بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Le détournement de l’adoration d’Allâh, ou le retour à l’idolâtrie des temps anciens
Résumé de l’assise du 20 Avril 2018 / Jumu’a 3 Cha’ban 1439 [Partie 3] :
Lorsque l’individu sort du domaine religieux, la multiplicité des sentiers se mélange devant lui, et il s’imagine que celui qu’il emprunte est une voie de Science. Puis, par cette Science, il avance et finit par sortir complètement de ce pour quoi il fut créé. Car le Seigneur ﷻ ne nous a créés que pour Son adoration. Etant donné donc que tu n’as été créé que pour l’adoration, tu te dois d’acquérir la Science de l’adoration, c’est-à-dire la Science du cheminement par lequel tu pourras t’élever dans l’établissement ferme et durable du lien avec ton Seigneur ﷻ.
La conséquence de cela, c’est le désordre et la discorde que l’on retrouve sur Terre aujourd’hui. D’où vient ce désordre ? Il provient du mélange des sentiers de perdition à la pensée humaine… au point où même l’équilibre de la nature et du milieu ambiant a été chamboulé. La pollution et ses effets sur l’augmentation de la sécheresse, les inondations, etc… au point qu’en cette fin des temps que nous vivons, nous savons et nous avons la certitude du fait que les régions connues pour être désertiques deviendront tels des jardins du paradis… tandis que les régions vertes et luxuriantes deviendront des déserts. A cause de quoi ? A cause de ton retour à toi, depuis la Lumière du Seigneur, vers les ténèbres !
Ne va pas reporter la faute sur je ne sais quel non-musulman… à partir du moment où il est kafir, il n’est absolument pas pris en compte et n’a aucune part de responsabilité dans la perte de l’équilibre naturel du monde. Cet équilibre relève entièrement de la responsabilité du musulman, car c’est le musulman qui se doit de toujours rester dans un état de juste milieu (barzakhiy), en équilibre parfait entre les deux plateaux de la balance : la Chari’a et la Haqiqa. Quant aux autres, peu importe… et ils ne sont de toute façon même pas considérés comme existants, selon la Tariqa. Nous ne reconnaissons pas ce qui est ténèbres.
Dès que nous sommes à l’origine d’un problème, nous en rejetons la responsabilité aux ténèbres : cela vient d’Iblis, ou des mécréants, ou de la nafs, ou de la dounia… tout cela pour garder nous-mêmes la tête haute et se dire avec certitude que nous sommes des gens de la Présence (Hadra). Bien au contraire ! Nous sommes ceux qui ont corrompu et perverti les choses, nous sommes ceux qui se sont éloignés de la Vérité ! Eux, ils ont été créés pour cela, pour répandre le désordre et la turpitude… tandis que nous, nous avons été créés pour ce qui est noble et céleste, pour l’élévation, pour marcher sur les traces du Prophète ﷺ. C’est la raison pour laquelle sayiduna al-Mustafa ﷺ nous dit : « Je vous ai laissés sur la voie blanche (al-mahajjat al-bayda) : sa nuit ne diffère pas de son jour, et ne s’en détourne que quelqu’un voué à la perdition. [1] » Nous sommes ceux qui ont dévié, et nous sommes ceux qui se sont jetés dans la perdition. Quant à eux, ils sont dans la perdition depuis toujours.
L’être humain continue ainsi de chercher dans les ramifications de ses viles pensées scientifiques, produisant à chaque fois de nouveaux moyens de destruction… et c’est ainsi qu’il est parvenu à concevoir une intelligence artificielle, à l’instar des nouveaux téléphones, des ordinateurs, etc. Ces formes d’intelligence artificielle fonctionnent selon des programmes spécifiques, qui deviennent les idoles de l’humanité. C’est en réalité comme si nous retournions à l’époque de la jâhiliya [2], que nous pourrons considérer cependant comme étant une forme d’ignorance nouvelle. Parce que à partir du moment où l’on confie tous nos souhaits, toutes nos pensées, toutes nos idées, tous nos projets futurs… au confinement d’un appareil électronique, ce n’est plus nous qui contrôlons l’outil, mais bien l’outil qui nous contrôle. Aujourd’hui, l’être humain en est arrivé à un point où il confie absolument toutes ses affaires à cette idole électronique… alors que par le passé, les hommes s’en remettaient à l’intellect humain conforme au modèle Prophétique ﷺ. C’est lui qui arrangeait nos affaires, c’est lui qui s’occupait de la gestion du domaine économique, médical… et de tous les domaines du monde physique et matériel. Aujourd’hui, c’est devenu le contraire.
