بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Le premier péché apparu dans le ciel et sur terre : la jalousie
Résumé de l’assise du 23 Février 2018 / Jumu’a 8 Jumada II 1439 [Partie 1] :
Nous revenons à la Lecture du lâm al-‘ishq par le maqâm du réceptacle de la Prophétie (moustaqarr al-Noubouwa), dans ce qui sera la sixième leçon de cette série. Et cette fois, nous nous baserons sur les versets suivants : « Et raconte leur la nouvelle (naba’) des deux fils d’Adam. Ils offrirent tous deux des sacrifices, celui de l’un fut accepté tandis que celui de l’autre non. Ce dernier dit : « Je vais te tuer ! » « Allâh n’accepte, dit l’autre, que de la part des pieux. Si tu étends vers moi ta main pour me tuer, moi je n’étendrai pas vers toi ma main pour te tuer. Je crains Allâh, Seigneur de l’univers. Je veux que tu partes avec mon péché et le tien, et que tu sois ainsi du nombre des gens du Feu. Telle est la récompense des injustes. » Sa nafs l’incita à tuer son frère. Il le tua donc, et devint ainsi du nombre des perdants. » [1]
Après avoir mangé de l’Arbre, La Grandeur et la Magnificence divine se manifestèrent à sayidina Adam (‘alayhi s-salâm), afin qu’il saisisse les Noms divins qui demeuraient jusqu’alors cachés, à l’instar de ceux auxquels renvoient le Hadîth « Ô fils d’Adam, Je suis tombé malade et tu ne m’as pas rendu visite ! » [2]. Notre père Adam (‘alayhi s-salâm) ainsi que notre mère Hawwa (‘alayha s-salâm) apparurent donc sur terre, ainsi que leur descendance (l’humanité). Etant donné que nous traitons actuellement du moustaqarr de la Noubouwa, et que ce dernier implique et nécessite la corporalité humaine, ou ce que nous appelons chez les Soufis la tombe (al-qabr), soit ce en quoi circule et est confiné l’esprit et dont il ne peut sortir, excepté lors de la mort ou de l’évanouissement que constitue la réalisation du fana, vis-à-vis de cette enveloppe corporelle.
Ce corps physique, nous en avons besoin, ou plutôt nous avons besoin de ses nobles caractéristiques, car elles constituent pour nous un manba’ (source) pour cette Noubouwa. C’est par lui que peut nous parvenir la grande nouvelle (al-naba’ al-‘adhîm), soit la bonne compréhension des sciences et des émanations du monde du Malakoûte, qui vont pouvoir fluer dans ce moustaqarr, de manière concrète dans le Moulk.
À chacune de ses 20 grossesses, notre mère Hawwa (‘alayha s-salâm) mit au monde des jumeaux : un garçon et une fille, pour un total de 40 enfants. Sayiduna Chîth, l’héritier de sayidina Adam (‘alayhima s-salâm), fit exception à la règle puisqu’il fut porté et naquit seul. Les 40 renvoient bien évidemment aux quarante degrés de la nafs, qui sont plus généralement connus et réunis en sept degrés : ammâra, lawwâma, moulhama, moutma’inna, râdiya, mardiya et kâmila. Tels sont les sept degrés mères mentionnées dans le Livre d’Allâh ﷻ. Cependant si l’on désire approfondir un petit-peu le sujet, on constate que la réalité de la nafs est à répartir en quarante degrés différents, raison pour laquelle la nafs de sayidina al-Mustafa ﷺ atteint le degré de pleine et totale réalisation à l’âge de quarante ans, à partir desquels la révélation de sa Risâla put avoir lieu.
La première des grossesses de notre mère Hawwa (‘alayha s-salâm) vit donc naître Qabil et sa sœur Aqlima. Et le dernier des fils de sayiduna Adam s’appelait ‘Abd el-Moughîth. Ceci dit, la naissance de Qabil et Aqlima diffère complètement de celle de leurs autres frères et sœurs, puisque si tous sont nés sur terre, eux deux ont cependant la particularité d’avoir été conçus dans le Paradis.
…et la semaine dernière, il y a eu une erreur, les choses se sont mélangées entre le tueur et le tué. En réalité, le tueur est Qabil, tandis que le tué est Habil. C’est-à-dire que le premier garçon, qui fut conçu dans le Paradis, est devenu le tueur. Tandis que le premier garçon conçu sur terre, Habil, est devenu le tué. Ceci pour que tu sois bien au fait des choses, et pour que soit corrigée l’erreur commise la semaine dernière… la perfection revenant au Seigneur [3].
