أعوذ بالله من الشيطان الرجيم
بـسم الله الرحمن الرحيم
بـسم الله الرحمن الرحيم بـسم الله الرحمن الرحيم
بسم الله بسم الله
بسم الله
الله الله الله
ولا حول ولا قوة إلا بالله
Faire la guerre à l’insouciance
Résumé de l’assise du 26 Octobre 2018 / Jumu’a 16 Safar 1439 [Partie 2] :
Le Messager d’Allâh ﷺ dit : « Celui qui aime une chose l’évoque abondamment, par son cœur et par sa langue [1]. » Donc celui qui aime Allâh, L’évoque abondamment. Evidemment, Allâh ﷻ n’est pas une chose… mais ici sayiduna al-Mustafa ﷺ nous donne un exemple concret de manifestation des choses dans le cœur de l’insouciant. Celui qui aime le commerce parle toujours de commerce. Celui qui aime voyager parle sans cesse de voyages… Quant à celui qui aime Allâh, il L’évoque abondamment, sans jamais L’oublier.
Le dhikr est en vérité un titre que l’on pourrait attribuer à l’amour. C’est-à-dire que tu ne peux pas prétendre aimer Allâh… si Son évocation t’est difficile. Tu ne peux prétendre aimer Allâh que dans la mesure où ta langue et les membres de tout ton corps seraient sans cesse animés par le dhikr du Seigneur. Le dhikr est donc le titre de l’amour, le lien avec le Seigneur, et la porte principale permettant l’entrée dans la Présence divine (Hadra). Tu ne peux pas espérer entrer dans la Hadra si tu ne pratiques pas le dhikr. C’est impossible. « Et le dhikr d’Allâh est certes ce qu’il y a de plus important [2]. »
Le Messager d’Allâh ﷺ dit : « « Les moufarridoûn ont devancé. » On demanda : « Qui sont les moufarridoûn, ô Messager d’Allâh ? » Il répondit : « Ce sont ceux d’entre les hommes et d’entre les femmes qui évoquent Allâh abondamment. [3] » » Les moufarridoûn sont ceux qui se sont isolés (tafarradou), jusqu’à devenir des personnes uniques (farid) en leur temps. Cette fardâniya est donc la conséquence d’un dhikr abondant.
Le Messager d’Allâh ﷺ fut également questionné… sois très attentif à ce hadîth : « « Quel est le combattant (moujâhid) qui recevra la plus grande récompense ? » Il répondit ﷺ : « Celui d’entre eux qui fait le plus de dhikr. » » Selon une compréhension apparente, le combattant est celui qui lutte dans le sentier d’Allâh, que ce soit par sa force physique (son épée), par son argent, ou peu importe le moyen… seulement le plus grand et le plus important d’entre eux, c’est celui qui pratique le plus le dhikr. Après cela, on le questionna de nouveau ﷺ : « « Quel est le vertueux (sâlih) qui recevra la plus grande récompense ? » Il répondit ﷺ : « Celui d’entre eux qui fait le plus de dhikr. » » C’est-à-dire qu’au-dessus de la lutte dans le sentier d’Allâh, il y a quelque chose de plus méritoire encore, et il s’agit du dhikr d’Allâh. Parmi les vertueux, le plus éminent d’entre eux est celui qui pratique le plus le dhikr d’Allâh. Après quoi, il évoqua la prière, la zakât, le hajj et l’aumône, avec la même réponse… soulignant ainsi l’importance du dhikr. Sans pour autant que le dhikr suffise et dispense ceux qui le pratiquent d’accomplir la prière, la zakât et le hajj, bien évidemment.
Dans ce hadîth, quelle que soit la question posée, relativement au fait de savoir, parmi un groupe de gens pratiquant une même œuvre, qui aura la plus grande récompense… la réponse est toujours : « Celui d’entre eux qui fait le plus de dhikr. » Ceci pour ceux qui recherchent la récompense, le pardon divin, le lavement de ses péchés, etc.
