Explication ésotérique de la siyâha Fes-Taza

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بـسم الله الرحمن الرحيم
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Explication ésotérique de la siyâha Fes-Taza

Résumé de l’assise du 3 Août 2018 / Jumu’a 14 Dhou l-Qi’da 1439 [Partie 2] :

Les disciples ont donc réalisé cette siyâha, qui débuta du mausolée de sidi moulay Idrîs al-Azhar, qui fit éclore le Maghreb par les gens de la maison (ahl al-bayt) du Prophète ﷺ, et qui fut la cause de la construction de la ville de Fes, elle-même évoquée dans le Hadîth prophétique [1] : la ville des ahl al-bayt, la ville en laquelle se trouve le plus grand cimetière des ahl al-bayt. Comprenez donc bien que cette allusion ésotérique (ichâra) n’est pas simplement le fruit du hasard… ni le fait que les siyaha des années précédentes se soient achevées précisément en cet endroit-ci.

Par ailleurs, ce furent précisément 16 disciples qui entrèrent cette fois auprès de sidi moulay Idrîs. Encore une fois, ce nombre de 16 n’est pas un hasard… n’en déplaise aux efforts intellectuels de certains qui auraient estimé bon de réunir pour l’occasion 12 ou 24 disciples, conformément aux lettres constituant « lâ ilâha illa Allâh » ou « lâ ilâha illa Allâh, Muhammadun rassoûl Allâh ». Seulement à partir du moment où nous nous consacrons actuellement à l’étude du athar de la risâla, nous nous focalisons entièrement sur le Messager, ﷺ… malgré le fait qu’en le Messager d’Allâh ﷺ aient été réuni aussi bien la risâla que la noubouwa et la wilaya.

Lorsque l’on mentionne al-Mustafa ﷺ, tout de suite notre pensée part vers la risâla, et on a tendance à oublier sa noubouwa et bien plus que cela encore, sa wilâya. Seulement il ﷺ est Ahmad (أحمد) dans les cieux, par l’ascension (mi’râj) vers les subtilités de la Haqiqa, et Muhammad (محمد) sur terre, par la Loi qu’implique sa risâla. Et la combinaison de ces deux noms, chez les gens d’Allâh, nous donne le nombre 16 (4 lettres multipliées par 4 autres).
Le nombre 16 correspond par ailleurs à 7 terres, 7 cieux, le Kursi et le ‘Arch (7+7+1+1=16).

Il est le trésor caché qui révèle et rend manifeste les subtilités de la Haqiqa cachées en eux, c’est-à-dire en ces cieux et en ces terres, au travers de la Parole divine : « flambeau illuminant [2]. » : il est la Niche (michkât), la Lampe (misbâh), le Cristal (zujâja), l’Astre de grand éclat (kawkab ad-durriy) par lequel tu mesures les distances et par lequel tu distingues les différents anneaux des sept cieux, du Kursi et du ‘Arch. Voilà donc pourquoi le nombre 16 renvoie en réalité à sayidina al-Mustafa ﷺ.

Quant à l’éclipse lunaire, elle eut lieu dans la nuit du 14.
La subha que prirent les disciples pour cette siyaha, n’est pas une subha de 360 perles… comme auraient pu l’imaginer les intellects simplets, qui entendent toujours limiter les choses au hâ’ al-hawiya ou à « lâ ilâha illa Allâh » [3].

C’est une bonne chose en soi, le fait que le cheminant fasse retourner toute chose au hâ’ al-hawiya ou aux lettres de la Parole du Tawhîd… cependant ici, la subha que vous aviez était composée de 365 perles, au nombre de jours d’une année solaire, ou au nombre d’articulations que comprend le corps humain.

Le nombre 16 est donc parti avec le nombre 365. Ou dit autrement, le athar de la risâla est parti avec qui aura compris et suivi la trace (athar) de sayidina al-Mustafa ﷺ… émigrant, de même que sayiduna al-Mustafa ﷺ émigra depuis la Mecque, la Haqiqa, vers Medine, la risâla, ou la science par laquelle la Loi divine se révèle. De fait, toute la période Mecquoise fut consacrée à la Parole du Tawhîd et à sa compréhension profonde.