Initialement, l’être humain était le détenteur d’une intelligence prenant source dans la Lumière divine et par l’intermédiaire duquel il exerçait son contrôle sur les choses, d’où le verset : « et Il enseigna à Adam tous les noms [3] », faisant de Adam (‘alayhi s-salâm) le joyau de l’humanité… celui au sujet de qui le Hadîth nous dit : « Allâh créa Adam à l’image de al-Rahmân »… il n’a pas été question d’intelligence artificielle, ni de machine, ni d’un morceau de métal, mais bien d’un être humain ! Et cet être humain est celui qui a véritablement un rôle d’acteur à tenir au sein de cet univers, conformément à ce qu’aura voulu le Créateur ﷻ. Seulement aujourd’hui, l’homme confie aux machines toutes les tâches difficiles quotidiennes, à tel point qu’il s’en remet aux outils électroniques y compris pour obtenir des informations sur lui-même !
En cette époque de fin des temps, l’Homme a effectivement mis au point des programmes électroniques afin de déterminer quelles sont ses envies, ses compétences, ses faiblesses… c’est-à-dire que l’Homme en est à un point où il doit se soumettre à l’examen d’une machine afin de déterminer quelle est sa propre personnalité. Au lieu de rechercher à se connaître lui-même au travers de la connaissance de son Seigneur, il cherche à se connaître lui-même au travers d’une idole.
Sans qu’il n’en ait conscience, l’être humain plonge et s’immerge ainsi dans une réalité qui relève de la sorcellerie… il devient littéralement ensorcelé. C’est cela, la sorcellerie ! Au lieu donc de nous l’attribuer, au lieu de dire et colporter un peu partout que la Tariqa Karkariya est une voie de sorcellerie, sur base du fait qu’ils voient la Lumière d’Allâh… la véritable sorcellerie, c’est celle qui se trouve dans vos poches ! La véritable sorcellerie, c’est le téléphone portable, c’est l’ordinateur que tu as sur ton bureau, etc. C’est cela qui t’a éloigné de la religion, du dhikr, de la compréhension de la Haqiqa primordiale, et de tant d’autres choses… l’électronique a rempli absolument tout ton temps : c’est bien cela la sorcellerie, c’est cela le véritable Shaytân… ton idole, ton dieu même ! Tu as été entièrement saisi et absorbé par lui, c’est en lui qui tu as réalisé le saisissement du lâm al-qabd, au lieu de le réaliser dans la Présence divine… tu as pris cette intelligence artificielle comme le markaz, le centre de toute chose.
Il s’agit d’un type de sorcellerie nouveau, contemporain, un Shaytân d’un nouveau genre. Pourquoi ? Tout simplement parce que la sorcellerie, c’est par essence ce qui vient entraver et contrecarrer la religion. L’Homme moderne ne se rend pas compte que ces appareils électroniques exercent exactement le même rôle que celui qu’employaient les sorciers des temps anciens !
Dans les temps passés, il n’y avait pas de force considérée comme étant au-dessus du pouvoir qu’exerçait le souverain, excepté celle des devins. De ce fait, chaque roi ou chaque gouverneur avait à son service un devin (kahin) qu’il consultait et auprès de qui il prenait conseil. Aujourd’hui, dans chaque maison on retrouve un devin (kahin), et même chaque individu transporte avec lui un kahin (un smartphone) … voilà où nous en sommes aujourd’hui. En d’autres termes, chaque individu a dans sa poche un sorcier qui l’accompagne.
