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En quoi consiste la Science des Noms ?

Résumé de l’assise du 16 mars 2018 / Jumu’a 28 Jumada II 1439 [Partie 1] :

Nous revenons donc à la Lecture du lâm al-‘ishq, ou lâm al-qabd, par le moustaqarr de la Noubouwa, selon le flux ésotérique du Alif al-Mouqaddar indicateur de l’Unicité divine, dans ce qui constituera le neuvième cours de la série. Et aujourd’hui, nous nous baserons sur le verset dans lequel Allâh ﷻ dit : « Et Il enseigna à Adam tous les noms, puis, Il les présenta aux Anges et dit : « Informez-moi des noms de ceux-là, si vous êtes véridiques ! »
Ils dirent : « Exaltée soit Ta transcendance ! Nous n’avons de savoir que ce que Tu nous a enseigné. Certes, c’est Toi l’Omniscient, le Sage.
Il dit : « Ô Adam, informe-les de ces noms. » Puis quand celui-ci les eut informés de ces noms, Allâh dit : « Ne vous ai-je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre, et que Je sais ce que vous divulguez et ce que vous cachez ? » » [1]

À la Lumière de ces versets, nous disons que la science ne saurait être désignée comme étant une Science englobante, parfaite et parachevée… si ce n’est dans la mesure où elle serait une Science comparable à la Science de Adam (‘alayhi s-salâm) : « Et Il enseigna à Adam tous les noms ». Et toute personne prétendant à la Science, ou prétendant au titre de Savant… son savoir est en réalité défaillant, car la Science n’est véritablement parfaite que par la Science des Noms divins, et la Science des Noms divins ne fut entièrement réalisée que en Adam (‘alayhi s-salâm). Il s’agit là de la Science véritable, englobante, parfaite. La Science qui rendit obligatoire à l’ensemble de tous les anges – Shaytân y compris puisqu’il se trouvait alors parmi eux – de se jeter prosternés devant lui. Telle est la valeur de la Science que le Créateur ﷻ enseigna à Adam (‘alayhi s-salâm). Et dans ce verset, « tous les noms » renvoie à l’ensemble de tout ce qui peut être prononcé et des sens que cela renferme. Car de même que les noms sont liés aux lettres qui les composent, ils sont indissociables des sens qui émanent d’eux.

Lorsque nous parlons de la Science des Noms divins… il ne s’agit pas de dire et prétendre en ces termes « Moi, j’ai la Science des Noms… » Car non, la Science ce n’est pas ce que tu t’imagines. Plutôt : As-tu la Science des Noms toute entière ? Tu as un Nom, ou peut-être en as-tu deux, et voilà que tu t’imagines avoir obtenu la Science des Noms. Non. Si Allâh ﷻ avait dit « Et Il enseigna à Adam les Noms » en s’arrêtant là, alors à ce moment oui, tu aurais pu prétendre à avoir une part dans la Science des Noms. Mais étant donné que Allâh ﷻ dit : « Et Il enseigna à Adam tous les Noms », comprenons bien que le Secret se trouve dans la réalité englobante de cette Science, soit dans le mot « tous ». Quant à la Science de certains Noms à défaut de certains autres, ça oui le disciple peut très bien y parvenir… ce qui lui reste inaccessible, c’est de saisir la Science de tous les Noms. Il y a donc un Secret dans ce mot « tous ».

Concernant ce verset « Et Il enseigna à Adam tous les noms », les gens de science expliquèrent dans leurs exégèses que cela voulait dire que Allâh avait enseigné à Adam les noms de l’ensemble de toutes les créatures, puis lorsqu’elles furent présentées aux anges, ceux-ci furent incapables de dire quels étaient les noms de toutes ces créatures…

De notre côté, nous disons que « tous les noms » renvoie aux Noms divins, c’est-à-dire les Noms indicateurs de l’Entité divine. Puis, lorsque ces Noms furent présentés aux anges, ceux-ci furent mis face à leur propre incapacité (‘ajz), car ils n’avaient pas la connaissance de cette réunion de tous les Noms. Ils avaient bien une certaine connaissance, mais elle n’était pas totale et englobante. C’est-à-dire qu’ils avaient une connaissance relative à leur degré spirituel, mais pas plus. Contrairement à Adam (‘alayhi s-salâm) qui quant à lui saisit et réunit l’ensemble de toute cette Connaissance.

