ennemi…
Mais il se peut aussi que cela soit dû à un certain nombre de causes qui, réunies, ouvrent une porte et permet à cette force du monde du bâtin ténébreux d’attaquer et de prendre plus ou moins le contrôle d’une personne de notre monde. Ces démons viendront alors pour lui causer du mal, ou pour l’habiter, parler par sa bouche, voir par ses yeux, entendre par ses oreilles, et se servir de lui pour entrer en contact avec le monde extérieur. On dira d’une telle personne qu’elle est atteinte de possession (mass).
Voilà pourquoi celui qui s’accroche aux invocations de sayidina al-Mustafa ﷺ, Allâh le préservera de cela. Il y en a par exemple qui ont l’habitude de retirer leurs vêtements et de se dénuder sans faire les invocations préconisées. L’individu se trouve ainsi dans sa chambre par exemple, avec sa nudité découverte… et il est alors exposé à la vision des djinn, qui peuvent éventuellement éprouver du désir vis-à-vis de lui ou elle. C’est cela que les gens désignent par le terme de « djinn amoureux »… A la base, c’est la personne elle-même qui est coupable d’avoir réuni les conditions pour rendre possible son affectation par le monde des ténèbres. A partir du moment où il n’a pas fait les invocations prévues à cet effet, il s’est exposé à ce danger, et c’est ainsi que le Shaytân ou ce djinn fut en mesure de l’affecter, de parler par sa langue, d’entendre par son oreille, etc.
C’est-à-dire que l’autre monde a utilisé cet individu et en a fait un passage grâce auquel il peut parvenir au nôtre. Dans ce cas qui est celui qui profite au final ?
Ce n’est pas l’être humain, mais plutôt le djinn. Et il y en a ainsi qui s’imaginent… surtout dans la gent féminine, qui sont vraiment très douées dans ce domaine… elle est affectée par le mass (possession), et elle vient te dire « Je suis guidée, on m’ordonne de faire ceci ou cela… on me demande de faire la roqia pour autrui… » Alors qu’elle n’a pas du tout à faire de roqia [15].
Lorsqu’on en arrive à ce point-là, il faut bien comprendre que ce ne sont pas les djinn qui sont au service de cette femme, mais plutôt elle-même qui est au service des djinn ! Elle est une embarcation pour eux. Ils sont donc montés dedans, et c’est grâce à elle qu’ils purent accéder à notre monde, et par son intermédiaire qu’ils purent entrer physiquement en contact avec les éléments de notre terre. Une personne dotée de ce genre d’ »aptitudes » n’est donc absolument pas considérée comme quelqu’un qui a traversé les fijâj et qui est parvenue à un autre monde bâtini… non, plutôt, cette personne est une personne malade et qu’il faut soigner.
Par ailleurs, il peut arriver parfois qu’en passant près de constructions abandonnées par exemple, on voie des ombres… comme des ombres d’individus ou d’animaux… et on dit alors : « je l’ai vu mais il s’est tout de suite volatilisé ». Ces impressions, ces visions, ces perceptions… toutes proviennent du Shaytân.
Quant à l’ascension spirituelle et la contemplation de la Lumière, cela découle de la vision clairvoyante (firâsa) du croyant, raison pour laquelle sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit : « Craignez la firâsa du croyant, car il voit par la Lumière d’Allâh ! » [16].
[1] Sourate al-Anbiyâ’, verset 96.
[2] Sourate al-Imrân, verset 169.
[3] « Et quand il eut atteint le Couchant, il trouva que le soleil se couchait dans une source boueuse et, auprès d’elle, il trouva une peuplade. » [sourate al-Kahf, verset 86]
[4] « Et quand il eut atteint un endroit situé entre deux barrières, il trouva derrière elles une peuplade qui ne comprenait presque aucun langage. » [sourate al-Kahf, verset 93]
[5] « Et quand il eut atteint le Levant, il trouva que le soleil se levait sur une peuplade à laquelle Nous n’avions pas donné de voile pour l’en séparer. » [sourate al-Kahf, verset 90]
[6] Sourate al-Kahf, verset 90.
[7] Sourate al-‘Imrân, verset 191.
[8] Sourate al-Najm, verset 1.
[9] Sourate al-Noûr, verset 35.
[10] Sourate Fussilat, verset 53.
[11] Sourate al-Noûr, verset 35.
[12] Authentifié par al-Albâniy, Sahîh al-Jâmi’, n°2458
[13] Sourate al-Baqara, verset 30.
[14] Rapporté par al-Boukhâriy.
[15] Pour les mêmes raisons qu’elles ne peuvent pas devenir imam ou mou’adhin.
[16] Rapporté par at-Tirmidhiy.