En cette époque de fin des temps, nous nous appuyons même sur l’intelligence artificielle pour changer et modifier l’être humain. On manipule l’ADN et les embryons humains, dans quel but ? Dans le but d’obtenir un être extraordinaire… comme si on voulait créer un être différent de celui qu’a voulu Allâh ﷻ. Et aujourd’hui, c’est cela que l’on désigne comme étant la Science. On travaille à la conception d’un être humain hors-normes, une sorte d’être exceptionnel, un élu, qui serait digne de vivre et de survivre aux autres hommes. Voilà ce à quoi travaillent ces gens, les gens des sciences ténébreuses. Voilà ce que l’on étudie aujourd’hui dans les plus grandes universités, que ne peuvent intégrer que les génies, la crème des crèmes du monde scientifique.
Si le croyant – et non pas le musulman moyen – se penche et médite à cela, il constatera que c’est exactement ce à quoi travaillaient les nations passées, à la différence qu’aujourd’hui les moyens de le faire ont changé. Aujourd’hui, nous avons des machines, tandis que par le passé les gens disposaient de noms soufli, des noms de shayâtin et de khuddâm…
Aujourd’hui, pourquoi chercherait-on un khadim, un serviteur parmi les djinns ?
Tous les types de djinns imaginables, nous les avons sur notre bureau. Nous avons Samsung, Nokia… ces noms sont des noms nouveaux… pourquoi te fatiguerais-tu avec Challâch et autres shayâtin… alors qu’ils ont mis à ta disposition l’équivalent d’un « super » djinn ? Il est petit, il tient dans ta poche, et tu as la possibilité de l’utiliser à ta guise. Tu as un serviteur djinn pour communiquer avec les autres, un djinn pour retrouver ton chemin, un djinn pour tout ce dont tu as besoin… il te suffit simplement de l’actionner. Comprends donc que par là-même, tu es devenu un sorcier ! Tu es devenu un shaytân, sans même t’en rendre compte !
Comment pourrais-tu donc te réveiller dans le dernier tiers de la nuit, faire tes ablutions et te consacrer au dhikr… ? évidemment, tu en es incapable !
Lorsque tu as un souci dans tes études, dans ta vie, dans tes relations sociales… comment t’y prends-tu pour le régler ?
Evidemment, tu t’en remets à une application que tu télécharges et qui va t’apporter les solutions à tous tes problèmes. Indéniablement, tu as donc une idole, un dieu que tu adores… sans même t’en rendre compte !
…Quant aux mots « Rabbi » ou « Allâh », ce ne sont plus que des mots qui courent sur les langues, sans croyance ni foi attachée dans l’intérieur de l’être humain.
Les gens ont même commencé à modifier la croyance (‘aqida), fondant des écoles formant des terroristes, chargés de détruire et ruiner le milieu ambiant, la société, et l’Homme en général. Cela n’est pas seulement l’œuvre des mécréants, ni des gens en dehors de la religion, ni des athées ou des agnostiques… c’est quelque chose qui touche également ceux qui se présentent comme étant les dignes représentants et défenseurs de l’héritage des pieux prédécesseurs (al-salaf al-sâlih) !
On voit ainsi apparaître dans leurs rangs des choses nouvelles… des comportements qui nous semblent nouveaux, mais qui en réalité ne le sont pas du tout ! Ces comportements sont très anciens, ils remontent même à la nuit des temps : il s’agit de l’ennemi de la religion, dissimulé sous l’apparence de la religion… parce qu’il s’agit là de la descendance d’Adam (‘alayhi s-salâm), et plus précisément, de celle de son fils Qabil.
