De la Science, ou de ce qui força les anges à se prosterner

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De la Science, ou de ce qui força les anges à se prosterner

Résumé de l’assise du 16 Mars 2018 / Jumu’a 28 Jumada II 1439 [Partie 3] :

[…]
Allâh ﷻ dit : « Lorsque ton Seigneur confia aux anges : « Je vais établir sur Terre un vicaire (khalifa). » Ils dirent : « Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à exalter Ta transcendance et à Te sanctifier ? » Il dit : « En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas. » » [1] Si les anges avaient été au fait du Secret de l’Essence, ils n’auraient pas pu dire « Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang ». Pourquoi rapportèrent-ils cette comparaison ? C’est parce que, de cette manière, le Vrai ﷻ te montre et te révèle quel est le degré spirituel des anges.

Quant à l’insouciant, dans ce verset, que vient-il dire ? … il demande pourquoi les anges ont répondu et contesté la décision du Seigneur. Mais non… ! Ce n’est qu’un Message qui nous est adressé, afin que nous comprenions quel est le degré de connaissance des anges. Et pourquoi les anges ont-ils répliqué de la sorte ? Parce qu’ils se sont basés sur leur expérience des créatures qui peuplèrent la Terre avant l’Homme, que ce soit les djinns ou autres. Voilà pourquoi ils ont dit « Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang ». S’ils avaient été détenteurs du Secret de l’Essence, ou détenteurs de la Science de l’Essence, ils n’auraient pas parlé, ils n’auraient rien prononcé, dissipés et perdus dans le tasbîh du Seigneur ﷻ.

Lorsque donc les anges s’exprimèrent, ils exprimèrent par leurs langues l’état de leur station spirituelle : c’est-à-dire le fait qu’ils n’ont pas connaissance des Secrets de l’Essence divine. D’où le fait qu’ils répliquèrent : « Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre… » en se laissant guider par les penchants et les passions de leurs âmes « …et répandra le sang » en s’entretuant et en se faisant la guerre… des guerres auxquelles assistèrent les anges et dont ils furent auparavant témoins. « …tandis que nous sommes là à exalter Ta transcendance, à Te sanctifier » et à T’exempter de ce qui ne Te convient pas. Car tel est le rôle et la nature des anges : ils sont infaillibles. Allâh les a préservés de toute erreur. Ils sont exclusivement faits de Lumière. Leur réaction ici nous donne une description de ce qu’ils sont : comment ont-ils conçu les choses, en se basant sur leur connaissance première et limitée, laquelle repose sur une comparaison faite avec des temps passés. La vision des anges se basait sur une considération pessimiste et rabaissante de ce qu’ils avaient l’habitude de voir. Car chez les peuples qui avaient précédé l’Homme sur Terre, ils avaient été témoins de multiples transgressions de la Loi divine… ils ne furent donc pas capables de voir en l’Homme ce qu’il pouvait atteindre et réaliser en terme d’élévation, de purification, de certitude, de Foi, d’Amour, etc. Raison pour laquelle le Vrai ﷻ leur répondit : « En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas. » Ou autrement dit : « En vérité, ce Khalifa que J’ai créé et en qui J’ai insufflé de Mon Esprit, après l’avoir parfaitement façonné… Je vais lui octroyer une faveur et un don, qui le fera parvenir à la Connaissance de l’Essence Suprême. Et vous, vous n’avez aucune connaissance de cela. »

C’est Lui qui a placé cette Science en Sa créature, et Il sait mieux que quiconque ce qu’Il a placé en lui. Parce que cette Science ne provient de rien d’autre que du Souffle divin insufflé en Adam (‘alayhi s-salâm). C’est ainsi qu’Il leur montra qu’il y avait des créatures qui s’élevaient jusqu’au Trône du Miséricordieux, qui adorent Allâh ﷻ par la vision, par la pensée, par l’ascension (‘ouroûj) perpétuelle… au point que certains sont même parvenus à saisir et connaître l’existence dans son entièreté ! C’est en ceux-là que se réalisa véritablement « et Il enseigna à Adam tous les noms ».