Adam (‘alayhi s-salâm) ne mourut pas jusqu’à ce que sa descendance ait enfanté, et ainsi de suite jusqu’à atteindre le nombre de 40 000 individus, dont il eut le temps d’être témoin de leurs actes de fornication, de consommation d’alcool et autres actes de débauche. Je te rapporte toutes ces informations dans le but de corriger l’erreur de la semaine passée seulement… quant au cours en lui-même, il n’a pas besoin de faire mention de tous ces détails. Donc lorsque le jumeau grandissait, il devait se marier avec sa sœur, mais sa sœur autre que sa sœur jumelle.
C’est ainsi que Allâh ordonna que Qabil fut marié à Lawada, la jumelle de Habil. Qabil et sa jumelle Aqlima étaient tous deux des enfants conçus dans le Paradis, et de ce fait ils étaient tous deux plus beaux que leurs frères et sœurs conçus sur terre… car évidemment, le fruit du Paradis n’est pas comparable à celui de la terre. Habil fut évidemment pleinement satisfait de se marier à Aqlima… quant à Qabil, il ne fut pas d’accord : « A partir du moment où nous venons tous les deux du Paradis, et à partir du moment où nous sommes tous les deux d’une grande beauté… je ne peux pas laisser ma sœur jumelle à Habil pour moi prendre la sienne ! Je suis plus méritant que lui de l’épouser ! »
Son père lui répondit : « Elle ne t’est pas licite. »
Elle ne t’est pas licite, c’est-à-dire qu’il est pour toi Harâm d’épouser ta sœur jumelle. Ici sont apparues les Lois de la Chari’a, sans pour autant qu’il n’y ait de Livre révélé. Les Lois divines étaient une révélation qui était faite au cœur de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm), qui les mettait en application dans toutes les choses de la vie d’ici-bas. Etant donné que Qabil n’accepta pas de devoir épouser autre que sa sœur jumelle, sayiduna Adam les renvoya vers le Seigneur ﷻ en leur demandant faire chacun un sacrifice, de sorte que celui dont l’offrande serait acceptée pourrait épouser Aqlima… comme s’il s’agissait d’une prière de consultation (salât al-istikhâra).
Qabil était un agriculteur, et il apporta en offrande une certaine quantité de grain, mais de mauvaise qualité. Un grain passé d’une année et qui n’était plus bon à manger… telle fut l’offrande de Qabil. Il savait parfaitement que la qualité du grain offert n’était pas bonne, mais malgré cela il le présenta, sûr de lui. Comme s’il lui avait été parfaitement égal que son offrande eut été acceptée ou non : son objectif, la seule chose qu’il voyait devant lui, c’était que quoi qu’il arrive il épouserait Aqlima. Et cela constitue évidemment une transgression des Lois divines qui furent révélées à Adam (‘alayhi s-salâm). C’est-à-dire que l’agrément et la colère divine étaient pour lui parfaitement égaux, et il ne faisait aucune différence entre le licite et l’illicite.
Quant à Habil, il était éleveur et décida d’offrir en sacrifice son meilleur bélier. Voilà pourquoi cette Sunna demeura, jusqu’à sayidina Ibrahim (‘alayhi s-salâm) qui a comme revivifié cette tradition, alors qu’il était sur le point de sacrifier son fils en offrande au Créateur ﷻ. Habil sacrifia son meilleur bélier, et se fixa comme objectif intérieur l’agrément d’Allâh ﷻ. Cette intention au moment de l’acte, c’est-à-dire le fait de rechercher sincèrement la satisfaction d’Allâh, ou au contraire le fait de ne pas se préoccuper de cela et de considérer l’agrément comme égal à la colère divine… c’est ce qui constitue la base fondamentale du moustaqarr de la Noubouwa. Si ton intention est bonne, tu n’obtiendras d’elle que du bien et du Jamâl… et si ton intention est mauvaise, quelle que soit l’offrande que tu rapportes, tes œuvres seront à l’image de ton intention.