Par ailleurs, Abou Bakr s’adressa à ‘Omar (radiAllâhu ‘anhuma) et lui dit : « « Ô Abou Hafs, les gens qui pratiquent le dhikr ont certes emporté avec eux tout ce qu’il y a de bien ! » Ce à quoi répondit le Messager d’Allâh : « Effectivement ! [4] » »
Ne prends donc pas le dhikr à la légère… à partir du moment où il vaut mieux encore que le jihad, mieux que le hajj, mieux que tout ce que l’on peut faire, sans pour autant nous dispenser de l’acquittement de ces obligations… donc tu fais ce que tu as à faire, mais tu l’accomplis en pratiquant le dhikr, que tu réalises en lui donnant toute son importance.
Seulement nous, au contraire, nous délaissons le dhikr, nous le prenons à la légère, nous diminuons son importance. Ceux qui pratiquent le dhikr le pratiquent avec insouciance. Alors que justement, le dhikr pratiqué avec un état de présence est ce qui t’emporte dans un voyage spirituel, ce qui raccourci le chemin à parcourir pour atteindre ton but, ce qui te rapproche dans la Présence du Seigneur ﷻ …
Le dhikr est un pilier essentiel de la Voie d’Allâh ﷻ : il en est même la porte principale. Et nul ne parvient à Allâh si ce n’est par le dhikr perpétuel. Si tu as pris le idhn, le sanad (la chaîne/silsila de Shouyoukh qui te lie au Prophète ﷺ)… mais que tu ne fais pas de dhikr : tu n’as rien du tout, hormis le taslîm, la remise et la résignation aux gens de la silsila. Et de là, tu aimes à te cacher derrière la parole de al-Junayd, qui dit que celui qui prête foi à nos paroles (soufis), fait partie de l’élite. De cela tu n’as de prévalence que par le taslîm.
Si tu veux être du nombre de ceux qui n’auront pas été privés, tu dois lier les deux : le sanad et le dhikr. La pratique du dhikr sans sanad, ou le sanad sans pratique du dhikr sont tous les deux incomplets, défaillants.
L’Imâm Abou ‘Aliy ad-Daqqâq (radiAllâhu ‘anhu) dit : « Le dhikr est la proclamation de la wilâya, de sorte que celui qui sera facilité dans sa pratique aura par là même reçu cette proclamation. Quant à celui qui perdra la pratique du dhikr, il sera mis à l’écart. »
De là, on constate que le dhikr est en vérité un don divin et une faveur de la part des gens d’Allâh. C’est une miséricorde : « l’un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une miséricorde, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous [5]. » Si toi aussi tu veux obtenir cette miséricorde, tu te dois de t’affilier à lui et de le suivre. « Puis-je te suivre, afin que tu m’apprennes de ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction ? [6] » Telle est donc la miséricorde. Il ne s’agit pas se contenter simplement du compagnonnage : tu fais ce qu’il te plait, et lui fait ce qu’il lui plait.
On dit également que au début de son cheminement, Abou Bakr Doulaf al-Chibliy avait l’habitude de garder avec lui un petit fagot de branches. A chaque fois qu’il oubliait le dhikr, il se frappait avec l’une d’elles, jusqu’à la briser. Et le fagot s’épuisait chaque jour avant le soir.
Pourquoi faisait-il donc cela, pourquoi se torturait-il ainsi ?
Par peur de tomber dans l’insouciance (ghafla) ! A chaque fois qu’il prenait conscience d’être tombé dans l’insouciance, il se frappait. Et attention, son insouciance ici ne fait pas référence à l’absence de dhikr, non ! Plutôt, il s’agissait d’inattention et de délaissement des conditions de bienséance qui l’accompagnent ! Parce que sayiduna Abou Bakr al-Chibliy était évidemment du nombre des évocateurs constants. Alors que dirons-nous de celui qui prend sa subha et fait son dhikr en pensant à sa femme… pire encore, il y en a qui pratiquent le dhikr tout en pensant au péché ! Non, ici, nous évoquons un cas tout à fait particulier.