Donc toi, au lieu d’insulter et dénigrer Qabil, sous prétexte qu’il a tué son frère Habil… cherche en toi-même : qui es-tu ? Es-tu Qabil, ou Habil… ou bien, te dois-tu d’être le khalifa Chith (‘alayhi s-salâm) ? Etudie la question, et positionne-toi par rapport à ces trois personnalités… et pour abréger la réflexion, si tu es honnête avec toi-même, tu ne tarderas pas à réaliser qu’en vérité, tu es Qabil ! Sans que tu aies besoin de te le demander, moi je te réponds. Tu verras que tu ne peux être personne d’autre que Qabil.
Car si tu étais Habil, alors tu devrais t’effacer et réaliser le fana par une offrande faite au Seigneur, comme le fit Habil… ceci serait pour toi une rançon (fidya) pour ta vie à venir, sans connaissance du ghayb. Voilà ce qu’a rapporté Habil.
Et si tu étais Chith… tu serais cet enfant brisé d’humilité, de soumission et de résignation envers son père, lui obéissant au doigt et à l’œil… mais évidemment, tu constateras que tu es différent de cela. Et si enfin tu es Qabil… tu aimes ton égo, et lorsque vient le temps de réaliser quelque chose pour te rapprocher de ton Seigneur, tu rapportes ce que tu as de plus méprisable et insignifiant… et tu exiges d’être récompensé pour cela ! Tu verras que c’est bien de toi qu’il s’agit… ta prière est défaillante, mais tu veux tout de même être récompensé pour elle. Tes ablutions sont défaillantes, mais tu veux leur récompense. Ton Hajj est défaillant, mais tu veux sa récompense. C’est donc bien toi qui a rapporté le grain de mauvaise qualité en offrande… et le Seigneur ﷻ ne l’a pas accepté de toi.
Si tu avais été Habil, tu aurais tué ta nafs au travers d’un sacrifice fait, pour la Présence divine. Tu serais devenu une cible facile pour les ennemis de la religion, et tu serais ainsi mort dans la Voie vers la Présence divine. À ce moment-là, tu pourrais effectivement avoir la certitude d’être Habil.
Et si tu avais été Chith, tu aurais été du nombre des détenteurs de la Science des Noms divins, du nombre de ceux qui les contemplèrent, et qui accédèrent ainsi à un état spirituel (hâl) perpétuel. Tu serais dès lors compté parmi les gens de la Science de Ahl al-Bayt. Tu as trois personnalités à considérer, pas une de plus… mais tu ne peux pas répondre… pourquoi ? À cause de Samsung, Nokia et consorts, qui découlent tous de Qabil, et qui ne te laisseront jamais le faire.
Tout cela, les gens l’appellent et le considèrent comme étant la science moderne, ou la sagesse nouvelle… bien qu’en réalité ce ne soit que de l’ignorance, raison pour laquelle nous désignons ceci comme étant la science de l’ignorance, ou la force ténébreuse, ou la science vile (‘ilm soufli). Tout simplement parce qu’il s’agit d’une nature relevant du Tâghoût et visant à t’attirer et te faire sortir du groupe, pour rejoindre les mécréants et ceux qui ont renié l’Unicité du Créateur ﷻ. Il est impossible qu’une telle chose soit considérée comme étant une science. Il n’y a pas de science qui ne mène à l’adoration et à la réalisation du besoin que le serviteur a de son Seigneur. Comment pourrais-tu attribuer le qualificatif de « science » à une telle chose ? Alors que notre Seigneur ﷻ nous dit bien « et Il enseigna à Adam tous les noms [4] », pour que tu acquières de la révérence et de la crainte vis-à-vis de Lui. S’il s’agit bien d’une science, cela n’a fait naître en toi aucune crainte, aucun état de recueillement. Nous ne la reconnaissons donc pas comme telle. Si nous le faisions, alors Pharaon serait lui-même à considérer comme un grand savant. De même que Qaroun était un grand chimiste… Mais à quoi son savoir l’a-t-il mené ? À finir englouti par la Terre. Le Seigneur le fit descendre jusqu’à la septième Terre. Voilà à quoi lui a servi sa science.