Dans la Chari’a, on dit que si l’individu a l’intention de commettre un péché, mais ne le commet finalement pas, cette action n’est pas inscrite pour lui, mais qu’au contraire une bonne action est écrite à la place. Et s’il a l’intention de réaliser une bonne action et la concrétise vraiment, son œuvre est multipliée jusqu’à dix fois, et Allâh multiplie pour qui Il veut. Cela concerne la Loi exotérique. Quant à ce qui concerne le domaine de l’occulté (bâtin), tu as des comptes à rendre y compris concernant tes intentions intérieures. Voilà pourquoi, dans la Lecture du Alif par le lâm al-‘ishq, tu te dois de lutter et corriger tes mauvaises pensées… pas pour obtenir une récompense de cela, mais plutôt en vue de l’agrément et de la satisfaction divine uniquement.
En ce sens notre Seigneur ﷻ dit : « Ô toi, nafs apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée » [4] Si la nafs revient à son Seigneur, alors son intention est purifiée. Et si son intention est pure, elle obtient la satisfaction et l’agrément divin. Tel est le maqam du moustaqarr de la Noubouwa.
Pour revenir au sacrifice de Qabil et Habil, le signe permettant de déterminer si l’offrande était acceptée ou non était qu’un feu devait descendre du ciel et consumer l’offrande agréée. Un feu descendit donc effectivement du ciel et consuma l’offrande de Habil, plaçant ce dernier dans la station de la satisfaction et de l’agrément divin. Le feu consuma le bélier, c’est-à-dire le sacrifice animal, et c’est ainsi que la fidiya demeura une Sunna jusqu’à nos jours : lorsque l’on veut que son souhait soit exaucé, on fait offrande du meilleur animal qu’on ait pour son Seigneur ﷻ, afin que cela constitue une fidiya (rançon) pour lui. Si cette fidiya est acceptée, les choses seront facilitées pour la personne, ou l’épreuve qui l’accable sera levée… ceci évidemment à condition que l’intention soit bonne. Parce que si tu fais une offrande sans prêter aucune attention à cela… sacrifie et égorge tout ce que tu voudras, tu n’obtiendras jamais rien. Voilà pourquoi le musulman sacrifie pour lui-même et pour sa famille une fois par an, à l’occasion de l’Aïd al-Adha, et c’est là une Sunna appuyée. Il doit sacrifier un mouton… et attention, ce mouton ne doit pas être négligé ! Ce doit être un mouton blanc, propre, en bonne santé, sans défaut… et la Sunna a même fait apparaître quelle était la description du mouton parfait : blanc avec du noir au niveau de la bouche, des oreilles, des yeux et des pattes. [5] Telle était l’offrande de sayidina al-Mustafa ﷺ.
Le feu épargna donc l’offrande de Qabil, à savoir le grain de mauvaise qualité. L’offrande ne fut pas agréée, et à cet instant même, l’intention de Qabil se changea en jalousie. Jusqu’alors, la jalousie (hasad), l’orgueil (kibr) et la vanité (‘ujub) étaient les trois caractéristiques de Iblîs, qui n’étaient pas encore parvenues au cœur de l’être humain. C’est par cet événement que l’Homme fut pour la première fois atteint par la jalousie. Si cela ne s’était jamais produit, l’être humain n’aurait jamais été touché par le hasad.
C’est alors qu’apparut la haine entre les deux frères, et que l’un dit à l’autre : « Je vais te tuer ! » [6], jaloux qu’il était du fait que son offrande n’ait pas été acceptée, à l’inverse de celle de son frère Habil, qui lui répondit : « Allâh n’accepte que de la part des pieux. »
C’est-à-dire que ce n’est pas le fait que tu aies dépensé beaucoup, ou fait des cadeaux… parce que même le cadeau, et tout ce que tu peux être amené à donner, tant que ta pensée y reste attachée et tant que tu n’auras de cesse de le mentionner et de l’évoquer par ta langue… il ne sera pas accepté. Lorsque le cadeau et la sadaqa sont acceptés, ils sont élevés. Et lorsque le Créateur ﷻ élève l’action pure, celui qui l’a accomplie l’oublie. Il ne s’en souvient plus. Quant à celui qui ne manque pas une occasion de le rappeler aux autres, son action rentre dans le domaine du mann (ce qu’on rappelle sans cesse aux autres), et dès lors, cette aumône ou ce cadeau ne sont pas acceptés. « Ô croyants, n’annulez pas vos aumônes par un rappel (mann) ou un tort causé, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les gens sans croire en Allâh et au Jour dernier. » [7] Voilà pourquoi la Sunna fait état de l’aumône qui est donnée par la main droite sans que la gauche ne sache ce que la droite a donné… ce qui renvoie à un oubli total, signe que ton Seigneur a effectivement accepté ton œuvre.