Ou dit autrement, lorsque Adam (‘alayhi s-salâm) reçut la Science de tous les Noms, il devint par là-même au fait de la Science de l’Essence divine. Il s’est élevé, il a connu le Trône et la dimension de Miséricorde (rahmâniya) du Seigneur ﷻ, il réalisa la signification de l’Esprit, du Secret, du cœur (qalb) et du cœur du cœur (fou’âd). Il connut le sens de l’intellect et ce qui lie les unes aux autres chaque particule constitutive de cet univers… c’est ainsi que, par sa Science, il put asseoir sa domination sur la création toute entière.

Dès lors, se révélèrent à lui les Secrets de l’Essence, les Lumières des Attributs et les Noms de chaque chose. Car, où est-ce que tu retrouves ces noms de chaque chose, et ces Lumières des Attributs ?
Evidemment, tu les retrouves dans les Secrets de l’Essence. Donc si tu saisis les Secrets de l’Essence, tu saisiras de même tout ce qui en découle. Parce que celui qui se trouve en haut comprend celui qui se trouve en bas… contrairement à celui qui se trouve en bas qui ne pourra jamais comprendre celui qui se trouve en haut. Ce qui est en haut projette son ombre sur ce qui est en bas, et ce qui est en bas demande l’ombre de ce qui est en haut. Nous, nous implorons le Seigneur ﷻ, car c’est Lui, le Très Haut. Et nous sommes pauvres et nécessiteux vis-à-vis du Très Haut… et le Très Haut n’est en aucun cas nécessiteux vis-à-vis de nous.

Les anges surent alors que l’Homme était effectivement apte et capable de recevoir le Secret Suprême. Par ce verset, ils furent informés qu’il existait bien une créature qui était digne et avait un droit à cette Science. Constatant ainsi du degré de proximité de Adam (‘alayhi s-salâm), de son élévation et de sa Science par Allâh ﷻ, ils se prosternèrent devant lui. Ils ne percevaient dès lors plus Adam comme un corps physique : leur vue intérieure commença à s’ouvrir, et ils découvrirent peu à peu que quelque chose se cachait derrière cette apparence corporelle. Ils surent qu’il s’agissait en vérité de l’emplacement et de la Source de Vérité de l’univers tout entier. C’est-à-dire que le réceptacle (moustaqarr) de cet univers tout entier n’était autre que Adam (‘alayhi s-salâm). Les anges le virent et le considérèrent ainsi : le moustaqarr, ou l’emplacement de la Vision du Vrai ﷻ. Voilà pourquoi ils se jetèrent, prosternés, constatant de ce qu’il avait reçu en termes de Science, d’élévation et de proximité.

A partir de là, on réalise que le fait de saisir une partie seulement de la connaissance de l’existence n’est en réalité qu’ignorance. Si on considère les choses depuis le point de vue de cette Science, toute personne ayant acquis une part seulement de la connaissance est considéré comme ignorant… en comparaison de celui qui aurait reçu la Science de tous les Noms. Par conséquent, où que tu sois parvenu, tu es considéré comme un ignorant. Comme s’il ne s’agissait donc que de degrés dans l’ignorance… quant à celui qui a appris tous les noms, c’est Adam (‘alayhi s-salâm).

C’est là quelque chose que nous vivons concrètement aujourd’hui : lorsque quelqu’un parle dans le domaine de la jurisprudence (fiqh), et que vient lui répondre un spécialiste de la philosophie ou des mathématiques, ce dernier est immédiatement coupé : « Non, ce n’est pas ton domaine d’étude, tais-toi. Moi je suis spécialisé dans ceci, et toi tu es spécialisé dans cela… » Comme s’il n’y avait pas de lien entre les deux sciences… voilà ce qu’est l’ignorance !
Une ignorance parle, et une autre ignorance vient lui répondre, chacun défendant et tirant l’ignorance vers lui seul, disant : « Entre mon ignorance et la tienne se trouve un barzakh (une séparation) ! »
Si ces deux personnes étaient véritablement des Savants, connaissants des liens et des flux ésotériques entre chaque choses, ils auraient été capables de discuter sérieusement de compréhensions scientifiques dans un domaine spécifique, et ce sans même avoir eu besoin de l’étudier !

Tel est le véritable Savant. Il peut te parler de mathématiques, de physique, de langues étrangères… mais, par quoi te parle-t-il ? Il te parle par le Secret de l’Essence. Il peut te parler de tout, mais toi tu en es incapable. Il flue dans l’ensemble de toutes les sciences… alors montre-nous donc ce que toi tu as à faire valoir ! Toi, non, tu as ta matière, ton domaine de prédilection, et rien de plus. Ce qui veut dire que cette partie de la science que tu as acquise n’est en réalité dans ton cas que pure ignorance, et ce quel que soit le degré que tu aies atteint.