Donc nous avons le nombre 365 qui fut porté par le nombre 16, depuis moulay Idrîs… et si tu considères ce nom du point de vue de la numérologie des lettres arabes : Idrîs (إدريس), tu obtiens :
Alif (إ) + dâl (د) + râ (ر) + yâ (ي) + sîn (س)
= 1 + 4 + 200 + 10 + 60
= 365. [4]

365, pour toi, ô disciple, cela correspond à une année. Et je vous avais donné une indication en ce sens, avant de partir, en vous disant de ne pas oublier la lune… ce qui implique, du même coup, le mois et l’année. Vous avez donc porté 365 jours et vous en avez pratiqué le wird par lequel on renouvelle la bay’a, année après année, à l’occasion du mawlid nabawi… c’est-à-dire, la réunion de la risâla, de la noubouwa et de la wilâya.

Vous avez donc débuté de 365, fils de 365… car moulay Idrîs al-Azhar est le fils de moulay Idrîs al-Akbar. Il s’agit donc d’un renouvellement du pacte (tajdîd al-bay’a) qui s’opère chaque année. Car lors de votre dernière siyâha, vous étiez passés par le père, sidi moulay Idrîs al-Akbar. Aujourd’hui, vous êtes donc passés par la nouvelle année, celle du fils. Et cette année, 365… si tu en réunis les chiffres, tu obtiens : 3 + 6 + 5 = 14.
14 correspondant au jour de votre départ. Et cette nuit du 14 durant laquelle vous êtes sortis, c’était la nuit de l’éclipse lunaire.

A présent, combien moulay Idrîs a-t-il eu d’enfants ? La réponse est 12… ou comme si cette année nous avait donné 12 mois. Ce mois au cours duquel vous êtes sortis en siyâha, est le mois de l’éclipse lunaire. Et concernant cette éclipse… notre Seigneur ﷻ nous dit : « Tout bien (hasana) qui t’atteint vient d’Allah, et tout mal qui t’atteint vient de toi-même [5]. » Cette éclipse qui eut lieu n’est donc due en vérité qu’à ce que nous commettons comme péchés et à nos états d’insouciance. L’éclipse est notre éclipse. Quant à la pleine lune, elle est une hasana de notre Seigneur.

De cette année, nous avons donc 11 mois durant lesquels la lune est pleine, et un mois durant lequel elle nous est cachée, afin que nous prenions conscience de notre état. Que devons-nous faire ? Nous devons nous acquitter d’une fidiya, une rançon. Et cette rançon, c’est cette marche, durant ces nuits bénies. Ou comme si nous avions travaillé sur l’un des enfants de sayidina Idrîs, qui fut éclipsé par notre faute. C’est comme si les 11 mois étaient restés intacts, et que l’un d’entre eux avait été affecté, à cause de nos manquements. Nous avons donc été forcés d’accomplir cette marche, afin que les 12 restent purs et intacts.

C’est pourquoi cette sortie fut comblée d’istighfâr, de tahlîl, de prière sur le prophète élu ﷺ, de hamd et de choukr. Et le type de dhikr pratiqué n’est encore une fois pas le fruit du hasard.
L’istighfar (astaghfirullâh), en raison de la terreur suscitée par l’éclipse.
La prière sur le prophète ﷺ : « ô vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos salutations [6]. » La foi est une Lumière que Allâh projette dans le cœur de Son serviteur croyant. Et sa vision correspond à la vision d’une étoile, d’un soleil… ou d’une lune. C’est le croyant (mou’min) qui comprend cela, et c’est pour cela qu’il est celui qui doit sortir en accomplissant la prière sur le prophète élu ﷺ.
Quant au tahlîl (lâ ilâha illa Allâh), il renvoie à la Haqiqa.

Tu es sorti, tu as accompli cette marche dans le but de retourner à la Haqiqa, ou retourner au Nom divin « Allâh ». Votre marche dura 4 jours, vous avez commencé après al-‘asr, et vous êtes arrivés après al-‘asr… car vous êtes sortis sur la base de 4 x 4 = 16.
Fais tes calculs et organise-toi comme tu voudras… tu ne seras jamais capable de reproduire la même chose.