« Allâh n’accepte que de la part des pieux. », c’est-à-dire : tu as délaissé la piété (taqwa), et tu n’as rien apporté de bon à tes yeux… tandis que moi, j’ai agi par piété, et j’ai apporté ce que j’avais de plus cher en offrande. Par ma taqwa vis-à-vis du Créateur ﷻ, je devins un signe (ichara) et un message directement adressé à toi. Voilà pourquoi Allâh ﷻ dit : « Certes, Allâh a acheté des croyants leurs nafs et leurs biens, en échange de quoi ils ont le Paradis. » [8] La chose la plus chère que possède l’individu, c’est sa nafs, évidemment. Quel que soit ce que tu apportes en offrande, ta nafs est et demeure quoi qu’il arrive ce que tu possèdes de plus cher. Puis, en deuxième position, viennent les biens.
…pourquoi veux-tu donc me tuer, alors que je ne suis pour toi qu’un signe et un message du Seigneur ?
Pourquoi veux-tu me tuer… alors que le Hadîth dit que « le croyant est le miroir de son frère » ?
Si tu agis ainsi, c’est bien parce que tu n’as pas accepté et que tu renies le Message du Créateur, venu à toi dans ma forme et dans mon apparence, afin que tu comprennes… De ce fait, si la jalousie affecte le cœur de quelqu’un… cette caractéristique absolument exécrable, dont ne se débarrasse que celui à qui Allâh ﷻ aura fait miséricorde… il faut que chacun considère lui-même son propre cas : si tu trouves en toi du hasad, alors il faut que tu apprennes à voir et considérer que ce dont tu as été privé n’est dû qu’à tes propres manquements.
C’est-à-dire que si tu as le désir de parvenir à quelque chose de particulier, par exemple, si tu veux trouver du travail, mais que tu n’y parviens pas… tu fais toutes les causes qu’il faut, mais en vain. Pour éviter d’être touché par le hasad vis-à-vis des gens qui travaillent, ou qui gagnent plus d’argent que toi, que dois-tu faire ?
Tu dois toujours te renvoyer la faute à toi-même. Tu dois te dire que cette privation est due à tes propres manquements, à ta négligence, que tu as dû faire quelque chose de mauvais, et pour cela la réponse divine se manifesta à toi de cette manière. Et qu’il s’efforce, au lieu de regarder autrui d’un œil de jalousie, de le considérer avec bienveillance, comme s’il était un exemple à suivre. Il tirera ainsi de cette expérience une bonne leçon, changera le négatif en positif, et après avoir considéré qu’il avait tout perdu, il retrouvera tout de nouveau auprès de lui, et même plus encore.
Mais voilà, la nature du musulman veut que lorsqu’il parle, il tient toujours ce discours : « SubhânAllâh je travaille, je travaille… mais c’est comme si la dounia allait en contre-sens par rapport à moi… tant de gens me jalousent… »
Tu sais dores et déjà que celui-là n’a en vérité personne pour le jalouser, et que ce n’est pas la dounia qui va contre lui… mais bien au contraire, que c’est lui qui va à contre-sens et que c’est lui qui a du hasad ! C’est lui qui a en lui cette tare et cette maladie. Parce que le récipient ne raisonne qu’au son de son contenu. Si effectivement cette personne avait été remplie de foi et de taqwa, de base il ne se serait même pas intéressé au fait de se comparer aux autres. Celui qui a de la taqwa, il ne prend en considération que ceux qui ont moins que lui, et ainsi il remercie et loue son Seigneur pour les bienfaits dont Il lui a fait grâce. Quant à celui qui répète sans cesse « Non, ils m’ont fait ceci, ils m’ont fait cela… » celui-là est malade, et il a besoin d’être soigné. Il a besoin de s’élever par la taqwa. Il a besoin de retourner à la Présence divine.