À l’inverse, la Science de Moussa (‘alayhi s-salâm), malgré son bégaiement, malgré ses difficultés d’expression… du fait qu’il se basait sur une Lumière de son Seigneur, sa Science est demeurée noble et céleste, il est resté dans l’état de Présence perpétuelle, et sa Science est ce par quoi il réalisa l’Unicité du Créateur ﷻ.
Voilà pourquoi la Science a bel et bien un esprit, une force… et si le Seigneur fit apparaître les ténèbres, c’est justement pour rendre manifeste tout ce qui relève de la Lumière. Ce sont les ténèbres qui vont nous faire voir la Haqiqa de l’esprit et la Haqiqa de la Lumière originelle. Tel est l’Esprit de la Science, qui n’est autre que la Lumière d’Allâh, qui elle-même n’est autre que la Science de la Noubouwa, de la Risâla et de la Wilâya.
Il ne s’agit donc que d’une sorcellerie (sihr), qui s’est vêtu de l’accoutrement contemporain, qui modifia et fit évoluer ses moyens d’action en des procédés nouveaux et innovants. Ils ont ainsi produit des machines et des appareils électroniques à la capacité d’action limitée… des outils qui ne sont en réalité rien d’autre que Shaytân et sorcier… l’Homme moderne ne se différenciant ainsi de l’Homme du passé que dans l’apparence et dans ses moyens d’action. Par le passé, il tirait sa force des ténèbres et d’actes qui le rapprochaient du Shaytân, ou en se plaçant comme il dit « au service de mère nature », de laquelle il prétendait tirer une force… bien qu’en réalité il ne se soit jamais agi que de ténèbres sur ténèbres. Par cela il devenait capable de réaliser certaines choses dans le monde physique, comme par exemple marcher sur l’eau, voler dans les airs, etc. Voilà ce à quoi peut parvenir celui qui se rapproche du Shaytân et des djinns…
De nos jours, ces mêmes choses sont rendues possibles par l’intermédiaire de pensées soufli, de même nature que les premières, et qui allèrent jusqu’à concevoir les avions, les bateaux, les voitures etc. C’est-à-dire que la prédisposition et l’état intérieur sont les mêmes, de même que la finalité est la même… seuls diffèrent les moyens d’y parvenir. À l’époque, les gens qui étaient capable de faire cela étaient perçus comme des gens dotés d’un certain pouvoir… et aujourd’hui, c’est la même chose. Aujourd’hui, si par exemple tu te rends chez un médecin spécialiste des embryons, qu’il est capable de cloner, qu’il peut modifier, adapter sa mentalité, sa couleur de peau, sa musculature, etc… évidemment, un tel médecin sera estimé et élevé à l’échelle nationale voir internationale, il sera considéré comme un éminent scientifique, le professeur de référence dans le domaine de la médecine… Idem pour le domaine de la physique : celui qui concevra une bombe capable de faire disparaître les montagnes, effacer tout un pays de la surface de la Terre, ou réduire à néant le monde entier… celui-là sera considéré comme un immense scientifique, un homme de science, un éminent intellectuel… comme si au final il était un dieu sur Terre, voilà la réalité de l’époque dans laquelle on vit.