Quelle honte tout de même… Nous, nous nous présentons comme des gens ayant fait la khalwa, des gens qui contemplent la Lumière du Seigneur… et il faut que je m’assoie et que je prenne le temps de vous dire et de vous rappeler l’importance du dhikr, que sa pratique a un bénéfice immense… ça, ce sont des choses à dire aux gens du commun ! C’est un sujet que l’on prend pour aller faire la da’wa au marché… pour ceux qui se sont laissés submergés par le commerce et qui ne pratiquent pas le dhikr. Ici non, vous êtes tous des pratiquants du dhikr, vous avez tous fait la khalwa. Seulement, certains ont perdu et ont délaissé les conditions et les impératifs du dhikr, raison pour laquelle nous nous devons de faire ce rappel, pour remettre les pendules à l’heure.
La pratique du dhikr, non, elle ne se fait pas quand et comme cela nous chante, peu importe la posture ou la situation, peu importe que tu sois occupé à autre chose ou non. Toi qui aimes citer al-Hallâj… cherche un petit peu comment était al-Hallâj ! Il faisait le ghusl avant chaque prière ! Quant à toi, tu fais le tayammoum… voilà la différence entre toi et lui. Et si on te demande pourquoi tu as fait le tayammoum, tu nous réponds que tu as peur de te mouiller à l’eau froide. Al-Hallâj, lui, il faisait le ghusl à l’eau froide avant chaque prière ! Voilà la différence. Tu n’as pas commis de péché, et al-Hallâj n’a pas commis de péché. Seulement lui, du fait de l’importance qu’il accorde à la prière, il la fait précéder par la grande ablution, il fait le ghusl pour se purifier de l’état de janâba qu’est l’insouciance, pour se purifier de la considération des choses en dehors du divin, pour se purifier de toute pensée ayant gagné son esprit. C’est ainsi qu’il procédait afin d’établir au mieux le lien avec son Seigneur. Et chacun diffère, chacun selon la force que le Seigneur lui a octroyée en ce sens.
Pour revenir donc à l’exemple de al-Chibliy, qui se frappait avec des branches lorsqu’il tombait dans l’insouciance… lorsqu’il ne lui restait plus aucune branche, et que malgré tout il continuait de se laisser gagner par la ghafla, alors il frappait de ses mains et de ses pieds contre le mur. Ici, on peut dire que c’est comme s’il y avait une exagération, dans le châtiment corporel qu’il s’auto-infligeait… Lorsque nous prenons connaissance de ces récits, nous considérons que vraiment, c’est exagéré… Mais de cela tu dois comprendre, tu dois prendre conscience de comment les gens d’Allâh avaient l’habitude de traiter l’insouciance. Ils lui faisaient littéralement la guerre, c’était un véritable combat, une lutte acharnée, corps et âme. Ne prends donc surtout pas cela à la légère ! Lis les récits de ces gens, et constate le moyen que chacun d’entre eux avait établi pour faire des efforts contre sa nafs.
Ça, c’est si tu veux atteindre quelque chose d’exceptionnel, si tu veux transcender les limites… parce que si tu veux continuer de te dire que « c’est bon, j’ai prié deux rak’at… j’ai fait 100 prières sur le Prophète ﷺ … j’ai fait une rançon (fidya) de 100 istighfâr… » ça, tout le monde le fait !
Vois donc ce que faisaient les gens d’Allâh pour dompter leur nafs et l’empêcher de se laisser aller à l’insouciance, ou pour affiner l’acuité de leur concentration et de leur méditation. Vois ce qu’ils faisaient pour toujours rester concentrés sur ce secret dont Allâh leur avait fait grâce. Leurs intérieurs étaient un secret, leur vision était lumière, leur pensée était science, et leur cheminement était bienséance (adab). Tel est, véritablement, celui que l’on appelle « dhâkir », celui qui pratique le dhikr.
[1] Rapporté par al-‘Ajloûniy dans Kachf al-khafâ’.
[2] Sourate al-‘Ankaboût, verset 45.
[3] Sahîh Muslim.
[4] Rapporté par Ahmad et at-Tabaraniy.
[5] Sourate al-Kahf, verset 65.
[6] Sourate al-Kahf, verset 66.