Dans ces cas-là, toujours, tu dois faire une introspection et consulter toi-même ton propre cœur. Tu ne dois pas jalouser autrui au point d’espérer que le bienfait qui l’a touché lui soit retiré ! Ni le prendre en ennemi, jusqu’à ce que de riche il devienne pauvre, et toi riche. Que tu invoques Allâh de te rendre riche, ça ce n’est pas un problème. Mais que tu invoques Allâh pour qu’Il rende pauvre autrui… cela constitue la pire maladie qui soit, la pire des calamités qu’ait pu rapporter Iblîs. Cela fait partie des choses qui nuisent à l’individu, sans jamais lui bénéficier. Parce que plus il considèrera les choses de cet œil, plus il chutera, jusqu’à atteindre le plus haut des degrés dans le domaine du hasad.
Les actes d’obéissance ne sont acceptés que de la part des pieux. Il incombe donc à tous les disciples de réaliser ce noble verset : « Allâh n’accepte que de la part des pieux. », c’est-à-dire de faire des efforts sur sa nafs pour la purifier de toute forme de hasad. Et le hasad ne concerne pas uniquement les choses de ce bas-monde, mais également l’élévation vers la Présence divine. Il y en a qui s’imaginent avoir un droit de précéder les autres en toute chose. Sache et souviens-toi bien que Qabil fut conçu dans le Paradis, et qu’il fut le premier disciple de Adam (‘alayhi s-salâm). Malgré tout, sa fin fut la pire des fins. Il est carrément sorti de la religion et est devenu apostat (kâfir), pour le meurtre de son frère. Quant à Habil, qui d’apparence semble soufli puisque conçu sur terre… par son acquisition de la taqwa, il est devenu le premier dans le domaine du cheminement et de l’éducation spirituelle, jusqu’à mourir en martyr. Après lui, apparaîtra Chîth, qui héritera de ce khilafa, le khilafa de la Science des Noms divins et du khuluq al-Rahmân, comme nous le dit le Hadîth : « Allâh créa Adam à l’image de al-Rahmân » [9].
Le hasad est une caractéristique (khuluq) exécrable, dont ne réchappe que le véridique (siddîq). Quant à celui en qui se trouve du hasad, celui-là n’a aucune part dans la ma’rifa. Que celui qui a en lui du hasad ne se prenne point à croire qu’il soit un ‘Arif billâh : c’est complètement impossible ! Iblîs aussi, il était au Paradis, et il était parmi les gens de la ma’rifa. Lui aussi fréquentait les anges, au point même que le Vrai ﷻ le désigne comme étant Tâwous al-mala’ika (le paon des anges). Mais du fait qu’en son cœur étaient cachés la jalousie (hasad), l’orgueil (kibr) et la vanité (‘ujub), au final il a tout perdu et est devenu un moins que rien. La Malédiction divine s’est abattue sur lui, et il en sera ainsi jusqu’au Jour dernier. Une Malédiction et un bannissement sans aucun retour possible.
Celui en qui persiste le hasad n’a donc, disions-nous, aucune part dans la ma’rifa. Parce que s’il avait véritablement atteint la ma’rifa, il ne trouverait personne à jalouser. Comment le détenteur de cette ma’rifa pourrait-il jalouser qui que ce soit !? Le ‘Arif ne voit que la Face de son Seigneur ﷻ. Comment pourrait-il donc jalouser Allâh ﷻ !? Et qui es-tu, toi, pour jalouser !?
Le Messager d’Allâh ﷺ dit : « La jalousie (hasad) consume les bonnes actions comme le feu consume le bois ». Le jaloux se cause préjudice par trois choses :
– L’accumulation de péchés, parce que à partir du moment où le hasad est une caractéristique de Iblîs, qui lui-même est malédiction, le hasad est de ce fait de même nature.