Quant à la Science de la Lumière, elle est et demeure inchangée et inchangeable, sans divergence entre ses Savants, bâtie et fondée sur l’adoration… l’aspirant doit bien comprendre cela ! La Science véritable est fondée sur l’adoration ! Il s’agit d’être un serviteur (‘abd), entièrement éteint dans la Présence divine, dont le regard ne dévie jamais, ni vers la droite, ni vers la gauche. Une immersion totale et absolue, un voyage spirituel dans une réalité primordiale, fondée sur l’adoration d’Allâh, Son évocation, et l’extinction dans Sa Présence. Sa Voie est unique, non sujette au changement, sans divergence en ce qui concerne sa nature ni dans le cheminement que devra effectuer l’aspirant à cette évolution spirituelle. Voilà donc la Science que l’on considère comme Haqiqa, ou esprit de la Science. Si tu parviens à réaliser pleinement l’état d’évanescence (fana) et de retour au Seigneur ﷻ, si tu parvenais à t’en remettre entièrement et exclusivement à Lui pour toute chose, et si tu plongeais ensuite dans le Nom… tu découvrirais en ce dernier la Science toute entière. Tu y trouverais les Noms, les Attributs, la Science…
Pour conclure, nous rapportons une mouchâhada vue par le disciple et docteur, sidi Achraf de la Mecque, que nous raconterons à sa place puisqu’il n’est pas présent ici pour le faire :
Durant le dhikr, alors qu’il se trouvait évidemment assis en direction de la qibla, il a vu venir à lui une Etoile depuis le maghreb. C’est-à-dire que tout ce qui l’entourait n’était que ténèbres… et il nous écoute en ce moment même, car nous l’avons vivement enjoint à écouter cette leçon au cours de laquelle il comprendrait ce qu’il a vu… Donc la lamha (l’Etoile) sortit du maghreb et vint à lui, c’est-à-dire jusqu’à la pièce où il se trouvait. Et en entrant dans la pièce, la Lumière s’est mélangée aux ténèbres déjà présentes, formant devant lui comme un tapis de prière avec des fils enchevêtrés de Lumière et de ténèbres. Et évidemment, la succession du jour et de la nuit n’est là que pour révéler la création à elle-même. Voilà donc le sens de ceci : un fil Lumineux et un fil ténébreux enchevêtrés l’un dans l’autre et nous donnant ce tapis de prière, ou ce talsam… le disciple a donc plongé dans ce tapis, afin de savoir de quoi il en retournait : est-ce un tapis pour prier, ou pour l’adoration, ou pour la lecture du Coran, ou pour autre chose ? Il se vit alors fluer au sein de ce tapis, et en un clin d’œil, il se mit à remonter dans le temps, d’année en année… il revint ainsi à l’époque où il n’était pas encore père de famille, puis à l’époque où il était étudiant à l’université, puis il revint à l’époque de son adolescence, puis à l’époque où il marchait encore à quatre pattes, puis à l’époque où il se trouvait dans le ventre de sa mère… et il a vraiment vécu cet instant, alors que le fœtus se trouve dans le ventre de sa mère, alors qu’il nage dans l’eau de vie… puis il remonta jusqu’à l’époque où il se trouvait encore dans la descendance non engendrée mais fluant en son père, puis en son grand-père, et ainsi de suite… et il se mit à vivre dans les Hadarates des Prophètes, les uns après les autres, jusqu’à Adam (‘alayhi s-salâm)… et, comme il le raconte lui-même : je n’ai pas été étonné par tout ce voyage, je sais bien que je me trouve dans un voyage spirituel… non, ce qui m’a vraiment laissé abasourdi, c’est l’extrême précision de chacune de ces étapes successives, jusqu’à remonter à avant Adam (‘alayhi s-salâm), jusqu’à revenir à la Qabda Lumineuse primordiale à partir de laquelle le Seigneur créa toute chose… et tout ceci, seulement en une lamha ! Après ceci, dit-il, il n’a pas été capable de se souvenir et donc de prendre note de toutes ces étapes… mais de cela, il a gagné une force Lumineuse qui a rempli son cœur et qui lui a donné une force nouvelle pour son travail, pour sa famille, pour ses proches… et sa certitude (yaqîn) est désormais absolument inébranlable.
La Lumière d’une Etoile venant du maghreb s’est mélangée aux ténèbres de l’orient, menant le cheminant à une Haqiqa dans son avancement vers le Seigneur, et ce en une poignée de secondes à peine… il a réalisé ce voyage, depuis l’instant où il se trouvait assis là, jusqu’à avant que la création ne soit.