Et lorsque nous parlons de la connaissance d’un mot ou d’un nom, il ne s’agit pas de la connaissance du mot en lui-même, mais plutôt des sens qu’il renferme. On dit ainsi par exemple : « Untel s’appelle Mohamed ﷺ ». Mais cette personne qui s’appelle Mohamed, que sais-tu de lui ?
Si la connaissance de Mohamed ( محمد ) résidait uniquement dans la connaissance du mîm ( م ), du Hâ ( ح ), du mîm ( م ) et du dâl ( د ), ce serait une connaissance très réduite… plutôt ici, il s’agit pour toi de comprendre : qui est Mohamed ? Fils de qui ? Né à quelle date ? Quelle est sa religion ? Quelle est sa croyance ? Sa couleur ? Sa taille ? Son poids ? Sa connaissance ? Son groupe sanguin ?… une fois que tu auras réuni toutes ces informations, alors tu pourras dire que tu as la science du nom Mohamed. Ceci est un exemple illustratif afin que vous compreniez ce que l’on entend par la Science des Noms. Parce que certains viennent avec des choses… comme dans al-Barhatiya [2]… par exemple ils viennent et disent « Karîr est un Nom entre les Noms divins ! » et ils se basent sur cela pour justifier leur prétention à la Science des Noms. Alors que non, ce n’est pas comme ça…

Par exemple, nous, nous étudions le Nom divin « Allâh ». Mais connaître le Nom « Allâh ( الله ) », ce n’est pas connaître qu’il est constitué d’un Alif ( ا ), de deux lâm ( ل ) et d’un hâ ( ه ) ! Non, si c’est ce que tu crois, alors sache que tu n’as absolument aucune part dans la connaissance. Si la connaissance se résumait à cela, la création toute entière le saurait, tout le monde connaîtrait Allâh ! Non, plutôt, il s’agit de connaître quels sont les sens de ce Nom, quels sont ses attributs, quels sont ses actes et ses règles… mais surtout, qui est le Nommé, qui est Celui que désigne ce Nom ? Si tu parviens à cela, alors tu auras effectivement saisi la connaissance du Nom divin « Allâh ».

Quel que soit le nom considéré, y compris au sein de la création, il s’agira pour toi d’appréhender les choses avec cette même méthodologie, car c’est cela que l’on désigne par la Science des Noms. La Science des Noms, ce n’est pas de nous rapporter un Nom caché que tu as volé je ne sais où… dans un livre, ou que tu as entendu de quelqu’un, et tu viens te pavaner devant nous en prétendant détenir un Nom secret et caché, en t’imaginant avoir la Science des Noms. Non, lorsque tu entends « et Il enseigna à Adam tous les noms », tu ne dois pas comprendre de cela que la science qu’il a reçue se résume en le fait de savoir que ceci est appelé terre, ou pierre, ou arbre…etc. Ça, les anges le savaient déjà !

Les anges avaient parfaitement connaissance des noms par lesquels étaient nommées les choses. Seulement ce qu’ils n’avaient pas, c’était les liens de ces noms entre eux et l’ensemble de leurs sens. Ainsi lorsque Adam (‘alayhi s-salâm) en fit part aux anges, ils furent stupéfaits et abasourdis, et finalement se jetèrent, prosternés. Ils n’ont pas été stupéfaits par le fait de savoir que telle créature était appelée terre, et que telle autre était appelée eau… non ! Plutôt, c’est leurs sens, et les liens établis entre les lettres constituant ces mots et les sens qu’ils renferment, dans le Malakoûte, qui les stupéfia.

Avant cela, les anges vivaient déjà sur terre et dans les cieux : ils connaissaient donc déjà les étoiles, la planète Terre, la poussière, la pierre, les arbres, etc. Il n’y avait donc en cela rien de nouveau pour eux. Avant que l’être humain n’apparaisse sur Terre, les anges ont bien mené la guerre pour détruire les djinn… et où se déroula donc cette guerre, si ce n’est sur la Terre ? Les anges étaient donc parfaitement informés de ce qui se trouve sur cette Terre ! Ils n’étaient pas ignorants de comment on nomme un arbre, ou une pierre, ou de l’eau. Lorsqu’on part faire la guerre, on prend évidemment le soin d’étudier et de déterminer le milieu dans lequel on va livrer bataille : la nature de sa terre, son climat, etc, de manière à pouvoir venir à bout de l’ennemi.

Donc les anges savaient bien évidemment tout cela. Ceci, pour éviter que la pensée naïve et simplette n’aille dire que le sens de « et Il enseigna à Adam tous les noms » renvoie aux noms par lesquels chaque chose est nommée, et lorsque Adam révéla cela aux anges, ceux-ci furent stupéfaits au point de se prosterner devant lui. Comprenons bien que les anges étaient sur Terre bien avant Adam, et que par conséquent ils connaissaient le nom de ce qui se trouve sur terre avant lui. Les anges étaient présents dans les cieux avant Adam : leur connaissance des noms de ce qui s’y trouve précède donc la venue de Adam (‘alayhi s-salâm). Et les anges étaient même présents au Paradis avant que Adam n’y apparaisse : ils sont donc parfaitement connaissant du Paradis et de ce qui s’y trouve !

Quant à la Science des Noms, elle renvoie aux sens, aux sciences qui découlent de ces Noms, comme s’ils s’agissaient de cours ou de livres traitant de ces Noms… c’est-à-dire comme si le Nom était en vérité un titre réunissant un ensemble de connaissances multiples et variées.

…à suivre…

[1] Sourate al-Baqara, versets 31 à 33.
[2] Invocation à laquelle recourent certains prétendants à l’ésotérisme, notamment pour la roqia.