– Le mauvais comportement (adab) vis-à-vis d’Allâh ﷻ, parce que la réalité du hasad, c’est le fait de détester le bienfait que Allâh a attribué à autrui. Comme disent les gens « Le Seigneur ne donne des pois qu’à ceux qui n’ont pas de dents »… c’est une calamité cette parole, comme si notre Seigneur n’avait pas été Juste dans Sa répartition des choses entre Ses créatures ! Bien au contraire, si le Seigneur donne à quelqu’un, c’est parce qu’Il le sait apte à recevoir cette largesse. Et si un bienfait lui est retiré, c’est simplement parce qu’il n’avait pas l’aptitude et la prédisposition à recevoir cette faveur divine. Et il s’agit là de l’affaire du Créateur ﷻ. En faisant preuve de hasad, c’est donc comme si tu accusais ton Seigneur de ne pas agir comme Il le devrait, comme si toi tu étais plus connaissant et plus capable que Lui de cela : il s’agit là d’un état de chirk manifeste, sans même que tu ne t’en rendes compte. Si tu prends conscience de cela, tu commenceras à avoir peur, et tu te diras « ah si seulement j’avais été aveugle ou sourd, pour ne pas avoir connaissance de ce qu’il se passait autour de moi, et que mon cœur ne soit pas affecté par cela.. »
– La maladie du cœur, qui te fait cumuler une multitude de problèmes et de préoccupations. Le jaloux est continuellement soucieux, préoccupé, il réfléchit, plongé dans des pensées négatives. Voilà tout ce qu’il gagne. Le jaloux ne se débarrasse jamais du feu du voilement, ni du souci de la reddition des comptes. Voilà pourquoi nous nous basons et nous retournons sans cesse à la Haqiqa du verset « Tout ce qui est sur elle doit disparaître, seule subsistera la Face de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse » [10], et au fait que l’individu ne doit jamais sortir de sa tombe (son corps, son être), car à partir du moment où il sort de sa tombe, il sème le désordre autour de lui. Le cheminant ne doit prêter absolument aucune attention à ceux qui se trouvent autour de lui. Soit il agit avec eux dans le bien, soit, s’il en est incapable, il se tait et retourne à l’observation et à l’étude de son propre corps : son ouïe, sa vue, ses pieds… cela vaut bien mieux que de s’imaginer faire appliquer la justice, alors qu’en vérité il ne fait rien d’autre que détruire, ou jalouser les autres dans ce que le Seigneur leur a donné. Demande donc au Créateur ﷻ de changer ta condition ! Au lieu de surveiller ton voisin, ton frère, ou ton ami…
Quant à celui que Allâh aura préservé de cette maladie, il entre dans le Paradis par sa simple remise en Lui, en la compagnie de sayidina al-Mustafa ﷺ. Une telle personne fait partie des gens agréés et jouit de la Présence de sayidina al-Mustafa ﷺ. Tout disciple cheminant vers Allâh ﷻ se doit de se purifier de cette ignominie qu’est le hasad : le tout premier péché apparu dans le ciel et sur terre. Il est apparu dans le ciel au travers de Iblîs, qui a jalousé Adam et toute sa descendance. Et il est apparu sur terre au travers de Qabil et de ce qu’il commit.
[1] Sourate al-Ma’ida, versets 27 à 30.
[2] Le Messager d’Allâh ﷺ dit : « Certes, Allâh ﷻ dira au Jour du Jugement : « Ô fils d’Adam, Je suis tombé malade et tu ne m’as pas rendu visite ! »
Il dira : « Ô Seigneur, comment te rendrais-je visite, toi qui es le Seigneur des mondes ? »
« N’as-tu pas su que Mon serviteur untel est tombé malade… pourtant tu ne l’as pas visité… Ne savais-tu pas qu’en le visitant, tu M’aurais trouvé auprès de lui ? »
« Ô fils d’Adam, Je t’ai demandé de la nourriture et tu ne m’en as pas donné ! »
« Ô Seigneur, comment te donnerais-je de la nourriture, toi qui es le Seigneur des mondes ? »
« Mon serviteur untel ne t’a-t-il pas demandé de la nourriture… pourtant tu ne lui en as pas donné ! Ne savais-tu pas qu’en lui donnant de la nourriture, tu aurais trouvé ceci auprès de Moi ? »
« Ô fils d’Adam, Je t’ai demandé à boire et tu ne m’en as pas donné ! »
« Ô Seigneur, comment te donnerais-je à boire, toi qui es le Seigneur des mondes ? »
« Mon serviteur untel t’a demandé à boire, et tu ne lui en as pas donné… Si tu lui avais donné à boire, tu aurais trouvé cela auprès de Moi.»
[Sahîh Muslim]
[3] Les paroles du Shaykh sont retranscrites telles qu’elles. Libre à chacun de corriger ce qu’il entend corriger… ou de chercher le Secret que cache cette « erreur ».
[4] Sourate al-Fajr, versets 27 et 28.
[5] C’est-à-dire les cinq sens du moustaqarr.
[6] Sourate al-Ma’ida, verset 27.
[7] Sourate al-Baqara, verset 264.
[8] Sourate at-Tawba, verset 111.
[9] Sahîh al-Boukhâriy.
[10] Sourate al-Rahmân, versets 26 et 27.