Rapporte-nous donc un appareil électronique d’entre ceux que tu sacralises et considères au-dessus de tout, rapporte-nous un programme informatique ou une application d’entre celles auxquelles tu as voué une véritable adoration toute ta vie durant… quelque chose qui te permettra de voyager comme cela, ne serait-ce qu’un film ! Un film retraçant tout ce parcours et te fournissant à chacune de tes étapes une histoire et un enseignement scientifique…
Comprends bien que tout ceci lui est parvenu au travers d’une lamha seulement ! Ne vas pas t’imaginer qu’il a été noyé dans une Lumière qui lui a effacé absolument toute perception du monde physique, Lumière sur Lumière, Allâh guide vers Sa Lumière qui Il veut… non. C’était au contraire le mélange d’un fil de Lumière à un fil de ténèbres, c’est cela qui lui a rapporté toutes ces informations et qui te laisse maintenant perplexe… Voilà comment la Tariqa Karkariya donne des leçons évidentes pour tous, nous enseignant ainsi le fonctionnement du réceptacle (moustaqarr) de la Noubouwa.
Si seulement… si seulement les gens, au lieu de magnifier les appareils électroniques… et attention, je ne dis pas qu’on ne doit pas les utiliser dans notre vie quotidienne ! Non, leur utilisation est devenue une nécessité dans le monde d’aujourd’hui. Mais pas avec cette croyance, cette foi, cette adoration qu’on leur voue… au point que ces outils remplissent tout ton temps, toute ta vie, toutes tes adorations… un jour nous en viendrons peut-être même au point de faire un programme qui nous remplacerait dans les adorations. Une application qui prie pour nous, une application qui jeûne pour nous, une application qui fait la zakat pour nous… et de notre côté, nous ne ferions plus rien du tout.
Le premier des qawâsim du Coran est « Alif lâm mîm », dans la sourate al-Baqara, et le dernier est « Noûn, par le Qalam et ce qu’ils écrivent [5] »… ce qu’ils écrivent… avec le qalam…
Toi, tu vis dans une époque où tu as oublié le qalam et tu as oublié la lawh sur laquelle tu exprimes par inscriptions graphiques la force Lumineuse qui flue en toi… aujourd’hui, tu n’utilises plus que ton index, que tu fais glisser sur ton écran… ou le bout de tes doigts avec lesquels tu frappes sur ton clavier. Tout ce que tu écris, c’est comme ça… c’est-à-dire qu’en réalité, il n’y a plus rien du tout. Tout est nul, inexistant. As-tu déjà écrit quoi que ce soit de manière manuscrite, as-tu déjà rempli des cahiers de tes expériences personnelles, soient-elles spirituelles ou non… ? As-tu déjà tenu les comptes de ton entreprise sur un cahier, avec un crayon… ? Tu n’es même plus capable de cela, tu es devenu complètement dépendant d’un appareil soufli. S’il s’éteint, tu t’éteins aussi.
Voilà pourquoi, à la fin des temps, nous reviendrons aux méthodes premières. Les appareils électroniques n’existeront plus. Cette force ténébreuse aura disparu. Quand ? Lorsque sera apparue la force Lumineuse de sayidina al-Mahdi (‘alayhi s-salâm) dans la Haqiqa finale, et alors tu reviendras comme tout le monde au qalam et à la lawh… mais j’ai bien peur qu’à ce moment-là tu n’en trouves plus.
Prépare-toi donc dès maintenant à cela, habitue-toi à écrire et prendre des notes sur du papier, dans des cahiers, habitue-toi à tenir un crayon entre tes doigts, n’oublie pas les lettres arabes… malgré les modifications qui ont été apportées à l’arabe écrit, qui n’a aujourd’hui plus grand-chose à voir avec celui que l’on écrivait à l’époque de sayidina al-Mustafa ﷺ… parce qu’il ne manque pas grand-chose pour que nous oublions entièrement cette écriture manuscrite.
[1] Rapporté par Ahmed et ibn Mâjah.
[2] Jâhiliya : grande ignorance, époque préislamique.
[3] Sourate al-Baqara, verset 31.
[4] Sourate al-Baqara, verset 31.
[5] Sourate al-Qalam, verset 1 et 2.