C’est pour cela que le verset nous précise bien que Adam (‘alayhi s-salâm) a reçu la Science de l’ensemble de tous les Noms… si bien qu’il fut en mesure de débattre avec certains anges dans le domaine de la physique, avec d’autres dans le domaine des mathématiques, dans la répartition de la subsistance (rizq), dans l’évolution de la matière, etc. Tel est Adam (‘alayhi s-salâm), celui que les anges furent incapables de cerner. Pourquoi ? Parce qu’il avait atteint la compréhension de l’ensemble de toutes les spécialisations et de toutes les sciences détenues par les anges. C’est ce qui fit qu’ils se jetèrent prosternés. Ils découvrirent en lui la véritable Source (manba’), le réceptacle (moustaqarr) de l’ensemble de toutes les sciences. Quant aux anges, ils n’étaient que des réceptacles aptes à ne recevoir qu’une partie spécifique de la science.

Les choses existantes et les sciences qui s’y rapportent : tout se trouve chez Adam (‘alayhi s-salâm). Voilà qui explique et donne véritablement sens à la prosternation des anges devant Adam… et à partir du moment où toi, tu crois en cela, en ton for-intérieur, à partir du moment où tu crois fermement en le fait que Adam (‘alayhi s-salâm) a reçu l’ensemble de toutes les sciences… de cela tu gagnes la baraka de la prosternation des anges pour Adam (‘alayhi s-salâm), c’est-à-dire que c’est comme si tu avais été avec les anges à ce moment-là, te prosternant devant Adam (‘alayhi s-salâm).

Mais toi, ta vision et ta considération de Adam (‘alayhi s-salâm), quelle est-elle ?
Je vais te le dire, en toute honnêteté : tu le considères toujours comme celui qui a commis l’erreur, celui qui a mangé de l’arbre… Au contraire ! Adam a bien fait ! Il a bien fait de manger de l’Arbre, car c’est grâce à cela que fut parachevée la synthèse de toutes les sciences. Qui donc a commis l’erreur ? Ce n’est personne d’autre que toi-même ! Adam a bien fait. Celui qui a commis l’erreur, c’est celui qui a établi en son for-intérieur que Adam avait commis l’erreur. Adam n’a jamais commis d’erreur. Comment un Prophète pourrait-il se tromper ? Qui plus est la toute première représentation physique de l’Humanité !? Crois-tu donc que cette forme première de l’apparition du Khalifa d’Allâh sur Terre pourrait commettre une erreur ? Notre Seigneur n’a jamais désigné comme Khalifa que celui en qui Il a préalablement placé la capacité à recevoir ce dépôt ! Mais toi, tu viens et tu en fais un pécheur, quelqu’un qui s’est égaré… comme si toi tu étais son papa, infaillible, toujours dans le juste. Ecoute et comprends donc bien, ô toi qui es le véritable coupable d’avoir commis une erreur, ô toi le mangeur, ô toi qui cherches avidement à manger sans comprendre ni même t’intéresser aux bienfaits de ce que tu avales… mon père et le tien n’a jamais commis d’erreur, c’est plutôt nous qui en commettons !

Tu dois te débarrasser de cette pensée que tu as acquis de ce qui est communément admis par les gens, tu dois te débarrasser ce ces compréhensions erronées des versets Coraniques, afin que ton esprit, ton cœur et ta nafs atteignent l’état de prosternation au milieu des anges, devant le père de l’humanité Adam (‘alayhi s-salâm). Et comprends bien que la prosternation (soujoûd), c’est la prosternation pour le Seigneur ﷻ, mais ce soujoûd se fait pour un Attribut d’entre les Attributs du Seigneur : l’Attribut de Science. Et le soujoûd pour la Science du Seigneur, c’est le soujoûd pour la plus éminente et la plus incomparable de toutes les sciences : la Science de l’Essence divine. Tel est le véritable soujoûd, dont notre Seigneur privilégia les anges, afin qu’ainsi ils contractent la bay’a première vis-à-vis de Adam (‘alayhi s-salâm).

…à suivre…


[1] Sourate al-Baqara, verset 30.

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