Comprends donc bien que c’est le Seigneur ﷻ qui prépare et arrange pour toi chaque chose, et non pas ta pensée, tes calculs ou ton organisation. C’est la raison pour laquelle, lorsque le disciple marche, durant sa siyâha, et qu’il pense et réfléchit afin de comprendre le mystère qu’elle renferme… il doit tout d’abord bien veiller à fermement s’établir dans la Présence divine. Il n’y a que comme ça que les choses s’éclairciront pour lui. Si en revanche il entend introduire en cela ce qu’il a pu apprendre auparavant, dans le contexte du physique et palpable, il ne pourra jamais comprendre les choses. Et même si, à force d’efforts, il parvient à saisir quelques éléments de vérité, il se trompera sur autant d’autres, et même davantage encore… pour au final se retrouver plus dans l’erreur que dans le vrai.

Quant aux bagues avec lesquelles vous êtes sortis, elles étaient au nombre de 4 elles aussi. Elles ont été réparties et dispersées entre vous, et le Seigneur ﷻ fit en sorte qu’elles reviennent à nous toutes les quatre par l’intermédiaire de l’un d’entre vous dont le nom est Muhammad… et le faqir Muhammad n’est pas un disciple qui reste toute l’année ici avec vous, mais plutôt un disciple qui vint pour l’occasion, inconsciemment, sans aucune volonté de sa part et entièrement malgré lui… il rapporta donc ces 4 bagues, dont deux d’entre elles se distinguaient des autres par une inscription gravée. Sur une bague se trouvait le Alif, et sur l’autre le Nom divin « Allâh ». Quant aux deux autres bagues, ce n’était en réalité que des anneaux, c’est-à-dire sans pierre (fass).

Si l’on cherche donc à calculer, à partir de ces bagues… l’une d’entre elles porte le Nom divin « Allâh » : Alif (ا) +  lâm (ل) + lâm (ل) + hâ (ه)
= 1 + 30 + 30 + 5
= 66.
Une autre bague portant le Alif :
66 + 1 = 67.
Et enfin deux anneaux, soit un hâ dans un hâ, sachant que vous avez accompli la Lecture du hâ selon ses sept degrés, et que vous êtes à présent passés à la Lecture du lâm al-‘ishq… seulement si les secrets de la Lecture du hâ sont effectivement répartis entre les disciples, jusqu’à aujourd’hui aucun secret de la Lecture du lâm al-‘ishq n’a été dévoilé à aucun d’entre vous. Dans cette marche, le plus élevé d’entre vous était donc porteur de sept secrets, quant au moins élevé d’entre vous, il était porteur de la bay’a de Lumière. Votre secret est donc dans le 7.

Disions-nous donc, 67 auxquels viennent s’ajouter deux hâ (ه), soit :
67 + 5 + 5 = 77.

Et pour arriver jusqu’à sidi moulay Idrîs, vous avez dû payer précisément 77 dirhams. Parce que vous avez porté toutes les bagues. Mais en ce qui concerne le calcul journalier, ou le calcul du dhikr quaternaire (istighfar, tahlil, salat ‘ala nabi et hamd wa chukr)… votre arrivée jusqu’à sidi moulay ‘Azzouz vous a fait payer 70 dirhams de nafaqa. Tout ceci est venu de lui-même, ce n’était pas préparé, ni pensé, ni rien de cela.
Les 77 premiers dirhams, nous savons qu’ils correspondent à la somme des bagues. Puis ensuite, pour votre retour… c’est comme si votre travail avait été construit sur 7 secrets. Votre arrivée jusqu’à la trésorialité (kanziya) de la wilâya est donc le nombre 70. 77 et 70, et vous savez cela mieux que moi, car je n’étais alors pas présent physiquement avec vous…

77, soit 7 + 7, si nous revenons à moulay Idrîs, nous donne 14, et nous retournons à la date de départ. Et votre arrivée jusqu’au waliy… car lorsque vous allez chez moulay Idrîs, vous ne concevez pas, dans vos esprits, aller auprès d’un waliy, mais plutôt vous concevez aller auprès du fils d’un prophète et messager ﷺ. Ce que vous voyez en lui, c’est ahl ul-bayt. Vous considérez donc cela du point de vus de la risâla… car au Maghreb, il n’y a pas de messager enterré. Et il faut que nous basions notre démonstration sur la Sunna, or sayiduna al-Mustafa ﷺ n’a pas dit qu’il laissait après lui le Livre d’Allâh et la risâla (sunna)… si vous cherchez dans la chaîne du prétendu Hadîth avançant cela, vous trouverez qu’il n’est absolument pas authentique. Plutôt, sayiduna al-Mustafa a dit qu’il laissait parmi nous le Livre d’Allâh et l’élite (‘itra) des gens de sa maison (ahl al-bayt) [7]. De ce fait, le Livre et la ‘itra viennent ici comme une personnification de la risâla en moulay Idrîs. Quant à moulay ‘Azzouz, il est considéré comme waliy. C’est donc comme si vous aviez évolué depuis la risâla, vers la wilâya. Ou comme si, par exemple, vous étiez revenus de Médine vers la Mecque.

Alors comme nous l’avions dit, vous êtes rentrés de la wilâya avec le nombre 70. De 70, on garde 7, auquel vient s’ajouter 7, nous donnant 14. Vous êtes sortis avec 14, vous avez terminé le 18 du mois, et vous êtes arrivés ici à la zawiya le 19. Comme si vous aviez accompli « bismillâhi r-rahmâni r-rahîm ». Et vous avez évolué durant cette marche, comme nous l’avions dit, sur base de « bismillâh » (7 lettres), puisque votre chiffre était le 7.

Quant à la sobha, au début de la siyâha, elle était entre les mains du faqir Mimoun, qui n’a pas encore fait la khalwa… et lorsque vous êtes arrivés à sidi ‘Azzouz, c’était le faqir ‘Abdelhafidh qui portait la sobha, sachant qu’il a 7 secrets. Voilà donc votre cheminement.

Je ne vous dis pas tout cela pour ruiner vos efforts de compréhension… au contraire, comparé aux fois précédentes, cette année vous avez pu saisir quelques éléments de ceci. Et cela, c’est vraiment réjouissant et encourageant pour la suite. Auparavant, les choses les plus simples vous échappaient. Maintenant que les choses sont plus complexes, même si vous ne saisissez pas le tout dans sa globalité, vous en percevez au moins une partie. Et lorsque je dis, lorsque je m’adresse à ceux qui sont sortis en siyâha, qu’ils sont dorénavant en mesure de faire descendre ce qui relève du malakoûte, dans le moulk, c’est-à-dire dans le monde physique et concret… certains se demandent : Comment !?

La réponse, c’est par la sobha de 365, en commençant par les treizième, quatorzième et quinzième jours du mois, ou autrement dit les jours durant lesquels la lune est pleine. Il s’agira donc de multiplier les efforts durant ces trois jours. Cela ne veut pas dire que tu devras ressortir en siyâha, tout seul… mais plutôt, tu jeûneras, tu dépenseras de tes biens, tu redoubleras d’effort dans le dhikr, tu te débarrasseras de tes pensées frivoles et simplettes, tu rabaisseras ta nafs et la feras retourner à la Présence divine… et à ce moment-là, si quelque chose de spécifique te parvient, place en elle ta certitude totale et absolue, et tu verras qu’elle se réalisera et apparaîtra.


[1] Selon Abou Hourayra (radiAllâhu ‘anhu), le Messager d’Allâh ﷺ a dit : « Il y aura dans le Maghreb une ville appelée Fes, dont les gens seront les plus conformes à la Qibla parmi les gens du Maghreb, et les plus attachés à la prière. Les gens (de Fes) seront des gens de la Sunna et du consensus (jamâ’a) et des gens de la voie du Vrai (minhâj al-Haqq), dont ils ne se détacheront jamais. Celui qui s’opposera à eux ne pourra leur porter préjudice, et Allâh les débarrassera de ce qu’ils détestent, jusqu’au Jour dernier. »
[2] Sourate al-Ahzâb, verset 46.
[3] 360, c’est-à-dire les 360° d’un cercle, soit le hâ’.
[4] Note du traducteur : lors du calcul, sayidi Shaykh a bien dit que le yâ valait 10, mais il a probablement été compté pour 100, ce qui explique que le résultat mentionné dans le cours soit 365 et non pas 275. L’explication à cela ne nous a pas encore été révélée, peut-être le sera-t-elle un jour.
[5] Sourate al-Nisâ’, verset 80.
[6] Sourate al-Ahzâb, verset 56.
[7] « Je laisse parmi vous ce que, si vous vous y attachez, vous ne vous perdrez pas après moi. L’une de ces deux choses est plus importante que l’autre : le Livre d’Allâh, qui est une corde tendue depuis le ciel vers la terre, et l’élite (‘itra) des gens de ma maison (ahl bayti). » [Authentifié par al-Albâniy, Sahîg al-Jâmi’, n°2458]

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